Archives de catégorie : Solidarité dans la révolte & l’attaque

[Paris] Du contrôle d’identité à la taule…. Solidarité !

Aujourd’hui, 14 octobre 2015 deux compagnon-nes passaient en comparution immédiate pour outrage et rebellion apres deux jours de garde à vue et 20 heures de dépot.

Oeil au beurre noir, boitant, avec de nombreux points de suture mais combati-ve-fs illes ne se sont pas prêté-es au jeu que la juge voulait leur imposer. En conséquence cette dernière a refusé de regarder les garanties de représentation fournies par des ami-es present-es et envoyé l’une des accusé-es en détention préventive jusqu’à son procès le 25 novembre. Le second devait sortir grâce à un vice de procéure, les 20 heures maximales entre la fin de sa garde a vue et sa présentation devant le magistrat ayant été dépassées. Mais les flics en ont décidé autrement et l’ont emmené de nouveau en GAV au commisariat de Bagnolet, a priori pour violence.

Refuser de se soumettre à un contrôle d’identité, de donner ses empreintes, de répondre aux questions intrusives du juge, de se plier à l’enquête de personnalité, etc. sont autant de moyens pour tenter de mettre des batôns dans les roues de la justice, de compliquer ne serait-ce qu’un peu le sale boulot des flics.

Le soir-même de cette nouvelle arrestation, un rassemblement est organisé devant le commissariat de Bagnolet, il semble attendu et est empêché à grands renforts de flics, la vingtaine de personnes présentes se fait contrôler, puis relâcher. Ce qui n’a pas empêché de montrer qu’il n’est pas seul face aux violences des flics et d’exprimer notre solidarité.

LIBERTE POUR TOUTES ET TOUS!

Publié sur indymedia nantes, jeudi 14 octobre 2015

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Rassemblement au TGI de Bobigny vendredi 16 octobre à 13h

Suite à l’arrestation de deux compagnon-nes pour outrage et rebellion, et à la comparution immédiate qui s’en est suivie mercredi 14 octobre, l’une est en préventive à Fleury, et l’autre, après une seconde garde à vue de 30h passe en comparution immédiate demain vendredi 16 octobre à 13 heures 30 au Tribunal de grande instance de Bobigny.

Soyons nombreux-ses pour lui montrer notre solidarité !

Rassemblement au TGI de Bobigny

173 avenue Paul Vaillant Couturier

93008 Bobigny

Métro Bobigny Pablo Picasso

16 octobre à 13 heures

Publié sur indymedia nantes, 16 octobre 2015

[Epinay-s/-Seine, 93] Des fois, les contrôles de police se terminent plutôt bien… (8 octobre 2015)

Epinay : des policiers attaqués lors d’un contrôle

Un contrôle a mal tourné jeudi soir à Epinay-sur-Seine. Des policiers sur le point d’arrêter le conducteur d’une minimoto, dans le quartier d’Orgemont, ont été violemment pris à partie par un grand nombre de personnes, a indiqué une source policière. « Ils ont chargé la voiture (NDLR : photo) et frappé les fonctionnaires », ajoute cette source.

Un policier a été blessé à la tête, avec une plaie saignante à l’arrière du crâne, peut-être occasionnée par un coup de barre de fer. Il a été transporté en urgence à l’hôpital. Son coéquipier a également été frappé.

AGRESSION D'UN POLICIER A LA SUITE D'UN CONTROLE

AGRESSION D’UN POLICIER A LA SUITE D’UN CONTROLE A NICE EN 2012

Leur presse – leparisien.fr, 08/10/2015 à 23h28

[Espagne] Actualisation sur la situation de Monica Caballero et Francisco Solar – Octobre 2015

afiche-monicayfranciscoPresque deux longues années ont passé depuis que les anarchistes Monica et Francisco ont été emprisonnés sur des accusations d’appartenance à une organisation terroriste, destructions et conspiration. Durant ce temps-là, ils ont fait face aux cellules d’isolement de différentes prisons espagnoles, le régime FIES et la dispersion, réaffirmant toujours dans les idées et soulignant une fois de plus le fossé infranchissable entre le monde que les anarchistes visent et celui que le pouvoir impose.

Deux ans ça fait beaucoup. Il y a eu le temps par exemple de réaliser deux opération anti-terroristes de plus, en connectant les trois cas à travers les sigles GAC-FAI-FRI et en accusant un total de plus de 25 compagnons de différentes parties de la péninsule pour terrorisme. Il y a eu aussi le temps d’entendre le défi de l’enfermement, celui de la solidarité et de resserrer les liens entre compagnons. Mais au-delà du temps, de ses possibilités et de toutes les tentatives d’obtenir la libération des compagnons, Monica et Francisco sont toujours à l’heure actuelle en détention préventive (les deux dans la prison des Asturies) en attente de jugement.

Bien que la législation espagnole prévoit une durée maximale de deux ans de détention provisoire, l’Etat a la possibilité d’allonger (en faisant valoir une sorte de cas d’exception) de deux ans de plus et signifie donc qu’une personne peut passer jusqu’à quatre ans dans les prisons espagnoles sans procès. Etant donné qu’il reste un mois pour qu’ils accomplissent les deux ans et qu’il n’y a toujours pas de date de procès, il semble que ça sera finalement retardé. Dans ce cas, la Audiencia Nacional doit se prononcer soit pour réaffirmer leur décision de les maintenir incarcérés et prolonger ainsi leur détention de deux ans de plus (et le procès pourrait avoir lieu à tout moment au cours de ces deux années ajoutées), soit pour accorder leur libération en attendant leur procès. Pour cela, ils devraient être transférés à un moment donné à Madrid et comparaître devant la Audiencia Nacional; ça sera à ce moment et en ce lieu qu’ils décideront de la libération conditionnelle possible de nos compagnons. Cette comparution, derrière des portes closes, pourrait se tenir le 13 novembre prochain au plus tard, ou plus tôt.

Bien que la phase d’instruction ait pris fin en juin et que tout semblait être prévu pour un jugement cet automne, la demande récente d’un rapport d’une des parties de l’accusation pourrait provoquer, si celle-ci est acceptée, un retour à la phase d’instruction jusqu’à ce que le rapport soit rédigé, ce qui repousserait dans le temps la date du procès. Maintenant, on est aussi dans l’attente de savoir si cette demande sera acceptée ou rejetée. Rappelez-vous qu’il y a, mises à part celles du bureau du procureur, deux accusations spécifiques qui seront présentées au procès contre nos compagnons ; la municipalité de Saragosse et un témoin de l’explosion dans la Basilique del Pilar qui affirme avoir eu des dommages à une oreille.

A n’importe quel moment, Monica et Francisco risquent de nombreuses années de prison dans ce jugement. Bien qu’ils ne sachent pas encore la quantité exacte d’années que le procureur demandera, puisque le rendu de l’accusation n’est toujours pas sorti, les délits qu’on leur impute implique la réquisition de longues peines.

Il y a encore de nombreuses interrogations quant au domaine extérieur de la légalité, mais il n’est pas exagéré d’affirmer que dans ce bras de fer contre la prison, l’attitude et la solidarité peut ébranler les objectifs de l’Etat à chaque fois que nous réussissons à maintenir le soutien aux compagnons et la détermination à poursuivre la lutte. Comme beaucoup l’ont fait avant, comme beaucoup le font encore, nous continueront à être complices avec tous ceux qui se lancent dans le conflit contre la domination, dans l’incertitude de l’anarchie, sans plus de certitudes que nos propres passions.

Que la lutte continue, que la solidarité s’étende !
Liberté pour Monica et Francisco !
Liberté pour tous les prisonniers anarchistes !
Jusqu’à la fin de l’obéissance !

Quelques anarchistes. Barcelone, octobre 2015

L’adresse actuelle des compagnons :

Mónica Caballero Sepúlveda
Francisco Solar Domínguez
C.P Villabona-Asturias
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Traduit de l’espagnol de contramadriz, 13 Octubre 2015

Solidarité avec Monica et Francisco

[Hambourg, Allemagne] La meilleure solidarité, c’est l’attaque !

155362Samedi 10 octobre vers 20h00 à Hambourg, entre 20 et 40 individus masqués ont attaqué la cour d’appel et le tribunal correctionnel de la Sievekingsplatz. Une quarantaine de vitres de la cour d’appel ont été défoncées et une large partie de la façade a été souillée de peinture rouge et noire. Au moins trois fenêtres du tribunal ont été détruites par des jets de pots de peinture. A la suite de cette attaque-éclair, les flics ont mis la main sur 51 pierres et récipient en verre remplis de peinture. Il y en aurait pour plusieurs dizaines de milliers d’euros de dégâts.

D’après les porte-parole de la police, les assaillants étaient très bien organisés: ils ont bloqué la circulation de la rue avec des poubelles avant d’aller défoncer les édifices judiciaires. De plus, quatre véhicules situés juste devant ont été défoncés (des services judiciaires, policiers et/ou pénitenciaires? sans étonnement, la presse ne le dit pas) .

Tous les assaillants ont réussi à s’échapper avant que la police n’arrive. Une chasse à l’homme a été lancée par les flics avec une douzaine de véhicules de patrouille. En vain. Sur place, des tracts ont été retrouvés, évoquant le procès en cours de 6 émeutiers présumés lors de l’expulsion du squat de la « BreiteStraße’.

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[Traduit librement de la presse allemande]

Solidarité offensive avec les 6 de la ‘Breite Straße’ poursuivis!

[Belgique] Le JOC face à la révolte incontrôlable

Juin 2012. Suite à la répression brutale d’une manifestation anti-fasciste, un rassemblement solidaire devant le Palais de Justice part en manifestation sauvage. Arrivés dans le quartier européen, des manifestants commencent à péter quelques vitres de véhicules appartenant à un fonctionnaire de l’OTAN. Encore avant qu’il y a eu la moindre réaction de la part des forces de l’ordre, des petits chefs de la JOC (mais pas seulement) décident de mettre fin à la manifestation, se scindant des « casseurs ». A une rue de là, ils appellent tout le monde à venir dans un petit parc pour « discuter ». Cependant, l’entrée au parc est interdite à un nombre de manifestants jugés « indésirables ». Quoi qu’il n’y a eu aucune arrestation, le but était clairement de livrer des « éléments incontrôlables » aux flics.

Mars 2013. Nouvelle « manifestation contre les violences policières ». La manif part du centre-ville de Bruxelles et va longer le quartier de Molenbeek. Pas mal de jeunes du quartier rejoignent le cortège. Il n’a pas fallu plus que deux rues avant que le service d’ordre de la manifestation, organisé notamment par les JOC (mais pas seulement), commence à s’en prendre aux enfants qui jettent des boules de neige vers les flics. Quand des manifestants s’interposent, ils se font traiter de « fascistes », de « provocateurs » et de « flics infiltrés » par le service d’ordre. Quand la manif arrive à la hauteur de la Bourse, une centaine de personnes (dont des gens habillés en noir, le cauchemar des partis et des petits chefs, et nombreux jeunes du quartier Anneesens et de Molenbeek, l’autre cauchemar de ceux qui ont horreur d’« éléments incontrôlables ») attaquent une patrouille de police et défoncent quelques flics en civil. Le valeureux service d’ordre, qui devait protéger la manifestation contre des « agressions fascistes », forme un cordon afin d’empêcher les gens de rejoindre à nouveau la Bourse. Comme ils sont alors logiquement pris pour des flics, ils seront passés à tabac par des groupes de jeunes. Dans son communiqué triomphant, le JOC ne mentionne aucun de ces incidents.

Novembre 2014. Affrontements importants lors de la manifestation contre le gouvernement. Le JOC retient de cette journée avant tout la présence de quelques nazillons le long du cortège. C’était sans doute un peu trop compliqué de qualifier les milliers d’émeutiers comme des « fascistes » ou des « provocateurs ».

Mars 2015. Encore une « manifestation contre les violences policières ». Quand la manif traverse les rues de Molenbeek, nombreuses personnes du quartier se joignent au cortège. Si le JOC avait espéré d’agréger que des moutons qui suivent leurs directives, et cela malgré leur coordination étroite avec les services de police, des incidents éclatent : flics en civil pris à partie, patrouille caillassé, un bar de bobos perd ses vitres. Les services d’ordre du JOC, habillés en noir et masqués pour l’occasion, forment des cordons, cherchent à cacher les dégâts pour les caméras des journalistes et se font de nouveau taper par des manifestants.

Octobre 2015. Nouvelle manifestation nationale contre le gouvernement. Cette fois-ci, le JOC est déterminé à s’interposer au moindre incident. Quand la manifestation arrive à la hauteur du Tour de Finances, un groupe de manifestants veut se diriger vers la rue Royale. Avant de se heurter aux lignes de flics, quelques chefs du JOC s’interposent, tentant de convaincre les manifestants de rester dans les rangs. Ils se prennent des claques. Dans un communiqué, le JOC précise qu’il s’agissait d’ « éléments d’extrême droite » infiltrés parmi les dockers d’Anvers (ce qui, selon eux, est une évidence bien connue) et qui leur en voulaient pour leurs campagnes antiracistes (qui, sans aucun doute ni mégalomanie, ont des échos importants dans le port d’Anvers).

Ces quelques éléments pourraient sans doute être complétés, voir nuancés. Ils ne sont probablement et malheureusement pas exhaustives. Et on s’attend déjà à un communiqué fulgurant de leur part pour démentir et qualifier les auteurs de ce petit rappel de « fascistes ». Mais ce n’est pas tellement la question. A notre avis, celui qui travaille ensemble avec les flics, se range immédiatement du côté de l’ordre dès que les choses commencent à échapper à leur contrôle et qualifie tous les autres comme des « fascistes » ou des « provocateurs », n’est qu’un minable politicien. Et on a toujours pensé que cela ne sert à rien d’essayer d’avoir un dialogue avec des politiciens, et pas non plus quand ils endossent les habits de « militants ». Il ne peut qu’y avoir le conflit, tout comme on est en conflit permanent avec l’État, le capital, ses défenseurs et ses serviteurs.

Par contre, ce texte a quand même l’intention d’ouvrir un espace de dialogue. Pas avec les chefs de la JOC, mais entre les rebelles qui se sont heurtés à leurs services d’ordre et leurs manipulations, entre ceux qui ont, dans le passé et dans le présent, collaboré avec le JOC dans l’espoir de renforcer l’offensive libertaire et la lutte sociale, entre ceux qui pensent qu’une perspective révolutionnaire n’est pas l’affaire de partis et de chefs. A ceux-là, ce texte s’adresse comme un appel à la réflexion et à des expressions claires. Il est temps de sortir du marasme que le JOC tente de créer à Bruxelles (et ailleurs peut-être). Les chemins de la lutte auto-organisée, autonome et directe sont nombreux et variés, mais ils ne peuvent plus se croiser avec ceux de ces pompiers de la pire espèce. Sinon, ils perdent leur signification et leur contenu révolutionnaires.

Que le combat contre les fascistes est également le nôtre, cela est clair. Mais notre antifascisme n’est pas celui de la JOC. Notre combat contre la torture policière et la police n’est pas celui de la JOC. Nous luttons contre les fascistes et les flics parce qu’ils font parti de l’État que nous voulons détruire. Nous luttons avec la même vigueur contre tous les autres partis politiques, contre les bureaucraties syndicales, contre les organisations qui veulent toujours étouffer le moindre élan de révolte, contre les chefs qui veulent toujours enterrer la moindre expérience d’auto-organisation. Et contrairement aux chefs des organisations comme la JOC, nous n’allons pas vers d’autres gens pour les faire marcher au pas, nous les rencontrons dans les luttes que nous sommes capables de mener, des luttes caractérisées par l’autonomie, l’auto-organisation, la horizontalité et l’attaque contre ce qui nous opprime. Le fossé entre ceux qui se révoltent, ceux qui sont prêts à lutter, ceux qui sont animés par des désirs de liberté et les militants qui prétendent mener la danse des luttes devient chaque jour plus profond. Et c’est probablement pour le mieux. L’auto-organisation n’est pas seulement la tombe des patrons, mais aussi celle des petits chefs et des organisations réformistes.

Quelques éléments incontrôlables

Publié sur indymedia bruxelles, 09/10/2015

[Olympia, USA] Attaque du poste de police de l’ouest de la ville – 2 octobre 2015

[Le 2 octobre au petit matin à Olympia, le comico de la côte ouest a perdu toutes ses vitres et a été saccagé. Les flics pensent que les assaillant ont agi à un moment propice urant lequel aucun agent n’était résent: soit ils ont regardé à distance et se sont assurés qu’ils aient tous quittés leur poulailler, ou bien qu’ils aient écouté les communications radio des flics. Les dégâts sont conséquents. Des tags antipolice (« ACAB ») et le symbole de l’Anarchie (A) ont été inscrits à proximité. Par ailleurs, les fenêtres de la mairie d’Olympia – qui abrite le siège du service de police d’Olympia, ont été détruites lors de la manif du 5 septembre dernier. Ci-dessous le communiqué de ce joli sabotage anti-police]

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10 octobre 2015

Tôt dans la matinée du mardi 2 octobre, nous avons attaqué le poste de police de l’ouest d’Olympia. Nous avons détruit les vitres, le digicode de sécurité de la porte, collé les serrures, tagué l’extérieur et saccagé l’intérieur avec un mélange de peinture et de liquide de frein. Un tag dit « pas de flics pas d’accusations ». Nos coeurs se sont remplis de joie. Quleques objets contondants, un peu de super glue, un peu de peinture peuvent être trouvés dans les environs de n’importe quel garage (en s’assurant que rien d’incriminant ne soit laissé derrière) ou en mettant un peu de thunes. Un groupe de compagnons de confiance avec un plan peut briser les coeurs des porcs avec une relative facilité, ils sont eux-mêmes trop démoralisés pour nettoyer leur propre porcherie.

Si cela vous a heurté comme quelque chose de « violent », tenez compte du fait que les flics sont les plus racistes et misogynes de tous les assassins de masse.

Nous avons adoré voir la lumière se refléter sur les vitres brisées de la mairie […]. Nous espérons que le poste de police westside restera saccagé, avec ses fenêtres bouchées par des planches, ne laissant pas entrer la lumière du soleil. Nous espérons avec cela que le porc obtient juste un petit avant-goût de la misère qu’ils infligent à des millions de gens en les emprisonnant dans des cellules pendant des années. Nous espérons qu’ils s’immolent à l’intérieur et qu’il n’en reste rien, comme les prisons que nous voulons voir en cendres.

Nous luttons là où nous sommes. Nous espérons que d’autres font la même chose.

Nous attaquons parce que nous voulons communiquer avec vous, parce que nous sommes inspirés à agir contre la police.

Nous espérons que vous agirez de votre propre façon afin de lutter pour un monde sans police.

Manif anti-police prévue le 22 octobre prochain

Manif anti-police prévue le 22 octobre prochain

[Traduit de l’anglais de It’s going down, 10 october 2015]

[Mexique] Les récupérateurs de l’existant

recupdelexistant

Negacion – 2015 – Mexique

Dans le deuxième numéro de cette publication [Negaciòn], nous avons déjà écrit sur le rôle d’intégration dans le système que jouent aussi bien des ONG que divers groupes de gauche et réformistes afin de pacifier des soulèvements et des conflits en assimilant différentes luttes qu’ils dépossèdent de caractéristiques essentielles qu’elles étaient parvenues à acquérir ponctuellement. Nous avons déjà dit que c’est ainsi que le système, au travers de ses programmes d’accompagnement social citoyen intègre dans ses rangs des groupes susceptibles de représenter à l’avenir un danger pour la paix sociale ou la stabilité du pays. Aux cotés des institutions, différents collectifs du spectre de la gauche participent à ce rôle de récupération.

Ce que nous appelons « récupération » est constitué par tout un ensemble : lorsqu’une lutte tendant à se radicaliser se voit intégrée dans le système par des groupes de gauche et d’ONG ; ou alors quand l’État se charge lui-même de cette tâche en utilisant ses propres moyens pour récupérer ces luttes et les placer sous son contrôle, sa surveillance, sa conduite. Cela se produit aussi quand des groupes gauchistes cherchent à prendre part à des luttes conflictuelles en venant y proposer des réformes et des médiations avec l’État et en les rendant ainsi vulnérables au contrôle du système. Il est évident mais nécessaire de souligner que les troupes de choc de l’État jouent un rôle important dans ce processus de récupération et/ou d’assimilation qui suivent les soulèvements ou révoltes. Je citerai quelques exemples pour illustrer le sujet.

Les poussées insurrectionnelles du 1er décembre 2012 ont vu des milliers de personnes prendre les rues de Mexico pour protester contre l’investiture du gouvernement de Enrique Peña Nieto. Les groupes de gauche démocratique, les partis politiques de gauche, des groupes antisystème (y compris la FAM [1]) ainsi que des groupes d’ « intégrateurs » bien connus et de réformistes à outrance telle qu’une bonne partie du mouvement « Yo soy #132 » [2] sont aussi sortis dans la rue, mais toujours avec la devise -parfois de manière indirecte- d’éteindre toute poussée insurrectionnelle et de gérer la révolte tout en apportant de l’eau à leur moulin.

Malheureusement pour eux, les troubles ont pris à ce moment la forme de la révolte ; l’attaque des symboles du pouvoir et l’auto-organisation ont commencé à se propager et les anarchistes sans drapeau, sigles ni organisation formalisée se sont aussi retrouvés aux côtés des autres exploités pour auto-organiser la révolte. C’est cette auto-organisation qui a permis de dépasser les mots d’ordre appelant au « calme » provenant de divers groupes de gauche qui voyaient le contrôle leur échapper manifestement des mains. Quelques collectifs anarchistes ont éprouvé la même chose en constatant que dans ce moment insurrectionnel leur organisation de synthèse ne dirigeait ni ne représentait rien, comme ça avait été le cas en 1936 ou en 1910, que le chaos s’était généralisé et que l’autonomie des exploités, exclus et auto-exclus avait dépassé leurs vieux mots d’ordre, leurs vieux schémas et leurs éminents appels réitérés à l’attente et à l’ »organisation telle qu’il se doit ». Cela s’est confirmé par la suite lorsque les mêmes dirigeants de l’Alliance Anarchiste Révolutionnaire, adhérant à la FAM, ont nié la participation des acrates aux émeutes.

Le premier décembre 2012, la révolte a surgi. Après les émeutes au cours desquelles plusieurs sièges du capital ont été sabotés et de nombreux affrontements ont eu lieu avec la police, des centaines de personnes ont été arrêtées, la plupart provenant de la sphère de gauche et anarchiste. Les habituelles violations des dits droits de l’homme se sont produites et des « condamnations excessives » sont tombées sur les arrêtés. La plupart d’entre eux ont été accusés d’attaques à la paix publique, délit de droit commun qui peut être puni par jusqu’à 36 ans de prison.

A ce moment, le mot d’ordre -particulièrement du mouvement #132- a consisté à réclamer la dérogation de ce délit, qualifié d’anticonstitutionnel et sans fondement juridique. Ce mot d’ordre a conduit à mobiliser des centaines de personnes, des groupes de gauche et d’autres collectifs anti-système, jusqu’à quelque secteur anarchiste.
Quelques semaines plus tard, le 28 décembre précisément, l’assemblée législative du District Fédéral a modifié le délit d’attaque à la paix publique pour le faire passer à un délit sans gravité offrant des possibilités de caution et c’est ainsi que toutes les personnes arrêtées sont sorties, mais en attente de jugement. On a dit beaucoup de choses sur cette réforme. Le #132 s’en est vanté avec ses suiveurs, faisant de ce « changement » une « réussite », un triomphe du peuple et du mouvement social. Pourtant, même si les mobilisations réclamant la dérogation de cette loi avaient exercée une pression minime, nous voyons clairement que la stratégie du gouvernement a répondu à autre chose.

En même temps que ce scénario d’émeutes, de molotov, de mobilisations, d’arrestations et de torture contre les manifestants, le changement de gouvernement a eu lieu dans le District fédéral. Marcelo Ebrad laissait le pouvoir et son successeur – en plus d’être l’ancien procureur de justice de la capitale- policier de l’académie, le docteur Miguel Mancera allait occuper la charge de Gouverneur de la capitale. Ni Ebrad ni Mancera, tous deux de gauche et sociaux-démocrates aussi cupides que progressistes, ne pouvaient partir ou arriver en étant entachés de sang, de discrédit, de tortures et d’arrestations arbitraires ; pas plus d’ailleurs que d’émeutes ou d’encagoulés, armes que leurs adversaires politiques utiliseraient pour leur faire une « mauvaise publicité ».

C’est ainsi que la loi d’attaques à la paix publique a été réformée, un ordre qui à notre avis a été de caractère politique comme réponse à la crise du moment.

A la décision de réformer la loi comme stratégie politique pour s’en tirer plus ou moins « bien » face aux habitants de la capitale, nous pouvons ajouter le fait que cette concession du gouvernement de la ville visait à calmer les esprits chauds des protestataires qui auraient pu en venir au mot d’ordre suivant : libérer les prisonniers politiques. La récupération fait aussi parti de ces intentions. Que ce soit directement ou pas, suite à une stratégie ou par coïncidence, le gouvernement de la capitale est sorti gagnant au moment où la gauche progressiste, les réformistes et particulièrement des groupes comme Yo soy #132 ont célébré cette concession comme une « réussite » et l’ont prise comme une avancée dans la « démocratie du pays », peut-être sans vouloir voir que ça n’était qu’un maillon supplémentaire à la chaine que porte les prolétaires.

Le gouvernement a gagné, puisque cette « réussite » a impliqué la médiation, l’accord et la pacification. Yo soy #132 et le dit « mouvement social » sont passés au silence, à la délégation, au dialogue et à l’accommodement. Le « slogan » de dégager Peña Nieto – bien que fort discutable d’un point de vue anarchiste – qui était parvenu à un moment à faire prendre le mécontentement et avait culminé par de grosses émeutes susceptibles de l’étendre, s’est retrouvé réduit à un tas de pétitions et à la célébration d’un jour de plus sur le calendrier révolutionnaire.

Les groupes de gauche se sont réarrangés, chacun d’entre eux a tiré parti de ce soulèvement et de nombreuses choses sont revenues à la normale. Tous contents avec leur réforme misérable.

Tous contents avec une nouvelle journée à fêter, en espérant que l’année prochaine soit similaire. Les autres récupérateurs ont aussi fait leur boulot – y compris les politiciens de la FAM et d’autres groupes de la même ligne qui ont cherché à profiter de l’occasion- en essayant à tout prix d’inclure les groupes dissidents dans leurs organisations, en continuant d’appeler au calme et à l’attente, en intégrant divers secteurs en lutte dans les jeux du système, dans les programmes sociaux, dans les partis politiques, en traitant les insurgés de vandales, et particulièrement les individualités anarchistes et antisystémiques ayant participé à ces journées de soulèvement populaire. Travail bien fait pour l’intégration – et en quelque sorte pour la canalisation de rebellions et de nouvelles poussées de violence- qui portera ces fruits lors des manifestations suivantes beaucoup moins nombreuses et incontrôlées.

Mais pourquoi ce travail de récupération ?

Simplement parce que ces révoltes qui à un moment criaient le seul mot d’ordre contre l’investiture au gouvernement du dinosaure du PRI ont dépassé non seulement les demandes et les programmes de ces groupes, mais aussi les propres mots d’ordre qu’elles s’étaient donnés. Celle du 1er décembre n’a pas été une révolte contre Peña ni contre le PRI ; même si elle a commencé ainsi, a posteriori dans ces moments de chaos spontané, la phase revendicative habituelle a été dépassée, cette phase revendicative qui stagne, est si facilement récupérable par les réformistes et les partis politiques d’ « opposition » et finit toujours par assassiner les passions de vivre une vie qui vaille la peine. La révolte du 1er décembre a uni la rage des exploités contre ce système d’exploitation, c’est-à-dire contre ce monde et ceux qui l’administrent. Nous avons alors été quelques-uns à questionner l’attitude de nombreux anarchistes qui au cours des émeutes répétaient avec ferveur les consignes répandues, réformistes et contre le PRI, comme si leur participation s’accompagnait d’un manque de perspective et d’un projet clair d’insurrection. Non pas d’une insurrection précisément anarchiste, car elle ne l’était pas, mais d’un projet insurrectionnel tendant à intervenir de manière claire non seulement pour que la révolte se généralise quant à la violence révolutionnaire mais aussi pour que la critique sur les conditions d’exploitation et de mort s’étende à une critique plus générale et donc globale. Une telle généralisation de la critique et de l’attaque ne sera pas donnée par un programme établi au préalable, pas plus qu’avec quelques consignes apocalyptiques – bien que soient nécessaires certaines bases desquelles partir -, mais viendra plutôt du processus même d’auto-organisation des exploités. Avoir une incidence est très différent d’imposer. Et malgré tout de nombreux compagnons y étaient prêts, avec le désir de détruire le présent et d’intervenir pour généraliser le conflit dans toute sa splendeur.

Participer à une révolte populaire ne signifie pas répéter aveuglément les slogans du « peuple » ni les programmes des mouvements sociaux établis. Ces délégations de notre individualité ne nous intéressent pas. Participer à une révolte populaire signifie avant tout un point de rencontre en commun entre individus, c’est proposer une perspective d’un monde nouveau, d’un monde libre de toute autorité ; c’est créer ses propres consignes avec les autres exploités, sans suivre de programmes ni de leaders. Participer à une révolte populaire ne consiste pas à se martyriser pour « la cause du peuple », c’est s’auto-organiser avec les autres, discuter, débattre pour arriver à des points en commun. Participer à une révolte populaire c’est être participants à la première personne et non pas agir comme des moutons qu’on entraine sous des schémas étrangers; c’est avant tout influer sur le cours des choses pour que les motivations de la révoltes et celle-ci même se radicalisent.

L’année 2013 a été une époque de tensions dans la capitale du pays puant; avec la hausse des tarifs du métro, l’auto-organisation des exploités et des opprimés a de nouveau ressurgi démontrant que tout n’avait pas été vilement assimilé et récupéré par l’État.

Des manifestations massives dans la rue, les blocages aux entrées principales du métro, des sabotages aux distributeurs de tickets, des affrontements répétés avec les forces de l’ordre, un climat qui sentait la tension et la poudre. Dans ce contexte, une action contre le STC (Secrétariat des Communications et des Transports) a tenté de propager la reproductibilité et la réappropriation d’actes simples de sabotage. Cette action -comme beaucoup d’autres- a tenté d’apporter sa contribution à une nouvelle généralisation du conflit. Au cours de ces semaines de tension, la rage était auto-organisée, mais aussi spontanée. Un exemple, aussi simple que clair, en a été les centaines de sabotages sur les distributeurs de tickets du métro et le connu « boletazo » [3]. Cela a montré clairement que le sabotage, l’action directe, l’auto-organisation, l’autogestion de la lutte ne sont l’exclusivité d’aucun groupe de spécialistes, et encore moins de politiciens professionnels et de dirigeants. Ce sont avant tout des armes à la portée de tous.

Ce qui a mis un terme à ces semaines de rébellion, a été de nouveau la concession qu’a fait le GDF avec le tarif spécial accordé aux personnes vulnérables, femmes au foyer, étudiants, chômeurs etc. En parvenant à un accord et à la pacification des expressions de révolte qui s’étaient manifestées au cours de ces semaines.

Pour conclure, je dirai que par ailleurs nous avons aussi été responsables de ce qui s’est passé de par nos tiédeurs à l’heure de critiquer de manière perspicace et objective, mais aussi forte et sans médiation ce genre d’organisations récupératrices et gauchistes qui semblent « jouer à la révolution », indépendamment du fait qu’elles travaillent directement avec l’État ou pas et même qu’elles soient anarchistes. Ce manque de caractère critique est en partie ce qui a permis l’avancée de l’oeuvre de récupération et d’intégration de cette sorte d’organisations dont nous savons bien qu’elles ne vont pas céder par une simple critique de leur boulot. Cependant si celle-ci peut éventuellement influer sur la perspective dont les compagnons et d’autres les envisagent, elle peut même retourner le climat d’ »acceptation » existant autour de ces organisations récupératrices de l’existant.

Que dire de l’année 2014 [4] ? Toutes les protestations, les actions et les émeutes dus à la disparition des 43 élèves de Iguala, mais aussi celles visant à la destruction de l’Etat-Capital ont montré que la rage continue sur sa lancée, que la pacification sociale n’a pas atteint les sommets espérés, que cette année les énergies ne vont pas retomber, au contraire. Comme toujours, les conditions sont sur la table. De toute manière, dans ce climat de tension dans la capitale du pays, les récupérateurs de tout poil ont été présents, faisant tout leur possible pour éteindre le feu. Mais contrairement à ce qui a été écrit quelques paragraphes auparavant, j’oserai demander : ont-ils bien fait leur travail ? Peut-être que oui, mais seulement pour l’instant, nous verrons à l’avenir.

Par un insurgé sans velléités de repentir

Notes

1. Federación Anarquista Mexicana

2. Le mouvement Yo soy #132 a été un mouvement politique et étudiant ouvertement réformiste dont la première génération a vu le jour dans l’université privée IBERO, au moment où un groupe d’étudiants manifestait contre le meeting célébré par Enrique Peña Nieto dans cette université dans le cadre de sa campagne présidentielle pour le compte du PRI (Partido Revolucionario Institucional). A ses début, le mouvement #132 avait une nette teinte social-démocrate (influence du PRD, Partido de la Revolución Democrática), mais avec le temps, de nombreuses scissions en son sein ont opté pour un gauchisme plus militant. Certains comparent ce mouvement à celui dirigé par l’étudiante chilienne Camila Vallejo. Il existe un livre sur le #132 qui à nos yeux ne représente rien d’autre que la mythification de ce mouvement.

3. Le blockage ou sabotage des portiques de métro afin que les gens puissent entrer sans payer (NdT).

4. Je recommande la lecture du texte « Conflicto, la disgregacion y la guerra social ».

Publié sans la revue ‘Avalanche’ n°5, Juillet 2015

[Paris] Sans-papiers ? Réfugiés ? Contre le tri et le dépotoir humain

Contre le tri et le dépotoir humain

arton4697-83ef7Vous avez déjà entendu parler du fait qu’il y a à peu près 4000 personnes arrivant actuellement en Europe par jour. Vous avez peut-être déjà aperçu les campements à La Chapelle, à côté de la Gare d’Austerlitz, au Jardin d’Éole, à la Halle Pajol et en d’autres lieux de Paris. Si vous y regardez attentivement, vous avez peut-être pris conscience des expulsions menées par la Mairie de Paris, par ses flics, avec toute l’aide indispensable de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (l’OFPRA), d’Emmaüs, de France Terre d’Asile, des Verts et des autres qui ont pour but d’humaniser le tri des êtres humains que le pouvoir prend pour des déchets. Si votre sens de l’empathie n’est toujours pas éteint face à la poubelle qui nous est attribuée dans ce dépotoir qu’on appelle le capitalisme, peut-être vous vous en êtes indignés, peut-être avez vous même bougés votre cul pour amener de la bouffe, des vêtements ou des médicaments pour ces gens qui n’ont pas tout à fait terminé leur voyage vers l’inconnu, poussés par le désir de fuir un enfer bien familier… On ne peut que saluer la volonté de briser l’indifférence qui côtoie chaque enfermement et chaque expulsion, toujours plus ou moins violents. Dans une telle ville, ou personne ne vaut plus que sa soumission déguisée en « sympathie », on ne peut qu’appuyer toute tentative d’affirmer qu’il s’agit d’individus qu’on laisse pourrir dans la rue. Et pourtant, l’affaire se renverse lorsqu’on apprend à l’exprimer dans la langue du pouvoir…

Car aujourd’hui on nous apprend que si l’on veut être sympa, il faut « accueillir les réfugiés ». Mais que veut dire « réfugié » ? Selon la Convention de Genève de 1951, c’est une personne protégée par l’État accueillant, à cause de la crainte, avec raison, d’être persécuté dans son pays natal. Et qui c’est qui décide si l’on a raison ou non d’avoir peur ? Bah l’État ! Pour obtenir ce qu’on appelle « le droit à l’asile », il faut donc être en danger, et être capable de le prouver avec des documents l’attestant. Donc pour l’être avec raison, il faut que le pouvoir donne sa bénédiction. Même si on dort sous le claquement des armes, il n’y a pas de guerre avant que les Nations Unies ne le décident. Même si tu es à deux doigts de mourir, il faut en avoir une preuve convaincante. Et si l’on crève, il est préférable de le faire en grands nombres pour impressionner les puissants aussi bien que l’opinion publique dont ils dépendent (ou pas).

Mais même si ta misère a fait une bonne impression aux puissants, on va te faire ramper à genoux. Car l’État et les marchands qu’il sert ne balancent pas des « cadeaux » pour rien. C’est un échange, tu vois. Il y a tout un tas de boîtes qui t’attendent à bras ouverts, et ton taf pour trois fois rien va certainement booster l’économie. Et si t’en es pas content, on te fera goûter à nouveau à ton enfer natal, à côté de celles et ceux qui sont triés comme des déchets, parfois recyclables, parfois non. Et il y en aura tant qu’il y aura des frontières. De ceux qui, aux yeux de l’État, ne méritent pas d’être accueillis et qui n’ont donc pas le dit « droit » de ne pas crever sur un barbelé, de ne pas crever sur une autoroute à Calais, de ne pas se noyer dans les eaux turques, grecques ou italiennes comme du bétail négligeable.

Face à la « crise des migrants », pendant laquelle les autorités Européennes se sont décidées, obligées par l’opinion publique, à accueillir un certain nombre de réfugiés, la France, et notamment l’OFPRA, a déjà commencé le tri entre ceux qui sont « en urgent besoin de protection » et ceux qui, selon eux, ne le sont pas ou pas assez, sur une échelle de menace quantifiable en fonction des intérêts géopolitiques du pouvoir et du cours du baril de pétrole. Pour ces derniers, les conséquences sont claires, ça va sans dire. Récemment, pendant une occupation qui a lieu au lycée Jean-Quarré, dans le XIXe, la Mairie a demandé aux migrants de lui livrer une liste de noms distinguant les demandeurs d’asile des sans-papiers (à jamais, on peut supposer), et tout ça en échange d’un hébergement d’urgence (pas pour les sans-papiers, on peut le deviner…).

Malheureusement, en se déclarant solidaires des « réfugiés », on est implicitement complices de cette division et de tout ce qui va avec. On perpétue le tri qui justifie le harcèlement, les rafles, l’enfermement et l’expulsion de ceux qui n’ont pas leurs papiers en règle. En se proclamant solidaires avec une catégorie qui ne peut être définie que par le pouvoir, on est forcement complice de la chasse à l’homme qu’il mène contre les « habituels » sans-papiers et les exclus du « droit d’asile ». « Réfugié » n’est donc pas un synonyme de « migrant ». C’est un terme qui a pour but à la fois de cacher et de justifier la terreur contre les migrants qui ne sont pas sélectionnés par l’État pour devenir ses précieux réfugiés. C’est un terme du pouvoir pour diviser les exploités entre eux, fabriquer des figures de « gentils » (réfugiés, aisés dans leurs pays, de préférence chrétiens, etc.) pour expulser tranquillement les « méchants » (sans-papiers, misérables d’ici comme de là-bas, qui viennent manger le pain de « nos » lardons). Dans un monde qui n’a plus aucun sens, où chacun se recroqueville sur sa petite parcelle d’identité, crever de faim n’est plus un critère suffisant pour recevoir hospitalité et solidarité. Et quelques larmes devant des photos sensationnelles ou la signature d’une pétition suffisent à se donner bonne conscience pendant que la machine à expulser continue son business de mort aux coins de nos rues. Car la misère de ceux qui errent sur cette terre n’est pas une question « humanitaire » ; elle est consciemment produite par l’État et ses marchands, et rendue acceptable par ses gestionnaires pour qui il s’agit d’un business comme un autre. C’est ce que nous appelons « machine à expulser ».

« Réfugié » est donc un mot du pouvoir qui n’a qu’un seul but : séparer les exploités, leur faire croire que leurs intérêts ne sont pas les mêmes, et créer des classes parmi les « méchants » sans-papiers, au-dessus desquels triompherons les « gentils » réfugiés, que la France prendra en charge à perte comme à profit, avec l’humanisme triomphant de la patrie des droits de l’homme et du barbelé. Et quel sort réservera-t-on à ces « sans-papiers » qui ne sont pas éligibles à l’asile ? Le même que d’habitude : Misère, exploitation, centres de rétention et expulsion. Survivre, ça se mérite !

Le problème, ce n’est pas un manque de papiers ou de titres à donner. Non, le problème, c’est qu’on délègue la décision quant à qui les mérite. Car tant qu’il y aura des papiers, il n’y en aura pas pour tout le monde. Tant qu’il y aura des frontières, il y aura ceux qui périront en essayant de les traverser. Tant qu’il y aura des États, cette chasse à l’homme effectuée par ses larbins continuera.

Notre lutte n’est donc pas pour les réfugiés – même s’il ne s’agit en aucun cas de culpabiliser ceux et celles qui en ont obtenu le titre. Notre lutte est contre tous les États et contre leurs frontières qui ne peuvent que mutiler, enfermer et tuer. Un titre de séjour est une manière comme une autre de se démerder dans un monde de merde, mais il n’est pas ce à quoi on aspire. Dans un monde où des papiers équivalent le droit d’exister, imaginer des « papiers pour tous » est impossible. C’est pourquoi nous luttons pour un monde où ils n’auront plus aucune valeur.

Vous nous reprochez d’être trop peu réalistes ? Bien, en l’occurrence, être « réaliste » consiste à perpétuer le massacre tout en cachant ses véritables raisons. Face à une telle réalité on préfère agir tout de suite pour que nos rêves d’aujourd’hui s’en emparent demain.

Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers.

Pour un monde sans frontières, sans flics et sans gestionnaires de la misère.

Sabotons la machine à expulser !

septembre 2015,

Des anarchistes.

Lire / Téléchager le tract au format PDF

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[Tract trouvé dans les rues de Paris, septembre 2015.]

 

[Athènes, Grèce] Solidarité avec les compagnon-ne-s arrêtés et torturés suite à l’attaque du comico d’Exarcheia

exarchia1709-4Le 17 septembre, des compagnon-ne-s appellent à une manifestation anti-étatique, antifasciste, anticapitaliste à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Pavlos Fyssah. Assez tôt, les flics encerclent le rassemblement. La manifestation se dirige vers le commissariat d’Exarcheia qu’elle attaque. Des affrontements de rue s’ensuivent dans les rues d’Exarcheia. Lors de ceux-ci, les flics arrêtent 9 compagnon-ne-s (dont 5 mineurs). L’Etat, les patrons et leurs serviteurs en uniformes montrent leur véritable visage. Bras cassés, dents cassées, coups sur tout le corps, yeux au beurre noir, doigts de pied cassés, voilà les pratiques de la démocratie face aux compagnon-ne-s anarchistes. La plupart des arrêtés sont chargés avec des accusations à caractère criminel [1].

Indépendamment du fait que si quelques uns d’entre-nous ne sont pas d’accord avec le déroulement de la manifestation (son organisation ou son cadre), nous savons que toutes ces tactiques de tortures contre des compagnons et d’accusations lourdes s’inscrivent dans la répression que déchaîne l’Etat contre les compagnon-ne-s anarchistes. Qui peut en outre oublier la décision vengeresse de rejeter la demande de permissions à fin éducative à l’anarchiste Nikos Romanos et la décision tout aussi vengeresse de rejeter la demande de remise en liberté dEvi Statiri. Décisions qui vont à l’encontre des lois qu’eux-mêmes ont adopté. Ils trouveront notre solidarité face à leur répression.

LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME
AUCUN COMPAGNON-NE SEUL DANS LES MAINS DE L’ETAT
SOUTIEN AVEC TOUS LES MOYENS POUR LES ARRÊTÉS DU 17 SEPTEMBRE

Groupe de lycéens anarchistes – Attaque anti-éducative.

[Traduit du grec par non-fides du site du groupe.]

[1Ndt :Plus en détail les accusations sont : utilisation d’explosif (crime), tentative de coups et blessures graves, port d’arme (pierres), trouble à l’ordre public, dommages à la propriété privée, outrage et rébellion. Lors de la comparution immédiate du vendredi 18 septembre, 4 personnes ont été relâchées (en attente de leur procès) et 5 continuent d’être emprisonnées au quartier général de la police d’Attique. Le 21 septembre, les 2 mineurs encore emprisonnés ont été relâchés sous condition et en attente de leur procès (ils doivent pointer tous les 15 jours au commissariat). Les 3 derniers inculpés doivent passer le 22 septembre devant le procureur qui décidera de leur remise en liberté ou de la poursuite de leur détention préventive.

 

[Chili] Au sujet des récentes arrestations pour participation à des émeutes

Ces derniers mois il y a eu une série d’arrestations de jeunes accusé-e-s de participer à des affrontement contre les forces répressives au cours de manifestations, d’actions menées par des personnes encagoulées au sein des universités. Parmi eux/elle, certain-e-s se trouvent désormais sous divers régimes de détention, depuis la résidence surveillée jusqu’à la prison préventive.

Des compagnon-ne-s ont déjà réfléchi au sujet du rôle de la répression sélective de l’État et de comment les puissants essaient de faire perdre du terrain aux diverses formes de conflictualité contre l’ordre établi.

Nous, individus qui nous couvrons le visage et utilisons la violence insurgée contre les oppresseurs comme faisant partie de la lutte multiforme pour la libération totale, nous croyons que cela dépend principalement de nous si nos pratiques de lutte finissent par s’éteindre de façon définitive. Pour cette raison nous voulons partager quelques analyses et réflexions.

1.La situation répressive.

En analysant la situation cela saute aux yeux que le pouvoir a élargi son rayon d’action répressive jusque dans des secteurs qui ne sont pas considérés comme les ennemis internes déjà connus (ex membres de guérillas marxistes non repentis, anarchistes insurrectionnels et mapuches en résistance), afin de semer la peur et la punition parmi les étudiants mobilisés radicalisés et d’autres secteurs qui mènent différentes luttes au sein de la société.

On s’y attendait, et c’était annoncé, dans un contexte de « mobilisations et agitation sociale » où le pouvoir essaie d’imposer les réformes du système comme seule manière de transformer la réalité, à travers les institutions et la voie pacifique et établie par l’ordre démocratique.

Dans ce but, les puissants, en parallèle du déploiement de leur armée communicationnelle et journalistique, ajustent leurs mécanismes légaux, en durcissant la loi de contrôle des armes en parallèle avec la loi anti-terroriste, pour réprimer les rebelles et semer la peur, en cherchant à empêcher les actes de révolte et de violence révolutionnaire.

2. Tout n’est pas surveillé : contre la victimisation et l’idée que tout n’est que montage.

Il y a une grave erreur qui est faite lorsque le pouvoir déploie sa répression, c’est de la laisser s’écouler sans résistance ni offensive de notre part, de même que de penser que l’ennemi nous a tous à l’œil et qu’il est impossible de conspirer, d’attaquer et d’agir violemment contre le pouvoir.

Une notion qui revient souvent c’est celle de combattre l’idée des montages, qui pour certains est le premier discours défensif (qu’on sort presque comme un joker) lorsqu’il faut faire face à la répression. Cette idée est souvent accompagnée de celle de la victime innocente et du « droit de manifester ».

À l’opposé de cela, la posture anarchiste insurrectionnelle et les années d’expérience ici et ailleurs, montrent qu’il est possible de garder une cohérence révolutionnaire tout en refusant les charges et accusations imposées par le pouvoir, sans requérir ni reconnaître la logique du coupable et de l’innocent, propre au langage et mécanismes juridiques crées par les puissants.

C’est aussi important de combattre l’idée des montages à cause de la croyance stupide que toute attaque vient toujours de la police. Bien sûr que la répression a l’habitude de semer des preuves contre ceux à qui elle veut nuire, mais c’est autre chose de rejeter l’idée qu’il y ait des individus qui de façon libre, consciente et autonome décident de s’organiser, élaborer et mener à bien des attaques contre l’autorité et sa normalité.

Notre position n’est pas celle de jeunes étudiants ou « militants sociaux » qui luttent avec les mains toutes propres et manifestent pacifiquement. Nous nous positionnons en tant qu’ennemis déclarés de toute forme d’autorité, prêts à nous organiser afin de fabriquer des cocktails Molotov, dresser des barricades et attaquer la police en masquant nos visages afin de ne pas être reconnus par les yeux de la répression.

3. N’arrêtons pas d’agir

C’est un moment dont il faut savoir profiter afin de nous renforcer comme individus et comme groupes d’action anarchiste.
Le moment est propice à l’approfondissement de notre critique vis à vis de l’ordre social dans son ensemble, en développant concrètement le refus des normes et propositions d’amélioration, repentis et victimisation que la société offre.

Il est tout aussi important de défendre la violence de rue dans les espaces de combat gagnés par des décennies de pratiques d’insurrection, que de l’associer avec d’autres pratiques de révolte dans d’autres espaces, comme l’ont compris et appliqué les compagnon-ne-s qui il y a quelques jours ont dressé des barricades à différents endroits de la ville.

Sans baisser la garde, minimisons les risques et combattons les imprudences. Gardons toujours en tête que la continuité et la prolifération de l’action autonome, par notre capacité de la développer dans le temps et de déclencher la créativité, réside dans la potentialité de l’attaque diffuse et informelle, pour mettre en danger le pouvoir et ne pas faire de nos pas quelque chose de prévisible pour l’ennemi.

Stoppons la peur, le silence et l’immobilisme que le pouvoir essaie d’imposer afin de freiner toute possibilité d’insurrection.

Affûtons l’action et le discours.

Solidarité avec les prisonniers tombés pour violence de rue et avec tous les compagnon-ne-s séquestré-e-s par le pouvoir.

Quelques encagoulé-e-s anti-autoritaires.

Traduit de l’espagnol d’hommodollars par camotazo