Archives mensuelles : août 2015

[Angleterre] Quelques brèves d’août 2015

Barnstarple: feu à un organe de propagande du pouvoir

Tôt dans la matinée du 10 août 2015, un véhicule de la presse poubelle locale a été incendié à Barnstaple, ville située au nord du comté de Devon*. Le véhicule, appartenant au ‘North Devon Journal’ a été entièrement brûlé juste devant son siège.

Un flic a déclaré que « de l’essence avait apparemment été utilisé comme accélérateur. »

Feu à tout ce qui maintient et justifie l’oppression et la domination du pouvoir !

50 Journal Arson

NdT:

* Localisé au sud-ouest de l’Angleterre

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Stamford Hill, Londres: fête sauvage et hors de contrôle

Dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 août à Stamford Hill dans le secteur nord de la ville de Londres, les flics ont été attaqués à coups de bouteilles en verre et de pavés par plus de 400 personnes masquées. Des projectiles divers pleuvaient sur les flics depuis les balcons des bâtiments et les rues du quartier. Cette rage collective a explosé suite à l’intervention policière qui visait à mettre un terme à une rave party. Les assassins du ‘Territorial Support Group (TSG)’ ainsi que des unités police armés de chiens et un hélico ont été appelés en renfort.

Un témoin a dit: « ça ressemblait aux émeutes de Londres il y a quatre ans, c’était hors-de-contrôle! »

Les « raves illégales » sont fréquentes sur les terrains et propriétés de Londres durant l’été, essayant de rompre avec la monotonie carcérale de l’enfer urbain qu’est Londres.

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Lichfield (Staffordshire): troubles dans une prison pour mineurs

Une émeute a éclaté en début de soirée de jeudi 6 août à la prison de Swinfen Hall, destinés aux mineurs délinquants, à proximité de Lichfield dans le Staffordshire. Une vingtaine de détenus ont foutu le bordel pendant 4 heures dans une aile de la taule, tentant de l’inonder. Deux cellules ont été incendiées par les émeutiers.

Ambulanciers, pompiers et unités de police anti-émeute sont intervenus à la prison pour mineurs. Quatre prisonniers ont été blessés lors des troubles qui se sont déroulés dans l’aile D.Tous les prisonniers ont fait l’objet de mesures de confinement dans les cellules de la prison suite aux désordres. Le ministère de la justice n’a pas voulu confirmer que celles-ci avaient été mises en application à la suite d’une « émeute ». Il s’est contenté de décrire ces évènements comme un « incident d’indiscipline ».

La rage des prisonniers s’est accentuée ces derniers temps au sujet des conditions sanitaires misérables dans lesquelles ils tentent de survivre au quotidien. Plusieurs cas de tuberculose en mai dernier dans cette même prison ont été la goutte d’eau qui ont fait déborder le vase, si l’on ajoute toutes les humiliations et violences inhérenhtes à l’enfermement

Inaugurée en février 1963 en tant que maison de redressement, ce sinistre bâtiment était un centre de détention pour jeunes. En 1972, il devient une institution à long-terme pour jeunes délinquants. A présent, la prison de Swinfen Hall enferme 627 jeunes, isolés par cellule individuelle dans 9 ailes.

 

[Chili] Un compagnon arrêté pour port d’engin explosif

molotovA l’aube du 1er août 2015, le compagnon de 20 ans Ignacio Muñoz Delgado est arrêté. Des flics en civil qui faisaient des contrôles préventifs dans la commune de Lo Prado (Santiago) ont vu un individu suspect apparemment vêtu de noir à vélo et ont décidé de le contrôler au croisement entre Camino de Loyola et Sergio Valdovinos.

La police dit avoir trouvé un extincteur de capacité d’1kg rempli de poudre noire et une mèche artisanale, en plus de textes en solidarité avec les compagnon-ne-s arrêté-e-s pour l’attaque incendiaire de la Brigade Criminelle.

Arrivés au 44e commissariat, le personnel du GOPE [groupe des opérations spéciales de police] et du LABOCAR [Laboratoire criminalistique des carabiniers, chargé des expertises scientifiques, par exemple concernant les preuves ADN, les empruntes… NdT] réalisent des expertises et des prélèvements d’ADN. Ignacio, après avoir été emmené par la police, est resté ferme, digne, la tête haute et enragé face à la presse en crachant sur les caméramans, charognards et mercenaires de l’État.

L’affaire a été prise en charge par le Parquet Sud, censé être spécialisé en attaques explosives, qui a décidé d’inculper le compagnon pour port d’engin explosif en plus de port d’arme blanche. Selon les informations récoltées, il n’est pas clair si l’inculpation est faite sous la loi de contrôle des armes ou la loi antiterroriste.

Le Cinquième Tribunal de Garantie a décidé d’un délai d’investigations de 5 mois et de la détention préventive pour le compagnon qui reste donc séquestré dans la prison/usine de Santiago 1.

Solidarité insurgée avec Ignacio Muñoz !
Ni loi antiterroriste ni loi de contrôle des armes. Liberté pour Ignacio !

[Traduit de l’espagnol par non-fides de Publicacion Refractario.]

 

[Brochure] Interview de Nikos Romanos : « Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement »

Introduction

Nikos Romanos était un jeune adolescent modèle, bon élève issu de la bourgeoisie et fils de romancière à succés, jusqu’à ce qu’il assiste le 6 décembre 2008 à un événement traumatique. Son meilleur ami, le jeune anarchiste Alexandros Grigoropoulos (15 ans) tombe sous les balles de la police dans les rues d’Athènes et meurt dans ses bras, une balle dans le cœur. Un événement qui provoquera certaines des plus intenses émeutes urbaines dans l’occident du jeune 21e siècle, et Nikos est déjà en première ligne, le soir même, enragé, digne face au traitement médiatique (refus total), et respecté des compagnons malgré son jeune age. Au rythme du ressac du mouvement anarchiste grec, Nikos sera changé à jamais par cette expérience et se jettera aussitôt à corps perdu dans le combat anarchiste, jusqu’à son arrestation cinq années plus tard suite à un double braquage armé dans la région de Kozani. Torturé, accusé (et condamné) d’appartenance à la Conspiration des Cellules de Feu (organisation armée anarchiste-nihiliste), il nie tout en assumant la responsabilité des braquages (et de leur nécessité pour la diffusion de l’anarchie) dans une attitude conflictuelle face à la justice, comme ses cinq co-accusés : Giannis Michailidis, Dimitris Politis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Argyris Dalios et Fivos Charisis. Ils seront tous condamnés respectivement, le 1er octobre 2014, à une quinzaine d’années de prison ferme [1].

Aussitôt incarcéré, Nikos reprend ses études, il passe des examens scolaires et valide son entrée à l’université. Le ministre de la Justice décide de lui rendre visite en prison pour le féliciter et pour lui remettre un prix de 500 euros, mais Romanos refuse d’assister à la cérémonie, de rencontrer le ministre et il crache sur le prix. Ce pourquoi se vengera l’Etat plus tard : fin 2014, un large mouvement de solidarité émeutière et incendiaire s’agite lorsque Nikos entre en gréve de la faim pour protester contre la suppression de ses permissions éducatives. Après 31 jours, Nikos y met fin le 10 décembre 2014 après l’obtention du bracelet électronique pour les permissions éducatives [2]. Elles lui seront à nouveau refusées en juin 2015, lorsque le conseil d’administration de la prison de Korydallos rejette à l’unanimité la nouvelle demande d’un congé d’études, et propose à la place de « faciliter » ses études à distance, c’est à dire à l’intérieur de la prison.

Cette interview date de fin juin 2015. À la mi-juillet, les ministres de la justice et de l’éducation ont signé le décret d’application qui fait entrer en vigueur la réglementation votée en décembre 2014. La réglementation reste la même, à savoir que les détenus pourront suivre leurs cours avec le port du bracelet électronique s’ils ont effectué un tiers des cours. Des salles d’étude dans les prisons sont aussi prévues, où les prisonniers auront accès à internet (sous étroite surveillance, bien sûr). De plus, les demandes de permissions seront examinées par le ministère de la justice (aidé en cela par le ministère de l’éducation) dans le cas où elles seraient rejetées par le conseil de la prison (ce dernier étant composé du directeur de la taule, d’un procureur pénitentiaire et d’assistants sociaux).

Il faut préciser que lors de la grève de la faim de Nikos en novembre-décembre 2014 et celles des prisonniers révolutionnaires qui ont massivement suivies, Syriza a joué un rôle prépondérant dans le vote de cette nouvelle loi et a alors fait la promesse d’abolir les prisons de type C. Ces prisons ont été officiellement abolies après la lutte des prisonniers [3] qui y voyaient un enjeu majeur, mais dans les faits, elles sont toujours en place.

Tandis que Syriza continue d’exercer le pouvoir dans une coalition avec un parti de la droite dure (ANEL) malgré des attaques anarchistes répétées [4], comme à l’occasion du mouvement massif des prisonniers révolutionnaires contre les prisons de Type C, les prisonniers anarchistes continuent de foutre le bordel et de se révolter, avec un appui massif dans les rues de toute la Grèce. Nikos est aujourd’hui l’un des emblèmes de cette période complexe et agitée, et d’une partie du mouvement anarchiste qui se refuse à reculer face au bulldozer Syriza ou à céder aux sirènes du populisme.

Voici donc, traduite du grec du journal Hit & Run (mais ce sont les réponses qui nous intéressent), une interview de l’anarchiste Nikos Romanos dans le contexte de l’installation au pouvoir de la gauche dite « radicale » en Grèce.

Liberté pour tous et toutes.

Août 2015,
Ravage Editions.

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Dis-nous quelques mots sur ce qu’il advient de tes permissions éducatives, auxquelles tu as désormais droit selon la réglementation mise en place suite à ta grève de la faim en novembre-décembre 2014.

J’ai accompli le tiers des cours que prévoit la réglementation en question et j’ai fait la demande pour les permissions. À partir de là, commence un théâtre de l’absurde. Le conseil de la prison a jugé qu’il ne pouvait pas appliquer la réglementation puisque la décision ministérielle n’a pas été rendue et a donc envoyé la demande au juge d’instruction spécial E. Nikopoulos sur la base de l’ancienne loi. Nikopoulos a donné une réponse négative car la décision ministérielle n’a pas été rendue, et qu’il ne peut juger du bien-fondé de la demande alors que dès l’instant où la réglementation entrera en vigueur elle sera annulée. Sur la base de l’avis négatif de Nikopoulos, le conseil de la prison a aussi rejeté à son tour la demande puisque la décision du juge est obligatoire.

Face à ce putsch, Syriza, qui pendant la grève de la faim a fait de la prospection électorale et une exploitation politique brutale sur le dos des gens qui ont formés le mouvement de solidarité polymorphe, jouent le rôle de Ponce Pilate, comme leurs prédécesseurs. Sans que cela ne provoque bien entendu un quelconque étonnement, sachant que l’on parle de politiciens, c’est-à-dire d’ordures égoïstes, de politicards, d’opportunistes, d’hypocrites et de caméléons professionnels qui ont simplement porté le costume de l’humaniste pour servir des visées politiques précises. Il y a bien sûr des choses plus sérieuses à dire sur ce sujet, mais je l’expliquerai dans la question suivante. En ce qui concerne l’évolution de mon affaire, théoriquement, la décision ministérielle devrait permettre de mettre en vigueur la réglementation, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de chances que cela arrive.

Penses-tu que derrière ces « retards » sur le bracelet électronique il existe des considérations politiques ou un esprit de vengeance contre toi ?

Je pense que dans le cas présent il n’existe même pas de bracelet électronique, sachant que malgré tout ce que peut affirmer le ministère de la justice, nous qui sommes en prison savons qu’il n’y a pas un seul détenu dans aucune prison de Grèce qui n’ait été libéré de cette manière. De nombreux prisonniers viennent quotidiennement me parler de ce sujet, et ils se demandent tous pour quelle raison aucun d’entre-eux n’a jamais eu de réponse de la part des instances judiciaires. Parce que les détenus communiquent entre eux dans les prisons et se tiennent informés sur les sujets qui les concernent, je peux dire avec certitude qu’il n’y a pas un seul prisonnier qui a mis un pied dehors de cette manière. Puis-qu’évidemment, une telle nouvelle ferait scandale dans une affaire si médiatisée, le monstre en apparence sans visage de la bureaucratie donne une solution à ce problème.

Mais la bureaucratie n’est pas une chose sans visage, elle est au contraire l’alibi des personnes qui occupent des postes de pouvoir pour projeter leurs responsabilités sur quelque chose qui prétendument les dépasse. Un allié invisible qui se cache derrière des comités législatifs, des conseillers techniques, des amas de papiers, des interprétations complexes et des espoirs mensongers. Ce que je dis, c’est qu’il n’existe pas de bracelets électroniques, et que le ministère de la justice manipule simplement et consciemment des détenus afin qu’il n’y ait pas de scandale, c’est un fait qui ne laisse aucune place au doute et ne peut être démenti par quiconque munis de preuves, puisqu’il n’existe pas un seul prisonnier à avoir été libéré ou à avoir pris une permission éducative de cette manière. Bien qu’anecdotique, je vais donner un exemple avec la prison de Korydallos sur des événements pour lesquels j’ai une vision personnelle. Il y a quelques détenus qui étudient dans différentes universités techniques et qui, sur la base de la nouvelle réglementation, voulaient demander des permissions éducatives pour passer les examens. Tous ceux qui sont passés par le conseil [de la prison] et puisque aucun d’entre-eux n’était inculpé et qu’ils ne pouvaient donc se cacher derrière un quelconque juge d’instruction, se sont vu dire des mensonges vraiment ridicules, comme quoi ils n’avaient pas réussi à communiquer avec le secrétariat de leurs écoles et leurs ont demandé de revenir en septembre. Cela montre que le conseil de la prison a reçu des ordres précis du ministère de la justice pour enterrer le sujet, pour que les causes véritables de toutes ces manœuvres ne remontent pas à la surface.

Comment considères-tu l’attitude du nouveau gouvernement Syriza ?

Prenons les choses depuis le début. Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement. Son rôle était d’assimiler les tensions sociales, de créer un capital politique à partir de sa participation à des luttes sociales intermédiaires en se présentant comme son bras institutionnel, de fonctionner de manière contre-insurrectionnelle en dévalorisant le terrain de la confrontation de rue au profit de la politique bourgeoise. En peu de mots, il a incarné de la meilleure des façons possibles, le rôle politique du réformisme à un niveau central. En outre, Tsipras lui-même, avant de devenir premier ministre, avait déclaré que si Syriza n’avait pas existé il y aurait eu beaucoup plus de troubles et de révoltes en Grèce durant les années de manifestations anti-gouvernementales. Fait qui signifie que la mise en œuvre d’un agenda politique de gauche en tant qu’opposition était entre autre un choix politique stratégique pour assurer la paix sociale et reconstituer sur de nouvelles bases les contrats sociaux endommagés.

La démocratie cache beaucoup de jokers dans sa manche pour maintenir sa cohésion, une des flèches de son carquois est l’alternance rapide des rôles dans la scène politique, sa capacité à battre les cartes et absorber les perspectives radicales qui peuvent se retourner contre elle. Pour en venir à aujourd’hui et après l’accession au pouvoir de Syriza, il y a des changements structurels dans sa rhétorique et des contradictions énormes en son sein. Naturellement, malgré toutes ces contradictions, la réalité qu’ils imposent est celle qui maintient en fonction les prisons de type C, lesquelles existent toujours, dans la mesure où à l’extérieur de la prison de Domokos, se trouvent encore des véhicules spéciaux de la police, et que les ailes d’isolement accueillent toujours des compagnons. Cette même réalité qui inscrit des chiffres sur la peau des immigrés avant de les empiler dans les centres de rétention, qui entre dans des lieux occupés, qui torture des compagnons grévistes de la faim, qui est responsable du maintient en captivité de proches des compagnons de la CCF [5], qui inaugure Salaminas comme premier endroit d’exil dans l’ère de la démocratie, qui signe des partenariats commerciaux avec les assassins des palestiniens, qui va mettre en place toutes les politiques néo-libérales auxquelles elle s’opposait tant qu’elle était dans l’opposition.

En résumé, Syriza maintient dans leur intégralité tous les engagement géopolitiques, économiques et militaires d’un Etat appartenant à la périphérie capitaliste, tandis que, pour jeter de la poudre aux yeux de ses électeurs de gauche, il garde un ensemble disparate de cadres ayant conservé une rhétorique de gauche et qu’il mettra hors jeu lorsque viendra l’heure de la transformation de Syriza.

En regardant les choses de notre point de vue, le fait que nous soyons anarchistes signifie que même si Syriza était un réel gouvernement de gauche aux politiques radicales, il nous trouverait à nouveau face à lui, sans aucune envie de signer une trêve avec les apprentis-sorciers de l’illusion et de la répression organisée. En outre, au contraire de la gangrène néo-communiste qui infecte les cercles anarchistes, nous, nous avons coupé depuis longtemps le cordon ombilical reliant l’anarchie à la gauche. Il est néanmoins important que nous soyons précis dans ce qui nous définit pour que nous puissions analyser la réalité qui se tient devant nous.

Syriza est donc un gouvernement social-démocrate à la rhétorique faussement radicale qui exploite son profil politique de gauche pour acquérir un contrôle social et de l’influence dans les mouvements et les projets subversifs, lesquels pourraient potentiellement se retourner contre eux. Et n’oublions pas qu’historiquement, c’est l’administration politique du capitalisme sous une forme socialiste qui a mis en place les politiques économiques et répressives les plus dures, exploitant le sommeil éternel et continu de la majorité sociale. Dans nos cercles, le plus enrageant est qu’il existe différents clowns qui se la jouent anarchiste, qui ont le culot d’inviter des cadres de Syriza dans « leurs centres sociaux » et de discuter avec eux de sujets de fond, diffusant ainsi une vision qui blanchit Syriza, lequel au moment où nous parlons est le gestionnaire de l’Etat. Idées affligeantes et identiques à celles de tous ceux qui veulent éduquer les fascistes d’Aube Dorée, comme si le problème avec les fascistes ou les gestionnaires de la machine étatique était de discuter de nos désaccords plutot que de les écraser quel que soit l’endroit où nous leur tombons dessus. Ce serait une belle discussion philologique pour ceux qui croient en la démocratie et ses idéaux, qui dorment sur un petit nuage rose et rêvent de sociétés post-capitalistes. Seulement, les anarchistes sont en guerre avec la démocratie et ses représentants. En conséquence, au point où nous en sommes, tous ceux qui agissent en blanchisseurs de Syriza n’ont aucune excuse.

De plus, il n’y a pas si longtemps, Stavros Theodorakis [6] a rendu hommage à quelques unes de ces personnes dans des références « aux protagonistes » de l’acquisition de certificats de légalité, qu’ils ont donné depuis longtemps à l’Etat. Pour tout ce patchwork d’opposants au gouvernement, de pro-Syriza cachés à l’idéologie pseudo-anarchiste et autres profiteurs, la solution est simple : un arbre robuste et une bonne corde.

Nous, nous sommes aux côtés de ceux qui restent amis de la révolte anarchiste et s’obstinent à jeter des molotovs sur les flics à Exarcheia, à aller dans les manifestations pour vandaliser les représentations de la domination, à armer leurs esprits avec des plans subversifs et leurs bras armés de feu, à bruler les acteurs du nouvel ordre. Tous ceux qui organisent leur action dans des réseaux anarchistes informels d’action directe. Là où les intentions destructrices s’unissent horizontalement et de façon informelle dans un front chaotique, qui passe d’abord à l’attaque, avec en ligne de mire les individus et les infrastructures qui administrent et défendent le monde malade qui nous entoure.

Quelle est selon toi la place de la violence dans le mouvement anarchiste ?

Le capitalisme hellénique en faillite continue d’entretenir l’instabilité dans les territoires de l’Union Européenne et dans l’économie internationale. Nous nous trouvons une fois de plus à un tournant décisif du processus historique de modernisation de ces dernières années. Et la réalité c’est que ça va continuer, quels que soient les gestionnaires politiques. Les frontières de la Grèce et de l’Italie, en tant que premiers pays d’accueil des flux migratoires en provenance des zones de guerre, baignent dans le sang des corps d’immigrés. Les rivalités entre pays puissants s’intensifient et les conflits géopolitiques sont les déclencheurs de foyers d’agitation dans de nombreux endroits de la planète. Pour les anarchistes, l’instabilité et l’intensification de la violence systémique dans tout le spectre des rapports sociaux et des rapports d’exploitation diffus sont un défi pour s’organiser efficacement afin de constituer un facteur fort de déstabilisation de la normalité. Une contre-attaque anarchiste contre le monde de l’autorité et des économistes, politiciens, flics, fascistes, journalistes, scientifiques, responsables étatiques, directeurs de bordels pénitentiaires, banquiers et leurs collaborateurs, balances et serviteurs zélés du pouvoir. Face à toutes ces ordures qui sont le cœur de la machine capitaliste, battant au rythme de la majorité sociale qui contribue, par indifférence, par peur ou par connivence, à protéger le cœur du monstre, l’anarchie répond avec la langue de la violence absolue, du feu, de l’explosion, de la rébellion armée. Avec cette hypothèse de base, nous commençons à définir nos stratégies, décidant de nous rebeller et de nous jeter dans la bataille de la libération totale. Une révolte qui dans les temps présents jouera le tout pour le tout, libérera les relations humaines dans les communautés insurgées, organisera ses attaques. Elle deviendra le véhicule pour voyager sur les chemins inexplorés de la liberté, donnant la possibilité à nos existences de vivre sans recevoir ni donner d’ordres, sans se soumettre, sans ramper. Elle créera de manière authentique une réalité nouvelle dans les métropoles capitalistes, le temps de la peur pour ceux qui sont au pouvoir et leurs laquais, l’aube de notre ère, aujourd’hui et à jamais, jusqu’à la fin. Par conséquent, la place de la violence révolutionnaire organisée dans le mouvement anarchiste est l’alpha et l’oméga, c’est une force motrice et son évolution qualitative en un ennemi intérieur qui fera faire des cauchemars au pouvoir et aux patrons.

Penses-tu que la prison constitue un terrain de lutte pour un prisonnier « politique » [sic] ?

Nous devons tout d’abord abattre les mythes qui planent sur de tels endroits. L’imaginaire collectif qui voudrait que l’identité sociale du détenu soit implicitement celle du sujet révolutionnaire. Les identités sociales, les immigrés, les prisonniers, les travailleurs, les étudiants, les écoliers, sont des sous-ensembles sociaux qui dépendent et nourrissent à leur tour le fonctionnement du monde capitaliste. Pour moi, l’individu libre apparaît là où les identités sociales sont détruites et toutes leurs propriétés abolies, l’endroit où la décision individuelle de libération crée une nouvelle identité unique et distincte. Le révolté et l’iconoclaste qui s’attaque par tous les moyens aux ennemis de la liberté. Pour un anarchiste qui a décidé de participer activement à l’aventure de la révolte anarchiste, la prison ou encore la mort sont des conséquences possibles de ses choix, qui sont pris dans le monde réel et pas dans la réalité numérique où le verbalisme et les fanfaronnades sont courants. La prison est un arrêt provisoire pour tous ceux frappés par la répression. C’est un lieu où le métal interne de chacun est testé dans la pratique, le point final des grandes décisions et des grandes transformations intérieures. C’est un organisme social pourri où règne la balance et la soumission, le royaume obscur du pouvoir, le lieu de la honte, l’endroit où la liberté n’est pas seulement retenue captive, mais humiliée, traînée dans le sang entre la came, le mitard et les couloirs crasseux, là où les hommes apprennent à se détester. Des milliers d’analyses existent sur la prison et ses habitants, je dirais pareil que le guérillero urbain Jean-Marc Rouillan, que les personnes les plus à même de parler de la prison sont ceux qui y ont passés même un court instant de leur vie.

Pourtant la réalité c’est que plus tu passes de temps ici, plus il devient complexe pour toi de décrire les fonctionnements et la structure de cette société vraiment misérable. En bref donc, la prison signifie une mort lente, le cannibalisme social, la soumission du plus faible, la résignation, la catastrophe psychosomatique, la came, les psychotropes, les individus-déchets entassés dans les décharges de l’Etat, le mitard, la hiérarchie, le fanatisme religieux, le communautarisme racial et le racisme diffus, les conceptions nationalistes de toutes nuances, l’enfermement, l’attente, l’autodestruction, les blocages, l’assassinat des sentiments, les contraintes secrètes, l’inertie générale, l’immobilisme. Il n’est pas exagéré de dire que la société des prisonniers est l’enfant bâtard de la société capitaliste, une machine de mort bien huilée faite de glace et dans laquelle se cache tout l’excédent de laideur du monde moderne. Ce qui ne signifie pas qu’au sein de la prison il n’y ait pas des minorités de personnes qui ont pour boussole dans leurs vies la dignité, et avec lesquels on peut développer des relations amicales, voir des relations de compagnons.

Pour revenir à la question de départ, je pense qu’il ne faut pas oublier sa voie lors de cette épreuve, vers un but et un dévouement à une cause commune. Jamais repentis, jamais la tête baissée, toujours dangereux pour la civilisation de la servitude volontaire et de la soumission. C’est aussi pour cela que la lutte anarchiste dans la prison peut de toute évidence trouver des prises et ouvrir des voies pour devenir un danger pour l’ennemi. Avec des textes et des analyses, des refus quotidiens petits et grands, des grèves de la faim, avec la lime entre les mains, le fil de la révolte anarchiste continue à être tissé tant que brûlera en nos cœurs le feu de la destruction. En ce sens, la prison est un terrain pour la promotion de la lutte subversive et de l’anarchisme [en Grèce].

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Déclaration de Nikos Romanos à la première audience du procès antiterroriste à la prison pour femmes de Korydallos, le 3 février 2014

Le but de cette déclaration est de clarifier mes intentions auprès de vous et de votre cour. Les actions qui ne sont pas unies aux paroles afin que leur contenu conceptuel soit clair portent à confusion, tandis que les paroles non suivies d’action sont vides de sens et reflètent une neutralité verbale.

Je suis ici votre ennemi déclaré et irréductible, je n’implore pas votre clémence, je ne cherche pas le dialogue avec vous et vos semblables. Mes valeurs sont en guerre avec les vôtres, chaque phrase que je dis contre vous est donc une lame qui frappe votre masque d’hypocrisie et clarifie la position et le rôle de chacun de nous.

Vous écrivez des centaines de pages et créez continuellement de nouvelles affaires pour nous enterrer dans les prisons de votre démocratie pour des décennies.

Vous vous préparez à nous imposer des « conditions de détention spéciales » [prisons de Type C, Nde], c’est-à-dire l’unique coup manquant au panthéon du « traitement spécial » (transferts, procès, lois) que vous créez pour nous combattre.

Les simples lois de la physique disent que la conséquence d’une action est la réaction.

En dehors de vos tribunaux, dans les endroits libres, il y a des personnes rebelles, compagnons pour moi, terroristes pour vous, qui n’entendent pas tolérer notre extermination sans d’abord vous faire saigner, vous et vos superviseurs politiques.

Vous pouvez prendre cela comme une menace si vous voulez.

Je crois que c’est une réalité cynique. Chaque choix a son coût. Je suppose qu’en tant que juges et serviteurs de la loi vous serez d’accord avec moi sur ce point.

Mais jetons un bref coup d’œil sur votre merveilleux monde. Nous sommes dans l’ère de la vitesse. Tout change vite, créant sans cesse des états d’urgence. La vitesse du temps historique a désormais déraillé, les informations et les nouvelles voyagent en quelques millisecondes, la technologie et la science avancent à pas de géant.

À côté de cela, les contradictions de la civilisation moderne explosent toujours plus souvent. Des dizaines de feux sont allumés dans les villes où tout semblait calme, et menacent de répandre le chaos dans l’ordre organisé du système.

De tels événements créent des conditions qui nous servent. Nous créons des ponts de communication avec les gens derrière les barricades si bien que les actes de violence font partie d’un contexte politique plus spécifique, ouvrant ainsi la perspective de leur dépassement dans la lutte pour la révolution anarchiste.

Là où la rage se combine avec la conscience.

Là où se rencontrent les gens dont les boyaux sont brûlés par le feu de la liberté.

Quelque part par là se trouvent aussi les empreintes de mon insurrection.

Anarchiste, parce qu’elle est hostile à toutes les autorités reproduites par l’homme, continuelle parce qu’elle ne cherche pas à réformer mais à détruire, existentielle parce qu’à travers l’insurrection elle exprime toutes ces belles émotions que nous voulons répandre dans les cœurs insurgés.

En outre, la qualité de la vie se mesure en moments et en émotions.

Sur la base de cette description schématique, vous comprenez que vous n’avez aucune marge pour arrêter l’inévitable. L’affrontement de nos mondes.

C’est pourquoi des déclarations comme celle-ci ont exactement ce but, envoyer un message clair.
Vous ne pouvez pas nous plier, vous ne pouvez pas arrêter la tempête qui approche.
Ces temps réclament de la réflexion, de la prudence et une lutte continue par tous les moyens.

Pas un pas en arrière !

Plus de violence contre l’Etat et le capital.

Force aux guérilleros urbains anarchistes Nikos Maziotis et Pola Roupa qui ont une récompense sur leur tête [7].

Force à tous les compagnons en clandestinité.

Foutez-vous l’argent de vos récompenses au cul !

Longue vie à l’anarchie !

Nikos Romanos,
3 février 2014.

[Traduit du grec par Non Fides d’Inter Arma.]

Notes

[1] Pour plus d’informations sur cette affaire, voir le mot-clé « Solidarité avec les compagnons arrêtés suite aux braquages de Velvento/Kozani » sur non-fides.fr

[2] Pour plus d’informations sur cette gréve de la faim et ce mouvement de solidarité, voir le mot-clé « Solidarité avec Nikos Romanos » sur non-fides.fr

[3] Voir « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité », Recueil de textes et communiqués a propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce, 68p, février-avril 2015, Ravage Editions.

[4] Voir une chronologie dans Contre Syriza et son monde – Contre toute autorité, Quatre-page de la bibliothèque anarchiste La Discordia à l’occasion d’une discussion publique à Paris, juillet 2015.

[5] Evi Statiri est détenue depuis le 2 mars 2015, elle a été arrêtée car elle est la compagne de Gerasimos Tsakalos, membre emprisonné de la Conspiration des Cellules de Feu. Le 14 juillet, elle se voit à nouveau refuser sa libération et reste donc en détention préventive. La libération de Evi Statiri était l’une des promesses du gouvernement de Syriza. Entre autres promesses non-tenues, Savvas Xiros n’est lui non plus toujours pas libre. Ndt.

[6] Journaliste, présentateur télé et politicien, il a fondé en mars 2014, le parti centriste To Potami (« La Rivière ») avec pour ambition de se présenter aux élections européennes de 2014 et d’y incarner le centre pro-européen de l’échiquier politique. Ndt.

[7] L’État avait, quelques semaines auparavant, mis une récompense de 4 millions d’euros sur les têtes de plusieurs révolutionnaires en cavale : Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres de Lutte Révolutionnaire, Christodoulos Xiros, balance du 17N, qui ont tous été rattrapés depuis hormis Pola Roupa, et les deux membres non-identifiés des Forces Révolutionnaires Populaires Combatives qui ont mené l’exécution par balle de deux membres d’Aube Dorée le 1er novembre 2013. Nde.

Lire la brochure sur Ravage Editions

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[Hambourg, Allemagne] Ni justice ni prison

Ils sont indignés lorsque nous nous rebellons violemment contre les conditions violentes. Mais il n’existe aucune violence brutale telle que le pouvoir de la justice et de la loi.

Fin août commence le procès contre les 6 personnes qui sont accusées pour le squat de la Breite strasse et des affrontements avec la police qui ont suivi. Nous ne voulons pas accepter la façon dont l’Etat juge des vies et place des gens derrière des barreaux. Ses lois ont été faites seulement pour garantir le maintien du pouvoir et l’autorité de la domination.

Aucun rebelle dans les mains des dominants !

Contre la société carcérale et leurs lois !

Pour une solidarité active et combative !

Nous n’avons pas le temps d’attendre.

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[Affiche collée dans les rues d’Hambourg et d’autres villes allemandes le 3 août 2015 dans le cadre de la semaine d’agitation en solidarité avec les accusés de l’affaire de la Breite strasse]

Le procès aura lieu le 25 août prochain pour les 6 personnes accusées d’avoir attaqué les flics lors de l’expulsion d’un squat qui avait ouvert il y a un an à Hambourg à l’occasion des ‘Squatting Days’.

[Publication] Quatre ans après les émeutes anglaises d’août 2011

Quatre ans tout pile après les émeutes qui ont secouées l’Angleterre, en août 2011, nous avons pensé que l’occasion était parfaite pour mettre en ligne une version PDF du journal à numéro unique sur les émeutes anglaises d’août 2011, Now war is declared, qui jusque là bénéficiait d’une distribution exclusivement papier. Pour des exemplaires papiers, il en reste encore et vous pouvez contacter notre distributeur pour vous en procurer (La Discordia – Paris).

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[Santiago, Chili] Chronique de l’audience du 28 juillet contre Tato et Javier

chiNatalia Collado et Javier Pino ont été arrêtés le 7 avril. Ils sont accusé.e.s d’avoir incendié un bus de la compagnie Transantiago et se trouvent depuis en détention préventive.

L’audience était fixée à 11h30 dans la tour F, septième étage, ou en tout cas c’était l’information donnée à l’accueil. Mais ça n’était qu’une tentative de nous empêcher de voir et accompagner nos frères/sœurs. Finalement l’audience a eu lieu au premier étage de la tour A. À la demande de la juge, « brandissant » un argument préventif dû au désordre fait par certains compagnons (à ce moment-là seulement quelques amis étaient présents dans la salle), il a été ordonné que seuls les proches directs pourraient assister à ce cirque, et malgré les réclamations des avocats rien n’a changé, et tout le monde a été renvoyé dehors, derrière les portes fermées.

Dehors les personnes venues en solidarité espéraient la fin de ce petit gueuleton entre magistrats, et une fois terminé, deux banderoles ont été déployées, des tracts ont été lancés et quelques mots au mégaphone ont été criés. Les matons sont vite intervenus, ce qui a déclenché une bagarre qui s’est terminée à coups de poings, mais pas avant que l’on ait pu montrer aux compagnons qu’ils ne sont pas seuls. Dans ce chahut les flics anti-émeutes et les matons sont intervenus, gardiens de ces ignobles bâtiments du tribunal. Et chacun y donnait de son coup de poing, coup de pied, crachat, cri, regard hautain face à l’un de ces nombreux ennemis, ne baissant jamais la tête, et le résultat fut des matons tremblants, des personnes par terre, des compagnons blessés, beaucoup de lacrymo liquide dans l’air et sur nos corps, et surtout sur nos visages.

Le bordel a continué à l’intérieur du bâtiment, où des compagnonnes se sont rebellées contre les arrestations et les vexations de la part des matons, dans une ambiance extrêmement chaude. Le résultat a été 4 compagnonnes « arrêtées » par les matons, et deux compagnonnes hors du tribunal arrêtées par les flics. Deux filles ont reçu une plainte pour trouble à l’ordre public et sont citées à comparaître devant les tribunaux locaux. Les 4 autres ont été emmenées pour un contrôle d’identité « routinier », toutes au 12° commissariat de Santiago. Elles ont toutes été relâchées au cours de la soirée.

Ne tendons pas l’autre joue !
Respect aux meufs qui se sont rebellées !

Tato et Javier ont comparu de nouveau en rapport avec l’article 14-D « activation et explosion d’engin incendiaire sur transport public », qui fait partie de la « loi de contrôle des armes ». Des délits dont les peines vont de 10 ans et un jour jusqu’à 15 ans de prison.
Le délais de l’enquête reste ouvert vu que la nouvelle défense a de nouvelles demandes à faire, donc pour le moment il n’y a pas de nouvelles dates de procès.

Solidarité active avec tous/toutes les compagnon-ne-s enfermé-e-s dans le dédale carcéral.
Courage pour notre sœur Tato et Javier, pas d’agression sans réponse !

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par non-fides]

 

[Italie] La paille brûle

streetIl y a cent-quinze ans, le 29 juillet 1900, l’Italie s’est retrouvée soudain sans Roi. Le monarque Umberto I n’avait pas été détrôné par un coup d’Etat ou par une révolution, par un vote du parlement ou par un référendum populaire. Non, il avait été abattu par les coups de revolver tirés par un individu singulier — l’anarchiste Gaetano Bresci — débarqué des Etats-Unis pour venger le massacre effectué deux ans plus tôt à Milan par le général Bava Beccaris contre des émeutes du pain.

A l’époque, le geste de Bresci fut applaudi par une grande partie de la population, mais durement condamné par toutes les forces politiques (y compris celles composées de subversifs). La chose n’étonne pas, au contraire, elle est évidente. Les êtres humains en chair et en os, qui vivent et souffrent, qui ont un coeur et une dignité, ne peuvent que se réjouir face à la mort d’un tyran. Mais les êtres de paille, ceux qui aiment fouler la scène de la politique, ne peuvent tolérer que quelqu’un décide de sortir de la représentation. Il en va de leur rôle et leurs applaudissements. Pour eux tous —réactionnaires, socialistes ou anarchistes— Gaetano Bresci n’était qu’un criminel, un fou, un provocateur.

Avec le temps, la figure du tisserand de Prato a été réévaluée, il est devenu malgré lui un personnage et, en tant que tel, a fait l’objet de quelques scénarios. Ce qui explique la raison pour laquelle son nom est aujourd’hui célébré jusque par les êtres de paille modernes, c’est-à-dire ceux qui hurlent contre les fous et les provocateurs qui s’obstinent à sortir de la représentation. A une distance temporelle respectable, le revolver de Bresci peut bien être admiré. Mais lorsqu’on grille ces distances, il apparaît toujours quelque homme de paille pour rappeler que le pouvoir ne se concentre et ne s’incarne plus dans un Roi, qu’il est diffus dans tout un système social qui déresponsabilise donc, et que bla-bla-bla…

Bavardages doublement hypocrites. D’un côté parce que l’autorité, pour s’exercer, a toujours besoin d’être humains qui commandent (et d’autres qui obéissent). D’un autre parce que si un système ne peut certes pas être abattu par quelques coups de revolver, il peut par contre être saboté. Par exemple, aujourd’hui même, 29 juillet 2015, cent-quinze ans après les coups de feu à Monza, quelque chose s’est produit. Quelques câbles le long des voies des trains à grande vitesse entre Fidenza et Fontanellato (Parme) ont été livrés aux flammes, tandis que près de l’aéroport de Fiumicino (Rome) ce sont les pinèdes qui ont pris feu dans ce qui est présenté comme un acte volontaire*.

« Ces flammes sont l’oeuvre de criminels, de fous, de provocateurs » disent les êtres de paille. Ces êtres de paille sont sensibles aux allumettes, disons-nous de notre côté. Aujourd’hui comme à l’époque — entre un train en retard et un vol annulé — Viva Bresci !

[Traduit de l’italien de Finimondo par brèves du désordre, 29/7/15]

* NdT:
« Le feu s’était déclenché dans plusieurs endroits d’une forêt de pins voisine de l’aéroport et c’est l’épaisse fumée qui a contraint l’autorité aéroportuaire à suspendre tous les décollages. Les multiples départs de feu ont vite incité les autorités à envisager un incendie volontaire, et le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano a confirmé mercredi soir l’ouverture d’une enquête » (Le Parisien, 29 Juil. 2015, 23h48)

[Bure] Un engin de débardage, qui n’appartenait pas à l’ANDRA ou à un de ses sous-traitants, part en fumée

[Bure] Une malheureuse méprise

Dans la nuit du 29 au 30 juillet 2015, un engin prend feu aux abords d’une ancienne voie ferroviaire (convoitée par l’ANDRA pour l’acheminement des déchets radioactifs).

Il semblerait que cet engin, ainsi que le terrain défriché par ce dernier appartiendrait à un agriculteur qui refusait de céder le terrain à l’ANDRA.

Si cette dernière info devait être confirmée alors il s’agirait bel et bien d’une méprise malheureuse. Il paraît évident que ce n’est pas l’agriculteur qui était visé mais bel et bien l’ANDRA et ses sous-traitants…

Publié sur indymedia nantes, 5 août 2015 à 20h24

 [Bure] Un engin de débardage part en fumée

Dans la nuit du 30 au 31 juillet 2015, la belle nuit de pleine lune a été égayée par une plus belle encore colonne de fumée noire.

Nous avons incendié un engin de débardage effectuant les travaux de la ligne de chemin de fer censée acheminer les déchets nucléaires sur le site du laboratoire de l’ANDRA.

L’opposition radicale au projet d’enfouissement passe par l’offensive et l’attaque contre tous les sous-traitants et collaborateurs de l’ANDRA.

Publié sur indymedia nantes, 31/07/2015

[Etats-Unis] Les sabotages de lignes de fibre optique se poursuivent dans la baie de San Francisco et dans l’Arizona

Des saboteurs ont sectionné une énième ligne de fibre optique dans la région de la baie de San Fransisco cette semaine, le 12ème acte de ce type dans la région au cours de cette année.

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La dernière attaque a eu lieu à San Joaquin Valley town of Stockton, perturbant internet, téléphone mobile, le sevice 911 pour des dizaines de milliers de clients ‘d’AT&T’ et ‘Verizon’ dans trois comtés de l’est de San Francisco. Le service a été rétablie au bout d’une journée après le sabotage de ce mardi [28 juillet 2015].

Le FBI, qui enquête sur ces sabotages, n’a pas exposé le motif, mais a dit que les attaques se passent d’habitude dans des zones éloignées où il n’y a aucune caméra de surveillance. Les premiers sabotages de lignes de télécommunications en Californie ont débuté en juillet 2014. Pour l’instant, la vague d’attaques se poursuit sans qu’il n’y ait eu d’arrestation. […]

Depuis février 2015, le FBI enquête également sur un sabotage de ce type en Arizona. Il n’y a pas eu no plus d’arrestation jusqu’à présent.

A travers le nord de l’Arizona, les gens ne pouvaient plus utiliser internet, leurs téléphones mobiles ou téléphones fixes pendant plusieurs heures mercredi après que quelqu’un ait sectionné une ligne de fibre optique qui alimente les communications à une grande partie de l’Etat.

Les capitalistes ne pouvaient plus procéder aux transactions de cartes de crédit, les distributeurs automatiques de billets ne fonctionnaient plus, les bases de données des flics étaient rendues indisponibles et même les bulletins météologiques ont été affectés dans une zone s’étirant du nord de Phoenix à Flagstaff, à environ 100 miles de distance. Il n’y a eu aucune estimation rendue disponible concernant le nombre de personnes touchées.

Disséminons l’attaque sur le complexe carcéral techno-industriel !

Traduit librement de l’anglais de In the Belly of the beast, 3 August 2015

[Berlin, Allemagne] La ‘Rigaer Straße’, zone dangereuse pour la police et tout ce qu’elle défend

Par le titre « La Rigaer Straße est dangereuse pour les policiers » publié dimanche 2 août 2015, le porte-parole de la police berlinoise ‘BZ’ nous livre sans grande surprise un article crapuleux dans lequel les émeutiers anti-police sont comparés à des gangs en guerre pour un territoire de la ville. Il ne s’agit pas pour nous de défendre un quartier, mais relayer des brèves d’attaques contre ces chiens de garde d’un monde d’oppression et de domination. C’est bien pour cela aussi que nous avons choisi de reproduire quasi intégralement l’article, qui reprend la chronologie des évènements qui se sont déroulés dans ce secteur du quartier Friedrichshain au cours des trois dernières semaines. Quelques annotations, commentaires ont été ajoutées dans le text. Les parties importantes ont été mis en couleur noire.

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« La zone autour de la Rigaer Straße est devenue un endroit dangereux pour les policiers, pense un collabo de la police dénommé Gunnar Schupelius [1]

La violence pure contre la police fait partie au quotidien de Friedrichshain. Les auteurs viennent du milieu d’extrême-gauche et n’ont évidemment aucun scrupule. Ils ont délimité leur territoire autour de la Rigaer Straße. Là, ils attirent des policiers en embuscade.

Par exemple, dans la nuit de samedi 2 août. A l’angle de la Rigaer Straße et de la Liebig Straße, des incendiaires ont mis le feu. Lorsque deux policiers de patrouille arrivent, leur véhicule est pratiquement détruit sous une grêle de pierres. Des pavés sont aussi lancés depuis les toits des maisons. Par pure malchance, les deux flics étaient déjà trop loin de leur véhicule lorsque les pierres ont volé.

Trois jours plutôt, vers 1h50 mercredi, une voiture de marque ‘BMW’ a été incendiée dans la Rigaer Straße. Le feu a entièrement détruit cinq véhicules, y compris un utilitaire d’une entreprise (cf la photo). Lorsque les pompiers arrivent, ils sont attaqués par des autonomes. Une centaine de policiers anti-émeute doit protéger les pompiers. Là, le piège se referme: les policiers se font viser avec de lourdes pierres depuis les toits. Une pierre effleure la tête d’un keuf. Les policiers ne peuvent pas reconnaître leurs assaillants dans l’obscurité. Personne ne peut (heureusement) être interpellé.

Trois semaines auparavant, vendredi 10 juillet 2015, Rigaer Straße: 600 autonomes manifestent « contre la terreur policière ». Des policiers se font viser avec des pétards. L’organisateur dissout la manif avant son terme. Il n’est désormais plus responsable de tout ce qui passe d’autre. Rapidement, des containers à poubelles brûlent dans la Rigaer Straße. Des manifestants ivres saccagent. Des bouteilles fusent sur la police depuis les toits des bâtiments. La police a abitrairement arrêté des « visiteurs pacifiques et de bonne humeur » d’une « fête de rue », écrivent des manifestants sur internet.

La nuit suivante aussi, il y a de nouveau des attaques sur la police. Dimanche 12 juillet, des tas d’ordures sont entassés dans la Rigaer Straße pour ériger des barricades.

Des collaborateurs de la BSR [2] rappliquent. Une foule de personnes déterminées s’opposent à eux. La police anti-émeute doit protéger les collègues de la BSR et se fait attaquer de son côté.

Des lanceurs de pierres s’assemblent de nouveau sur les toits. La police les chasse à l’aide d’un hélicoptère.

[En bon toutou de la police, le journaflic du journal berlinois BZ poursuit son texte en versant une larme pour ces policiers « livrés à leur propre sort qui assurent la sécurité pour nous tous ».]

NdT:

108780[1] Ce journaflic d’expérience [cf. photo ci-contre], qui a un long palmarès d’articles racistes, homophobes et globalement conservateurs/réactionnaires, est notamment connu pour ses papiers dégueulasses envers les sans-papiers au moment des occupations de la rue Ohlauer ou de la Oranienplatz dans le quartier de Kreuzberg à Berlin.

Mais la haine que ce bourgeois crapuleux déverse quotidiennement contre les opprimés et les « en-dehors » a suscité une réponse en guise « d’avertissement »: dans la nuit de dimanche à lundi 17 mars 2014, sa voiture personnelle a été incendiée à Berlin

[2] Ce sont les agents municipaux chargés du nettoyage

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