Archives par étiquette : diffusion anarchiste

[Mexique] Ne pas oublier les massacres d’Etat passe par l’émeute – 2 octobre 2015

Vendredi 2 octobre avait lieu dans plusieurs villes du Mexique de nombreuses manifestations pour commémorer le massacre de centaines d’étudiants par l’armée le 2 octobre 1968 à Tlatelolco, la veille des jeux olympiques de Mexico. A cela s’est ajouté l’anniversaire des 43 étudiants d’Ayotzinapa disparus (au moins 6 morts et 23 blessés retrouvés) dans l’Etat de Guerrero l’an passé.

"Ni pardon ni oubli - Mort à l'Etat" - Mexico, 2 octobre 2015

« Ni pardon ni oubli – Mort à l’Etat » – Mexico, 2 octobre 2015

A Mexico et à Oaxaca, les manifestations ont débouché sur une conflictualité incendiaire envers l’Etat: à Mexico, 5000 policiers étaient mobilisés. Entre 100 et 300 encapuchados, qui répondaient à l’appel à la manif « 2 octobre, on n’oublie pas », ont attaqué avec de pierres et des cocktails molotov les flics qui protégeaient les environs du Palais National à Zócalo. Les affrontements ont duré que quelques minutes. Il y a eu entre 3 et 10 interpellations selon les médias du pays. A Oaxaca, plusieurs banques (notamment une agence ‘Santander’ et une succursale ‘Banorte’), au moins deux concessionnaires automobiles (dont un de ‘Mazda’ et l’autre de ‘GMC’) et leurs voitures exposées ont été attaqués. Des magasins ont également eu leurs vitres détruites. Un magasin de bouffe a été pillé. Environ 53 émeutiers présumés (dont 10 mineurs et femmes) ont été interpellés à Oaxaca. La plupart font l’objet de poursuites pour « actes de vandalisme, tags sur bâtiments publics, agences commerciales, monuments historiques, etc… »

Mexico

Mexico

La banque 'Santander' de Oaxaca prise pour cible

La banque ‘Santander’ de Oaxaca prise pour cible

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Passage au concessionnaire 'Mazda'

Passage au concessionnaire ‘Mazda’

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Self-service, sans passer par la caisse...

Self-service, sans passer par la caisse…

Mardi 22 septembre, des protestations étudiantes avaient eu lieu dans l’Etat de Guerrero. Alors que des étudiants et parents s’apprêtaient à monter dans une dizaine de bus afin de rejoindre la manifestation à Chilpancingo (la capitale), les flics ont eu la mauvaise initiative d’intervenir en bloquant l’accès routier de Tixtla à la capitale d’Etat : à la suite de quelques vaines tentatives de parents d’élèves de négociers l’accès auprès des flics, près de 200 jeunes masqués ont lancé des molotovs et pétards sur les 200 flics qui bloquaient l’accès. Les affrontements ont laissé cinq agents de l’Etat en mauvais état (« traumatismes crâniens, plaies et contusions ») et deux jeunes manifestant-es blessé-es. La veille au soir, les bureaux du procureur (« La Fiscalia ») à Chilpancingo ont été attaqués et saccagés par un groupe de jeunes encapuchados.

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[Reformulé de la presse mexicaine, 22/09 et 02 & 03/10/2015]

[Paris XIXème] Programme des discussions à ‘La Discordia’ – Octobre 2015

Allende, ou comment la social-démocratie chilienne a préféré le putsch militaire à la révolution

Jeudi 15 octobre 2015 – 19h

“Nous vous avertissons […] que vous serez responsable d’avoir mené le pays non pas à la guerre civile qui est déjà en plein développement, mais au massacre froid, planifié de la classe ouvrière la plus consciente et la plus organisée d’Amérique latine”.

Voilà comment se termine la lettre des cordons industriels (une coordination autonome territoriale d’ouvriers) au président Allende, quelques jours à peine avant le coup d’État qui inaugurera 17 ans de dictature militaire.

Notre objectif est de déboulonner les illusions au sujet de la démocratie socialiste d’Allende. De s’intéresser à ce qui s’est passé de 1970 à 1973, à la répression du mouvement révolutionnaire, et comment le “camarade Allende” a préféré laisser la bourgeoisie et les militaires gagner du terrain, au détriment d’un mouvement révolutionnaire en pleine ébullition qui ne voulait pas se contenter d’une social-démocratie tiède. Pinochet n’a pas eu besoin de l’aide de la CIA pour établir la torture au Chili, le socialiste Allende l’avait fait avant lui, torturant et assassinant ceux qui voulaient aller trop loin, et désarmant les ouvriers qui sentaient que le vent tournait dans un très mauvais sens pour eux.


Sociobiologie : quand la science justifie la domination sociale

Mercredi 28 octobre 2015 – 19h

La sociobiologie est la science qui prétend expliquer nos rapports sociaux, nos émotions et nos comportements par des facteurs biologiques, même si elle fait mine aujourd’hui de tenir compte du social. Ses discours portent souvent sur des gènes particuliers, des hormones particulières ou encore, liés aux premiers, sur le fonctionnement de certaines zones du cerveau, qui sont censés expliquer l’existence de nos prétendus « instincts naturels ». Ainsi, les sociobiologistes affirment avoir déterminé quel gène « déclenche » la production de l’hormone qui, à son tour, « stimule » entre autres choses le développement de « l’instinct maternel ». Par suite, ils proposent de palier à la faiblesse, voire à l’absence de tels « instincts » par des kits de survie biologiques, ou même psychologiques. En naturalisant ainsi ce qui relève du social et de l’histoire, la sociobiologie apparaît comme l’un des moyens privilégiés pour domestiquer les individus, sous prétexte de les aider à surmonter les souffrances qui les tourmentent. Elle les empêche de remettre en cause le carcan des rôles qui les écrasent et donc participe au maintien de la domination sociale et étatique.

 

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[Mexique] Les récupérateurs de l’existant

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Negacion – 2015 – Mexique

Dans le deuxième numéro de cette publication [Negaciòn], nous avons déjà écrit sur le rôle d’intégration dans le système que jouent aussi bien des ONG que divers groupes de gauche et réformistes afin de pacifier des soulèvements et des conflits en assimilant différentes luttes qu’ils dépossèdent de caractéristiques essentielles qu’elles étaient parvenues à acquérir ponctuellement. Nous avons déjà dit que c’est ainsi que le système, au travers de ses programmes d’accompagnement social citoyen intègre dans ses rangs des groupes susceptibles de représenter à l’avenir un danger pour la paix sociale ou la stabilité du pays. Aux cotés des institutions, différents collectifs du spectre de la gauche participent à ce rôle de récupération.

Ce que nous appelons « récupération » est constitué par tout un ensemble : lorsqu’une lutte tendant à se radicaliser se voit intégrée dans le système par des groupes de gauche et d’ONG ; ou alors quand l’État se charge lui-même de cette tâche en utilisant ses propres moyens pour récupérer ces luttes et les placer sous son contrôle, sa surveillance, sa conduite. Cela se produit aussi quand des groupes gauchistes cherchent à prendre part à des luttes conflictuelles en venant y proposer des réformes et des médiations avec l’État et en les rendant ainsi vulnérables au contrôle du système. Il est évident mais nécessaire de souligner que les troupes de choc de l’État jouent un rôle important dans ce processus de récupération et/ou d’assimilation qui suivent les soulèvements ou révoltes. Je citerai quelques exemples pour illustrer le sujet.

Les poussées insurrectionnelles du 1er décembre 2012 ont vu des milliers de personnes prendre les rues de Mexico pour protester contre l’investiture du gouvernement de Enrique Peña Nieto. Les groupes de gauche démocratique, les partis politiques de gauche, des groupes antisystème (y compris la FAM [1]) ainsi que des groupes d’ « intégrateurs » bien connus et de réformistes à outrance telle qu’une bonne partie du mouvement « Yo soy #132 » [2] sont aussi sortis dans la rue, mais toujours avec la devise -parfois de manière indirecte- d’éteindre toute poussée insurrectionnelle et de gérer la révolte tout en apportant de l’eau à leur moulin.

Malheureusement pour eux, les troubles ont pris à ce moment la forme de la révolte ; l’attaque des symboles du pouvoir et l’auto-organisation ont commencé à se propager et les anarchistes sans drapeau, sigles ni organisation formalisée se sont aussi retrouvés aux côtés des autres exploités pour auto-organiser la révolte. C’est cette auto-organisation qui a permis de dépasser les mots d’ordre appelant au « calme » provenant de divers groupes de gauche qui voyaient le contrôle leur échapper manifestement des mains. Quelques collectifs anarchistes ont éprouvé la même chose en constatant que dans ce moment insurrectionnel leur organisation de synthèse ne dirigeait ni ne représentait rien, comme ça avait été le cas en 1936 ou en 1910, que le chaos s’était généralisé et que l’autonomie des exploités, exclus et auto-exclus avait dépassé leurs vieux mots d’ordre, leurs vieux schémas et leurs éminents appels réitérés à l’attente et à l’ »organisation telle qu’il se doit ». Cela s’est confirmé par la suite lorsque les mêmes dirigeants de l’Alliance Anarchiste Révolutionnaire, adhérant à la FAM, ont nié la participation des acrates aux émeutes.

Le premier décembre 2012, la révolte a surgi. Après les émeutes au cours desquelles plusieurs sièges du capital ont été sabotés et de nombreux affrontements ont eu lieu avec la police, des centaines de personnes ont été arrêtées, la plupart provenant de la sphère de gauche et anarchiste. Les habituelles violations des dits droits de l’homme se sont produites et des « condamnations excessives » sont tombées sur les arrêtés. La plupart d’entre eux ont été accusés d’attaques à la paix publique, délit de droit commun qui peut être puni par jusqu’à 36 ans de prison.

A ce moment, le mot d’ordre -particulièrement du mouvement #132- a consisté à réclamer la dérogation de ce délit, qualifié d’anticonstitutionnel et sans fondement juridique. Ce mot d’ordre a conduit à mobiliser des centaines de personnes, des groupes de gauche et d’autres collectifs anti-système, jusqu’à quelque secteur anarchiste.
Quelques semaines plus tard, le 28 décembre précisément, l’assemblée législative du District Fédéral a modifié le délit d’attaque à la paix publique pour le faire passer à un délit sans gravité offrant des possibilités de caution et c’est ainsi que toutes les personnes arrêtées sont sorties, mais en attente de jugement. On a dit beaucoup de choses sur cette réforme. Le #132 s’en est vanté avec ses suiveurs, faisant de ce « changement » une « réussite », un triomphe du peuple et du mouvement social. Pourtant, même si les mobilisations réclamant la dérogation de cette loi avaient exercée une pression minime, nous voyons clairement que la stratégie du gouvernement a répondu à autre chose.

En même temps que ce scénario d’émeutes, de molotov, de mobilisations, d’arrestations et de torture contre les manifestants, le changement de gouvernement a eu lieu dans le District fédéral. Marcelo Ebrad laissait le pouvoir et son successeur – en plus d’être l’ancien procureur de justice de la capitale- policier de l’académie, le docteur Miguel Mancera allait occuper la charge de Gouverneur de la capitale. Ni Ebrad ni Mancera, tous deux de gauche et sociaux-démocrates aussi cupides que progressistes, ne pouvaient partir ou arriver en étant entachés de sang, de discrédit, de tortures et d’arrestations arbitraires ; pas plus d’ailleurs que d’émeutes ou d’encagoulés, armes que leurs adversaires politiques utiliseraient pour leur faire une « mauvaise publicité ».

C’est ainsi que la loi d’attaques à la paix publique a été réformée, un ordre qui à notre avis a été de caractère politique comme réponse à la crise du moment.

A la décision de réformer la loi comme stratégie politique pour s’en tirer plus ou moins « bien » face aux habitants de la capitale, nous pouvons ajouter le fait que cette concession du gouvernement de la ville visait à calmer les esprits chauds des protestataires qui auraient pu en venir au mot d’ordre suivant : libérer les prisonniers politiques. La récupération fait aussi parti de ces intentions. Que ce soit directement ou pas, suite à une stratégie ou par coïncidence, le gouvernement de la capitale est sorti gagnant au moment où la gauche progressiste, les réformistes et particulièrement des groupes comme Yo soy #132 ont célébré cette concession comme une « réussite » et l’ont prise comme une avancée dans la « démocratie du pays », peut-être sans vouloir voir que ça n’était qu’un maillon supplémentaire à la chaine que porte les prolétaires.

Le gouvernement a gagné, puisque cette « réussite » a impliqué la médiation, l’accord et la pacification. Yo soy #132 et le dit « mouvement social » sont passés au silence, à la délégation, au dialogue et à l’accommodement. Le « slogan » de dégager Peña Nieto – bien que fort discutable d’un point de vue anarchiste – qui était parvenu à un moment à faire prendre le mécontentement et avait culminé par de grosses émeutes susceptibles de l’étendre, s’est retrouvé réduit à un tas de pétitions et à la célébration d’un jour de plus sur le calendrier révolutionnaire.

Les groupes de gauche se sont réarrangés, chacun d’entre eux a tiré parti de ce soulèvement et de nombreuses choses sont revenues à la normale. Tous contents avec leur réforme misérable.

Tous contents avec une nouvelle journée à fêter, en espérant que l’année prochaine soit similaire. Les autres récupérateurs ont aussi fait leur boulot – y compris les politiciens de la FAM et d’autres groupes de la même ligne qui ont cherché à profiter de l’occasion- en essayant à tout prix d’inclure les groupes dissidents dans leurs organisations, en continuant d’appeler au calme et à l’attente, en intégrant divers secteurs en lutte dans les jeux du système, dans les programmes sociaux, dans les partis politiques, en traitant les insurgés de vandales, et particulièrement les individualités anarchistes et antisystémiques ayant participé à ces journées de soulèvement populaire. Travail bien fait pour l’intégration – et en quelque sorte pour la canalisation de rebellions et de nouvelles poussées de violence- qui portera ces fruits lors des manifestations suivantes beaucoup moins nombreuses et incontrôlées.

Mais pourquoi ce travail de récupération ?

Simplement parce que ces révoltes qui à un moment criaient le seul mot d’ordre contre l’investiture au gouvernement du dinosaure du PRI ont dépassé non seulement les demandes et les programmes de ces groupes, mais aussi les propres mots d’ordre qu’elles s’étaient donnés. Celle du 1er décembre n’a pas été une révolte contre Peña ni contre le PRI ; même si elle a commencé ainsi, a posteriori dans ces moments de chaos spontané, la phase revendicative habituelle a été dépassée, cette phase revendicative qui stagne, est si facilement récupérable par les réformistes et les partis politiques d’ « opposition » et finit toujours par assassiner les passions de vivre une vie qui vaille la peine. La révolte du 1er décembre a uni la rage des exploités contre ce système d’exploitation, c’est-à-dire contre ce monde et ceux qui l’administrent. Nous avons alors été quelques-uns à questionner l’attitude de nombreux anarchistes qui au cours des émeutes répétaient avec ferveur les consignes répandues, réformistes et contre le PRI, comme si leur participation s’accompagnait d’un manque de perspective et d’un projet clair d’insurrection. Non pas d’une insurrection précisément anarchiste, car elle ne l’était pas, mais d’un projet insurrectionnel tendant à intervenir de manière claire non seulement pour que la révolte se généralise quant à la violence révolutionnaire mais aussi pour que la critique sur les conditions d’exploitation et de mort s’étende à une critique plus générale et donc globale. Une telle généralisation de la critique et de l’attaque ne sera pas donnée par un programme établi au préalable, pas plus qu’avec quelques consignes apocalyptiques – bien que soient nécessaires certaines bases desquelles partir -, mais viendra plutôt du processus même d’auto-organisation des exploités. Avoir une incidence est très différent d’imposer. Et malgré tout de nombreux compagnons y étaient prêts, avec le désir de détruire le présent et d’intervenir pour généraliser le conflit dans toute sa splendeur.

Participer à une révolte populaire ne signifie pas répéter aveuglément les slogans du « peuple » ni les programmes des mouvements sociaux établis. Ces délégations de notre individualité ne nous intéressent pas. Participer à une révolte populaire signifie avant tout un point de rencontre en commun entre individus, c’est proposer une perspective d’un monde nouveau, d’un monde libre de toute autorité ; c’est créer ses propres consignes avec les autres exploités, sans suivre de programmes ni de leaders. Participer à une révolte populaire ne consiste pas à se martyriser pour « la cause du peuple », c’est s’auto-organiser avec les autres, discuter, débattre pour arriver à des points en commun. Participer à une révolte populaire c’est être participants à la première personne et non pas agir comme des moutons qu’on entraine sous des schémas étrangers; c’est avant tout influer sur le cours des choses pour que les motivations de la révoltes et celle-ci même se radicalisent.

L’année 2013 a été une époque de tensions dans la capitale du pays puant; avec la hausse des tarifs du métro, l’auto-organisation des exploités et des opprimés a de nouveau ressurgi démontrant que tout n’avait pas été vilement assimilé et récupéré par l’État.

Des manifestations massives dans la rue, les blocages aux entrées principales du métro, des sabotages aux distributeurs de tickets, des affrontements répétés avec les forces de l’ordre, un climat qui sentait la tension et la poudre. Dans ce contexte, une action contre le STC (Secrétariat des Communications et des Transports) a tenté de propager la reproductibilité et la réappropriation d’actes simples de sabotage. Cette action -comme beaucoup d’autres- a tenté d’apporter sa contribution à une nouvelle généralisation du conflit. Au cours de ces semaines de tension, la rage était auto-organisée, mais aussi spontanée. Un exemple, aussi simple que clair, en a été les centaines de sabotages sur les distributeurs de tickets du métro et le connu « boletazo » [3]. Cela a montré clairement que le sabotage, l’action directe, l’auto-organisation, l’autogestion de la lutte ne sont l’exclusivité d’aucun groupe de spécialistes, et encore moins de politiciens professionnels et de dirigeants. Ce sont avant tout des armes à la portée de tous.

Ce qui a mis un terme à ces semaines de rébellion, a été de nouveau la concession qu’a fait le GDF avec le tarif spécial accordé aux personnes vulnérables, femmes au foyer, étudiants, chômeurs etc. En parvenant à un accord et à la pacification des expressions de révolte qui s’étaient manifestées au cours de ces semaines.

Pour conclure, je dirai que par ailleurs nous avons aussi été responsables de ce qui s’est passé de par nos tiédeurs à l’heure de critiquer de manière perspicace et objective, mais aussi forte et sans médiation ce genre d’organisations récupératrices et gauchistes qui semblent « jouer à la révolution », indépendamment du fait qu’elles travaillent directement avec l’État ou pas et même qu’elles soient anarchistes. Ce manque de caractère critique est en partie ce qui a permis l’avancée de l’oeuvre de récupération et d’intégration de cette sorte d’organisations dont nous savons bien qu’elles ne vont pas céder par une simple critique de leur boulot. Cependant si celle-ci peut éventuellement influer sur la perspective dont les compagnons et d’autres les envisagent, elle peut même retourner le climat d’ »acceptation » existant autour de ces organisations récupératrices de l’existant.

Que dire de l’année 2014 [4] ? Toutes les protestations, les actions et les émeutes dus à la disparition des 43 élèves de Iguala, mais aussi celles visant à la destruction de l’Etat-Capital ont montré que la rage continue sur sa lancée, que la pacification sociale n’a pas atteint les sommets espérés, que cette année les énergies ne vont pas retomber, au contraire. Comme toujours, les conditions sont sur la table. De toute manière, dans ce climat de tension dans la capitale du pays, les récupérateurs de tout poil ont été présents, faisant tout leur possible pour éteindre le feu. Mais contrairement à ce qui a été écrit quelques paragraphes auparavant, j’oserai demander : ont-ils bien fait leur travail ? Peut-être que oui, mais seulement pour l’instant, nous verrons à l’avenir.

Par un insurgé sans velléités de repentir

Notes

1. Federación Anarquista Mexicana

2. Le mouvement Yo soy #132 a été un mouvement politique et étudiant ouvertement réformiste dont la première génération a vu le jour dans l’université privée IBERO, au moment où un groupe d’étudiants manifestait contre le meeting célébré par Enrique Peña Nieto dans cette université dans le cadre de sa campagne présidentielle pour le compte du PRI (Partido Revolucionario Institucional). A ses début, le mouvement #132 avait une nette teinte social-démocrate (influence du PRD, Partido de la Revolución Democrática), mais avec le temps, de nombreuses scissions en son sein ont opté pour un gauchisme plus militant. Certains comparent ce mouvement à celui dirigé par l’étudiante chilienne Camila Vallejo. Il existe un livre sur le #132 qui à nos yeux ne représente rien d’autre que la mythification de ce mouvement.

3. Le blockage ou sabotage des portiques de métro afin que les gens puissent entrer sans payer (NdT).

4. Je recommande la lecture du texte « Conflicto, la disgregacion y la guerra social ».

Publié sans la revue ‘Avalanche’ n°5, Juillet 2015

[Paris] Sans-papiers ? Réfugiés ? Contre le tri et le dépotoir humain

Contre le tri et le dépotoir humain

arton4697-83ef7Vous avez déjà entendu parler du fait qu’il y a à peu près 4000 personnes arrivant actuellement en Europe par jour. Vous avez peut-être déjà aperçu les campements à La Chapelle, à côté de la Gare d’Austerlitz, au Jardin d’Éole, à la Halle Pajol et en d’autres lieux de Paris. Si vous y regardez attentivement, vous avez peut-être pris conscience des expulsions menées par la Mairie de Paris, par ses flics, avec toute l’aide indispensable de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (l’OFPRA), d’Emmaüs, de France Terre d’Asile, des Verts et des autres qui ont pour but d’humaniser le tri des êtres humains que le pouvoir prend pour des déchets. Si votre sens de l’empathie n’est toujours pas éteint face à la poubelle qui nous est attribuée dans ce dépotoir qu’on appelle le capitalisme, peut-être vous vous en êtes indignés, peut-être avez vous même bougés votre cul pour amener de la bouffe, des vêtements ou des médicaments pour ces gens qui n’ont pas tout à fait terminé leur voyage vers l’inconnu, poussés par le désir de fuir un enfer bien familier… On ne peut que saluer la volonté de briser l’indifférence qui côtoie chaque enfermement et chaque expulsion, toujours plus ou moins violents. Dans une telle ville, ou personne ne vaut plus que sa soumission déguisée en « sympathie », on ne peut qu’appuyer toute tentative d’affirmer qu’il s’agit d’individus qu’on laisse pourrir dans la rue. Et pourtant, l’affaire se renverse lorsqu’on apprend à l’exprimer dans la langue du pouvoir…

Car aujourd’hui on nous apprend que si l’on veut être sympa, il faut « accueillir les réfugiés ». Mais que veut dire « réfugié » ? Selon la Convention de Genève de 1951, c’est une personne protégée par l’État accueillant, à cause de la crainte, avec raison, d’être persécuté dans son pays natal. Et qui c’est qui décide si l’on a raison ou non d’avoir peur ? Bah l’État ! Pour obtenir ce qu’on appelle « le droit à l’asile », il faut donc être en danger, et être capable de le prouver avec des documents l’attestant. Donc pour l’être avec raison, il faut que le pouvoir donne sa bénédiction. Même si on dort sous le claquement des armes, il n’y a pas de guerre avant que les Nations Unies ne le décident. Même si tu es à deux doigts de mourir, il faut en avoir une preuve convaincante. Et si l’on crève, il est préférable de le faire en grands nombres pour impressionner les puissants aussi bien que l’opinion publique dont ils dépendent (ou pas).

Mais même si ta misère a fait une bonne impression aux puissants, on va te faire ramper à genoux. Car l’État et les marchands qu’il sert ne balancent pas des « cadeaux » pour rien. C’est un échange, tu vois. Il y a tout un tas de boîtes qui t’attendent à bras ouverts, et ton taf pour trois fois rien va certainement booster l’économie. Et si t’en es pas content, on te fera goûter à nouveau à ton enfer natal, à côté de celles et ceux qui sont triés comme des déchets, parfois recyclables, parfois non. Et il y en aura tant qu’il y aura des frontières. De ceux qui, aux yeux de l’État, ne méritent pas d’être accueillis et qui n’ont donc pas le dit « droit » de ne pas crever sur un barbelé, de ne pas crever sur une autoroute à Calais, de ne pas se noyer dans les eaux turques, grecques ou italiennes comme du bétail négligeable.

Face à la « crise des migrants », pendant laquelle les autorités Européennes se sont décidées, obligées par l’opinion publique, à accueillir un certain nombre de réfugiés, la France, et notamment l’OFPRA, a déjà commencé le tri entre ceux qui sont « en urgent besoin de protection » et ceux qui, selon eux, ne le sont pas ou pas assez, sur une échelle de menace quantifiable en fonction des intérêts géopolitiques du pouvoir et du cours du baril de pétrole. Pour ces derniers, les conséquences sont claires, ça va sans dire. Récemment, pendant une occupation qui a lieu au lycée Jean-Quarré, dans le XIXe, la Mairie a demandé aux migrants de lui livrer une liste de noms distinguant les demandeurs d’asile des sans-papiers (à jamais, on peut supposer), et tout ça en échange d’un hébergement d’urgence (pas pour les sans-papiers, on peut le deviner…).

Malheureusement, en se déclarant solidaires des « réfugiés », on est implicitement complices de cette division et de tout ce qui va avec. On perpétue le tri qui justifie le harcèlement, les rafles, l’enfermement et l’expulsion de ceux qui n’ont pas leurs papiers en règle. En se proclamant solidaires avec une catégorie qui ne peut être définie que par le pouvoir, on est forcement complice de la chasse à l’homme qu’il mène contre les « habituels » sans-papiers et les exclus du « droit d’asile ». « Réfugié » n’est donc pas un synonyme de « migrant ». C’est un terme qui a pour but à la fois de cacher et de justifier la terreur contre les migrants qui ne sont pas sélectionnés par l’État pour devenir ses précieux réfugiés. C’est un terme du pouvoir pour diviser les exploités entre eux, fabriquer des figures de « gentils » (réfugiés, aisés dans leurs pays, de préférence chrétiens, etc.) pour expulser tranquillement les « méchants » (sans-papiers, misérables d’ici comme de là-bas, qui viennent manger le pain de « nos » lardons). Dans un monde qui n’a plus aucun sens, où chacun se recroqueville sur sa petite parcelle d’identité, crever de faim n’est plus un critère suffisant pour recevoir hospitalité et solidarité. Et quelques larmes devant des photos sensationnelles ou la signature d’une pétition suffisent à se donner bonne conscience pendant que la machine à expulser continue son business de mort aux coins de nos rues. Car la misère de ceux qui errent sur cette terre n’est pas une question « humanitaire » ; elle est consciemment produite par l’État et ses marchands, et rendue acceptable par ses gestionnaires pour qui il s’agit d’un business comme un autre. C’est ce que nous appelons « machine à expulser ».

« Réfugié » est donc un mot du pouvoir qui n’a qu’un seul but : séparer les exploités, leur faire croire que leurs intérêts ne sont pas les mêmes, et créer des classes parmi les « méchants » sans-papiers, au-dessus desquels triompherons les « gentils » réfugiés, que la France prendra en charge à perte comme à profit, avec l’humanisme triomphant de la patrie des droits de l’homme et du barbelé. Et quel sort réservera-t-on à ces « sans-papiers » qui ne sont pas éligibles à l’asile ? Le même que d’habitude : Misère, exploitation, centres de rétention et expulsion. Survivre, ça se mérite !

Le problème, ce n’est pas un manque de papiers ou de titres à donner. Non, le problème, c’est qu’on délègue la décision quant à qui les mérite. Car tant qu’il y aura des papiers, il n’y en aura pas pour tout le monde. Tant qu’il y aura des frontières, il y aura ceux qui périront en essayant de les traverser. Tant qu’il y aura des États, cette chasse à l’homme effectuée par ses larbins continuera.

Notre lutte n’est donc pas pour les réfugiés – même s’il ne s’agit en aucun cas de culpabiliser ceux et celles qui en ont obtenu le titre. Notre lutte est contre tous les États et contre leurs frontières qui ne peuvent que mutiler, enfermer et tuer. Un titre de séjour est une manière comme une autre de se démerder dans un monde de merde, mais il n’est pas ce à quoi on aspire. Dans un monde où des papiers équivalent le droit d’exister, imaginer des « papiers pour tous » est impossible. C’est pourquoi nous luttons pour un monde où ils n’auront plus aucune valeur.

Vous nous reprochez d’être trop peu réalistes ? Bien, en l’occurrence, être « réaliste » consiste à perpétuer le massacre tout en cachant ses véritables raisons. Face à une telle réalité on préfère agir tout de suite pour que nos rêves d’aujourd’hui s’en emparent demain.

Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers.

Pour un monde sans frontières, sans flics et sans gestionnaires de la misère.

Sabotons la machine à expulser !

septembre 2015,

Des anarchistes.

Lire / Téléchager le tract au format PDF

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[Tract trouvé dans les rues de Paris, septembre 2015.]

 

[Athènes, Grèce] Solidarité avec les compagnon-ne-s arrêtés et torturés suite à l’attaque du comico d’Exarcheia

exarchia1709-4Le 17 septembre, des compagnon-ne-s appellent à une manifestation anti-étatique, antifasciste, anticapitaliste à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Pavlos Fyssah. Assez tôt, les flics encerclent le rassemblement. La manifestation se dirige vers le commissariat d’Exarcheia qu’elle attaque. Des affrontements de rue s’ensuivent dans les rues d’Exarcheia. Lors de ceux-ci, les flics arrêtent 9 compagnon-ne-s (dont 5 mineurs). L’Etat, les patrons et leurs serviteurs en uniformes montrent leur véritable visage. Bras cassés, dents cassées, coups sur tout le corps, yeux au beurre noir, doigts de pied cassés, voilà les pratiques de la démocratie face aux compagnon-ne-s anarchistes. La plupart des arrêtés sont chargés avec des accusations à caractère criminel [1].

Indépendamment du fait que si quelques uns d’entre-nous ne sont pas d’accord avec le déroulement de la manifestation (son organisation ou son cadre), nous savons que toutes ces tactiques de tortures contre des compagnons et d’accusations lourdes s’inscrivent dans la répression que déchaîne l’Etat contre les compagnon-ne-s anarchistes. Qui peut en outre oublier la décision vengeresse de rejeter la demande de permissions à fin éducative à l’anarchiste Nikos Romanos et la décision tout aussi vengeresse de rejeter la demande de remise en liberté dEvi Statiri. Décisions qui vont à l’encontre des lois qu’eux-mêmes ont adopté. Ils trouveront notre solidarité face à leur répression.

LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME
AUCUN COMPAGNON-NE SEUL DANS LES MAINS DE L’ETAT
SOUTIEN AVEC TOUS LES MOYENS POUR LES ARRÊTÉS DU 17 SEPTEMBRE

Groupe de lycéens anarchistes – Attaque anti-éducative.

[Traduit du grec par non-fides du site du groupe.]

[1Ndt :Plus en détail les accusations sont : utilisation d’explosif (crime), tentative de coups et blessures graves, port d’arme (pierres), trouble à l’ordre public, dommages à la propriété privée, outrage et rébellion. Lors de la comparution immédiate du vendredi 18 septembre, 4 personnes ont été relâchées (en attente de leur procès) et 5 continuent d’être emprisonnées au quartier général de la police d’Attique. Le 21 septembre, les 2 mineurs encore emprisonnés ont été relâchés sous condition et en attente de leur procès (ils doivent pointer tous les 15 jours au commissariat). Les 3 derniers inculpés doivent passer le 22 septembre devant le procureur qui décidera de leur remise en liberté ou de la poursuite de leur détention préventive.

 

[Publication] Sortie du 4ème numéro de ‘Séditions’ – Septembre 2015

A l’occasion de la sortie du 4ème numéro, le journal ‘Séditions’ change de format : il passe du dépliant 4 pages à une feuille recto-verso au format A3. Il est disponible à la librairie ‘L’Autodidacte’, à la ‘SPAM’ place Marulaz et au bar ‘Ze Muzic All’.

Par ailleurs, il sera également possible de choper les quatre numéros tous les derniers dimanches de chaque mois place Marulaz (ou quai Vauban en cas de pluie) lors des tables de presse de 12h30 à 15h00.

Si vous souhaitez le recevoir chez vous, contactez-nous par mail à l’adresse : seditions[at]riseup.net.

Un court aperçu des thèmes abordés :

JCDecaux : une pourriture sur tous les fronts / Besançon en voie de devenir une ‘Smart City’
– L’EPIDE, la maison de correction du XXIème siècle
– Rubrique « A l’Assaut du vieux monde » (brèves d’agitation)

Seditions4[Reçu par mail, 2 septembre 2015]

[Publication] Quatre ans après les émeutes anglaises d’août 2011

Quatre ans tout pile après les émeutes qui ont secouées l’Angleterre, en août 2011, nous avons pensé que l’occasion était parfaite pour mettre en ligne une version PDF du journal à numéro unique sur les émeutes anglaises d’août 2011, Now war is declared, qui jusque là bénéficiait d’une distribution exclusivement papier. Pour des exemplaires papiers, il en reste encore et vous pouvez contacter notre distributeur pour vous en procurer (La Discordia – Paris).

Télécharger le journal à numéro unique 'Now war is declared' au format PDF

Télécharger le journal à numéro unique ‘Now war is declared’ au format PDF

[Grèce] Affiche à propos du conflit anarchiste

Contre

Leur vision nationale

Leurs divisions internes au système (Mémorandum vs Anti-mémorandum)

Les efforts de l’Etat et du capital pour s’incruster carrément dans nos vies

Nous répondons par notre action combattante

Rendez-vous dans les rues pour le conflit anarchiste sans compromis

Groupe de lycéens anarchistes – Attaque anti-éducative

06 Ραντεβού στους δρόμους της ασυμβίβαστης, αναρχικής σύγκρουσης (Ιούλιος 2015)

Traduit du grec par non-fides, 22 juillet 2015