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[Notre-Dame-des-Landes] Retour sur l’attaque des journaflics de Fr3 lors de la grande kermesse du 8 octobre sur la ZAD

france-3-zad-8-10-2016-300x169Ce communiqué sur l’attaque des journalistes de FR3 à l’occasion du week-end organisé par les associations citoyennistes contre l’aéroport a été publié dans le Zadnews du 10 octobre.

Le texte qui suit répond à la réécriture du communiqué qui a été effectuée dans le Zadnews et à 2 notes qui se réfèrent à cette action.

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Alors les collabos, ça roule ?
Quelques mots à propos d’une dissociation

On se dissocie. Bien sûr. On se dissocie de vos fêtes, vos kermesses ne nous mettent pas en liesse. Elles participent activement au processus de pacification en cours, à la massification du mouvement où l’on consomme au bar «pour la lutte» afin de se donner bonne conscience. Où on use de bâtons qui se plantent volontiers dans les sols mais ne finiront jamais dans les gueules de la flicaille. On nous baratine avec une rhétorique pseudo-offensive mais nous ne sommes pas dupes. La seule offensive que vous menez c’est contre nos manières de lutter. Nous refusons d’être assimilé-e-s.

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[Paris] Il est temps de rompre les rangs !

Malgré l’élargissement tardif des signataires de l’appel à plusieurs groupes, partis et syndicats de la gauche la plus classique (PCF, NPA, Solidaires…), pas plus de quelques milliers de personnes ont manifesté hier à l’appel de la MAFED, du PIR et de plusieurs personnalités et groupes infréquentables comme les islamistes du groupe Présence et Spiritualité Musulmanes qui appelait aux « manifs pour tous » de 2013 (voir la « Lettre ouverte à ceux qui pensent que participer à la Marche-pour-la-dignité-avec-le-soutien-d’Angela-Davis n’est pas un problème » qui nomme les plus évidemment scandaleux).

Le raz-de-marée de prolétaires des quartiers populaires, qui a servi de carotte pour faire venir l’extrême gauche antiraciste ne s’est pas produit : ni les émeutiers de 2005, ni les dizaines de milliers de marcheurs de 83, ni les 15 000 grévistes des loyers Sonacotra ou les centaines de sans papiers grévistes de la faim des années 70, ni leurs potentiels homologues actuels n’ont répondu massivement à l’appel. Ont répondu présent en revanche, outre les alliés actuels du PIR, ceux-là même que leur hipster en chef, Houria Bouteldja, invective comme étant « la gauche blanche ». En effet, en lieu et place du vrai prolétariat qu’on nous a vendu, on a pu voir défiler entre autre pêle-mêle des drapeaux français, le Front de Gauche et son aile gauche, « Ensemble », le PCF, le FUIQP, Voie Prolétarienne, la JC, quelques élus appelés à scander «parlement, ta race ! », Médine et son camion (qui a servi de scène finale), divers vestiges de l’anti-impérialisme comme Europalestine et BDS, les entrepreneurs pacificateurs de banlieue de « Pas sans nous » et la négationniste Ginette Skandrani, le tout encadré par une corde et une boîte privée de sécurité (S.G.E).

Ceci dit, beaucoup des marcheurs du jour, pris dans la confusion entretenue à cet endroit, n’étaient manifestement pas très au clair sur pour qui et pourquoi ils marchaient et chacun a sans doute pu marcher derrière la bannière de cet œcuménisme racialiste en le prenant pour un fourre tout débonnaire à vocation antiraciste ou une «convergence des luttes » qui se donne l’air sympathique.

Plusieurs modalités de refus de cette première initiative racialiste à prétention massive se sont invités sur les murs de son parcours. Des énoncés critiquant le racisme et le racialisme depuis des points de vue variés mais tous dans une perspective révolutionnaire, piochés dans les textes qui circulent depuis quelques temps sur la question, ont été affichés parfois en grande taille, en hauteur, en couleur sur les murs. On pouvait y lire « Il n’y a pas de races, seulement des racistes », «capitalisme identitaire, nouvel horizon réactionnaire », « Nique la race, vive la lutte des classes »… (voir photos).

Ces affiches ont été recouvertes de gribouillages ou d’inscriptions («une marche pour la dignité non blanche » y a-t-on trouvé inscrit par exemple), recouvertes, arrachées et déchiquetées avec une frénésie qui déparait avec l’ambiance pacifiée et pacificatrice de la manifestation. Ainsi, des affiches « contre les violences d’état » et des portraits de Zyed et Bouna ont été collés pour recouvrir et masquer la critique de l’offensive racialiste et ce qu’elle implique comme refus des enjeux politiques émancipateurs. Que les portraits de deux adolescents tués par la police, sur le visage desquels on peut encore lire la soif de vivre avec inscrit « on n’oublie pas » soient utilisés à cette fin est particulièrement choquant et abject. C’est aussi parce que ces morts et les émeutes de 2005 sont restés dans nos mémoires que ces affiches ont été collées.

Il est particulièrement scandaleux que cette « marche de la dignité » cherche à inscrire les émeutes de 2005 dans son sillage, vu l’union sacré des pacificateurs, religieux, politiciens, élus et communautaristes associatifs qui y ont appelé et qui y ont défilé. On cherche non seulement à identitariser la conflictualité sociale mais aussi à enrégimenter la révolte dans le communautarisme, la politique de la cogestion et la race. Plus encore qu’une simple entreprise de récupération, ce défilé contenait aussi la mise en scène d’un enterrement de 3éme classe de ce que les émeutes de 2005 peuvent contenir de force, de promesses et de menaces contre les différents ordres établis.

Ceux qui étaient là « pour voir » ou qui, malgré ce qui avait été annoncé, en espéraient autre chose ont donc eu le loisir de se faire un avis. A partir de là, continuer à fermer les yeux sur l’avancée de la
dynamique racialisatrice et ne pas s’y opposer n’est plus défendable autrement que comme un choix politique assumé. Chacun sait bien que, dans nombre de groupes qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à cette initiative, des oppositions en interne se sont déjà exprimées : la racialisation est un combat pour lequel tout le monde ne se bat pas la fleur au fusil.

Il est temps de rompre les rangs de la racialisation ! La lutte continue.

Avant / Après la marche

Avant / Après la marche

[Publié sur indymedia nantes, 2 novembre 2015]

[Belgique] Le JOC face à la révolte incontrôlable

Juin 2012. Suite à la répression brutale d’une manifestation anti-fasciste, un rassemblement solidaire devant le Palais de Justice part en manifestation sauvage. Arrivés dans le quartier européen, des manifestants commencent à péter quelques vitres de véhicules appartenant à un fonctionnaire de l’OTAN. Encore avant qu’il y a eu la moindre réaction de la part des forces de l’ordre, des petits chefs de la JOC (mais pas seulement) décident de mettre fin à la manifestation, se scindant des « casseurs ». A une rue de là, ils appellent tout le monde à venir dans un petit parc pour « discuter ». Cependant, l’entrée au parc est interdite à un nombre de manifestants jugés « indésirables ». Quoi qu’il n’y a eu aucune arrestation, le but était clairement de livrer des « éléments incontrôlables » aux flics.

Mars 2013. Nouvelle « manifestation contre les violences policières ». La manif part du centre-ville de Bruxelles et va longer le quartier de Molenbeek. Pas mal de jeunes du quartier rejoignent le cortège. Il n’a pas fallu plus que deux rues avant que le service d’ordre de la manifestation, organisé notamment par les JOC (mais pas seulement), commence à s’en prendre aux enfants qui jettent des boules de neige vers les flics. Quand des manifestants s’interposent, ils se font traiter de « fascistes », de « provocateurs » et de « flics infiltrés » par le service d’ordre. Quand la manif arrive à la hauteur de la Bourse, une centaine de personnes (dont des gens habillés en noir, le cauchemar des partis et des petits chefs, et nombreux jeunes du quartier Anneesens et de Molenbeek, l’autre cauchemar de ceux qui ont horreur d’« éléments incontrôlables ») attaquent une patrouille de police et défoncent quelques flics en civil. Le valeureux service d’ordre, qui devait protéger la manifestation contre des « agressions fascistes », forme un cordon afin d’empêcher les gens de rejoindre à nouveau la Bourse. Comme ils sont alors logiquement pris pour des flics, ils seront passés à tabac par des groupes de jeunes. Dans son communiqué triomphant, le JOC ne mentionne aucun de ces incidents.

Novembre 2014. Affrontements importants lors de la manifestation contre le gouvernement. Le JOC retient de cette journée avant tout la présence de quelques nazillons le long du cortège. C’était sans doute un peu trop compliqué de qualifier les milliers d’émeutiers comme des « fascistes » ou des « provocateurs ».

Mars 2015. Encore une « manifestation contre les violences policières ». Quand la manif traverse les rues de Molenbeek, nombreuses personnes du quartier se joignent au cortège. Si le JOC avait espéré d’agréger que des moutons qui suivent leurs directives, et cela malgré leur coordination étroite avec les services de police, des incidents éclatent : flics en civil pris à partie, patrouille caillassé, un bar de bobos perd ses vitres. Les services d’ordre du JOC, habillés en noir et masqués pour l’occasion, forment des cordons, cherchent à cacher les dégâts pour les caméras des journalistes et se font de nouveau taper par des manifestants.

Octobre 2015. Nouvelle manifestation nationale contre le gouvernement. Cette fois-ci, le JOC est déterminé à s’interposer au moindre incident. Quand la manifestation arrive à la hauteur du Tour de Finances, un groupe de manifestants veut se diriger vers la rue Royale. Avant de se heurter aux lignes de flics, quelques chefs du JOC s’interposent, tentant de convaincre les manifestants de rester dans les rangs. Ils se prennent des claques. Dans un communiqué, le JOC précise qu’il s’agissait d’ « éléments d’extrême droite » infiltrés parmi les dockers d’Anvers (ce qui, selon eux, est une évidence bien connue) et qui leur en voulaient pour leurs campagnes antiracistes (qui, sans aucun doute ni mégalomanie, ont des échos importants dans le port d’Anvers).

Ces quelques éléments pourraient sans doute être complétés, voir nuancés. Ils ne sont probablement et malheureusement pas exhaustives. Et on s’attend déjà à un communiqué fulgurant de leur part pour démentir et qualifier les auteurs de ce petit rappel de « fascistes ». Mais ce n’est pas tellement la question. A notre avis, celui qui travaille ensemble avec les flics, se range immédiatement du côté de l’ordre dès que les choses commencent à échapper à leur contrôle et qualifie tous les autres comme des « fascistes » ou des « provocateurs », n’est qu’un minable politicien. Et on a toujours pensé que cela ne sert à rien d’essayer d’avoir un dialogue avec des politiciens, et pas non plus quand ils endossent les habits de « militants ». Il ne peut qu’y avoir le conflit, tout comme on est en conflit permanent avec l’État, le capital, ses défenseurs et ses serviteurs.

Par contre, ce texte a quand même l’intention d’ouvrir un espace de dialogue. Pas avec les chefs de la JOC, mais entre les rebelles qui se sont heurtés à leurs services d’ordre et leurs manipulations, entre ceux qui ont, dans le passé et dans le présent, collaboré avec le JOC dans l’espoir de renforcer l’offensive libertaire et la lutte sociale, entre ceux qui pensent qu’une perspective révolutionnaire n’est pas l’affaire de partis et de chefs. A ceux-là, ce texte s’adresse comme un appel à la réflexion et à des expressions claires. Il est temps de sortir du marasme que le JOC tente de créer à Bruxelles (et ailleurs peut-être). Les chemins de la lutte auto-organisée, autonome et directe sont nombreux et variés, mais ils ne peuvent plus se croiser avec ceux de ces pompiers de la pire espèce. Sinon, ils perdent leur signification et leur contenu révolutionnaires.

Que le combat contre les fascistes est également le nôtre, cela est clair. Mais notre antifascisme n’est pas celui de la JOC. Notre combat contre la torture policière et la police n’est pas celui de la JOC. Nous luttons contre les fascistes et les flics parce qu’ils font parti de l’État que nous voulons détruire. Nous luttons avec la même vigueur contre tous les autres partis politiques, contre les bureaucraties syndicales, contre les organisations qui veulent toujours étouffer le moindre élan de révolte, contre les chefs qui veulent toujours enterrer la moindre expérience d’auto-organisation. Et contrairement aux chefs des organisations comme la JOC, nous n’allons pas vers d’autres gens pour les faire marcher au pas, nous les rencontrons dans les luttes que nous sommes capables de mener, des luttes caractérisées par l’autonomie, l’auto-organisation, la horizontalité et l’attaque contre ce qui nous opprime. Le fossé entre ceux qui se révoltent, ceux qui sont prêts à lutter, ceux qui sont animés par des désirs de liberté et les militants qui prétendent mener la danse des luttes devient chaque jour plus profond. Et c’est probablement pour le mieux. L’auto-organisation n’est pas seulement la tombe des patrons, mais aussi celle des petits chefs et des organisations réformistes.

Quelques éléments incontrôlables

Publié sur indymedia bruxelles, 09/10/2015