[Espagne] Résumé des trois jours de procès contre les compagnons Mónica Caballero et Francisco Solar

Résumé de la première session du procès des compagnons Mónica Caballero et Francisco Solar

Notons que cette enflure de juge a constamment interrompu les deux compagnons alors qu’ils faisaient leurs déclarations, utilisant la toute puissance de ceux qui décident d’envoyer en prison des milliers de personnes : « Ne nous faites pas une déclaration politique, cela ne nous intéresse pas ! » et elle a aussi menacé de sortir le public de la salle (des proches et des compagnons) si l’attitude de politisation du procès persistait.

Le procès venait juste de commencer lorsque l’un des avocats de la défense est intervenu pour rappeler à l’audience qu’un texte avait été présenté mettant en avant le manque d’impartialité de la part du tribunal et la demande qu’il soit changé. Une autre forme de procès a aussi été demandée, dans laquelle les accusés font leurs déclarations en dernier, après tous les témoins et experts. Face au refus du tribunal le procès a débuté par les déclarations de Francisco et Mónica, qui ont refusé de répondre aux questions du procureur et à l’accusation spécifique, répondant uniquement aux questions de leurs avocats.

Tous les deux ont affirmé les idées anarchistes, et ont nié la responsabilité de l’attaque de la Basilique del Pilar, ainsi que l’appartenance à une quelconque organisation, qui comme la littérature policière le décrit, se compose de chefs et d’une hiérarchie. Francisco a déclaré, avant d’être interrompu par la juge du tribunal Angela Murillo : « Oui je suis anarchiste parce que je comprends ce qu’est la liberté débarrassée de toute contrainte. Je crois que la liberté individuelle émerge lorsqu’il n’y a ni autorité, ni ordres ni commandements, qui ne font qu’atrophier et dégrader le comportement humain. L’État provoque la subordination et c’est à l’opposé de toute tentative de liberté ; il provoque aussi l’existence de profiteurs et d’exploiteurs ». Et au sujet des organisations il a déclaré : « elles entravent la liberté individuelle et réduisent l’initiative des personnes par des comportements établis à l’avance ». Et Mónica a déclaré : « N’importe quelle base hiérarchique est incompatible avec mon idéologie et ma manière de penser, puisque que n’importe quelle sphère de pouvoir est nuisible et entrave l’être humain ». Et en répondant à l’une des questions de son avocate elle en a profité pour réaffirmer ses liens d’affinité et de solidarité avec d’autres compagnons prisonniers.

Après les déclarations des compagnons, c’était le tour des témoins, commençant par plusieurs policiers, neuf d’entre eux, qui ont participé à l’enquête. Dans leurs déclarations ils sont tombés dans des contradictions au sujet de la collaboration et des informations fournies par l’État chilien et sur comment cela a pu amener l’enquête à se focaliser sur Mónica et Francisco. Dans ce sens, l’un des avocats de la défense a présenté comme preuve une note de presse de la Direction Générale de la Police Nationale, qui donnait des informations sur l’opération et assumait comme une réussite la collaboration entre États. Cependant, le tribunal ne l’a pas prise en compte. La méthodologie employée pour identifier les accusés a aussi été remise en question, et donc aussi la véracité de ses résultats.

À la suite, ce sont les témoins de l’explosion dans la basilique qui ont fait leurs déclarations. En premier, la femme qui a été blessée à l’oreille, a déclaré qu’alors qu’elle était en train de prier deux personnes se sont approchées d’elle et l’une d’entre elles l’a informé qu’elle devait abandonner le lieu. Cependant elle n’est même pas capable de dire s’il s’agissait de deux hommes ou d’un homme et d’une femme. Elle a seulement vu le profil d’un homme qu’elle ne pourrait pas identifier.
Les deux autres témoins sont un gardien de sécurité et un gardien de la Basilique del Pilar, qui à part décrire le moment de l’explosion, se sont efforcés de transmettre la sensation de danger qu’ils ont ressenti. Il faut aussi dire que quelques jours avant le procès, le clergé de Saragosse s’est retiré de l’accusation.

[Traduit de l’espagnol de Publicacion Refractario par non-fides.]

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Résumé de la seconde session du procès des compagnons Mónica et Francisco

arton4910-81675Tout au long de la journée de mercredi 9 mars s’est déroulée la seconde session du procès contre Mónica et Francisco, des compagnons accusés d’appartenance à une organisation terroriste, destruction, blessures et conspiration, charges pour lesquelles le parquet demande 44 ans de prison chacun.

Tandis que se déroulait la session dans la salle 4 de l’Audiencia Nacional, un groupe de personnes solidaires s’est rassemblé à l’extérieur, criant des slogans de soutien qui ont pu être entendu par les compagnons à l’intérieur de la salle.
Si l’audience de mardi s’est focalisée sur les déclarations de Mónica et Francisco et des témoins (policiers et témoins) que le parquet a présenté, la session de mercredi a démarré avec les témoins appelés par la défense pour passer ensuite aux déclarations des experts.

Les 4 témoins que la défense a présenté ont confirmé les déclarations qu’ils avaient donné sur le moment à la police, c’est à dire qu’aucune des caractéristiques qu’ils ont décrites ne correspondent à Mónica et Francisco.
Les témoins des experts (tous policiers) qui ont été convoqués par le parquet se sont concentrés sur plusieurs aspects :

Le danger de l’engin explosif : les policiers qui ont fait leurs déclarations (policiers, scientifiques, démineurs) ont suivi la même ligne dans la volonté d’exagérer le danger de l’explosion et la possibilité de provoquer des blessures. Ils ont voulu appuyer scientifiquement cet argument à partir d’une étude théorique de l’impact d’un engin contenant 3 kg de poudre noire à ciel ouvert. Cet argument a été réfuté par la défense car si le dossier parle d’une charge qui ferait entre 2 et 3 kg et que le communiqué de revendication de l’action décrit l’utilisation de 2 kg de poudre, les rapports se basent sur le critère théorique de 3 kilos, ce qui nous donne une preuve des intentions de la police.

Les analyses anthropométriques : ces rapports comparent des images de Francisco et Mónica tirées d’internet (sans savoir si elles ont été trafiquées ou pas) [NdT : d’où l’intérêt de ne pas en rendre disponible !] avec des images de la caméra de surveillance du métro de Barcelone. Ils concluent par de fortes probabilités de coïncidence en ce qui concerne Francisco, et une probabilité moindre pour Mónica. Il faut signaler aussi qu’aucune des deux personnes ayant fait ces déclarations n’a de diplôme en expertise anthropométrique. L’intervention de la défense a permis de mettre en avant la faiblesse du système informatique utilisé, qui ne peut que faire apparaître des probabilités mais ne peut pas établir des identités sans l’ombre d’un doute.

Appartenance à une organisation terroriste : l’argumentation policière se base sur le fait de considérer la FAI-FRI, le GAC et le Commando Insurrectionnel Mateo Morral comme faisant partie d’une même organisation terroriste. Les policiers qui ont fait le rapport sur la FAI-FRI comme organisation terroriste ont signalé qu’elle est considérée comme telle dans une ordonnance européenne de 2001, mais ils ne savaient pas que depuis 2009 elle n’est plus considérée comme organisation terroriste dans la même ordonnance. De plus, ils citent dans leurs rapports plusieurs procès menés contre la FAI-FRI dans des pays européens. Suite à une question qui leur demandait les sources consultées au sujet de ces procès, ils ont répondu qu’ils les avaient obtenues à partir de sources ouvertes (internet, la presse), et non pas d’organismes officiels (tribunal, police, etc.). Afin d’établir un lien entre la FAI-FRI et les GAC ils prétendent que ces derniers ont répondu à l’appel à l’action directe, la solidarité et le soutien mutuel qu’a lancé la FAI-FRI. Afin d’ affirmer que les GAC sont une organisation terroriste la police propose l’argument de la temporalité : ils signalent que c’est à la suite du premier communiqué des GAC que se réalise la première action coordonnée dans l’État espagnol. Dans la description qu’ils font du fonctionnement des GAC ils précisent qu’il y a un leadership informel. Ils signalent aussi comme indices de l’appartenance de Mónica et Francisco à une organisation terroriste les différents communiqués internationaux de solidarité avec eux, comme par exemple ceux qui se sont réalisés à partir de l’appel à un « décembre noir » ; ils mentionnent aussi le texte solidaire de Mónica dans le livre « Mapeando el fuego » alors qu’avait lieu le procès du Caso Bombas au Chili.

Enfin, dans la session de l’après-midi l’expert médical a témoigné, en citant le cas de la femme blessée, pour laquelle il certifie principalement des séquelles psychologiques.

La journée s’est close avec les deux policiers chargés de l’expertise des empreintes digitales et de l’ADN, qui certifient n’avoir rien trouvé sur les lieux (sur les restes de l’engin explosif et sur la cabine téléphonique utilisée pour faire l’appel d’alerte à la bombe).

Jeudi sera le dernier jour du procès contre les compagnons. On s’attend à ce que la défense demande leur « remise en liberté » en attente de la sentence, qui sera rendue dans un mois.

[Traduit de l’espagnol de Publicacion Refractario par non-fides.]

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Résumé de la troisième et dernière session du procès des compagnons Mónica Caballero et Francisco Solar

Le jeudi 10 mars a eu lieu la troisième session du procès de nos compagnons Mónica et Francisco. Ce sont principalement les plaidoyers finaux des avocats de la défense et l’accusation et du parquet qui ont été présentés.

Cela a débuté par les témoignages d’experts, appelés par la défense, qui ont fait un rapport sur l’étude comparative d’ADN de Francisco et Mónica extraits d’objets qu’ils ont utilisés dans leurs cellules. Dans leur rapport ils ont confirmé ce qui suit : il n’y a aucune correspondance.

La juge a ensuite demandé si les différentes parties maintenaient leurs conclusions initiales, et l’avocat de la femme blessée dans la basilique lors de l’explosion a déclaré qu’il maintenait les accusation de « dommages » et « blessures » mais qu’il retirait l’accusation d’appartenance à une organisation terroriste et de conspiration, rabaissant la demande de condamnation à 12 ans et un jour chacun et demandant une indemnisation de 102 000 euros.

Les derniers plaidoyers ont alors commencé, avec la procureur qui a maintenu les 4 charges de l’accusation écrite : appartenance à une organisation terroriste, destruction, blessures et conspiration. Elle a aussi maintenu la demande de 44 ans de prison chacun. Dans son plaidoyer elle a insisté sur le fait que dans la procédure orale et dans les rapports des renseignements la participation des compagnons dans une organisation à caractère terroriste est prouvée. Face au discrédit des experts par la défense dans les sessions précédentes, évoquant le manque de formation de ces derniers sur les thèmes qu’ils traitent dans leurs rapports, la procureur a voulu valider leurs rôles à partir de leurs connaissances techniques et pratiques. Selon cette même ligne, la procureur a continué sa plaidoirie en considérant avérée la participation de Francisco et Mónica à l’action del Pilar et à l’intention de s’attaquer au sanctuaire de Montserrat. En ce qui concerne les accusations de blessures, elle s’est appuyée sur les rapports médicaux qui décrivent les lésions auditives et les séquelles psychologiques sur la femme concernée.

L’accusation a continué en expliquant la raison du changement de ses conclusions suite à la procédure orale, signalant que si elle est d’accord avec la procureur sur le fait que les compagnons appartiennent à la FAI-FRI et aux GAC, il n’y a pas d’arguments suffisants pour considérer ces derniers comme des organisations terroristes. Un argument similaire qui a été utilisé pour justifier le retrait des accusations de destruction : elle considère que leur visite à Montserrat était dans l’intention d’attaquer cet endroit mais il n’y a pas de preuves suffisantes pour le prouver. Concernant les accusations soutenues, il est important de souligner qu’elle a modifié la figure juridique de « destructions » en « dégâts » à but terroriste.

Les derniers plaidoyers étaient ceux de la défense, qui était catégorique sur la remise en question des thèses de l’accusation. La défense a fait un long exposé que nous résumerons par les points centraux :

• Le manque d’impartialité de la section de première instance en ayant exercé des procédures qui correspondent au juge instructeur. Sur ce point la défense considère comme un signe d’impartialité le fait que c’est cette même instance qui décrétera l’élargissement de la préventive en indiquant qu’il y avait des « preuves » suffisantes pour prendre cette mesure. Ici aussi la défense remet en question le fait que des rapports policiers aient été inclus comme preuves d’expertise.

• L’absence de vérité lorsqu’il a été signalé dans l’enquête que Francisco et Mónica avaient été condamnés au Chili pour le Caso Bombas et avaient été libérés par un « vice de procédure » alors qu’ils ont été acquittés par manque de preuves.

• Le fait que l’acte d’accusation et l’écrit de l’accusation sont un « copier coller » des rapports des services de renseignement prouve qu’il y a un manque d’impartialité dans l’enquête du parquet et dans la procédure d’instruction de l’affaire.

• Par une solide documentation technique elle remet en question la rigueur du système utilisé afin d’obtenir les résultats de l’analyse anthropométrique, signalant par exemple, qu’à aucun moment les spécificités techniques du programme appliqué n’ont été clarifiées ; ni la raison de l’utilisation de ce système là et non pas d’un autre, et le fait que les résultats sont loin d’être fiables puisqu’ils ne remplissent pas le minimum des conditions techniques requises (distance de la caméra, angle, luminosité, pixels, qualité de l’image).

• La défense remet en question l’utilisation de sources « ouvertes », c’est à dire, obtenues d’internet et non vérifiées avec des sources originales.

• Elle met en avant qu’aucun témoin n’ait fait de description qui corresponde aux traits de Mónica et Francisco.

• Le concept et la pratique de la « solidarité et le soutien mutuel » sont inhérents à tout anarchiste.

• Étant donné qu’il faut au moins trois personnes pour former une organisation terroriste, l’enquête policière a eu besoin de les relier à d’autres personnes et groupes et c’est là qu’apparaissent les GAC.

• Il n’y a pas d’indices suffisants pour les relier aux GAC et en aucun cas on ne peut considérer ces derniers comme une organisation terroriste, signalant qu’il n’y a aucune action revendiquée sous ce sigle. De plus, après lecture des communiqués et du livre des GAC « Contre la démocratie », elle conclut qu’il n’y a rien dans son contenu qui puisse indiquer que c’est une organisation à finalité terroriste.

• La défense argumente que la FAI-RI ne répond à aucune structure ni organisation et que c’est une « signature » sous laquelle il y a des appels à l’action des anarchistes au niveau international. Elle insiste à nouveau sur le fait que depuis 2009 elle n’est plus considérée comme organisation terroriste par la communauté européenne.

• Sur le rapport qui traite du danger de l’engin explosif, en partant de la conviction que ce ne sont pas eux les responsables, elle signale que ceux qui ont fait cette action à la basilique n’avaient pas pour intention de blesser des personnes, vues les caractéristiques de l’engin, l’heure de l’explosion et l’alerte à la bombe faite par téléphone.

Le jugement s’est terminé par l’utilisation d’un droit à une dernière parole pour Mónica et Francisco, dont ils ont profité pour réaffirmer leurs idées anarchistes. À la suite de cela la juge a ordonné l’évacuation de la salle au milieu des cris de soutien des compagnons présents.

Nous terminons cette synthèse en citant les derniers mots des compagnons, qui reflètent la force et la cohérence de leurs convictions :

MORT À L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE !

vidamiseriamonica&francisco

[Traduit de l’espagnol de Publicacion Refractario par non-fides.]