[Bruxelles] La police torture, la justice couvre

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Récemment, c’-est-à-dire fin mai 2015, neuf flics de la zone du Midi, inculpés de violences et de mauvais traîtements de déténus à la prison de Forest, ont été acquittés sur toute la ligne. En 2009, ils avaient pénétrés dans la prison après que les gardiens aient annoncé une grève. Les flics s’y étaient comportés comme les lâches salauds qu’ils sont aussi en dehors des murs de la prison : vexations, intimidations, violences physiques, sévices, tortures. Ils avaient profité de la situation pour se venger contre de vieilles connaissances et pour donner libre à leur petit égo au détriment des détenus. Une partie des flics présents n’avaient même pas reçu l’ordre d’aller à la prison, mais s’y étaient rendus volontairement.

Aujourd’hui, six ans plus tard et suite à des plaintes répétées de détenus, la Justice a couvert ces tortionnaires en uniforme. Certes, il a été admis qu’il y avait eu de la violence. Mais le tribunal a statué que cette violence était « justifiée ». Qu’elle n’était pas « excessive » ni « disproportionnée ». Qu’elle fait partie du « fonctionnement normal de la police ». Ce jugement du tribunal ne devraient pas nous étonner, ils sont tous vrais. L’Etat voudra toujours le monopole absolu de la violence. Il n’hésitera jamais à utiliser la violence qu’il estime « nécessaire », « normale » et « justifiée » pour défendre sa position de pouvoir : brutalités violentes lors d’arrestations, tortures dans les prisons, cadavres dans les commissariats… Les bourreaux en question en sortiront toujours avec les mains blanchies, ils seront toujours couverts par l’appareil judiciaire – car tous ces hypocrites en uniforme, en cravate ou en toge savent trop bien que cette violence fait fondamentalement partie du fonctionnement du pouvoir. Et que le pouvoir ne peut pas s’en passer.

En 2009, quand les nouvelles des événements à la prison de Forest arrivaient dans les quartiers bruxellois, une solidarité ardente se mettait en marche. A Anderlecht et à Forest, des émeutes éclataient, des gens se réunissaient et attaquaient les flics. Le commissariat à côté de la maison communale d’Anderlecht sur la Place du Conseil était pris d’assaut et brûlait entièrement suite à des jets de cocktails molotov. A la prison d’Andenne, les prisonniers se révoltaient en solidarité et montaient sur le toit. C’était une vague d’actes à couper le souffle qui déferlait dans un désert d’apathie. C’était un feu de reconnaissance mutuelle qui faisait impitoyablement fondre la distance autrement si grande que voudrait imposer la prison entre ceux à l’intérieur et ceux à l’extérieur.

La terreur étatique de violences devenues banales symbolise le vrai visage du système et efface en fin de compte toute notion de liberté dans cette société. Si on laisse cependant inentamé le monopole de la violence de l’Etat, il se renforcera toujours plus et aura toujours le dernier mot. La violence des flics a déjà arraché des proches, détruit des vies et massacré des gens. Mais que cela ne nous empêche pas de trouver néanmoins la force pour faire ce qu’il nous reste à faire : attaquer ! Briser leur monopole en agissant violemment contre l’oppression, contre l’Etat et contre sa torture quotidienne ! Par des actes qui embrassent autant la vengeance que la liberté reconquise.

[Publié sur la cavale]