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[Bruxelles, Belgique] Rendu du procès contre la destruction de la maquette de la maxi-prison

Bruxelles : Verdict dans le procès de la maquette de la maxi-prison

Quatre inculpés dans le procès de destruction de la maquette de la maxi-prison ont été condamnés à 10 mois de prison avec 3 ans de sursis ce vendredi 19 février en première instance. En outre, les six inculpés reçoivent chacun 600€ d’amende, pour un total de 3.600€. Le gros élément à charge du procureur pour les condamner en bloc est le fait qu’ils ont refusé de s’excuser à ce sujet.

Cette condamnation en première instance permet à la Régie des Bâtiments de porter plainte au pénal pour les dégradations, elle compte réclamer 40.000€ pour dégradations.

Repris de brèves du désordre, 20 février 2016

[Belgique] Solidarité des 4 inculpé.e.s de la destruction de la maquette de la maxi-prison [Mise-à-jour]

Dans le ventre de l’ogre. Procès de la destruction de la maquette de la maxi-prison de haren.

Vendredi 22 janvier, arrivée au palais de justice, ça commence.

indymaquette01Deux camionnettes de keufs sont stationnées sur l’esplanade. Entrée. Premier contrôle des affaires, puis faut se retaper une prise d’identité à l’entrée de la salle et un scan au détecteur. Une personne venue pour le procès sera d’ailleurs arrêtée et enfermée durant toute l’audience sous prétexte d’un défaut de pièce d’identité. Ficher, faire chier, c’est pour ça qu’ils sont là.

On rentre dans la salle. tout le beau monde est en place. Une vice présidente, deux juges, la procureure et les avocatEs. Faut ajouter à ça, les 4 flics en civil et deux autres en uniformes qui sont resté au fond de la salle pendant l’audience. Il ne manquaient que les deux journalistes de télébruxelles pour compléter le tableau. Alors qu’on leur rappelle qu’elles ne sont pas les bienvenues, que personne ne veut être ni filmé ni leur parler, elles décident de rester et invoquent la « liberté de la presse ». Liberté de raconter de la merde ! Les vautours ont filmé des gens rentrer et pris des images par l’entrebâillement de la porte, mais malgré leur insistance, personne ne leur a parlé. Elles avaient l’air de s’en offusquer, peut être pas l’habitude d’être remballées.

Du haut de leur toute puissance, le cerveau en manque d’oxygène, les médias n’arrivent pas à comprendre qu’on ne veut pas faire partie de leur jeu. Toujours à cracher sur les indésirables, leur spectacle est toujours complaisant avec ceux qui s’en mettent plein les poches. Chien de garde ou plutôt toutou à leur mai-maitres, ils savent ce qu’il faut dire ou pas pour garder les relations privilégiées qui leur garantiront une place dans les salles du pouvoir. Gardant précautionneusement le silence sur les causes profondes des événement qu’ils mettent en avant.

Retour dans la salle. Le protocole se met en route. C’est comme à l’école, faut se lever quand les juges rentrent dans la classe, faut se taire pendant qu’ils racontent leur conneries. La juge se met à poser des questions, elle refait le déroulé de l’action, en choisissant bien sûr la version des flics pour décrire les choses. Ne semblant même plus s’en rendre compte, elle se vexe quand son parti pris est relevé. Elle espérait peut-être faire croire à une quelconque objectivité des faits ? La blague. Elle parle aussi des « statuts » (travail, situation). Les échanges sont assez court.

Ca continue avec la procureure qui commence par préciser qu’il ne s’agit pas d’un procès politique, et qu’elle ne veut surtout pas que la Cour croie qu’il s’agit de condamner des idées. oui oui bien sûr. C’est vrai qu’en démocratie on respecte la contestation tout ça tout ça. Tant que c’est fait dans leurs règles, tant que ça ne bouscule pas leur pouvoir, tant qu’on utilise les outils qu’ils nous mettent gentiment entre les mains, on peut toujours crier sagement et la paix sociale sera bien gardée. D’ailleurs pour la défense c’est pareil. Si tu cherches à ne pas être condamné, faudra passer par leur code, leur vocabulaire et trouver l’argent pour les avocats. Autant de moyens pour nous dépossédés de nos vies et nous mettre à leur merci. Ils peuvent bien s’étouffer avec leur hypocrisie et soit-disant impartialité ! Rien n’est neutre, tout est chargé. Pas dupe, on se regarde en chien de faïence et croire qu’on cherche à leur plaire serait la thèse la plus erronée, comme dirait l’autre.

Ensuite elle rentre dans le vif. Elle raconte n’importe quoi, se contredit en utilisant le témoignage du vigile, seul témoin de leur côté, et le surinterprète aussi. Pas étonnant. c’est qu’il s’agit de faire passer l’idée que le groupe avait une attitude menaçante qui a favorisé la destruction de la maquette. En vrai, elles n’ont rien mais faut quand même trouver quelque chose pour pouvoir condamner. alors la « complicité » et « l’incitation à » quand on a pas de preuve matérielle semble devenir monnaie courante. Au moment de parler des peines, elle argumente qu’il ne faudrait pas donner du ferme mais ironise sur le fait qu’un séjour dans les prisons insalubres de st gilles ou de forest permettrait pourtant de faire constater la nécessité de nouvelles taules. Elle veut mettre 150 heures de travaux d’intérêt généraux dans une institution style la régie des bâtiments histoire de faire comprendre l’utilité du système carcéral, réparer le préjudice et permettre ainsi de réintégrer cette « vénérable société ». Trop sympa, bon sauf que personne à envie de travailler pour eux. C’est l’acquittement qui est plaidé, au pire une suspension du prononcé, même si au final, elles trancheront.

Le verdict pour le volet pénal se fait le 19 février. Et le volet civil (les dédommagements pour la maquette) n’aura lieu que plus tard étant donné que l’avocat de la régie des bâtiments a demandé un report d’audience. Le temps, probablement, de faire apparaître le fameux contrat de construction de la maxi-prison, toujours invisible pour le moment. Ce contrat étant censé prouver que la régie est propriétaire de la maquette détruite.

La séance se clôture et tout ça n’est rien à côté de toutes les vies brisées par cette justice qui condamne à tout va. Tapant sur ceux qu’elle fout déjà dans la merde au quotidien. Tellement déconnecté, ils ne captent pas l’absurdité de leur logique comme quand, pendant un procès, ils reprochent à un sans papiers de travailler au noir, ou à un jeune racisé de dealer pour se faire des thunes. Faut respecter leur règle : « les sans papiers c’est dehors », et l’argent ça se gagne dans le cadre de l’esclavage légal. Humiliant et discriminant les gens coincés dans leur filet, ils aiment à rappeler aux indésirables qu’ils peuvent réduire leur vies au périmètre d’une cellule, ou les enchaîner au travail pour payer les quelconques dédommagements ou peines. Faudrait pas qu’ils s’étonnent ensuite quand les coups de bâton se retournent contre eux.

Que crève leur justice, leurs prisons et le monde qu’elles protègent !
Force et courage à touTEs les révoltéEs, dedans comme dehors, battons nous contre le monde qu’ils essayent de nous imposer.

[Publié sur indymedia bxl, 25/01/2016]

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Appel à solidarité des 4 inculpé.e.s de la destruction de la maquette de la maxi-prison

Dans sa course folle aux profits, le capitalisme jette toujours plus de monde dans la précarité et rend notre environnement toujours plus invivable. Face à la misère semée à tout va et à la colère qui gronde, l’Etat investit dans le maintien de l’ordre et construit de nouvelles prisons.

A l’heure où le peuple est contraint de se serrer la ceinture, le gouvernement trouve des milliards pour nous la serrer encore plus fort en construisant des prisons high-tech où s’expérimentent de nouvelles formes de tortures (privations sensorielles et de contacts humains)
Pour la classe dominante, l’avantage est double : les contrats de construction lui assurent de juteux bénéfices et l’appareil sécuritaire ainsi sur-développé lui permet de maintenir ses privilèges et de faire perdurer ce système oppressif et destructeur.

Le Masterplan du gouvernement fédéral prévoit la construction de 7 nouvelles prisons en Belgique. L’une d’entre-elles, la maxi-prison, cristallise les oppositions depuis quelques années. Le gouvernement prévoit d’édifier ce mastodonte carcéral sur le terrain du Keelbeek, à Haren, situé à la périphérie nord de Bruxelles.

Le projet de maxi-prison en quelques chiffres :
# une capacité de 1200 détenu.e.s (hommes, femmes, mineurs et personnes psychiatrisées)
# 19 hectares de terres agricoles et de nature bétonnées
# un partenariat public-privé de 25 ans qui coûtera à l’Etat plus de 3 milliards d’euros. Soit un coût quotidien de minimum 275 euros par détenu.e. Plus de 275 euros par jour consacrés à briser un être humain !
# un lieu situé loin du coeur de Bruxelles, difficilement accessible pour les familles des détenu.e.s

Depuis l’annonce de la construction de la maxi-prison, les réactions sont nombreuses. A Haren, le comité de quartier informe les habitant.e.s et se mobilise contre le projet. Dans les rues de Bruxelles, la maxi-prison ravive la rage anti-carcérale et des groupes bien inspirés s’efforcent de mettre un terme au projet par une série d’actions directes. A Anderlecht, un local de lutte contre la maxi-prison est ouvert pour s’informer, débattre et s’organiser.
Durant l’été 2014, le terrain du Keelbeek est occupé pour empêcher l’avancement du projet. La ZAD de Haren est née (Zone à Défendre). Entre les cabanes dans les arbres et le potager, les opposant.e.s y expérimentent un autre mode de vie, solidaire et auto-géré. L’occupation du terrain prend fin en septembre 2015 suite à l’expulsion musclée des occupant.e.s menée par la police de Bruxelles. Mais aujourd’hui encore, une poignée d’insoumis.e.s occupent un terrain adjacent au Keelbeek et plusieurs maisons abandonnées de Haren.
Cette agitation populaire grandissante contrarie les plans du gouvernement qui lâche sa meute de chiens de garde pour tenter d’étouffer la contestation. Nombre de compagnon.ne.s de lutte subissent perquisitions, filatures, écoutes, intimidations et tentatives d’infiltrations. Mais face à la détermination et à la solidarité, la répression s’avère impuissante.

Le 20 mai 2015 se déroule l’audience publique de la commission de concertation concernant le projet de maxi-prison à Haren. L’avis de la commission n’étant même pas contraignant, cette farce de consultation populaire ne trompe pas grand monde. Le même jour, une quinzaine de personnes décident donc d’exprimer leur opposition au projet en dehors des chemins balisés par le pouvoir et manifestent à l’intérieur de la Régie des bâtiments. La maquette de la maxi-prison exposée dans le hall d’entrée est détruite durant l’action.

La Régie des bâtiments, cette institution corrompue jusqu’au cou, est chargée de gérer le patrimoine immobilier de l’Etat belge et de coordonner la construction des nouvelles prisons. Sans attendre les permis, la Régie des bâtiments a tenté de démarrer les travaux sur le terrain du Keelbeek à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, les engins de chantier ont été repoussés par les opposant.e.s.

Alors que son projet est menacé de toutes parts, le pouvoir saisit cette occasion pour tenter d’affaiblir la résistance et nous sommes aujourd’hui quatre à nous retrouver sur le banc des inculpé.e.s pour « destruction de bien mobilier en bande ». C’est le premier procès pour une action contre la maxi-prison. Après un report, la première audience est fixée au 22 janvier 2016 au Palais de justice de Bruxelles.
Pour ce genre d’acte, les peines prévues vont de 1 à 5 ans d’incarcération et la Régie des bâtiments réclame 40.000 euros de dommages et intérêts.

Loin de nous paralyser, ce procès est une opportunité de réaffirmer notre position anti-autoritaire contre toutes les formes de pouvoir, qu’ils soient politiques, médiatiques ou judiciaires. Ils font partie du problème, pas de la solution.
Et avec votre complicité, ce procès sera une occasion supplémentaire de jeter quelques pavés dans le marécage carcéral et de glisser quelques sabots dans la machine.
Poursuivons la lutte contre les prisons et le monde qu’elles protègent !

Et pour faire face aux frais de justice, nous faisons aussi appel à votre solidarité financière.
Si vous récoltez quelques pièces en raclant le fond de vos poches ou en passant le chapeau lors de vos rendez-vous militants, merci de les balancer par ici : BE66 5230 4745 8943 (numéro de compte en banque au nom de « soutien procès maquette »)

Brique par brique
Mur par mur
Détruisons toutes les prisons !

Les 4 inculpé.e.s

[Publié sur indymedia bruxelles, 18 janvier 2016]

[Publication] De l’incompabilité

S’il est sans doute souvent plus confortable de se taire, certaines silences peuvent aussi devenir insupportables. C’est pour cela que malgré tout, nous avons préféré de prendre la parole.

Comme vous, nous avons vu qu’il y a trois initiatives dans trois differents villes italiennes où quelques compagnons de Bruxelles viendront parler sur la lutte contre la maxi-prison. S’il s’agit d’une lutte spécifique dans un espace déterminé, il est vrai que la question peut possiblement concerner tous les anarchistes et d’autres revoltés, aussi au-délà des frontières étatiques. Depuis le début de cette lutte, il y a eu en effet des anarchistes d’un peu partout qui s’y sont intéressés, qui l’ont defendu, qui y ont participé de differentes manières. Cela n’est pas juste une petite chose en plus, cette dimension internationaliste s’est vraiment enracinée dans la projectualité même de cette lutte. Et au-délà du fait si le conflit se déroule autour de la construction d’une maxi-prison, d’un aeroport, d’une mine d’or ou si c’est une révolte qui vient enflammer les rues des metropoles ou les sentiers des campagnes, c’est la question de la projectualité insurrectionelle qui pourrait être au coeur des échanges entre compagnons, et cela à un niveau international.

Pour autant que cela nous réjouit que des compagnons d’ailleurs organisent des initiatives pour discuter sur cette lutte, que des compagnons impliqués dans la lutte prennent le temps pour voyager et porter le debat bien loin de la capitale belge, il y a quelque chose d’amer qui nous est resté dans la gorge. Et on écrit cette lettre pour en parler.

Partout où des anarchistes sont en lutte, des problématiques assez difficiles se posent. Quelle projectualité derrière la lutte? Comment défendre l’auto-organisation et l’autonomie de la lutte face aux courants politiques, aux récuperateurs, aux autoritaires? Comment faire face à la repression qui cherche à isoler les éléments les plus incontrôlables? On a eu l’occasion de les affronter lors de cette lutte à Bruxelles et on aura sans doute encore l’occasion dans l’avenir. Comme quand les compagnons n’ont pas arrêté d’insister sur la nécessité de l’attaque et de l’hostilité envers l’Etat et les institutions, aussi aux moments où les journalistes ont fait planer le spectre du terrorisme sur cette lutte, quand les citoyennistes et d’autres se sont publiquement distanciés des actions directes, quand la répression est venue toquer à la porte. Comme quand les copains en lutte contre la maxi-prison ont envoyé chier les petits politiciens qui voulaient s’aggriper à l’agitation autonome qu’on développe dans les bas-quartiers de Bruxelles, quand les journalistes ont été envoyés chier, quand ceux qui rêvaient peut-etre de transformer cette bataille en petit bras-de-fer entre militants politiques et responsables institutionnelles ont été envoyé ballader. Ce sont des moments qui vont marquer une lutte, qui déterminent même son caractère insurrectionnel et anti-institutionnel, qui peuvent la rendre irrecuperable et incontrôlable.

Mais tout ça sera sans doute mieux abordé lors de ces soirées de discussion. Ce qui ne sera peut-être pas abordé par contre, c’est de se demander si les modalités requises pour un tel échange, un échange sur les perspectives d’une projectualité insurrectionelle et autonome, sont en effet réunies là où ces débats ont lieu. Tout comme on ne peut pas parler de liberté à l’ombre d’une église, il est difficilement imaginable (sauf qu’à couteaux tirés) de parler de conflictualité permanente à l’ombre de pratiques de conflictualité alternée (“mort aux flics” un jour, “l’incolumnité” pour les indicateurs le lendemain; la “solidarité avec les compagnons incarcerés” un jour, l’accueil silencieux du “soutien” de magistrats et prêtres apres-demain; l’hostilité envers les institutions un jour, les alliances avec des forces para-institutionnelles le lendemain;…). Des erreurs peuvent être commises, des mauvais évaluations peuvent être faites, mais si on en discute, cela doit être pour les dépasser définitivement, par pour les théoretiser comme faisant partie de l’arsenal de méthodes de lutte anarchistes et les justifier (dans le passé, le présent et donc tragiquement l’avenir).

Cette conflictualité alternée, qu’on a cru voir se repandre en Italiedepuis quelques temps, est à mille lieux de ce que cette lutte contre la maxi-prison essaye de faire. Alors, effectivement, peut-être des débats pourraient créer des ouvertures pour jeter une fois pour toutes à la poubelle les pratiques de politiciens qui ont envahi le mouvement anarchiste, l’abandon de l’éthique en faveur de la strategie, la calomnie et la menace plutôt que le débat critique. Ce sera réellement magnifique et incroyable si une modeste expérience telle que la lutte contre la maxi-prison pourrait apporter des éléments à ce fin. Ce serait une démonstration que les projectualités autonomes et insurrectionnelles ne connaissent pas de frontières, qu’elles peuvent se rencontrer et se renforcer, se soutenir et s’entre-aider. Mais est-on sûr de pouvoir faire ça au milieu d’histoires loin d’ être définitivement adressées (dans le bon sens) de dissociations d’actions directes, de l’échec total et éclatant de la stratégie politique adoptée par certains anarchistes à differentes occasions et la perte de leur âme même qui en suit fatalement, de l’insupportable danse macabre d’alliances politiques, de jeux de représentation, de délegation operationnelle?

Alors, si le choix ne peut pas etre celui de la résignation, si on ne peut pas juste se dire “mais laisse pisser et continue ta route”, si on n’a pas envie d’aller participer à de tels debats dans des endroits où, par volonté ou pour omission ou par comodité, semble plutot être porté le contraire de
ce qu’une lutte comme telle contre la maxi-prison cherche à expérimenter, le silence n’a pas non plus été une possibilité.

Qu’il soit clair que nous ne sommes pas du tout de l’avis qu’il serait érroné de vouloir porter le debat sur les methodologies de lutte et les perspectives anarchistes partout. Bien au contraire, c’est tant mieux. Peut-être cette lettre peut alors être lue comme une contribution à a ce débat.
Mais on ne saurait accepter sans broncher qu’il y en a qui pratiquent la conflictualité alternée et le jeu des alliances se saissisent d’une expérience de conflictualité permanente et d’autonomie comme s’il s’agissait de la meme chose, compatible et complémentaire. Comme si, en Italie comme ailleurs, il n’y aurait pas toujours des compagnons, aussi peu nombreux soient-t-ils, aussi défavorables puissent être les conditions de l’affrontement, pour qui les fins et les moyens doivent coincider, pour qui l’éthique anarchiste n’est pas alternable, pour qui l’autonomie n’est pas sacrifiable sur l’autel de la quantité et des potentiels applaudissements.

Car justement, il y a des luttes et des expériences en cours, et sous en certain aspects la lutte spécifique contre la maxi-prison à Bruxelles en peut être un exemple, qui démontrent que pour dévélopper une lutte insurrectionnelle (avec d’autres rebelles et revoltés qui ne sont pas des anarchistes), il n’y a aucun besoin de laisser nos idées et nos méthodes de lutte à la porte d’entrée de l’occupation, de la vallée, des mines, des forests, des quartiers. Dans ces temps obscures, ce sont certes des points de débat importants pour les anarchistes qui n’ont pas abandonnée l’idée de la révolution sociale. La quantité ne doit jamais l’emporter sur la qualité. Et la récherche de la qualité ne nous empêche en rien d’intervenir dans les rapports sociaux sur lesquels la domination est basée. Avec un peu de bonne volonté et le rejet radical de la politique, certains fausses oppositions qui gangrènent le développement d’une perspective révolutionnaire anarchiste n’aurait plus lieu d’être.

Mais il existe des fossés qui sont infranchissables. Celui qui s’y aventure quand même, fait un salto mortale. C’est un salto mortale de croire que éthique et stratégie peuvent aller ensemble. C’est un salto mortale de croire que hommes de pouvoir (politiciens, magistrats, représentants du savoir universitaire, chefs d’organisations politiques, experts, élus, prêtres,…) et autonomie de lutte sont complémentaires. C’est un salto mortale de croire que la conflictualité permanente n’exclut pas, toujours et partout, quelconque dialogue avec le pouvoir, aussi insidieux et camouflé qu’il soit. C’est un salto mortale de croire que la pratique du sabotage réquiert l’approbation d’une quelconque assemblée ou la légitimation par un Mouvement. Ces saltos mortales sont des poignards plantés au coeur de l’anarchisme, et on ne devrait pas se fatiguer de s’en défendre.

Quelques absents

[Reçu par mail, 17 janvier 2016]

[Bruxelles, Belgique] Attaques contre la prison et le monde qu’elle protège – Décembre 2015

prisonsareforburningRépondant par les actes aux appels à un Décembre Noir. Répondant à nos désirs de liberté. Répondant par l’attaque contre ce qui permet à ce système oppresseur et destructeur de perdurer.

Durant les 2 semaines qui viennent de s’écouler c’est au moins 5 camionnettes de la compagnie de construction Eiffage qui ont senti leurs pneus se vider de l’air qui les remplit. L’acte est simple, rapide et efficace. Un petit couteau qui se dissimule dans la manche, un grand coup sur le coté du pneu et ça donne un véhicule qui n’ira pas bosser à l’heure. En 30 secondes plusieurs véhicules peuvent être immobilisés de cette manière. On sait que l’une de ces cinq camionnettes s’est fait péter les rétroviseurs et taguer sa carrosserie.
Si vous ne comprenez pas le choix de cette cible, renseignez vous au sujet de Eiffage [1] pour comprendre le rôle que cette entreprise tient dans la construction de prisons et infrastructures qui permettent au capitalisme de perdurer.

Un autre acte est venu tirer un grand sourire sur nos visages.
Voilà les faits : profitant de l’obscurité complice de la nuit et profitant de l’abscence des vigiles sur le terrain dédié à la maxi prison, abscence surement due aux « fêtes » de Noel, des personnes ont choisi de s’en prendre aux grilles qui délimitent la zone de la maxi prison (qui ne se fera pas). A coups de pinces une centaine de grille se sont fait découper et tordre, ouvrant alors le passage vers ce terrain déjà emprisonné. La plus part des grilles sont maintenus fixes grâce à des tiges bloquées dans le sol par le béton (en secouant fort ces tiges on peut faire ceder le béton et sortir la tige du sol)
Mais toute une partie des grilles sont seulement maintenues fixes grâce à des petits rectangle que l’on voit souvent pour tenir les grilles en place. Toute celles ci sont tombées, et peuvent retomber indéfiniment. Si elles venaient à être fixées dans le sol, elles peuvent être découpées.

Nous ne laisserons pas ce système perdurer. Nous attaquerons partout où l’occasion se présente. Pour l’autogestion de nos vies. Pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être. Pour la liberté.

Nous exprimons notre soutien aux personnes qui luttent sur la ZAD de Haren ainsi qu’à celles et ceux qui luttent hors de la zone. Notre soutien va aussi aux personnes attaquées par la justice des puissant.e.s [2]. Tout notre soutien aux enfermé.e.s du dedans comme du dehors des prisons. A nos complices, on vous embrasse fort.

[Publié sur indymedia bruxelles, 26/12/2015]

NdCNE:

[1] On pourra relire l’article « Eiffage bâtit les prisons du XXIème siècle » dans le bulletin anarchiste ‘Lucioles’ n°23 (août 2015)

[2] Un texte en Solidarité avec les compagnons poursuivis par l’attaque de la maquette de la maxi-prison d’Haren

[Bruxelles] Solidarité avec l’attaque contre la maquette de la maxi-prison dans la Régie des Bâtiments !

ftp.pngMi-mai de cette année, une vingtaine de personnes font irruption dans les bureaux de la Régie des Bâtiments (l’agence fédérale entre autre responsable de la construction des nouvelles prisons) à Saint-Gilles et y détruisent la maquette en exposition de la future maxi-prison à Haren. Les rebelles se sont éclipsés aussi vite qu’ils étaient apparus et personne n’a été arrêté. Maintenant, six mois plus tard, l’État cherche à faire payer quatre personnes pour cette action. Les accusations précises sont « bande organisée » et « destruction et dégradations de biens immobiliers ». La Régie des Bâtiments exige aussi 50 000 euros d’indemnités. Le procès aura lieu ce 10 décembre 2015. Personne ne se trouve actuellement en détention préventive.

C’étaient des semaines agitées dans la lutte contre la maxi-prison. Pendant que des rebelles enterraient symboliquement la future prison chez la Régie des Bâtiments, à moins d’un kilomètre de là-bas, se déroulait un énième spectacle démocratique avec une commission de concertation qui devait donner son avis afin que la Régie puisse obtenir les permis de construction pour la maxi-prison. La séance de cette commission était totalement militarisée : il fallait une permission spéciale pour y assister (normalement ce genre de spectacle est « public »), les flics présents en nombre fouillaient tous ceux qui avaient une telle permission et une partie de la salle où se trouvaient des responsables de la commission n’était littéralement pas éclairée, ils étaient dans l’ombre au nom de leur sécurité.

Cependant, quelques jours auparavant, d’autres responsables de la maxi-prison étaient bel et bien mis en lumière. Rudi Vervoort (le ministre-président de la Région bruxelloise) s’est réveillé avec des slogans contre la maxi-prison sur la façade de son domicile et un tas de fumier et de goudron sur le pas de sa porte. D’autres collaborateurs auront droit d’une façon similaire à la publicité qu’ils méritent, comme la responsable du projet de la maxi-prison au sein de la Régie, d’ailleurs ancienne directrice de la prison de Forest. Elle donnera sa démission le lendemain, craignant pour sa « sécurité ». La nuit d’avant, sur le chantier d’une maxi-prison en construction au pays de Galles de l’autre côté de la Manche, plusieurs pelleteuses sont incendiées. Le slogan « Feu aux prisons » est laissé sur place.

Entre temps, la lutte allait de bon train et aussi la répression se faisait à nouveau entendre. Le matin du 10 juin, des perquisitions ont lieu dans quatre domiciles et dans « Le Passage » à Anderlecht, un local de lutte contre la maxi-prison. Les compagnonnes et compagnons arrêtées seront relâchées dans l’après-midi. Un jour plus tard, à Bruxelles,un incendie volontaire ravage une partie d’un centre d’entreprises en construction (« Greenbizz », supposé accueillir des entreprises impliquées dans la technologie « verte »). Le chantier y était effectué par l’entreprise de construction BAM, bien connue pour sa participation à la construction de nouvelles prisons. Et quelques jours après les perquisitions, un rassemblement en solidarité avec la lutte se tient à Anderlecht. Dans les semaines qui suivent, des attaques ont eu lieu en France et au Chili, revendiquées en solidarité avec la lutte contre la maxi-prison à Bruxelles.

La destruction de la maquette était un bel acte. Un acte parmi les nombreux beaux actes dans cette lutte, qui peuvent nous donner une idée de quelles formes peut prendre le refus d’un énième projet dégueulasse de l’État. Un vrai refus qui n’est pas négociable, qui ne se laisse pas mettre de côté facilement en échange de quelques promesses (plus de verdure, une prison plus petite, un peu plus à gauche ou un peu plus à droite, plus de compensations financières pour les riverains…). Non, un refus total. Pas de maxi-prison, ni ici ni ailleurs. Pas maintenant, jamais. Un refus qui rejette résolument tout dialogue avec ceux qui sont au pouvoir. Un refus qui se diffuse en mots et devient concret dans des actes de sabotage et d’attaque contre ce projet et le système qui en a besoin.

Les seules limites de la rébellion, du blocage, du sabotage et de l’attaque sont celles que nous posons nous-mêmes.

La Cavale, 8/12/2015

[Belgique] Face aux flics, « Rien à déclarer » encore et toujours !

A Namur aussi la police cherche des mouchards !

En avril 2015, à Namur, une compagnonne a été approché par des flics en civil bien connu de la région. Les deux flics « politiques » de la capitale wallonne, Jean Luc Ista et Sergio Bizotto . Vu qu’elle fréquente de loin une bande de squatteurs, ils lui ont demandé si elle pouvait être leur taupes au sein du groupe dont certains se revendiquent anarchistes. Les larbins de l’état repartirent bredouille, elle les envoya bien boulé comme il se doit. On a rien à déclarer aux keufs hormis qu’on les déteste.

Plus tard, en juin, les larbins firent encore plus fort ! Un autre pote du groupe en question fit un accident de la route.. A l’hôpital quelle fut sa surprise de voir débarquer quatre flics ! Et de nouveau ils veulent des informations sur des personnes du groupe. Évidemment comme avant, il n’y a aucun procès-verbal des interrogatoires. Cela ne nous étonne plus, ceux qui font respecter les lois de l’ordre marchand sont en pratique bien au dessus d’elle. Le camarade allité, sous perfusion et toujours en état de choc envoya au diable les bidasses.

Donc on sait maintenant de quoi ils sont capables.. Ils n’hésitent pas à questionner nos potes, même lointain et même lorsque l’interrogatoire pourrait s’assimiler à de la torture selon leurs lois.
On a bien sur peur que quelqu’un ait flippé et accepte de faire la poukave mais sans nous paralyser ça nous renforce dans notre « culture de la sécurité » [sic] (titre d’une excellente brochure d’ailleurs). On essaye de faire bien gaffe à ce qu’on dit et on bannit nos téléphones portables de nos discussions sensibles, entre guillemets. C’est limite si on va pas en parler nu dans la forêt !

En tant qu’ennemi de la propriété privée, on sait que la police cherchera toujours à nous ficher, nous réprimer, nous contrôler, voir parfois nous torturer. C’est sa fonction et les sbires de l’état sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Et quelques soit leurs méthodes, les bourgeois n’hésiteront pas à fermer les yeux si ça peut maintenir leurs intérêts. Pour cela les flics disposent d’une large impunité et la lutte contre le terrorisme n’est qu’un prétexte pour attaquer plus facilement encore ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang, qu’ils luttent contre la maxi-prison* ou qu’ils revendiquent l’occupation de maisons vides.

FACE AUX KEUFS, ENCORE ET TOUJOURS « RIEN A DECLARER » ! PAS DE DISCUSSION POSSIBLE AVEC LES ENNEMIS DE LA LIBERTE !

* Pour rappel la sureté de l’état a retenté d’approcher des compagnons luttant contre la maxi-prison à Bruxelles en septembre 2015 [Reproduit ci-dessous].

[Publié sur indymedia bruxelles, 02 décembre 2015]

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Rebelote : la Sûreté d’Etat à la recherche de mouchards

Et rebelote. De nouveau, au moins une personne a été approchée par la Sûreté d’État afin de la recruter comme indicateur. Cette fois-ci, les renseignements recherchés par les voies perfides de la délation portent sur la lutte en cours contre la construction de la maxi-prison.

Et rebelote, c’est les deux cartes de l’intimidation et du chantage dont se servent les chiens de garde de l’ordre établi afin de tenter de recruter des collaborateurs. Se présentant d’abord de façon plus au moins neutre, l’agent de la Sûreté passe très vite a une vitesse supérieure. Intimider et faire pression en prétendant qu’« on sait tout sur toi », mettre en avant la distinction entre braves citoyens qui contestent un projet de l’État et éléments criminels qu’il faudrait identifier et éliminer, chantage par rapport au travail, menaces contre la famille,… Une triste série d’« argumentations » dont ne peuvent se servir que les adorateurs de l’autorité, et dont l’infamie ne semble pas connaître de limites. Mais soulignons-le : cette quête de mouchards n’est qu’un aspect de la répression étatique. Filatures, observations, dispositifs de vidéosurveillance devant des endroits liés à la lutte, perquisitions (officielles et en cachette), appareils d’écoute installés à l’intérieur des domiciles,… la police et les services de renseignements utilisent tous les méthodes imaginables pour tenter freiner les luttes.

Et rebelote, nous souhaitons souligner l’importance de parler de tels agissements de la Sûreté ou d’autres forces répressives. Si eux ils cherchent à faire croire aux gens qu’ils se retrouvent seuls, coincés, avec le dos contre le mur, à nous de briser cela. Pour protéger ses menées obscures et les rendre efficaces, la Sûreté dira d’ailleurs toujours que c’est interdit de parler de tels approches.

Et rebelote, on ne le répétera jamais assez : soutenons-nous les uns les autres via une attitude d’insoumission et de non-collaboration face à la justice, à ses limiers et à ses amis-journaleux. Il n’y a rien à leur dire, il n’y a rien à discuter avec eux. Ils sont passés maîtres dans l’art d’utiliser et d’abuser tout ce que tu dis à des fins répressives. Il est important de faire gaffe à ce que personne ne se retrouve seul face à une horde de ces chiens de garde, face à d’éventuels chantages et menaces, face à l’intimidation judiciaire. Continuer à prendre nous-mêmes l’initiative ; continuer à déterminer nous-mêmes ce dont nous voulons discuter et comment nous voulons lutter, aussi en des périodes de menace répressive plus intense, est la réponse la plus forte que nous puissions donner. Il n’y a pas à rechercher ou à accepter le dialogue avec le Pouvoir et ses sbires ; le mutisme des rebelles face au pouvoir et le fait de maintenir ouvert ou conquérir l’espace de discussion libre avec d’autres révoltés et mécontents sont certainement des lignes de défense très fortes.

Septembre 2015

[Publié sur indymedia bruxelles, 8 octobre 2015]

[Belgique] Du dawa partout contre la maxi-prison !

A l’heure du début des travaux, l’Etat reste toujours bien décidé à réaliser son projet de maxi-prison. Il agite le spectre de la répression contre celles et ceux qui luttent. Il faut bien qu’il défende cet investissement gigantesque, faisant partie d’un plan plus grand encore d’une dizaine de nouvelles taules.

Son objectif est clair : enfermer toujours plus de gens pour toujours plus longtemps.

Ces mesures ne sont pas réservées aux seuls prisonniers du dedans. Dehors aussi, le serrage de vis se généralise : des conditions de survie toujours plus dures, des milliers de gens virés du chômage, de nouveaux uniformes qui pullulent, des caméras de surveillance à chaque coin de rue… La maxi-prison n’est que la cerise sur le gâteau.

Alors, quoi ? Soit on se laisse enfermer dans nos vies de merde, soit on s’attaque par les moyens qu’on estime pertinents à tous ceux qui sont en train de nous forger un quotidien de caserne : des constructeurs, architectes, ingénieurs et prestataires de service de la maxi-prison, jusqu’aux décideurs politiques qui en sont à l’origine, en passant par tous ceux qui se font du fric sur le business de la sécurité et de l’enfermement.

Mais aussi en perturbant leur ordre, en ajoutant notre touche de bordel à cette ville qu’ils voudraient policée et sans autre vie que celle de la marchandise.

Ce n’est pas en monnayant notre lutte pour quelques aménagements de façade que nous leur mettrons des bâtons dans les roues. En revanche ce qu’ils ont à craindre, c’est un mouvement qui leur échappe complètement, où de petits groupes, sans parti politique ni chef, décident par eux-mêmes où et comment attaquer.

Nulle recette, mais un mélange qui a un potentiel explosif : un foisonnement diffus et incontrôlable qui, par l’auto-organisation et l’action directe, pourra venir à bout des murs qu’ils nous imposent.

Déchaînons-nous contre tous ceux qui mettent des barreaux à nos vies !

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[Publié sur lacavale.be]

[Bruxelles, Belgique] Emeute lors de « la grande messe » contre l’austérité – 7 octobre 2015

07102015bxlDes dizaines de milliers de manifestants ont défilé ce mercredi à Bruxelles. Alors que le cortège arrivait vers 13 heures à hauteur de la gare du Midi, où les dirigeants syndicaux devaient prendre la parole, la tension est devenue très vive dans certaines artères de ce quartier. Environ 200 individus, dont le visage était masqué par des cagoules, s’en sont pris au mobilier urbain et ont jeté des pavés. La police a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes et d’autopompes.

Au bout de quelques minutes, deux cordons de policiers ont pu encadrer les fauteurs de troubles et les ont dispersés à hauteur de la Grande Roue. Ces incidents ont été provoqués par quelques dizaines de personnes, des jeunes pour la plupart. Selon nos journalistes sur place, la police était préparée et a repris le contrôle de la situation vers 14h30. Elle a procédé à 25 arrestations judiciaires pour vandalisme, coups et blessures envers des policiers et rébellion [La presse flamande « De Morgen » » parle de 28 arrestations à l’issue de cette manif, NdCNE]. Ces personnes ont été déférées au parquet pour audition.

Il semble qu’au moins un membre des forces de l’ordre ait été blessé à la tête.

Un flic en civil qui n'en sort pas indemne....

Un flic en civil qui n’en sort pas indemne….

La gare de Bruxelles-Midi n’a temporairement plus été desservie par la Stib. Des débordements similaires étaient survenus au même endroit lors de la précédente manifestation nationale, le 6 novembre 2014 [Cf en fin d’article, NdCNE].

Vers 15h30, la grande majorité des manifestants a quitté les lieux.

Les syndicats estiment à 100 000 le nombre de manifestants présents, alors que la police parle de 80 000 participants.

Plus tôt dans la matinée, sur le boulevard du Jardin Botanique, entre 150 et 200 dockers des ports de Gand et d’Anvers ont tenté de rejoindre la rue royale, où ils ont été repoussés par les forces de l’ordre. Par ailleurs, nos journalistes sur place ont aperçu un groupe d’une dizaine de personnes qui étaient présents dans le cortège encagoulés et visages masqués. Des agriculteurs accompagnés de leurs tracteurs participaient au cortège. […]

Certains manifestants ont maculé au passage la façade du siège du Parti socialiste.

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Des vitres de l’hôtel Hilton Grand Place ont volé en éclats.

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De l’intérieur de l’hôtel de bourges

Leur presse – RTBF, 07/10/2015

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07102015bxl2[…] A l’arrivée du cortège près de la gare du Midi, des affrontements ont éclaté avec un groupe d’obédience anarchiste qui s’était infiltré dans la manifestation, selon la police.

Des membres de ce groupe ont lancé des projectiles sur la police, imités par quelques manifestants. Les policiers ont répliqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes.

Au total, la police a recensé quatre blessés dans ses rangs, et huit chez les manifestants. Elle a procédé au total à 17 arrestations, selon un communiqué.

Le mouvement de protestation sociale ne s’arrêtera pas là. Vendredi est prévue une grève nationale dans les chemins de fer [En lire davantage sur cette journée de grève des cheminots du 9 octobre dernier, qui fut plutôt offensive, NdCNE]. […]

Leur presse – lalibre.be, 07/10/2015 à 19h15

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112 – Lors des émeutes le 6 novembre 2014 à Bruxelles suite à une manifestation massive contre le nouveau gouvernement, 112 policiers ont été blessés, presque tous des effectifs des différentes zones de police de Bruxelles. Plusieurs bâtiments, commerces et bureaux ont été dégradés, 11 véhicules (dont une moto de police) ont été brûlés. 112, c’est alors devenu le chiffre de la colère, le chiffre de la vengeance pour toutes les personnes tabassées, enfermées, torturées et tuées par les flics, le chiffre de la rage contre le serrage de vis général.

Bruxelles

Tiré de Hors-Service

[Belgique] Le JOC face à la révolte incontrôlable

Juin 2012. Suite à la répression brutale d’une manifestation anti-fasciste, un rassemblement solidaire devant le Palais de Justice part en manifestation sauvage. Arrivés dans le quartier européen, des manifestants commencent à péter quelques vitres de véhicules appartenant à un fonctionnaire de l’OTAN. Encore avant qu’il y a eu la moindre réaction de la part des forces de l’ordre, des petits chefs de la JOC (mais pas seulement) décident de mettre fin à la manifestation, se scindant des « casseurs ». A une rue de là, ils appellent tout le monde à venir dans un petit parc pour « discuter ». Cependant, l’entrée au parc est interdite à un nombre de manifestants jugés « indésirables ». Quoi qu’il n’y a eu aucune arrestation, le but était clairement de livrer des « éléments incontrôlables » aux flics.

Mars 2013. Nouvelle « manifestation contre les violences policières ». La manif part du centre-ville de Bruxelles et va longer le quartier de Molenbeek. Pas mal de jeunes du quartier rejoignent le cortège. Il n’a pas fallu plus que deux rues avant que le service d’ordre de la manifestation, organisé notamment par les JOC (mais pas seulement), commence à s’en prendre aux enfants qui jettent des boules de neige vers les flics. Quand des manifestants s’interposent, ils se font traiter de « fascistes », de « provocateurs » et de « flics infiltrés » par le service d’ordre. Quand la manif arrive à la hauteur de la Bourse, une centaine de personnes (dont des gens habillés en noir, le cauchemar des partis et des petits chefs, et nombreux jeunes du quartier Anneesens et de Molenbeek, l’autre cauchemar de ceux qui ont horreur d’« éléments incontrôlables ») attaquent une patrouille de police et défoncent quelques flics en civil. Le valeureux service d’ordre, qui devait protéger la manifestation contre des « agressions fascistes », forme un cordon afin d’empêcher les gens de rejoindre à nouveau la Bourse. Comme ils sont alors logiquement pris pour des flics, ils seront passés à tabac par des groupes de jeunes. Dans son communiqué triomphant, le JOC ne mentionne aucun de ces incidents.

Novembre 2014. Affrontements importants lors de la manifestation contre le gouvernement. Le JOC retient de cette journée avant tout la présence de quelques nazillons le long du cortège. C’était sans doute un peu trop compliqué de qualifier les milliers d’émeutiers comme des « fascistes » ou des « provocateurs ».

Mars 2015. Encore une « manifestation contre les violences policières ». Quand la manif traverse les rues de Molenbeek, nombreuses personnes du quartier se joignent au cortège. Si le JOC avait espéré d’agréger que des moutons qui suivent leurs directives, et cela malgré leur coordination étroite avec les services de police, des incidents éclatent : flics en civil pris à partie, patrouille caillassé, un bar de bobos perd ses vitres. Les services d’ordre du JOC, habillés en noir et masqués pour l’occasion, forment des cordons, cherchent à cacher les dégâts pour les caméras des journalistes et se font de nouveau taper par des manifestants.

Octobre 2015. Nouvelle manifestation nationale contre le gouvernement. Cette fois-ci, le JOC est déterminé à s’interposer au moindre incident. Quand la manifestation arrive à la hauteur du Tour de Finances, un groupe de manifestants veut se diriger vers la rue Royale. Avant de se heurter aux lignes de flics, quelques chefs du JOC s’interposent, tentant de convaincre les manifestants de rester dans les rangs. Ils se prennent des claques. Dans un communiqué, le JOC précise qu’il s’agissait d’ « éléments d’extrême droite » infiltrés parmi les dockers d’Anvers (ce qui, selon eux, est une évidence bien connue) et qui leur en voulaient pour leurs campagnes antiracistes (qui, sans aucun doute ni mégalomanie, ont des échos importants dans le port d’Anvers).

Ces quelques éléments pourraient sans doute être complétés, voir nuancés. Ils ne sont probablement et malheureusement pas exhaustives. Et on s’attend déjà à un communiqué fulgurant de leur part pour démentir et qualifier les auteurs de ce petit rappel de « fascistes ». Mais ce n’est pas tellement la question. A notre avis, celui qui travaille ensemble avec les flics, se range immédiatement du côté de l’ordre dès que les choses commencent à échapper à leur contrôle et qualifie tous les autres comme des « fascistes » ou des « provocateurs », n’est qu’un minable politicien. Et on a toujours pensé que cela ne sert à rien d’essayer d’avoir un dialogue avec des politiciens, et pas non plus quand ils endossent les habits de « militants ». Il ne peut qu’y avoir le conflit, tout comme on est en conflit permanent avec l’État, le capital, ses défenseurs et ses serviteurs.

Par contre, ce texte a quand même l’intention d’ouvrir un espace de dialogue. Pas avec les chefs de la JOC, mais entre les rebelles qui se sont heurtés à leurs services d’ordre et leurs manipulations, entre ceux qui ont, dans le passé et dans le présent, collaboré avec le JOC dans l’espoir de renforcer l’offensive libertaire et la lutte sociale, entre ceux qui pensent qu’une perspective révolutionnaire n’est pas l’affaire de partis et de chefs. A ceux-là, ce texte s’adresse comme un appel à la réflexion et à des expressions claires. Il est temps de sortir du marasme que le JOC tente de créer à Bruxelles (et ailleurs peut-être). Les chemins de la lutte auto-organisée, autonome et directe sont nombreux et variés, mais ils ne peuvent plus se croiser avec ceux de ces pompiers de la pire espèce. Sinon, ils perdent leur signification et leur contenu révolutionnaires.

Que le combat contre les fascistes est également le nôtre, cela est clair. Mais notre antifascisme n’est pas celui de la JOC. Notre combat contre la torture policière et la police n’est pas celui de la JOC. Nous luttons contre les fascistes et les flics parce qu’ils font parti de l’État que nous voulons détruire. Nous luttons avec la même vigueur contre tous les autres partis politiques, contre les bureaucraties syndicales, contre les organisations qui veulent toujours étouffer le moindre élan de révolte, contre les chefs qui veulent toujours enterrer la moindre expérience d’auto-organisation. Et contrairement aux chefs des organisations comme la JOC, nous n’allons pas vers d’autres gens pour les faire marcher au pas, nous les rencontrons dans les luttes que nous sommes capables de mener, des luttes caractérisées par l’autonomie, l’auto-organisation, la horizontalité et l’attaque contre ce qui nous opprime. Le fossé entre ceux qui se révoltent, ceux qui sont prêts à lutter, ceux qui sont animés par des désirs de liberté et les militants qui prétendent mener la danse des luttes devient chaque jour plus profond. Et c’est probablement pour le mieux. L’auto-organisation n’est pas seulement la tombe des patrons, mais aussi celle des petits chefs et des organisations réformistes.

Quelques éléments incontrôlables

Publié sur indymedia bruxelles, 09/10/2015

Que de bonnes raisons d’attaquer les entreprises qui collaborent à l’enfermement

feualamaxiprisonLa prison resterait un rêve dans la tête des dominants si elle n’était pas concrétisée par le travail des uns et le renoncement des autres. Aujourd’hui comme hier, pour mener à bien ses projets, le pouvoir doit s’assurer le concours de ceux-là même qui en sont les victimes. La maxi-prison n’échappe pas à la règle. Ici, pour nous obliger à faire ce qu’ils veulent (nous domestiquer), les gouvernants s’y prennent de deux manières. D’une part, ils s’acharnent à faire accepter collectivement la fausse nécessité de leur projet. Notre consentement (qu’on soit favorable ou résigné) est en effet la condition sine qua non. À vrai dire, la décision de ne pas s’y opposer est la fondation première sur laquelle s’élèvent et reposent tous les édifices de l’exploitation. Là réside aussi leur vulnérabilité !

D’autre part, avec le salariat, les dominants s’assurent la force physique et intellectuelle des exploités pour mettre en œuvre leur projet. Aucune structure de pouvoir ne peut exister sans le tour de force du salariat. Et pour que l’esclave n’ait pas conscience de construire sa propre cage, pour occulter le fait concret de la domestication, l’Etat dispose mille trompe-l’oeil devant la réalité. À l’image du projet de maxi-prison, où l’exploitation par le travail se fond derrière des « partenaires privés », des « métiers de spécialités », des « directions déléguées », … qui agissent comme autant de paravents qui masquent les rapports de pouvoir. Ne nous y trompons pas. Les entreprises collabos sont un amalgame de patrons, d’autorités et de têtes pensantes qui bâtissent leur domination avec les chaînes du travail et de l’enfermement.

Si la prison voit le jour, si la prison perdure, c’est que ceux d’en bas y travaillent ou s’y résignent. Mais si on rompt le cours des choses, si les dominants perdent le concours des exploités : leur rêve de prisons resterait dans les songes… une bonne fois pour toute !

***

Le fait est qu’on peut détruire les prisons en attaquant les personnes et les choses qui les font exister. L’engrenage de la machine est parfois plus simple qu’on pense et gripper son mécanisme ne demande qu’un peu de fantaisie, d’initiative et de constance. Comme souvent, une recherche minutieuse d’informations est le premier pas pour se libérer de la confusion et passer à l’action. À bien décortiquer la prison, on s’aperçoit que les rouages dérobent au premier regard une facette économique fondamentale. Pour être concret, l’enfermement prend racine dans un tissu d’entreprises diversifiées, qui, pour les trouver, demandent de porter son regard bien au-delà des barbelés et des miradors. Il y a les bureaux d’architectes et d’ingénieurs, les constructeurs, les agences de financement, les prestataires de services… Outre les gens qui y travaillent, ces entreprises sont aussi toutes les « choses » dont elles dépendent pour concevoir, construire, gérer et entretenir les taules. Il y a les chantiers, dépôts, véhicules, installations, machines… la liste est encore longue et les manières de les attaquer n’ont d’autres limites que notre imagination. Les responsables ont un nom, un visage, une adresse… Le matériel se grippe, explose, s’enflamme… La prison est l’ensemble de tous ces aspects articulés, ou elle n’est plus.

***

N’oublions pas que le projet de maxi-prison joue un rôle clé dans le contrôle social des exploités à Bruxelles. Il est un organe vital, sinon inséparable, du grand corps répressif qui doit nous emprisonner au quotidien. Gestion du territoire. Transports militarisés. Police permanente. Inspection administrative. Règlements publics. Surveillance. Contrôle. Vu de plus haut, le projet de maxi-prison est incontournable, en cela que le pouvoir dépend de la maxi-prison pour rendre possible toutes les violences de l’ordre social. Mais sous le calme apparent des subordinations, la rage couve. Une rage qui peut exploser à tout moment de manière coordonnée et diffuse, en contaminant partout les désirs de révolte, pour balayer violemment les projets du pouvoir. L’erreur consiste à attendre patiemment un jour particulier qui peut-être viendrait mettre le feu aux poudres… Le moment de l’attaque c’est tout le temps ! Le piège consiste à vouloir confier cette lutte à d’autres…

Le combat doit partir de nous-mêmes ! À nous maintenant d’opposer notre désaccord en actes partout où le pouvoir cherche à s’imposer. Contre la prison et son monde.

Tiré de ‘Ricochets’ n°10 via la cavale