Archives de catégorie : Critiques & réflexions

[Bolivie] A trois ans du coup répressif

[Ci-dessous deux traductions reprises du site Camotazo qui revient sur le coup répressif du 29 mai 2012 contre le milieu anarchiste et libertaire en Bolivie, suite auquel le compagnon Henry Zegarrundo et d’autres ont été incarcérés. Il est aujourd’hui dehors sous contrôle judiciaire. La brochure Chronique d’un chemin caillouteux retrace ces événements répressifs en Bolivie.]

Bolivie: il y a trois ans

Cet anonymat n’est pas un refuge, c’est le détachement le plus total

chatpercheAujourd’hui, alors que j’écris ces mots, je lis dans un journal qu’à Llallagua ils ont incendié les bureaux du juge pour enfant, du procureur, des bureaux de la police et la maison d’un violeur qui a reconnu ses faits. Je souris. Je m’en réjouis, ils ne vont pas attendre que la police s’en charge, ils détruisent les institutions de l’État, ils les attaquent. Mais le sourire passe … C’est bien, c’est différent la révolte collective. Moins de risques (d’après certains), mais possible à chaque instant (le sourire revient).

 Un essai d’irrévérence

Je hais les textes qui, par des détails littéraires et de la grande philosophie, décrivent les buts des anarchistes afin de les rendre plus sympathiques aux lecteurs. Lorsque j’écris ce texte ça n’est pas avec l’intention de faire plaisir à qui que ce soit, ou de donner une bonne image, pas même de donner des explications, au contraire je cherche à insister de façon antipathique (à partir des attaques explosives et incendiaires à La Paz, Sucre et Cochabamba entre 2011 et 2012) sur le fait que l’attaque anarchiste ne peut pas rester un cas isolé. Cela dépend de chacun de donner à la révolte un potentiel de joie et de haine qui découlent chaotiquement de nos vies, et sentir dans chaque pas d’insoumission la joie débordante de la liberté.

C’est gênant de reparler de l’existence des groupes d’action et des attaques contre des symboles physiques de la domination sur le territoire contrôlé par l’État bolivien, parce que le procès judiciaire est toujours en cours et parce que le mouvement n’a pas encore réussi à se remettre du contrecoup du système. Mais c’est précisément pour cela que c’est d’autant plus important de continuer la réflexion, la prise de position honnête et ferme sur ce qui s’est passé, et c’est là que je veux en venir.

Le 29 on a manqué de feu …

Le 29 mai, après les arrestations, ce qui a le plus manqué c’est le feu. Les communiqués informant que les détenus n’avaient rien à voir avec les attaques n’ont pas eu, et c’était évident qu’ils n’allaient pas l’avoir, la force nécessaire. La force ne pouvait venir que du feu, de plus d’attaques, et cela a été une erreur fatale déterminante, pas seulement pour les détenus, mais pour l’offensive anarchiste même, parce qu’à partir de là la répression a réussi à réduire tout un mouvement grandissant en une succession de tranchées épouvantées. Que s’est-il passé ? Il y a simplement eu une grande confusion et l’envie de s’éviter la détention, et donc il y a eu peu d’agitation, peu de stratégie et peu de sécurité au moment de se réunir entre personnes d’affinité afin de réagir comme il aurait fallu le faire : en brûlant et attaquant tout ce qu’on pouvait. Je le dis comme ça en toute clarté, afin que ceux qui font fasse à la répression sachent que le jour même où ça se passe il faut attaquer, et le suivant, et celui d’après, pour qu’il soit clair que les détenus ne sont pas les responsables, car nous savons que la police se trompe sans aucune honte. Et afin que la flamme allumée par certains ne s’éteigne pas avec l’arrestation d’autres.

Si cela semble une réflexion très basique c’est parce qu’il y a eu des erreurs de ce genre, et c’est important que ça se sache, qu’on parle des choses qui ne sont pas toujours positives, sans besoin de s’auto-flageler pour s’être trompé et sans intention de nier les erreurs.

Après le 29 on ne comptait plus les théories de complot …

On a cherché des explications diverses, et des théories locales de conspiration ont été construites au sujet du processus de répression du 29 mai 2012. Pour moi la réponse est simple : c’était une conséquence évidente. Il y a plusieurs raisons, entre autres la présence d’une personne qui collabore avec l’État et la police. Mais en soi, la défense étatique face aux attaques, une fois qu’ils ont fini de spéculer et qu’ils se sont rendu compte que ça venait des anarchistes, est quelque chose qui devait arriver tôt ou tard. Et il faut le répéter, parce qu’on doit créer nous même les conditions pour affronter les vagues de répression.

La recherche de différentes théories de conspiration qui expliquent le pourquoi des arrestations révèle, à son tour, que les attaques n’avaient pas de sens pour les libertaires, que la prison n’était pas envisageable pour eux (et elle devrait l’être pour n’importe qui qui affronte la domination), et que même aujourd’hui ils évitent de s’opposer à la police et à l’État à cause des détentions. C’est à dire que la violence des arrestations, des perquisitions, de la privation de liberté sans aucune raison, la continuité inquiétante d’un procès qui en n’avançant pas maintient en alerte ceux qui sont impliqués dedans, tout ça n’a pas provoqué plus de rage, plus d’anarchie. La violence de l’enfermement des personnes, dans le but de défendre des distributeurs de monnaie, n’inquiète pas outre mesure, n’enflamme pas la haine, et encore moins les distributeurs. La lobotomie sociale a percé tellement loin que cela semble légitime (pas seulement légal) y compris pour la majorité de ceux qui en subissent les conséquences et qui préfèrent continuer de chercher des explications toujours plus complexes.

Les fantasmes les habitent.

“J’ai souvent entendu parler de celui qui commet un délit comme s’il était non pas l’un des nôtres, mais un étranger et un intrus dans notre monde.”

Les vagues de répression qui se succèdent depuis le Caso Bombas, en passant par les détentions en Grèce, l’arrestation des compagnons de Culmine avec l’opération Ardire, les 5 de Barcelone, l’opération Pandora et Piñata, l’arrestation des compagnons aux Mexique, les prisonniers No tav, le Caso Bombas 2, nous mettent en lien avec différents espaces et moments de solidarité et compagnerisme. Le 29 n’était pas un fait isolé. Ça n’est pas une histoire exceptionnelle. Les prisonniers sont nos compagnons, ils sont parmi nous.

L’infatigable position d’Henry et sa remise en question féroce de la collaboration, délation et trahison a été la seule chose qui a maintenu des liens solidaires avec le reste du paysage anarchiste. La prison, au delà du compagnon, a provoqué un retrait féroce de la faune et la flore anarchiste et libertaire. Tout le processus répressif en Bolivie semblait être “incompréhensible” pour ceux pour qui la répression est logique, légitime et légale. Le 29 n’a pas été un fait isolé. Ce qui a isolé ces terres de la carte de la révolte ce sont des fantasmes. La prison, sur le territoire dominé par la Bolivie, est devenue une présence fantasmatique qui a un vrai rôle de contrôle. Un fantasme qui instille la peur, qui habite les corps et se nourrit de la rage, laissant seulement le trou du repentir, qui s’étend et se déguise, de civisme, d’anarcho-pacifisme, de rebellions citoyennes, de négociations avec la “justice”. Des enfants sages qui mangent leur soupe et font leurs devoirs, mal faits, mais qui les font, qui connaissent les règles et les limites de leur rébellion, et profitent des possibilités alternatives que le marché, alternatif lui aussi, leur offre. Comme c’est difficile de combattre les fantasmes !

Nos vies ont volé en éclat.

” Au delà d’un certain point il n’y a plus de retour possible. C’est ça le point qu’il faut atteindre.”

Après le 29 mai nos vies ont volé en éclat. Enfermés. Isolés. Exposés, sans personne pour t’ouvrir une porte. Sans pouvoir rentrer à la “maison”, fuyant même les “amis”. Nos vies se sont terminées comme nous les avions connues. Ce que nous avons pu faire à partir de là c’est ce qui a creusé les différences profondes jusqu’à aujourd’hui, trois années plus tard, avec des chemins irréconciliables pour certains et avec des tensions plus ou moins fortes pour d’autres.

Le 29 mai nos vies ont été complètement réduites en poussière, et trois ans plus tard qu’est-ce que nous en faisons ? Combien de notre mépris envers le système demeure dans notre cœur et dans nos actions ? Combien, et de quelle manière, ont laissé tombé, se citoyennisant chaque fois un peu plus ? Quelle force on a été capable de sortir de nous-même face à la destruction totale de nos vies ? Et combien d’autres encore ils seront capable de balancer ? Ils défendent toujours la prison ?

Cette secousse a provoqué une reconsidération de ce que sont les zones de confort,  la vie collective, la solitude, la force, les relations et les sentiments, et ça a surtout fait réfléchir sur les positions politiques. Dans mon cas, et dans celui de personnes avec qui j’ai des affinités, la répression, loin de diminuer la détermination anti-autoritaire pour s’attirer la sympathie du pouvoir et de la société (contre laquelle luttait la majorité des détenues), a renforcé la décision de les affronter. Et ainsi cette épuration me semble positive. Le 29 mai a marqué la séparation radicale des manières de considérer la liberté, l’anarchie et la rébellion entre ceux que nous considérions anarchistes. Cela a tracé la frontière entre ceux qui acceptent le système de façon alternative et ceux qui ne l’acceptent sous aucune forme et qui luttent chaque jour pour l’expulser de nos pratiques quotidiennes tout en l’attaquant, en cherchant au moins à déranger, rompre avec la normalité de ce conformisme intello, informé et passif, profondément complice de multiples chaînes d’exploitation.

Le 29 signifiait faire un pas en avant ou se retirer du combat. Et ça a été le point de non-retour à la normalité. Un point qu’on ne peut pas réduire à une date qu’on garde en mémoire, mais à l’expansion de la révolte.

Il faut encore plus de feu, de rébellion et de vandalisme.

La révolte a besoin de tout : journaux et livres, armes et explosifs, réflexions et blasphèmes, venins, poignards et incendies.

La seule question intéressante est : comment les mélanger ?

La tension contre la domination ne peut se passer d’une corrélation entre les idées, actions, formes de vie individuelle et collective, une vie la plus autonome possible et une attaque permanente contre l’autorité de l’État-capitaliste-extractiviste*. Se déplacer rapidement, tout changer. Aimer et détester à l’extrême à chaque endroit, avec chaque compagnon. Planifier avec soin, être prêt à tout, tout le temps. Tout détruire, surtout nos façons de comprendre le monde.

Au delà des erreurs, je suis fier d’avoir fait partie de ces événements. Nos vies ont changé, la séparation s’est faite et personne ne s’est arrêté. C’est toujours possible de transformer la révolte et la violence en une arme efficace contre la monopolisation du pouvoir. C’est à chacun de nous d’écrire les derniers chapitre de cette histoire, ceux qui ont affronté de différentes façons cette répression, ceux qui se sont solidarisé, ceux qui ont observé, ceux qui le veulent mais ne se motivent pas … Nous avons vécu cette répression, nous sommes mieux préparés maintenant. On est tombé et on s’est relevé. Nous avons tendu des liens forts et marqué les différences nécessaires. La terre est fertile. Le pouvoir se prépare, monopolisant chaque espace, reprenant les batailles pour lesquelles nous avons risqué nos vies et qui semblaient être paralysées, comme celle du TIPNIS. L’indignation débordera à nouveau tôt ou tard.

Pour la liberté, le chaos et l’anarchie.

Destruction des prisons !

Depuis un trou, quelque part, dans l’anonymat irrenonciable : à Henry pour son irréductible rébellion, à la meute (compagnons aux hurlements sauvages et enragés qui font tout pour faire vivre l’anarchie à travers le monde), à Xosé Tarrío et Mauricio Morales (nos morts sont avec nous et ne reposent pas en paix, il restent sur le pied de guerre, avec la même fermeté).


NdT:

* L’extractivisme en Amérique Latine désigne les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle. Au sujet de la Bolivie on se rappellera les conflits autour de la privatisation de l’eau, mais on peut penser aussi à l’exploitation intensive de toute sortes de minerais, qui ces dernières années a provoqué de violents conflits au Pérou, et les gigantesques exploitations agricoles qui prospèrent en Amérique du Sud. Ces activités d’exploitation intensives diverses ne sont pas sans lien avec le projet de construction d’une route à travers la forêt amazonienne bolivienne, le fameux projet Tipnis.

Traduit de l’espagnol de Instinto salvaje

 

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Dernière note de Solidaridad Negra : des projets qui ferment et d’autres qui naissent

Dernière note de Solidaridad Negra, trois ans après la vague de répression en Bolivie.

Nous croyons qu’il est important de fermer des histoires et des procès qui semblent ne jamais se terminer, selon nos propres rythmes et objectifs, mais aussi selon les contextes et moments.

Solidaridad Negra est né en tant qu’espace de diffusion, et en même temps d’interaction solidaire, avec le compagnon Henry, au cours des moments les plus difficiles de la répression dans ces terres. Nous croyions alors, et le croyons toujours, que c’était une contribution nécessaire et que ça a donné d’excellentes réponses et liens solidaires qui ont renforcé le compagnon de façon opportune. Nous avons beaucoup appris de chaque bise et clins d’œil complices. Nous nous sommes fortifiés, notre activité anarchiste s’est nourrie et a continué d’avancer grâce à tous ces compagnons. Nous pensons aussi avoir atteint notre objectif de soutien envers le compagnon Henry, par une solidarité active et combative.

Cependant les temps ont changé, et même si le procès n’est pas terminé, nous ne pensons pas qu’il soit judicieux de maintenir le rythme de contre-information basé sur des audiences suspendues, qui maintenant ne sont même plus demandées. Dans ce sens, nous pensons que même si la justice maintient l’affaire ouverte afin de garder sous le coude les inculpés, il faut poursuivre vers là où nos intentions nous mènent et inciter nos compagnons à continuer de voler dans le ciel, avançant en cherchant chaque jour à nous sentir plus accomplis, libres et heureux, luttant contre les multiples formes d’oppression qui nous volent la vie et contre l’apathie qui nous domestique.

Ce sera probablement la dernière fois que nous publierons quelque chose jusqu’à ce que le procès soit terminé. L’adresse mail sera toujours fonctionnelle afin qu’on puisse communiquer et conspirer avec nous. C’est précisément ce 29 mai, trois ans après la vague de répression sur le territoire contrôlé par l’État de Bolivie. Et tout en voulant déclarer une fois de plus notre solidarité envers notre compagnon Henry, nous voulons envoyer toute notre force, notre amitié et notre complicité au site Irakunditxs, un projet qui existe depuis un moment et maintient une position politique importante en terme de contre-information locale et internationale. C’est un projet auquel nous apporterons notre soutien d’une façon ou d’une autre, car il est temps d’élargir les horizons de la solidarité et de la contre-information. Bonne chance compagnons !

À Henry, notre solidarité ferme, notre main tendue, notre rage partagée. Beaucoup de force à toi, Guerrier ! Ce sont trois ans d’une détermination ferme, qui ne doute pas et nous inspire, qui ont passé.

Nous en profitons pour envoyer, dans un geste de solidarité constant, une grosse bise aux compagnons suivants :
Gabriel Pombo da Silva, Claudio Lavazza, Marco Camenisch, Marcelo, Freddy, Carlos et Juan, Tripa, Chivo, Fallon, Amelie, Abraham, Mario et Braulio, Juan, Nataly, Guillermo et Enrique, Monica, Francisco et les trois de Barcelone, aux compagnons prisonniers des opérations Pandora et Piñata en Espagne, aux compagnons de Culmine, à Alfredo Cospito et Nicola Gai et les prisonniers de l’opération Ardire en Italie, aux prisonniers du No tav, à Tamara, Tato et Javi.
Aux bêtes indomptables de la Conspiration des Cellules de Feu, leur révolte dans les prisons a été une leçon de force, d’irréductibilité et de fermeté. À Nikos Maziotis et Kostas Gournas, membres de Lutte Révolutionnaire. À Ilya Romanov, aux prisonniers en Turquie, à Eat et Billy, à ceux enfermés pour avoir garder le silence. À ceux en cavale, et aux prisonniers dont ils n’ont jamais pu s’emparer du cœur.

Nous voulons remercier pour le soutien des différents sites de contre-information qui continuent, qui ont fermé et qui émergeront régulièrement, pour faire de la contre-information une arme de combat et de solidarité.

Jusqu’à la libération Totale.
Destruction des prisons !

Solidaridad Negra
29 mai 2015

[Paris] Discussion sur le mouvement anarchiste grec avec des compagnon-nes venu-es d’Athènes – 12 juillet 2015

Grèce : réformisme ou anarchie ?

disco-grece-213x300Après l’arrivée au pouvoir de Syriza, le mouvement anarchiste grec est dans une phase de recherche et de reconstruction. L’arrivée de la gauche au pouvoir marquant le retour en force des idées démocratiques et réformistes, quelles sont les forces et les limites de ce mouvement dans une période où l’ennemi au pouvoir change de forme, de visage et de manière de gérer le pouvoir ? Quelles réflexions pouvons nous en tirer et approfondir dans une perspective révolutionnaire ? Nous essayerons de réfléchir à ces questions en présence de compagnon/nes anarchistes venus d’Athènes. L’argent récolté lors de ce débat ira à la Caisse de Soutien des Combattants Emprisonnés en Grèce (Tameio).

Dimanche 12 juillet 2015 – 19h à la bibliothèque ‘La Discordia’

[Publication] Séditions n°3 – Eté 2015

Le troisième numéro de ‘Séditions’ de cet été vient de sortir.

Un rapide aperçu des sujets qui y sont abordés:

  • Flics porcs assassins ! A Laxou comme ailleurs, pour en finir avec l’illusion citoyenne « vérité et justice »
  • Rubrique ‘A l’assaut du vieux monde’: brèves d’agitation
  • Rubrique ‘En Bref’:
  1. Besak sous les uniformes
  2. Les flics s’invitent à la faculté de lettres
  3. La police municipale armée de taser
  4. Des Rroms expulsés à la suite de l’incendie de leur squat
Télécharger le n°3

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[Reçu par mail]

[Bruxelles] La police torture, la justice couvre

preavis

Récemment, c’-est-à-dire fin mai 2015, neuf flics de la zone du Midi, inculpés de violences et de mauvais traîtements de déténus à la prison de Forest, ont été acquittés sur toute la ligne. En 2009, ils avaient pénétrés dans la prison après que les gardiens aient annoncé une grève. Les flics s’y étaient comportés comme les lâches salauds qu’ils sont aussi en dehors des murs de la prison : vexations, intimidations, violences physiques, sévices, tortures. Ils avaient profité de la situation pour se venger contre de vieilles connaissances et pour donner libre à leur petit égo au détriment des détenus. Une partie des flics présents n’avaient même pas reçu l’ordre d’aller à la prison, mais s’y étaient rendus volontairement.

Aujourd’hui, six ans plus tard et suite à des plaintes répétées de détenus, la Justice a couvert ces tortionnaires en uniforme. Certes, il a été admis qu’il y avait eu de la violence. Mais le tribunal a statué que cette violence était « justifiée ». Qu’elle n’était pas « excessive » ni « disproportionnée ». Qu’elle fait partie du « fonctionnement normal de la police ». Ce jugement du tribunal ne devraient pas nous étonner, ils sont tous vrais. L’Etat voudra toujours le monopole absolu de la violence. Il n’hésitera jamais à utiliser la violence qu’il estime « nécessaire », « normale » et « justifiée » pour défendre sa position de pouvoir : brutalités violentes lors d’arrestations, tortures dans les prisons, cadavres dans les commissariats… Les bourreaux en question en sortiront toujours avec les mains blanchies, ils seront toujours couverts par l’appareil judiciaire – car tous ces hypocrites en uniforme, en cravate ou en toge savent trop bien que cette violence fait fondamentalement partie du fonctionnement du pouvoir. Et que le pouvoir ne peut pas s’en passer.

En 2009, quand les nouvelles des événements à la prison de Forest arrivaient dans les quartiers bruxellois, une solidarité ardente se mettait en marche. A Anderlecht et à Forest, des émeutes éclataient, des gens se réunissaient et attaquaient les flics. Le commissariat à côté de la maison communale d’Anderlecht sur la Place du Conseil était pris d’assaut et brûlait entièrement suite à des jets de cocktails molotov. A la prison d’Andenne, les prisonniers se révoltaient en solidarité et montaient sur le toit. C’était une vague d’actes à couper le souffle qui déferlait dans un désert d’apathie. C’était un feu de reconnaissance mutuelle qui faisait impitoyablement fondre la distance autrement si grande que voudrait imposer la prison entre ceux à l’intérieur et ceux à l’extérieur.

La terreur étatique de violences devenues banales symbolise le vrai visage du système et efface en fin de compte toute notion de liberté dans cette société. Si on laisse cependant inentamé le monopole de la violence de l’Etat, il se renforcera toujours plus et aura toujours le dernier mot. La violence des flics a déjà arraché des proches, détruit des vies et massacré des gens. Mais que cela ne nous empêche pas de trouver néanmoins la force pour faire ce qu’il nous reste à faire : attaquer ! Briser leur monopole en agissant violemment contre l’oppression, contre l’Etat et contre sa torture quotidienne ! Par des actes qui embrassent autant la vengeance que la liberté reconquise.

[Publié sur la cavale]

[Paris] Luttes et agitation anarchiste en Uruguay – Dimanche 28 juin à 16h00 à la bibliothèque ‘Libertad’

Comme d’autres endroits d’Amérique du Sud, l’Uruguay est passé dans les années 80 d’une dictature militaire à une gestion démocratique, menée d’une main de fer depuis 2004 par un front de gauche — notamment composé d’ex-guerilleros des Tupamaros. Une des conséquences en a été l’industrialisation du pays à marche forcée au nom du « développement ». A coups de projets dévastateurs (mines, port en eau profonde, regasificateur etc…), l’Etat et le Capital tentent d’y imposer un modèle productif destiné à intensifier l’exploitation, qui vient en outre s’intégrer dans un plan de restructuration à l’échelle continentale.

Celui-ci, l’IIRSA, consiste entre autre à quadriller la région sud-américaine par tout un maillage d’infrastructures logistiques (routes, aéroports, voies navigables, chemin de fer, liaison à fibre optique, etc.) afin d’accélerer les flux de marchandises et de communications.

Le passage à la bibliothèque d’un compagnon de Montevideo, sera l’occasion d’aborder ces transformations de la domination et surtout l’hostilité qu’elles peuvent provoquer. Il sera aussi question de diverses propositions et interventions anarchistes, par l’agitation et au travers de luttes autonomes, qui cherchent à creuser ces points de conflictualité en portant l’auto-organisation pour attaquer directement l’ordre de ce monde. Dans un contexte aussi marqué par le cannibalisme social, il s’agit plus que jamais d’en finir avec toute autorité.

Dimanche 28 juin 2015, 16h

Bibliothèque anarchiste Libertad
19, rue Burnouf
75019 Paris
(M° Belleville ou Colonel Fabien)

Télécharger le fly et faire tourner (pdf)

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[Espagne] Face à la répression … tout n’est pas valable (Lettre de Monica et Francisco) – Juin 2015

Face à la répression … tout n’est pas valable

lobos2L’Etat a recours à différentes stratégies pour éliminer ses ennemis, y compris celles et ceux qui élèvent la voix pour remettre en question l’ordre établi. Il tente de couper à la racine toute initiative rebelle et compte pour ce faire sur un appareil judiciaire efficace disposant d’un large éventail punitif : celui-ci va des accusations légères qui en général se soldent par des amendes ou des peines avec sursis, à l’utilisation de durs instruments parmi lesquels le joker de la Loi antiterroriste perd en nouveauté, cette carte revenant fréquemment sur le tapis. Ayant assumé la prison comme une éventualité dans la lutte contre la domination, nous voyons le contexte actuel comme propice à ce que cette éventualité se rapproche pour de plus en plus de personnes. Nombreuses sont celles qui ne savent pas si elles dormiront demain en cellule et celles qui, comme nous, ignorent pour combien de temps elles y resteront. Lorsqu’on se retrouve face à une machine d’asservissement mue par leurs paranoïas et hallucinations, qui constitue en définitive une des multiples manières d’exercer la domination, la situation devient parfois confuse.
La rapidité avec laquelle les coups répressifs se sont succédés alimente cette confusion, plus encore lorsque les accusations sont extrêmement « imaginatives », le tout accompagné par le côté spectaculaire des médias du Pouvoir. Ceux qui exercent et soutiennent la domination ne comprendront jamais nos formes anti-autoritaires et tentent donc de nous mettre dans le moule de leurs logiques.

Comme on a pu le voir, les collectifs, espaces et individualités touchés par la répression sont hétérogènes. Ils présentent des proximités et des différences à l’heure de comprendre l’Etat et sa fonction, ainsi que dans la manière d’affronter les assauts du Pouvoir, la prison et de voir avec qui établir des « alliances ». Face à cela, on entend souvent qu’il est préférable de dépasser ce qui nous sépare et de donner la priorité aux points communs, afin d’affronter avec efficacité les coups du Pouvoir, position qui privilégie de toute évidence l’aspect quantitatif plutôt que la détermination et la volonté, aspects pour nous fondamentaux. Nous sommes conscient-es de l’importance de s’allier, mais la question est avec qui. L’Histoire a démontré clairement les conséquences néfastes qu’ont signifiées pour les anarchistes des alliances avec des groupes autoritaires et/ou en faveur de la politique institutionnelle, ceux qui pencheront toujours du côté du Pouvoir finissant par écraser toute initiative libertaire. Devrions-nous baisser la tête et abandonner des aspects pour nous indispensables ? En aucun cas.

Le fait de céder sur des aspects éthiques importants a notamment eu pour conséquence d’aller toujours plus à la remorque de mouvements gauchistes, citoyens et démocrates avec lesquels nous n’avons rien à voir ; ils soutiennent le Pouvoir tandis que nous essayons de l’éliminer de nos vies. La confrontation est inévitable, elle est nécessaire pour grandir politiquement. En quoi nous différencions-nous de ceux qui défendent et renforcent le système en place ? Par nos actes et leur cohérence.

Ceci étant dit, si en tant qu’anarchistes nous considérons impraticable toute alliance ou projet commun avec des groupes ou des personnes liés aux institutions, nous pensons de la même manière qu’il est impossible de créer des liens avec celles et ceux qui, face à la répression, optent pour des stratégies que nous ne partageons absolument pas, et que nous ne souhaitons cautionner en aucune manière. Dans une période marquée par la répression, les arrestations et la prison, nos convictions et leur cohérence sont en jeu et sont inévitablement en tension, mais tout n’est pas valable pour éviter d’aller en taule, ni même pour en sortir. Nous pensons que certaines options brisent notre dignité et enterrent en définitive ce que nous sommes et les idées que nous défendons. La demande de grâce est une de ces options (1).

En tant que prisonnier-e-s anarchistes, nous affirmons que nous ne participons et ne participerons pas à des mobilisations ou manifestations antirépressives avec ceux qui décident de suivre la stratégie de la grâce (partielle ou pas). Nous ne voulons pas être à leurs côtés de par la divergence insurmontable que nous avons mentionnée, nous ne voulons pas être complices par omission d’une stratégie qui représente pour nous un point d’inflexion déterminant. Et si finalement les conséquences de nos convictions conduisent à ce qu’ils enferment nos corps pendant plus d’années, nous poursuivrons de l’avant la tête haute et avec dignité.

Nous ne voulons pas le pardon de l’Etat, nous ne désirons que sa destruction.

Mónica Caballero et Francisco Solar
Juin 2015
Centre Pénitentiaire de Villabona

Pour écrire à Mónica et Francisco :

Mónica Caballero Sepúlveda
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Francisco Solar Domínguez
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

[Traduit d’Indymedia Barcelone par Brèves du désordre, 19 jun 2015]

NdT:
1. Huit des dix-neuf personnes accusées d’ »association illicite contre les institutions » suite au blocage du Parlement de Catalogne en juin 2011 par le mouvement des Indignés, ont été condamnées à 3 ans de prison ferme. Alors que l’Audiencia Nacional les avait acquittées en juillet 2014, le Tribunal Suprême a annulé ce verdict en mars 2015 suite à un recours du procureur, prononçant une peine de trois ans de prison contre huit d’entre elles, applicable à partir de mai. Ces dernières ont immédiatement effectué une demande de grâce partielle auprès du Ministère de la Justice. Le 18 juin 2015, l’Audiencia Nacional a décidé de suspendre leur entrée en prison jusqu’au résultat de l’examen de cette demande.
Mais qu’on ne pense pas que ce dangereux précédent de demander une grâce à l’Etat [indulto] pour éviter la prison ou réduire sa peine soit le seul fait des Indignés. L’an dernier, l’anarchiste Tamara Hernández Heras, condamnée à huit ans de prison en septembre 2011 pour « tentative d’homicide » contre l’ex-responsable de l’administration pénitentiaire de Catalogne, suite à l’envoi en octobre 2009 d’un colis piégé (désactivé avant explosion) à son domicile professionnel, avait demandé une grâce (suspensive) au Pouvoir dès sa condamnation.
Le 15 mars 2014, son nom figurait ainsi au Bulletin Officiel de l’Etat espagnol parmi la douzaine de grâces proposées par le Conseil des Ministres et accordées par le Roi Juan Carlos, réduisant sa peine de huit à deux ans de prison et lui permettant de sortir quatre mois après son entrée en taule. Le conseil des ministres l’a justifiée au nom du fait qu’entre le moment de l’attaque (2009) et aujourd’hui (2014), elle a démontré sa « bonne réinsertion dans la société« , qu’elle mène désormais une « vie personnelle, familiale [elle a fait un môme entre-temps] et de travail complètement normalisée« , qu’elle « ne fait plus partie de la Cruz Negra Anarquista » et de son absence d’antécédents pénaux. En outre, le procureur d’Etat avait appuyé sa demande de grâce et, condition nécessaire pour obtenir le pardon du Roi, la « victime », le bourreau-en-chef ex-responsable de l’Administration pénitentiaire Albert Batlle Bastardas, ne s’y était pas opposé…

[Bolivie] Lettre du compagnon Henry Zegarrundo à trois ans du coup répressif

Quelques mots du compagnon Henry Zegarrundo à trois ans du coup répressif en Bolivie

Après trois ans de jours longs et obscurs, d’autres intenses et réconfortants à différents moments, en prison, en arrestation domiciliaire. Ce réconfort est le début de nouvelles expériences qui aident à émerger, à ne pas étouffer dans le vomi du Pouvoir, des expériences qui font que les éclaboussures de la démocratie ne me transforment pas en un docile de plus.

[Publication] Au théatre …

Tous les spectacles théâtraux ne sont pas amusants. Il en existe qui sont vachement ennuyeux, qui manquent de tout sens de la poésie et de la beauté. Tous les spectacles ne se déroulent pas dans des stades, des centres culturels ou des théâtres. Parlons de ce spectacle qui est joué chaque jour, où on paie l’entrée en liberté supprimée. Parlons de la Justice.

theatre_justiceCommençons par dire que les acteurs des séances de la Justice assimilent plutôt bien leur rôle. Ils incarnent réellement leur personnage, ils y croient profondément et ne changeront jamais. Ce juge qui se croit dispensaire de justice, l’autre procureur qui croit combattre les injustices dans la société ou encore l’avocat qui plaide l’application correcte de la loi. Les seuls acteurs, involontaires et non-payés, qui ne se sentent pas vraiment à l’aise sont les accusés et leurs proches sur les bancs derrière. Eux non, eux ne sont pas là avec quelque croyance que ce soit, eux ils savent dès le début de la séance qu’ils ne seront pas applaudis, ni écoutés, ni compris.

Non seulement les spectacles offerts par la Justice sont ennuyeux et dirigés par une série de formalismes (les fameuses « procédures ») qui échappent à toute compréhension de ceux qui ne vivent pas leur vie à travers le prisme du code légal, ils sont aussi infâmes. Le patron qui se fait ses profits sur le dos de ses employés, qui vole leur labeur et leur énergie, est en pleine légalité, tandis que celui qui vole dans les supermarchés entre sur le domaine du délit punissable. Celui qui porte l’uniforme et fusille est quelqu’un qui protège la société, tandis que celui qui tue pour préserver sa liberté contre les usurpateurs de l’Etat est un délinquant sanguinaire. Dans le spectacle de la Justice, les mêmes choses reprochées deviennent légales ou illégales selon qui les a faites et pourquoi il les a faites.

La Justice n’est donc pas justice, qu’on pourrait avec un peu de bonne volonté encore comprendre comme un certain sens de l’équité, comme un résultat des éthiques individuelles. Mais non, la Justice, c’est la farce que cette société nous fait avaler de jour en jour pour masquer ses défauts, pour punir ses opposants conscients ou inconscients. Derrière les rideaux de la loi qui prétend protéger les faibles et préserver une place pour chacun dans cette société, règne férocement et sans exception le principe de l’argent, de l’exploitation et de la domination. La Justice, elle, ne fait que défendre ce principe contre tous ceux qui ne le respectent pas, que se soit par ignorance, nécessité ou conviction.

Est-il alors étrange que nous ne comprennions pas ce qu’il est dit dans les cours, que nous ne savons que distinguer des balbutiements ? Car nous, ceux qui combattent la profonde et permanente injustice de cette société divisée en riches et pauvres, l’asphyxie de la liberté et l’assujettissement de l’individu à l’Etat, nous parlons une toute autre langue que les acteurs de la Justice. Nous ne jouons pas des rôles, nous sommes simplement nous-mêmes. Nous n’invoquons pas des lois et des autorités, nous disons simplement ce que nous pensons. Nous ne référons pas à des lois et à des chiens en uniforme, nous nous efforçons simplement de détruire en première personne ce que nous considérons comme un obstacle à la liberté et à une vie passionnée et belle.

Assez de bavardages donc sur un tel jugement exagéré, un tel juge trop raciste, une telle loi trop dure. Comprenons enfin que nous n’avons pas de langage en commun avec ceux en toges. Allons droit au but. Ennemis de la Justice, ne perdons pas notre temps en vaine espérance d’appeler à quelque chose d’humain chez les juges, de croire que la Justice peut être améliorée. Interrompons ce beau programme de séances de Justice ; Pas de pitié avec ceux qui condamnent et enferment au nom des riches et des puissants – en cendres les tribunaux et sous terre les juges et les procureurs !

[Extrait du journal ‘Hors-Servicen°11, 12 décembre 2010]

[Paris] L’antifascisme en actes, pas en vidéo

Quelqu’un a fait ce qu’il fallait faire : une réponse partielle à l’assassinat de Clément Méric. Peu après sa mort, nous avons pu lire des revendications d’attaques avec lesquelles des gens voulaient cibler tout un monde qui produit, parmi tant d’autres horreurs, le fascisme [voir ici et ].

Nous lisons aujourd’hui que d’autres ont choisi de s’en prendre à un des responsables directs de la mort du jeune camarade. Il y en a, en effet, qui ne se limitent pas à attendre la justice étatique en ramassant de l’argent pour payer les baveux des parties civiles. Nous saluons le choix de ces quelques camarades de ne pas se limiter aux verbiages, aux marches commémoratives ou à la pub’ via des vidéos remplies d’auto-congratulation et d’auto-célébration.

Sans trop de surprise, aucune nouvelle de ce qui s’est passé (et, bien pire, aucune déclaration de solidarité avec les deux camarades accusé.e.s) n’a été relayée, pour l’instant, par les sites antifascistes. En effet c’est seulement le hasard de la lecture des journaux qui nous a permis de tomber là-dessus. Pour une fois que l’”acta” fait vraiment suite aux “verba“…

Sur ce blog nous ne relayons des exemples d’antifascisme que lorsqu’ils peuvent nous sembler aller dans le sens de l’attaque de ce monde d’autorité et de marchandise. Dans un sens de rupture avec l’existant, en gros, pas quand il s’agit seulement de l’expression d’une mode, d’une contre-culture de bandes ou d’une béquille de la démocratie. Mais pour une  critique plus approfondie de la façon dont “les antifas” ont réagi à la mort de Clément Méric, nous renvoyons volontiers au bon texte “Repose en paix sociale“.

Enfin, au delà du souhait d’un non-lieu pour les deux camarades arrête.e.s, peu nous importe de savoir qui a concrètement frappé ce fasciste. Le message est clair et il est partageable par tous les ennemis de ce monde. Nous le partageons, et c’est pour cela que les mains qui serraient cette planche de bois étaient aussi les nôtres, comme le sont celles qui, de mille autres manières, s’en prennent à ce monde.   

En publiant ces informations, nous voulons nous mettre du côté des deux camarades inculpé.e.s. Et nous voulons, surtout, nous mettre du côté de celles et ceux qui, sans attendre aucune autre légitimation que leur propre rage et leur propre détermination, ont fait ce qu’il fallait faire.

Solidaires et complices !

Quelques contributeurs/trices d’Attaque, 9 juin 2015

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Paris : Retour sur la manif antifa du 6 juin

Note d’Attaque : Contrairement à ce qu’on avait écrit lors d’une note précédente (que du coup on a corrigé), la manif du 6 juin a été plus speed que les habituels défilés antifas, avec leur folklore de slogans et fumis et leur services d’ordre.

Rapide compte rendu de la manifestation antifasciste du samedi 6 juin 2015 partant de place de la Bastille et arrivant à Ménilmontant.

14H, place de la Bastille, de nombreux-se-s personnes sont présentes pour la manifestation, des syndicalistes de [un syndicat à la con], des militant-e-s de [on s’en fout de la liste des orgas, partis et syndicats…], mais aussi des antifascistes allemands, italiens et grecs.

Vers 14H30, la manifestation débute, les manifestants s’engagent sur le boulevard Richard Lenoir, les slogans fusent « a bas, l’état, les flics et les fachos », « Clément, Clément, ANTIFA ! », « nous sommes tous, des enfants de Gaza » [sic!], « siamo tutti antifascisti » « flics, porcs, assassins » « on n’oublie pas, on pardonne pas », « solidarité avec les sans-papiers ».

Quelques pétards explosent, des fumigènes sont allumés, quelques vitrines de banques et de commerces volent en éclat – avec le soutien des manifestants – un drapeau français est aperçu accroché a une fenêtre, des projectiles divers et variés sont lancés dessus espérant le faire tomber, ou au moins forcer l’habitant à le retirer. La manifestation tourne sur la rue Oberkampf, d’autres vitrines volent en éclats (au total une trentaine seront détruites), la police tente de protéger un magasin de casques de motos, des projectiles sont lancés, un habitant filme et photographie les manifestant-e-s en rigolant, il devient la cible de projectiles.

La manifestation continue, les slogans continuent d’être criés par les manifestant-e-s. La manifestation remonte jusqu’à Ménilmontant où les prises de paroles ont lieu […]

Récit de la manif publié initialement sur un site de « médias libres » gauchiste parisien

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