[Brésil] Grèves, blocages et saccage du ministère de l’économie contre la nouvelle réforme des retraites – Mercredi 15 mars 2017

Grèves, manifestations et même occupation du ministère de l’Economie: des dizaines de milliers de Brésiliens sont descendus dans la rue mercredi pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement du président conservateur Michel Temer.

Dès 5h00 du matin (8h00 GMT), plusieurs centaines de militants de gauche, notamment du Mouvement des Sans Terre (MST), se sont introduits dans l’immeuble du ministère de l’Economie, principal concerné par cette réforme qui vise à sortir le pays d’une récession historique. Les services de sécurité locaux ont signalé des « dégâts matériels », notamment des vitres brisées.

« Nous allons rester aussi longtemps que possible« , a prévenu Marcos Baratto, leader du mouvement, au site d’information G1. « Nous sommes venus pour laisser un message au gouvernement : nous n’accepterons pas de perdre nos droits ».
Plus tard dans la matinée, plus de 5.000 personnes étaient réunis sur l’esplanade des ministères à Brasilia, selon la police.

À Sao Paulo, poumon économique du pays, la grève des transports a provoqué des embouteillages monstres. Aucun bus ne circulait avant 8h00 du matin (11h00 GMT) et le trafic des métros était aussi fortement perturbé, même si la situation a commencé à se régulariser au cours de la journée, selon la compagnie de transports locale (SPTrans).
La grève a été maintenue malgré une décision du Tribunal Régional du Travail (TRT), qui exigeait le fonctionnement total des transports aux heures de pointe, sous peine d’une amende de 100.000 réais (environ 30.000 dollars).

À Rio de Janeiro, les écoles publiques étaient en grève, alors que la collecte des ordures était suspendue à Brasilia, selon G1.
Des manifestations ont eu lieu dans les capitales de pratiquement tous les États du Brésil et une forte mobilisation est attendu dans l’après-midi Avenida Paulista, une des principales artères de Sao Paulo.

Arrivé au pouvoir en 2016, après la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, Michel Temer a lancé une série de mesures d’austérité impopulaires pour tenter de relancer l’économie du Brésil. Après avoir fait approuver par le Congrès le gel des finances publiques sur 20 ans, l’autre réforme phare prévoit d’élever l’âge minimum de départ à la retraite à 65 ans, un changement radical dans un pays où les travailleurs peuvent s’arrêter à 54 ans.
« Nous sommes en train de montrer la voie pour sauver les retraites de la faillite, pour sauver les pensions des retraités d’aujourd’hui et des jeunes qui prendront leur retraire demain. Personne ne va perdre ses droits », a argumenté le président lors d’un discours à Brasilia.
Les militants de gauche l’accusent pourtant de mettre à mal le système de protection sociale déjà fragile de ce pays dont la population est touchée de plein fouet par la crise. Le chômage a atteint un taux record de 12,6% et près de 13 millions de personnes à la recherche d’un emploi.
Wagner Moura, célèbre acteur brésilien qui a incarné le baron de la drogue colombien Pablo Escobar dans la série « Narcos » de Netflix, est aussi entré dans le débat.
« Cette réforme représente un autre rude coup pour les droits des travailleurs brésiliens », a-t-il argumenté.
Les mesures d’austérité font plonger au plus bas la cote de popularité d’un gouvernement déjà éclaboussé par le scandale de corruption Petrobras, qui est entré dans une nouvelle dimension mardi.
Le procureur général Rodrigo Janot a demandé l’ouverture de 83 enquêtes, qui visent au moins cinq ministres et les présidents des deux chambres du Congrès, selon les médias brésiliens.
Ces requêtes sont basées sur les confessions explosives de 77 anciens cadres d’Odebrecht, géant du BTP qui s’était associé à d’autres entreprises du bâtiment pour truquer les marchés de la compagnie pétrolière d’État.
En retour, étaient versés commissions et pots-de-vin alimentant les caisses noires de partis politiques et d’élus influents.
Pour le gouvernement, la priorité absolue est de faire passer la réforme des retraites, malgré la paralysie de parlementaires tétanisés, qui cherchent déjà des moyens d’obtenir l?amnistie pour délits liés au financement des campagnes électorales.

AFP via Le Parisien, mercredi 15 mars 2017