Archives mensuelles : février 2016

L’Etat prévoit de mieux récompenser les balances

Du témoin anonyme au repenti: état des lieux des programmes de protection

snactherParis – Du témoin « sous X » au repenti qui peut changer d’identité, en passant par un projet de nouveau statut de témoin protégé, état des lieux des programmes de protection de personnes coopérant avec la justice.

– LE TEMOIN « SOUS X » –

Jusqu’ici les seules dispositions légales en France sont la possibilité pour un témoin de déclarer comme domicile pour les besoins de la procédure l’adresse d’un commissariat ou d’une gendarmerie, ainsi que le témoignage sous X.

Cette dernière mesure, instaurée par la loi Perben de 2002, permet, lorsque le témoignage « est susceptible de mettre gravement en danger la vie ou l’intégrité physique« , de le recueillir sans que l’identité du témoin ne soit révélée. Cette possibilité doit être validée par un juge des libertés et de la détention.

La révélation de l’identité d’un témoin sous X est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. 

Le témoignage de « Sonia« , qui a dénoncé à la police Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés des attentats de novembre, n’avait initialement pas été recueilli sous X, ont expliqué des sources proches de l’enquête.

En conséquence, l’identité et les coordonnées de cette femme figurent dans le dossier d’instruction. Et la procédure interdit de revenir en arrière en expurgeant ce témoignage du dossier. « On ne peut pas déchirer les PV« , résume une source proche de l’enquête.

– LES REPENTIS –

Changement d’identité, aide au déménagement, nouvelle vie en somme: ce dispositif de protection, bien connu des amateurs de polars, ne s’applique jusqu’ici en France qu’aux « collaborateurs de justice« , c’est-à-dire aux repentis, non aux témoins. 

La loi Perben 2, qui date de 2004 mais dont le décret d’application n’a été publié qu’en 2014, permet au repenti, voire aux membres de sa famille, de bénéficier d’une identité d’emprunt et d’une aide à la réinstallation. Elle est décidée par une commission nationale de protection et de réinsertion. 

Ailleurs en Europe, l’Italie par exemple a eu fréquemment recours à ce dispositif, dès la fin des années 1970 dans les enquêtes sur des actes terroristes attribués à l’extrême-gauche, et ensuite dans les poursuites contre des organisations mafieuses.

– LE FUTUR STATUT DES TEMOINS PROTEGES –

Hasard du calendrier: le cas de « Sonia » repose la question de la protection des témoins alors que le conseil des ministres vient tout juste de valider le projet de loi renforçant la lutte contre le terrorisme, qui prévoit justement de mettre en place un dispositif spécifique. 

Plus précisément, l’article 6 de ce projet de loi dispose que lorsque la vie ou l’intégrité « physique ou psychique » du témoin ou de ses proches sont menacées, ce dernier, ou cette dernière, peut bénéficier de mesures particulières. 

Quand l’enquête porte sur un crime ou un délit passible d’au moins trois ans d’emprisonnement, la justice pourra exiger que l’identité du témoin soit tenue secrète lors des audiences publiques et dans les « ordonnances, jugements ou arrêts« . Le témoin sera alors désigné par un numéro d’identification. 

Il sera aussi possible, dans les enquêtes sur les crimes les plus graves, et lorsque l’audition d’un témoin met en danger sa vie ou celle de ses proches, de lui donner une protection, ainsi que de lui fournir une identité d’emprunt.

Dévoiler cette identité sera passible de jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende, si cela a mené, « directement ou indirectement« , à la mort du témoin ou de l’un de ses proches.

l’express.fr (AFP), 05/02/2016 à 14h57

[Bâle, Suisse] Ni fascisme ni démocratie !

Quelques jours avant que les fascistes de ‘Pegida Suisse’ manifestent mercredi 3 février à la marktplatz, il y a eu un minimum de désordre à divers endroits de la ville:

  • Le consulat autrichien a été recouvert de peinture: leur politique à l’égard des migrants a depuis bien longtemps franchi le seuil d’inhumanité.
  • Une voiture de ‘Securiton’ (filiale de ‘Securitas’) a eu ses pneus crevés. ‘Securiton’ est impliqué dans différents secteurs de l’industrie de la sécurité. De plus, tout le monde connaît le rôle de ‘Securitas’ en matière d’arrestations et d’expulsions des migrants.
  • 7 distributeurs de billets ont été mis hors-service avec de la peinture pour un petit moment

Car si nous combattons le fascisme, ce n’est pas pour défendre n’importe quelles valeurs de cette société raciste mais au contraire, pour en finir aussi avec ce monde de flics, de frontières, d’exploitation et de persécution.

A bas tous ceux qui dominent ou veulent dominer la terre et l’humain !

Ni fascisme ni démocratie !

[Traduit librement de indymedia Schweiz, 4. Februar 2016 14h57]

NdT:

*350 personnes sont venus s’opposer aux raclures racistes et fascistes de ‘Pegida’. Ces derniers ont pu tenir leur rassemblement uniquement grâce à la forte mobilisation policière.

[Hambourg, Allemagne] Perquis’ dans le cadre de l’affaire du squat de la ‘Breite strasse’ [+ attaques en solidarité avec les 6 inculpés]

Perquisitions en lien avec le procès contre les squatteurs de la ‘Breite strasse’.

Au petit matin du mardi 26 janvier 2016, une trentaine d’agents de la BFE (Unité d’Enquête et d’Arrestations), en partie armée de mitraillettes équipées de lasers, a débarqué chez des personnes militantes vivant en colocation dans le Grandelviertel d’Hambourg.

Lors de l’opération, les porte du lieu ont été défoncées à coups de bélier.

Les habitants ont été isolés dans leurs chambres, contraints de rester debout les mains levées contre mur, tout en se faisant pointer une arme dans leur direction, le temps que les agents de la protection d’Etat arrivent.

Lors de la perquisition, les flics ont embarqué un ordinateur mais personne n’ a été arrêtée. Les agents de l’Etat soupçonnent une des personnes du lieu d’avoir un lien direct dans l’affaire du squat de la Breite Straße 114, pour laquelle 6 personnes sont poursuivis depuis fin août 2014  [voir ci-dessous].

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squatDans la soirée du 27 août 2014 à Hambourg, un groupe de personnes ouvrent un squat du Breite Straße 114. Cette même nuit, les flics entreprennent de les expulser, mais les occupants décident de résister et s’affrontent aux flics. 5 personnes sont arrêtées, dont trois resteront en garde-à-vue jusqu’à la fin des ‘Squatting Days’ . L’un d’eux, Jakob, sera placé directement en détention provisoire jusqu’au 17 décembre 2014. En décembre 2014, il a été su qu’une peine de prison avait été infligée à une autre personne dans le cadre de cette même affaire. Cette détention a pris fin en mai 2015.
Cette décision d’infliger une longue peine de détention n’était en aucun cas juridique mais clairement motivée sur le plan politique.

La première étape du procès a eu lieu en août 2015 et une deuxième en novembre 2015. Le procès est toujours en cours.

Liberté pour les personnes poursuivies ! Liberté pour tous ! Notre solidarité contre leur répression !

Repris du blog de soutien aux 6 inculpés: breitesoli.noblogs.org

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Quelques mises à jour au sujet de la solidarité mise en pratique dans les rues d’Hambourg:

N’abandonnons jamais

Le 27 janvier 2016, le sas d’entrée et quelques vitres de l’agence pour l’emploi de la Kieler Straße ont été défoncés à coups de marteau. Cet acte envoie des débris et éclats aux dominants et à leur méthode d’oppression, de répression et d’exploitation.

Et envoie force et amour à tous ceux qui ont le courage de s’opposer à cette merde.

Salutations et accolades aux amis en lutte de la Rigaer Straße et les accusés du procès de la Breite Straße, ainsi qu’aux personnes visées par l’attaque des flics sur un projet d’habitation le 26 janvier 2016.

Pour plus de feu et de pierres dans les prochains jours et moins de flics présents dans nos vies !

Pour l’anarchie !

[Traduit de l’allemand de linksunten]

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Notre solidarité contre leur répression !

Pour montrer notre solidarité avec les accusés dans le procès de la ‘Breite Straße’, nous avons lancé de la peinture sur le commissariat de ‘Volksdorf’ dans la nuit du 20 janvier 2016.

Dans des situations où l’habitat du luxe se remplissent les poches de l’argent des locataires et des sans-logis, les squats et les attaques militantes sont un moyen nécessaire pour briser ce quotidien.

Nous appelons tout le monde à montrer sa solidarité avec les personnes accusées par des actions militantes ! Il y a plusieurs façons d’agir dans cette lutte pour les espaces de logement.

Par cette action, nous voulons saluer nos compagnon-nes de la Rigaer Straße et vous appeler à soutenir la manif du 6 février à Berlin.

Défendons les structures rebelles, soutenons les squats militants qui ne laissent pas les personnes accusées isoler !

Hambourg, janvier 2016

[Saronno, Italie] Attaque incendiaire contre l’industrie militaire – 29 janvier 2016

Dans la nuit entre le 28 et le 29 janvier, le siège des bureaux de ‘Rotodyne’ à Saronno a été visé par un jet de cocktails molotov.

‘La Rotodyne’ développe des équipements pour l’entretien et la construction d’hélicoptères et d’avions de guerre (EH 101, NH-⁠90, EuroFighter Typhoon), y compris le Lockheed F-⁠35 Lightning ||, conçu et utilisé par les Marines, par l’aéronautique et par la marine américaine, ainsi que de nombreux autres pays de l’OTAN, dont l’Italie.

Les distributeurs de ses produits et les entreprises avec lesquelles elle collabore sontAleniaAirmacchi’, ‘Augusta Westland’ (groupe Finmeccanica), ‘Aereotech’, ‘Patria Helicopters’.

Ses produits ont été adoptés par les forces armées danoises, irlandaises, grecques, italiennes et de l’Oman (Moyen-Orient); par la police néerlandaise, suédoise et italienne; Armée, la Garde côtière et la marine italienne; par l’armée, les gardes-côtes et la marine italienne.

On ne peut pas rester impuissants face à ceux qui font du profit avec la guerre.

Les attaquer avant que leurs produits ne puissent contribuer à causer la mort et des destructions est juste.

Rester à regarder sans agir ferait de nous des complices.

[Traduit d’informa-azione, Mar, 02/02/2016 – 11:50]

[Publication] A bas les « camps des Balkans » ! Contre toutes les frontières et tous les papiers !

  • Deux nouveaux centres d’expulsion en Bavière spécialement conçus pour les réfugiés (de l’ouest) des Balkans à Manching, près d’Ingolstadt et de Bamberg [1].
  • Enregistrements, traitements et rendus des procédures d’asile le plus rapidement possible et, en fin de compte, expulsions plus rapide (après 3-4 semaines de séjour tout au plus).
  • Gérés par : Service fédéral à la migration et aux réfugiés, service central des étrangers, tribunal administratif, organisations caritatives, services de sécurité privée, police fédérale…

noborder3La Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Kosovo, l’Albanie et le Monténégro sont désormais déclarés comme des « pays d’origine sûrs », car celui qui vient ici dans l’espoir d’une vie meilleure mais qui ne fuient pas un contexte de guerre et une persécution reconnue (être rom ne compte évidemment pas!), qui ne remplit pas les critères économiques, n’a pas l’aptitude ou les bonnes volontés pour être exploité économiquement est considéré comme « superflus ».

L’Etat classe les migrants en catégories, entre « bons » et « mauvais » : d’une part, dans celle de « réfugiés de guerre civile ou de persécutions politiques/religieuses qui ont besoin de protection », et de l’autre, dans celle des « délinquants qui abusent du droit d’asile, ainsi que les réfugiés économiques », puisqu’il est dans son intérêt de sélectionner celui qui a l’occasion de s’intégrer ici et celui qui n’a pas obtenu l’autorisation de rester ici, mais en même temps aussi pour préserver son image de démocratie des droits de l’homme.

Les camps, peu importe l’origine des gens, a pour rôle en général d’isoler les indésirables et les non exploitables de la société, d’isoler pour se débarrasser à la fois le plus rapidement possible et sans heurts de tous ceux qui ne peuvent pas être intégrés (au marché du travail).

Ainsi, l’Etat tente de rendre impossible tout mouvement libre sans médiation (étatique) qui va au-delà du simple fait « d’agir en soutien » et commence à faire apparaître une complicité solidaire. Une complicité entre les gens à l’intérieur et ceux à l’extérieur – qui constatent que les antagonismes ne résident pas entre les nationalités et les cultures, mais existent entre ceux qui avilissent, enferment, gouvernent et ceux qui sont écrasés, enfermés et gouvernés – qui pourrait peut-être provoquer du désordre et de l’agitation.

Peu importe quelle nationalité est inscrite dans nos papiers d’identité ou celle que nous possédons, signifions de manière claire à ceux qui nous domestiquent, enferment, expulsent et nous considèrent comme de la marchandise exploitable pour l’économie, ce que nous pensons d’eux…

La liberté de mouvement est à obtenir uniquement par la destruction de toutes les frontières, de tous les passeports, de tous les Etats et les camps et non par la reconnaissance d’un quelconque statut juridique.

A bas tous les camps, tous les centres d’expulsion, toutes les frontières, tous les Etats et tous leurs serviteurs !

[Aus Fernweh 17. Ausgabe, Dezember 2015 übersetzt]

NdT:

[1] Bourgs et villes de la région bavaroise: la plus grande ville des trois, Ingolstadt, est située au bord du  »Danube » au centre de la région bavaroise. Bamberg est située à l’extrême-nord de la région.