Archives par étiquette : le terroriste c’est l’Etat

[Italie] Mise-à-jour sur le procès d’un compagnon anarchiste pour « apologie de terrorisme »

[On pourra lire davantage d’infos à propos de cette affaire ici ; NdT]

Comme cela était facilement prévisible, j’ai été condamné à 14 mois de prison, pour le texte que j’ai publié juste après les dissociations de quelques personnages ambigus.

L’accusation est d’apologie de délit, tandis que les caractères aggravants de terrorisme et celui de récidive n’ont pas été pris en compte, pareil pour celui d’avoir publié ce texte sur internet (toutes de choses demandées par le Procureur Manotti), car le décret Renzi qui endurcit ce délit est aparu après ma publication.

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[Belgique] En passant devant la Maison de justice de Bruxelles…

Graffitis sur la Maison de justice de Bruxelles

En promenant mon regard rue Birmingham à Molenbeek, la façade du n°66 a saisi mon attention. Les fenêtres et les murs, encore immaculés la veille, étaient agréablement souillés d’une phrase en lettre de sang. La phrase était celle, célèbre, de Stirner – le genre qui n’appelle aucune explication. Elle était proprement graffée en rouge vif sans doute à l’aide d’un pochoir (j’aurais pas pu faire mieux) et recommencée suffisamment pour ne pas l’oublier en passant. Avec toutes les pensées rebelles qui se sont emparées de moi sur le moment, j’ai presque manqué de remarquer la plaque sur l’entrée qui indique « Maison de justice de Bruxelles ». J’appris par la suite que la « Maison » avait déménagé rue Birmingham il y a trois semaines. Ce qui était pris pour cible dans cette attaque ne fait aucun doute à mes yeux : un des rouages de la machine répressive du pouvoir, la justice. Pour ce qui est de l’intention de(s) l’auteur(s), je peux seulement me résoudre à des suppositions, mais je ne vous cache pas qu’à chaque jour qui passe je vois plus de raisons de passer à l’offensive contre ce qui nous opprime en encourageant les autres à en faire de même. Qui sait si un jour, aujourd’hui peut-être, un anonyme promènera son regard sur les dommages causées par mes attaques.

En écrivant ces mots, mes pensées vont aux anarchistes en procès anti-terroriste à Bruxelles et à tou.te.s les rebelles qui se trouvent entre les mains de l’Etat.

PS : Par chance, j’avais avec moi de quoi faire une photo du graffiti.

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[Publié sur indymedia bruxelles, 9 mai 2016]

[Belgique] A propos du procès antiterroriste à venir contre des anarchistes et anti-autoritaires

Fin 2008, en pleine période d’hostilités diffuses déclenchées par la révolte en Grèce suite à l’assassinat d’Alexis par la police, le Parquet Fédéral belge lance une enquête visant des anarchistes et des anti-autoritaires. En 2010, sur base d’une liste d’actions que la police attribue à la « mouvance anarchiste » et alors que la lutte contre la construction d’un nouveau centre fermé à Steenokkerzeel se fraye un chemin, la juge d’instruction Isabelle Panou est affectée à l’enquête qui relève désormais de l’antiterrorisme. En mai, puis en septembre 2013, une dizaine de perquisitions ont lieu dans le cadre de cette enquête, ces perquisitions visent différents domiciles ainsi que la bibliothèque anarchiste Acrata située à Bruxelles. C’est à cette occasion que l’existence d’une enquête antiterroriste se donne à voir pour la première fois. Cette enquête est menée par la section antiterroriste de la police judiciaire fédérale qui se retrouvera épaulée tantôt par la Sûreté de l’État, tantôt par le Service Général du Renseignement et de la Sécurité de l’armée ainsi que par différents services anti-terroristes d’autres pays européens. C’est en 2014 que l’enquête est close, aboutissant aujourd’hui au renvoi devant la Chambre du Conseil de douze anarchistes et anti-autoritaires.

Après une séance de légalisation des méthodes particulières de recherche utilisées dans le cadre de cette enquête (filatures, écoutes téléphoniques, placement de microphones dans un domicile, perquisitions en cachette, tentatives d’infiltration, placement de dispositifs de vidéo-surveillance devant des domiciles et à l’intérieur d’un domicile) en octobre 2015, le dossier est renvoyé devant la Chambre du Conseil. La séance de cette Chambre est fixée pour le 10 mai 2016 et déterminera s’il y a lieu de confirmer la tenue d’un procès et, si oui, sous quelles accusations.

De son enquête, le Parquet Fédéral s’est efforcé de tirer pas moins de 29 inculpations individualisées. Neuf compagnons sont accusés d’appartenance à une organisation terroriste et de participation à des activités terroristes pendant des périodes plus ou moins longues. Trois d’entre eux sont en plus accusés d’en être les « dirigeants ». Par ailleurs, trois autres personnes ayant été arrêtées dans la foulée d’une attaque contre le commissariat des Marolles sont quant à elles accusées d’appartenance à ce groupe terroriste pendant un jour, ainsi que des différentes inculpations se rapportant à cette attaque. Ça c’est pour l’accusation générale.

Celle-ci est ensuite complétée par des accusations plus spécifiques telles que participation à une manifestation sauvage devant le centre fermé 127bis à Steenokkerzeel (transformée en « tentative d’incendie volontaire » et d « ‘infraction terroriste » par le parquet), préparation et participation à une attaque contre le commissariat de police dans les Marolles (qualifiée par le parquet d’ « infraction terroriste »), coups et blessures sur des agents de police à plusieurs reprises, obstruction de la voie publique, dégradations diverses et variées, vols à l’étalage, incendie de voitures de gardiens de prison sur le parking de la prison de Ittre, incitation à commettre des infractions terroristes… Il est à préciser que ces accusations spécifiques visent à chaque fois des compagnons spécifiques, c’est-à-dire que tout le monde n’est pas inculpé pour l’ensemble des faits reprochés.

En arrière-plan de cette enquête qui a duré plusieurs années et qui a produit pas moins de 32 cartons de paperasses, le Parquet Fédéral émet l’hypothèse qu’un « groupe anarchiste terroriste » serait actif, notamment à Bruxelles, et que les inculpés auraient « participé à » ou « favorisé » ces activités. Il dresse par exemple une longue liste d’une 150-aine d’attaques, dont une bonne partie incendiaires, contre des structures de la domination, des commissariats, des tribunaux, des banques, des entreprises qui se font du beurre sur le dos de l’enfermement, des chantiers, des véhicules de diplomates, d’eurocrates et de fonctionnaires de l’OTAN, des antennes de téléphonie mobile,… Toutes ces attaques ont eu lieu à Bruxelles et dans ses environs entre 2008 et 2013.

L’invention d’un groupe terroriste qui serait responsable de l’ensemble de ces faits (ne serait ce que par le fait de « les avoir rendus possibles ») permet de jolies pirouettes servant l’accusation : une bibliothèque devient un lieu de recrutement, des discussions deviennent des réunions clandestines, des tracts et des journaux de critique anarchiste deviennent des manuels de guérilla urbaine, des manifs et des rassemblements deviennent des appels au terrorisme, des liens affinitaires entre des personnes en lutte et l’auto-organisation qui peut en découler deviennent « un groupe terroriste structuré ». L’invention d’un « groupe terroriste anarchiste » est bien évidemment une tentative assez maladroite de la part de l’État de réduire la subversion anti-autoritaire et révolutionnaire à l’œuvre d’un seul « groupe structuré ». En tentant de mettre derrière les barreaux une poignée d’anarchistes qui dérangent, l’État cherche à décourager les réfractaires à passer à l’action directe contre ce qui nous opprime et exploite et d’imposer un silence absolu aux désirs, possibilités, réflexions et critiques qui s’affrontent à ce monde autoritaire.

Ce qui est renvoyé devant le tribunal, c’est donc toute une mosaïque de luttes, de révoltes, d’idées, d’actions directes, de critiques, d’imaginaires révolutionnaires, d’agitations qui ont, pendant des années, cherché à s’attaquer à la domination. En cela, l’éventuel procès concerne non seulement les compagnons inculpés, mais aussi tout individu, tout anarchiste, tout révolutionnaire, tout réfractaire à l’ordre, tout insoumis à l’autorité qui ne veut pas rester les bras croisés devant l’exploitation et l’oppression. Ce qui est visé, c’est la recherche de l’autonomie dans l’action, l’auto-organisation dans la lutte, l’action directe dans toute sa diversité, le choix de défendre et de diffuser des idées anarchistes et révolutionnaires, de participer ensemble avec d’autres révoltés à des combats auto-organisés et autonomes. Et finalement, sans doute, une approche combative de l’anarchisme qui part de l’individu, de l’affinité, de l’informalité.

Il serait étrange de séparer la répression qui vise aujourd’hui quelques anarchistes et anti-autoritaires de l’ensemble de la répression qui cherche à mater (souvent préventivement) toute critique de l’ordre établi et la révolte. A coups de « menaces terroristes », de crise de réfugiés, de lutte contre la criminalité et de guerres bien réelles, la répression étatique passe aujourd’hui à la vitesse supérieure. Dans une période où les changements et les restructurations viennent toujours plus rapidement modifier les terrains de la conflictualité sociale, neutraliser ceux qui dérangent par leur pensée et leurs actes fait partie d’un ensemble qui cible les exploités et les opprimés : le durcissement des conditions de survie, la militarisation des frontières, l’imposition d’un contrôle technologique massif, la construction de nouveaux camps de détention,…

Se défendre contre ce coup répressif qui veut renvoyer des compagnons devant un tribunal sous des accusations de terrorisme, c’est défendre la possibilité et l’espace de l’agir anarchiste et anti-autoritaire. Et, par la solidarité avec les compagnons inculpés, faire face à la répression étatique qui vise à paralyser toute action subversive.

Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout.

avril 2016.

[Tract A5 recto-verso au format PDF]

P.-S.

Plus d’infos et contact…

La Lime
Caisse de solidarité bruxelloise
lalime[at]riseup.net
http://lalime.noblogs.org
Réunion chaque premier lundi du mois à 19h30 à Acrata

Acrata
bibliothèque anarchiste
acrata@post.com
https://acratabxl.wordpress.com/
Rue de la Grande Ile 32 – Bruxelles

[Reçu par mail]

 

[Besançon] « Ils sont Vichy, soyons pirates! »

Quelques images des rues de Besançon de ce mois de janvier…

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Le même slogan tagué plusieurs nuits d’affilée.. nique la brigade anti-tags de la mairie…

[Reçu par mail, 06/02/2016]

[Berlin, Allemagne] Solidarité incendiaire et émeutière face à l’état d’urgence dans le quartier nord de ‘Friedrichshain’

Dans la nuit du 13 janvier 2016, les flics de Berln ont fait irruption en masse dans le lieu de la ‘Rigaer94’ avec comme justification de mettre la main sur des objets dangereux. Depuis quelques mois, journaleux et politiciens lancent des campagnes nauséabondes sur la ‘Rigaerstrasse’ où existent plusieurs « Hausprojekte » (des lieux de vie et d’expérimentation autonomes autogérés ») qui sont qualifiés de nids « d’extrémistes violents » et de « terreur d’extrême-gauche et anarchiste ». Ceci n’est pas évidemment pas sans lien avec les multiples attaques en direction des flics lorsque ceux-ci investissent le quartier en masse pour mener des contrôles et harceler les gens qui y vivent. Récemment, ce secteur du quartier ‘Friedrichshain’ a été placé comme une « zone dangereuse », ce qui donne l’autorisation aux flics de fouiller et d’arrêter les gens sans justification.

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Dans l’après-midi du 13 janvier, un des multiples contrôles policiers ne s’est pas passé comme prévu: une personne s’est fait frapper après qu’elle ait refusé de montrer ses papiers, ce qui a suscité des réactions des gens témoins de la scène. Le flic a ensuite redoublé de violence et les personnes montrant leur hostilité ont fui en direction du ‘Rigaer94’. Se faisant – comme il se doit – refuser l’entrée dans l’après-midi, les flics sont revenus dans la nuit avec l’aide du SEK (commando d’opérations spéciales) à plus de 500 uniformes dans le quartier – dont 200 spécialement intervenus pour le ‘Rigaer94’ – afin de rentrer en force dans le lieu.

A l’aide d’un hélico, quelques flics sont entrés par le toit, tandis que d’autres détruisaient les vitres du rez-de-chaussée, sont entrés par la chambre d’une famille de voisins afin d’accéder à la cour intérieure. Dans la chambre ne se trouvaient que des enfants, et les flics n’ont pas eu l’autorisation des parents pour entrer. Les keufs se sont alors déchaînés une fois entrés dans le centre social, détruisant la porte d’entrée et plusieurs fenêtres, un escalier et du mobilier, contrôlant les papiers des occupant-es. Les porcs ont continué leurs exactions, en pissant dans le lieu, mettant des bris et morceaux de verre dans les lits, répandant de la mort aux rats dans les pièces… Après avoir donné quelques coups aux occupants du lieu, ils ont ensuite célébré leur opération comme une action de vengeance contre les odieux occupants.

Par la suite, ils ont communiqué et exhibé leurs découvertes « spectaculaires »: des chariots de supermarché, quelques bâtons, des battes et des pierres… Par ailleurs, ils ont embarqué tout le charbon stocké pour l’hiver avec un camion qu’ils avaient affrété spécialement pour l’opération.

Le 14 janvier, un communiqué officiel précise que l’opération des flics (qui s’est entre autre soldée par la porte d’entrée et plusieurs fenêtres détruites) a été menée sans autorisation de la justice.

Durant les jours qui ont suivi, les flics ont occupé le quartier, en stationnant sur les toits des immeubles et dans les rues.

Le dimanche 17 janvier, les flics ont une nouvelle fois perquisitionné le lieu « Rigaer94 ». Ils ont justifié cette nouvelle opération à la suite d’une « agression à l’encontre d’un agent de police » (un sac d’ordures venait d’être balancé sur les flics).

Le 6 février prochain à Berlin, une manifestation est d’ores et déjà prévue contre les zones dangereuses, la terreur policière et en soutien aux lieux de vie et d’expression autonomes.

"La passion pour la liberté est plus forte que toute autorité - Contre l'Etat et la terreur policière! Pour plus de "kilomètre d'anarchie!"

« La passion pour la liberté est plus forte que toute autorité – Contre l’Etat et la terreur policière! Pour plus de « kilomètre d’anarchie! »

"Défendons les structures rebelles - Créons des quartiers solidaires / Soliaire face à la zone de danger" - "Liebig 14" (centre autonome récemment expulsé) ne reste jamais en paix"

« Défendons les structures rebelles – Créons des quartiers solidaires / Soliaire face à la zone de danger » – « Liebig 14″ (centre autonome récemment expulsé) ne reste jamais en paix »

Depuis ces coups répressifs, de multiples attaques et sabotages sont réalisés dans les rues de Berlin, notamment dans les quartiers de ‘Friedrichshain’, ‘Neukolln’ et de ‘Kreuzberg’ [Mise à jour, 31/01/2016]:

  • Tard dans la soirée de mardi 26 janvier dans le quartier berlinois de ‘Neukolln’, un individu a bouté le feu à un fourgon de police garé à ‘Hasenheide’. Malheureusement, un chauffeur de taxi qui était sur les lieux s’est improvisé pompiers bénévole en éteignant les quelques flammes avec un extincteur. Ce beau geste n’est resté qu’une tentative. Le fourgon était vide au moment de l’allumage, puisque tous les flics étaient en intervention au parc à côté.
  • Dans la nuit de lundi 25 à mardi 26 janvier, une camionnette de la société immobilière de luxe « Mähren-Gruppe », garée dans la Wildenbruchstraße, a été incendiée. Dans un communiqué, les auteurs expliquent le rôle de l’entreprise concernant l’augmentation des loyers dans les quartiers de l’est berlinois et plus globalement son travail d’embourgeoisement. Ainsi, elle accompagne le travail des flics dans ses besognes de nettoyage des quartiers au profit des riches. Le communiqué de ce sabotage appelle également à rejoindre la manif du 6 février contre les « zones de danger » et les récents coups répressifs envers les lieux d’auto-organisation.

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  • Jeudi 21 janvier 2016 vers 3h du matin, deux voitures de luxe ont été incendiées: une Porsche ‘Cayenne’ d’une valeur de 66.000 euros à ‘Friedrichshain’ et une autre ‘Carrera’ d’une valeur de 96.000 euros dans une rue du quartier ‘Neukolln’. Trois containers à poubelle ont été aussi été incendiés. Un communiqué de « groupes autonomes » revendiquant le sabotage incendiaire des deux porsche (220.000 euros de dégâts en tout) appellent à multiplier les attaques en solidarité face à la répression et aux menaces d’expulsion qui pèsent sur les lieux de vie autonomes auto-gérés.

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  • 165844Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 janvier 2016 à ‘Wedding’, le bureau de Ralf Wieland, président de la chambre des députés de Berlin et membre du SPD, s’est fait péter plusieurs vitres en réponse à la terreur policière contre les centres sociaux de la ‘Rigaerstrasse’.

Voici le communiqué:

« Tom Schreiber, tu t’es amusé comme un petit fou lorsque tes porcs ont déboulé dans les maisons de la Rigaerstrasse.

La nuit dernière, nous avons trouvé amusant de détruire les vitres du bureau du SPD de la Bellermannstr à Wedding. Nous avons également laissé un message qui correspond à tes capacités linguistiques.

Ce fut vraiment une nuit froide, mais pour toi nous sommes prêts à tout! […] »

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  • Dans la nuit du 14 au 15 janvier, une voiture électrique de la Deutsche-Bahn, garée dans la Christinenstraße, a été incendiée. Le sabotage a été revendiqué:

Motivés par l’attaque des porcs contre les « Hausprojekte » ‘Rigaer94’ et ‘Liebig34’ et leurs tentatives continues de pacifier la Rigaer Straße par des coups de matraque, nous avons cette nuit incendié un véhicule électrique de la DB Christinenstraße.

Par cette action, nous envoyons nos salutations enflammées aux habitant-es du quartier nord de ‘Friedrichshain’, en solidarité rebelle avec vos efforts pour un voisinage solidaire et résistant.

Pendant que les flics vont s’occuper ces prochains jours de piquer les pavés des cours intérieures de Friedrichshain, nous espérons d’autres attaques dans les rues de cette ville.

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  • Le 14 janvier entre 2h et 3h du matin, des passants ont remarqué et signalé aux flics que des flammes commençaient à embraser une voiture ‘opel’ de la société ‘ThyssenKrupp’, garé Alexandrinenstraße à ‘Kreuzberg’. Malheureusement, les flammes ont été éteintes peu de temps après par les pompiers, rapidement prévenus par les flics. L’action n’a pas été revendiquée.

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  • Le 13 janvier, les flics ont investi en masse le quartier ‘Friedrichshain après qu’un flic en opération ait été blessé aux alentours de midi. Les bleus – omniprésents dans les rues, sur les toits jusqu’aux caves des immeubles – n’ont pas mené leur sale travail sans encombres: vers 22h30/23h, un véhicule de patrouille a été sérieusement endommagé par des jets de pierre dans le secteur de la Frankfurter allee. Un peu plus tôt, des poubelles ont été incendiées un peu partout dans le secteur, tandis que des engins pyrotechnique étaient propulsés en direction des véhicules de police.

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Au cours de la nuit du 5 au 6 décembre 2015, des incendies de voitures de bourges ont éclairé les rues de plusieurs quartiers de Berlin. Cette soirée incendiaire a commencé vers 23h40 Löwestraße à Friedrichshain (à 500m de la Rigaerstrasse), où un 4X4 de type ‘Mercedes’ est détruit par les flammes. Une heure plus tard, c’est de nouveau un véhicule de luxe qui est incendié à ‘Staaken’ dans la Schulstraße (à l’ouest du quartier ‘Spandau’) : la voiture ‘Mercedes Class-A’ est entièrement crâmée. Vers 1h40, c’est un 4X4 de type ‘BMW X3’ qui est incendié. Les flammes endommagent une voiture garée à côté. Enfin, vers 2h à Neukölln deux voitures appartenant au concessionnaire ‘Suzuki’* situé Weserstraße  sont incendiées : ce sabotage incendiaire a été revendiqué dans un communiqué à la mémoire d’Alexis Grigoropoulos (qui s’est fait descendre par les flics il y a 7 ans à Athènes) et en souvenir de la rage insurrectionnelle qui a explosé immédiatement partout dans le pays.

Carcasse de 'Suzuki'

Carcasses des deux ‘Suzuki’

NdT: *A noter que ‘Suzuki’ est une parfaite cible dans ce contexte, puisque l’entreprise automobile fournit ses motos à la police grecque. Voir quelques photos ici

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Hors de contrôle : notre solidarité contre leur répression

Début octobre, un jour après un attaque incendiaire visant le ‘Liebig 94’ (espace autogéré), le préfet de police et le ministère de l’intérieur se sont rencontrés pour prendre des mesures contre le milieu autonome actif autour du secteur de la ‘Rigaer Straße’.

La zone de danger

Une de ses mesures est l’officialisation d’une zone de danger (à Berlin: zone réputée de criminalité) à la Rigaer et les rues environnantes. Il y a quelques temps déjà, les flics patrouillaient dans la rue par des va-et-vient avec des fourgons remplis.

Mais depuis fin octobre, cet aspect énervant s’est transformé en état de siège. Jour et nuit, et particulièrement le week-end, ont lieu en masse des contrôles d’identité et des fouilles.

Ce sont la plupart du temps les plus jeunes personnes qui se trouvent à proximité de ces projets et semblent correspondre à l’épouvantail de l’autonome. C’est une tentative de pacifier un quartier et de le transformer en « zone de non droit » pour ceux qui ne correspondent pas à l’image d’une ville « propre » et assimilable. Le fait que chacun puisse circuler librement est rendu presque impossible, particulièrement pour les illégaux et les personnes dépourvues de droit de séjour.
Ca arrive fréquemment, comme c’est une coutume chez les flics berlinois, qu’il y aient des arrestations et des agressions violentes sur les personnes contrôlées. Lorsqu’il ne se passe strictement rien, des délits sont inventés et des gens sont détenus de manière arbitraire. […]
161939Hormis la surveillance directe et le contrôle de la rue, les flics et le sénat tentent, par des affiches et de la propagande conçues pour l’occasion, d’appeler une partie de la population à balancer et à faire des signalements sur leur site. Régulièrement, des « actions de nettoyage » sont menées pour nettoyer les murs et enlever affiches multicolore et graffitis informatifs. Un hélicoptère vole fréquemment au-dessus de la rue en faisant des va-et-vient, ou stagne parfois aussi pendant une demi-heure au-dessus de la Dorfplatz, le carrefour des rues ‘Rigaer‘ et ‘Liebig‘.

Un exemple de répression et de résistance

Le vendredi 27 novembre 2015, les flics ont assiégé à plus de 200la Rigaer Straße durant toute la nuit et ont contrôlé 91 personnes d’après la presse. Certaines personnes ciblées sont restées pendant de longues heures dans le panier à salade des flics sous une température glaciale. Beaucoup de personnes se sont montrées solidaires et se sont mis en route pour la Rigaer Straße. Mais la plupart des personnes avaient déjà été arrêtées par les flics dans les rues environnantes et envoyées en GAV pour 48h. D’autres avaient été stoppées par les flics en partant de la gare de la Frankfurter Allee et forcées dans le même temps de remonter dans le prochain train.
Mais au lieu de se laisser intimider, les gens se sont défendus en partie avec des engins pyrotechniques et ont réagi en construisant une barricade et en incendiant une voiture de luxe dans le secteur et autour de la zone de danger. Merci à tous ceux qui nous ont rejoins et qui se sont montrés solidaires selon leurs possibilités.
Cette journée a montré aux flics leur échec à ramener le calme dans le quartier, et ce malgré l’état de siège. Aujourd’hui comme hier, des personnes continuent à résister dans la rue et ne se plient pas à la violence des dominants.

Faisons de toute la ville une zone de danger !

Montrons aux dominants que le quartier rebelle de la ‘Rigaer’ ne se laisse pas pacifier ! Restons solides, incontrôlables et ne nous laissons pas intimider par la terreur policière ! […]

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« La zone de danger » dans le quartier Friedrichshain à Berlin

[Traduit partiellement de linksunten indymedia, 11 Dezember 2016]

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D’autres articles au sujet de l’agitation autour du quartier de la Rigaer Straße:

 

L’Etat déclare la guerre aux fraudeurs

L’Assemblée renforce la sécurité dans les transports publics

PARIS (Reuters) – Les députés ont adopté à l’unanimité jeudi, en première lecture, une proposition de loi socialiste prévoyant de renforcer la sécurité dans les transports publics tant en matière de prévention du terrorisme que de lutte contre la fraude.

Tous les groupes ont voté en faveur de ce texte soutenu par le gouvernement même si certains, comme celui du Front de gauche, ont exprimé « des réserves » sur des dispositions.

Le Défenseur des Droits lui-même, Jacques Toubon, a fait part de ses « sérieuses réserves » en estimant que ces nouvelles mesures posaient « un risque très sérieux de multiplication des incidents, voire de troubles à l’ordre public ».

La préparation de cette proposition de loi avait commencé dès avril, avant l’attentat raté du Thalys le 21 août et les attentats du 13 novembre à Paris et en Seine-Saint-Denis.

Elle autorise notamment les agents de sécurité de la SNCF et de la RATP, avec l’accord des passagers, à procéder de façon aléatoire, avec la possibilité d’agir en tenue civile, « à des palpations de sécurité » et d’effectuer des fouilles des bagages.

Elle renforce également les mesures destinées à faire « respecter les règles de droit » dans les transports, qu’il s’agisse de la fraude tarifaire, des incivilités, des violences ou du non-respect des règles de sécurité.

Pour lutter contre les resquilleurs récidivistes, le nombre annuel de verbalisations pour fraude entrant dans les caractéristiques du « délit d’habitude », il est proposé d’abaisser de dix à cinq le nombre cumulé de contraventions sur 12 mois, un délit sanctionné par six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.

Plusieurs amendements ont été entérinés comme celui obligeant un passager non titulaire d’un titre de transport à être porteur d’un document attestant de son identité. Un autre amendement crée un « délit de fuite » pour les passagers.

Le Sénat, où la droite est majoritaire, examinera à son tour cette proposition de loi le mercredi 27 janvier. Le gouvernement ayant décidé d’appliquer la procédure dite « accélérée », qui réduit le nombre de navettes entre les deux assemblées, le texte devrait être définitivement adopté en février ou mars.

Reuters, 17/12/2015

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Renforcement du contrôle des voyageurs

La proposition de loi vise notamment à autoriser les agents des services de sécurité de la SNCF et de la RATP « à procéder à des palpations de sécurité » et à la fouille des bagages, avec l’accord des passagers, ou à permettre aux policiers, sous conditions, l’inspection visuelle des bagages à main et leur fouille pour « prévenir une atteinte grave à la sécurité des personnes et des biens ». « Toute personne qui refusera se verra refuser l’accès au train », a assuré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Les entreprises pourront aussi exiger des billets nominatifs. 

Ce renforcement de la sécurité ne se fera pas uniquement au niveau du contrôle des voyageurs. La SNCF et la RATP pourront solliciter des enquêtes administratives sur des personnes recrutées ou affectées à des postes portant sur la sécurité des personnes (aiguillage, conduite des trains, sécurité des systèmes d’information) pour vérifier qu’elles ne sont pas fichées S. 

Quelques points jugés excessifs supprimés

A l’initiative du gouvernement et de députés PS, l’Assemblée a supprimé la possibilité pour les forces de l’ordre ou agents de sécurité de fouiller, sans son consentement, les bagages d’un voyageur pris en flagrant délit de fraude et sans pièce d’identité valide. « Il est inconcevable de considérer que les fraudeurs puissent être des auteurs potentiels d’acte terroristes », a reconnu le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies.

Car la proposition de loi entend aussi renforcer les pouvoirs des agents de sécurité SNCF et RATP pour lutter contre le non-respect des règles de droit dans les transports en commun, de la fraude tarifaire aux incivilités. Les « mutuelles de fraudeurs » (c’est-à-dire des systèmes permettant aux fraudeurs de ne pas à avoir à payer leur amende en échange de quelques euros par mois) seront interdites. Le délit de « fraude d’habitude », puni de six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amendes, est abaissé de dix à cinq infractions. 

Les députés ont ainsi supprimé la possibilité pour les sous-traitants des opérateurs de transports de constater des infractions au même titre qu’aux agents titulaires. Ils ont également rejeté un amendement du groupe Les Républicains, qui voulait rendre obligatoire le port d’une pièce d’identité dans les transports.

Des portiques de sécurité pour le Thalys inaugurés

Au même moment, Ségolène Royal a inauguré les portiques de sécurité sur les lignes Thalys, opérationnels dimanche (mais seulement en France). La ministre de tutelle des transports a assuré que leur fonctionnement ne ralentirait pas trop les voyageurs et qu’il suffirait d’arriver « 20 minutes avant le départ du train », comme par le passé. « Si le dispositif est fluide et fonctionne bien », il pourra être étendu à tous les trains en France, a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué, la principale fédération d’usagers de transports s’est prononcée jeudi contre un « filtrage systématique des voyageurs à l’entrée des gares et des trains ». La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) juge la méthode « irréaliste » car elle « ralentirait la circulation et l’embarquement des voyageurs ». « Les files d’attente avant filtrage seraient très exposées à d’éventuelles actions terroristes » et le filtrage « ne permettrait pas l’accompagnement des personnes âgées, handicapées, chargées de bagages ou voyageant avec des enfants en bas âge », a-t-elle prévenu. Ségolène Royal a promis que des files seraient réservées aux personnes en situation de handicap notamment.

AFP, 17/12/2015

 

[Besançon] Contre l’Etat et le capital… L’urgence est à la révolte !

Affiche vue dans Besançon au mois de novembre [Repris d’indymedia nantes, novembre 2015].

Contre l’Etat et le capital… L’urgence est à la révolte !

urgencecontreletatL’horreur a frappé le 13 novembre 2015 en plein Paris. Ce carnage a été le fruit de fanatiques religieux, décidés à se faire sauter au milieu de gens sortis pour faire la fête, que ces fous de Dieu considèrent comme « décadents ». Dans la foulée, les mesures que l’Etat a instaurées à travers l’état d’urgence lui ont permis d’élargir ses possibilités de surveiller, réprimer, juger, enfermer, museler toutes contestations de l’ordre existant. Les flics perquisitionnent désormais en pleine nuit, contrôlent à tout va dans les rues, sur les routes, aux frontières, dans les gares et centres commerciaux… Les chiens de l’Etat ne se sentent plus pisser: cet état d’urgence est une belle occasion pour eux d’exhiber leurs muscles devant les caméras de télévision et d’avoir toujours plus de moyens pour mener à bien leur sale travail , tout en se sentant porter par la ferveur patriotique dont l’Etat a su tirer profit. Tout ceci bien sûr au nom de la « lutte contre le terrorisme islamiste ».

En douze jours, 1.233 perquisitions, 165 interpellations, dont 142 gardes-à-vue ont été menées. 266 assignations à résidence ont été prononcées à l’encontre de personnes « dont le comportement paraît constituer une menace pour la sécurité et l’ordre public » (AFP, 24/11/2015). La sécurité dont parle le pouvoir concerne l’Etat et les innombrables rouages qui font fonctionner ce monde d’exploitation et d’oppression. Si des musées et des bibliothèques ont été fermés après les attentats, les temples de la consommation continuaient de faire le plein, avec encore plus de vigiles pour les protéger.

En vue d’empêcher une opposition trop massive et radicale au sommet de l’ONU sur le climat à Paris entre le 29 novembre et le 12 décembre 2015, l’Etat prévoit de déployer 8.000 flics pour contrôler aux frontières. 11.000 uniformes quadrilleront Paris et sa région. Sur tout le territoire, pas moins de 120.000 militaires, gendarmes et policiers sont sur le pied de guerre pour protéger les puissants de ce monde.

Sous la protection de 2.800 casques bleus, cette assemblée réunira sur le site du ‘Bourget’ patrons, banquiers, industriels et chefs d’Etat du monde entier afin de discuter des désastres écologiques dont sont responsables ces mêmes crapules en costard-cravate qui décident de nos vies au quotidien.

Dans ce contexte de suspicion et de peur généralisées, il est clair que : refuser la dénonciation, renoncer à montrer patte blanche à l’entrée d’un service administratif ou d’un centre commercial, dénoncer et lutter contre le déploiement militaire et policier ou blasphémer « l’union nationale » et tout ce qu’elle comporte de dégueulasse font de chacun d’entre nous de potentiels terroristes pour le pouvoir.

Les dominants nous veulent dociles et résignés…. Organisons-nous pour contrecarrer leurs plans macabres !

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[Photos envoyées par mail]

[Publication] Ce qu’ils veulent, des deux côtés, c’est que nous vivions dans la peur

Des corps, qui jonchent les terrasses de plusieurs cafés, recouverts de bâches, de draps. Et puis l’horreur de la boucherie qui a eu lieu dans cette salle de spectacle. Impossible d’imaginer ce qu’ont vécu les spectateurs de ce concert. Cela semble surréaliste. Des gens venus assister à un concert et qui ont vu tomber comme des mouches les uns après les autres les personnes autour d’eux, qui ont dû se cacher sous des cadavres pour survivre, ramper au milieu du sang et de la chair humaine pour s’échapper, sauver sa peau.

Impossible de se faire à cet état de fait. Qu’il y ait des fanatiques, des fous de dieu, qui au nom de leur religion mettent, sans discrimination, une balle dans la peau de tous les gens vivants qui ont le malheur de croiser leur chemin. Des kamikazes sur-entraînés à qui des chefs religieux autoproclamés ont promis qu’ils iront au paradis en emportant avec eux le plus de gens possibles dans leur folie meurtrière. Et le seul but de tout ça c’est d’imposer la terreur. La peur angoissante de ces parents qui attendaient des nouvelles de leurs adolescents sortis ce vendredi soir pour aller boire un verre avec leurs amis. L’angoisse de tous les proches qui ont passé des heures et des heures à aller d’hôpital en hôpital pour savoir si la personne qu’ils cherchent est morte ou juste blessée. Faire sentir l’odeur du sang à ceux et celles qui vivent dans une société pacifiée, bien loin des batailles que mènent l’armée d’une nation qu’ils n’ont pas choisi. Punir une population parce qu’un État a décidé de mener une guerre, rendre responsables des personnes qui n’ont pas eu leur mot à dire dans ces décisions. Se venger d’un État, de la façon la plus lâche et facile, en n’atteignant pas les concernés, mais en cassant des œufs juste pour faire une démonstration de force, en faisant une omelette sanguinolente.

On se sent concernés. Concernés par ce genre de massacres indiscriminés, qui ne voient dans chaque individu que des vies à prendre, des corps dans lesquels mettre des balles, juste pour s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, pour avoir eu la malchance de croiser le canon de l’un de ces fous de dieu, qui sont nos ennemis au même titre que l’État, et quelle que soit l’idéologie de ces fanatiques. Ces fous de dieu qui aujourd’hui accomplissent au nom de leur fanatisme religieux des massacres en Syrie, en Irak, en Tunisie, au Niger, en Égypte, au Liban, et à Paris … Mais on sait que, sous d’autres idéologies, d’autres ont perpétré et perpètrent encore ailleurs dans le monde des actes qui ne visent qu’à dégommer de façon aléatoire au nom d’idées ennemies de la liberté. Et nous parlons ici de la liberté entière, totale et indivisible. Celle de blasphémer contre toute autorité et détruire tous les pouvoirs, qu’ils résident dans les livres sacrés ou aux frontispices des États. Et pas celle que l’État agite comme un hochet, alors qu’il nous gouverne, lui aussi, par la terreur.

On ne sait plus où donner de la tête. D’un côté il y a cette horreur, qui nous touche en tant que simple individu, qui aurait pu se trouver là par hasard, qui aurait pu perdre des proches, et qui se sent égoïstement soulagé que ça ne soit pas arrivé, mais qui se dit que ça n’est pas terminé, et que pour cette fois on a eu de la « chance ».
Et de l’autre, il y a la réponse de l’État, qui nous touche tous directement. L’état d’urgence, que le président veut déjà prolonger de 3 mois. Le pouvoir de l’État sur nos vies et nos activités est décuplé. La possibilité d’instaurer des couvre-feux, d’interdire à des personnes précises certaines zones, de faire fermer tout lieu public ou accueillant du public, d’interdire toute réunion (qui « provoquerait le désordre »), de procéder à des perquisitions à domicile de jour comme de nuit, d’assumer directement le contrôle de la presse, de la radio, de la télé, et la menace qui plane sur tous ceux qui ont une fiche S, attribuée autant aux fanatiques religieux qu’aux révolutionnaires et tant d’autres, comme pour les mettre dans le même panier. Et puis il y a le déploiement de militaires et de flics dans les rues, toujours plus, qui éprouveront le besoin de nous faire une démonstration du pouvoir supplémentaire que l’État leur a donné ; la fermeture des frontières. Et cette fameuse « Unité nationale ». Celle des deux guerres mondiales, au nom de laquelle des milliers de pauvres furent envoyés à la boucherie ; celle de la Guerre d’Algérie, où tortures et massacres devinrent banalités. L’Unité nationale, l’ennemie des révolutionnaires, de ceux qui veulent se débarrasser de l’État, et non pas le voir se fortifier opportunément dans un tel contexte. Celle qui fait que des foules viennent se recueillir sur ces lieux de mort en entonnant la Marseillaise, drapés de drapeaux français, et criant des « vive la France, vive la République ». Qui parlent de liberté, comme si avant cette tragédie nous étions libres. Ce qui d’une certaine manière revient à accepter l’état d’urgence, de se dire que ce sont ces fous de dieu qui nous ont pris notre liberté, et dédouaner ainsi totalement l’État, lui trouver des excuses. La même unité nationale qui fait accepter l’emprise de l’État sur nos vies, c’est aussi celle qui fait se rassembler les responsables religieux, alors que ce sont eux, quels qu’ils soient, qui nourrissent le fanatisme, quand bien même ils se disent modérés.

Ce qu’ils veulent, des deux côtés, c’est que nous vivions dans la peur, et que nous arrêtions d’être vivants, que l’on change nos habitudes, que l’on se résigne à rester sagement chez nous, à ne pas élever de critiques. Mais nous n’accepterons pas cette terreur qu’ils nous imposent. Ce silence de mort qu’ils veulent faire régner. Et nous n’accepterons jamais les alternatives que nous offrent les États, qui sont eux-mêmes capables de toute la terreur qu’on leur connaît, souvent sous pavillon « anti-terroriste ».
Ainsi, au sel de nos larmes, nous joignons le piment de notre rage de vivre, et de notre désir de révolte.
Ils ne pourront pas faire de nous des résignés.

Soyons vivants et révoltés, contre tous les pouvoirs ! Ni religions, ni nationalisme !

Publié sur non-fides, 15/11/2015

[Publication] Ni de leur guerre, Ni de leur paix !

« Nous devons anéantir les ennemis de la République… et déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française »
Manuels Valls, Premier ministre,
14 novembre 2015

S’il faut reconnaître une certaine continuité à la République française, c’est bien celle des assassinats de masse. De la Terreur d’Etat de 1793-94 qui a justement donné naissance au mot terrorisme jusqu’à l’écrasement des insurgés de 1848 et de ceux de la Commune de 1871 ; de la colonisation ou la déportation des Juifs permise par des fichiers antérieurs jusqu’aux massacres de manifestants algériens en 1961 en plein coeur de Paris, toutes les Républiques françaises ont massacré sans compter pour que des puissants continuent de dominer et d’exploiter tout le monde. La République française est une montagne de cadavres dont l’ordure qui en constitue le sommet n’a pu se maintenir en place qu’en écrasant ses véritables ennemis, les révoltés et les révolutionnaires qui se sont battus pour un monde de justice et de liberté. L’ «âme française», si cette connerie sans nom pouvait jamais exister, serait un placard bourré à craquer de voix criant vengeance contre les bourgeois, les politiciens, les flics, les militaires et les curés qui les ont piétinées pour asseoir leur pouvoir.

Ah, mais tout ça c’est du passé. Non ? Des décennies de participation citoyenne, d’intégration marchande et de dépossession généralisée ont-elles vraiment fait oublier à ceux qui gardent encore un brin de sensibilité, que tirer dans le tas n’est pas l’exclusivité de lointains terroristes ? Que depuis quelques années l’Etat français a fait son grand retour sur la scène internationale du terrorisme étatique, en multipliant ses attaques militaires aux quatre coins de la planète (Libye, Mali, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Somalie, Centrafrique, Irak, Syrie) ? Le prétexte change à chaque fois, mais les raisons restent les mêmes : garder le contrôle de ressources stratégiques, gagner de nouveaux marchés et zones d’influence, préserver ses intérêts face à ses concurrents, éviter que des insurrections ne se transforment en expérimentations de liberté. Et s’il en était encore besoin, des avertissements sont même lancés pour prévenir les indolents que cette logique de guerre ne connaîtra pas de limites territoriales : la mort d’un manifestant l’an dernier à Sivens ou les corps criblés d’éclats de ceux de Notre-Dame-des-Landes et de Montabot rappellent que les grenades offensives en kaki n’hésitent pas, ici non plus, à être lancées contre des foules pour semer la terreur.

Car qu’est-ce que le terrorisme, sinon frapper dans le tas de manière indiscrimée pour tenter de préserver ou conquérir le pouvoir ? Un peu comme le font les riches en tuant et mutilant quotidiennement des millions d’êtres humains au travail au nom du fric qu’ils tirent de leur exploitation. Un peu comme le font les industriels et leurs laquais en blouses blanches en empoisonnant durablement toute vie sur terre. Un peu comme tous les Etats qui enferment et torturent à petit feu les exclus de leurs paradis marchands et les rebelles à leurs lois en les enfermant entre quatre murs pendant des années. Un peu comme ces grrrandes démocraties qui ont fait de la Méditerranée un cimetière peuplé de milliers d’indésirables ayant eu le tort de ne pas disposer du petit bout de papier adéquat. Mais la paix de l’Etat et du capitalisme est à ce prix. La paix des puissants, c’est la guerre contre les dominés, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

Le 13 novembre à Paris, la règle du jeu a été respectée. Qu’il se baptise islamique ou république, califat ou démocratie, l’Etat reste l’Etat, c’est-à-dire une puissance autoritaire dont la violence de masse s’applique contre tous ceux qui ne se soumettent pas à son ordre souverain. L’un des principes de tout Etat est de ne reconnaître que des sujets. Des sujets qui doivent obéir à des lois dictées d’en haut, c’est-à-dire tout le contraire d’individus libres qui peuvent s’auto-organiser sans dirigés ni dirigeants. Des bombardements de Dresde et Hiroshima jusqu’aux villages du Vietnam passés au napalm ou ceux de Syrie sous des barils de TNT, les Etats n’ont jamais hésité dans leurs sales guerres à sacrifier une partie de leur propre population, ou celles de leurs concurrents. En frappant des passants parisiens au hasard pour punir leur Etat, les petits soldats de Daech n’ont fait que reproduire l’implacable logique de leurs concurrents. Une logique terrible, aussi terrible que peut l’être tout pouvoir étatique

L’état d’urgence décrété en France depuis hier, mesure de guerre intérieure d’un gouvernement qui place le pays en adéquation avec sa politique de terrorisme international, n’est qu’un pas de plus dans la praxis de base de n’importe quel gouvernement, visant à la normalisation forcée de la vie, à sa codification institutionnelle, à sa standardisation technologique. Parce que si l’Etat regarde le futur, que voit-il ? Des cracks économiques, un chômage de masse, un épuisement des ressources, des conflits militaires internationaux, des guerres civiles, des catastrophes écologiques, des exodes de population… Il voit en somme un monde toujours plus instable, où les pauvres sont toujours plus nombreux et concentrés, un monde suintant de désespoir, qui se transforme en énorme poudrière, en proie à des tensions en tous genres (sociales, identitaires, religieuses). Un monde où l’allumage de la moindre étincelle, quelle qu’elle soit, ne doit pas être tolérée par une démocratie toujours plus totalitaire. Alors, tout comme « citoyen » est l’autre mot pour « flic », la « guerre au terrorisme » signifie avant tout la guerre contre tous ceux qui rompent les rangs du pouvoir. A tous les insoumis de la pacification sociale, à tous les déserteurs des guerres entre puissants et autoritaires, sabotons l’Union nationale…

Un mauvais sujet,
ennemi de la République et de tous les Etats

Paris, 14 novembre 2015

Le tract au format PDF

[Publié sur indymedia nantes, 15 novembre 2015 à 03h19]

[Besançon] A bas l’armée, 11 novembre ou non !

Un petit aperçu de l’agitation antimilitariste autour de leur célébration nationale et commémorative du 11 novembre…

nonmilitarisaLa veille de leur cérémonie patriotique et militariste du 11 novembre, des slogans contre l’armée et son monde sous forme d’affiches étaient visibles dans Besançon. Certains bandeaux disaient « Refusons leurs guerres, ne les laissons pas en paix », « Contre l’Etat et le capital, Rompons les rangs ! », « L’armée est partout, sa vulnérabilité aussi ! ». D’autres affiches, grand format, exprimaient à peu de choses près la même chose : « Non à la militarisation de nos vies », Ils sont vigies, soyons pirates – Contre l’Etat terroriste », etc…

Tout ceci collait parfaitement au rassemblement anti-militariste qui se tenait dans la rue Battant le jour-même, auquel une petite trentaine de personnes a participé ; certain-e-s ont profité de l’occasion pour diffuser des feuilles d’agitation anti-militaristes diverses aux passant-e-s. Flics et militaires avaient fait le déplacement au cas où le cortège se serait décidé à aller perturber leur commémoration macabre. La patrouille de militaires qui d’habitude protège l’église de la Madeleine chaque dimanche s’est, pour l’occasion, entièrement consacré à surveiller nos faits et gestes.

En espérant être un peu plus nombreux la prochaine fois.

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[Publié sur Indymedia nantes, 13 novembre 2015]