Archives mensuelles : février 2015

[Besançon] Quelques précisions sur la révolte incendiaire à Planoise

buscrameDernièrement, les porte-paroles des flics publiaient une série d’articles au sujet de plusieurs nuits de révolte dans le quartier de Planoise durant lesquelles l’école Champagne, un véhicule utilitaire d’une entreprise (dont l’identité est restée secrète) et un bus pour touristes ont été pris pour cibles (voir ici et ).

Seulement, un « détail » a volontairement été écarté par ces crapules de journaleux, dont leur rôle quotidien est de maintenir la paix sociale dans ce monde de domination: dimanche 15 février dans l’après-midi, la veille des premiers troubles incendiaires, le jeune Amine s’est fait percuter par les porcs de la BAC alors qu’il circulait dans le quartier avec sa mini-moto. Les flics ont immédiatement pris la fuite et c’est une personne qui était sur les lieux qui a appelé les secours. Résultat: une hospitalisation dans un état critique: « une fracture à la base du crâne; une fracture à la colonne vertébrale; une fracture à l’avant bras; un œdème au coté gauche de la tête; de l’eau entre les poumons et la cage thoracique; une perte de l’audition ».

Un extrait du témoignage de la mère:

« Les gamins du quartier ont pour habitude de faire de la moto le dimanche. Mon fils, Amine, avait pris la sienne depuis une dizaine de minutes équipé d’un casque. Arrivé à un certain endroit, il a vu une patrouille de la BAC (nldr : brigade anti-criminalité) le suivre rapidement en voiture. Les jeunes savent pertinemment que les policiers les arrêtent souvent pour rien, et que ça se termine en général en garde à vue avec régulièrement un passage à tabac au commissariat.

Amine ne s’est donc pas arrêté et a instinctivement décidé d’emprunter un sens interdit espérant mettre fin à cette énième filature. Les choses se sont passés autrement puisque les policiers de la BAC l’ont suivi d’extrêmement prêt, jusqu’à ce qu’ils percutent la moto de mon fils.

Suite à ce terrible choc, Amine a été éjecté au sol, et les policiers ont pris la fuite ! Un témoin a vu Amine inerte au sol et a appelé les secours. Il lui ont prodigué les premiers soins sur place avant de l’emmener au CHRU Jean Minjoz à Besançon. »

Les humiliations, tabassages et meurtres de la police sont quotidiens et il n’y a rien à attendre de l’Etat et de ses porte-paroles, qui évidemment justifieront et protégeront toujours l’existence de la police. Exprimons notre rage dans la rue et notre solidarité concrète avec les quatre émeutiers présumés interpellés.

Vengeance pour Amine et tous les autres !

Reformulé d’un article publié sur Le Libertaire Bisontin

Contre la charité – Une critique du « Food not bombs »

par Feral Faun, USA (date inconnue)

charityFnBDans de nombreuses villes des États-Unis, des anarchistes ont organisé des repas « Food Not Bombs ». Les organisateurs de ces projets expliqueront que la nourriture doit être gratuite, que personne ne devrait jamais avoir à souffrir de la faim. Certes, un sentiment honorable… auquel les anarchistes répondent de la même manière que les chrétiens, les hippies ou les gauchistes – en montant un organisme de charité.

On nous dira, cependant, que « Food Not Bombs » est différent. Le processus décisionnel utilisé par les organisateurs est non hiérarchique. Ils ne reçoivent aucune subvention du gouvernement ou des entreprises. Dans de nombreuses villes, ils servent leurs repas comme un acte de désobéissance civile, au risque de se faire arrêter. De toute évidence, « Food Not Bombs » n’est pas une bureaucratie humanitaire à grande échelle, en fait, c’est souvent un effort très boiteux… mais c’est une oeuvre de charité – et cela n’est jamais remis en question par ses organisateurs anarchistes.

Les oeuvres de charité sont une partie nécessaire de tout système économique et social. La rareté imposée par l’économie crée une situation dans laquelle certaines personnes sont incapables de satisfaire à leurs besoins les plus élémentaires par les voies normales. Même dans les pays dotés de programmes de protection sociale très développés, il y a ceux qui passent à travers les mailles du système. Les oeuvres de charité prennent le relais là où les programmes d’aide sociale de l’Etat ne peuvent pas ou ne veulent pas aider. Des groupes comme « Food Not Bombs » sont donc une main-d’oeuvre bénévole aidant à préserver l’ordre social en renforçant la dépendance des pauvres à des programmes qui ne sont pas de leur propre création.

Peu importe à quel point le processus décisionnel utilisé est non-hiérarchique, la relation est toujours autoritaire. Les bénéficiaires de la charité sont à la merci des organisateurs du programme et ne sont pas libres d’agir selon leurs propres termes dans cette relation. Cela peut être vu dans la façon humiliante dont on reçoit la charité. Les repas de charité comme ceux de « Food Not Bombs » exigent que les bénéficiaires arrivent à un moment qu’ils n’ont pas choisi, afin de faire la queue pour recevoir une nourriture qu’ils n’ont pas choisie (et le plus souvent mal faite) dans des quantités distribuées par un bénévole qui veut faire en sorte que chacun reçoive une part équitable. Bien sûr, c’est mieux que d’avoir faim, mais l’humiliation est au moins aussi grande que celle de faire la queue au supermarché pour acheter de la nourriture que l’on veut réellement et que l’on peut manger quand on veut. L’engourdissement que nous développons face à une telle humiliation – un engourdissement mis en évidence par le cas de certains anarchistes qui choisissent de manger aux repas de charité tous les jours afin d’éviter de payer pour la nourriture, comme s’il n’y avait pas d’autres options – montre à quel point notre société est imprégnée de ces interactions humiliantes. Pourtant, on pourrait penser que les anarchistes refuseraient de telles interactions dans la mesure où cela relève de leur pouvoir de le faire et de chercher à créer des interactions d’un autre genre, afin de détruire l’humiliation imposée par la société. Au lieu de cela, beaucoup créent des programmes qui renforcent cette humiliation.

Mais que dire de l’empathie qu’on peut ressentir pour un autre qui souffre d’une pauvreté qu’on ne connaît que trop bien, du désir de partager la nourriture avec les autres ? Des programmes comme « Food Not Bombs » n’expriment pas l’empathie, ils expriment la pitié. Distribuer de la nourriture ce n’est pas le partage, c’est une relation hiérarchique et impersonnelle entre un rôle social de « donneur » et un rôle social de « bénéficiaire ». Le manque d’imagination a conduit des anarchistes à faire face à la question de la faim (qui est une question abstraite pour la plupart d’entre eux) de la même manière que les chrétiens et les gauchistes, en créant des institutions qui sont parallèles à celles qui existent déjà. Comme on peut s’y attendre quand les anarchistes tentent de faire une tâche intrinsèquement autoritaire, ils font un travail mauvais comme la pisse… Pourquoi ne pas laisser le travail de charité à ceux qui n’ont pas d’illusions à ce sujet ? Les anarchistes feraient mieux de trouver des moyens de partager individuellement si ils sont si émus, des moyens qui encouragent l’auto-détermination plutôt que la dépendance et l’affinité plutôt que la pitié.

Il n’y a rien d’anarchiste dans « Food Not Bombs ». Même le nom est une demande faite aux autorités. C’est pourquoi les organisateurs utilisent si souvent la désobéissance civile – c’est une tentative de faire appel à la conscience de ceux qui sont au pouvoir, pour les amener à nourrir et héberger les pauvres. Il n’y a rien dans ce programme qui encourage l’auto-détermination. Il n’y a rien qui puisse encourager les bénéficiaires à refuser ce rôle et commencer à prendre ce qu’ils veulent et ont besoin sans suivre les règles. « Food Not Bombs », comme toute autre oeuvre de charité, encourage ses bénéficiaires à rester des récepteurs passifs plutôt que de devenir des créateurs actifs de leurs propres vies. La charité doit être reconnue pour ce qu’elle est : un autre aspect de l’humiliation institutionnalisée inhérente à notre existence économisée, qui doit être détruit afin que nous puissions vivre pleinement.

Traduction publiée dans la revue anarchiste apériodique Des Ruines n°1

[GB] Vengeance d’Etat contre les émeutiers de la maxi-prison d’Oakwood

Le 20 février 2015, la presse dominante a relayé les condamnations de six prisonniers ayant participé à la révolte du 5 janvier 2014 dans la plus grande prison britannique, l’HMP Oakwood [1], gérée par l’entreprise privée de sécurité G4S [2]. Tous ont été condamnés à des peines allant de 2 ans à 2 ans et 4 mois prison ferme. Parmi les six rebelles condamnés, quatre sont actuellement incarcérés dans d’autres prisons, les deux autres ont été renvoyés en taule.

Plus de soixante prisonniers [3] avaient occupé une aile de taule pendant près de 9 heures, détruisant des vitres, des meubles, machines à laver et du mobilier bien utile à la pacification sociale (table de billards, téléviseurs, etc…): les dégâts ont été chiffrés à plus de 170 000 livres sterling (ce qui équivaut à environ 234 439 euros).

RoofHMP112013En novembre 2013, six détenus avaient occupé le toit de la prison durant près de sept heures pour protester contre la mort de trois détenus quelques semaines avant lors d’une action similaire. Les détenus protestaient contre les bourreaux de G4S, leurs humiliations, tabassages quotidiens, les suicides et morts ‘suspectes’ de prisonniers  ainsi que la torture qu’est l’enfermement.

Solidarité avec tous les indésirables – avec ou sans-papiers – en guerre  contre cette société carcérale !

Reformulé de la presse mainstream via In The Belly of the beast & Prison Island UK

NdT:

[1] Cette prison a été mise en service en 2012 et enferment plus de 1600 détenus; elle est située près de Wolverhampton, ville au nord-ouest de Birmingham.

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[2] G4S gère aussi plusieurs prisons pour sans-papiers en Australie, maintient l’ordre aux frontières d’Israël en fournissant de la logistique militaire et de la main-d’oeuvre, ainsi qu’à la frontière US avec le Mexique.

[3] G4S avait déclaré lors de la révolte l’implication d’une vingtaine de détenus. Cette affirmation de l’entreprise a été rapidement contredite par la déclaration d’un maton à un quotidien anglais, évoquant « une émeute à grande échelle ».

[Besançon] Aux « 408 », les mâts des caméras continuent de tomber, l’obscurité totale aussi – 23/24 février 2015

A Besançon : la guérilla des caméras dans le quartier des « 408 »

cam4Besançon. « On ne baissera pas les bras » lâche Jean-Louis Fousseret. Après celle abattue et volée dans la nuit de dimanche à lundi, une nouvelle caméra de vidéosurveillance a été la cible des vandales, dans le quartier de la Grette, au cours de la nuit de lundi à mardi.

Cette fois, ceux-ci n’ont pas réussi à achever leur travail. Le mat a donc été démonté proprement, mardi matin par les services techniques pour mettre la caméra à l’abri, dans l’attente de la reposer et la sécuriser.

Les voyous ont également réussi à nouveau à plonger une partie du quartier dans le noir, en mettant l’éclairage public en court-circuit au niveau de l’immeuble du 27 donnant sur la rue Brulard. Là aussi, les services techniques, mobilisés par le refus de voir s’installer une zone de non droit, planchent pour trouver une solution pérenne d’alimentation électrique.

Le problème a été résolu au niveau du bâtiment 29, le plus au fond, là où se concentre le trafic. Une alimentation aérienne a été installée que les vandales ont déjà tenté de mettre à mal sans succès pour l’instant, en passant par l’immeuble dont de nombreux logements sont désormais vides.

Car de plus en plus, le quartier des « 408 » fait figure de repoussoir. Et le seul horizon envisageable est celui d’une rénovation urbaine, par la démolition de bâtiments dont l’une est déjà programmée pour 2016 et un réaménagement de la circulation à l’intérieur du quartier afin de casser son potentiel de ghetto.

Leur presse – l’est républicain, 24/02/2015 à 18h26

Besançon, février 2014

Besançon, février 2014

Nouveau mat de caméra scié aux 408 à Besançon

Besançon. C’est peu dire qu’ils ne lâchent pas l’affaire. Dans la nuit de dimanche à lundi, vers une heure du matin, le mat portant une caméra de vidéosurveillance, à hauteur du 27, rue Brulard à Besançon, a été scié à la disqueuse. Il est tombé, bloquant l’accès aux parkings, près de la maternelle.

C’est la troisième caméra mise à bas dans le quartier des 408 en quelques mois. Des actes de vandalisme auxquels il faut ajouter une tentative qui s’était soldée par l’interpellation d’un individu originaire du quartier de Palente. Hier, une camionnette a été vue à proximité du poteau et il faut encore signaler que le quartier a de nouveau été plongé dans le noir, alors que les services techniques municipaux avaient trouvé une solution pour remédier aux coupures volontaires à répétition.

Leur presse – l’est répugnant, 24/02/2015 à 05h

[Berlin] Sabotage incendiaire de deux véhicules de sécurité – 23 février 2015

Pour un feu de l’enfer sur terre …

Une fois de plus les cellules autonomes ont frappé. Cette nuit, nous avons fait un sabotage à Berlin en complicité avec tou.te.s les combattant.e.s de la conspiration mondiale. Par le feu nous avons rendu deux véhicules de l’entreprise de sécurité ‘Sicherheit Nord’ [1] inutilisables pour les chiens de garde du système. Par cette attaque, nous attirons notre attention et notre soutien à ceux qui sont persécutés et incarcérés par les porcs.

Force à Tamara Sol Vergara, Mónica Andrea Caballero et Francisco Javier Domínguez Solar.

Force aussi aux prisonniers de ‘Lutte Révolutionnaire’ (Epanastatikos Agonas) qui sont détenus en prison de haute-sécurité en Grèce.

Nous chasserons à tout moment les chiens qui nous traquent. D’autant plus que nous nous réjouissons de la tentative d’évasion de la ‘Conspiration des Cellules de Feu’ ainsi que de l’assassinat du chef des bourreaux de la prison de Type C de Domokos.

Nous encourageons tous ceux qui sont en mesure de mener au quotidien des attaques contre le système carcéral.

Au lieu de cuisiner des beignets de la propagande des jeux olympiques et de creuser leurs propres tombes [2], les travailleurs en prison pourraient empoisonner à l’arsenic quelques amateurs de sport du Sénat

… Pour une société sans coercition et prisons !

Pour l’Anarchie !

Liberté pour tous les prisonniers !

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Traduit de linksunten indymedia, 23 février 2015

NdT:

[1] Ce sabotage incendiaire, qui s’est déroulé dans la nuit du 22 au 23 février 2015, a été brièvement évoqué par la voix du pouvoir. Celle-ci parle de deux incendies simultanés aux environs d’1h30 dans le quartier de Neukolln contre cette entreprise de sécurité. Peu avant minuit, on apprend qu’une voiture de luxe de type ‘Mercedes-Cabriolet’ a également été incendiée dans le quartier Steglitz.

[2] Récemment, dans le but des autorités de la ville de représenter l’Allemagne à la candidature pour les Jeux Olympiques de 2024, le sénateur de la justice de Berlin Thomas Heilmann a essayé de distribuer des beignets décorés d’anneaux olympiques qui ont été faits par les détenus de la prison de Tegel.[via contrainfo]

Voir la vidéo

Voir la vidéo

A la fin de la vidéo est inscrit « nous nous voyons le 18 mars prochain à Francfort pour faire de l’inauguration de la BCE un désastre« 

[Besançon] Même pas peur de l’occupation policière

Mise-à-jour 23/02/2015: deux mineurs ont été interpellés samedi 21 février 2015 dans l’après-midi dans le cadre de l’enquête sur les incendies de la dernère nuit. Deux autres avaient été malheureusement attrapés par les flics lors des faits. Tous ont été mis en examen et seront déférés devant une juge d’instruction.

Besançon : nouvelle vague d’incendies nocturnes à Planoise

Police et pompiers ont été appelés à cinq reprises à intervenir suite à des incendies criminels au cours de la nuit de vendredi à samedi.

Nouvelle nuit tout feu tout flamme dans le quartier de Planoise. Après les quatre incendies, dont celui d’un bus, dans la nuit de lundi à mardi, le feu a été mis à cinq reprises au cours de la nuit de vendredi à ce samedi. Avec au total deux véhicules incendiés et un troisième endommagé, ainsi que sept containers ravagés par les flammes qui ont par ailleurs dévasté quatorze fenètres de l’école élémentaire Champagne.

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Deux mineurs interpellés

Il était 19 h 30, vendredi soir, lorsque la première alerte a été donnée suite à un incendie de container, rue Flandres-Dunkerke, dans le secteur Champagne où l’ensemble des faits se sont déroulés, face à Micropolis et à proximit de l’église Saint-François d’Assise.

À 22 h, c’est un peu plus loin, au 11, avenue d’Île-de-France que trois containers de 750 litres sont incendiés dans un local.

22 h 50 : une camionnette utilitaire s’embrase à hauteur du 3, rue de Bruxelles, le feu endommageant également un autre véhicute stationné à proximité. Dix minutes plus tard, à 23 h, deux mineurs sont interpellés par les policiers qui viennent de les surprendre à mettre le feu à autre véhicule, place Jean-Moulin. Les deux jeunes adolescents sont alors ramenés au commissariat et placés en garde-à-vue.

Ce qui n’empêche pas, à 2 h 45, d’autres incendiaires de carboniser trois containers à poubelle situés à l’arrière de l’école élémentaire Champagne dont quater vitres vont exploser sous la chaleur des flammes qui étoileront dix autres fenêtres.

Alors que les CRS patrouillaient

Les faits se sont déroulés alors que les CRS patrouillaient dans le quartier suite aux déprédations déplorées en début de semaine et au fait que des attroupements de dix à vingt personnes avaient été observées de nuit au cours de la semaine. Ce qui n’a pas été le cas cette nuit de vendredi à samedi, les auteurs ayant manifestement agi par petits groupes sporadiques.

Ce samedi matin, le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, a évoqué ce nouvel épisode incendiaire à Planoise lors de la signature à l’hôtel de ville du Contrat de Ville 2015-2020. Indiquant qu’il espérait que « ceux qui ont mis le feu soient fermement sanctionnés», il a vu dans ces faits « une nouvelle illustration de la nécessité de restaurer la tranquilité publique et les valeur de la République dans ces quartiers, ce à quoi est destiné le contrat de ville que nous venons de signer, un an jour pour jour après l’adoption de la loi Lamy.»

Leur presse – l’est répugnant, 21/02/2015 à 11h40

[Berne, Suisse] Actions directes contre la prison et la police – 21 février 2015

Berne: communiqué sur les attaques contre la violence d’Etat

Dans la nuit du samedi, nous avons attaqué le poste de police de la Waisenhausplatz, la prison régionale de Berne* et des voitures de police garées** là. Avec de la peinture, des tags et des vitres brisées, nous avons exprimé notre rage contre ce système malade.

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– Des pantins du pouvoir d’Etat humilient et arrêtent tous les jours des gens de couleur sur la base de préjugés racistes.

– Des gens meurent constamment dans des circonstances «inexpliquées» dans les prisons. Comme aussi mercredi dernier à la prison régionale de Berne.

Ce ne sont que deux des milles raisons pour lesquelles nous nous organisons et attaquons ces structures de la domination.

Nous continuerons de lutter jusqu’à ce que ces conditions malades soient surmonter et que tout le monde puissent vivre ensemble sans hiérarchie. La liberté ne peut pas être achetée, de la même manière aussi que les luttes ne peuvent pas être empêchées.

Résistance contre toutes les structures du pouvoir !

No Justice No Peace Fight the Police !

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Le comico…

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Traduit de l’allemand dindymedia ch, 21/02/2015 à 02h04

NdT

* Cette maison d’arrêt est connue aussi pour enfermer des migrants sans-papiers et sert de centre de rétention en vue d’expulsion. C’est la raison de l’attaque à la peinture contre ce bâtiment dans la soirée du vendredi 7 novembre 2014. Ci-dessous un extrait du communiqué:

[…] Nous voulons une vie sans frontières et Etats qui déterminent où nous devons nous arrêter, comment nous devons nous comporter, de quoi nous vivons et quel prix nous payons pour cela: une vie libérée de la domination. Puisque nous vivons dans un monde au sein duquel les gens sont réprimés et enfermés, nous optons pour l’attaque. Le but de notre colère est chaque institution et tous les acteurs qui font partie de cette ordre, soutiennent et préservent activement la domination.[…]

** D’après la presse, sept véhicules de police, pour la plupart banalisés, ont été détruits.

Appel à la solidarité avec Diego Ríos et tous-tes les fugitif-ves et clandestin-e-s

« Souvent, pour s´amuser, les hommes d´équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers. »

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Même si les clandestin-e-s et les fugitif-ves doivent rester dans l’ombre nous ne pouvons pas les laisser tomber dans l’oubli… Fuir du pouvoir et de ses laquais c’est déjà une victoire et une arrestation ne pourra jamais être considérée comme une défaite, mais comme une conséquence de la vie que l’on a choisie.

La décision de partir en cavale, assumée par beaucoup de compagnon-ne-s, est bien plus qu’une évasion, mais une désobéissance totale face au système judiciaire, et par conséquent, une négation de son pouvoir sur nos vies.
Cela génère de nouveaux espaces, des liens, des forces et un élan pour continuer à affronter constamment l’autorité.

Vivre l’exil de la clandestinité c’est chaque jour, et dans tous les aspects de la vie, faire face à un duel direct contre l’État, avec tous les risques que cela engendre et en même temps la conviction de défier son existence. Et comme décision politique, la clandestinité renforce aussi la recherche de notre être en anarchie.

La cavale est une décision politique qui ne peut pas être mise de côté. Il est nécessaire de se solidariser de manière combative avec ceux-celles qui ont choisi ce chemin, pour que cela soit toujours une option pour les compagnon-ne-s qui font face à des persécutions et des vagues répressives.

Même sans avoir la certitude que nos gestes de soutien seront reçus par ces compagnon-ne-s qui vivent caché-e-s, puisque dans cette situation le contact direct est impossible, nous devons accentuer la diffusion d’information sur leur situation et leurs idées, et ainsi, mettre en avant le choix de risque et d’affrontement constant dans lequel ils-elles vivent jours après jours.

En affinité et en complicité avec la décision politique de la cavale, nous lançons un appel à la solidarité avec Diego Rios, solidarité qui, nous l’espérons, se répandra et s’étendra à tous les compagnon-ne-s en cavale et à ceux-celles qui, à un moment donné, se sont enfuis, en faisant que leur souffle de liberté devienne notre force pour rester sur le pied de guerre et affronter la répression avec fermeté, dans la recherche permanente du rejet de l’autorité :
Hans Niemeyer, Gabriela Curilem, Carlos Gutierrez, Juan Aliste Vega, Diego Ríos, Nikos Maziotis, Mario Seisidis, Grigoris Tsironis, Pola Roupa, Panagiotis Aspiotis, Spiros Dravilas, Christodoulos Xiros en Grèce [sic] [1], K en Indonésie, Tripa et Felicity Ryder au Mexique. Et pour tous-tes ceux-celles qui ont choisi le chemin silencieux de la clandestinité et de l’anonymat.

Nous appelons tous les instincts rebelles à transformer leur rage en solidarité combative avec les compagnon-ne-s clandestin-e-s !

Appel reçu par mail, et revu de l’espagnol par Non-Fides

Notes de NF:

[1] Ndt. Xiros n’est ni en cavale, ni un compagnon. Il a été rattrapé il y a plus d’un mois, et c’est une balance qui a participé à faire tomber son organisation communiste armée.

 

 

[Lille] Récit d’une petite victoire face à la police

Nous avons voulu vous conter cette petite histoire pour qu’elle ne reste pas sans mots. Mais elle n’a rien d’extraordinaire, rien d’exceptionnelle. Des débordements qui surgissent quand des personnes s’organisent pour prendre leur existence en main, il y en a partout et tout le temps dans les moindres interstices du pouvoir.

Mangouste

Ça fait presque 2 mois que nous occupons un bâtiment appartenant à l’institut Pasteur à Lille, vide depuis plus de 6 ans. Pendant plusieurs semaines, nous avons fait quelques travaux pour nous sentir chez nous en rénovant les chambres : certaines tapisseries d’une autre époque ont été enlevées ou remplacées, certains murs ont été assainis, une cloison a été montée et d’autres petites choses ont été installées. Nous avons aussi aménagé un grand salon avec une cuisine nous permettant de vivre sereinement à plein ! En plus de ça, nous avons maintenant des espaces collectifs permettant d’accueillir plusieurs activités, notamment une salle de cinéma, un bar, une salle de concert et d’autres choses si nous en avons envie.

Nous pouvons donc dire que nous sommes plutôt bien installés et comptons bien y rester le plus longtemps possible. Et pour cela, ce n’est pas la fameuse insalubrité inventée par l’institut pasteur qui nous fera partir, mais bien la bleusaille. C’est pourquoi quelques précautions ont été prises pour qu’elle ne puisse rentrer facilement, en témoignent leur deux essais infructueux.

La première fois qu’ils sont venus, c’est de façon illégale le 17 décembre. Cela se déroule en deux temps : un, officieux, où une première équipe de flics est chargée de faire ça rapidement, autant dire qu’elle n’est pas là pour réfléchir. Coup de pied dans une barricade alors que le flic est en équilibre sur une barre métallique au dessus d’une verrière. Il échoue évidemment. On se demande si on va pas retrouver un bleu mort dans nos chiottes 4 mètres plus bas, mais les flics partent rapidement. Alors vient le deuxième temps : les proprios reviennent en grandes pompes dans l’après-midi accompagnés de 40 flics, BACeux, RG, huissiers et compagnies en espérant nous expulser illégalement. Les flics posent le bélier devant la porte pour nous signifier qu’ils en ont des grosses. Malheureusement pour eux, ils ne savent pas par où commencer – il faut dire que le bâtiment est plutôt bien protégé – et après deux heures d’intenses réflexions de leur part, ils repartent bredouilles, n’ayant pas eu l’autorisation d’opérer illégalement sur un carrefour hyper visible, juste à l’entrée de la ville.

Nous sommes plutôt contents de leur échec, mais sommes assez impressionnés du déploiement et de leur réactivité. Il faut dire que le bâtiment est situé à un endroit stratégique pour eux, le centre de recrutement de la gendarmerie se trouve à quelques mètres, d’ailleurs les schmidtts sont des vieux habitués du quartier : ce qui est aujourd’hui la maison de l’emploi était autrefois le commissariat central et les bars du coin sont toujours très mal fréquentés. Nous décidons alors d’utiliser cet atout pour placer une banderole signifiant notre occupation et notre volonté de prendre de la place dans le quartier.

Forcés cette fois de suivre la procédure, les proprios font appel aux huissiers, qui viennent nous rendre visite plusieurs fois. Dès le lendemain du déploiement de keuf infructueux, deux huissiers se pointent pour constater l’occupation et nous demandent nos noms. Costards sur mesure, cheveux gominés, le teint frais, on vient pas du même monde c’est clair. Ils tentent quand même de faire une petite blague quand on leur dit que c’est Bruce Willis qui habite là. Nous on rit pas. Quelques semaines plus tard, le plus puant des deux revient tout seul (même pas peur) prendre en photo la serrure. Toujours le même sourire arrogant. On n’a à peine le temps de réagir qu’il est déjà parti.

Mardi 27 janvier, les deux mêmes huissiers se repointent. Toujours au top. Par contre cette fois ils ne sont pas tous seuls. Quelques flics les accompagnent, ainsi que deux serruriers, tous se font plutôt discrets. Ils pensent qu’il n’y a personne dans la maison, et ne prennent pas la peine de sonner. Par chance les deux habitants présents à ce moment là les voient et descendent mettre les barricades. Ils remontent et se pointent à une fenêtre pour demander aux huissiers ce qu’ils viennent faire là. Très évasifs, la seule réponse obtenue est « on veut discuter, mais on discute à l’intérieur », comprenez : « on vient prendre vos identités, et si vous nous laissez pas entrer, on entrera tous seuls ». Sur ce, les serruriers commencent à attaquer la porte. Heureusement pour nous, il s’avère assez rapidement que ce sont deux gros branquignoles. Pendant qu’ils essayent l’arrache-serrure, puis le pied-de-biche, le tournevis, la perceuse, etc., les habitants ont le temps d’appeler quelques copains en renfort. Du monde commence à se rassembler sur le carrefour, pendant que la bleusaille arrive plus nombreuse également. Dehors, on décide de s’approcher et de se mettre bien en face de la maison, histoire de mettre la pression aux flics et aux serruriers, qui font de plus en plus d’efforts inutiles. On les traite à mort, les gens du quartier sortent et nous rejoignent. Entre les gosses qui attendaient leur bus, les gens qui sortaient de la mission locale et les jeunes du quartier, ça fait du monde qui se croise et qui décide de rester juste par solidarité et haine des keufs. Ça crie, ça se moque, pendant ce temps les habitants menacent les serruriers avec une bouteille de pisse. Ils n’y croient pas trop, ils auraient dû. Ils se prennent d’abord quelques gouttes, puis une bouteille entière sur la face, puis une autre. En tout, ça fait quelques litres bien odorants qui atterrissent sur les serruriers et les huissiers, pendant que les flics se reculent bien sagement de la porte. Eux sont pas trop solidaires de leurs potes pour le coup.

Vu le succès qu’a rencontré l’urine auprès des gens dehors, ça enchaîne direct sur la compote, puis le pain sec, qui atterrissent sur les boucliers de CRS venus protéger les serruriers. Sauf que travailler entourés de flics-parapluies, imbibés de pisse et de bouffe alors qu’il caille à mort et que tu te fais traiter par 50 personnes, ça aide pas à la réflexion. Bref, plus de 2h plus tard, les serruriers lâchent l’affaire en ayant bien entamé la porte, mais pas assez pour la faire céder. Les coups de masse et de bélier des flics désespérés ne l’ont pas fait bouger. Les serruriers et la BAC se tirent les premiers, les bleus commencent à partir, nous on sent la victoire, on est de plus en plus déchaînés. Ça crie à mort, ça traite les keufs, les habitants craquent un fumigène à la fenêtre, c’est vraiment beau à voir. Des pétards font sursauter les flics,.qui font plus trop les malins. On s’apprête à se disperser quand une nouvelle patrouille de BAC débarque pour contrôler des jeunes du quartier. Illico les gens encore présents avancent sur eux, les entourent, leur disent de dégager. Ils appellent du renfort, le contrôle se termine tranquille et ils finissent par tous se barrer rapidement. Nous on rejoint notre case, on tente d’ouvrir notre porte qui est bien abîmée. On ouvre, on visse, on soude, des gens du quartier sont encore là, nous filent un coup de main, viennent tchatcher de la maison, ou juste nous regardent reprendre possession des lieux.

affiche_DF-6cf1eNous disons petite victoire, cela ne veut pas dire que les flics ont perdu, on a juste gagné du temps. Mais nous n’avons pas gagné que ça. Nous parlons de victoire, parce qu’au moment où les flics sont partis, nous avons tous compris qu’ils partaient en parti grâce à cet aller-retour entre les habitants et les gens dehors. Nous avons aussi gagné une énergie folle, une énergie qui est assez rare, mais qui a duré jusqu’au soir, où même l’ambiance du quartier n’était pas comme d’habitude. Cette énergie a traversé toutes les personnes présentes qui étaient contre la police. Pendant cette émulation, les gens dehors parlaient contre les flics, mais parlaient aussi entre eux, c’était une discussion libérée, libérée dans le sens où l’hétérogénéité des personnes aurait fait que dans une situation normale personne ne se serait parlé. C’est cette situation anormale qu’il faut savoir prolonger, cette énergie qui doit nous aider à multiplier ces situations.

C’était nouveau pour nous de ressentir un vrai soutien du quartier, de voir les gens dans la rue se les peler tout l’aprem pour rester discuter, voir comment ça va se passer. Du coup on a voulu essayer de s’emparer de ça, de rencontrer les gens dans un contexte plus serein, et on a décidé d’organiser une grosse bouffe chez nous une semaine après ces événements.

La Mangouste, Lille

métro grand palais, Lille – mangouste@riseup.net

Publié sur Indymedia Lille, 10 février 2015