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[Espagne] Face à la répression … tout n’est pas valable (Lettre de Monica et Francisco) – Juin 2015

Face à la répression … tout n’est pas valable

lobos2L’Etat a recours à différentes stratégies pour éliminer ses ennemis, y compris celles et ceux qui élèvent la voix pour remettre en question l’ordre établi. Il tente de couper à la racine toute initiative rebelle et compte pour ce faire sur un appareil judiciaire efficace disposant d’un large éventail punitif : celui-ci va des accusations légères qui en général se soldent par des amendes ou des peines avec sursis, à l’utilisation de durs instruments parmi lesquels le joker de la Loi antiterroriste perd en nouveauté, cette carte revenant fréquemment sur le tapis. Ayant assumé la prison comme une éventualité dans la lutte contre la domination, nous voyons le contexte actuel comme propice à ce que cette éventualité se rapproche pour de plus en plus de personnes. Nombreuses sont celles qui ne savent pas si elles dormiront demain en cellule et celles qui, comme nous, ignorent pour combien de temps elles y resteront. Lorsqu’on se retrouve face à une machine d’asservissement mue par leurs paranoïas et hallucinations, qui constitue en définitive une des multiples manières d’exercer la domination, la situation devient parfois confuse.
La rapidité avec laquelle les coups répressifs se sont succédés alimente cette confusion, plus encore lorsque les accusations sont extrêmement « imaginatives », le tout accompagné par le côté spectaculaire des médias du Pouvoir. Ceux qui exercent et soutiennent la domination ne comprendront jamais nos formes anti-autoritaires et tentent donc de nous mettre dans le moule de leurs logiques.

Comme on a pu le voir, les collectifs, espaces et individualités touchés par la répression sont hétérogènes. Ils présentent des proximités et des différences à l’heure de comprendre l’Etat et sa fonction, ainsi que dans la manière d’affronter les assauts du Pouvoir, la prison et de voir avec qui établir des « alliances ». Face à cela, on entend souvent qu’il est préférable de dépasser ce qui nous sépare et de donner la priorité aux points communs, afin d’affronter avec efficacité les coups du Pouvoir, position qui privilégie de toute évidence l’aspect quantitatif plutôt que la détermination et la volonté, aspects pour nous fondamentaux. Nous sommes conscient-es de l’importance de s’allier, mais la question est avec qui. L’Histoire a démontré clairement les conséquences néfastes qu’ont signifiées pour les anarchistes des alliances avec des groupes autoritaires et/ou en faveur de la politique institutionnelle, ceux qui pencheront toujours du côté du Pouvoir finissant par écraser toute initiative libertaire. Devrions-nous baisser la tête et abandonner des aspects pour nous indispensables ? En aucun cas.

Le fait de céder sur des aspects éthiques importants a notamment eu pour conséquence d’aller toujours plus à la remorque de mouvements gauchistes, citoyens et démocrates avec lesquels nous n’avons rien à voir ; ils soutiennent le Pouvoir tandis que nous essayons de l’éliminer de nos vies. La confrontation est inévitable, elle est nécessaire pour grandir politiquement. En quoi nous différencions-nous de ceux qui défendent et renforcent le système en place ? Par nos actes et leur cohérence.

Ceci étant dit, si en tant qu’anarchistes nous considérons impraticable toute alliance ou projet commun avec des groupes ou des personnes liés aux institutions, nous pensons de la même manière qu’il est impossible de créer des liens avec celles et ceux qui, face à la répression, optent pour des stratégies que nous ne partageons absolument pas, et que nous ne souhaitons cautionner en aucune manière. Dans une période marquée par la répression, les arrestations et la prison, nos convictions et leur cohérence sont en jeu et sont inévitablement en tension, mais tout n’est pas valable pour éviter d’aller en taule, ni même pour en sortir. Nous pensons que certaines options brisent notre dignité et enterrent en définitive ce que nous sommes et les idées que nous défendons. La demande de grâce est une de ces options (1).

En tant que prisonnier-e-s anarchistes, nous affirmons que nous ne participons et ne participerons pas à des mobilisations ou manifestations antirépressives avec ceux qui décident de suivre la stratégie de la grâce (partielle ou pas). Nous ne voulons pas être à leurs côtés de par la divergence insurmontable que nous avons mentionnée, nous ne voulons pas être complices par omission d’une stratégie qui représente pour nous un point d’inflexion déterminant. Et si finalement les conséquences de nos convictions conduisent à ce qu’ils enferment nos corps pendant plus d’années, nous poursuivrons de l’avant la tête haute et avec dignité.

Nous ne voulons pas le pardon de l’Etat, nous ne désirons que sa destruction.

Mónica Caballero et Francisco Solar
Juin 2015
Centre Pénitentiaire de Villabona

Pour écrire à Mónica et Francisco :

Mónica Caballero Sepúlveda
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Francisco Solar Domínguez
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

[Traduit d’Indymedia Barcelone par Brèves du désordre, 19 jun 2015]

NdT:
1. Huit des dix-neuf personnes accusées d’ »association illicite contre les institutions » suite au blocage du Parlement de Catalogne en juin 2011 par le mouvement des Indignés, ont été condamnées à 3 ans de prison ferme. Alors que l’Audiencia Nacional les avait acquittées en juillet 2014, le Tribunal Suprême a annulé ce verdict en mars 2015 suite à un recours du procureur, prononçant une peine de trois ans de prison contre huit d’entre elles, applicable à partir de mai. Ces dernières ont immédiatement effectué une demande de grâce partielle auprès du Ministère de la Justice. Le 18 juin 2015, l’Audiencia Nacional a décidé de suspendre leur entrée en prison jusqu’au résultat de l’examen de cette demande.
Mais qu’on ne pense pas que ce dangereux précédent de demander une grâce à l’Etat [indulto] pour éviter la prison ou réduire sa peine soit le seul fait des Indignés. L’an dernier, l’anarchiste Tamara Hernández Heras, condamnée à huit ans de prison en septembre 2011 pour « tentative d’homicide » contre l’ex-responsable de l’administration pénitentiaire de Catalogne, suite à l’envoi en octobre 2009 d’un colis piégé (désactivé avant explosion) à son domicile professionnel, avait demandé une grâce (suspensive) au Pouvoir dès sa condamnation.
Le 15 mars 2014, son nom figurait ainsi au Bulletin Officiel de l’Etat espagnol parmi la douzaine de grâces proposées par le Conseil des Ministres et accordées par le Roi Juan Carlos, réduisant sa peine de huit à deux ans de prison et lui permettant de sortir quatre mois après son entrée en taule. Le conseil des ministres l’a justifiée au nom du fait qu’entre le moment de l’attaque (2009) et aujourd’hui (2014), elle a démontré sa « bonne réinsertion dans la société« , qu’elle mène désormais une « vie personnelle, familiale [elle a fait un môme entre-temps] et de travail complètement normalisée« , qu’elle « ne fait plus partie de la Cruz Negra Anarquista » et de son absence d’antécédents pénaux. En outre, le procureur d’Etat avait appuyé sa demande de grâce et, condition nécessaire pour obtenir le pardon du Roi, la « victime », le bourreau-en-chef ex-responsable de l’Administration pénitentiaire Albert Batlle Bastardas, ne s’y était pas opposé…

[Espagne] Banderoles solidaires à Saragosse / Un autre prisonnier de l’“opération piñata” sort de taule

Un autre des emprisonnés de l’“opération piñata” sorti de prison

L’information nous est parvenue qu’hier un des deux compagnons encore emprisonnés après l’Opération Piñata est sorti de prison. Nous nous réjouissons de cette nouvelle, mais nous n’oublions pas que le compagnon Paul, ainsi que beaucoup d’autres anarchistes sont encore entre leurs mains. A bas les murs des prisons !

[Traduit d’indymedia barcelona par brèves du désordre, 12 jun 2015]


Pour l’opération Piñata, il reste donc un dernier compagnon dedans, auquel on peut écrire :

PAUL JARA ZEVALLOS
Centro Penitenciario Madrid VII, Estremera
Carretera M-241, Km. 5750
28595 – Estremera
(Madrid)

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Alors que certains célébraient « le triomphe du peuple » dans les institutions*, d’autres ont montré leurs soutiens à toutes ces personnes qui sont incarcérées par la démocratie et l’Etat terroriste espagnol.

Des banderoles ont été suspendues et des tracts distribués dans le quartier ‘zaragozano de la Magdalena’.

Face à la répression, solidarité et résistance !

Ils pourront nous détenir mais jamais nous stopper !

Liberté pour les prisonniers pour lutter !

"La démocratie dure aussi longtemps que dure l'obéissance (A)"

« La démocratie dure aussi longtemps que dure l’obéissance (A) »

"La solidarité est notre meilleure arme - A bas les murs"

« La solidarité est notre meilleure arme – A bas les murs »

"Liberté pour les prisonniers anarchistes"

« Liberté pour les prisonniers anarchistes »

"La démocratie incarcère nos compagnons"

« La démocratie incarcère nos compagnons »

Traduit d’Indymedia Barcelona, 16 jun 2015

NdT:

*Référence au succès électoral de l’union de la gauche radicale institutionnelle ‘Podemos’. Notamment celui concernant la municipalité de Barcelone, où une manifestation destructrice s’est tenue samedi 13 juin dernier.

[Barcelone] Emeute solidaire avec les anarchistes persécutés par l’Etat – 13 juin 2015

Une manifestation « anti-répression » a réuni près de 500 personnes ce samedi 13 juin 2015 [1] à Barcelone: sous le slogan « s’ils nous attaquent pour nos luttes, répondons par la lutte », elle était appelée en solidarité avec les compagnons incarcérés et persécutés à la suite des opérations ‘Piñata’ (deux d’entre eux sont toujours incarcérés, trois autres sont sortis sous contrôle judficiaire) et ‘Pandora’ et plus globalement contre la répression envers les squats, ainsi que celles et ceux qui luttent contre l’Etat et cette société [2].

Dans la manif, on pouvait lire sur deux banderoles: « Ni baïllonné-es ni domestiqué-es, continuons de lutter ! » et « La répression nous aime isolé-es, la solidarité nous rend forts » tout en entendant résonnés dans les rues les cris de « Liberté ! Liberté ! ». 

Présents en grand nombre, les agents de la police anti-émeute des Mossos d’Esquadra ont voulu contrôlé et fiché les participant-es au niveau de la plaza de Sants. La réponse à ce coup répressif a été immédiate dans les rues du quartier de Sants et de l’Eixample: plus d’une vingtaine de manifestant-es ont détruit les vitres d’agences bancaires et immobilières, de commerces (dont un salon de beauté), d’un abribus, de trois concessionnaires automobiles (dont ceux de ‘Peugeot’ et ‘Ford’, où il y a eu un départ de feu). Des (A) cerclés et plusieurs slogans ont été tagués sur les façades des commerces.

Les flics des Mossos d’Esquadra ont réussi à scinder le cortège en deux groupes et dissous la marche par une charge.

Six personnes ont été interpellées pour « dégradations de mobilier urbain ». Après avoir passé la nuit au commissariat, elles comparaîtront devant le tribunal lundi matin. La police catalane a annoncé qu’elle continuait l’enquête et que de nouvelles arrestations n’étaient pas à exclure dans les prochains jours.

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Deux appels à la manif

Deux appels à la manif

[Reformulé de la presse espagnole, 14/06/2015]

NdT:

[1] journée internationale de solidarité avec les compagnon-nes persécuté-e-s par l’Etat espagnol.

Des banderoles ont été suspendues à Athènes en Grèce et à Melbourne en Australie:

"Opération Piñata 2015: ni coupables ni innocents, simplement anarchistes"

« Opération Piñata 2015: ni coupables ni innocents, simplement anarchistes »

"13 juin: journée internationale de solidarité avec les anarchistes persécutés en Espagne"

« 13 juin: journée internationale de solidarité avec les anarchistes persécutés en Espagne »

[2] Contre la loi dite du « baillon » (interdiction de manifester), contre les condamnations qui ont plu sur les têtes de manifestant-es « anti-austérité », etc…

 

[Espagne] 3 des 5 compagnons incarcérés de l’opération Piñata sortent de prison sous contrôle judiciaire

solidaridadMadrid. (EFE), 1er juin 2015.- L’Audiencia Nacional a remis en liberté trois membres supposés des Groupes Anarchistes Coordonnés (GAC) arrêtés en avril dernier au cours de l’opération Piñata*, arguant que le juge Eloy Velasco n’avait pas suffisamment motivé l’envoi en prison pour délits d’appartenance à une organisation terroriste.

Javier García Castro, Enrique Balaguer Pérez et Jorge Linares Izquierdo avaient fait appel de cette mesure. Leur remise en liberté se fonde sur le « manque de caractère concret des indices » (vu notamment l’aspect générique des degrés d’implication dont ils sont accusés) et sur le fait qu’il n’y a pas de risque sérieux de fuite vu leurs attaches familiales et salariales en Espagne.

Par ailleurs les juges affirment que les liens ne sont pas établis (prouvés) entre les GAC et la Fédération Anarchiste Informelle (FAI), considérée comme terroriste par la l’Union Européenne.

Les trois anarchistes sont néanmoins placés sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer [tous les 15 jours], retrait du passeport et interdiction de sortir du pays**.

[Dépêche de presse traduite de l’espagnol par Brèves du désordre]

NdBdD:
*Qui a conduit le 1er avril 2015 à 15 mises en examen (10 à Madrid, 3 à Barcelone et 2 à Palencia) pour « association terroriste » à caractère « anarchiste insurrectionaliste », dont cinq (et maintenant deux) incarcérations préventives. Ces cinq compagnons avaient commencés à être transférés le 18 mai dans différentes prisons loin de Madrid (dont Enrique il y a quelques jours à peine de Madrid à Villena (Alicante)).
** On remarquera avec joie que contrairement aux sept compagnons de Catalogne de l’Opération Pandora relâchés contre le paiement d’une caution de 3000 euros par tête fin janvier 2015, aucun racket étatique de ce type n’a été imposé à ces trois-là.


Pour l’opération Piñata, il reste donc deux compagnons dedans, auxquels on peut écrire :

PAUL JARA ZEVALLOS
Centro Penitenciario Madrid VII, Estremera
Carretera M-241, Km. 5750
28595 – Estremera
(Madrid)

JAVIER GRIJALBO ADÁN
Centro Penitenciario Zaragoza
Autovía A-23, Km. 328
50800 – Zuera
(Zaragoza)

[Barcelone] Sabotage contre la société de transports ‘TMB’ – 11 mai 2015

tmbLe 11 mai 2015, un groupe d’individus cagoulés a fait irruption dans la station de métro de Palau Reial à Barcelone, détruisant les tourniquets et les distributeurs de tickets. Par des slogans inscrits à la bombe de peinture et des tracts distribués, l’action a été menée contre la récente (et énième) hausse du prix des transports et pour la gratuité.

Un seul tourniquet n’a pas été totalement détruit, mais toutes les machines de vente des tickets ont été mises hors-service jusqu’au jour suivant.

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Repris d’indymedia barcelona, 12 mai 2015

[Espagne] Monica Caballero transférée à la prison de Villabona (Asturies)

La compagnonne anarchiste Monica Caballero a récemment été transférée de la prison de Brieva (Avila) à la prison de Villabona dans les Asturies, où le compagnon Francisco Solar est également enfermé. Il se peut que ce transfert soit seulement provisoire et qu’elle soit de nouveau transférée à Brieva ou dans une autre prison dans quelques semaines ou quelques mois.

Le code postal de la prison de Villabona a été changé. Voici les nouvelles adresses correctes et mises-à-jour des deux compagnonNEs:

  • Mónica Caballero Sepúlveda
    C.P. Villabona
    Finca Tabladiello s/n
    33422 Villabona-Llanera
    (Asturias)
  • Francisco Solar Domínguez
    C.P. Villabona
    Finca Tabladiello s/n
    33422 Villabona-Llanera
    (Asturias)

Traduit d el’espagnol de contrainfo, 11 mai 2015

[Espagne] Lettre sur les dernières arrestations et incarcérations lors de « l’opération Piñata »

[Lundi 30 mars, la police anti-terroriste lançait 17 perquisitions et arrêtait 15 compagnonNEs à Madrid, Palencia, Grenade et Barcelone lors d’une opération dénommée Piñata. Lors des perquisitions, 24 autres seront brièvement arrêtés pour avoir résisté à ces dernières (notamment dans les squats). Accusés d’être responsables ou membres des « Groupes anarchistes coordonnés » (GAC), c’est-à-dire d’ « association terroriste », dix compagnons seront relâchés sous contrôle judiciaire (confiscation de passeport, interdiction de sortie du territoire et pointage tous les 15 jours) et cinq autres sont toujours incarcérés en préventive à Soto del Real.]

Lettre aux compagnons et amis anarchistes et antiautoritaires sur les dernières arrestations et incarcérations lors de l’« Opération Piñata »

« Ne jamais céder, ne jamais se rendre »

Après le dernier coup répressif dans l’État espagnol, le bilan de la désastreuse et démesurée « Opération Piñata » est de 5 compagnons séquestrés en prison. Face à leur répression, notre solidarité est l’action directe. Que les barreaux ne nous séparent pas et que la peur ne nous paralyse pas.
La réponse de nos amis et compagnons au moment des arrestations mérite d’être admirée : ils ont montré leur soutien dans la rue avec une mobilisation le jour même, tout comme lorsque nous somme sortis, ce qui a mené à des arrestations et des affrontements avec la police. Dès le premier moment, les gens ont mis les mains à la pâte afin que les personnes arrêtées ne manquent de rien et nous voulons vous dire, à vous qui avez été sur le pied de guerre, que c’est ainsi que nous l’avons tous perçu de l’intérieur et c’est avec cette sensation que ceux qui, n’ayant pas eu la même chance que nous, sont partis vers le Centre d’extermination de Soto del Real [la prison de Madrid]. Aussi insignifiant que cela puisse paraître de l’extérieur, des détails comme le fait de venir protester et nous chercher aux portes de l’Audience Nationale, sont des gestes qui à l’intérieur font sentir que nous sommes pas seuls et cela a certainement permis à ceux qui ont dû partir pour Soto d’affronter cette nouvelle d’une autre manière. C’est un acte courageux de la part de ceux qui ont tenu tête tout en sachant que d’autres arrestations pouvaient se produire.

Cette lettre veut appeler tous les compagnons, proches, mis en examen et prisonniers concernés par le dernier coup de filet contre les anarchistes à ne pas perdre les nerfs, c’est un appel à la solidarité, à la force et au courage. Le coup n’a pas été seulement pour nous qui affrontons en chair et en os les graves accusations et les constructions policières et judiciaires, il concerne l’ensemble du mouvement qui se voit pris dans une offensive qui a débuté vers 2011 avec l’incarcération d’un compagnon à Madrid et s’est accentuée à Barcelone et Madrid depuis l’incarcération de Francisco et Mónica, l’Opération Pandora et maintenant, jusqu’à nouvel ordre, l’Opération Piñata.
Logiquement nous allons voir se répéter des processus de ce genre qui sont quelque chose de routinier et de cyclique dans la lutte, lorsqu’il s’agit de maintenir et de générer des projets continus allant à la racine du problème : l’ETAT.
Dans chaque affaire répressive et à chaque moment politique, historique et pourquoi pas personnel, chaque collectif ou individualité affronte ces processus d’une manière différente et avec des temps distincts.
Nous devons être conscients qu’assumer la répression comme une partie inséparable de la lutte est un processus qui s’apprend avec le temps et que chaque personne est capable de l’assumer à un rythme différent et avec plus ou moins de difficulté. Essayer de normaliser le fait qu’ils rentrent chez toi, qu’ils puissent te torturer, qu’il séquestrent les tiens, qu’ils frappent dans des manifs, qu’ils t’appliquent la loi antiterroriste ou que la première chose que tu vois après trois jours enfermé soit la gueule du juge Velasco n’est une partie de plaisir pour personne et le côté traumatisant de cette situation est tout à fait compréhensible. A un moment ou à un autre, nous avons tous éprouvé de la peur et des doutes et c’est grâce à cette peur que nous pouvons gérer nos réactions face aux risques que nous prenons. La peur est quelque chose de naturel qui nous permet d’agir dans des situations limites ou de stress, et ce n’est pas un problème dès lors qu’on sait la gérer. Le problème, c’est quand elle se transforme en panique et qu’elle nous paralyse, paralysant ainsi la réponse dans la rue et allant en certaines occasions jusqu’à être politisée pour devenir une ligne politique à suivre qui se met en travers de notre chemin à l’heure de frapper avec rage tout ce qui nous a encore menés à cette situation. Donner une réponse à tout cela, c’est sentir que nous sommes toujours vivants.

Il y a une part émotionnelle très importante dans tout cela, évidemment puisque nous sommes des êtres humains et « politiser nos cœurs » n’est pas une tâche facile. Mais derrière les émotions que nous sentons, garder l’esprit froid et agir en conséquence est indispensable à l’heure de répondre à ces atrocités. Il est tout aussi important de nous solidariser avec les personnes à l’intérieur des prisons qu’avec les accusés dehors, en prenant soin les uns des autres, en nous soutenant et en accordant plus de temps à ceux qui peuvent avoir besoin d’assumer tout cela plus lentement, afin de sortir de cela le plus dignement et en nous sentant fiers de ce que nous sommes, en générant un climat de confiance entre compagnons et en évitant que la peur et le pessimisme ne s’emparent de nous.

Il est évident que les énergies du premier jour ne sont pas celles qui nous accompagnent aujourd’hui ; nous avons triplé nos efforts pour tout régler afin que les compagnons emprisonnés ne manquent de rien, et à la longue, l’addition se présente. C’est pourquoi il est important de doser les forces et de prendre les repos nécessaires, avec l’objectif de créer une réponse politique dans la rue qui défende les prisonniers et se lance comme contre-offensive contre l’État, ses juges, ses flics et ses médias, pour ainsi le transmettre hors de Madrid et dans les geôles où se trouvent les compagnons.

L’intention de ce texte n’est pas d’analyser, comme cela a déjà souvent été fait, le pourquoi de tout cela. Divers textes, depuis le cas de Francisco et Mónica jusqu’à maintenant, ont justement détaillé les motifs de ces coups spectaculaires (nécessité d’un ennemi intérieur, justification des mesures répressives, re-définition du terme terrorisme, peur des gouvernements que des révoltes se produisent…). L’intention de ce texte est plus interne et personnelle ; il s’agit d’évaluer une des raisons pour lesquelles l’État fait cela et qui consiste à instiller la peur, ainsi que de tenter de faire une lecture plus intime et vers l’intérieur pour continuer à lutter et à porter notre discours la tête haute.
Le caractère spectaculaire et médiatique des arrestations et des si graves accusations auxquelles nous sommes confrontés font que la psychose se transmet entre nous et que souvent nous oublions de penser que l’État et ses mauvais scénaristes ont construit à leur image un dossier plus proche d’un film de fiction que de quelque chose qui ressemble à un dossier judiciaire. Le mauvais ouvrage qu’ils ont pondu est surtout spectaculaire et médiatique, et les perquisitions et arrestations qu’ils nous ont imposées dans nos maisons et sous notre nez démontrent qu’ils ne croyaient pas eux-mêmes à ce qu’ils étaient en train de faire. Personne ne peut croire qu’une partie d’une « bande terroriste armée » (sans qu’aucune arme n’ait été trouvée) se trouve à présent dans la rue en attente de jugement. Malgré cette construction fantaisiste, les mesures de contrôle et l’infrastructure qu’ils ont utilisées pour leurs enquêtes ont été plutôt importantes et sont typiques de la part de ceux qui veulent contrôler tous nos mouvements ainsi que ceux des personnes proches, pour ensuite déformer, décontextualiser et manipuler à leur guise ces investigations : filatures à pied, en voiture, micros, dispositifs dans des voitures ou écoutes téléphoniques contre nous, pour tout trafiquer comme ils le voulaient. Nous les anarchistes ne cherchons en rien à gagner leur respect, mais nous pensons que manipuler comme bon leur semble nos données est tendancieux et ôte toute crédibilité. Avant tout, nous sommes ce que nous sommes, et nous ne voulons pas nous en cacher.

L’important dans tout ça, c’est d’apprendre des expériences, essayer de surmonter les adversités, nous faire confiance et nous préparer politiquement et émotionnellement pour cela. Face à des cas comme ceux-ci, seule la réaffirmation pourra nous rendre fiers de nous tous et de ce que nous proposons, fermement convaincus que l’anarchie est le seul chemin pour l’égalité entre les personnes, sans hiérarchies, sans leaders, en toute autonomie et sans gouvernement. Il est indispensable et inhérent à l’anarchisme de s’organiser contre l’État et tout ce qui en fait partie, tout en nous défendant de toute offensive contre les anarchistes en démontrant clairement que ceux qui préparent ces coups de filet et ces opérations lamentables sont la plus grande bande organisée et dangereuse qui ait jamais existé : l’Etat, et en pointant cette bande d’assassins, de bourreaux, d’enfermeurs, juges, flics, médias, etc … Ces ignares tentent d’attaquer les anarchistes sur le même modèle que d’autres types d’organisations ou de structures hiérarchisées, démontrant ainsi qu’ils n’ont aucune idée de ce que signifient les idées anarchistes tout en en profitant pour dégrader et dénaturer les idéaux libertaires que nous défendons. Nous, nous n’avons pas de leaders, nous ne commandons pas et nous n’obéissons pas. Des siècles d’histoire anarchiste, sur le point d’être rayée des esprits de beaucoup et censurée par tous les médias officiels, démontrent que la forme organisative des anarchistes est horizontale, sans pouvoir, sans démocratie, sans totalitarismes, dans l’égalité. Essayer de nous convaincre maintenant du contraire, est inutile en plus d’être analphabète. C’est grâce à la démocratie que nous en sommes là où nous en sommes, et c’est la démocratie que nous devons détruire comme système dominant.

Ils veulent en finir avec la solidarité et faire en sorte que les prisonniers soient oubliés, ils veulent en finir avec le soutien mutuel, l’autogestion, les réseaux de soutien, l’action directe … en définitive ils veulent en finir avec les anarchistes, et renoncer à n’importe lequel de ces principes revient à renoncer à nos vies. Les coordinations et les espaces de confluence entre nous sont plus importants que jamais. Si leur objectif est celui-là, une bonne réponse consiste à s’organiser et à commencer à assumer que la répression et dans une plus grande mesure la prison comme conséquence, est quelque chose qui peut arriver tôt ou tard, sinon à nous et à nos proches. Avoir conscience de l’importance de nous sentir forts et fiers, et le démontrer en essayant de ne pas jeter l’éponge, éviter de tomber dans des réformismes ou d’opter pour des chemins plus faciles, est une voie dont « personne n’a dit qu’elle serait aisée ».

Ceci est destiné à tous les compagnons qu’ils ont réveillés comme nous le 30 mars pour nous emmener sous la loi antiterroriste, pour les compagnons qui sont restés dehors avec des choses pas bien plus faciles à résoudre, et surtout à nos frères emprisonnés qui n’ont pas eu la même chance que nous. Pour que nous continuions à avoir l’envie et la force de nous moquer de tout cela et d’eux tous. Leur pénible mise en scène théâtrale n’a pas de nom, et la blague lourde qu’ils nous ont offert a pour certains des conséquences impardonnables.
Pour continuer la tête haute et en nous sentant fiers des 5 personnes emprisonnées lors de cette opération, de Fransisco et Mónica, des personnes sous le coup de l’Opération Pandora, de Gabriel Pombo, de ceux dont nous ne connaissons pas le nom, de tous ceux qui luttent et de ceux qui viendront.
Vous êtes ce qui nous fait aller de l’avant et qui nous maintient en vie. La dignité que vous transmettez après tant d’années d’enfermement mérite que nous, dehors, soyons jusqu’au bout avec vous.

Pour une solidarité active et combative loin des opportunistes et des partis politiques qui veulent tirer profit de la répression. Parce que nous voulons choisir nous-mêmes comment y répondre sans leur permettre de récupérer notre lutte.
Pour la création d’espaces et de coordinations anarchistes.
Pour le débat et la diffusion.
Pour la création d’espaces libérés et autogérés.
Pour l’action directe sous toutes ses formes.
Pour la destruction de l’État et de tout ce qui fait de nous des esclaves.
Contre la démocratie … Pour l’anarchie !!

Liberté pour les anarchistes et anti-autoritaires incarcérés,
A bas les murs des prisons,
Maintenant plus que jamais : Mort à l’État et vive l’anarchie !

[Traduit de l’espagnol de Indy Barcelone par cette semaine, 22 abr 2015]


Pour écrire aux compagnons incarcérés :

Paul Jara Zevallos
Jorge Linares Izquierdo
Javier García Castro
Enrique Balaguer Pérez
Javier Grijalbo Adan

C.P. MADRID V
APDO. CORREOS 200
COLMENAR VIEJO
MADRID C.P. : 28770

[Espagne/Opération Piñata] Réponse de quelques anarchistes d’une maison perquisitionnée

Sur les perquisitions et les arrestations du 30 mars. 
Réponse de quelques anarchistes d’une maison perquisitionnée lors de l’opération Piñata

carteloperacionpiataNous comprenons ce nouveau coup répressif de l’État comme une continuation des enquêtes qui ont commencé avec les filatures de cinq de nos ami-es et compagnon-nes, entre autres, Mónica et Francisco ㅡ ainsi que dans certains milieux libertaires et anarchistes de Barcelone ㅡ et qui se sont soldées par la prison préventive de ces deux dernières personnes, il y a déjà un an et demi. C’est ainsi que s’est close la première étape de l’enquête menée par le tribunal d’instruction numéro 6 de l’Audiencia Nacional [pôle national anti-terroriste], supervisée par le juge bien connu Eloy de Velasco. Un an plus tard, la suite, après des mois de filatures et d’écoutes, a été la réalisation de l’ « Opération Pandora« , menée par le corps de police autonome de Catalogne (Mossos d’esquadra). Elle a abouti à l’arrestation de 13 personnes à Barcelone, Sabadell, Manresa et Madrid, dont 7 compagnon-nes envoyé-es en prison préventive par le tribunal d’instruction n° 3 de l’Audiencia Nacional, et le juge Bermúdez. Ces compagnon-nes sont resté-es un mois et demi en régime FIES 3 dans la majorité des cas avec les restrictions correspondantes de l’article 10, avant d’être remis-es en en liberté sous caution fin janvier. 

Le lundi 30 mars, la police nationale, sur ordre du même juge Eloy de Velasco, a effectué 17 perquisitions, à Palence, Madrid, Grenade et Barcelone : au total 6 centres sociaux et 11 domiciles. L’“Opération Piñata”, telle qu’ils l’ont nommée, s’est soldée par l’arrestation de 37 compagnon-nes [1], 13 accusé-es de résistance et désobéissance et 11 autres d’usurpation (occupation, squat), qui ont été relâché-es entre lundi et mardi en attente du jugement.

Le mercredi 1er avril, les 15 autres compagnon-nes sont passée-es à disposition de l’Audiencia Nacional pour appartenance à une “organisation criminelle à finalités terroristes”. 10 ont été remis-es en liberté, également en attente de jugement, et 5 ont été envoyés en prison préventive.

Il ne nous intéresse pas de savoir combien d’opérations ils veulent lancer contre le mouvement anarchiste, il ne nous intéresse pas combien de noms de merde ils veulent utiliser pour les gros titres spectaculaires et accusatoires des médias.

Nous voyons trois étapes claires qui n’ont pas nécessairement été planifiées, mais dont le déroulement a permis la vague de répression suivante.

Lors du premier coup, le pouvoir recherchait les supposé-es responsables d’un fait concret, le placement d’un dispositif explosif. Le corps de police nationale a arrêté Mónica et Francisco ainsi que trois autres compagnon-nes. Vu le manque d’éléments, ils ont continué avec une enquête susceptible de relier ce délit spécifique avec un réseau plus large. Les GAC (Groupes anarchistes coordonnés) interviennent dans leur thèse comme un élément venant grossir l’affaire, peu importe la qualité des preuves.
C’est ainsi qu’on arrive au deuxième coup répressif : on cherche la « tête » de cette organisation, en arrêtant des compagnon-nes du mouvement anarchiste et proches de Mónica et Francisco.
Le troisième coup répressif attaque les liens de solidarité et de collaboration supposée aux faits [attaques explosives ; NdT] qui se sont produits dans les cathédrales de La Almudena et el Pilar, ainsi que (comble du ridicule) dans “des faits” non commis, tel qu’une soi-disant tentative d’attentat lors du couronnement du nouveau roi (selon la presse). L’“Opération Piñata” a été dirigée contre les compagnon-nes et ami-es proches des personnes arrêtées et emprisonnées lors de l’“Opération Pandora”.
Cela a été et c’est un message du pouvoir contre toutes celles et ceux qui comme nous maintiennent certaines idées et amitiés.

Esquisses sur le contexte répressif

La ligne d’attaque répressive utilisée par la justice de l’État espagnol est bien définie. D’un côté, depuis la fin de ETA comme bande armée [qui a officiellement déposé les armes ; NdT], ils ont le besoin structurel d’un ennemi interne pour garder un appareil répressif créé à cette fin et ainsi justifier leur salaire. Depuis, l’ensemble de cet appareil de poursuite, d’enquête et de condamnation, en apparence obsolète, a mis dans sa ligne de mire trois cibles : l’indépendantisme galicien, le djihadisme et l’anarchisme radical (comme ils le nomment). Tout cela se produit en même temps que des changements de lois dans un sens plus restrictif, des lois venant notamment frapper et condamner la protestation de rue et qui visent aussi désormais toutes celles et ceux qui peuvent réellement mettre en danger leur stabilité : les gens.

Dans ce sens, les événements de Paris ont représenté un pas supplémentaire pour que tous les États européens adaptent la démocratie à une nouvelle ère. L’État espagnol s’enorgueillit d’avoir la loi la plus restrictive de toute l’Union européenne en ce qui concerne le terrorisme : le chemin était déjà balisé, la structure continuait à fonctionner… Nous avons vu comment lors les derniers coups répressifs (surtout dans les affaires “Pandora” et “Piñata”), un des objectifs consistait à mettre sur le même plan des idéologies et des critiques généralement opposées [2], selon un stéréotype s’adaptant le mieux au modèle terroriste actuel.

Ainsi la presse se charge de mettre en première page l’arrestation de djihadistes (dont deux mineurs), celle d’anarchistes accusés d’appartenir à une bande terroriste, et celle d’un homme avec un arsenal à la maison ou de groupes d’extrême-droite, selon ce qui leur convient le mieux.

Au cours de cette dernière législature, le PP [Partido Popular, de droite au gouvernement ; NdT] et le PSOE [Parti socialiste ; NdT] ont identifié un problème pour l’avenir : le creusement des inégalités sociales qui pourrait bien leur amener des problèmes de stabilité. C’est pourquoi ils se sont empressés de promulguer un ensemble de lois telle que ladite « loi Mordaza » [Loi bâillon ; NdT].
Avec le taux de chômage qui s’envole et la “corruption” des politiques qui s’étale dans la presse, la perte de crédibilité de la classe politique pourrait évidemment créer des conflits sociaux.
Ce sont des temps de restructuration politique et par conséquent de restructuration répressive.
Dans ce sens, les partis politiques d’opposition jouent aussi leur jeu, en se positionnant contre cette loi, quasiment obligés à cela par le spectacle. Des gauchistes, qui réprimaient hier, se font aujourd’hui photographier au Parlement avec un bâillon sur la bouche, tentant ainsi d’attirer cette masse de gens “mécontents” qui ne croient plus dans les politiciens et leurs mensonges ; les gauches radicales, comme Podemos, Guanyem, ou la CUP… essaient aussi d’emporter le morceau des luttes sociales.
La dramaturgie démocratique continue. Chaque coup répressif est utilisé comme une distraction ou comme un élément supplémentaire pour remplir les urnes de quelque parti. En fin de compte, c’est le pain et les jeux.

Anarchistes, nous ne nous identifions à aucun parti politique, ayant ou pas une histoire à construire sur les piliers du capital, l’État, l’inégalité et la soumission sociale.
Nous ne nous identifions avec aucun mouvement social qui cherche la réforme de « telle » ou « telle » loi répressive, ou qui se manifeste violemment en quête de l’État-providence perdu. Nous n’avons pas l’idéologie du bosseur, content tant qu’il a du boulot, peu importe pour quel système il travaille.

Selon nous, la “loi Mordaza” n’est pas faite pour arrêter les anarchistes et les libertaires [3], dans la mesure où leur action dans la péninsule ibérique est extrêmement réduite ; nous comprenons cet ensemble de lois comme étant destiné à arrêter la [possible ; NdT] radicalisation des dits mouvements sociaux. Comme une assurance supplémentaire dont le pouvoir a besoin pour freiner la rage des gens dans la rue et dans leur communication. Car c’est là que l’histoire récente a montré que les chefs et les dirigeants peuvent perdre leur pouvoir démocratique et « horizontal ». Nous ne prétendons pas pour autant nous victimiser, ni utiliser cette stratégie de nous présenter comme étant « frappés par les nouvelles lois répressives » pour le simple fait de fraterniser avec les masses dans les rues. Si nous fraternisons avec les masses, c’est plus pour être complices de ces moments où la lucidité devient si simple et concrète, que la masse cesse d’être troupeau, d’être masse, pour se transformer en personnes pensantes qui répondent aux attaques quotidiennes de ce système économique et politique.

Il ne nous intéresse pas de savoir si l’enquête est menée par le corps de la police nationale ou par les Mossos, parce que peu nous importe ceux qui défoncent nos portes, nous soumettent dans nos propres maisons en pointant un flingue sur notre tête et celle de nos compagnon-nes.
Parce que la justice de la démocratie n’a qu’une seule logique, celle d’écraser toute dissidence qui remette en question leur pouvoir et leur manière de le maintenir.

Ils continuent tous à ne pas comprendre nos idées et les liens avec nos compagnon-nes, à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs murs.
Ils continuent à ne pas comprendre que nous ne légitimons pas leurs frontières …
Ils continuent à ne pas comprendre que plus ils font pression sur nous, plus nos idées sont fortes – plus nous nous renforçons. Plus ils tentent de remettre en question nos liens, plus nos ami-es et compagnon-nes seront proches et soutenu-es.

Ils essaient de nous effrayer, il dépend de toutes et tous que la peur change de camp. La répression que nous vivons aujourd’hui est la conséquence logique de nos désirs, de notre sens de la vie et de nos idées. Si leurs coups sont destinés à nous neutraliser et à nous maintenir en marge, le résultat obtenu est le contraire.

Nos compagnon-nes n’ont jamais été oublié-es, pas même une seconde, et malgré les coups répressifs et la dispersion [des prisonnier-es sur le territoire ; NdT], les ami-es n’ont jamais manqué pour aller aux parloirs, ils et elles ne sont jamais sorti-es de nos cœurs et y restent. Et même si demain ils expulsent nos maisons, il y aura toujours une place pour elles et eux comme pour chaque compagnon-ne.

Toutes celles et ceux qui se trouvent à l’intérieur des murs sont plus que jamais vivant-es dans nos cœurs !
Solidarité avec nos compagnon-nes, maintenant et toujours !
Salutation anarchiste !

[Traduit de l’espagnol d’Indymedia Barcelone par Cette Semaine]

Notes

[1] Il y a un problème avec le nombre des personnes interpellées, les informations là-dessus ne sont pas claires ; NdR

[2] Comme cette fine comparaison entre Al Qaïda et les anarchistes au moment de Pandora, ou d’ETA et des anarchistes lors de Piñata ; NdT

[3] Plusieurs textes solidaires, notamment d’organisations spécifiques anarchistes, ont en effet maladroitement posé que l’Opération Piñata était une des conséquences de la Loi Mordaza ; NdT

 

[Partout] Banderoles et attaques en solidarité avec les arrêtéEs de l’opération Pinata

Voilà l’adresse provisoire (ils peuvent être transférés) de trois des cinq compagnons incarcérés dans le cadre de l’Opération Piñata :

Paul Jara Cevallos
Enrique Balaguer Pérez
Javier Garcia Castro

(Nom du prisonnier)
Centro Penitenciario Madrid V
Apdo. Correos 200 Colmenar Viejo
Madrid Codigo Postal 28770

 [Indymedia Barcelone, 03 abr 2015 ]

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Solidarité de France contre l’Opération Piñata

Hier nuit le consulat espagnol de Rennes en france a été attaqué avec de la peinture en solidarité avec les détenuEs de l’opération Piñata.

« Terrorista es el Estado » [Le terroriste c’est l’Etat]
« Piñata a la mierda » [Vas te faire foutre Piñata]
et peinture contre la voiture du consul.

De Grenade à Rennes, solidarité active contre toutes les formes de répression.

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone par brèves du désordre, 31 mar 2015]

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Mataró*, Espagne: banderoles solidaire avec les détenus

Banderoles en solidarité avec les détenus de l’opération Pinata et avec les prisonniers en lutte dans les prisons grecques.

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Dans la nuit du 31 mars à Mataró*, des banderoles ont été accrochées en solidarité avec les détenuEs de l’opération Pinata et avec la lutte des prisonniers en grève de la faim depuis le 2 mars en Grèce.

Parce que leur répression n’arrêtra jamais notre désir de liberté.

Solidarité avec les prisonniers en lutte.

Mort à l’Etat et vive l’anarchie !

Traduit d’indymedia barcelona, 01 abr 2015

NdCNE:

* Commune de la province de Barcelone (qui est située à 30 km).

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Berlin: liberté pour les prisonniers anarchistes en Espagne

Le lundi 30 mars, la répression a une fois de plus enfoncé les portes des compagnons. 15 personnes ont été arrêtées, ainsi que plusieurs habitations et centres sociaux occupés à Madrid, Barcelone, Palencia et Grenade. Ces dernières arrestations ont eu lieu trois mois après la première vague d’arrestations en décembre contre les anarchistes, ordonnée par l’Audiencia Nacional baptisée opération Pandora qui s’est soldée par la détention de 11 compagnons à Barcelone et à Madrid, 7 d’entre eux ont passé un mois et demi en détention avant d’être libérés sous caution. Tout cela s’ajoute à l’arrestation fin 2013 de nos compagnon-nes Mónica et Francisco, accusé-e-s d’avoir placé un engin explosif dans la basilique Del Pilar de Saragosse, et qui sont incarcéré-es depuis. Encore une fois, les personnes détenues sont accusées d’appartenir à une organisation terroriste et d’être membres des GAC « Groupes Anarchistes Coordonnés » et « d’avoir commis des actes délictuels sous forme de sabotages et d’avoir placé des engins explosifs et incendiaires ».

C’est une attaque de plus de l’Etat contre les anarchistes, pour les criminaliser et mettre fin à la lutte anti-autoritaire et régler ses comptes avec toutes les personnes qui continuent de se rebeller contre le pouvoir et qui se sont décidées d’agir pour une vie libre sans domination.

De loin, nous restons actifs et unis avec nos compagnon-nes. Dans la matinée du 1er avril, nous avons suspendu deux banderoles dans différents quartiers de Berlin comme geste minime de solidarité.

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"Le seul terroriste c'est l'Etat (A) Liberté pour les anarchistes arrêtés en Espagne"

« Le seul terroriste c’est l’Etat (A) Liberté pour les anarchistes arrêtés en Espagne »

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Ce genre de coups ne nous fait ni peur ni arrêter, mais il nous faut plus de force et de détermination pour continuer notre chemin vers la liberté, pour lutter contre l’Etat et l’autorité. Nous encourageons tous les groupes et individus à se solidariser avec tou-te-s les compagnon-nes arrêté-es et les prisonniers du monde entier et à répandre les idées et actions anarchistes sous toutes ses formes. Car la lutte est le seul chemin.

Ni coupables ni innocents !

Liberté pour les prisonniers anarchistes !

Quelques anarchistes de Berlin

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Besançon, France: banderoles solidaires…

Deux banderoles ont été accrochées samedi (4 avril 2015) à Besançon (France). Nous envoyons un salut aux prisonniers en lutte en Grèce et en Espagne.

Cette petite action a eu lieu en solidarité avec les prisonniers anarchistes qui sont en grève de la faim en Espagne et en Grèce, mais aussi en soutien aux 37 compagnonNEs arrêtéEs de l’opération Piñata.

La solidarité est notre arme!
Feu à toutes les prisons!

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Traduit de l’espagnol de Indymedia barcelona

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LIBERTÉ POUR LES ANARCHISTES ARÊTÉ.E.S EN ESPAGNE

Récemment, une banderole a été déployée sur l’entrée du tunnel Botanique : LIBERTÉ POUR LES ANARCHISTES ARÊTÉ.E.S EN ESPAGNE.

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Le 16 décembre dernier, un nouveau coup répressif frappe les anarchistes avec une vague de perquisitions et d’arrestations menée par l’État espagnol. La police envahit divers domiciles, locaux et centres sociaux dans plusieurs villes du pays. Onze compagnon.ne.s sont arrêté.e.s, dont sept restent en prison, sous l’accusation de « constitution, promotion, direction et appartenance à organisation terroriste, dégradations et possession d’engins explosifs et incendiaires ». Le 30 janvier, les sept qui étaient encore en prison sont remis.e.s en liberté conditionnelle sous caution, astreint.e.s à trois pointages hebdomadaires au tribunal.

Si nous voyons, dans cette attaque, l’intention de brider les décisions et pratiques anarchistes, nous comprenons aussi qu’elle s’intègre dans une offensive plus large. Les évènements récents, plus près de chez nous, montrent bien comment la menace d’un ennemi intérieur peut servir – et sert effectivement – de prétexte pour durcir le régime. Ainsi, la manoeuvre de l’État espagnol contre les anarchistes a permis d’intensifier le contrôle et l’exploitation à l’échelle de toute la société. Tout sauf une exception, cette opération est en fait le coeur même de la gestion étatique : réduire toujours plus les espaces-temps de résistance ; renforcer l’adhésion du plus grand nombre à sa propre exploitation.

La police accuse les personnes arrêtées de différentes actions ayant eu lieu ces dernières années sur tout le territoire espagnol. Parmi lesquelles : des attaques incendiaires et explosives contre des banques ; l’envoi de colis piégés (à un archevêque et à un membre de la congrégation fasciste Légionnaires du Christ) ; l’envoi de lettres piégées à deux entreprises ; des attaques explosives contre une cathédrale et contre une basilique. On leur impute également l’impression du livre « Contre la démocratie » ou le fait d’avoir des formes de communication à haut niveau de sécurité (au travers des serveurs Riseup).

S’insurger contre la dépossession de la vie par ceux qui dominent ;
Retourner la violence contre les patrons, flics, juges, matons et autres curés ;
S’organiser pour prendre en main son existence ;
Mettre ses désirs de liberté en pratique ;
Toutes les entreprises d’émancipation – leur velléité même – se heurteront contre les appareils répressifs de l’État, aussi longtemps qu’il tiendra debout. Ne soyons pas dupes de ses montages et de ses fictions. Voyons les guerres, la misère, l’exploitation, l’enfermement, l’empoisonnement de la planète. Voyons qui les autorisent et les provoquent. (Ré)agissons en conséquence, passons à l’action !

Jusqu’à ce que tou.te.s soient libres !
Maintenant et toujours, mort à l’État et vive l’anarchie !

Publié sur indymedia bruxelles, 4 avril 2015

[Espagne/Opération Piñata] Nouvelle grosse rafle de perquisitions sur tout le territoire et arrestations de compagnon-nes [Mise-à-jour]

Le lundi 30 mars, à partir de 6h du matin, la Police Nationale en collaboration avec les Brigades d’Information de Madrid, Barcelone, Palencia et Grenade, ont mené une opération comprenant la perquisition de 17 lieux (6 centres sociaux – dont La Quimera et la 13-14 à Madrid, La Redonda de Grenade, et 11 domiciles particuliers) à Madrid, Barcelone, Palencia et Grenade et se soldant par l’arrestation de 14 personnes — 9 à Madrid, 3 à Barcelone et 2 autres à Palencia.

Selon un communiqué de presse des flics, elles sont accusées de supposée appartenance à une organisation criminelle à finalités terroristes, en l’occurrence les Groupes Anarchistes Coordonnées (GAC). On leur attribuerait également la « commission de faits délictuels consistant dans des sabotages et le dépôt d’engins explosifs et incendiaires« . Les faits spécifiques seraient notamment la préparation de l’attaque explosive du 7 février 2013 contre la cathédrale madrilène La Almudena et la participation à celle contre la cathédrale de Saragosse d’octobre 2013, pour laquelle les compagnons Monica et Francisco sont déjà incarcérés depuis plus d’un an (accusé en plus d’avoir préparé une autre attaque contre la Basilique Montserrat de Barcelone). Parmi les autres faits spécifiques attribués à une partie des 14 arrêtés, la police évoque également une « tentative d’attaque pour déstabiliser le couronnement du nouveau roi Felipe VI » du 19 juin 2014, et quatre attaques contre des agences bancaires. Elles se trouvent actuellement au Corps de Police espagnole à Madrid et on ignore encore à quel moment elles passeront à disposition de l’Audience Nationale [Parquet national anti-« terroriste »] pour déclaration. 14 autres personnes ont été arrêtées pour usurpation et résistance durant les perquisitions, elles ont été présentées mardi matin devant les tribunaux de plaça de Castilla de Madrid et devraient déclarer aujourd’hui.
Au cours de ces interventions, de nombreux fourgons des Unités d’Intervention de la police ont encerclé les lieux. Des archives papier et du matériel informatique ont été saisis.

Cette nouvelle opération policière, dénommée Opération Piñata, a été supervisée par le juge du Tribunal d’Instruction n°6 de l’Audience Nationale, Eloy Velasco, en charge du dossier des compagnon-nes Francisco et Monica. Selon les sources du Ministère de l’Intérieure, cette opération ne serait pas close.
Ces arrestations se produisent trois mois après l’opération Pandora qui avait conduit à l’arrestation de 11 personnes, elles aussi accusées d’appartenir aux GAC.

Le soir même, des centaines de personnes se sont rassemblées en solidarité dans différentes villes de l’État espagnol, dont Madrid, Barcelone, Palence, Saragosse, Salamanque, Gérone, Cuenca et Grenade.

Barcelone

Barcelone

Palencia

Palencia

Saragosse

Saragosse

Salamanque

Salamanque

Madrid

Madrid

[Synthèse d’après Indymedia Barcelona et la presse espagnole par Brèves du désordre]

Le juge de l’Audiencia Nacional Eloy Velasco a renvoyé en prison préventive mercredi 1er avril en début d’après-midi  5 des 15 arrêtés lors de l’opération policière nommée Piñata du lundi 30 mars (24 autres ont été arrêtés pour « résistance et désobéissance » lors des 17 perquisitions puis relâchés) qui s’est déroulée à Madrid, Barcelone, Palencia et Grenade.

Le juge a renvoyé en prison les 5 compagnons suivant…

  • Paul Jara Zevallos (de Madrid),
  • Jorge Linares Izquierdo (de Madrid),
  • Javier García Castro (de Madrid),
  • Javier Grijalbo Adan (de Palencia)
  • Enrique Balaguer Pérez (de Madrid)

et relâché les 10 autres (trois de Barcelone et sept de Madrid) en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire (confiscation de passeport, interdiction de sortie du territoire et pointage tous les 15 jours). Ils restent accusés d’appartenance aux GAC.

La suite sur brèves du désordre

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Espagne : Operación Piñata, nouveau coup répressif

Aujourd’hui une nouvelle assombrit le soleil matinal. La police nationale, une fois de plus, a perquisitionné divers lieux de vie et centres sociaux occupés dans les villes de Barcelone, Madrid, Grenade et Palencia, au total 17 perquisitions (dont six auraient été effectuées dans des centres sociaux et espaces libertaires), qui se sont finies par 14 arrestations, les personnes arrêtées étant accusées d’être membres d’une « organisation terroriste » et du placement de divers engins explosifs ou incendiaires, en plus de l’accusation d’avoir participé à la planification (et non l’exécution) des attaques contre la Basilique del Pilar à Zaragosa et contre la Cathédrale de la Almudena à Madrid, toutes les deux revendiquées par le dit « Commando insurrectionnel Mateo Morral », et dont sont accusé-e-s aussi les compagnon-ne-s Mónica Caballero et Francisco Solar, qui sont toujours en prison.

D’après les informations de sources proches et connues à Madrid, au moins trois centres sociaux occupés ont été perquisitionnés (La Quimera à Lavapiés, La Enredadera à Tetuán et La 13/14 à Vallecas). À La Quimera, les flics auraient fait irruption ont défonçant la porte avec un de leurs fourgons. Là, ils ont chopé 15 personnes, l’une d’elles avec un mandat d’arrêt pour cette affaire et les 14 autres pour le supposé délit de résistance (ce qui élève le nombre d’arrestations aujourd’hui à 26. Les personnes arrêtées devraient passer devant l’Audiencia Nazi-onal [1] mercredi.

Selon la presse bourgeoise (c’est-à-dire selon la police), les 14 personnes arrêtées (9 à Madrid, 3 à Barcelone et 2 à Palencia) pour appartenance à cette prétendue organisation criminelle seraient supposées membres des GAC, Groupes Anarchistes Coordonnés, un collectif éditorial ouvert et public qui, après avoir édité le livre « Contre la Démocratie » (dont une description et un lien de téléchargement sont disponibles ici [en espagnol]), a été transformée par l’Audiencia Nacional en organisation terroriste, sans preuves et sans aucune base. Non content de cela, le média bourgeois étatique TVE [télévision espagnole, NdT] définit les GAC comme (attention à ce qui va suivre) « filière espagnole des italiens de la FAI/FRI ». C’est curieux, parce que quiconque examine un petit peu les communiqués et le fonctionnement de la Fédération Anarchiste Informelle arrivera sans difficulté à la conclusion qu’il s’agit d’un nom qui peut être revendiqué par des cellules et groupes informels qui se reconnaissent dans des bases communes, de la même manière qu’avec le Front de Libération Animale. La FAI/FRI (Fédération Anarchiste Informelle / Front Révolutionnaire International) non seulement n’est pas une organisation fixe et structurée comme aiment le faire croire les journalistes [2], mais n’est pas non plus italienne. Que la proposition de la Fédération Anarchiste Informelle soit sortie en 2003 en Italie et que quelques années plus tard en Grèce soit annoncé le projet FAI/FRI, dans le but de revivifier cette idée, cela ne signifie pas que cette « organisation » soit italienne ou grecque étant donné qu’aujourd’hui ont déjà été revendiquées sous le sigle FAI/FRI des attaques dans des pays des cinq continents (Indonésie, Chili, Mexique, USA, Argentine, Bolivie, Grèce, Italie, Royaume Uni, Russie…).

On a aussi pu lire d’autres sottises dans les « nouvelles » d’autres moyens de communication comme le journal El Mundo qui affirme, dans son reportage sur cette affaire publié en version digitale, que certaines des personnes arrêtées sont (je copie-colle textuellement) « membres du groupe radical anarchiste Bloque Nero (Black Block) de Madrid ». J’aimerais bien savoir quand est-ce que le Black Block a cessé d’être une tactique militante pour les manifestations massives (utilisée par différents courants et mouvements, dont des anarchistes et autonomes mais aussi des néonazis) pour se transformer en un groupe anarchiste avec des membres et tout ça. Sérieux, expliquez moi.

Dans le même article de El Mundo, il est dit que le secrétaire d’État Francisco Martínez a annoncé que cette opération serait « une opération de plus de la lutte contre tous les types de terrorisme ». On voit qu’il a toutefois oublié de combattre le terrorisme de l’État, celui qui expulse de leurs maisons des milliers de familles, celui qui élabore des montages ridicules pour incarcérer et séparer de nous nos ami-e-s et compagnon-ne-s, celui que torture et tue dans les commissariats et les prisons, celui qui noie les migrants dans le Détroit [de Gibraltar] et légalise les expulsions expéditives, celui qui bombarde des pays étrangers en tuant des villages entiers pour du pétrole et des bénéfices, celui qui protège les infrastructures qui dévastent la Terre et achève le peu de nature qui nous reste, dans un monde aseptisé et artificiel de câblages et d’autopsies où nos rêves se précipitent à Haute Vitesse dans le vide.

Dans tous les cas, nous n’attendons rien de vous. Nous ne nous faisons pas d’illusions sur un quelconque changement qui ne sorte pas de notre auto-organisation et élévation. L’État, le Capital, l’Autorité sous toutes ses formes et expressions, internes et externes à nous-mêmes, sont nos ennemis dans une guerre qui n’a fait que commencer.

Nous ne tomberons pas dans un victimisme pathétique, ni dans la valorisation de l’innocence ou de la culpabilité de nos compagnon-ne-s. Qu’ils/elles soient « innocent-e-s » ou « coupables », nous les voulons libres. Nous les voulons à nos côtés. Nous voulons qu’elles/ils luttent et ne baissent pas la tête, qu’ils voient le sens de la solidarité et de la cohérence entre la pensée et les actes et qu’ils choisissent le chemin difficile parce que c’est celui qui est juste et qu’ils ne supportent pas ce monde encagé. Nous les voulons libres parce qu’ils/elles sont des nôtres, connu-e-s ou inconnu-e-s. Nous les voulons libres parce que ce sont eux/elles mais que ça aurait pu être nous, quiconque parmi ceux qui observent une société construite sur l’injustice et la misère et ne peuvent pas ni ne veulent détourner les yeux.

Des temps difficiles approchent, la Loi Mordaza [3] et la réforme du Code Pénal, récemment approuvées de manière définitive, nous assurent un futur plein de pénurie et de répression. Ils nous veulent silencieux/ses, à genoux, soumis-es, terrorisé-e-s, parce qu’à un moment où leur éternité chancelle et qu’ils n’ont plus ETA pour justifier leurs abus répressifs, ils ont besoin de nouvelles menaces fantômes. Les anarchistes, le fondamentalisme islamiste, peu leur importe, parce que l’objectif est de créer de nouveaux ennemis internes à la sacro-sainte Démocratie pour effrayer la population et justifier ainsi l’augmentation exponentielle de la présence policière dans les rues, des contrôles et des intrusions dans nos vies, leurs atrocités et leurs restrictions, parce qu’un fiasco comme celui-là ne peut se maintenir que par la peur et les mensonges. Goya a dit que « le rêve de la raison engendre des monstres ».

Cependant, au-delà des difficultés posées, nous nous rencontrons, nous nous connaissons, nous partageons des moments de désobéissance et de négation de l’ordre existant, et nous continuons à avancer, en nous rendant forts, en perdant la peur petit à petit et en cessant de contenir nos larmes pour transformer la tristesse et l’impuissance en rage. Parce que la lutte et la révolte sont le seul chemin…

À bas les murs des prisons !
Tout continue !
Solidarité partout avec tou-te-s les prisonnier-e-s en lutte !

[Traduit de l’espagnol par non-fides de Vozcomoarma.]

NdT

[1] Audiencia Nacional : Tribunal espagnol spécialisé pour les affaires importantes et crimes graves, par exemple relevant de la loi antiterroriste. Il siège à Madrid.

[2] Ici le texte original contient un jeu de mots ironique intraduisible : le mot espagnol periodista signifiant journaliste a été déformé en « perio-listos », listo signifiant « intelligent ».

[3] Littéralement « Loi Bâillon », surnom de la loi appelée par l’État espagnol « loi sur la sécurité citoyenne » établissant une série d’amendes à distribuer à tour de bras pour réprimer toute conflictualité.