Archives mensuelles : août 2015

[Hambourg, Allemagne] Nouveau cas de flic infiltrée à la ‘Rote Flora’

Une flic infiltrée dans le milieu autonome d’Hambourg vient d’être mise à nue

1076837282.thumbnailC’est loin d’être une première… On apprend par un communiqué du 26 août 2015, qu’une agent de police s’est infiltrée dans le milieu autonome et de la ‘Rote Flora’ entre 2009 et 2012. La flic infiltrée, Maria Böhmlichen, a cotoyé durant cette période les militant-es anti-capitalistes/anarchistes et s’est immergée dans leurs espaces privés. Sous le nom de « Maria Block », elle a participé à plusieurs mobilisations internationales de ces dernières années, comme lors des manifestations contre la conférence de l’ONU sur le climat à Copenhague (Danemark) en 2009, lors des camps ‘No Border’ sur l’île de Lesbos (Grèce) en 2009 et à Bruxelles (Belgique) en 2010.

Outre le fait d’avoir créé des liens « d’amitié » et d’avoir eu au moins une relation sexuelle au sein du milieu, elle a pu accéder aux espaces privés des militant-es et s’infiltrer dans l’organisation et la réalisation d’actions directes (relevant du pénal). Elle a également participé activement à des conférences, manifestations et événements en ce qui concerne l’antifascisme et l’antiracisme, ainsi qu’à des luttes anti-nucléaires et écologistes.

Ce nouveau cas de flic infiltré arrive moins d’un an après que des compagnon-nes aient démasqué l’infiltration de la flic Iris Plate fin décembre 2014 dans le milieu autonome d’Hambourg. Celle-ci s’était immergée pendant six ans, entre 2000 et 2006, sous le blaze d’Iris Schneider. C’est donc la deuxième cas de barbouzerie sous la direction du sénateur à l’intérieur Neumann, du parti social-démocrate (SPD).

Le dossier intégral sur la barbouze à consulter en allemand au format PDF

Le dossier intégral sur la barbouze à consulter en allemand (au format PDF)

enttarnungen.blackblogs.org

[Nantes] Attaque à la masse du bureau du député une semaine après des menaces…

La permanence nantaise de François de Rugy vandalisée

«La vitre a été brisée, vraisemblablement avec une masse», a déclaré une source policière, indiquant avoir été prévenu «ce matin par une riveraine». «Rien n’a été dérobé alors qu’on peut entrer directement dans la pièce et que le matériel informatique était par exemple accessible», a-t-on précisé. Les auteurs de cette dégradation n’ont laissé aucune trace manifeste susceptible de donner une indication sur leur origine.

Sur les réseaux sociaux, les dégradations ont été condamnées par Johanna Rolland, actuelle maire de Nantes, Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique et Christophe Clergeau candidat aux régionales dans les Pays de la Loire.

Le député, qui a quitté cette semaine EE-LV avant d’être suivi par Jean-Vincent Placé, compter porter plainte une seconde fois.

Sur le local la semaine précédente...

Sur le local la semaine précédente…

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Les menaces en partie mises à exécution

Leur presse – libération avec AFP, 30/08/2015

[Istanbul, Turquie] Attaque anarchiste d’un poste de police à la suite du massacre de Suruç – 20 juillet 2015

Le 20 juillet 2015, le jour durant lequel s’est passé le massacre de Suruç, des milliers de manifestants qui étaient insurgés contre le massacre, ont pris les rues de Taksim et ont été violemment attaqués par les flics. Après l’attaque policière, il y a eu des affrontements avec la police.

Des militants de ‘l’United Anarchist Attack’ qui ont perdu leurs compagnons anarchistes dans le massacre de Suruç ont attaqué le commissariat de Cihangir lors de ces affrontements. Il ont détruits les fenêtres du poste de police et de voitures de police garées devant le bâtiment avec des pierres et des bâtons. Après cette publication, ‘l’United Anarchist Attack’ ont déclaré qu’ils n’oublieront pas leurs compagnons Medali, Vatan, Alper, Evrim et Serhat et qu’ils le feront savoir à tout le monde.

Voir la vidéo

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Traduit de l’anglais de sosyalsavas.org

[Toulouse] Nouvelle attaque solidaire contre le PS – 25 août 2015

Dans la nuit du 24 au 25 août à Toulouse, le siège de la fédération du Parti Socialiste de la rue Lancefoc a été attaqué en solidarité avec les migrants. « De la substance noire et visqueuse » a été pulvérisée sur la façade. Des tags contre les expulsions et solidaires avec les sans-papiers ont également été bombés et des débris de verre étaient visibles sur la chaussée. Fin juin dernier, les mêmes locaux du parti au pouvoir avaient été pris pour cible avec le même procédé.

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Par ailleurs, un trentaine d’horodateurs de la ville ont été mis hors-service à l’aide de mousse expansive insérée dans les orifices de paiement. L’entreprise qui gère ses horodateurs est ‘Parkeon’, souvent derrière l’installation des distributeurs de tickets de transports de plusieurs villes. La société a récemment investi des milliers d’euros dans de nouvelles machines.

Reformulé de la presse du pouvoir, 25/08/2015

[Aurillac] Quand des anarchistes s’invitent au festival …

[Aurillac] Du rififi au festival

Au festival d’ Aurillac, on retrouve une grande partie de la «contestation» gauchiste et alternative de France, qui prétend subvertir le capitalisme par l’art de rue. Manifestement, certainEs personnes ont souhaité porter un discours et des pratiques plus radicales. Toute une série de cibles ont été attaquées au cours de ces quatre jours, et chaque matin, les festivaliers et festivalières qui n’ont pas l’esprit englué par la pacification avaient le sourire aux lèvres en passant à côté des tags et destructions en tout genre qui avaient eu lieu pendant la nuit.

chiContre les banques et leurs collabos, un Crédit Agricole a vu la totalité de ses vitrines voler en éclats à coups de masse, et un gros étron a été dessiné sur le mur. Un autre Crédit Agricole a vu ses DAB recouverts de peinture, et chaque jour de nouveaux tags apparaissaient, «Niktout», un énorme «Dévalisez-moi» et autres inscriptions anarchistes. Une dizaine de DAB du centre-ville ont également été repeints la veille du feastival, ce qui a compliqué l’orgie consommatrice qui se préparait à partir du lendemain. Au moins un autre DAB a été éclaté par un projectile. Un LCL a été maculé d’inscriptions hostiles à la police, «Nik la police», «Sortez vos fourches», «Je vous emmerde».

Contre la pub, une soixantaine de vitres de sucettes JCDecaux et d’arrêts de bus ont été brisées, ainsi que des tags insultant les vendeurs publics, «stop pub», «niktout». Sur une grande affiche en 4×3, on pouvait lire en grandes lettres «Mange ton patron (A)».

Contre le travail et l’exploitation capitaliste, des agences d’intérim ont été taguées, et une agence ‘Adecco’ a perdu toutes ses vitrines et on pouvait lire sur sa porte «Mort au travail».

Contre la politique et ses sbires, le local EELV d’Aurillac était repeint d’une inscription les décrivant mieux, «Europe Écologie les Jaunes».

Contre la domination scolaire et ses édifices, on pouvait lire sur un lycée «Le lycée en feu, les profs au milieu», et une école primaire a été marquée, à l’adresse des festivaliers et des artistes gauchistes, «Contestation du Spectacle, ou spectacle de la contestation ?».

Contre le spécisme et l’exploitation animale, plusieurs boucherie/marchands de cadavres ont été visés par des tags «Go Vegan», ainsi qu’un cabinet vétérinaire qui a également reçu un «Collabo» bien envoyé.

Contre les gentrifieurs, plusieurs agences immobilières ont perdu leurs vitres, et des tags inscrits sur leurs murs. À Aurillac, un constructeur de maisons avait profité du festival pour recouvrir toutes les navettes de publicité «MAISONS PARTOUT». Les publicités ont vite été détournées, et le local de l’entreprise a été corrigé par plusieurs tags explicites «Squats partout», «Squatte ta ville».

Contre la consommation, «Bouffe de la merde» sur le Macdo, plusieurs supermarchés ont aussi été ciblés, et on pouvait lire sur le Leader Price «Bâtards de vigiles. Vigiles collabos, sacs à merde. C’est mon coca. Patrons voleurs».

Contre les assurances, plusieurs agences d’assurance ont été tagguées «Crame ton assurance», «Nique tout», etc.

Contre les flics et la justice, les insoumisES ont été prolifiques. Sur le MacDo, en grandes lettres «Tous les flics sont des bâtards (A)», des dizaines de tags recouvraient la ville, «Nik la BAC», «Crève les keufs», «Mort aux flics», «Nique la BAC à merde», «De Gaillacs à Aurillac, crève la BAC», «Feu aux prisons», «Antiflics/Antifrance», «Antikeufs, antifa, antifrance et surtout en titane», «Émeute-toi», «Émeutes, pillage, sabotage». Devant les check-points de vigiles tout autour du centre-ville, «1 vigile = 1 balle», et autres joyeusetés du même genre.

Encore, en vrac, «Qui a coupé nos nerfs ?», «Avec rage et joie», «ZAD partout» etc.

En espérant que cela donne des idées à celles et ceux qui veulent poser dans la rue des choses politiques et radicales, dans la même veine que quelques open mics clandestins qui ont pu être aperçus au détour des rues de la ville.

 Publié sur indymedia nantes, 24 août 2015

[Hambourg, Allemagne] Attaque en solidarité avec les accusés de la ‘Breite strasse’ en procès

Dans la nuit de dimanche à lundi 24 août 2015, la maison du propriétaire de la Breite Strasse (la maison anciennement occupée, NdT) et le bureau d’architecte compétent de la Bernstorffstraße ont été attaqués. Sur le mur, « Breite strasse » et le symbole squat ont été tagués. Les vitres ont été brisées avec des pierres et de la peinture a volé contre la façade. Le flyer avec le texte suivant a été lancé dans la rue :

« Nous ne laissons pas les accusés du procès de la Breite strasse seuls !
Pour chaque répression contre l’action auto-déterminée, les profiteurs ne doivent pas dormir en paix !
La solidarité est une arme ! »

Le 25 août débute le procès contre les accusés de l’occupation de la Breite strasse et nous voulons par cette action exprimer notre solidarité envers eux.

La maison de la Breite strasse, qui a été squattée il y a un an, est vide depuis 2007. La maison et la procédure du propriétaire sont un des nombreux exemples de la rénovation de luxe et de la réévaluation qui en découle et au déplacement. Une partie d’une ville et d’un système pour les riches.

Montrons-nous solidaires : dans la salle du tribunal, dans la rue, pendant les nuits !

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Traduit de l’allemand de linksunten, 24/08/2015

En savoir plus sur les accusés de la ‘Breite strasse’

La guerre pour l’imagination

wage-slavery1Notre environnement change à toute allure. Et lentement mais sûrement, de façon presque inaperçue, nous aussi changeons en même temps. L’environnement nous change. Il influence nos faits et gestes, la conception de notre temps, nos mouvements, nos désirs et nos rêves.

Regarde cette ville. C’est un endroit qui se trouve constamment en état de changement. Le pouvoir y érige de nouveaux centres commerciaux et des prisons, y occupe les quartiers avec des milliers de nouvelles caméras et des commissariats supplémentaires, y construit des lofts pour les riches et pousse les pauvres en dehors de la ville, y étend les transports en commun pour que tout le monde puisse toutefois arriver chaque jour à l’heure à sa place dans l’économie. Et pourtant – et les défenseurs du système le savent trop bien – l’occupation du territoire par toutes ces infrastructures reste au fond relative. En l’espace de quelques nuits sauvages, une foule en insurrection pourrait techniquement parlant réduire tout cela en cendres. C’est bien pour cela que la véritable occupation – l’occupation durable qui garantit que l’oppression survive sous différentes formes à travers l’histoire – se trouve ailleurs. Elle se trouve dans nos têtes. Nous grandissons dans un environnement et sans pitié, cet environnement cherche à déterminer notre imagination. C’est bien cela le but que les puissants postulent quand ils n’épargnent ni temps, ni argent pour transformer cette ville de Bruxelles. Au fond ils ne veulent pas seulement que nos activités quotidiennes soient au service de cet environnement, mais aussi que nos pensées se limitent à ses cadres. Jusqu’au point où nos rêves restent toujours à l’intérieur de ces cages dans lesquels cet environnement nous a enfermés : citoyen, consommateur, employé, prisonnier, petit délinquant/commerçant dans la marge… C’est ici que se situe la véritable victoire du pouvoir : au moment où s’est effacée toute mémoire des révoltes qui démolissaient ces cages. Dans cette ville, il n’y a pas si longtemps, ce genre de révoltes perçait souvent la routine quotidienne. Des flics ont été attirés dans des guets-apens, des commissariats ont été pris d’assaut, la vidéosurveillance a été sabotée, les portiques dans les métros ont été mis hors service, des quartiers ont été rendus dangereux pour toutes sortes d’uniformes, il y a eu des mutineries dans les prisons, avec des échos solidaires dans la rue… L’Etat préférerait qu’on oublie toutes ces possibilités qui sont de moins en moins saisies. Car une fois qu’elles sont oubliées, elles cessent tout simplement d’exister. C’est un combat constant pour garder ces possibilités ouvertes, pour les pousser plus loin, pour en inventer de nouvelles et les essayer dans la pratique. C’est un combat constant pour l’imagination, car c’est elle qui peut soit être le combustible d’un feu incontrôlable contre l’oppression, soit étouffer toute possibilité de foyer. L’action directe sous toutes ses formes est notre arme. Comme pied de biche forçant les portes de l’imagination, elle garde la pensée à l’affût et l’agir en état de combattre.

Il n’y a que le jeu offensif entre les deux qui puisse nous rendre vraiment dangereux pour l’ordre établi. Imaginons ce qui semble impossible et faisons ce qui semblait impensable.

Publié sur La Cavale

[Birmingham, Angleterre] Ravage incendiaire de plusieurs voitures de luxe – 21 août 2015

Des voitures de luxe ont été détruites par les flammes vendredi 21 août peu après minuit dans un parc automobile d’une entreprise de location, ‘VIP Limousines’, d’Heath Mill Lane à Digbeth à Birmingham.

Parmi elles, une voiture de marque ‘Lamborghini’ à 330 000 livres dont ses pièces en fibre carbone ont entièrement fondu sous la chaleur des flammes et au moins deux ‘Rolls-Royce’ estimées à 260 000 et 150 000 livres chacunes.

Huit équipages de pompiers (40 pompiers au total) ont été nécessaires pour venir à bout de l’incendie qui, d’après les flics, est sans aucun doute volontaire. Le feu a été éteint peu avant 3h du matin. Mais le feu a eu le temps d’atteindre et de ravager plusieurs véhicules de luxe, qui étaient tous entreposés dans une salle d’environ 150 mètres carrés.

On ne sait pas le nombre de voitures détruites lors de cette attaque. Seules l’incendie des véhicules les plus luxueux ont été mentionnés dans l’article de presse.
Les flics ont lancé une enquête.

La société ‘VIP Limousines’ est réputée pour louer des limousines aux bourgeois à l’occasion de leurs festins et mariages.

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Traduit et reformulé de la presse anglaise, 21/08/2015

Rien à mendier et à aménager. Tout à prendre et à détruire !

Réflexions au sujet de la récente loi contre le gaspillage alimentaire adoptée à l’assemblée et les diverses illusions gauchistes qui foisonnent dans nos milieux.

expropriationEn mai 2015, l’assemblée nationale a voté et adopté une loi contre le gaspillage alimentaire, concernant essentiellement les grandes surfaces de supermarché [1]. Celle-ci interdit aux patrons des grandes enseignes de jeter aux ordures les denrées alimentaires « périmées » (mais pour la plupart encore comestibles). A première vue, on pourrait s’arrêter à l’aspect positif d’une telle loi. Mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit que la totalité de la nourriture est destinée aux marchands de misère [2] des associations caritatives, tels que Emmaüs, la Croix-Rouge, le Secours Populaire/Catholique… Comme pour toute loi, l’Etat en tire des intérêts considérables, principalement celui de laisser le soin aux associations humanitaires de gérer la misère.

La première idée qui pourrait nous venir à l’esprit est celle que la récup’ serait rendue davantage difficile par l’acheminement rapide des denrées « périmées » dans les camions frigorifiques de ces organismes. Mais il serait naïf de penser que la criminalisation de celles et ceux qui vont récupérer de la bouffe s’estompera avec cette nouvelle loi car c’est l’acte d’auto-détermination qui est puni par l’Etat. Confier la distribution aux organismes caritatifs lui permet de leur déléguer une mission précieuse : la gestion et le flicage des pauvres. Mais l’action humanitaire de ces associations a pour but principal de mettre un pansement sur les saignées que nous infligent cette société et ainsi calmer les pauvres et assurer la paix sociale. Le travail de sous-fifre de la police par ces organismes (Croix-Rouge, Emmaüs, France Terre d’Asile…) est désormais connu, notamment en matière de fichage des indésirables dépourvus de papiers (comme cela a récemment été le cas lors de l’expulsion d’un camp de sans-papiers de La Chapelle à Paris). Ces mêmes organismes humanitaires qui gèrent les camps pour sans-papiers ont également pour but de hiérarchiser les demandes d’asile et ainsi diviser les migrants. Mais revenons au sujet.

Dans les cercles militants, il n’est pas rare d’entendre que la récup’ est différente du vol car les produits récupérés seraient « invendus », « gaspillés » (cheminement logique de la production au sein du système capitaliste) et que ça ne s’attaquerait finalement pas directement aux porte-feuilles des patrons (ce qui en soit montre une certaine forme d’hypocrisie et de lâcheté quand la personne en question se dit être « anti-capitaliste »). Pourtant, la récup’ est pour le capitaliste la même chose que du vol. De son magasin jusqu’à sa poubelle s’étend sa propriété.

A l’heure actuelle, alors que les préoccupations de nos militants anticapitalistes et libertaires sont de monter des AMAP, de faire des jardins potagers [3] et ainsi cultiver l’alternative dans un monde qui nous écrase, la nouveauté du moment est la récup’ dans les poubelles : c’est ce à quoi aspire le collectif ‘Foodsharing’, créé en 2012 en Allemagne et qui trouve écho du côté de Rennes [4]. Leur principe est de mettre en relation des gens pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Présenter ça comme quelque chose de révolutionnaire, fallait oser ! Pire, ce collectif se vante de collaborer avec les commerçants, ces « camarades » bien connus de nos luttes. Voici les termes qu’il emploie : « C’est avant tout un travail que l’on fait avec les commerçants et pas contre les grands méchants capitalistes. L’opposition binaire manichéenne commerçants/glaneurs n’a pas toujours lieu d’être, et c’est plus efficace de saisir le problème à bras-le-corps collectivement. Avec l’émergence de ce concept-là, il devient clair que chacun est concerné par le gaspillage alimentaire, autant le consommateur que le revendeur, lui-même consterné de devoir légalement jeter chaque soir ses propres produits en quantités grotesques. ». En mettant en avant les problèmes techniques de l’application de cette loi, ce collectif de « sauveurs de bouffe » (et de l’existant) a comme objectif de faire concurrence à l’Etat et ses organismes humanitaires et donc de venir au secours de la domination.

Un exemple pour le moins significatif s’est produit au niveau local :
Fin décembre 2014 à Besançon, le petit milieu militant s’est indigné du fait que deux SDF se sont retrouvés face au taser du patron d’un ‘Casino Shop’ au moment de se servir dans sa poubelle, ce qui lui a valu de finir en garde-à-vue chez les flics. Cette récup’ s’étant passée en pleine période de Noël – propice à la fois à la consommation de masse et à la charité chrétienne, le tract-affiche de solidarité [5] qui a circulé juste après visait à condamner l’attitude du commerçant, de ses protecteurs armés de la BAC et gratte-papiers de la presse locale avec un ton cherchant à susciter l’indignation citoyenne, mais aussi sur le fait qu’au fond, il n’y avait rien de mal à aller récupérer des produits jetés à la poubelle. Comme si voler dans les rayons des supermarchés était un acte marginalisé qu’il ne faudrait surtout pas encourager. Du coup, nos chers libertaires, si attachés à la morale, défendent les bons pauvres qui fouillent humblement dans les poubelles, mais qu’en est-il pour ceux – les mauvais pauvres – qui volent dans les rayons ou attaque le vigile [6]? Pour notre part, la solidarité doit s’exprimer envers chaque acte allant dans le sens de l’auto-détermination et de la révolte quel qu’il soit.

L’Etat lutte bel et bien contre le gaspillage alimentaire – thème si cher à nos partisans de la récup’ – et redistribue aux pauvres les restes des riches par l’intermédiaire de ces charognes humanitaires, rouages utiles du pouvoir.

Cette loi est somme toute sociale et finalement bien digne d’un Etat social-démocrate: Etat dans sa volonté de contrôler les pauvres – qui peuvent être imprévisibles – et gérer la misère sociale que l’économie et l’Etat créent eux-mêmes, dans un contexte toujours plus propice à l’expropriation; Social-démocrate dans sa bonté caritative qui parcoure les mythes du gauchisme radical. Et au fond paternaliste, c’est à dire toujours aussi autoritaire mais qui tente de faire participer les exploités à leur propre exploitation.

Pour le code pénal, la récup’ dans des poubelles et le vol s’équivalent. Pourtant, la première est socialement acceptée (même si, comme on l’a vu, il subsiste des exceptions), vu que ce sont les surplus, autrement dit les miettes que les riches laissent aux pauvres. En nous donnant quelques miettes, le pouvoir garde justement sous contrôle la pression de la cocotte minute sociale. Mais pour nous, en tant qu’anarchistes, le but est exactement que celle-ci explose.

Pourquoi mendier auprès des humanitaires  ou adopter une démarche citoyenne? Autant se servir directement dans les magasins et si cela n’est pas possible, aller prendre la bouffe là où elle est.

Cependant, nous savons bien que voler dans les magasins (qu’il soit individuel ou collectif), tout comme le fait de squatter [7], sont insuffisants dans une perspective révolutionnaire: ce n’est qu’une façon de se débrouiller et de survivre dans ce monde de merde .

exproQuelques expropriations collectives de supermarchés ont eu lieu en France lors de grands mouvements sociaux, sans vraiment attaquer la propriété et la marchandise qui va avec. Mais celles qui se sont déroulées ces dernières années en Grèce (ou ailleurs), avec dans la foulée des distributions dans les quartiers alentours marquent une rupture révolutionnaire avec cette pratique expropriatrice la plupart du temps appelée ‘auto-réduction’. En juin 2010, on se souvient que l’une d’elles s’était soldée par la destruction incendiaire de l’argent stocké dans les caisses et le sabotage des caméras de surveillance de l’enseigne. Piller et détruire est une phase supplémentaire dans notre volonté concrète de rompre définitivement avec cette société. Mais nous avons encore en tête les images de centres commerciaux en flammes lors de la révolte urbaine de novembre 2005. Alors impulsons dans ce sens, plutôt que de promouvoir une quelconque forme de misérabilisme, de charité et d’alternative.

Pour la destruction de ce monde et l’auto-détermination de nos vies !

Des anarchistes.

Notes:

[1] Les petites et moyennes surfaces semblent sortir de ces « obligations ». Leurs poubelles seront donc toujours aussi remplies…

[2] Pour citer – un fait qui vient directement à l’esprit – l’incendie du foyer d’immigrés du boulevard Auriol (XIIIème arr.) à Paris en 2005, faisant 17 morts. Cet immeuble de plusieurs logements, anciennement réquisitionné par le DAL, était au moment de l’incendie géré par l’association ‘France Euro Habitat (Freha)’, affiliée à Emmaüs. L’Etat avait confié la gestion à cette association caritative et les travaux de rénovation ont été assurés par l’entreprise ‘Paris Banlieue Construction (PBC)’. L’organisme de charité se faisait du fric sur la misère des familles immigrés, qui ont fini par périr dans l’incendie de ce bâtiment vêtuste (qui n’avait pas été remis aux normes).

[3] La mode du moment est à l’AMAP pour Besançon, aux jardins-potagers pour Dijon. (L’exemple qui vient immédiatement à l’esprit est le quartier des Lentillères à Dijon, où les terres sont occupées et cultivées depuis environ cinq ans contre un projet d’éco-quartier de la municipalité. En somme, c’est une reproduction de l’idéologie zadiste avec tous ses travers (préserver l’existant et ne surtout pas s’en prendre à l’existant). D’ailleurs, ce n’est pour rien que ces militants ont très mal accueilli la manif émeutière qui a secoué Dijon après la mort de Rémi Fraisse, ou lorsque des tags décorent régulièrement les murs du quartier…) C’est faire le choix de l’alternative quand les villes se transforment en prison, de délaisser les luttes contre l’Etat et le capital qui oppriment nos vies. Au passage, ces pratiques qui s’apparentent plus à des « services » sont déjà utilisées par les bobos qui s’installent dans les quartiers autrefois prolétaires. A la différence près que ceux-ci n’entendent aucunement lutter contre ce monde d’oppression et d’exploitation.

[4] Ce texte, intitulé « La révolution des poubelles » est consultable ici : https://nantes.indymedia.org/articles/31858. Décidément, ce genre de textes citoyens abondent sur les indymedia. Celui de grenoble nous a pondu une perle : https://grenoble.indymedia.org/2015-08-12-Les-vieux-reacs-memes-aux-pieds-de (mais le commentaire qui se finit par « Mort au gauchisme, vive l’anarchie ! » en dessous le critique suffisamment pour y consacrer quelques lignes.

[5] On peut aller le consulter ici : https://cntbesancon.files.wordpress.com/2015/02/soutien-glaneur.pdf

[6] Pour exemple, encore à Besançon. Lundi 3 février 2014, un SDF est pris en flag’ de vol d’une bouteille d’alcool à Monoprix. Ce dernier ne se laisse pas faire, menace le vigile avec un couteau et revient quelques minutes après avec une bombe lacrymo et lui asperge la gueule. Il est envoyé en taule pour 4 mois le lendemain en comparution immédiate.

[7] La récup’, le vol comme le squat sont des pratiques de la « débrouille ». Squatter ne signifie pas lutter contre l’Etat et le capital. Ca montre surtout une volonté de ne pas se résigner à subir la misère dans laquelle la domination nous jette quotidiennement. Bon nombre de squats cultivent  l’entre-soi, restent cloisonnés à leur contre-culture. Leurs principales activités se limitent la plupart du temps à organiser des concerts de soutien ou des bouffes, de Paris à Marseille.