Archives de catégorie : Feu aux prisons

[Limoges] Vinci touchée, brûlée !

Dans la nuit de lundi 8 à mardi 9 juin 2015, l’entreprise de BTP ‘Eurovia’ [filiale de ‘Vinci’ constructeur de prisons, d’installations nucléaires*, d’aéroports et tout un tas d’infrastructures/projets utiles au capitalisme et à la société de contrôle] a reçu une visite incendiaire sur un de ses parkings avenue Kennedy, situé à proximité d’une zone commerciale. Au moins 10 engins de chantier et 3 cabanons ont été complètement détruits dans l’incendie. Les dégâts sont chiffrés à plus d’un million d’euros. Le service régional de la PJ a ouvert une enquête pour incendie volontaire (deux départs de feu distincts ont été identifiés, qui ont été déclenchés à l’aide de bouteilles d’essence, d’allume-feux et de bougie). Les flics ont dans leur viseur la lutte contre l’aéroport de NdDL (en l’occurrence les nombreuses lettres de menaces envoyées aux entreprises qui collaborent au projet).

Ce sabotage destructeur a également mis une dizaine de travailleurs au chômage technique et le travail de nuisance de la boîte du BTP va « prendre du retard », assure un de ses responsables locaux.

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[Reformulé de la presse, 9 juin 2015]

NdCNE:

* De la construction de centrales nucléaires au centre d’enfouissement de déchets radioactifs prévu à Bure (Meuse).

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[Limoges] Vinci got hit, burned !

In the night of Monday 8 till Tuesday 9 June 2015, construction company ‘Eurovia’ [affiliate of ‘Vinci’ who build prisons, nuclear installations*, airports and a whole bunch of other infrastructures/projects beneficial to capitalism and a controlled society] has had a warm visit on one of their parking lots in the avenue Kennedy, close to a commercial zone. *At least 10 **construction vehicles and 3 cabins have been completely destroyed in the fire. The cost has been estimated around one million Euro*. The regional judicial police service has opened an investigation for arson (two separate outbreaks of fire have been identified, which were ignited using gas bottles, fire-lighters and candles). The cops have their sight on the struggle against the airport at Notre-Dame-des-Landes (France) (in this case, the many threatening letters sent to companies that collaborate in the project)

This destructive sabotage has also put ten workers technically unemployed and the destructive work of this construction company, will « fall behind, » says one of its local leaders.

[Reformulated from the press, 9 June 2015]

NdCNE:

* from the construction of nuclear power plants up to the construction of an underground nuclear waste landfill planned in Bure (Meuse, France)

[Traduction reçue par mail]

[Barcelone] Emeute solidaire avec les anarchistes persécutés par l’Etat – 13 juin 2015

Une manifestation « anti-répression » a réuni près de 500 personnes ce samedi 13 juin 2015 [1] à Barcelone: sous le slogan « s’ils nous attaquent pour nos luttes, répondons par la lutte », elle était appelée en solidarité avec les compagnons incarcérés et persécutés à la suite des opérations ‘Piñata’ (deux d’entre eux sont toujours incarcérés, trois autres sont sortis sous contrôle judficiaire) et ‘Pandora’ et plus globalement contre la répression envers les squats, ainsi que celles et ceux qui luttent contre l’Etat et cette société [2].

Dans la manif, on pouvait lire sur deux banderoles: « Ni baïllonné-es ni domestiqué-es, continuons de lutter ! » et « La répression nous aime isolé-es, la solidarité nous rend forts » tout en entendant résonnés dans les rues les cris de « Liberté ! Liberté ! ». 

Présents en grand nombre, les agents de la police anti-émeute des Mossos d’Esquadra ont voulu contrôlé et fiché les participant-es au niveau de la plaza de Sants. La réponse à ce coup répressif a été immédiate dans les rues du quartier de Sants et de l’Eixample: plus d’une vingtaine de manifestant-es ont détruit les vitres d’agences bancaires et immobilières, de commerces (dont un salon de beauté), d’un abribus, de trois concessionnaires automobiles (dont ceux de ‘Peugeot’ et ‘Ford’, où il y a eu un départ de feu). Des (A) cerclés et plusieurs slogans ont été tagués sur les façades des commerces.

Les flics des Mossos d’Esquadra ont réussi à scinder le cortège en deux groupes et dissous la marche par une charge.

Six personnes ont été interpellées pour « dégradations de mobilier urbain ». Après avoir passé la nuit au commissariat, elles comparaîtront devant le tribunal lundi matin. La police catalane a annoncé qu’elle continuait l’enquête et que de nouvelles arrestations n’étaient pas à exclure dans les prochains jours.

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Deux appels à la manif

Deux appels à la manif

[Reformulé de la presse espagnole, 14/06/2015]

NdT:

[1] journée internationale de solidarité avec les compagnon-nes persécuté-e-s par l’Etat espagnol.

Des banderoles ont été suspendues à Athènes en Grèce et à Melbourne en Australie:

"Opération Piñata 2015: ni coupables ni innocents, simplement anarchistes"

« Opération Piñata 2015: ni coupables ni innocents, simplement anarchistes »

"13 juin: journée internationale de solidarité avec les anarchistes persécutés en Espagne"

« 13 juin: journée internationale de solidarité avec les anarchistes persécutés en Espagne »

[2] Contre la loi dite du « baillon » (interdiction de manifester), contre les condamnations qui ont plu sur les têtes de manifestant-es « anti-austérité », etc…

 

[Paris] L’antifascisme en actes, pas en vidéo

Quelqu’un a fait ce qu’il fallait faire : une réponse partielle à l’assassinat de Clément Méric. Peu après sa mort, nous avons pu lire des revendications d’attaques avec lesquelles des gens voulaient cibler tout un monde qui produit, parmi tant d’autres horreurs, le fascisme [voir ici et ].

Nous lisons aujourd’hui que d’autres ont choisi de s’en prendre à un des responsables directs de la mort du jeune camarade. Il y en a, en effet, qui ne se limitent pas à attendre la justice étatique en ramassant de l’argent pour payer les baveux des parties civiles. Nous saluons le choix de ces quelques camarades de ne pas se limiter aux verbiages, aux marches commémoratives ou à la pub’ via des vidéos remplies d’auto-congratulation et d’auto-célébration.

Sans trop de surprise, aucune nouvelle de ce qui s’est passé (et, bien pire, aucune déclaration de solidarité avec les deux camarades accusé.e.s) n’a été relayée, pour l’instant, par les sites antifascistes. En effet c’est seulement le hasard de la lecture des journaux qui nous a permis de tomber là-dessus. Pour une fois que l’”acta” fait vraiment suite aux “verba“…

Sur ce blog nous ne relayons des exemples d’antifascisme que lorsqu’ils peuvent nous sembler aller dans le sens de l’attaque de ce monde d’autorité et de marchandise. Dans un sens de rupture avec l’existant, en gros, pas quand il s’agit seulement de l’expression d’une mode, d’une contre-culture de bandes ou d’une béquille de la démocratie. Mais pour une  critique plus approfondie de la façon dont “les antifas” ont réagi à la mort de Clément Méric, nous renvoyons volontiers au bon texte “Repose en paix sociale“.

Enfin, au delà du souhait d’un non-lieu pour les deux camarades arrête.e.s, peu nous importe de savoir qui a concrètement frappé ce fasciste. Le message est clair et il est partageable par tous les ennemis de ce monde. Nous le partageons, et c’est pour cela que les mains qui serraient cette planche de bois étaient aussi les nôtres, comme le sont celles qui, de mille autres manières, s’en prennent à ce monde.   

En publiant ces informations, nous voulons nous mettre du côté des deux camarades inculpé.e.s. Et nous voulons, surtout, nous mettre du côté de celles et ceux qui, sans attendre aucune autre légitimation que leur propre rage et leur propre détermination, ont fait ce qu’il fallait faire.

Solidaires et complices !

Quelques contributeurs/trices d’Attaque, 9 juin 2015

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Paris : Retour sur la manif antifa du 6 juin

Note d’Attaque : Contrairement à ce qu’on avait écrit lors d’une note précédente (que du coup on a corrigé), la manif du 6 juin a été plus speed que les habituels défilés antifas, avec leur folklore de slogans et fumis et leur services d’ordre.

Rapide compte rendu de la manifestation antifasciste du samedi 6 juin 2015 partant de place de la Bastille et arrivant à Ménilmontant.

14H, place de la Bastille, de nombreux-se-s personnes sont présentes pour la manifestation, des syndicalistes de [un syndicat à la con], des militant-e-s de [on s’en fout de la liste des orgas, partis et syndicats…], mais aussi des antifascistes allemands, italiens et grecs.

Vers 14H30, la manifestation débute, les manifestants s’engagent sur le boulevard Richard Lenoir, les slogans fusent « a bas, l’état, les flics et les fachos », « Clément, Clément, ANTIFA ! », « nous sommes tous, des enfants de Gaza » [sic!], « siamo tutti antifascisti » « flics, porcs, assassins » « on n’oublie pas, on pardonne pas », « solidarité avec les sans-papiers ».

Quelques pétards explosent, des fumigènes sont allumés, quelques vitrines de banques et de commerces volent en éclat – avec le soutien des manifestants – un drapeau français est aperçu accroché a une fenêtre, des projectiles divers et variés sont lancés dessus espérant le faire tomber, ou au moins forcer l’habitant à le retirer. La manifestation tourne sur la rue Oberkampf, d’autres vitrines volent en éclats (au total une trentaine seront détruites), la police tente de protéger un magasin de casques de motos, des projectiles sont lancés, un habitant filme et photographie les manifestant-e-s en rigolant, il devient la cible de projectiles.

La manifestation continue, les slogans continuent d’être criés par les manifestant-e-s. La manifestation remonte jusqu’à Ménilmontant où les prises de paroles ont lieu […]

Récit de la manif publié initialement sur un site de « médias libres » gauchiste parisien

Publiés sur Attaque

[Bruxelles] Rassemblement solidaire dimanche 14 juin à la suite de perquiz’ aux domiciles de compagnon.nes et au local de lutte contre la maxi-prison « le passage »

Perquisitions « anti-terroristes » aux domiciles de compagnon.e.s et au local de lutte contre la maxi-prison « le passage »

prisonsareforburningCe mercredi 10 juin 2015 un peu avant 6h du matin, différentes équipes de l’anti-terrorisme ont perquisitionné 4 domiciles où habitent des compagnon.e.s ainsi que le local de lutte contre la maxi-prison « le passage ». Ces perquisitions ont été effectuées dans le cadre d’une opération nommée « cavale ».

6 compagnon.e.s ont été embarqué.e.s aux bureaux de la police fédérale, puis relâché.e.s autour de 13h après avoir été auditionnées…
Auditions auxquelles personne n’avait rien à dire.

Au-delà de l’informatique et des téléphones, l’attention des flics a spécialement été portée sur tout ce qui était propagande (revues, journaux, affiches,…) qui était épluchée et souvent emmenée.

Pour ce qu’on en sait pour le moment, ces arrestations font suite à une enquête ouverte en 2013 pour « incitation à commettre des actes terroristes » et « participation à une organisation terroriste ».
Cette enquête est dirigée par le juge d’instruction De Coster.

Toujours en lutte contre la prison et le monde qui va avec.

La Lime

[Publié sur indymedia Bruxelles, 10 juin 2015]

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Dimanche 14/6 – Rassemblement solidaire avec la lutte contre la maxi prison et tous ceux et celles qui se battent contre le pouvour

RASSEMBLEMENT SOLIDAIRE

DIMANCHE 14 JUIN A 13H
METRO CLEMENCEAU (Anderlecht)

Solidaires avec la lutte contre la maxi-prison et tous ceux et celles qui se battent contre le pouvoir

Parce que le combat contre la construction d’une maxi prison dans cette ville qui court vers toujours plus de contrôle et de répression, est une lutte auto-organisée et autonome. Elle sort du cadre légal imposé pour s’attaquer directement à ceux qui veulent la construire et à leur logique. Par la parole et l’action directe, par le sabotage et la manif sauvage, à beaucoup et à quelques uns, de jour comme de nuit.

Parce qu’on soit à l’office des étrangers, dans les bureaux de l’ONEM, à l’école, au boulot, en taule ou psychiatrisé, il est assez clair que nos vies nous sont volées et que le conflit est inévitable si nous désirons reprendre nos vies en main.

Parce que si la police antiterroriste a fait des perquisitions dans quatre maisons de compagnonnes et au Passage, point de coordination dans la lutte contre la maxi prison ce mercredi dernier, c’est pour semer la peur et freiner ces combats – mais il est hors de question que nous retournions à la maison : nous ne baisserons pas les bras.

Parce que la meilleure défense c’est l’attaque, face à la volonté du pouvoir de faire de la ville une prison à ciel ouvert, c’est en semant le trouble dans leurs moyens de nous contrôler que nous continuerons d’agir.

Parce que face aux horreurs du pouvoir, aux massacres qu’il commet, à l’exploitation sur laquelle il repose et à l’enfermement auquel il condamne toujours plus de gens, affirmons la joie de lutter librement, la fierté des idées qui s’opposent à leur monde et la solidarité entre ceux et celles qui chérissent toujours le rêve d’un monde débarrassé du pouvoir.

(PS : Journaliste ? Politicien ? Reste chez toi !)

L'affiche à choper au format PDF

L’affiche et le texte sous forme de flyer à choper au format PDF

[Publié sur indymedia Bruxelles, 12 juin 2015]

[Olympia, USA] Contre la police et les fascistes qui la soutiennent : une préface à la bataille du 30 mai 2015

Mercredi 20 mai:

Deux jeunes hommes noirs, Bryson Chaplin et André Thompson se font tirer dessus dans la nuit. Le tireur, un flic blanc nommé Ryan Donald se dit être un ancien agent de prévention des sinistres, officier pensionnaire de patrouille, et un soldat américain. Il portait probablement de la haine et une vision militariste du monde apprise via un engagement antérieur en tant que force d’occupation étrangère, et un homme de main national d’un apartheid raciste dans le Sud-Ouest. Dans les premières heures de cette matinée, il déploie cette logique sur un terrain plus local.

La violence de la contre-insurrection est chirurgicalement appliquée sur le front intérieur, dans l’intérêt de la protection de la propriété et de facto le règne du statu quo des suprémacistes blancs. Deux jeunes rebelles, frères, skaters, hommes noirs, apparemment pas encore anéantis par le mythe de la paix sociale, ne se sont pas totalement inféodés à la doctrine selon laquelle la propriété est sacrée, se font tirer dessus, poursuivre et une nouvelle fois tirer dessus, une fois sur Thompson, cinq fois sur Chaplin. Les deux sont hospitalisés, l’un dans un état grave et l’autre dans un état critique. Les deux seront probablement en vie, mais il semble que Chaplin sera laissé paralysé.

La police a affirmé qu’ils essayaient de voler des bières et attaqué l’officier avec des skateboards. L’avocat représentant les deux hommes prétend qu’ « Ils ont effectivement été abattus à plusieurs reprises par derrière » et qu’ « Il est évident qu’ils n’étaient pas en train d’attaquer l’officier de police au moment où ils se sont retournés ». Peut-être qu’ils ont résisté. S’il en est ainsi, nous les soutenons encore plus.

Jeudi 21 mai 2015 :

Le mot se répand rapidement. Le dégoût se répand à travers la petite ville. Les politiciens et les responsables libéraux appellent à la retenue. « Nous devons déterminer si la bière a en réalité plus de valeurs que deux vies noires avant que nous réagissions imprudemment. » est le récit réactionnaire de base. Mais la première manif est quasi-immédiate, un petit rassemblement converge au centre-ville pour montrer l’opposition au silence devant la terreur policière. Plus tard dans la journée, une manifestation de plusieurs centaines de personnes apportent du nombre dans les rues d’Olympia, ce qui n’a pas été vu depuis des années. « Nous apprécions la protestation pacifique » s’exclame rapidement et sincèrement le service de police, tentant de se positionner du côté du dialogue et de la réconciliation (ou prenant soin de manière importante d’éviter le conflit). Désormais cette nuit a lieu une troisième manif et cette fois le message est contre la réconciliation et la police en général. Il y a eu quelques dizaines de participants, plusieurs en noir, qui parcourent les rues en chantant « Cela [Les violences policières, NdT] ne s’arrêtera que lorsque le dernier flic mourra » en admettant de manière tranchée que la violence policière ne cessera que lorsque la police cessera d’exister.

Il y a plusieurs plusieurs altercations de ci-de-là avec des patrons de bar racistes, de façon que la police garde largement leur distance jusqu’à ce qu’un affrontement se produise entre les manifestants anti-police et les soutiens pro-police à l’extérieur de la mairie. Un ordre de dispersion est donné et est ignoré tandis que les grenades de déflagration sont déployées dans les rues de la petite capitale. Les gens restent rebelles et des pierres sont lancées sur les officiers. Lorsque la foule se disperse, c’est uniquement pour se rassembler de nouveau derrière la police. Dans une dernière démonstration de mépris, la foule bloque la rue avec des poubelles et lance des flyers anti-police en l’air et puis se disperse de manière coordonnée.

Pendant le week-end et jusqu’à la semaine d’après :

Il y a plusieurs manifs et contre-manifs. Le lundi, un petit groupe d’individus – la plupart en noir – organise une autre marche improvisée contre la police. Il y a des petites échauffourées avec des racistes des environs et une fenêtre de la devanture de la ‘Olympia Downtown Association’ [Association du centre-ville d’Olympia, NdT], une force de l’embourgeoisement qui déclare qu’ils veulent « un centre-ville vibrant où une communauté diversifiée fleurira avec des options de shopping unique. » est détruite. Bien sûr, ça signifie une politique de réévaluation pour rendre le centre-ville attractif pour les yuppies qui feront ce « shopping unique ».

Pendant cette période, « All lives mater » [Toutes les vies sont importantes, NdT [1]], des soutiens de la police, commencent à rendre leurs présences plus manifestes. Ces racistes de facto commencent à apparaître aux alentours de la ville de manière semi-organisée, qui sont habituellement surpassés en nombre par les anti-racistes. Parmi les défenseurs de la violence policière raciste, une foule appelée ‘Black Top Demon’ s’est révélée être l’un des segments organisés les plus grands et plus importants. Ils ont un groupe qui semble se constituer principalement en tant que club de voitures et semble se réunir autour d’une bande de rock merdique aussi appelée ‘Black Top Demon’. Un sac à merde local nommé Joe Ty en est apparemment le leader.

Mardi 26 mai 2015:

« Il y a des nazis à l’extérieur de la mairie ». Le mot se répand dans une ambiance de panique parmi une poignée d’antifascistes qui se trouvaient en ville. Des amis sont contactés, des gens entrent dans les bars pour alerter de la menace et leur demander de se préparer pour s’opposer aux nazis. Quelques personnes lancent un appel d’avertissement que la plupart ignore, soit par indifférence, par lacheté ou par complicité. Il y a un temps d’arrêt aux bords opposés du carrefour tandis que des insultes sont échangées. « Dégagez de notre ville espèces de nazis de merde » est le cri du rassemblement mais une confrontation physique semble malavisé à ce moment-là. C’est indiqué par leur tenue et les symboles qu’ils exhibent sur leurs vêtements et un grand drapeau « life-rune » que ce sont des skinheads néonazis pour la plupart probablement associés aux gangs de prisonniers de la mouvance White-power [‘pouvoir blanc’, NdT] tels que le ‘Volksfront‘. Ils sont 11 au début, mais leur bord grimpe finalement à environs 15 nazis. Ils sont en fin de compte surpassés en nombre par 30 anti-fascistes.

Il y a des photos prises dans un effort de les identifier. Des véhicules associés et les numéros de plaques d’immatriculation sont aussi documentés. Il est noté qu’un chauffeur de taxi local connu sous le nom de Matthew Craney montre son soutien et s’engage dans des relations amicales avec les fascistes. Les membres du ‘Black Top Demon’ font une démonstration coordonnée de soutien en vue de renforcer les rangs des néonazis, en montrant plusieurs voitures, garant en nombre leurs bagnoles, les saluant de manière visible, secouant leurs mains et les applaudissant. Lorsqu’il a été interpellé à haute-voix pour s’affilier avec les nazis, Joe Ty a répondu « J’ai un batteur noir » et a déclaré son désir de collaborer avec n’importe quel événement pro-police. Il fait également partie des amis de plusieurs skinheads racistes sur facebook.

Samedi 30 mai:

L’appel est fait « Envahissons les rues. Chassons les nazis ». Les anti-fascistes commencent à se préparer au combat. Le média local a fait circuler une rumeur selon laquelle cette manifestation était une contre-manif à un rassemblement nazi prévu. C’est faux. Il n’y avait aucun rassemblement nazi prévu pour la soirée de samedi, ou un quelconque lieu, autant que nous savons. Les nazis se sont montrés en réponse à la manifestation anti-fasciste. La nuit de samedi a été une action défensive dans la mesure où ça a été de manière spécifique une démonstration de force militante contre la présence des nazis, mais pro-active vu que c’était contre la violence raciste en général,y compris la violence policière.

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On doit admettre, que comme dans plusieurs régions de ce pays, le Pacific Northwest a un problème avec les nazis. La population blanche en surnombre dans la région constitue un testament direct pour le fonctionnement brutal du génocide contre les personnes natives de cette région. Pourtant telle une mise au jours absurde de ce qui est véritablement dégueulasse et qui est sans cesse appelé la nature du racisme blanc, les néo-nazis ont sans cesse appelé à une  « nation blanche indépendante et souveraine dans le nord ouest du pacifique ». Avec une ignorance apparement totale (et que certains présumeraient intentionnelle) de leurs statuts de colons, ou embrassant ouvertement le privilège colonial, ces ordures dénigrent sans ironie les autres immigrés (non blancs) pour empiéter sur ce qu’ils considèrent comme leur droit de naissance.

Bien sûr des plans grandioses tels que l’établissement d’une « patrie aryenne » peut sembler outrageant mais l’intention détestable derrière un tel positionnement est réel. Si quelqu’un doute du sérieux de la menace que représente ces extrémistes racistes, nous rappelerons à chacun qu’en 1992, un jeune américain d’origine asiatique, Robert Buchanan Jr. , a été frappé à mort à Olympia par deux skinheads nazis. Dans ce contexte, les antifascistes prennent au sérieux la menace d’une présence nazie organisée et en conséquence se préparent pour samedi.
C’est prévu que les nazis se montreront, mais le moment et le nombre est moins certain. Il y a des bruits qui courent sur les forums fascistes en ligne au sujet de la manif mais personne ne sait exactement à quoi s’attendre. Cependant, il semble que ce soit compris par tous que les gens doivent être prêts à se défendre eux-mêmes et les uns les autres. Après 9 heures, environ 200 antifascistes s’assemblent, beaucoup vêtus de noir, masqués et portant des armes au grand jour y compris des battes de baseball et des bares de fer. La taille du groupe, d’un point de vue militant et de diversité, est une surprise plaisante même pour les plus optimistes d’entre nous. Ce ne sera pas une bagarre entre deux groupes sectaires. Ce sera une communauté entière qui se rassemblera pour neutraliser ensemble physiquement une menace collective.

La foule commence à bouger de manière hésitante mais avec l’indignation construite d’une mobilisation en colère. Tandis que les gens traversent la rue principale dans le centre-ville, le chant « nazis hors de Oly! Prenons les rues ! » gagne un puissant dynamisme. Les fusées éclairantes brûlent pou refléter une lumière rouge au-dessus d’une foule portant des drapeaux, des battes et des marteaux au-dessus de leurs têtes. Quiconque passant par là qui n’est pas d’accord sur le fait que « les vies des noirs sont importantes » [Black lives matter] sont dissuadés d’exprimer leur opinion ce soir.

La marche vont d’un côté du centre-ville à l’autre, passant par la mairie où certains s’attendaient à ce que les nazis fassent un contre-rassemblement. Ils n’y étaient pas jusqu’à ce que la manifestation fasse un second passage à travers la ville et que les gens à la fin de la marche repèrent les nazis. Il y avait seulement une dizaine d’entre eux, s’attardant du côté sombre d’une rue, semblant incertains si oui ou non ils voulaient se battre contre une foule puissante d’antifascistes. Une fois qu’ils sont repérés de toute façon, la balle n’est plus dans leurs camps. Une confrontation commence immédiatement. Un extincteur est vidé en pleine face des nazis tandis que des projectiles commencent à les atteindre. D’abord, le combat débute alors que la plupart du black bloc arrive tranquillement de la tête de la marche. L’affrontement est intense mais les fascistes sont vite acculés et commencent à courir comme s’ils croyaient que leurs vies étaient en danger. La foule entière les chasse de leurs véhicules à quelques pâtés de maison. Tandis qu’ils se désintègrent, leurs voitures et camions sont violemment attaqués. De multiples fenêtres sont détruites alors qu’ils essaient de s’échapper. Un sourire de joie émerge de la foule entière avec une sincérité et une joie collective que même les plus aguerris parmi nous n’ont jamais expérimenté auparavant. Le chant « à qui sont les rues ? A nous ! » n’a jamais été autant approprié. Nous avons gagné.

Une des nombreuses batailles à venir:

Il est évident en soi que les nazis ont désespérément perdu le contact avec la réalité. Ils croient qu’il y a une conspiration internationale contre les blancs. Ils croient que la presse est contrôlée par les communistes. Et nous étant bénéfiques, ils semblent croire que tous les antifascistes sont des hippies-pacifistes faibles. C’est clair de manière écrasante par le fait qu’ils ont même montré leurs tronches ce samedi soir et qu’ils n’avaient pas anticipé une telle mobilisation massive et militante. Il n’y avait aucun moyen pour qu’ils puissent gagner cette confrontation. La chose la plus magnifique que les fascistes puissent faire pour nous est de sous-estimer notre violente haine à leur encontre, notre nombre et notre détermination à détruire le monde qu’ils représentent. De la même manière que nous devrions également être prudents à ne pas les sous-estimer et également leur habilité à tirer des enseignements des confrontations de rue. Nous avons gagné cette bataille, difficile, mais ce ne sera pas la dernière. Malheureusement, les gens sont en lutte contre ces saloperies depuis des générations.

Nous devons reconnaître également une des fonctions clés que les fascistes représentent dans leurs efforts. Par la tentative d’avoir une présence publique, ils détournent l’énergie de combattre les racistes qui sont en réalité au pouvoir. Les nazis posent une menace violente réelle, mais c’était un officier de police d’Olympia qui a tiré des coups de feu sur deux hommes noirs il y a moins de trois semaines. Les nazis doivent être combattus à chaque endroit où ils émergent, mais nous devons comprendre que cette fanfaronnade de la vigilance-blanche est simplement l’arme de crise de la suprématie blanche. Là où la violence de la police est limitée par le besoin de l’Etat de maintenir l’illusion de la légitimité et du rôle de la loi, les fascistes s’interposent pour défendre la même structure du pouvoir. C’est pourquoi la lutte contre la police et la lutte contre les fascistes sont une seule et même chose. Et nous continuerons jusqu’à ce que les deux soient détruits.

Contre la suprématie blanche et toute hiérarchie. Pour la liberté totale.

Des anarchistes d’Olympia

Notes de Traduction:

[1] Une volonté des racistes de contre-carrer le slogan inverse « Black lives matter » qui est né lors des récentes manifs contre les violences policières visant des jeunes noirs, et ainsi nier le caractère raciste des forces de l’ordre à travers la violence qu’elles exercent quotidiennement.

Traduit de l’anglais d’anarchist news, 5 June 2015

Un autre récit de ces événements à lire en anglais :

[République Tchèque] Colis suspects envoyés à divers ministères et attaque aux molotov sur le domicile d’un de ses représentants

Les services de police d’Etat et militaire tchèque ont lancé une enquête au sujet d’une attaque au coktail molotov contre le domicile du ministre de la défense Martin Stropnicky qui a eu lieu dans la matinée de dimanche 7 juin 2015. Le porte-parole du ministère de la défense, Jan Pejsek, a annoncé le lendemain que personne n’avait été blessée à la suite de cette attaque incendiaire. Dans la foulée, la protection personnelle du ministre a été renforcée.

Par ailleurs, on apprend que des colis suspects contenant du poison ont été envoyés au ministre des finances Andrej Babis et au ministre de l’intérieur Milan Chovanec. D’autres colis suspects ont également été envoyés au bureau présidentiel ainsi qu’à un média du pouvoir, Prima Television.

[Reformulé de la presse]

Opération Fenix – Des anarchistes accusés de « préparation d’actes terroristes »

Le 28 avril 2015, l’unité de police spécialisée dans les mouvements extrémistes a lancé l’opération Fenix à travers la République Tchèque, dans une tentative d’effrayer le milieu anarchiste et anti-autoritaire, ainsi que de collecter des informations pour en savoir davantage. La police a arrêté et interrogé pas moins de 13 personnes avec l’intention d’enquêter sur les activités que le pouvoir a classé plus tard comme « terroristes ». Des individus ont été harcelés par les agents de la police secrète, d’autres arrêtés d’une ville à l’autre pour des interrogatoires immédiats, des appartements privés et des centres sociaux ont été perquisitionnés et des serveurs ont été confisqués. Selon les mises-à-jour en date du 26 mai 2015, trois individus restent en détention préventive pour plusieurs enquêtes, et un certain nombre de personnes ont été interrogées pour une seconde fois.
Le samedi 6 juin 2015, des compagnon-nes se sont rasemblé-es à l’extérieur des prisons de Prague où les prisonniers de l’opération Fenix sont actuellement détenus.

Ce qui suit est une lettre ouverte de Petr S. un des prisonniers de l’opération Fenix :

« Chers amis,

Merci à vous pour votre soutien et votre solidarité. Ca signifie beaucoup pour moi, spécialement dans cette situation. J’ai toujours regardé ma vie comme une simple partie de toute vie sur terre. Ca n’a pas changé. Même lorsque j’étais en détention, la pensée de tous ceux dont la liberté a été prise, pas seulement derrière des barreaux, ne me fait pas sentir libre moi-même. Mon parcours dans la vie a toujours été vers l’égalité et une société réellement libre pour tous. Vos mots sympas me convainc que je ne serais jamais seul sur cette voie.

Avec une gratitude sincère et des salutations fraternelles,

Petr. »

Pour le soutien financier (pour recouvrir les dépenses légales):
8760190237/0100
IBAN CZ98 0100 0000 0087 6019 0237
SWIFT CODE: KOMBCZPPXXX (KOMBCZPP)

Via contrainfo

Plus d’info: antifenix.noblogs.org
Contact: antifenix(at)riseup.net

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[Bruxelles, Belgique] Les chèvres de Haren

Il y a quelques semaines, suite à plusieurs attaques anonymes contre des responsables du projet de maxi-prison que l’Etat belge espère construire à Bruxelles, un blog internet de Haren, où se trouve précisément le terrain choisi, a dénoncé « des éléments incontrôlables [qui] viennent entacher la crédibilité » de la lutte. Le 3 juin dernier, n’hésitant pas à franchir un pas supplémentaire dans sa courageuse croisade pour la paix des cimetières, le même blog tenu par un cadavre local s’est empressé de se distancier de l’action incontrôlée… des chèvres de son village.
Ce jour-là, et de bon matin, les caprins rebelles ont en effet quitté leur enclos situé sur le site occupé de la future (ou pas) maxi-prison, pour aller explorer de nouveaux chemins, peut-être en quête d’espaces moins verrouillés. Chemin faisant, les caprins ont même fini par perturber pendant plusieurs heures le trafic ferroviaire de la ligne Vilvorde-Haren. L’histoire ne dit pas si l’herbe y était vraiment plus verte qu’ailleurs, mais montre en tout cas que ce n’est qu’en sortant des sentiers battus que peuvent naître des horizons riches en inconnus prometteurs.

Il y a quelques années, on voyait souvent fleurir sur les murs de Paris en grosses lettres dégoulinantes les mots « Citoyen=Flic« . Un constat qui semble plus que jamais d’actualité, dans la capitale des Charlie comme dans celle des eurocrates. Cette banalité de base, bien qu’amère, n’est pourtant pas la seule chose que ce fait divers tragi-comique peut nous inspirer. Au-delà des anathèmes ou des rires de circonstance, la balade impromptue des chèvres de Haren n’est-elle pas aussi révélatrice d’un autre aspect de l’existant, un aspect que chacun pourrait alors cueillir comme une suggestion pratique ?
Par exemple le fait que les réseaux et les flux qui alimentent en marchandises (et en données) les villes-prisons se trouvent tout autour de notre petit enclos quotidien, parfois juste sous nos yeux, ou à deux pas de là où notre regard n’a que trop l’habitude de se poser. Par exemple le fait qu’ils sont fragiles, à la merci de quelques chèvres en goguette qui peuvent de manière inattendue les ralentir, les perturber ou les bloquer. Par exemple le fait que le sabotage de la circulation quotidienne des artères et des veines de la domination n’est pas une affaire de spécialistes… mais bien le fruit d’un peu de fantaisie et de détermination.

Mais soyons réalistes, les chèvres de Haren ne sont que des chèvres, des vagabondes en mal d’aventures. Et n’allez certainement pas imaginer qu’un coeur révolté, par exemple contre un projet carcéral du pouvoir, ici comme ailleurs, de bon matin comme à la nuit tombée, seul ou avec des complices, puisse tirer quoi que soit du mauvais exemple que des bêtes à cornes ont offert à la vue de tous, et bien malgré elles ! D’ailleurs, ce n’est pas du tout pour cela que certains endormis ont si promptement réagi contre cette idée saugrenue. Ce n’est pas parce que le fait de s’en prendre à une infrastructure du capital et de l’Etat quand on veut s’opposer à la construction de la plus grande prison du pays présente un risque de contagion trop élevé, en tout cas chez les insoumis de la pacification sociale. A moins que…

Un irresponsable,
5 juin 2015


Boucs émissaires

Le blog de Haren, 3 juin 2015

Les trains de la ligne 26 ont été retardés ce mercredi matin entre Vilvorde et Haren. En cause, la présence de chèvres à proximité des voies.

Si certains médias ont parlé d’une action de protestation contre la méga prison, en réalité il n’en est rien ! C’est juste le fait d’un inconscient irresponsable qui a laissé sortir les caprins de leur enclos !

Les biquettes ont naturellement gravi le talus de chemin de fer et côtoyé les voies, provoquant le ralentissement des trains pour des raisons de sécurité.

Rompons les rangs

Tous en rang. C’est ainsi qu’ils nous veulent, du premier au dernier souffle. En rang dans les salles de classe, aux caisses des supermarchés, au boulot ; en file sur la route, devant les guichets de la bureaucratie, aux urnes… jusqu’à en arriver à la dernière rangée, celui des tombes au cimetière. Toute une existence traînée ainsi – les muscles ne se contractent que pour s’agenouiller, les cœurs ne désirent que la marchandise – dans la sécurité d’une taule.

Car c’est bien à des taules que ressemblent nos villes, où tout espace est reprogrammé pour être surveillé, contrôlé, patrouillé. Les habitants sont comme des détenus escortés par l’exploitation capitaliste et menottés par les obligations sociales, toujours sous l’œil de la vidéosurveillance ; tous avec la même illusion de s’évader en consommant les sensations finement calculées qu’émettent les écrans omniprésents.

Cette société carcérale promet le bien-être, mais ne maintient que les massacres, comme le démontrent les rêves naufragés de ceux qui tentent d’y entrer et les corps bombardés de ceux qui se soulèvent à ses portes. Qui prend la liberté de ne pas mendier et de frayer sa propre route, aura à faire à une armée de politiciens, magistrats, gendarmes et journalistes.

Si à Bruxelles une nouvelle maxi-prison est en construction, à Athènes on impose un régime spécial aux prisonniers combattants ; si à Paris on pose la première pierre du nouveau Palais de Justice, à Zurich et à Munich d’autres monstrueux Centres de Justice et de Police sont au menu ; si les pouvoirs se mettent d’accord au-delà des frontières pour appliquer des stratégies contre-insurrectionnelles, les laboratoires de recherche et l’industrie sécuritaire passent à une vitesse supérieure pour fabriquer la paix sociale. Et partout, de l’Espagne en passant par l’Italie et la Grèce, la répression s’abat sur quiconque est entaché du crime le plus intolérable : en finir avec l’obéissance et inciter les autres à en faire autant.

Les grandes œuvres de la répression ne rencontrent pas qu’applaudissements, silences, ou lamentations. Parfois elles se heurtent à une hostilité résolue. C’est le cas par exemple pour la plus grande prison belge en voie de construction, projet dont l’histoire est déjà parsemée d’actions directes contre tous ceux qui y collaborent, des institutions publiques aux entreprises privées. De la peinture aux pierres, des marteaux aux flammes, des destructions aux sabotages, un univers d’attaque déchire tout code pénal, tout calcul politique, toute complaisance avec l’État. Si les défenseurs de l’ordre veulent l’étouffer, c’est que cette soif de liberté peut devenir contagieuse. Partout.

L’être humain n’est pas né pour rester en rang, la tête basse, en attente d’un permis de vivre. Relever la tête, armer le bras et défier le pouvoir – c’est là que commence la vie, en faisant sauter tous les rangs.

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L’affiche en anglais, en grec et en italien sur breakranks.noblogs.org

[Espagne] 3 des 5 compagnons incarcérés de l’opération Piñata sortent de prison sous contrôle judiciaire

solidaridadMadrid. (EFE), 1er juin 2015.- L’Audiencia Nacional a remis en liberté trois membres supposés des Groupes Anarchistes Coordonnés (GAC) arrêtés en avril dernier au cours de l’opération Piñata*, arguant que le juge Eloy Velasco n’avait pas suffisamment motivé l’envoi en prison pour délits d’appartenance à une organisation terroriste.

Javier García Castro, Enrique Balaguer Pérez et Jorge Linares Izquierdo avaient fait appel de cette mesure. Leur remise en liberté se fonde sur le « manque de caractère concret des indices » (vu notamment l’aspect générique des degrés d’implication dont ils sont accusés) et sur le fait qu’il n’y a pas de risque sérieux de fuite vu leurs attaches familiales et salariales en Espagne.

Par ailleurs les juges affirment que les liens ne sont pas établis (prouvés) entre les GAC et la Fédération Anarchiste Informelle (FAI), considérée comme terroriste par la l’Union Européenne.

Les trois anarchistes sont néanmoins placés sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer [tous les 15 jours], retrait du passeport et interdiction de sortir du pays**.

[Dépêche de presse traduite de l’espagnol par Brèves du désordre]

NdBdD:
*Qui a conduit le 1er avril 2015 à 15 mises en examen (10 à Madrid, 3 à Barcelone et 2 à Palencia) pour « association terroriste » à caractère « anarchiste insurrectionaliste », dont cinq (et maintenant deux) incarcérations préventives. Ces cinq compagnons avaient commencés à être transférés le 18 mai dans différentes prisons loin de Madrid (dont Enrique il y a quelques jours à peine de Madrid à Villena (Alicante)).
** On remarquera avec joie que contrairement aux sept compagnons de Catalogne de l’Opération Pandora relâchés contre le paiement d’une caution de 3000 euros par tête fin janvier 2015, aucun racket étatique de ce type n’a été imposé à ces trois-là.


Pour l’opération Piñata, il reste donc deux compagnons dedans, auxquels on peut écrire :

PAUL JARA ZEVALLOS
Centro Penitenciario Madrid VII, Estremera
Carretera M-241, Km. 5750
28595 – Estremera
(Madrid)

JAVIER GRIJALBO ADÁN
Centro Penitenciario Zaragoza
Autovía A-23, Km. 328
50800 – Zuera
(Zaragoza)

« Je me suis fait piéger par les journalistes »

Voilà une phrase qu’on a plusieurs fois entendu par des contestataires après des interviews accordées à ceux qui ne sont en fin de compte que des chiens de garde du pouvoir.

Si tu t’es vraiment fait piéger, pourquoi alors n’as-tu pas rétabli « ta » vérité en publiant par tes propres moyens un texte ? Par tes propres moyens car c’est la seule façon qui t’assure que d’autres ne viendront pas déformer ce que tu dis, mais aussi parce que cela relève d’une toute autre dynamique : plutôt que d’énoncer ses propres idées entre deux articles qui disent exactement l’inverse à travers les journaux, chercher à discuter directement avec d’autres personnes en révolte, sans filtre ni faux semblant.

Tu ne t’es pas fait piéger, le jeu tu le connais : tu as volontairement donné ta voix en sachant très bien que tu n’aurais pas de prise sur ce qui sera retenu de tes propos. Pour soi-disant toucher le « plus grand nombre possible », essayant de ne surtout pas fâcher ce que tu penses être « l’opinion publique ». Telle un mauvaise publicité, tu donnes alors de toi-même une image en adéquation avec ce que le système peut digérer et vendre. Les journaleux ne t’ont pas forcé. Tout(e) seul(e) comme un(e) grand(e), c’est toi qui est rentré dans le rôle qui était programmé pour toi.

Un rôle de gentil, inoffensif, une figure du contestataire dans un emballage rose bonbon. Sans même te dire une petite seconde, qu’en réalité, derrière le fait de t’accorder la parole, ce qui intéresse les journaflics est de pouvoir construire la figure opposée, celle de l’affreux, sale et méchant : en l’occurrence de celles et ceux qui luttent simplement sans concession. Oh pauvre de toi, tu t’es fait piéger, tes propos ont été coupés ! Mais ce n’est pas ça qui est grave. Ce qui est grave, c’est que comme tu as tellement la tête tournée vers les flashs des projecteurs, tu ne te rends même plus compte que tu fais le jeu de la répression.

Au fait, tu te battais contre quoi ? Une prison ?

Publié sur indy bruxelles, 31/05/2015