Si aujourd’hui dans le milieu toujours plus décomposé la norme est au ressenti, à cette dictature latente des affects, des subjectivités émotives, de l’étalage de ses fragilités, de la victimisation et de l’hystérisation de la politique, je me contenterai ici d’un récit factuel qui n’engage que moi-même et ma présence en cette soirée ensoleillée d’automne à Marseille, voici donc quelques cuillères à café de « ressenti » subjectif, pas bio, sans sucre et sans victimes dedans.
« Nous refusons votre course à l’opprimé »
Des racialistes inspirés.
En arrivant Rue Consolat, on peut déjà remarquer que quelque chose se trame dans les rues de Marseille. Un peu partout j’aperçois des traces d’affiches arrachées annonçant le débat « s’opposer au racialisme » autour du texte « Jusqu’ici tout va bien ? ». Je sais que les tensions sont fortes autour de ces questions et je me dis que plus rien ne peut encore m’étonner de la part du PIR ou, dans ce cas, de celles et ceux qui font mine de ne pas y toucher dans le milieu, mais qui en sous main travaillent indirectement à faire valider et rendre acceptables les thèses et le vocabulaire raciste de ces derniers, avec une certaine tolérance (au moins…) pour l’homophobie, l’antisémitisme, la religion et le principe communautaire du « on lave le linge sale en famille ».

Vendredi 28 octobre 2016 avait lieu à Mille Bâbords un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion ». Dès le départ de la soirée, un groupe de personnes a fait violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Voir le tract laissé sur place. Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée volontairement… 
Il y a quelques semaines, on apprenait par un article de la presse locale qu’une partie des anciens bâtiments de l’université de lettres de Besançon, appelés « Sarrail », avaient été cédés aux catholiques intégristes de la « Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X » pour la modeste somme de 270.000 euros. Ce bâtiment, ancienne chapelle réhabilitée en amphis, est désormais aux mains de ces fous de Dieu liberticides, racistes, homophobes, antisémites, etc… Ces fascistes qui avancent en soutane cherchent à s’implanter durablement à Besançon, puisqu’ils ont déjà une chapelle dans un secteur excentré de la ville (située au nord de Besançon rue du Maréchal Lyautey), où ils ont par le passé organisé plusieurs conférences aux côtés d’Alain Escada, néo-nazi notoire et maître à penser de l’organisation d’extrême-droite catholique « Civitas ». Ils assurent également chaque année au mois de novembre les prières de rue contre l’avortement et la contraception. Rappelons qu’ils ne sont pas seuls à vouloir imposer leur ordre moral au centre-ville. L’église de la Madeleine dans le quartier Battant organise plusieurs dimanches dans l’année des processions dans les rues du quartier. La religion, d’où qu’elle vienne, est un poison pour tout esprit libre qui cherche à s’émanciper.