Archives par étiquette : Compte-rendu de procès

[Aachen, Allemagne] Récits des audiences du procès contre les compagnon.nes pour braquage de banque

Résumé des audiences des 9, 13 et 14 février du procès de Aix-la-Chapelle :

Les 3 journées ont été essentiellement dédiées aux interrogatoires de témoins de l’accusation  : tout d’abord deux femmes de ménages de la banque et une passante qui, voyant des personnes au comportement « suspect » dans les parages de la banque, avait averti la police.

En général la version des faits des deux femmes de ménage a été assez différente, voire parfois contradictoire, comme par exemple sur le nombre de personnes ayant participé au braquage (variant de 3 à 6) ou à la description d’une femme qui aurait été présente (portant une perruque rouge, ou simplement blonde). Quant à la troisième témoin, elle affirme avoir vu un groupe de 5 ou 6 personnes, dont deux femmes, l’une aux cheveux longs et noirs et l’autre blonde, l’ensemble du groupe ayant l’air d’étudiant-e-s.

Le procureur et le juge ont demandé à l’ensemble des témoins si elles reconnaissaient de possibles participant-e-s au braquage, parmi les personnes présentes dans la salle, ce à quoi toutes ont répondu par la négative.

Un flic en civil en charge de l’enquête se trouvait aussi dans le public, prenant des notes et observant tout le monde, dans et hors de la salle. Sur l’interpellation de l’avocate, il a dû reconnaitre qu’il fait partie du LKA (Landeskriminalamt) et la procureur a justifié sa présence par le fait que l’enquête est encore ouverte.

La troisième session s’est centrée sur le témoignage technique de l’expert en ADN du LKA qui a analysé les traces trouvées sur quelques vêtements et objets et décrit les méthodes utilisées pour déterminer la coïncidence avec les relevés faits sur nos compagnon-ne-s lors d’un faux contrôle d’alcoolémie pour l’un et sur une canette de bière pour l’autre.
L’expert a répondu aux questions du tribunal et des avocats en reconnaissant qu’il n’est pas possible de déterminer depuis combien de temps une trace Adn se trouve sur un objet et que la “qualité” de la trace varie entre autre en fonction de la sorte de matériel (métal rugueux ou lisse, tissu, matériel poreux, etc.) ou des habitudes d’hygiène.

La quatrième session a suivi à peu près le même scénario avec d’autres témoins : les 2 employés de la banque qui avaient les clefs du coffre-fort et qui sont descendus au sous-sol avec 2 braqueurs.
Le premier se rappelait une femme avec une perruque platine et trois autres personnes ayant toutes entre 20 et 30 ans. Il n’a pas reconnu les objets que le juge lui a montrés sur des photos.
Le second (sous-directeur de l’agence) se souvenait de trois ou quatre personnes. Une femme portant une perruque noire ou marron foncé et avec un pistolet. Face aux photos, il a indiqué que le sac et la perruque pourraient coïncider avec ce qu’il se rappelait.
Aucun des témoins n’a reconnu une personne présente dans la salle comme ayant fait partie de l’équipe.
A la fin de chaque témoignage, les vidéos prises par 3 cameras du sous-sol de la banque (où se trouve le coffre-fort) ont été revisionnées pour voir si les témoins se souvenaient d’autre chose, ce qui n’a pas été le cas.

A chaque fois, les accusé-e-s ont pu compter sur le soutien de compagnon-ne-s solidaires présent-e-s dans la salle. La prochaine séance aura lieu jeudi 16 février partir de 9h.

[Résumé à partir de l’espagnol de solidaritatrebel par cette semaine, 2017/02/15]

[Aachen, Allemagne] Compte-rendu des journées de procès pour braquage de banque

[On pourra relire la première journée du procès ici]

Le procès contre la compagnonne d’Amsterdam se déroule auprès du Landesgericht (tribunal régional) d’Aachen, en suivant le calendrier pré-annoncé [17/11, 21/11, 22/11, puis 28/11, 1/12, 5/12, 8/12, 13/12.

Jusqu’à aujourd’hui, la cour a entendu les témoignages des deux employés présents dans la banque ce matin de juillet 2013. Tous deux ont décrit le braquage qui s’est déroulé avant l’ouverture, lorsque trois personnes sont entrées dans l’agence (par ailleurs désormais fermée) en profitant de l’arrivée du premier employé. Ils auraient attendu environ 5 minutes jusqu’à l’arrivée du second employé, puisque tous deux devaient être présents pour l’ouverture du coffre-fort. Les trois intrus se sont emparés de 42 000 euros.

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[Italie] Mise-à-jour sur le procès d’un compagnon anarchiste pour « apologie de terrorisme »

[On pourra lire davantage d’infos à propos de cette affaire ici ; NdT]

Comme cela était facilement prévisible, j’ai été condamné à 14 mois de prison, pour le texte que j’ai publié juste après les dissociations de quelques personnages ambigus.

L’accusation est d’apologie de délit, tandis que les caractères aggravants de terrorisme et celui de récidive n’ont pas été pris en compte, pareil pour celui d’avoir publié ce texte sur internet (toutes de choses demandées par le Procureur Manotti), car le décret Renzi qui endurcit ce délit est aparu après ma publication.

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[Aachen, Allemagne] Premier jour de procès contre la compagnonne inculpée de braquage de banque en 2013 – 4 novembre 2016

Le 4 novembre a eu lieu la première session du procès contre l’anarchiste d’Amsterdam arrêtée, que l’on accuse d’un braquage de banque à Aachen en 2013. Bien qu’une quantité de flics d’uniformes et d’unités les plus diverses (la « Bereitschaftspolizei »¹ dans la cour intérieure et à l’intérieur du bâtiment, des contrôles d’identité pour toutes les personnes présentes au procès, des flics contrôlant des gens dans la rue), plus de trente ami-es et compagnon-nes étaient présent-es en soutien.

La séance n’a pas duré plus d’une heure, juste le temps à quelques formalités, la lecture des accusations et l’arrangement du calendrier pour le procès. La prochaine session aura lieu le 17 novembre à 10h30. Nous devons vous rappeler, que vous devez arriver à 9h45 au plus tard, puisque passer les contrôles de sécurité prend un certain temps.

[Traduit de l’allemand de solidariteit.noblogs.org, 8. November 2016]

NdT:

¹ Unité de police correspondant aux CRS

[Strasbourg] Du sursis pour mater la révolte et la solidarité

Compte rendu du procès de deux personnes arrêtées pendant les évènements contre la loi El-Khomri à strasbourg.

Lundi 20 juin. Nous sommes convoqué.e.s au TGI de Strasbourg. Ces procédures font suite à une opération d’interpellation, le 9 avril en fin de manif’ contre la Loi Travail, qui est partie en mêlée entre la BAC et des manifestant.e.s et a finalement débouché sur une énorme intervention de la flicaille et de militaires pour mater la colère des personnes solidaires. Quatre ont été inculpées depuis. Deux d’entre nous comparaissent à la même audience : P., accusée de dégradations (des tags (loi, travail, retrait des deux / Mort à l’Etat / (A)), à l’origine de la première tentative d’interpellation); O., pour violence sur une flique en civil (jetée à terre) ; avec pour chacun.e rébellion lors de leur arrestation et refus de signalétique (empreintes, photos, ADN). N’en déplaise à certain.e.s militant.e.s à toute la phraséologie victimaire qu’on peut trouver dans leurs discours, l’intervention de la BAC n’était pas une « provocation » ou du « harcèlement » envers des « militants ». C’est la réponse logique de l’Etat à tout ce qui déborde du cadre contestataire toléré.

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[Marseille] Une semaine d’actions de solidarité avec les migrants de Calais

Suite aux récentes expulsions à Calais, une semaine d’actions en solidarité avec la résistance dans la « Jungle » a eu lieu à Marseille. Nombre d’individuEs et groupes ont contribué de façon anonyme aux diverses actions contenues dans ce communiqué. Toutes les cibles choisies collaborent dans la répression, l’assujettissement et la déportation de personnes migrantes et/ou sans papiers, à Calais ou ailleurs.
Ci-dessous la liste des actions telles qu’elles ont été communiquées par les personnes concernées:

* 500 autocollants dont “non aux expulsions- solidarité avec la résistance à calais”, “Migrants bienvenus – ramène tes potes”, “collabo – solidarité avec les sans papiers à Calais”, ainsi que divers autres en français et en anglais, distribués à travers la ville.

* Plusieurs petites actions ont eu lieu le dimanche 6 mars :
Des affiches du FN ont été détruites et des slogans pro-migration ont été tagué sur un mur à côté.
Les pneus d’un véhicule appartenant à Orange Telecom (en lien avec l’État) ont été crevés.
“Collabos aux expulsions” tagué sur 3 boîtes aux lettres de La Poste.
Un distributeur de liquide et une caméra de sécurité ont été saboté avec de la peinture à la banque BNP Paribas sur l’avenue de la Corderie – “collabo” tagué à côté du distributeur.
Le bâtiment de La Poste également tagué “collabo aux expulsions”.

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* 200 affiches collées autour de Noailles, la Belle de Mai et National (1er et 3ème) avec quatre affiches différentes : “Solidarité avec les sans papiers à calais”, “Solidarité avec la résistance à calais” et “Solidarité avec les grèves de la faim à calais” (le dernière en français et anglais)

* Mercredi 9 mars tôt le matin :
Lâché de banderole disant “Solidarité avec la résistance à Calais – personne est illégal-e”.
Des slogans tagués : ” pas de papiers pas d’expulsions” ” brûle les frontières, brûle l’état” ” pas de frontières – pas d’état – pas de problèmes!” “Vinci collabo des expulsions” “non aux expulsions”

* Jeudi 10 mars à 4h30 : bâtiment de la Croix Rouge, rue Baille, 5e arrondissement. Des fenêtres explosées avec des pierres et serrures sabotées. Contre les collaborateurs ‘humanitaires’ et leurs tentatives d’adoucir la violence des frontières. Il n’y a pas d’expulsions paisible.

* Deux distributeurs des collabo LCL ont été mis hors service.
Une voiture de la métropole saboté et “calais” peint sur le toit.

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* Des tagues contre six bâtiments du Groupe SOS dans le 1er, 3e et 7e : au 200 et 357 bvd national, 3 bvd grigou, 2 rue grigan (serrures également cassées), 24a rue fort notre-dame, 1 bvd charles livron.
Egalement deux bureaux de poste : 184 bvd national et place bernard de cabinet.
“collabo aux expulsions” et “solidarité avec les sans papiers à calais” et “solidarité avec la résistance à calais”

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7* La nuit du jeudi 10 : tagues et bombes de peinture contre 3 bâtiments de la Croix Rouge autour du boulevard Chave dans le 5e arrondissement (un magasin de charité et les bureaux). Les messages peints : “Solidarité avec Calais” et “Collabo aux expulsions”.

* Un groupe d’entre nous a décidé de faire une banderole disant “A bas toutes les frontières – Solidarité avec la résistance contre l’expulsion à Calais” en français, arabe et anglais. Nous avons pris une photo avec quelques amiEs tenant la banderole, comme geste simple pour celleux qui luttent à Calais. Ça a eu lieu vendredi.

[Publié sur contrainfo, 16 mars 2016]

[Espagne] Résumé des trois jours de procès contre les compagnons Mónica Caballero et Francisco Solar

Résumé de la première session du procès des compagnons Mónica Caballero et Francisco Solar

Notons que cette enflure de juge a constamment interrompu les deux compagnons alors qu’ils faisaient leurs déclarations, utilisant la toute puissance de ceux qui décident d’envoyer en prison des milliers de personnes : « Ne nous faites pas une déclaration politique, cela ne nous intéresse pas ! » et elle a aussi menacé de sortir le public de la salle (des proches et des compagnons) si l’attitude de politisation du procès persistait.

Le procès venait juste de commencer lorsque l’un des avocats de la défense est intervenu pour rappeler à l’audience qu’un texte avait été présenté mettant en avant le manque d’impartialité de la part du tribunal et la demande qu’il soit changé. Une autre forme de procès a aussi été demandée, dans laquelle les accusés font leurs déclarations en dernier, après tous les témoins et experts. Face au refus du tribunal le procès a débuté par les déclarations de Francisco et Mónica, qui ont refusé de répondre aux questions du procureur et à l’accusation spécifique, répondant uniquement aux questions de leurs avocats.

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[Bruxelles, Belgique] Rendu du procès contre la destruction de la maquette de la maxi-prison

Bruxelles : Verdict dans le procès de la maquette de la maxi-prison

Quatre inculpés dans le procès de destruction de la maquette de la maxi-prison ont été condamnés à 10 mois de prison avec 3 ans de sursis ce vendredi 19 février en première instance. En outre, les six inculpés reçoivent chacun 600€ d’amende, pour un total de 3.600€. Le gros élément à charge du procureur pour les condamner en bloc est le fait qu’ils ont refusé de s’excuser à ce sujet.

Cette condamnation en première instance permet à la Régie des Bâtiments de porter plainte au pénal pour les dégradations, elle compte réclamer 40.000€ pour dégradations.

Repris de brèves du désordre, 20 février 2016

[Paris] Procès de Lucile : 3 mois ferme. Crève la justice !

La compagnonne Lucile, après 6 semaines de détention provisoire à Fleury-Mérogis, passait en procès ce mercredi 25 novembre au tribunal de Bobigny.

Lors d’une de ces mascarades spectaculaires que la Justice sait tellement bien préparer, Lucile a mangé 3 mois de prison ferme avec un maintien en détention.

Ce mercredi, la salle d’audience est comble, une cinquantaine de personnes sont venues soutenir la compagnonne. Les flics aussi sont présents en nombre, CRS casqués, bleus, civils avec mitraillette en bandoulière, et autres RG.

La juge, tout aussi acariâtre que lors du premier procès du 14 octobre, décide de nous prévenir qu’au moindre «débordement», elle n’hésitera pas à faire évacuer la salle comme la dernière fois.

Le procès commence, les conclusions de nullité sont soulevées par l’avocate — elles seront balayées d’un revers de main lors du délibéré. La juge lit les PV des flics, Lucile est poursuivie pour leur avoir dit, entre autres, «vous êtes des putes, vous avez des uniformes de putes, bande de chiens» et avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes digitales. Elle répondra à la juge qu’elle n’utilise pas pute ou enculé comme des insultes, et qu’elle n’a rien contre les prostituées, au contraire des flics, mais que «larbins», ça oui elle l’a bien dit. Sur la signalétique, Lucile dira qu’elle n’avait aucune raison de donner ses empreintes vu que le contrôle était abusif, et que de toute façon elle s’y serait quand même opposé car elle est contre le fichage.

Ensuite le flic qui cherche à arrondir ses fins de mois est entendu, dégoulinant de la cordialité de celui qui sait combien il est légitime ici. La salle réagit promptement à chacune de ses jérémiades. «Vous comprenez, ces deux personnes nous ont dit qu’il y avait un fort taux de suicide dans la police, vraiment c’était très dur à entendre». La juge lui demande «mais pour vous c’est quoi votre préjudice ? C’est juste moral ? — Oui». «Ooooh» lui répondra la salle, compatissante. Crevure de flic

Sont ensuite rapidement expédiées les questions sur la personnalité. «Je ne souhaite pas répondre à cette question, dira Lucile, car je ne vois pas en quoi ma personnalité a à voir avec cette affaire». La juge lui propose de s’exprimer sur plusieurs «concepts» qu’elle a évoqué depuis le début de l’audience, pour comprendre quelle est sa vision de la «société». Lucile n’a aucune envie de parler de ses idées politiques dans ce tribunal car elle s’est juste opposé à un contrôle d’identité et à la brutalité des flics.

L’ordure de proc fait sa réquisition, 3 mois avec maintien en détention, car les doutes sur son identité font que la prison ferme est la seule peine «applicable et efficace». À ce moment, écœuré par le procureur, un compagnon sort de la salle et dans un moment de confusion, la juge suspend l’audience. Un bon nombre de personnes sort de la salle et découvre le pote encerclé par les flics, en passe d’être menotté. Les gens s’énervent, les premiers coups de tonfa pleuvent, à la sortie de la salle d’audience. Les flics sortent leurs tasers, et nous menacent avec en les actionnant, plusieurs personnes sont plaquées au sol. Après plusieurs minutes de déchaînement policier, les compagnon·ne·s sont poussé·e·s jusqu’au parvis du tribunal. À l’intérieur, tou·te·s les enrobé·e·s ont disparu dans leurs coulisses respectives.

L’audience reprend par la plaidoirie de l’avocate. Le contrôle n’est motivé nulle part, «deux personnes encapuchées observent des pavillons» n’est pas un motif légitime, lors de la garde à vue les coups des flics et les humiliations s’enchaînent. Insultes sur le physique de la compagnonne, coups de menottes dans le visage, dont les blessures résultantes seront notifiés dans les PV des médecins collabos. «Pardonnez-moi l’expression, mais cette affaire, elle est dégueulasse».

Avez-vous quelques chose à ajouter à ce qui a été dit ? — Oui, si vous me renvoyez en prison, merci d’envoyer une lettre pour demander la levée du contrôle dont je fais l’objet (Lucile est surveillée par les matonnes toutes les 2h, même la nuit, sur ordre de la juge, au début c’était même toutes les heures, mais ça a été allégée suite aux demandes répétées de Lucile).

Avant le rendu, la juge glisse un mot à un flic, et c’est aussitôt une quinzaine de flics gantés qui nous encerclent et on se dit que le rendu ne risque pas de nous plaire… En effet, elle prend 3 mois avec maintien en détention, et on se fait sortir fermement par la police. Non contents de nous voir hors du tribunal, les schmitts décident de nous pousser jusqu’au métro (à 400m du tribunal), parce qu’on ne peut pas se rassembler à l’extérieur, vu que c’est l’état d’urgence. Arrivé·e·s dans le métro, la RATP sûreté nous ouvre la porte pour ne pas qu’on saute les portiques, ce qui permettra à plusieurs autres personnes de frauder sans se fatiguer.

Nous ne serons pas libres avant que le dernier juge sera pendu avec les boyaux du dernier flic. Crève la justice !

PS: au moment où j’écris ces lignes, on a de forts soupçons que le compagnon arrêté au tribunal soit en garde à vue…

[Paris] Compte-rendu du procès pour un collage contre les flics à Belleville

Mercredi 21 janvier avait lieu au Tribunal de Grande Instance de Paris, le procès de deux personnes arrêtées lors d’un collage d’affiches pendant le mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse. Ils étaient poursuivis pour « provocation directe à la rébellion par la voie d’apposition d’affiches » et de « refus de se soumettre à un prélèvement biologique ».

A 13 heures 30, en plus des deux inculpés, une vingtaine de personnes étaient venues en solidarité pour assister au procès. Elles avaient dû préalablement se prêter aux contrôles de flics, à l’entrée du tribunal puis de la salle d’audience, encore plus poussifs depuis quelques semaines. Au moins deux paires de flics en civil étaient là comme d’habitude dès qu’il s’agit de procès de gens fichés, ainsi qu’un certains nombre de gendarmes pour « assurer la sécurité » du spectacle.

La juge appelle les deux inculpés à la barre une première fois, mais le numéro ne commencera pas tout de suite. La procureur, le midi même, a demandé à des flics de réaliser un PV supplémentaire sur les lieux de l’arrestation pour contrer certains arguments de la défense.
Deux heures et demi plus tard, l’avocate plaide la nullité sur l’illégalité du contrôle d’identité et de la fouille poussée qui a aboutit à la découverte des affiches poursuivies. La procureur conteste le premier argument avec les photos que viennent de prendre les flics. Il n’apparait pas de panneau d’affichage, et le collage ne peut donc être qu’illégal.

La juge ne se prononce pas sur la nullité, mais décide de quand même juger l’affaire.
Elle commence par interroger les prévenus sur leur situation sociale. Le fait qu’ils réussissent à payer un loyer avec leur seul rsa la rend suspicieuse. La précarité est une preuve de plus de culpabilité.

Elle lit ensuite longuement et en détail les différents PVs d’auditions des prévenus qui n’ont aucun intérêt puisque ceux-ci n’ont rien déclaré. Puis, après avoir lu le texte de l’affiche en question, elle les interroge sur le sens général du texte, sur ce que veut dire « nous n’appellerons pas au calme ». Les colleurs ne souhaitent pas s’exprimer sur un texte qui leur paraît suffisamment clair. Quand ils disent qu’ils ne veulent pas débattre dans un tribunal, la juge s’en étonne, chante un refrain sur la démocratie et la possibilité d’exprimer ses idées. Elle parle de « mini paranoïa » de la part des accusés et de l’indépendance des juges. Pour finir, elle rappelle la « personnalité » des prévenus, leur casier judiciaire, sans doute son meilleur argument. Les deux ont déjà été condamnés et ont des peines de sursis de un et de 24 mois. La première pour refus d’adn, le deuxième pour terrorisme « anarcho-autonome ».

Au moment du réquisitoire, la procureur assène aussi le couplet de son indépendance et dit le prouver en décidant de ne pas poursuivre les accusés pour le refus d’adn. Par contre, pour justifier la condamnation pour la « provocation directe à la rébellion », elle dresse un portrait précis des accusés. Comme elle n’a pas pu se faire une idée claire de leur personnalité puisque ceux-ci ne se sont pas prêtés au jeu, elle reprend le profil-type qu’on trouve dans les fiches de renseignement sur la « mouvance anarcho-autonome ». Elle finit par requérir pour la première la révocation de son mois de sursis ou bien 200 jours-amende à 10 € (au choix de la juge) ; et pour le deuxième, la révocation de six mois de sursis (soit de la prison ferme pour les deux).

A son tour, l’avocate souligne l’absurdité des réquisitions par rapport aux faits jugés et même par rapport à la peine maximum de deux mois encourue pour la « provocation directe à la rébellion ». Elle rappelle aussi que la procureur ne pouvait poursuivre les prévenus pour le refus d’adn puisque ces faits font justement partie des rares délits à ne pas rendre obligatoire ce fichage. Elle rappelle le contexte du mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse et demande si ce n’est pas plutôt cette mort qui provoque à la rébellion. Enfin, elle défend que les affiches jugées sont celles prises dans un sac lors de la fouille et non celles collées, et qu’elles n’ont donc pu être rendues publiques. Pour toutes ces raisons, elle demande la relaxe.

Pour finir, les accusés rappellent que le mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse a réuni des milliers de gens à travers le pays. Des tas de manifestations, actions, assemblées ont eu lieu et des tas de tracts et d’affiches ont été collées ; qu’ils poursuivent aujourd’hui une affiche alors qu’ils nous rabâchent quotidiennement avec la démocratie et la liberté d’expression.

Le délibéré sera donné lundi 16 février 2015.

On continuera de coller.

On continuera d’exprimer nos idées en paroles et en actes.

Vive la rébellion !

L’affiche en question:

FlicsPorcs

 Le 6 novembre dernier à Belleville, deux personnes sont arrêtés pour un collage d’affiche appelant à une manifestation contre la police et le barrage du Testet. Elles passent en procès le 21 janvier prochain.

Suite à la mort de Rémi Fraisse le 25 octobre 2014, tué par la police lors de la lutte contre le barrage de Sivens, des mobilisations ont lieu partout en France.

Dès le début, le pouvoir fait tout pour étouffer et empêcher que ne se propage la révolte. Que ce soit par le biais de sa propagande relayée dans les médias, faite d’omissions volontaires, de manipulations et de mensonges plus ou moins grossiers ou que ce soit par le biais de la répression directe de toute action de solidarité.

À Paris, les premiers rassemblements ou manifestations, qu’ils soient déclarés à la préfecture ou pas, sont interdits et empêchés. À chaque fois, le dispositif policier est imposant, et vise à que rien ne se passe. Contrôles d’identité à la pelle : parce qu’on se rend à une manif, parce qu’on diffuse des tracts, parce qu’on porte un sac à dos… Garde-à-vue parce qu’on a un canif, ou parce qu’on refuse de donner son nom… Arrestations préventives injustifiées pendant presque 6 heures… Intimidations par des flics directement au domicile quelques heures avant une manifestation.
Il ne s’agit pas de s’en offusquer ou de crier au scandale. On sait à quoi on peut s’attendre du pouvoir ; on sait qu’il s’encombre de plus ou moins de précautions en fonction des personnes qu’il réprime et du contexte social.

Le 6 novembre à Paris, dans le quartier de Belleville, quelques personnes entament un collage d’affiches contre la police et appelant à une manifestation le 8 novembre. Arrive alors une camionnette de police de la BST. Deux flics en descendent et se dirigent vers deux colleurs. Ils semblent connaître le sujet de l’affiche et se montrent agressifs. Les deux sont embarqués vers le commissariat. Pendant tout le trajet, les flics les filment avec leur téléphone personnel et s’étonnent de leur refus de dialoguer. Au commissariat du 5ème, les copains se rendent vite compte qu’il ne s’agira pas d’un simple contrôle d’identité. Ils sont placés en garde-à-vue pour « provocation directe à la rébellion », en l’occurrence pour l’affiche. Les auditions s’enchaînent mais les poursuivis n’ont toujours rien à déclarer. Après 24 heures, et une « supplétive » pour « refus de se soumettre à un prélèvement génétique », ils sont envoyés au dépôt, avec le regret des flics de n’avoir pu prolonger la garde-à-vue (la prolongation est limitée théoriquement à des faits passibles d’au moins un an de prison). Après 20 heures, et un nouveau refus de prélèvement, ils finissent par passer devant un substitut du procureur qui leur remet une convocation pour un :

procès le 21 janvier 2015 a 13h30 devant le TGI de paris – 10ème chambre correctionnelle 1.
pour provocation directe a la rébellion
pour refus de prélèvement biologique.

Plus de 40 heures pour un collage d’affiches. Il est clair que l’intention est d’intimider et que la garde-à-vue est utilisée ici comme une punition en soi. Les procureurs font leur petite cuisine juridique et cherchent les articles et les astuces pour prolonger les délais, pour nous fatiguer et nous garder le plus longtemps possible enfermé.

On se laissera pas faire, on lâche pas l’affaire !

[Source : Paris-luttes.info.]