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Contre tous les Etats et toutes les autorités

Depuis les tueries exécutées le 13 novembre au nom d’un foutu ordre religieux et de sa loi islamique, la loi de la République pèse aussi d’un nouveau poids sur nos épaules et au-dessus de nos têtes : celui de l’état d’urgence déclaré le soir même et prévu pour durer.

La « nouveauté » c’est que l’Etat profite de l’occasion pour saturer l’espace d’uniformes en armes, y compris kaki. C’est aussi qu’il donne officiellement une large carte blanche à tous ses chiens de garde pour défoncer les portes, arrêter, assigner à résidence,pour interdire et empêcher sur le champ tout regroupement sortant de la communion autour du drapeau. Car l’unité nationale et patriotarde exigée au nom de la guerre contre les ennemis extérieurs et intérieurs vient légitimer les nouvelles mesures, en même temps qu’elle vise à étouffer les antagonismes sociaux jusque dans les esprits.

Cependant cette accélération dans la mise au pas de l’ensemble de la société ne peut faire oublier que l’Etat n’a pas attendu que l’un de ses concurrents sème sa terreur pour déchaîner le panel de sa violence institutionnelle contre celles et ceux qui troublent, contestent et combattent la normalité de l’ordre démocratique marchand.

Les dispositifs de surveillance à large échelle, la brutalité quotidienne des interventions de flics, la traque des indésirables, l’enfermement de masse font partie de la routine de la domination. Nous n’oublions pas non plus que tous les jours le pouvoir, quel qu’il soit et sans avoir besoin de la déclarer officiellement, mène la guerre à l’extérieur, à l’intérieur et aux portes des territoires sous sa botte. En témoignent les millions de vies brisées et anéanties par les opérations militaires, par l’implacable avancée du rouleau compresseur capitaliste, par l’existence même des frontières.

Opposer le cours normal des choses au chantage de la peur revient donc à prêcher pour le maintien d’un ordre qui repose sur l’exploitation, la domination et le massacre.

Pour affronter et contrecarrer la volonté d’écrasement de la liberté, y compris au nom d’une pseudo sécurité, il ne peut y avoir qu’une réponse : le combat contre l’autorité et la révolte individuelle et collective contre les lois et les normes qu’elle tente de nous imposer.

Une compagnonne, Lucile, vient d’être condamnée à 3 mois de prison pour ne pas avoir accepté sans broncher l’un des multiples contrôles d‘identité qui menacent les sorties « suspectes » dans la rue depuis bien avant la mise en place de l’état d’urgence. Tout comme elle ne s’est pas soumise au bon vouloir des flics, elle continue à garder la tête haute face à la justice et à l’intérieur de la taule. Ce genre de gestes et d’attitudes viennent rappeler que le misérable quotidien auquel les puissants prétendent nous assigner en nous dépossédant de tout choix sur notre vie ne rencontre pas qu’obéissance, fatalisme et résignation.

Cet exemple parmi tant d’autres rappelle aussi que la solidarité peut aussi consister à trouver des manières de saboter, en solo ou à plusieurs, de jour comme de nuit,les plans guerriers et répressifs du pouvoir,pour continuer à porter haut et fort des perspectives d’émancipation, sans Etats ni frontières,sans dirigeants ni dirigé-e-s, sans préceptes religieux, ni codes moraux, ni codes pénaux.

Liberté et Révolution sociale ? !

[Publié sur nantes indymedia, 6 décembre 2015]

[Paris/Montreuil] A bas tous les soldats !

tract distribué dans les rues de Paris et Montreuil

QU’ILS SOIENT DE DIEU OU DE LA REPUBLIQUE, À BAS TOUS LES SOLDATS !

Des hommes qui tirent froidement contre des gens sans défense et terrorisés, des avions qui bombardent des quartiers entiers, des hôpitaux, des écoles, des armées qui envahissent, pillent, violent. Ces sont des scenarios qui se reproduisent dans le temps et dans l’espace. On fait ça au nom de la Croix ou du Prophète, de la Race, de la Patrie ou de la Nation, de la Démocratie ou de la République. Pour justifier et légitimer ça, ces soldats qui tirent contre la foule, qui conduisent des avions ou qui guident des drones depuis leurs bunkers, ont étés éduqués à considérer la masse de gens à tuer, bombarder, comme des ennemis de la cause qu’ils défendent, comme des infidèles et des pervertis, comme des barbares et des sauvages. Les soldats agissent toujours au nom d’un ordre à défendre, l’imposer ou le défendre par la force est la raison de leur existence, leur éducation à la violence à toujours été accompagné d’une doctrine, d’une idée ou d’une religion. Ils ont appris à obéir et exécuter, sans hésitation, sans scrupule.

Éprouver soi-même, à Paris, l’effroi face à un carnage si systématiquement organisé, la terreur, le sentiment d’impuissance face à la loi des armes, la recherche désespérée des proches, la psychose,  c’est éprouver soi-même ce qui  est vécu par des millions d’autres hommes et femmes dans des nombreux autres endroits du monde, dans d’autres régions, villes et village. Que ce soit en Irak ou au Kurdistan, en Egypte ou au Soudan, en Syrie ou en Palestine, en Lybie ou au Mali, dans les rues d’Ankara ou de Kaboul… C’est la même terreur, produit de la même soif de domination, du même désir de pouvoir et richesse. 

Hommes en costard ou en tunique qui négocient dans des hôtels ou des restaurants de luxe, affairistes du pétrole ou du gaz, des armes ou de l’atome, de la pharmaceutique ou de l’agro-industrie, de l’immobilier ou de la drogue. Managers d’entreprises de prestige et boss mafieux, chefs d’états et cardinaux, imams et narcotrafiquants. Ces sont les grands patrons d’un monde fondé sur l’autorité et l’argent, un monde ou la plus grande partie de l’humanité vit dans la misère la plus totale. Ils se repartissent et ils se disputent tout ce qu’ils appellent « ressources », y compris des hommes et des femmes réduits à l’état de matières premières à exploiter. Ils disposent d’armées et des milices prêtes à imposer leurs intérêts, mais aussi d’armées d’ « experts » (scientifiques, ingénieurs, architectes, communicants, journalistes…) qui assureront le savoir-faire technique et fabriqueront le consentement et la légitimité dont ils ont besoin.

Aujourd’hui on les entend parler de Nation menacée, de Civilisation face à la Barbarie, d’Unité Nationale et d’autres conneries du genre, en même temps qu’ils proclament l’état d’urgence et qu’ils ferment les frontières aux millions des désespérées qui fuient la guerre et la misère qu’ils ont créés. Ils nous ont emportés tous et toutes dans leurs guerres. Le prix c’est notre vie même. Le prix c’est le contrôle qu’ils voudraient illimité par les flics et l’armée.

Restera-t-on toujours spectateurs ou victimes de l’horreur générée par les Etats (démocratiques ou pas, islamiques ou pas), les religions et le marché ?  Ou décidera-t-on de se battre partout et avec tous les moyens qu’on a pour se débarrasser définitivement du pouvoir et des ses armées, pour construire une société libre fondée sur les besoins et les désirs de chacun et chacune, sans chefs, ni patrons ni clergé aucun ? Révoltons-nous, ne cédons pas au chantage de la peur, refusons leur projet de guerre, rompons les rangs.

POUR LA VIE, POUR L’INSOUMISSION, POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE ! 

[Publié sur indymedia nantes, 20 novembre 2015]

[Grèce] Agitation anarchiste en marge des commémorations du 17 novembre

Résumé de l’émeute dans la nuit du 17 au 18 novembre 2015 à Athènes

1711-2Nouvelle journée [1] d’affrontements de rue dans la soirée du 17 novembre à Athènes. Après les commémorations annuelles de la révolte de 1973 contre le régime des colonels à cette période, et une fois la manifestation pacifiste terminée, plusieurs centaines de personnes cagoulées se sont affrontés avec les forces de l’ordre.

Bien que les flics aient réussi à limiter les expressions violentes dans le secteur d’Exarchia, ces affrontements ont duré quelques heures, de 20h jusqu’à l’aube du 18 novembre. Les émeutiers ont utilisé tout le matériel disponible pour attaquer les escadrons de la police anti-émeute et des groupes de civils qui avaient inondé les rues du centre: pierres, bâtons, molotovs, feux d’artifice, etc…

Parmi l’émeute, on note l’expropriation en masse d’un magasin de la chaîne de supermarché ‘Bazaar’, situé dans la rue Soultani, qui a fini complètement pillé et détruit.

A notre connaissance et après vérifications, les flics ont arrêté au moins six personnes, mais nous n’avons pas plus d’informations sur les poursuites à leur encontre.

LUTTE DE RUE CHAQUE JOUR ET PARTOUT!

LE DECEMBRE NOIR APPROCHE!

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Traduit de l’espagnol de contrainfo, 20 noviembre 2015

NdT:

[1] Le 12 décembre 2015 à Athènes, des émeutes ont éclaté en marge de la journée de grève générale. Avant le départ de la manif du matin, des compagnons cagoulés ont chassé un groupe de flics qui patrouillaient à pied près du musée dans la rue ‘Patision’: un uniforme a reçu des coups. Un peu plus tard, alors que la manif tournait en direction de la rue ‘Stadiou’, des compagnons remarquent qu’un supermarché de la chaîne ‘Bazaar’ n’est pas fermé, et ce malgré la grève générale. Très vite, les portes et vitres sont brisées, les portiques anti-vol à l’entrée sont  défoncés, et finalement, les responsables du magasin décident de baisser les stores. Un peu plus loin, une camionnette de la société de télécommunications ‘OTE’ est incendiée, tandis que le mobilier urbain (arrêts de bus, panneaux de signalisation…) le long de la rue ‘Stadiou’ est détruit par des enragés cagoulés. Des tags anarchistes jonchent également le parcours. Au carrefour de la rue ‘Stadiou’ et ‘Vasileos Georgiou’, les flics anti-émeute qui protégeaient l’hôtel de luxe ‘Gran Bretaña’ se font canarder de cocktails molotov. Même chose pour le Ministère de l’économie situé en bas de la ‘place Syntagma’. Devant le parlement, le drapeau grec est retiré puis brûlé un peu plus tard, (l’intervention de quelques merdes patriotes n’y changera rien).Rue Panepistimiou’, alors que la manif arrivait à sa fin, une attaque incendiaire vise la ‘Banque de Grèce’ et de nouveau quelques affrontements avec les flics éclatent. Il n’y a pas plus d’infos sur les manifestants blessés et/ou arrêtés.

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[Publication] Jusqu’à sa mort, l’Etat restera notre ennemi !

abasletatJour après jour, l’Etat perfectionne ses moyens de contrôle et de surveillance sur la population (accroissement du nombre de caméras, mises en circulation de nouveaux papiers à puce et biométriques, drones, fichage ADN…). Les moyens technologiques que l’Etat applique sur chacun d’entre nous sont l’illustration de sa crainte des révoltes qui peuvent secouer la vie paisible des dominants. A chaque période de l’histoire, le pouvoir a toujours brandi le spectre d’un ennemi intérieur – qu’il utilise pour faire peur aux citoyens et susciter leur aval – dans l’optique de renforcer sa propre sécurité, autrement dit la protection de l’ordre social. A ce jour, c’est le « barbu islamiste » (même isolé) qui lui sert d’épouvantail pour passer en rafale des lois scélérates. On peut ainsi parler des lois antiterroristes depuis janvier 2015 et l’attentat à « Charlie Hebdo » (qui ont déjà été énumérées dans le « Séditions n°2 »). Le 18 septembre dernier, un fraudeur qui s’était enfermé dans les toilettes d’un train ‘Thalys’ pour se rendre à Paris a fait les frais du terrorisme d’Etat : des centaines de flics avec un hélico sont intervenus pour évacuer la gare de Rotterdam. Le trafic ferroviaire a même été bloqué. Le crime commis : vouloir voyager librement, sans passer par la case guichet ! Autrement dit, c’est une parfaite illustration de cette guerre aux pauvres. Mi-octobre, l’Etat a étendu – dans le cadre légal – les pouvoirs des flics et des milices des transports (SNCF, RATP) : contrôles des bagages, « palpations de sécurité », fouilles au corps leur seront désormais possibles. Jusqu’à maintenant, policiers et gendarmes ne pouvaient fouiller les bagages de passagers qu’en cas de « délit » avéré et les inspecter qu’avec leur consentement. Et si tu ne te plies pas aux ordres des gardiens de l’ordre, l’accès au train t’est refusé. La collaboration entre les différents services de répression se renforce, comme en atteste les entraînements des agents de sécurité de la SNCF auprès des militaires pour mieux mater les récalcitrants. Bientôt, l’Etat développera l’utilisation de drones pour accroître la surveillance des infrastructures dites ‘sensibles’ (la gendarmerie sera la première à en être pourvue). La SNCF a déjà prévu d’en utiliser de nuit pour lutter contre le sabotage sur les milliers de kilomètres de lignes ferroviaires, qui sont autant de points névralgiques pour le bon fonctionnement de la circulation fluide des marchandises, humaines comme matérielles.

Tous ces innombrables moyens de surveillance sont étroitement liés à la guerre que l’Etat mène contre les migrants.

Le 12 septembre dernier à Besançon, des militants internationalistes ont appelé à un rassemblement pour l’accueil des réfugiés (plus précisément sous le slogan « Bienvenue aux réfugiés »). D’abord, il est important de rappeler que celui qui est reconnu comme « réfugié » est celui qui vient d’un pays en guerre que l’Etat (« d’accueil ») a reconnu comme tel. C’est lui qui décide si oui ou non tel ou tel migrant mérite le statut (« d’asile politique », « de réfugié »). Et c’est aux organismes caritatifs (Emmaüs, la Croix-Rouge , etc…) que cette mission de triage est, entre autre, confiée. Ces statuts, construits de toutes pièces par l’Etat, tentent de semer des divisions entre migrants dans leur quête de ce fichu bout de papier. L’obtention de ce « laissez-passer » ne peut pas être considéré comme un objectif en soi. En tant qu’anarchistes, nous sommes pour en finir avec les Etats et leurs papiers, leurs barrières fictives et réelles que les dominants dressent entre les êtres humains à travers le monde.

Besançon, octobre/novembre 2015

Besançon, octobre/novembre 2015

Par ailleurs, la crainte de l’Etat se trouve dans l’aspect incontrôlable de l’immigration : les missions de fichage des migrants par les uniformes militaires et humanitaires, leurs coordinations au niveau européen à travers l’agence FRONTEX sont là pour y remédier.

C’est donc sans surprise que cet appel a été facilement récupéré par le pouvoir local (dans son journal, le maire PS de Besançon reprend cette mobilisation pour les « réfugiés » à son compte en y mettant une touche de chauvinisme). Quoi de plus normal, après tout, lorsque les « militants » se placent sur le même terrain que celui du pouvoir. L’Etat et les mairies vont encore plus loin, en déclarant accueillir un nombre limité de migrants victimes de la terreur imposée par Daesh. L’Etat fait appel à la charité des citoyens, les transformant en bénévoles caritatifs. Le migrant est considéré comme une victime et un être dépendant, qu’il s’agit d’intégrer à la société et à rendre productif. Bien évidemment, ces quotas ne sont rien d’autre que de l’immigration choisie : ils rentrent dans les plans de l’Etat lorsqu’il s’agit de trouver de la main d’oeuvre dans des secteurs techniques tels que l’informatique (En Allemagne, le gouvernement a d’ores et déjà annoncé régulariser des migrants syriens pour leurs grandes compétences et connaissances en ce domaine). Pourtant, la machine à expulser de l’Etat n’a jamais aussi bien fonctionné : les rafles qui se font en collaboration entre contrôleurs et agents de sûreté de la SNCF, police aux frontières, etc… ; les sans-papiers renvoyés par la force dans les charters d’Air France ; les procédures d’expulsions contre des familles et de leurs enfants (scolarisés ou non, on s’en fiche!) en sont des démonstrations quotidiennes. Ses flics et fonctionnaires continueront à s’acharner contre ceux qui d’une manière ou d’une autre, défient l’Etat et ses lois ; qui, comme tant d’autres – toujours plus nombreux, avec ou sans papiers – n’ont d’autre choix que l’illégalité pour survivre…

Soutenir les sans-papiers par la récolte de vêtements, de nourriture et de thunes lors de soirées concert est certes louable, mais qu’en est-il de notre attitude face aux institutions qui participent à leur tri, à leurs expulsions, à leur enfermement ? On continue à les laisser en paix ou on prend le problème à bras le corps en les attaquant ? C’est là que se posent les limites inébranlables entre ceux qui veulent briser les fondements de ce monde dans une perspective révolutionnaire et ceux qui cherchent à rendre l’existant plus supportable et donc à le préserver. L’auto-organisation entre dominés (concernant le logement, la bouffe, la débrouille au quotidien) est bien sûr plus que nécessaire, mais elle n’a de sens que si elle s’accompagne en même temps de pratiques offensives contre les structures du pouvoir qui oppriment, enferment, expulsent et éliminent tous ceux considérés comme nuisibles ou superflus à la marche en avant du capitalisme et à la stabilité de l’Etat.

Pour revenir à ce rassemblement, quelques anarchistes ont cependant été présents pour distribuer un tract intitulé « Ni Etat ni charité – Solidarité active avec tous les sans-papiers », histoire de donner un autre son de cloche que celui des organisations d’extrême-gauche qui distribuaient leurs programmes politiques. On peut le lire à cette adresse

[Extrait du journal ‘Séditions n°5’ / Novembre 2015]

[Publication] Ni de leur guerre, Ni de leur paix !

« Nous devons anéantir les ennemis de la République… et déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française »
Manuels Valls, Premier ministre,
14 novembre 2015

S’il faut reconnaître une certaine continuité à la République française, c’est bien celle des assassinats de masse. De la Terreur d’Etat de 1793-94 qui a justement donné naissance au mot terrorisme jusqu’à l’écrasement des insurgés de 1848 et de ceux de la Commune de 1871 ; de la colonisation ou la déportation des Juifs permise par des fichiers antérieurs jusqu’aux massacres de manifestants algériens en 1961 en plein coeur de Paris, toutes les Républiques françaises ont massacré sans compter pour que des puissants continuent de dominer et d’exploiter tout le monde. La République française est une montagne de cadavres dont l’ordure qui en constitue le sommet n’a pu se maintenir en place qu’en écrasant ses véritables ennemis, les révoltés et les révolutionnaires qui se sont battus pour un monde de justice et de liberté. L’ «âme française», si cette connerie sans nom pouvait jamais exister, serait un placard bourré à craquer de voix criant vengeance contre les bourgeois, les politiciens, les flics, les militaires et les curés qui les ont piétinées pour asseoir leur pouvoir.

Ah, mais tout ça c’est du passé. Non ? Des décennies de participation citoyenne, d’intégration marchande et de dépossession généralisée ont-elles vraiment fait oublier à ceux qui gardent encore un brin de sensibilité, que tirer dans le tas n’est pas l’exclusivité de lointains terroristes ? Que depuis quelques années l’Etat français a fait son grand retour sur la scène internationale du terrorisme étatique, en multipliant ses attaques militaires aux quatre coins de la planète (Libye, Mali, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Somalie, Centrafrique, Irak, Syrie) ? Le prétexte change à chaque fois, mais les raisons restent les mêmes : garder le contrôle de ressources stratégiques, gagner de nouveaux marchés et zones d’influence, préserver ses intérêts face à ses concurrents, éviter que des insurrections ne se transforment en expérimentations de liberté. Et s’il en était encore besoin, des avertissements sont même lancés pour prévenir les indolents que cette logique de guerre ne connaîtra pas de limites territoriales : la mort d’un manifestant l’an dernier à Sivens ou les corps criblés d’éclats de ceux de Notre-Dame-des-Landes et de Montabot rappellent que les grenades offensives en kaki n’hésitent pas, ici non plus, à être lancées contre des foules pour semer la terreur.

Car qu’est-ce que le terrorisme, sinon frapper dans le tas de manière indiscrimée pour tenter de préserver ou conquérir le pouvoir ? Un peu comme le font les riches en tuant et mutilant quotidiennement des millions d’êtres humains au travail au nom du fric qu’ils tirent de leur exploitation. Un peu comme le font les industriels et leurs laquais en blouses blanches en empoisonnant durablement toute vie sur terre. Un peu comme tous les Etats qui enferment et torturent à petit feu les exclus de leurs paradis marchands et les rebelles à leurs lois en les enfermant entre quatre murs pendant des années. Un peu comme ces grrrandes démocraties qui ont fait de la Méditerranée un cimetière peuplé de milliers d’indésirables ayant eu le tort de ne pas disposer du petit bout de papier adéquat. Mais la paix de l’Etat et du capitalisme est à ce prix. La paix des puissants, c’est la guerre contre les dominés, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

Le 13 novembre à Paris, la règle du jeu a été respectée. Qu’il se baptise islamique ou république, califat ou démocratie, l’Etat reste l’Etat, c’est-à-dire une puissance autoritaire dont la violence de masse s’applique contre tous ceux qui ne se soumettent pas à son ordre souverain. L’un des principes de tout Etat est de ne reconnaître que des sujets. Des sujets qui doivent obéir à des lois dictées d’en haut, c’est-à-dire tout le contraire d’individus libres qui peuvent s’auto-organiser sans dirigés ni dirigeants. Des bombardements de Dresde et Hiroshima jusqu’aux villages du Vietnam passés au napalm ou ceux de Syrie sous des barils de TNT, les Etats n’ont jamais hésité dans leurs sales guerres à sacrifier une partie de leur propre population, ou celles de leurs concurrents. En frappant des passants parisiens au hasard pour punir leur Etat, les petits soldats de Daech n’ont fait que reproduire l’implacable logique de leurs concurrents. Une logique terrible, aussi terrible que peut l’être tout pouvoir étatique

L’état d’urgence décrété en France depuis hier, mesure de guerre intérieure d’un gouvernement qui place le pays en adéquation avec sa politique de terrorisme international, n’est qu’un pas de plus dans la praxis de base de n’importe quel gouvernement, visant à la normalisation forcée de la vie, à sa codification institutionnelle, à sa standardisation technologique. Parce que si l’Etat regarde le futur, que voit-il ? Des cracks économiques, un chômage de masse, un épuisement des ressources, des conflits militaires internationaux, des guerres civiles, des catastrophes écologiques, des exodes de population… Il voit en somme un monde toujours plus instable, où les pauvres sont toujours plus nombreux et concentrés, un monde suintant de désespoir, qui se transforme en énorme poudrière, en proie à des tensions en tous genres (sociales, identitaires, religieuses). Un monde où l’allumage de la moindre étincelle, quelle qu’elle soit, ne doit pas être tolérée par une démocratie toujours plus totalitaire. Alors, tout comme « citoyen » est l’autre mot pour « flic », la « guerre au terrorisme » signifie avant tout la guerre contre tous ceux qui rompent les rangs du pouvoir. A tous les insoumis de la pacification sociale, à tous les déserteurs des guerres entre puissants et autoritaires, sabotons l’Union nationale…

Un mauvais sujet,
ennemi de la République et de tous les Etats

Paris, 14 novembre 2015

Le tract au format PDF

[Publié sur indymedia nantes, 15 novembre 2015 à 03h19]

[Besançon] A bas l’armée, 11 novembre ou non !

Un petit aperçu de l’agitation antimilitariste autour de leur célébration nationale et commémorative du 11 novembre…

nonmilitarisaLa veille de leur cérémonie patriotique et militariste du 11 novembre, des slogans contre l’armée et son monde sous forme d’affiches étaient visibles dans Besançon. Certains bandeaux disaient « Refusons leurs guerres, ne les laissons pas en paix », « Contre l’Etat et le capital, Rompons les rangs ! », « L’armée est partout, sa vulnérabilité aussi ! ». D’autres affiches, grand format, exprimaient à peu de choses près la même chose : « Non à la militarisation de nos vies », Ils sont vigies, soyons pirates – Contre l’Etat terroriste », etc…

Tout ceci collait parfaitement au rassemblement anti-militariste qui se tenait dans la rue Battant le jour-même, auquel une petite trentaine de personnes a participé ; certain-e-s ont profité de l’occasion pour diffuser des feuilles d’agitation anti-militaristes diverses aux passant-e-s. Flics et militaires avaient fait le déplacement au cas où le cortège se serait décidé à aller perturber leur commémoration macabre. La patrouille de militaires qui d’habitude protège l’église de la Madeleine chaque dimanche s’est, pour l’occasion, entièrement consacré à surveiller nos faits et gestes.

En espérant être un peu plus nombreux la prochaine fois.

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[Publié sur Indymedia nantes, 13 novembre 2015]

[Publication] Séditions n°5 – Novembre 2015

Le numéro 5 de ‘Séditions’ vient de paraître.

Consulter tous les textes du 5ème numéro de 'Séditions'

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Le site pour consulter tous les anciens numéros: seditions.noblogs.org

[Reçu par mail]

[Montreuil, 93] Récit de l’expulsion du 6 rue de la Renardière – 28 octobre 2015

AUCUNE EXPULSION N’EST « NORMALE »

Le squat du 6 rue de la Renardière, à Montreuil, a été ouvert en mars dernier par quelques personnes qui avaient besoin d’une maison, l’envie de vivre à plusieurs et de ne pas dépenser des fortunes chaque mois pour se payer quelques mètres carré. La maison était à l’abandon depuis plus d’un an, mais comme souvent, dès qu’elle a été habitée, la propriétaire s’est empressée d’essayer d’expulser les occupant-e-s. Lors du procès pour demander l’expulsion, elle est allée mentir sans aucune honte sur ses intentions, en prétextant vouloir loger sa mère dans la maison, alors que dans le quartier tout le monde savait que son projet était de faire détruire la maison et faire des thunes en construisant un immeuble de locations, notamment avec la perspective d’une flambée des loyers avec l’agrandissement de la ligne 11 du métro. Sans surprise, les juges ont décidé de l’expulsion des squatteur-euse-s.

Mercredi 28 octobre, à quelques jours de la trêve hivernale (qui permet théoriquement/légalement aux personnes expulsables d’avoir un répit entre le 1er novembre et le 31 mars), la préfecture a envoyé des dizaines de flics expulser le squat de la Renardière…

Vers 11h30, des dizaines de flics anti-émeute, notamment du GSO-93 (Groupe de soutien opérationnel, équivalent des Compagnies de sécurisation et d’intervention créées pour « les interpellations délicates ») et de nombreux bacqueux débarquent avec pas mal de matos. La maison est barricadée, et six squatteur-euse-s sont déjà sur le toit quand les flics arrivent.

Les barricades tiennent une vingtaine de minutes et les flics finissent par entrer dans la maison. Dehors, des personnes solidaires commencent à arriver, et de premières frictions avec la flicaille qui boucle le quartier ont lieu.

Sur le toit, même si un bacqueux en bas tient en joue le toit avec son LBD-40 (flashball à longue distance), l’ambiance et bonne, et il y a de quoi tenir (à boire et à manger). Des slogans sont criés, souvent en choeur avec les gens en bas, qui regroupent désormais plusieurs dizaines de personnes (des copains, des copines, des voisin-e-s, des gens du quartier, notamment des Roms elles et eux aussi menacé-e-s d’expulsion, au 250 boulevard de la Boissière) :
– « Grève, grève, grève des loyers, et crève, crève les flics et les huissiers »
– « Les loyers sont chers, occupation ! Et les maisons sont vides, occupation »

En bas, des slogans sont lancés contre les expulsions et contre les flics. L’hostilité envers ces derniers est palpable, la solidarité avec les squatteur-euse-s aussi. Des tentatives de blocage du boulevard de la Boissière sont repoussées violemment par les flics, qui jouent de la gazeuse au moindre mouvement, des poubelles sont renversées en travers de la route. Les bacqueux sont hyper agressifs, tendus et stressés par la situation.

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Après avoir difficilement défoncé les velux par lequel les squatteur-euse-s étaient passé-e-s, les flics se mettent à défoncer le toit depuis l’intérieur ! À coups de marteau, les tuiles sautent, tombent chez les voisin-e-s… Les flics scient des poutres du toit, défoncent tout à l’intérieur, abattent la quasi-totalité des murs, et plus le temps passe plus les trous dans le toit s’agrandissent…

Plusieurs flics essayent de faire descendre les squatteur-euse-s en jouant de la menace et de l’insulte aussi bien que de la manipulation grossière.

Face à la détermination des six personnes sur le toit, des renforts arrivent peu à peu côté répression : les pompiers dans un premier temps, avec de nouvelles échelles ainsi que des caméras et des appareils photo ! Puis, la BRI anti-commando (Brigade de recherche et d’intervention, dite « Antigang ») ! Les chefs du GSO-93 insisteront alors pour qu’on descende de nous-mêmes, agacés de devoir être remplacés par « l’élite » des flics pour le clou du spectacle alors que ça fait près de quatre heures qu’ils sont là. En vain.

Les quelques flics de la BRI anti-commando descendent les six personnes du toit, une à une, vers 15h15, directement par un des grands trous effectués dans le toit…

AUCUNE BRUTALITÉ POLICIÈRE N’EST « NORMALE »

Dans la salle en-dessous, à l’abri de tous les regards, une meute d’abrutis du GSO-93 tabassent les six squatteur-euse-s les un-e-s après les autres, à cinq ou six contre un-e, étranglement, étouffement, torsions des bras et coups dans le ventre, dans les côtes, dans les jambes, dans les parties génitales pour certains, et malgré les « pas dans le visage, faut pas laisser de traces » lancés par un des chefaillons, plusieurs coups partent dans la face aussi. Une ambiance de terreur courte et intense… « Bravo les gars, c’est bien ! » entend-t-on de la part d’un chef à l’adresse de la meute.

En bas, dans le jardin, toujours à l’abri des regards, les squatteur-euse-s sont menotté-e-s et malmené-e-s, insulté-e-s et à nouveau frappé-e-s. L’exercice de terreur se poursuit tranquillement. Certains des sacs sont découpés et vidés sur place, des affaires personnelles volées ou jetées (vêtements, sacs de couchage, appareil photo, livres – ces derniers ont été retrouvés plus tard dans une poubelle !).

Les flics emmènent alors les six squatteur-euse-s vers deux véhicules de police, toujours à base de coups, d’insultes et de petites tortures. Cinq personnes sont emmenées en simple vérification d’identité, tandis que le sixième est placé en garde-à-vue pour « outrage » (un grand classique, l’accusation passe-partout…).

Les cinq sortent du comico de Montreuil au bout de quatre heures, tandis que le sixième est sorti de gardav’ le lendemain midi avec un rappel à la loi.

LA BANALITÉ N’EST PAS UNE FATALITÉ

Ces brutalités policières, à base de tabassages en scred’ à cinq sur un-e avec les encouragements des collègues à côté, sont choquantes à vivre. Elles sont pourtant banales. Mais tout aussi quotidiennes qu’elles soient, elles restent révoltantes.
Comme d’autres brigades, les flics du GSO-93 semblaient rodés, habitués à ce scénario de tabassage.

Chaque jour des gens subissent des violences policières. La police étant une institution dont le but est de protéger la domination bourgeoise, c’est contre les pauvres que ces violences policières sont les plus fréquentes. Faut pas que les flics s’étonnent que dans certains quartiers la police soit massivement détestée et régulièrement attaquée. Ces moments de tabassage et d’humiliation existent pour nous écraser et nous faire taire. Ils ne font que renforcer notre haine de la police et de l’État.

Si nous sommes sorti-e-s plus ou moins indemnes de cette expulsion, nous n’oublions pas les centaines de personnes qui sont décédées entre les mains de la police française, ni les milliers de personnes qui ont été blessées par les flics. Nous savons qu’il n’y aura pas de liberté possible tant que des milices armées sèmeront la loi et la terreur.

Dans ce monde où des gens sont propriétaires de plusieurs logements tandis que d’autres galèrent à leur payer des loyers, organisons-nous pour résister aux expulsions (de squats, locations et autres), pour compliquer la sale tâche des flics et pour attaquer toutes les formes de domination.

Jeudi 29 octobre 2015,
les ex-habitant-e-s du 6 rue de la Renardière et des personnes solidaires

Face à la police, me rendre ? hors de question ! L’uniforme bleu, depuis tout p’tits, nous haïssons.
113 « Face à la police » (1999)

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[Publié sur indy nantes et squat.net]

[Suisse] Retour sur l’agitation antimilitariste lors de ‘Conex15’

A l’occasion de l’exercice militaire Conex15, qui s’est déroulé à Bâle du 16 au 25 septembre 2015, différentes initiatives ont été lancées en Suisse contre le militarisme, et notamment contre ses nouveaux scénarios opérationnels, tels que « crise économique », « organisations criminelles »,« flux de réfugiés », auxquels se préparent les militaires.

Une série de discussions a eu lieu du 10 au 13 septembre, ayant notamment pour thèmes : les perspectives anarchistes contre le militarisme, l’antiterrorisme, Rheinhattan et le port comme plaques tournantes d’idéologies et de marchandises, contre-insurrection et stratégies de pacification urbaine, les infrastructures critiques et tout ce qui a à voir avec la génétique, le régime de migration suisse.

Outre la publication en Allemand de la brochure « Contre la guerre, contre la paix », de nombreux articles sur ces sujets sont aussi parus dans le journal anarchiste de Zurich, Dissonanz.

En voici quelques-uns :


Aux soldats

Nous reproduisons ici le texte d’une affiche apparue dans les rues de Bâle et affichée dans les vitrines de divers locaux, afin de dire en toutes lettres aux 5000 soldats venus là pour l’exercice militaire « Conex15 » ce qu’on pense d’eux.

«  Aux soldats

Vous êtes ici pour exercer la militarisation de la société ;
Vous êtes là pour exercer la défense d’infrastructures d’un ordre qui vise exclusivement à l’exploitation la plus efficace de la population ;
Vous êtes là pour exercer le refoulement aux frontières de migrants qui fuient les guerres et la misère que la Suisse a participé à créer ;
Vous êtes là pour exercer la surveillance des personnes et l’écrasement d’aspirations à un bouleversement social et à la liberté ;
Vous êtes là pour protéger les intérêts des puissants et, tôt ou tard, diriger vos armes contre nous ;
Vous n’êtes pas bienvenus ici ! »

[Traduit de l’allemand de Dissonanz (Zurich) n°11, 30 septembre 2015, p.1]


Emeute contre un exercice de l’armée

Le vendredi 18 septembre 2015, une manifestation sauvage a eu lieu à Bâle sous le slogan « No Border, no Nation, No Conex ». En effet, au cours de la semaine suivante l’armée suisse réquisitionnait des parties entières du Nord-ouest de la Suisse afin de mener son exercice de troupes Conex15.

Environ 400 personnes ont marché à travers la ville en direction de Bässlergut, en même temps prison et centre de rétention qui, d’ici 2019, doit être encore énormément agrandi avec un bâtiment supplémentaire. Un seul flic à moto régulait la circulation sur tout le chemin – jusqu’à la taule. Arrivée là, la manif s’est fait recevoir par une soixantaine de flics anti-émeute, empêchant l’accès à la prison, ce qui est inhérent à leur fonction. Les confrontations qui ont suivi, avec tout se qui se trouvait sur place, ont été accompagnées par les cris de joie des détenus et c’est presque par miracle que les barreaux aient résisté aux objets utilisés pour les frapper et jetés de l’intérieur.

Après une demi-heure environ, la manif est partie vers le port, une des principales infrastructures critiques de l’Etat. Elle n’était à nouveau accompagnée que par ce seul motard de la police qui n’a cessé de se faire chasser. Sur le chemin du retour des douzaines de vitres de la BAZ (journal de Bâle), de ISS (qui participe à l’exploitation de prisons dans toute l’Europe), du poste de douane sont tombées. Un véhicule de ISS est aussi parti en flammes.

Parvenue au port, la manif a fini par se dissoudre. Une soirée vraiment réussie ! Cependant, que se serait-il passé, si les flics devant la prison avaient vraiment été chassés et que la possibilité s’était ouverte de prendre la taule d’assaut, de la détruire et de libérer les prisonniers ? Aurions-nous été prêt-es ? Avons-nous vraiment de telles perspectives en tête ?

[Traduit de l’allemand de Dissonanz (Zurich) n°11, 30 septembre 2015, p.2]


Antimilitarisme pratique

Le mois de septembre touche chaudement à sa fin, et pas à cause des températures estivales. La semaine dernière, à Hinwil (Zurich), neuf véhicules de l’armée sont partis en flammes et ont complètement cramé. 14 autres ont malheureusement pu être « sauvés » des flammes. Les flics partent l’hypothèse d’un incendie volontaire. Peu importe que ce soit le cas ou pas. Car la base logistique touchée est l’une des plus grandes de Suisse et un emplacement important pour garder divers engins de mort comme des chars etc.

Le même week-end, c’est une voiture de police qui a brûlé et a été totalement détruite à Walliser Visp, devant la mairie. Peu de temps auparavant, elle avait été déjà endommagée par des tags. Maintenant, elle n’est plus seulement stigmatisée, elle a disparu et, dans une commune qui compte à peine 7500 habitants, cela a certainement un effet sur la sécurité.

Pour toutes celles et ceux qui considèrent l’armée comme un fondement de la domination, comme un instrument mortel qui a toujours été utilisé contre tout soulèvement subversif et pour toutes celles et ceux qui reconnaissent la police comme défenseur des riches et de leur propriété, ces feux peuvent être une source d’inspiration pour l’abolition autodéterminée de ces organes répressifs de l’Etat.

[Traduit de l’allemand de Dissonanz (Zurich) n°11, 30 septembre 2015, p.2]


Le mythe de la nation

Le nouveau nationalisme n’est pas qu’une tendance de droite, mais est plutôt le fait d’une inflexion politique générale volontaire. Face à la menace de turbulences économiques, il a pour objectif de masquer les contradictions sociales. C’est ainsi que vont de pair le militarisme et un contrôle social accru.

Pour maintenir sa domination et que ses sujets restent unis, tout Etat a besoin d’une légitimation supérieure. Avant, c’était le droit divin des princes et monarques, les lois et ordonnances étant supposées être l’expression de la volonté divine. Aujourd’hui, c’est la sacro-sainte démocratie avec des députés et parlementaires censés incarner la volonté commune du peuple. Mais ce « peuple » est tout aussi abstrait que ce « dieu ». Cette entité créée artificiellement est placée au-dessus des individus pour recouvrir les contradictions de classes et les rapports d’exploitation réels. A l’instar de la religion de Dieu, le mythe de la Nation a besoin pour se construire de ses légendes et de ses prêtres.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les fadaises organisées ici au cours des derniers mois autour des batailles de Morgarten et Marignan*. Pour un Etat qui n’est finalement unifié ni au niveau linguistique, ni culturellement et pas plus par la religion (ce qui a été effectué sous la contrainte dans d’autres Etats), ces points de référence « historiques » reconstruits sont fondamentaux. Et ce n’est pas par hasard si ces ré-exhumations ont lieu en ce moment. Sur fond d’une « communauté européenne » en lente décomposition, les politiques de tous pays s’escriment à remettre en scène légendes et valeurs nationales. Et ce de toutes parts, pas seulement du côté de la droite. En effet, il s’agit plutôt d’une inflexion politique consciente face à la situation économique qui se dessine.

L’évolution économique

On pourrait remarquer que cet essor du nationalisme semble en contradiction avec l’évolution économique liée à l’introduction poussée des technologies télématiques [informatique et communication] dans les processus de production, et qui tend vers une mise en réseau toujours plus large et sans frontières.
Pourtant, cette complexité croissante implique aussi une imprévisibilité croissante. Les valeurs fortes qui veillaient jadis à la cohésion sociale se sont décomposées au cours des dernières décennies pour se transformer en une mentalité molle et flexible, favorisée en tant que telle par une économie qui repose sur l’adaptation la plus rapide possible. Cette décomposition mentale a certes eu pour résultat une relative pacification sociale, mais elle a aussi mené à un consensus actif restreint (manifeste par exemple dans la crise de la politique représentative). A l’avenir, face à la menace de turbulences économiques et au démantèlement progressif des garanties sociales comme cela se produit un peu partout, ce manque de consensus pourrait même finir par devenir dangereux pour l’Etat.
D’un côté, le nationalisme renaissant s’exprime ainsi à travers des demandes de protectionnisme économique, qui se traduirait par plus de protections du marché national contre les insécurités d’une économie globalisée – ce que l’imbrication même des processus de production actuels rend toutefois parfaitement illusoire. D’autre part, ce nationalisme se traduit également sous forme de mesures politiques destinées à contrecarrer une éventuelle aggravation des oppositions sociales, et à renforcer l’image du bateau où pauvres et riches, exploiteurs et exploités, sont supposés se retrouver ensemble.
Une fois de plus, la peur latente de l’inconnu, de l’autre, de l’étranger est mobilisée pour renforcer l’unité intérieure face à l’ennemi extérieur, pour jouer les exploités de différentes origines les uns contre les autres, pour renforcer le contrôle social et la normalisation et pour justifier une législation plus dure ainsi que toute répression.
Quiconque saute dans ce train nationaliste profite soit des rapports d’exploitation, soit se fait la marionnette de sa propre oppression.

Militarisation

La montée du nationalisme s’est toujours accompagnée d’une militarisation croissante. Il n’en va pas autrement aujourd’hui, alors que nous pouvons constater partout dans le monde les tendances à l’expansion de l’armement [des Etats]. L’industrie de guerre suisse n’a jamais été aussi florissante depuis la deuxième guerre mondiale. Mais sur le sol helvétique même, un rôle intérieur plus important doit aussi être attribué à l’armée. Comme dans tous les autres pays européens, cette mobilisation s’accroît dans le sens de la future maîtrise de « désordres intérieurs ». En témoignent les restructurations du secteur militaire (avec par exemple la coopération croissante avec la police et d’autres organisations civiles) ou encore les exercices de grande ampleur tels que « Conex15 », au cours duquel, du 16 au 25 septembre 2015 à Bâle et dans le nord-ouest de la Suisse, 5000 soldats doivent s’entraîner au scénario d’un « effondrement économique de l’Europe » ; c’est-à-dire au maintien du statu quo à travers la violence de l’armée.
Comment cette tendance va-t-elle se développer ? Cela reste ouvert. La guerre est certainement un moyen auquel les dominants auront toujours plus recours à l’avenir, dès lors qu’il s’agira de maintenir une position privilégiée qu’ils considéreront menacée par des évolutions extérieures ou intérieures. Mais cette guerre n’aura certainement plus les caractéristiques d’un temps révolu depuis longtemps. La montée du militarisme, étayée plus ou moins consciemment par le cérémonial national, trouvera sa réalisation moins dans des guerres ouvertes entre Etats qu’à l’intérieur même de la société.

La question essentielle ne sera alors pas de quel côté de la frontière nous nous trouvons, mais de quel côté de la barricade.

* Ndt : Le 15 novembre 1315, 1 500 confédérés suisses repoussèrent les 4 000 à 8 000 soldats du duc Léopold Ier d’Autriche à Morgarten, au sud de Zurich.
Les 13 et 14 septembre 1515 à Marignan, près de Milan (Italie), 20 000 mercenaires suisses qui défendaient le duché de Milan furent massacrés de justesse par les 30 000 soldats du roi de France François Ier et ses alliés vénitiens dans une boucherie sans nom.
L’Etat suisse a célébré en Italie sur le champ de bataille même les 500 ans de Marignan et ses 12 000 hommes tués, en présence de la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga et de l’ex-conseiller fédéral d’extrême-droite Christoph Blocher. Un truc nationaliste identique est prévu pour les 700 ans de la bataille de Morgarten. Ces deux dates représentent depuis le XIXe siècle les symboles de « la défense de la liberté suisse face à l’étranger », ce qui dans un contexte comme celui d’aujourd’hui…

[Traduit de l’allemand de Dissonanz (Zurich) n°7, 5 août 2015, p.1]

Traductions de cette semaine

[Romilly-s/-Seine, 10] Nique l’armée …

Le char de Romilly vandalisé près du monument aux morts

Le char de Romilly a été vandalisé pendant le week-end.

Le monde des anciens combattants est sous le choc. Le char Romilly, le premier char à entrer dans Paris au soir du 24 août 1944, a été vandalisé pendant le week-end. Une dégradation commise à huit jours de la Toussaint et à dix-huit jours de la commémoration du 11 Novembre.

Un acte malveillant alors que Romilly traverse actuellement une période de turbulence. Apparemment, la vidéosurveillance mise en place ne produit aucun effet sur le vandalisme qui participe au sentiment d’insécurité des Romillons.

Rappelons que, la semaine passée, ce sont deux voitures qui ont été incendiées dans le quartier Langevin. La première sur le parking près du collège, la seconde, avenue Raspail.

romillynsurrection

Leur presse – l’est éclair, 26/10/2015 à 12h02