Archives mensuelles : juillet 2015

[Grèce] Attaque incendiaire d’un concessionnaire ‘Porsche’ dans la banlieue huppée d’Athènes

Un groupe anarchiste a revendiqué l’attaque incendiaire d’un concessionnaire automobile ‘Porsche’ situé à Glyfada, banlieue huppée d’Athènes. L’incendie, qui a causé de gros dégâts tant sur les véhicules que sur le bâtiment, s’est déroulé dans la nuit du 26 au 27 juillet 2015. Il a fallu une vingtaine de pompiers pour éteindre l’incendie. Voici quelques extraits du communiqué publié sur indymedia athènes:

« Dans la matinée de lundi 27 juillet, nous avons choisi d’attaquer le concessionnaire de voitures de luxe ‘Porsche’ de l’avenue Vouliagmeni dans la zone de Glyfada. Nous avons mis le feu à tous les véhicules garés dans la cour extérieure du concessionnaire et, à notre grande joie, des dommages importants ont été causés à l’intérieur du bâtiment grâce à l’explosion des réservoirs des voitures.

Glyfada est une zone éminemment bourgeoise, une zone stérile où la surveillance de la bourgeoisie privilégiée est synonyme de sécurité. Une zone résidentielle qui offre une « haute qualité de vie » où les bâtards qui nous exploitent étalent leur richesse, qui est bien sûr notre propre sang en tous points.

Nous devons clarifier que le choix de la cible n’était pas focalisé sur le fait que c’est une entreprise d’intérêt allemand. C’était en raison du luxe et de la « spécificité » de l’emplacement présent. C’est un symbole principal – un totem affichant la richesse et la prospérité dont jouissent les bourgeois. […] »

porsche2

Reformulé d’insurrection news

[Hambourg, Allemagne] Deux antennes-relais incendiées – 20 juillet 2015

incendieDeux antennes-relais ont été incendiées dans la nuit du 19 au 20 juillet 2015: arrêt partiel du réseau, interruption des flux de données, perte de contrôle du pouvoir.

Actuellement, le pouvoir n’est plus concentré dans les parlements et les sièges d’entreprises, mêmes si ceux-ci restent toujours un symbole important du pouvoir. Un parlement brûlé ou un siège d’entreprise détruit est certes un symbole fort mais ébranle de façon minime le pouvoir de ceux qui nous gouvernent. Le pouvoir se trouve dans les relations et les connexions entre les objets. Le pouvoir se trouve aussi dans l’infrastructure qui, chaque jour, chaque heure et chaque minute permet que ce système d’exploitation et d’oppression puisse ainsi perdurer et obtenir encore plus de profit. Dans les conditions actuelles, l’infrastructure soutient avant tout le maintien et le développement de la domination – construit et entretenu par les gouvernants.

La perpétuation quotidienne de la société capitaliste dépend des flux ininterrompus de marchandises, de personnes, d’informations et d’énergie.

Un aspect du contrôle est la surveillance. Ceci est renforcé et amélioré à l’époque d’internet par la NSA/BND/BKA à travers la collecte massive de données personnelles, des lieux de résidence est profils. En même temps, les fournisseurs de télécommunications mobiles sont des aides volontaires et des profiteurs. Chaque possibilité est utilisé afin d’élargir cette collecte de données, chaque occasion est exploité comme alibi. Comme l’appel à étendre le stockage des données de télécommunications après l’attaque terroriste de Charlie Hebdo.

Nous aimerions avec cela briser un peu le quotidien interconnecté et créer un peu d’espace à la réflexion.- un petit répit du regard ininterrompu sur le smartphone.

C’est pas la technologie que nous rejetons (sic), mais son utilisation pour le profit, la surveillance, le contrôle, son exploitation par les réseaux du pouvoir. […]

Traduit de l’allemand de linksunten indymedia

[Grèce] Affiche à propos du conflit anarchiste

Contre

Leur vision nationale

Leurs divisions internes au système (Mémorandum vs Anti-mémorandum)

Les efforts de l’Etat et du capital pour s’incruster carrément dans nos vies

Nous répondons par notre action combattante

Rendez-vous dans les rues pour le conflit anarchiste sans compromis

Groupe de lycéens anarchistes – Attaque anti-éducative

06 Ραντεβού στους δρόμους της ασυμβίβαστης, αναρχικής σύγκρουσης (Ιούλιος 2015)

Traduit du grec par non-fides, 22 juillet 2015

 

[Montbéliard et sa périphérie] « T’es qu’un sale maton »

Pays de Montbéliard : ils agressent un surveillant de prison après l’avoir reconnu dans le bus

Il a manifestement été reconnu dans ses fonctions. Car, mardi, tandis qu’il était assis à l’arrière d’un bus qui le ramenait à son domicile, aucun signe extérieur ne laissait entrevoir son métier : surveillant de prison. À part, peut-être, le pantalon bleu marine de fonction qui ne laisse rien transparaître de particulier.

Pourtant, ce mardi vers 13h45, alors que deux individus d’une trentaine d’années passent devant lui après être montés à un arrêt rue de Seloncourt à Audincourt, il est subitement pris à partie. « Alors vous ne dites pas bonjour ? » – « Je ne dis pas bonjour aux personnes que je ne connais pas ».

Le ton monte alors : « T’es qu’un sale maton ! » Une sortie verbale rapidement agrémentée d’insultes et de menaces de mort. Avant que les deux jeunes s’en prennent physiquement au quadragénaire. Coups de poing, de pied. La conductrice stoppe alors son véhicule pour prévenir les secours. Le moment choisi pour les agresseurs de rapidement prendre la fuite.

La victime, qui travaille à la maison d’arrêt de Montbéliard depuis une dizaine d’années après avoir œuvré notamment à Mulhouse, n’a pas formellement reconnu ses assaillants comme étant d’anciens détenus.

« On ne peut pas mémoriser tous ceux que l’on voit passer, mais ils l’ont clairement reconnu pour le métier qu’il exerce », insiste le délégué régional FO pénitentiaire du Grand Est, Christophe Schmitt, sur la foi des déclarations de son camarade qu’il a eu au téléphone.

Le surveillant, qui souffre notamment de diverses contusions, très choqué psychologiquement, a porté plainte. Et la durée de son incapacité totale de travail sera précisée ce mercredi au terme d’un nouvel examen médical.

Des faits qui interviennent quelques semaines après une précédente agression, dans des conditions similaires, à Metz*. « C’est un phénomène inquiétant », relève Christophe Schmitt, « car en plus du manque de sécurité à l’intérieur des prisons, on la subit à l’extérieur également ».

Leur presse carcérale – l’est républicain (Sébastien MICHAUX), 28 juillet 2015

NdCNE:

*Samedi 6 juin aux environs de 6h00 du matin à Metz, alors qu’un maton est en voiture sur le trajet entre son domicile et la prison de Metz-Queuleu, il est mis en joue par un ancien détenu armé d’un fusil à pompe, épaulé de plusieurs complices. Celui-ci mime un coup de feu. le maton s’en sort avec une peur bleue,

[Berlin, Allemagne] Brèves de juin et de juillet 2015

Au petit matin du lundi 20 juillet 2015 aux alentours de 3h, une voiture de marque ‘mercedes’ de la société immobilière ‘Mähren’, garée dans la quartier Wedding, a été incendiée à l’aide d’un allume-feu. Les pompiers n’ont pas pu sauver le véhicule, qui a été entièrement détruit.

Même si les raisons de ce sabotage ne manquent pas, l’entreprise ciblée avait été reconnue responsable de l’augmentation de loyer en 2010 d’un café de la Heinrichstrasse fréquenté par le milieu autonome à Kreuzberg.

 De la presse et du communiqué publié sur indymedia linksunten

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Une petite fourgonnette de l’entreprise ‘Siemens’ et une voiture de bourges ‘mercedes classe A’ sont partis en fumée dans la nuit du lundi 13 juillet 2015. La première a été incendiée Bahrfeldtstraße vers 1h35 (revendiquée dans le texte ci-dessous), tandis que la deuxième qui était garée Treptower Straße a crâmé une demi-heure plus tard.

La voiture Mercedes....

La voiture Mercedes….

D’autre part, plusieurs incendies de véhicules d’entreprises dans les rues de Berlin ont été revendiquées en solidarité avec des prisonniers anarchistes et les révoltés de tous horizons sur le site indymedia linksunten:

« Pour Monica Caballero, Fransisco Solar, Nikos Romanos, Nikos Maziotis et tous les prisonniers de droit commun, pour ceux qui ont incendié un véhicule du constructeur de prisons Vinci dans les rues de Paris et ceux qui ont célébré la fête nationale du 14 juillet à leur manière, pour les incorruptibles, ceux qui continuent à lancer des cocktails molotov (en grec dans le texte: μολότοφ, NdT) et ne se laissent pas aveugler par Syriza… et pour nous-mêmes.

C’est pourquoi nous avons incendié le 11 juin 2015 un véhicule de l’entreprise de surveillance ‘Deutsche Telekom’ dans le quartier Wedding à Berlin, brûlé un fourgon de l’entreprise d’armement ‘Siemens’ le 13 juillet 2015 à Stralauer Halbinsel, livré aux flammes un véhicule de la société de sécurité ‘WISAG’ Paul-Junius-Straße le 17 juillet 2015.

L’Europe forteresse s’écroulera seulement si la tempête aux frontières extérieures s’associent aux subversions locales à l’intérieur et si ces luttes se relient les unes aux autres. »

Le véhicule 'Siemens' en flammes

Le véhicule ‘Siemens’ en flammes

La carcasse du véhicule de la société 'WISAG'

La carcasse du véhicule de la société ‘WISAG’

D’après la presse

[Londres, Angleterre] Sabotage d’une opération de police anti-migrants à Shadwell – 22 juillet 2015

migrants-welcomeLa nouvelle circule selon laquelle une opération de police contre des migrants a été sabotée par les habitant.e.s de Shadwell* mercredi 22 juillet 2015. 16 pneus de véhicules de police ont été crevés. Mieux: les flics de l’immigration devaient mener cette rafle sous les yeux des caméras de télévision afin de faire un coup dur spectaculaire à l’immigration. Malheureusement, les flics ont été appelés et deux personnes ont été interpellées. Un commentaire a dit: « Tandis qu’ils étaient occupés à mener la rafle sur ‘Chapman street’, leurs pneus ont été crevés, les valves enlevées et la carrosserie des véhicules rayée. Le garage local a refusé de leur vendre des pneus ou de les aider. Pour couronner le tout, ils ont été visés par des oeufs depuis des tours d’habitation et quelques-uns ont atterri directement sur leurs têtes. Bienvenue à Shadwell »

Le mois dernier, les flics avaient été la cible de jets d’oeufs et de fruits pourris du marché à Walworth**.

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Traduit librement de rabble, 24 July 2015

NdT:

*/** quartiers de Londres.

[Veracruz, Mexique] Attaque incendiaire d’un concessionnaire ‘Toyota’ – 25 juin 2015

« Le progrès, la technologie et la civilisation nous obligent à faire la guerre ici et maintenant contre toute domination et ses tentacules qui nous baîllonnent. »

toyota-dealership-burned-in-qingdaoAux premières heures du 25 juin 2015, nous avons fait exploser un engin incendiaire dans un concessionnaire Toyota situé avenue Vallejo en se moquant de ses mesures de sécurité et en esquivant son système de patrouille et repèrant ses caméras-espion, montrant que la guerre se déroule ici et maintenant, que que ce ne sont ni toutes ses caméras, patrouilles, balles et tout ce qui sert à contrecarrer notre action sont inutiles, Bien que chaque rue soit surveillée par des caméras installées en masse et même si leurs sbires sont déployés partout dans le pays, nous continuons à attaquer, à gagner du terrain à pas de géant contre la domination.

Nous revendiquons cette action au nom de chaque compagnon assassiné, séquestré, menacé, torturé, emprisonné et poursuivi au Mexique et dans le monde pour leur faire comprendre que chaque balle va revenir, que même s’ils nous tuent ou nous enferment, ils devraient garder à l’esprit qu’ils encourent le même sort. Pour chaque compagnon assassiné, nous en tuerons mille de plus que vous. Ils disent que le Juin Noir s’est terminé le 7, nous disons que ça se termine ni le 7, ni aucun autre mois ou jour et que c’est un appel à continuer la guerre permanente.

Contre leur technologie et ses moyens qui intoxiquent et assassinent la nature sauvage !

Pas seulement en juin, mais pour une guerre noire permanente !

Feu à la civilisation !

Nous saluons également les compagnon.ne.s en cavale Felicity, Chivo, Tripa – Depuis la clandestinité, la guerre continue ! Nous envoyons aussi une chaleureuse accolade aux grévistes de la faim de la coordination informelle de prisonniers, sachez compas qu’il est possible d’entreprendre la fuite, la santé et la liberté des prisonniers de toute horizon !

 Traduit de contrainfo, 22 Julio 2015

[Nantes] Feu à la cellule du comico – 21 juillet 2015

incendieUn jeune homme, qui s’était déjà évadé, menottes dans le dos, du palais de justice en 2014, a mis le feu au matelas dans les geôles de garde à vue pour échapper au tribunal.

Un jeune homme n’a pas supporté l’idée d’être jugé en comparution immédiate mercredi à Nantes. Il devait être jugé pour évasion, n’ayant pas réintégré sa cellule après une permission.

Extrait de sa cellule de la maison d’arrêt de Nantes où il est actuellement détenu, il avait été placé en garde à vue à l’hôtel de police dans l’attente de son transfert au palais de justice.

Déjà une tentative en 2014

Mardi soir, il a incendié un matelas dans les geôles de garde à vue à Waldeck-Rousseau. Le garçon a été examiné par un médecin qui a considéré que son état était incompatible avec la garde à vue.

Le 24 avril 2014, déjà, il avait tenté de s’enfuir du tribunal où il était présenté devant un magistrat. Il s’était échappé du palais de justice et avait parcouru 800 m, menottes dans le dos. Il avait finalement été rattrapé par les policiers.

Leur presse carcérale – ouest-france.fr, 23 juillet 2015

[Bolivie] A trois ans du coup répressif

[Ci-dessous deux traductions reprises du site Camotazo qui revient sur le coup répressif du 29 mai 2012 contre le milieu anarchiste et libertaire en Bolivie, suite auquel le compagnon Henry Zegarrundo et d’autres ont été incarcérés. Il est aujourd’hui dehors sous contrôle judiciaire. La brochure Chronique d’un chemin caillouteux retrace ces événements répressifs en Bolivie.]

Bolivie: il y a trois ans

Cet anonymat n’est pas un refuge, c’est le détachement le plus total

chatpercheAujourd’hui, alors que j’écris ces mots, je lis dans un journal qu’à Llallagua ils ont incendié les bureaux du juge pour enfant, du procureur, des bureaux de la police et la maison d’un violeur qui a reconnu ses faits. Je souris. Je m’en réjouis, ils ne vont pas attendre que la police s’en charge, ils détruisent les institutions de l’État, ils les attaquent. Mais le sourire passe … C’est bien, c’est différent la révolte collective. Moins de risques (d’après certains), mais possible à chaque instant (le sourire revient).

 Un essai d’irrévérence

Je hais les textes qui, par des détails littéraires et de la grande philosophie, décrivent les buts des anarchistes afin de les rendre plus sympathiques aux lecteurs. Lorsque j’écris ce texte ça n’est pas avec l’intention de faire plaisir à qui que ce soit, ou de donner une bonne image, pas même de donner des explications, au contraire je cherche à insister de façon antipathique (à partir des attaques explosives et incendiaires à La Paz, Sucre et Cochabamba entre 2011 et 2012) sur le fait que l’attaque anarchiste ne peut pas rester un cas isolé. Cela dépend de chacun de donner à la révolte un potentiel de joie et de haine qui découlent chaotiquement de nos vies, et sentir dans chaque pas d’insoumission la joie débordante de la liberté.

C’est gênant de reparler de l’existence des groupes d’action et des attaques contre des symboles physiques de la domination sur le territoire contrôlé par l’État bolivien, parce que le procès judiciaire est toujours en cours et parce que le mouvement n’a pas encore réussi à se remettre du contrecoup du système. Mais c’est précisément pour cela que c’est d’autant plus important de continuer la réflexion, la prise de position honnête et ferme sur ce qui s’est passé, et c’est là que je veux en venir.

Le 29 on a manqué de feu …

Le 29 mai, après les arrestations, ce qui a le plus manqué c’est le feu. Les communiqués informant que les détenus n’avaient rien à voir avec les attaques n’ont pas eu, et c’était évident qu’ils n’allaient pas l’avoir, la force nécessaire. La force ne pouvait venir que du feu, de plus d’attaques, et cela a été une erreur fatale déterminante, pas seulement pour les détenus, mais pour l’offensive anarchiste même, parce qu’à partir de là la répression a réussi à réduire tout un mouvement grandissant en une succession de tranchées épouvantées. Que s’est-il passé ? Il y a simplement eu une grande confusion et l’envie de s’éviter la détention, et donc il y a eu peu d’agitation, peu de stratégie et peu de sécurité au moment de se réunir entre personnes d’affinité afin de réagir comme il aurait fallu le faire : en brûlant et attaquant tout ce qu’on pouvait. Je le dis comme ça en toute clarté, afin que ceux qui font fasse à la répression sachent que le jour même où ça se passe il faut attaquer, et le suivant, et celui d’après, pour qu’il soit clair que les détenus ne sont pas les responsables, car nous savons que la police se trompe sans aucune honte. Et afin que la flamme allumée par certains ne s’éteigne pas avec l’arrestation d’autres.

Si cela semble une réflexion très basique c’est parce qu’il y a eu des erreurs de ce genre, et c’est important que ça se sache, qu’on parle des choses qui ne sont pas toujours positives, sans besoin de s’auto-flageler pour s’être trompé et sans intention de nier les erreurs.

Après le 29 on ne comptait plus les théories de complot …

On a cherché des explications diverses, et des théories locales de conspiration ont été construites au sujet du processus de répression du 29 mai 2012. Pour moi la réponse est simple : c’était une conséquence évidente. Il y a plusieurs raisons, entre autres la présence d’une personne qui collabore avec l’État et la police. Mais en soi, la défense étatique face aux attaques, une fois qu’ils ont fini de spéculer et qu’ils se sont rendu compte que ça venait des anarchistes, est quelque chose qui devait arriver tôt ou tard. Et il faut le répéter, parce qu’on doit créer nous même les conditions pour affronter les vagues de répression.

La recherche de différentes théories de conspiration qui expliquent le pourquoi des arrestations révèle, à son tour, que les attaques n’avaient pas de sens pour les libertaires, que la prison n’était pas envisageable pour eux (et elle devrait l’être pour n’importe qui qui affronte la domination), et que même aujourd’hui ils évitent de s’opposer à la police et à l’État à cause des détentions. C’est à dire que la violence des arrestations, des perquisitions, de la privation de liberté sans aucune raison, la continuité inquiétante d’un procès qui en n’avançant pas maintient en alerte ceux qui sont impliqués dedans, tout ça n’a pas provoqué plus de rage, plus d’anarchie. La violence de l’enfermement des personnes, dans le but de défendre des distributeurs de monnaie, n’inquiète pas outre mesure, n’enflamme pas la haine, et encore moins les distributeurs. La lobotomie sociale a percé tellement loin que cela semble légitime (pas seulement légal) y compris pour la majorité de ceux qui en subissent les conséquences et qui préfèrent continuer de chercher des explications toujours plus complexes.

Les fantasmes les habitent.

“J’ai souvent entendu parler de celui qui commet un délit comme s’il était non pas l’un des nôtres, mais un étranger et un intrus dans notre monde.”

Les vagues de répression qui se succèdent depuis le Caso Bombas, en passant par les détentions en Grèce, l’arrestation des compagnons de Culmine avec l’opération Ardire, les 5 de Barcelone, l’opération Pandora et Piñata, l’arrestation des compagnons aux Mexique, les prisonniers No tav, le Caso Bombas 2, nous mettent en lien avec différents espaces et moments de solidarité et compagnerisme. Le 29 n’était pas un fait isolé. Ça n’est pas une histoire exceptionnelle. Les prisonniers sont nos compagnons, ils sont parmi nous.

L’infatigable position d’Henry et sa remise en question féroce de la collaboration, délation et trahison a été la seule chose qui a maintenu des liens solidaires avec le reste du paysage anarchiste. La prison, au delà du compagnon, a provoqué un retrait féroce de la faune et la flore anarchiste et libertaire. Tout le processus répressif en Bolivie semblait être “incompréhensible” pour ceux pour qui la répression est logique, légitime et légale. Le 29 n’a pas été un fait isolé. Ce qui a isolé ces terres de la carte de la révolte ce sont des fantasmes. La prison, sur le territoire dominé par la Bolivie, est devenue une présence fantasmatique qui a un vrai rôle de contrôle. Un fantasme qui instille la peur, qui habite les corps et se nourrit de la rage, laissant seulement le trou du repentir, qui s’étend et se déguise, de civisme, d’anarcho-pacifisme, de rebellions citoyennes, de négociations avec la “justice”. Des enfants sages qui mangent leur soupe et font leurs devoirs, mal faits, mais qui les font, qui connaissent les règles et les limites de leur rébellion, et profitent des possibilités alternatives que le marché, alternatif lui aussi, leur offre. Comme c’est difficile de combattre les fantasmes !

Nos vies ont volé en éclat.

” Au delà d’un certain point il n’y a plus de retour possible. C’est ça le point qu’il faut atteindre.”

Après le 29 mai nos vies ont volé en éclat. Enfermés. Isolés. Exposés, sans personne pour t’ouvrir une porte. Sans pouvoir rentrer à la “maison”, fuyant même les “amis”. Nos vies se sont terminées comme nous les avions connues. Ce que nous avons pu faire à partir de là c’est ce qui a creusé les différences profondes jusqu’à aujourd’hui, trois années plus tard, avec des chemins irréconciliables pour certains et avec des tensions plus ou moins fortes pour d’autres.

Le 29 mai nos vies ont été complètement réduites en poussière, et trois ans plus tard qu’est-ce que nous en faisons ? Combien de notre mépris envers le système demeure dans notre cœur et dans nos actions ? Combien, et de quelle manière, ont laissé tombé, se citoyennisant chaque fois un peu plus ? Quelle force on a été capable de sortir de nous-même face à la destruction totale de nos vies ? Et combien d’autres encore ils seront capable de balancer ? Ils défendent toujours la prison ?

Cette secousse a provoqué une reconsidération de ce que sont les zones de confort,  la vie collective, la solitude, la force, les relations et les sentiments, et ça a surtout fait réfléchir sur les positions politiques. Dans mon cas, et dans celui de personnes avec qui j’ai des affinités, la répression, loin de diminuer la détermination anti-autoritaire pour s’attirer la sympathie du pouvoir et de la société (contre laquelle luttait la majorité des détenues), a renforcé la décision de les affronter. Et ainsi cette épuration me semble positive. Le 29 mai a marqué la séparation radicale des manières de considérer la liberté, l’anarchie et la rébellion entre ceux que nous considérions anarchistes. Cela a tracé la frontière entre ceux qui acceptent le système de façon alternative et ceux qui ne l’acceptent sous aucune forme et qui luttent chaque jour pour l’expulser de nos pratiques quotidiennes tout en l’attaquant, en cherchant au moins à déranger, rompre avec la normalité de ce conformisme intello, informé et passif, profondément complice de multiples chaînes d’exploitation.

Le 29 signifiait faire un pas en avant ou se retirer du combat. Et ça a été le point de non-retour à la normalité. Un point qu’on ne peut pas réduire à une date qu’on garde en mémoire, mais à l’expansion de la révolte.

Il faut encore plus de feu, de rébellion et de vandalisme.

La révolte a besoin de tout : journaux et livres, armes et explosifs, réflexions et blasphèmes, venins, poignards et incendies.

La seule question intéressante est : comment les mélanger ?

La tension contre la domination ne peut se passer d’une corrélation entre les idées, actions, formes de vie individuelle et collective, une vie la plus autonome possible et une attaque permanente contre l’autorité de l’État-capitaliste-extractiviste*. Se déplacer rapidement, tout changer. Aimer et détester à l’extrême à chaque endroit, avec chaque compagnon. Planifier avec soin, être prêt à tout, tout le temps. Tout détruire, surtout nos façons de comprendre le monde.

Au delà des erreurs, je suis fier d’avoir fait partie de ces événements. Nos vies ont changé, la séparation s’est faite et personne ne s’est arrêté. C’est toujours possible de transformer la révolte et la violence en une arme efficace contre la monopolisation du pouvoir. C’est à chacun de nous d’écrire les derniers chapitre de cette histoire, ceux qui ont affronté de différentes façons cette répression, ceux qui se sont solidarisé, ceux qui ont observé, ceux qui le veulent mais ne se motivent pas … Nous avons vécu cette répression, nous sommes mieux préparés maintenant. On est tombé et on s’est relevé. Nous avons tendu des liens forts et marqué les différences nécessaires. La terre est fertile. Le pouvoir se prépare, monopolisant chaque espace, reprenant les batailles pour lesquelles nous avons risqué nos vies et qui semblaient être paralysées, comme celle du TIPNIS. L’indignation débordera à nouveau tôt ou tard.

Pour la liberté, le chaos et l’anarchie.

Destruction des prisons !

Depuis un trou, quelque part, dans l’anonymat irrenonciable : à Henry pour son irréductible rébellion, à la meute (compagnons aux hurlements sauvages et enragés qui font tout pour faire vivre l’anarchie à travers le monde), à Xosé Tarrío et Mauricio Morales (nos morts sont avec nous et ne reposent pas en paix, il restent sur le pied de guerre, avec la même fermeté).


NdT:

* L’extractivisme en Amérique Latine désigne les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle. Au sujet de la Bolivie on se rappellera les conflits autour de la privatisation de l’eau, mais on peut penser aussi à l’exploitation intensive de toute sortes de minerais, qui ces dernières années a provoqué de violents conflits au Pérou, et les gigantesques exploitations agricoles qui prospèrent en Amérique du Sud. Ces activités d’exploitation intensives diverses ne sont pas sans lien avec le projet de construction d’une route à travers la forêt amazonienne bolivienne, le fameux projet Tipnis.

Traduit de l’espagnol de Instinto salvaje

 

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Dernière note de Solidaridad Negra : des projets qui ferment et d’autres qui naissent

Dernière note de Solidaridad Negra, trois ans après la vague de répression en Bolivie.

Nous croyons qu’il est important de fermer des histoires et des procès qui semblent ne jamais se terminer, selon nos propres rythmes et objectifs, mais aussi selon les contextes et moments.

Solidaridad Negra est né en tant qu’espace de diffusion, et en même temps d’interaction solidaire, avec le compagnon Henry, au cours des moments les plus difficiles de la répression dans ces terres. Nous croyions alors, et le croyons toujours, que c’était une contribution nécessaire et que ça a donné d’excellentes réponses et liens solidaires qui ont renforcé le compagnon de façon opportune. Nous avons beaucoup appris de chaque bise et clins d’œil complices. Nous nous sommes fortifiés, notre activité anarchiste s’est nourrie et a continué d’avancer grâce à tous ces compagnons. Nous pensons aussi avoir atteint notre objectif de soutien envers le compagnon Henry, par une solidarité active et combative.

Cependant les temps ont changé, et même si le procès n’est pas terminé, nous ne pensons pas qu’il soit judicieux de maintenir le rythme de contre-information basé sur des audiences suspendues, qui maintenant ne sont même plus demandées. Dans ce sens, nous pensons que même si la justice maintient l’affaire ouverte afin de garder sous le coude les inculpés, il faut poursuivre vers là où nos intentions nous mènent et inciter nos compagnons à continuer de voler dans le ciel, avançant en cherchant chaque jour à nous sentir plus accomplis, libres et heureux, luttant contre les multiples formes d’oppression qui nous volent la vie et contre l’apathie qui nous domestique.

Ce sera probablement la dernière fois que nous publierons quelque chose jusqu’à ce que le procès soit terminé. L’adresse mail sera toujours fonctionnelle afin qu’on puisse communiquer et conspirer avec nous. C’est précisément ce 29 mai, trois ans après la vague de répression sur le territoire contrôlé par l’État de Bolivie. Et tout en voulant déclarer une fois de plus notre solidarité envers notre compagnon Henry, nous voulons envoyer toute notre force, notre amitié et notre complicité au site Irakunditxs, un projet qui existe depuis un moment et maintient une position politique importante en terme de contre-information locale et internationale. C’est un projet auquel nous apporterons notre soutien d’une façon ou d’une autre, car il est temps d’élargir les horizons de la solidarité et de la contre-information. Bonne chance compagnons !

À Henry, notre solidarité ferme, notre main tendue, notre rage partagée. Beaucoup de force à toi, Guerrier ! Ce sont trois ans d’une détermination ferme, qui ne doute pas et nous inspire, qui ont passé.

Nous en profitons pour envoyer, dans un geste de solidarité constant, une grosse bise aux compagnons suivants :
Gabriel Pombo da Silva, Claudio Lavazza, Marco Camenisch, Marcelo, Freddy, Carlos et Juan, Tripa, Chivo, Fallon, Amelie, Abraham, Mario et Braulio, Juan, Nataly, Guillermo et Enrique, Monica, Francisco et les trois de Barcelone, aux compagnons prisonniers des opérations Pandora et Piñata en Espagne, aux compagnons de Culmine, à Alfredo Cospito et Nicola Gai et les prisonniers de l’opération Ardire en Italie, aux prisonniers du No tav, à Tamara, Tato et Javi.
Aux bêtes indomptables de la Conspiration des Cellules de Feu, leur révolte dans les prisons a été une leçon de force, d’irréductibilité et de fermeté. À Nikos Maziotis et Kostas Gournas, membres de Lutte Révolutionnaire. À Ilya Romanov, aux prisonniers en Turquie, à Eat et Billy, à ceux enfermés pour avoir garder le silence. À ceux en cavale, et aux prisonniers dont ils n’ont jamais pu s’emparer du cœur.

Nous voulons remercier pour le soutien des différents sites de contre-information qui continuent, qui ont fermé et qui émergeront régulièrement, pour faire de la contre-information une arme de combat et de solidarité.

Jusqu’à la libération Totale.
Destruction des prisons !

Solidaridad Negra
29 mai 2015

[Hambourg, Allemagne] Semaine de mobilisation et d’agitation en solidarité avec les accusés de « l’affaire de la Breite strasse » – 3 au 9 août 2015

3-9 août 2015: semaine de mobilisation et d’agitation en solidarité avec les accusés de « l’affaire de la Breite strasse »

Pour rappel: une maison de la Breite strasse a été occupée le 27 août à Hambourg. Les squatters ont attaqué les flics qui pénétraient dans la maison et les ont bombardés de peinture, de feux d’artifice et d’autres objets.

Fin août débutera le procès contre six personnes qui sont accusées d’avoir été impliquées dans le squat et les affrontements à la Breite strasse le 27 août 2015 à Hambourg. Les accusations sont lourdes et vont chez plusieurs personnes jusqu’à la tentative d’homicide volontaire. A travers la propagande médiatique et les flics indignés, un procès doit être mené contre une action qui a remis en cause le monopole de la violence dominante de l’oppression et de l’exploitation de la normalité établie.

Pendant le procès ainsi que par principe, nous voulons nous montrer solidaires avec les accusés qui sont restés non coopératifs à l’égard de la justice.

Aucun rebelle entre les mains de l’Etat !

Du 3 au 9 Août, il y aura une semaine de mobilisation et d’agitation en solidarité avec les accusés.

Rendons notre solidarité visible, peu importe où et comment !
Contre toute autorité, contre toute domination !

breiteAugust2015Traduit de l’allemand de contrainfo, 22 juin 2015