Archives quotidiennes :

[Rennes] Du carnaval à l’émeute contre l’aéroport et son monde (6 février 2016)

D’après une déclaration du préfet, « les dégâts sont importants »: plusieurs agences bancaires et DAB inclus (au moins trois différentes), immobilières (dont ‘Griboire’), mais aussi des agences intérim et d’assurance (‘AXA’) ont reçu peinture et tags, parfois accompagnés de jolies étoiles et lits de verre… Peu de temps après les premières attaques contre les succursales du capital, les flics ont lâché gaz lacrymo et tiré aux flashball en direction du cortège, qui a riposté avec les moyens du bord. Le désordre a dans le même temps poussé la foule de consommateurs à déserter les magasins. Plusieurs lignes de bus passant par le centre-ville ont été. bloquées. Par ailleurs, trois véhicules de flics ont été dégradés; des tags ont été inscrits sur plusieurs murs et bâtiments publics; toujours d’après le préfet, au moins 5 personnes ont été interpellées, un flic légèrement blessé. Le préfet a précisé que de nombreux flics étaient mobilisés ailleurs dans la ville (pas seulement le long de la manif), positionnés durant tout l’après-midi devant les centres commerciaux et des bâtiments de l’Etat pour assurer leurs protections.

Résumé de l’ambiance de l’après-midi dans les rues commerçantes rennaises en quelques photos:

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H-S le DAB

H-S le DAB

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Les escrocs d''AXA Assurances'

Les escrocs d »AXA Assurances’

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Free, Mais ils ont tout compris!

C’était free cet après-midi!

Agence bancaire du 'crédit agricole'

Agence bancaire du ‘crédit agricole’

idem

idem

idem

idem

Nique le travail

Nique le travail

la même

Une agence immobilière

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la même

Une agence intérim

la même

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Rennes : grosses dégradations lors du carnaval anti-aéroport Notre-Dame-Des-Landes

Organisé par un collectif opposé au projet de l’aéroport Notre-Dame-Des-Landes, le carnaval protestataire qui a défilé dans les rues de Rennes a dégénéré. De nombreuses vitrines ont été dégradées et taguées en centre-ville. Des échauffourées ont eu lieu entre émeutiers et forces de l’ordre.

15h : départ du défilé

Peu après 15h, le défilé festif est parti de la place du parlement.

16h : premières dégradations

Arrivé à hauteur de la place de la République, des vitrines de banques et d’assurances sont taguées et des vitres cassées. Après les jets de farine vers les badauds, ce sont des oeufs et de la peinture que jettent les manifestants sur les journalistes, les forces de l’ordre et les vitrines.

17h : des dégâts importants et des interpellations

Après les gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre chargent les émeutiers. Plusieurs d’entre eux sont interpellés. Le centre-ville commence à découvrir les dégâts occasionnés. Les transports en commun sont fortement perturbés. […]

Un arrêté du Préfet

Les autorités craignaient que le rassemblement ne dégénére comme le 25 janvier où une centaine de militants anti-aéroport NDDL avait tagué la mairie de Rennes après s’être réunis. Afin de prévenir tout risque de débordement le préfet d’Ille-et-Vilaine avait pris vendredi un arrêté « interdisant le port ou le transport de tout objet pouvant servir d’arme ».

france3 bretagne, 06/02/2016 à 18h04

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Notre-Dame-des-Landes : « défilé carnaval » anti-aéroport à Rennes

Masques de carnaval, foulards, marionnette de Manuel Valls… Près de mille personnes ont manifesté cet après-midi. Des incidents ont eu lieu.

Près d’un millier de personnes déguisées, 750 selon la préfecture, ont manifesté samedi après-midi au centre-ville de Rennes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et contre l’état d’urgence, les forces de l’ordre intervenant avec des tirs de grenades lacrymogènes au milieu de la foule des promeneurs du week-end, a constaté une journaliste de l’AFP.

Arborant des masques de carnaval ou des foulards autour de la tête de couleur bariolée ou en habits sombres, les manifestants ont défilé avec des marionnettes géantes, dont une représentant le Premier ministre Manuel Valls armé d’un pistolet. Accompagnés de percussions, ils ont scandé « Vinci (nom du concessionnaire du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, ndlr), dégage, résistance et sabotage ».

Le défilé s’était ébranlé derrière une banderole « Quand on arrive en ville », en référence à une chanson de Daniel Balavoine, après un rassemblement-banquet devant le Parlement de Bretagne, avec la participation de membres de la Confédération paysanne.
Un important dispositif de forces de l’ordre, avec un hélicoptère en survol, encadrait la manifestation dont les organisateurs, opposants en Ille-et-Vilaine à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avaient souligné leur intention que le défilé reste bon enfant et leur volonté de ne jeter « que de la farine ».

Après avoir effectivement jeté de la farine en direction des passants à proximité ou des journalistes, des manifestants ont lancé quelques oeufs, dont certains remplis de peinture, sur les forces de l’ordre, et tagué quelques inscriptions. Les forces de l’ordre sont alors intervenues par des tirs de grenades lacrymogènes, en plein quartier commercial du centre-ville, à proximité immédiate des quais de la Vilaine, au beau milieu des badauds, des promeneurs en famille ou des clients des magasins environnants.

Interrompus en 2012 lors d’une première tentative d’expulsion, les travaux de l’aéroport, à 15 kilomètres au nord de Nantes, n’ont pas repris.

lefigaro (afp), 06/02/2016 à 16h57

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500 à 600 militants ont défilé entre la place du Parlement et les quais, taguant la plupart des murs etr des vitirines sur leur passage. Place de la Réupublique, ils ont été refoulés à coups de gaz lacrymogène lorsqu’ils ont voulu rejoindre l’hôtel de ville. Le gros des manifestants a rejoint l’espalanade de Gaulle, en continuant de s’en prendre aux vitrines: celles d’une agence immobilière et d’une banque ont été brisées.

Ouestfrance, 06/02/2016 à 17h32

[Besançon] « Ils sont Vichy, soyons pirates! »

Quelques images des rues de Besançon de ce mois de janvier…

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Le même slogan tagué plusieurs nuits d’affilée.. nique la brigade anti-tags de la mairie…

[Reçu par mail, 06/02/2016]

[Italie] Répression à Lecce et solidarité contre la machine à expulser [Mise-à-jour]

Tags sur la poste italienne à Saronno

Nous apprenons dans la presse que le 27 janvier dernier à Saronno, la façade de la ‘Poste italienne’ située via Manzoni a été recouverte de tags. Le contenu des slogans bombés concernait la lutte contre les expulsions de migrants, orchestrées en partie par ‘Mistral Air’, la lutte contre les centres de rétention (CIE) et la solidarité avec les compagnons de Lecce qui font face à la répression pour s’être opposés à toute cette merde.

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Turin : attaque contre la machine à expulser

15 janvier : pendant la nuit, les DABs des quatre agences de La Poste sont mis hors service. Sur les murs des agences, des tags sont posés : certains en solidarité avec ceux qui luttent contre les CIE, d’autres contre Mistral Air, compagnie aérienne appartenant au Groupe Poste Italiane, qui effectue les déportations de sans-papiers.

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[Traduit de l’italien par non-fides de Macerie.]

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Lecce (Italie) : attaque contre la machine à expulser

Lecce – nous avons détruit deux distributeurs de billets de La Poste italienne, entreprise qui déporte les immigrés des centre de rétention avec sa compagnie aérienne Air Mistral.

Liberté pour ceux qui luttent dans et hors des centres de rétention
Liberté pour tous

[Traduit d’informa-azione par brèves du désordre, 13/01/2016 à 20h15]

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Au fond des yeux

Deux fils, indissolubles et antithétiques, relient des faits et des personnes apparemment lointaines : la guerre et la liberté. Une femme somalienne, morte pendant sont débarquement dans le sud du Salento [dans la région des Pouilles, en Italie ; NdT] est l’énième victime de la guerre totale que le Capital a déclaré contre l’humanité, contre cette partie de l’humanité sur l’exploitation et la souffrance de laquelle il fonde son processus d’accumulation. Partie pour essayer de fuir des conditions de misère, cette femme, comme des millions d’autres êtres humains, est allée à la recherche de sa liberté, qu’elle pensait pouvoir trouver dans cette région du monde où vivent les plus gros responsables des causes qui l’ont obligée à fuir.

Cependant, au moment où elle pensait entrevoir une possibilité, les conditions de la guerre l’ont encore rattrapée, dans les eaux à quelques kilométrés de la côte.

D’autres ont eu plus de chance, apparemment du moins… Arrivés sains et saufs sur la terre ferme, ils pensaient pouvoir satisfaire leur désir de liberté, pour s’apercevoir qu’ils n’ont trouvés, dans le riche Occident, que des conditions d’exploitation et de misère semblables à celles qu’ils avaient abandonné, faites d’exploitation salariale brutale, discrimination, répression… Certains d’entre eux, les plus pauvres parmi les pauvres, à un tel pont qu’ils n’ont même pas les qualités nécessaires pour obtenir un bout de papier qui leur permette de circuler sans devoir se cacher, ont rencontré les camps des modernes démocraties occidentales : les CIE, Centres d’Identification et d’Expulsion. C’est ainsi qu’un langage qui se veut de plus en plus neutre, afin de cacher la brutalité de ses significations, appelle les centres d’internement, en Italie.

Fruit nocif de toute guerre, ces camps n’ont jamais supprimé les aspirations à la liberté des personnes internées, qui, depuis le moment de leur ouverture en 1998 jusqu’à aujourd’hui, ont donné lieu à une série infinie d’évasions, révoltes et destructions, jusqu’à mettre en doute leur existence et leur fonction. Cependant, la tache de détruire ces lieux de l’abomination n’appartient pas seulement à ceux qui y sont enfermés, mais à quiconque haït la guerre et aime la liberté. C’est celle-ci la raison qui a poussé trois manifestants à aller devant les murs du CIE de Brindisi-Restinco, il y a quelques jours, ce pour quoi ils ont été mis d’abord aux arrestations domiciliaires, puis assignés à résidence.

La lutte pour la liberté concerne tous ceux qui sont les victimes de la guerre menée par le Capital et les États qui le servent, une guerre que tous les exploités vivent chaque jour sur leur peau, obligés de fuir des lieux où ils vivent, ou condamnés à survire dans des conditions de misère et d’exploitation dans la partie riche du monde, qui vit d’une richesse toujours plus accumulée par peu de gens au dépit du plus grand nombre. Le fait de défendre la misère des petits privilèges qui nous différencient de ceux qui sont plus pauvres que nous est une des pilules les plus amère que le capitalisme veut nous faire avaler, jusqu’à renier non seulement la solidarité, mais aussi la conscience humaine.

Dans les yeux de ceux qui traversent la mer nous ne devons pas voir, comme le voudraient presse et politiciens, l’ennemi dont nous devrions nous défendre ou le concurrent dont nous devrions nous protéger, mais bien les exploités dans lesquels nous pouvons nous reconnaître. telle est la vrai peur qu’instille en nous l’immigré, le sans-papier, l’ « autre » en général : la peur de reconnaître en lui les mêmes conditions d’exploitation que nous vivons jour après jour. En prendre conscience signifierait, simplement, reconnaître aussi un ennemi commun et cela est le premier pas à faire pour comprendre de quelle coté se ranger. Telle est la plus grande peur de ceux qui nous gouvernent, qui alimentent la guerre entre les pauvres.

Quelques ennemis de toute frontière

15 janvier 2016

[Traduit de l’italien de Finimondo par non-fides.]

NdT

[1] Centre d’Identification et d’Expulsion pour sans-papiers, l’équivalent des CRA français ; NdNF

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Arrestation de trois compagnons pour la lutte contre le CIE de Brindisi

liberitutti-300x224Après une manif de solidarité devant le CIE de Brindisi – Restinco, trois compagnons de Lecce ont été arrêtés sur des accusations de « résistance à agents » et de « manifestation non-autorisée ». Ils sont désormais sous assignation à résidence. Ci-dessous le tract distribué pendant la marche qui a eu lieu le 10 janvier dans le centre-ville en solidarité avec les personnes arrêtées :

« Depuis début octobre 2015, dans le quartier de ‘Restinco’ à Brindisi, un CIE (centre d’identification et d’expulsion pour étrangers) est de nouveau ouvert après que plusieurs révoltes de ceux qui sont enfermés à l’intérieur l’aient rendu inapte à l’utilisation.

Les CIE sont de véritables camps dans lesquels sont enfermés des migrants sans-papiers. La vie dans un CIE est constituée d’harcèlements de militaires et de policiers et de gros bénéfices pour les organismes qui les gèrent : dans le cas de Restinco, c’est « Auxilium Società Cooperativa Sociale* ».

Depuis la réouverture du centre, des compagnons allaient régulièrement devant ses murs pour apporter de la solidarité aux retenus. Après de multiples détentions par la police, trois d’entre eux ont été arrêtés samedi 9 janvier, poursuivis pour « manifestation non-autorisée » et « résistance à agents de police ». Nous réaffirmons que le but principal de la répression est de s’assurer que ce camp reste un lieu de ségrégation totalement isolé et inconnu du plus grand nombre.

Qui est indifférent est complice de ces camps.

Contre les frontières, liberté pour tous, feu aux CIE !!« 

[Traduit par LCNE d’informa azione, Lun 11/01/2016]

NdT: *Sur son site, cet organisme humanitaire se présente comme ceci : « Auxilium Società Cooperativa Sociale gère et développe des services sanitaires et d’assistance sociale et éducative, promouvant l’humain et l’intégration sociale… […] »

Solidarité avec la bibliothèque anarchiste ‘La Discordia’ suite aux « tags » récemment trouvés sur sa devanture

C’est un peu court, jeune homme…

La mauvaise décoration de façade qu’ont pu découvrir, sur la Discordia, passants et participants au débat intitulé « islamophobie, du racket conceptuel au racket politique » le 26 janvier dernier ne pouvait pas manquer de laisser tout un chacun perplexe : « fafs » et « racistes » et deux A cerclés tracés à la bombe. Mais en fait, où est l’insulte, où est la signature ? Le communiqué en forme de mauvais pastiche qui accompagne les gribouillis confirme l’hypothèse : on accuse d’être des « fafs » et des « racistes » et on se revendique de l’Anarchie. Face à l’aberration infamante de ces accusations, on aurait bien envie de s’exclamer…

C’est un peu court jeune homme,

Ah, non ! On pourrait dire… ô dieu… bien des choses en somme

Et de poursuivre, en variant le ton, par un chapelet d’insultes piochées dans l’orthodoxie anarchistes : Blasphémateurs ! Impies ! Athées ! Mécréants ! Apostats ! Sacrilèges ! Hérétiques ! Déïcides ! Apologistes de l’abjuration ! Puis continuer avec quelques slogans fleuris tirés du patrimoine libertaire : Quelques maîtres et surtout un Dieu ! Vive l’oppression et sa religion ! La capote, je sais pas, la calotte, il en faut pour moi ! Le sacré, c’est sacré ! Touche pas à leur religion ! Ce qu’on aime chez les prolos, c’est quand ils sont bigots ! N’attentez pas à ma liberté de prêcher ! Le tout couronné d’une signature plus consistante, qui aurait pu être « des anarchistes pour le respect de la loi de 1905 ».

Mais pour ça, il fallait des lettres, beaucoup plus en tout cas, et s’entrainer à les tracer d’une main un peu plus sûre. De l’esprit, aussi, un peu enclin à la subversion. Ceci étant dit, trêve de confiseries, passons au plat de résistance.

Contrairement à ce que ces « tags » et quelques gros malins voudraient faire accroire aux imbéciles, critiquer la lecture en terme d’islamophobie, ce n’est pas nier l’existence du racisme, des racistes, et des actes racistes. Le racisme s’en est toujours pris aux signes visibles de l’altérité, quels qu’ils soient, religieux ou culturel entre autres. Et, quoi qu’il en soit, son refus théorique et pratique est une nécessité qui n’a certainement jamais quitté ni les organisateurs ni les participants de ce débat.

En revanche, ce qui est nouveau dans la lecture que le terme d’islamophobie implique et impose, c’est qu’au lieu de défendre celui qui est attaqué – l’étranger par exemple – en tant que tel et de s’opposer ainsi à toutes formes de fierté identitaire nationale, communautaire ou appuyée sur d’autres appartenances et aux actes ignobles qui peuvent en découler, on prétend qu’il faudrait le défendre en tant que musulman, faisant de cette catégorie le nouveau sujet politique, et, pire encore, qu’il faudrait défendre l’islam qui serait attaqué à travers lui.

Dans les années 80, ce qui s’est appelé « anti-racisme » a déjà servi à donner un supplément d’âme au PS et à son extrême gauche, et à justifier la politique d’exploitation et de répression des immigrés dont de nouvelles modalités se mettaient alors en place. Mis aujourd’hui au service de la défense du religieux, il a toujours bon dos. Récupération s’il en est… et que deviennent alors les « premiers intéressés » dont on se revendique et qu’on assigne sans vergogne à l’obéissance au religieux ? Quelles perspectives émancipatrices, pour les uns comme pour les autres, dans cette lecture ? A moins que dans un paternalisme complètement décomplexé, l’émancipation par rapport au religieux ne soit réservé qu’aux militants (sans doutes de gauche) et aux étudiants en philosophie, et qu’on l’interdise à ceux au nom desquels on prétend s’agiter, manifester et en l’occurrence, faire ces espèces de « tags » infamants.

De plus, tout en cherchant à discréditer de fait la possibilité de critiquer l’islam en tant que religion, – alors que la critique de la religion (donc de toutes les religions) fait partie des évidences pour ceux qui veulent sérieusement s’attaquer à ce monde dans une perspective révolutionnaire –, la notion d’islamophobie, en substituant la défense de l’islam à celle des immigrés (par exemple), nie la longue histoire de l’émergence de ces derniers comme sujets de lutte, histoire liée à la remise en cause du modèle travailliste et programmatiste promu par la part majoritaire du mouvement ouvrier dans la droite ligne des organisations communistes orthodoxes. C’est donc aussi à ce titre une lecture non seulement réactionnaire mais surtout absolument anti-subversive.

Heureusement, face à cette entreprise de justification du religieux et de négation d’une part essentielle de l’historie du mouvement révolutionnaire, ici et là, un peu partout, des voix commencent à s’élever, des refus s’expriment pour contrer cette vague, dans laquelle la confusion le dispute à la saloperie, et qui menace d’emporter de manière transversale les espaces contestataires au sens le plus large. Travaillons donc l’optimisme, et espérons, comme le nombre et la diversité des participants à la discussion proposée par la Discordia nous permet de le présager, que les cartes seront rebattues et que l’aire révolutionnaire en sortira renforcée.

En attendant, dans le clivage historique qui s’engage, ceux (celui ou celle) qui ont gribouillé la Discordia, ainsi que leurs amis, ont choisi leur camp. Puissent-ils éternellement pourrir d’ennui dans le paradis de leurs nouveaux alliés !

Alors compagnons, camarades, merci pour ce débat, courage et persévérance, on est évidemment à vos côté !

A la vue de ces abus, Cyrano, en terrasse, sirotant un raki, repris, de concert, par le chœur des passants solidaires et associés, s’écrie « J’ai des fourmis dans mon épée ».

Les oiseaux de passage.

[Publié sur indymedia lille, 05/02/2016]

D’autres communiqués en solidarité avec ‘La Discordia’ à lire ici

 

 

[Italie] Des nouvelles du procès contre Billy, Sylvia et Costa [+ Sabotage en solidarité]

DES NOUVELLES DU PROCÈS CONTRE BILLY, SILVIA ET COSTA

Le 13 janvier à Turin a eu lieu la première audience du procès contre Billy, Silvia et Costa, accusés de possession, transport et recel d’explosif et de tentative de sabotage contre le centre de recherche international sur les nanotechnologies d’IBM à Zurich.
Dans la salle il y a eu une présence solidaire de compagnons et compagnonnes venus de différentes parties d’Italie.
Pour appuyer l’accusation, le Parquet a présenté deux témoins : des inspecteurs de la DIGOS [la police politique ; NdT] de Turin qui ont mené les enquêtes ouvertes juste après l’arrestation des compagnons en Suisse. Seulement l’un de ces deux témoins a été interrogé par l’accusation et la défense.
Apparemment, le procès sera plus rapide que ce à quoi on s’attendait, la prochaine audience a été fixée au 2 mars, et y parleront le Proc’ et la défense.
Pour un compte rendu complet de cette audience, voir ici.
Des rencontres de solidarité en vue du procès est ressortie une forte volonté de continuer un parcours de critique radicale et de lutte contre les technosciences. Du 22 au 28 février aura lieu une semaine d’agitation dans toute l’Italie contre les technosciences et le monde qui les produit. Pour le 26 février est prévu un rassemblement contre l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) devant son siège, à Parme. De nombreux rendez-vous sont programmés dans différentes villes d’Italie.

Pour lire l’appel à la semaine d’agitation et pour contact :

silviabillycostaliberi.noblogs.org

[Traduit de l’italien d’informa-azione]

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Trente: relais téléphoniques incendiés en solidarité avec Billy, Sylvia et Costa

« Le 14 janvier nous avons incendié et détruit deux relais à Trente. Nous arrêtons le contrôle télématique (télécommunications et informatique, dT) et la pollution électromagnétique. Pour Silvia Costa et Billy encore sous procès. »

[traduit d’informa-azione, ven, 29/01/2016 – 17:28]

Sarcogyps

« Le coup d’Etat de Juin, ce vampire anonyme,
En vous, tribuns, en vous, bourgeois, s’est incarné,
Et Décembre n’en est que l’enfant légitime.
Ex-bravi de l’autorité,
Frappez-vous la poitrine, et, devant cette bière,
Qu‘amendant le passé, le présent vous éclaire.
Il n’est qu’un talisman pour tous : la liberté ! »

Joseph Déjacque

C’est le 24 juin 1852 que l’anarchiste Joseph Déjacque prononça ces mots. La triste occasion lui en fut donnée par l’enterrement de Goujon, compagnon de lutte et d’exil, mort quelques jours plutôt à Londres. Ses funérailles furent suivies par tous les proscrits français présents dans la capitale anglaise, parmi lesquels se détachaient les ex-chefs de la révolution de 1848. Comme le rappela Gustave Lefrançais, « Ledru-Rollin, Louis Blanc, Caussidière, Félix Pyat, Nadaud, les deux Leroux, Greppo, Martin Bernard — tous ex-représentants du Peuple — marchaient en tête du cortège et se trouvèrent ainsi placés au premier rang de la fosse. »

Lorsque ce fut son tour de prendre la parole pour un dernier salut, Déjacque, l’anarchiste Déjacque, leur cracha au visage tout son mépris. Les parrains du coup d’Etat ne purent y échapper. Soudain muets et effrayés, ils se retirèrent en vitesse. L’un d’entre eux se plaignit quelques jours plus tard de l’ « incartade intempestive » de Déjacque, l’accusant de réveiller les discordes assoupies devant l’ennemi commun. Mais « l’ennemi commun », comme le rappela justement Lefrançais, « c’est tout ce qui, à Londres et à Paris, ne songe à gouverner que pour mieux garantir les privilèges sociaux. »

Eh bien, atroce ironie de l’histoire, ce sont les partisans modernes de l’insurrection d’Etat qui voltigent aujourd’hui autour de la fosse de Déjacque. La maison d’édition La Fabrique a annoncé il y peu qu’elle publiera en mars, sous l’égide de l’universitaire de service, un recueil de textes du proscrit parisien intitulé A bas les chefs ! Son nom sera aspiré dans un sinistre catalogue aux côtés de Marx, Engels, Lénine, Mao, Blanqui, Gramsci, Robespierre, Tiqqun, le Comité Invisible, le Syndicat de la Magistrature, le flic fondateur du Syndicat de la Police Nationale, un médecin auxiliaire de garde-à-vue…

Vous savez ce qu’on dit dans ces cas-là, non ? Par tous les moyens, mais avec un seul but : la grande eau de vaisselle révolutionnaire à même d’annuler toute différence entre autorité et liberté.

[Traduit de l’italien de finimondo par brèves du désordre, 25/1/16]

NdNF:

* Le Vautour royal (Sarcogyps calvus) est une espèce asiatique d’oiseaux charognards. C’est la seule espèce du genre Sarcogyps.

 

L’Etat prévoit de mieux récompenser les balances

Du témoin anonyme au repenti: état des lieux des programmes de protection

snactherParis – Du témoin « sous X » au repenti qui peut changer d’identité, en passant par un projet de nouveau statut de témoin protégé, état des lieux des programmes de protection de personnes coopérant avec la justice.

– LE TEMOIN « SOUS X » –

Jusqu’ici les seules dispositions légales en France sont la possibilité pour un témoin de déclarer comme domicile pour les besoins de la procédure l’adresse d’un commissariat ou d’une gendarmerie, ainsi que le témoignage sous X.

Cette dernière mesure, instaurée par la loi Perben de 2002, permet, lorsque le témoignage « est susceptible de mettre gravement en danger la vie ou l’intégrité physique« , de le recueillir sans que l’identité du témoin ne soit révélée. Cette possibilité doit être validée par un juge des libertés et de la détention.

La révélation de l’identité d’un témoin sous X est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. 

Le témoignage de « Sonia« , qui a dénoncé à la police Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés des attentats de novembre, n’avait initialement pas été recueilli sous X, ont expliqué des sources proches de l’enquête.

En conséquence, l’identité et les coordonnées de cette femme figurent dans le dossier d’instruction. Et la procédure interdit de revenir en arrière en expurgeant ce témoignage du dossier. « On ne peut pas déchirer les PV« , résume une source proche de l’enquête.

– LES REPENTIS –

Changement d’identité, aide au déménagement, nouvelle vie en somme: ce dispositif de protection, bien connu des amateurs de polars, ne s’applique jusqu’ici en France qu’aux « collaborateurs de justice« , c’est-à-dire aux repentis, non aux témoins. 

La loi Perben 2, qui date de 2004 mais dont le décret d’application n’a été publié qu’en 2014, permet au repenti, voire aux membres de sa famille, de bénéficier d’une identité d’emprunt et d’une aide à la réinstallation. Elle est décidée par une commission nationale de protection et de réinsertion. 

Ailleurs en Europe, l’Italie par exemple a eu fréquemment recours à ce dispositif, dès la fin des années 1970 dans les enquêtes sur des actes terroristes attribués à l’extrême-gauche, et ensuite dans les poursuites contre des organisations mafieuses.

– LE FUTUR STATUT DES TEMOINS PROTEGES –

Hasard du calendrier: le cas de « Sonia » repose la question de la protection des témoins alors que le conseil des ministres vient tout juste de valider le projet de loi renforçant la lutte contre le terrorisme, qui prévoit justement de mettre en place un dispositif spécifique. 

Plus précisément, l’article 6 de ce projet de loi dispose que lorsque la vie ou l’intégrité « physique ou psychique » du témoin ou de ses proches sont menacées, ce dernier, ou cette dernière, peut bénéficier de mesures particulières. 

Quand l’enquête porte sur un crime ou un délit passible d’au moins trois ans d’emprisonnement, la justice pourra exiger que l’identité du témoin soit tenue secrète lors des audiences publiques et dans les « ordonnances, jugements ou arrêts« . Le témoin sera alors désigné par un numéro d’identification. 

Il sera aussi possible, dans les enquêtes sur les crimes les plus graves, et lorsque l’audition d’un témoin met en danger sa vie ou celle de ses proches, de lui donner une protection, ainsi que de lui fournir une identité d’emprunt.

Dévoiler cette identité sera passible de jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende, si cela a mené, « directement ou indirectement« , à la mort du témoin ou de l’un de ses proches.

l’express.fr (AFP), 05/02/2016 à 14h57