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[Tunisie] La révolte contre la misère s’étend à travers le pays [Mise-à-jour, 23/01/2016]

La Tunisie décrète un couvre-feu face à une contestation inédite depuis 2011

Tunis (AFP) – Un couvre-feu nocturne a été décrété vendredi dans toute la Tunisie, après plusieurs jours d’une contestation sociale inédite par son ampleur et sa durée depuis la révolution de 2011.

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Cinq ans après le renversement du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, les manifestations contre la misère et pour la justice sociale sont parties de la région défavorisée de Kasserine (centre) à la suite du décès samedi d’un jeune chômeur.

Le mouvement s’est propagé à de nombreuses autres villes et a notamment été marqué par des violences dans le Grand Tunis.

Vendredi matin à Kasserine, des centaines de personnes se sont rassemblées comme les jours précédents devant le gouvernorat pour demander une réponse à leurs revendications, sans incidents, d’après une journaliste de l’AFP.

Un calme précaire régnait non loin de là à Sidi Bouzid, où des heurts avaient opposé le matin policiers et manifestants -des chômeurs ainsi que des écoliers et lycéens- d’après un correspondant de l’AFP.

C’est à Sidi Bouzid que le vendeur ambulant Mohammed Bouazizi s’est immolé par le feu fin 2010, un geste qui a déclenché la révolution.

– Exclusion sociale –

De Paris, où il a rencontré le président François Hollande, le Premier ministre Habib Essid a affirmé que la situation était « actuellement maîtrisée ». Il doit présider un conseil des ministres exceptionnel samedi.

De son côté, M. Hollande a annoncé un plan de soutien à la Tunisie d’un milliard d’euros sur les cinq prochaines années, visant notamment « à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l’accent sur l’emploi ».

Vendredi soir, dans une allocution télévisée, le président Béji Caïd Essebsi a jugé la contestation « naturelle » et appelé le gouvernement à élaborer un plan contre le chômage car « il n’y a pas de dignité sans emploi ».

Mais il a mis en garde contre sa récupération par « des mains malveillantes », évoquant des partis politiques sans les nommer ainsi que le groupe Etat islamique (EI).

« La nouveauté, c’est qu’il a semblé à Daech (un acronyme arabe de l’EI), qui est présent en Libye, presque à nos frontières maintenant, que la situation lui permettait de fourrer son nez dans cette opération », a-t-il soutenu.

Les tensions sociales ont débuté samedi à Kasserine, ville de 80.000 habitants, lorsqu’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

La contestation s’est rapidement propagée, témoignant de la persistance de l’exclusion sociale dans un pays qui fait figure de rescapé du « Printemps arabe » mais ne parvient pas à s’extirper du marasme économique.

« Il s’agit de la crise sociale la plus grave depuis 2011 », a déclaré à l’AFP l’analyste indépendant Selim Kharrat.

Le Premier ministre tunisien a dit sur France 24 « comprendre » le mouvement mais a tenu à préciser: « Nous n’avons pas de baguette magique pour donner de l’emploi à tout le monde en même temps ».

Plusieurs organisations, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et Oxfam, ont appelé « à l’adoption d’un modèle économique (…) pour la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales », en disant leur « déception » face à l’inaction des différents gouvernements.

– « Saccages » –

Le couvre-feu a été décrété de 20H00 à 05H00 « au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la patrie et des citoyens », selon le ministère de l’Intérieur.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des actes de « pillages » et de « saccages » ont été enregistrés à Cité Ettadhamen, un quartier populaire du Grand Tunis, et 16 personnes ont été arrêtées d’après les autorités.

Deux magasins ainsi qu’une agence bancaire ont été saccagés, selon une journaliste de l’AFP.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Walid Louguini, a dénoncé une « tentative de la part de criminels de profiter de la situation ». « Les violences contre les biens publics et privés seront sévèrement punies », a-t-il prévenu.

A l’échelle nationale, au moins « trois postes de police ont été attaqués » et 42 membres des forces de l’ordre blessés au cours des dernières 24 heures, a ajouté M. Louguini.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a indiqué à l’AFP que « des unités supplémentaires » de l’armée avaient été déployées en renfort dans tous les gouvernorats pour assurer « la protection des institutions publiques mais aussi des institutions privées sensibles ».

nouvelobs, 23/01/2016 à 08h13

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Bizerte: des casseurs s’attaquent au dépôt municipal à la délégation d’El Alia

Des malfaiteurs ont attaqué dans la soirée du 22 janvier 2016, le dépôt municipal à la délégation d’El Alia du gouvernorat de Bizerte malgré le couvre-feu décrété.

tunisieennumerique.com, 22/01/2016 à 22h57

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Bizerte : Echec d’une tentative de pillage de Carrefour

L’armée a été déployée devant la grande surface Carrefour à Menzel Bourguiba et Bizerte, après que des assaillants aient tenté de la piller.

Les forces de l’ordre ont réussi, aujourd’hui, vendredi 22 janvier 2016, à disperser des délinquants, qui ont tenté de s’introduire dans la grande surface pour la dévaliser. Les fauteurs de troubles ont réussi à s’enfuir et l’armée a été déployée pour protéger la grande surface qui a dû fermer ses portes.

Rappelons que Menzel Bourguiba, ville ouvrière du gouvernorat de Bizerte, a enregistré, ce matin, des affrontements entre des délinquants et les forces de l’ordre, qui ont duré plus de 2 heures.

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kapitalis.com, 22/01/2016 à 17h12

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Tunisie : des actes de violence signalés à Bizerte, Zarzouna et Mateur

Les manifestations de violence ont gagné Bizerte et certains quartiers des cités les plus importantes de la région. 

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Les événements les plus brutaux ont eu lieu à El Ksiba du chef-lieu du gouvernorat où des heurts ont opposé les forces de l’ordre à des groupes de jeunes se réclamant d’associations de diplômés au chômage revendiquant l’emploi. Ces manifestations qui ont eu lieu dans la soirée d’hier, jeudi 21 janvier 2016, se sont manifestées par des jets de projectiles et le brûlage de pneus. Les forces de l’ordre ont dû répliquer par le lancement de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants.
A quelque distance de là, sur la rive est du canal, à Zarzouna, d’autres groupes de jeunes ont procédé au brûlage de pneus bloquant ainsi les chaussées. Ces actes ont nécessité le renforcement de la sécurité au niveau du pont mobile.
A la cité Ennasr de Mateur, une dizaine d’individus ont bloqué la route au niveau de la zone industrielle en y entassant des branchages et en brûlant des pneus. Les forces de sécurité sont intervenues pour déblayer le terrain et pour disperser les perturbateurs. Une voiture de police y est restée en faction.

à Menzel Bourguiba, dans la matinée du vendredi 22 janvier 2016

à Menzel Bourguiba, dans la matinée du vendredi 22 janvier 2016

investirentunisie, 22/01/2016 à 11h52

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Tunisie : nouvelle journée de grogne sociale à Kasserine

Pour la deuxième journée consécutive, plusieurs centaines de manifestants réclamant des emplois ont été dispersés par la police à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie. Le mouvement de colère s’est répandu dans d’autres villes du pays.

Deuxième journée de colère à Kasserine. Mercredi 20 janvier, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège du gouvernorat de cette ville défavorisée du centre de la Tunisie pour réclamer « des solutions au chômage ». Avant de se diriger vers le centre-ville, où de petits groupes ont bloqué des routes avec des pneus en feu.

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Des heurts sporadiques ont ensuite opposé policiers et manifestants tout au long de la journée. Comme la veille, les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des protestataires qui leur lançaient des pierres. « On a également vu des cocktails Molotov voler vers les forces de l’ordre », rapporte Sandro Luytens, envoyé spécial de France 24 à Kasserine. La police a aussi fait usage de canons à eau et tiré en l’air.

Les accrochages se poursuivaient en début de soirée malgré le couvre-feu de 18h00 à 05h00 du matin décrété mardi dans cette ville d’environ 80 000 habitants. Une mesure que le ministère de l’Intérieur a justifié par la nécessité de « protéger les vies », d’éviter toute « escalade » mais aussi d’empêcher « les éléments terroristes d’essayer d’exploiter cette situation ».

Huit policiers ont été blessés mercredi à Kasserine et 11 à Thala, une ville proche, selon le directeur régional de la Santé, Abdelghani Chaabani. La veille, 20 manifestants et trois policiers avaient été légèrement blessés à Kasserine.

Situation sociale explosive

Ces évènements font suite au décès, samedi, d’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait parmi d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique. Mais pour Abderrahman Hedhili, président de l’ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), de tels évènements « étaient depuis longtemps prévisibles ».

Cinq ans après la révolution contre la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali, née de l’immolation du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, l’exclusion sociale et les disparités régionales persistent. « Nous avons averti que la situation sociale allait exploser. Les gens ont attendu […] mais le gouvernement n’a pas de vision, pas de programme pour les régions intérieures », a dit à l’AFP Abderrahman Hedhili.

Le président Béji Caïd Essebsi a reconnu, mercredi, que « le gouvernement actuel avait hérité d’une situation très difficile » avec « 700 000 chômeurs et parmi eux 250 000 jeunes qui ont des diplômes« . « Mais vous devez en convenir, ni en Tunisie, ni en Europe, ni en Amérique, on ne peut résoudre des situations comme ça par des déclarations ou par un coup de pouce. Il faut [laisser] du temps au temps », a-t-il dit.

Après le décès du jeune chômeur, les autorités ont annoncé le limogeage d’un haut responsable du gouvernorat. Une délégation d’élus emmenée par le président du Parlement doit aussi se rendre sur place, à une date non précisée.

Plusieurs rassemblements dans le pays

Plusieurs rassemblements de soutien à Kasserine et pour réclamer développement et emplois se sont tenus mercredi. À Thala et Meknassi, dans le centre, des manifestants ont bloqué des routes et brûlé des pneus, selon des témoins et une source de sécurité. Près de 150 personnes, dont certains brandissaient des portraits Ridha Yahyaoui, ont manifesté à Tunis. Des rassemblements ont également été organisés à Sousse, dans le centre-est, et à El Fahs, au sud-ouest de Tunis, selon les médias locaux.

Si elle a réussi la transition politique née de la révolution de 2011, la Tunisie ne parvient pas à relancer son économie. En 2015, la croissance devrait être inférieure à 1 %, notamment plombée par la crise du secteur touristique, conséquence de l’instabilité et des attaques jihadistes. Le chômage au niveau national dépasse les 15 % et atteint le double chez les diplômés.

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france24 avec AFP, 20/01/2016

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Un policier tunisien a trouvé la mort, mercredi, à Feriana (gouvernorat de Kasserine) lors des affrontements qui ont opposé la police aux manifestants sur fond de mouvements de revendication sociale.

i24new.tv, 21/01/2016 à 14h04

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Le poste de la garde douanière de Hidra incendié, un poste de police envahi à Regueb

incendie-300x150La vague de protestation continue de s’étendre à plusieurs régions du pays.

Ainsi, ce soir, le poste de la garde douanière, dans la région de Hidra du gouvernorat de Kasserine, a été incendié par des inconnus.

A Regueb, et selon Jawhara, une soixantaine de protestataires ont envahi le poste de police et l’ont attaqué avec des cocktails Molotov. Ils ont aussi mis le feu dans les voitures de la police et incendié des pneus juste devant le poste de police en flammes.

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webdo.tn, 20/06/2016

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Tunisie – Kasserine : Des affrontements nocturnes malgré le couvre feu en vigueur

Les affrontements se poursuivent à Kasserine, entre les protestataires et les unités de sécurité, qui font usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule qui jette des cocktails Molotov à cité Ezzouhour.
Des véhicules militaires blindés se sont positionnés sur les lieux, alors que des composantes de la société civile et plusieurs diplômés chômeurs ont appelé les protestataires à manifester pacifiquement, sans violence.
La tension est palpable à Cité Ezzouhour malgré l’instauration du couvre-feu à partir de 18 heures et ce jusqu’à 5 heures du matin.

tunisienumérique, 20/01/2016 à 22h02

[Gênes, Italie] Sabotage contre la grande vitesse et dissociation…

Gênes : encore de la fumée dans le Terzo Valico…

On apprend des médias locaux que le soir du 17 janvier 2016, des individus ont mis le feu à un engin de chantier de l’entreprise qui travaille pour le consortium Cociv sur le chantier de la ligne de train à grande vitesse Terzo Valico, à Borzoli (Gênes).
En mai 2015, à Trasta, quelqu’un avait déjà réussi à livrer aux flammes un autre engin.

La Digos fait savoir qu’elle enquête sur les anarchistes. Ca arrive, quelle intuition… oui, grâce au « conseil » des mouvements No Tav No Terzo Valico qui ont précisé avoir appris l’info dans les médias, et pris leurs distances avec l’attaque.

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[Librement traduit de l’italien de informa-azione, Gio, 21/01/2016 – 20:02]

[Mexique] Lancement du site de la revue ‘Negacion’

Lancement du site de la revue ‘Negacion’ (Mexique), avec en plus un supplément : « Suplemento Revista Negación #7 Dossier sobre la militarización en Francia y Bélgica, y el antagonismo ante el estado de emergencia »

revistanegacion.espivblogs.net

[Publication] Sortie du n°5 de « Paris sous tension », journal anarchiste sur Paris et au-delà

Se faire exploiter, choisir un maître (ou se le voir imposer) et de manière générale faire comme tout le monde; est-ce cela la liberté ? NON.

Dépassons ce constat amer que nous faisons -trop- régulièrement. Réfléchissons et discutons de tout ce qui nous opprime, nous exploite et nous empêche de nous émanciper. Pointons du doigt les responsables, les collabos, leurs projets et leurs structures qui participent à la perpétuation et au développement de la domination et de l’exploitation.

Faisons résonner les diverses manifestations d’insoumission et d’attaques, les révoltes plus ou moins étendues dans l’espace et dans le temps. Car la domination et l’exploitation s’incarnent dans des êtres humains, des bureaux, des structures, des véhicules, etc. bien réels et atteignables par l’imagination de chacun-e. Car voici notre conviction : nous pouvons nous donner les moyens de reprendre nos vies en main, de lever la tête, d’agir et de rendre des coups au «meilleur des mondes» par nous-mêmes, de manière directe et autonome. Sans se soumettre, ni commander.

Et au-delà de tout cynisme ou résignation, nous sommes capables de rêver et d’imaginer des vies et des relations autres que celles qui nous sont imposées. Ce journal se veut ainsi un cocktail d’oxygène et d’étincelles, d’idées et de rêves de liberté, d’attaques, d’insoumission et d’offensives diverses. Par des individus d’ici et d’ailleurs qui se mettent en jeu; avec audace, lucidité, espoir, dégoût, rage, joie et confiance en soi, ses idées et ses complices…

Ce journal souhaite montrer et faire la convergence de ces vies; ces vies comme des paris sous tension…

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Déjà cinq numéros du journal sont parus, à consulter en ligne et à choper sur le site: parissoustension.noblogs.org

Le numéro 5 en PDF

[Buchelay, Yvelines] Sabotage incendiaire d’un temple de la consommation – 17 janvier 2016

Buchelay : une quarantaine de caddies endommagés par un incendie suspect à Auchan

feuLes sapeurs-pompiers sont intervenus ce dimanche soir vers 22h30 pour éteindre un incendie qui s’est déclaré dans un abri A caddies sur le parking du centre commercial Auchan à Buchelay, près de Mantes (Yvelines).

Le feu, dont l’origine est ignorée, s’est propagé à une quarantaine de caddies qui ont été sérieusement endommagés (ils sont inutilisables). Quant à l’abri il a été entièrement détruit.

Une enquête a été ouverte par le commissariat de Mantes-la-Jolie, qui n’exclut pas la piste d’un acte criminel. L’Identité Judiciaire devait intervenir dans la matinée de ce lundi pour procéder à des relevés de traces et d’indices.

infonormandie, 18/01/2016 à 11h53

[Calais] Blocage de rocade et affrontements avec les flics juste après l’ultimatum de la préf’ – 20 janvier 2016

Calais : un ultimatum lancé aux migrants pour évacuer une partie de la « jungle »

Parallèlement à ce déménagement forcé, les autorités ont créé un camp en dur de conteneurs chauffés, baptisé le Centre d’accueil provisoire (CAP).

Un arrêté préfectoral a été affiché mardi dans la partie de la « jungle » de Calais qui doit devenir une bande de 100 mètres déboisée, donnant un délai de 24 heures aux derniers « commerces » pour quitter cette zone, a indiqué mercredi la préfecture du Pas-de-Calais. « Il est fait commandement aux occupants sans droit ni titre du site dit de La Lande à Calais de quitter et libérer de toutes personnes et de tous biens l’emprise correspondant à une bande de 100 mètres de largeur (…), et ce, au plus tard dans un délai de 24 heures à compter de la publication » du texte, peut-on lire dans cet arrêté transmis et daté du 19 janvier.

« Passé ce délai, à défaut d’avoir quitté les lieux, il sera procédé à l’évacuation (…), si nécessaire avec le concours de la force publique », peut-on également lire. L’arrêté ayant été affiché dans le camp mardi en début d’après-midi, le délai pour l’évacuation expire donc ce mercredi vers 13-14 heures, mais cela ne signifie pas que les forces de l’ordre interviendront immédiatement pour éloigner les récalcitrants, selon une source en contact avec les autorités. D’autant que, selon des correspondants de l’AFP présents sur place, il restait mercredi une petite dizaine de commerces (épiceries, cantines) qui n’avaient pas encore quitté la bande de 100 mètres. Ces commerces seraient au nombre de six, d’après une source bien informée.

4 000 migrants

Tous les migrants qui vivaient sous des tentes plantées dans cette zone ont d’ores et déjà quitté les lieux. Des travaux de défrichement ont débuté lundi dans le calme dans deux secteurs du camp de migrants de Calais. Avec cette zone défrichée à l’aide de bulldozers, les autorités souhaitent empêcher les intrusions sur la rocade portuaire, où des migrants, masqués par la végétation, tentent de monter à bord des camions embarquant pour Douvres. Il s’agit aussi de protéger les riverains et les migrants des risques d’accident. Parallèlement à ce déménagement, les autorités ont créé un camp en dur de conteneurs chauffés, baptisé le Centre d’accueil provisoire (CAP).

Dans la nuit de mardi à mercredi, « 405 personnes y ont été hébergées et il y a 465 personnes inscrites pour la nuit prochaine », a fait savoir la préfecture. Il est prévu que, d’ici fin janvier, le CAP puisse accueillir jusqu’à 1 500 migrants. Environ 4 000 migrants, venus majoritairement d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient et d’Afghanistan, vivent dans la « jungle » de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l’espoir d’atteindre l’Angleterre, considérée par eux comme un eldorado.

lepoint.fr via afp, 20/01/2016 à 11h42

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Calais : heurts entre migrants et policiers

Des incidents ont éclaté mardi soir sur la rocade portuaire de Calais (Pas-de-Calais). Ils ont opposé plusieurs centaines de migrants aux forces de l’ordre, qui ont dû faire usage de gaz lacrymogène pour rétablir le calme.

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Pendant près d’une heure, un important dispositif policier a tenté de contenir entre 200 à 300 migrants, qui ont mis le feu sur la chaussée avec des détritus et de la végétation dans le but de freiner le trafic.

Alors qu’un épais nuage de fumée était visible sur plusieurs centaines de mètres en provenance de l’entrée de la «Jungle» (un bidonville où se trouvent des migrants) en raison des gaz lacrymogènes, la chaussée a finalement été dégagée et les migrants ont été repoussés vers 22 heures.

Ces incidents surviennent après que la préfecture du Pas-de-Calais a fixé aux derniers migrants, par mesure de sécurité, un ultimatum qui expirait en début d’après-midi pour quitter une bande de 100m déboisée de la «Jungle» le long de la rocade. En instaurant cette bande de 100m, les autorités souhaitent empêcher les intrusions sur la rocade portuaire. Des migrants, dissimulés par la végétation, tentent en effet de monter à bord des camions embarquant pour Douvres (Royaume-Uni). Le dispositif sert aussi à protéger les riverains et les migrants des risques d’accident. Les incidents de mercredi soir sont les plus importants depuis la mise en place de cette bande de 100 mètres.

Des centaines de migrants souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne, qu’ils considèrent comme un eldorado, tentent régulièrement de ralentir le trafic routier afin de pouvoir monter dans des camions où ils se cachent. La très forte présence policière ne les empêche pas de renouveler leur geste. Au moins 4 000, venant principalement d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient et d’Afghanistan, vivent dans le bidonville dans des conditions très précaires.

leparisien.fr, 21/06/2016

Nos rêves sont leurs cauchemars !*

Communiqué de « Séditions »

Depuis son lancement en mars 2015, le journal « Séditions » était mis à libre disposition de tous à la librairie « L’Autodidacte », lieu de passage, de rencontres et de diffusions des anarchistes à Besançon**. Un petit emplacement avait été obtenu – non sans avoir bataillé – avec plusieurs « responsables » du lieu, le groupe Proudhon de la Fédération Anarchiste. De tous les endroits fixes où l’on peut se procurer le journal, “L’Autodidacte” est le seul qui est tenu par des “anarchistes”. Et pourtant…

Ce samedi 9 janvier 2016, ces « libertaires », trop soucieux de garder leur image inoffensive contre le pouvoir et de saper toute agitation qui sort de leur rang, ont décidé d’expulser le journal et les anarchistes qui y participent. C’est un signe clair de dissociation à tous ceux pour qui la révolte n’attend pas et qui consacrent du temps et de l’énergie à diffuser les idées et pratiques anarchistes offensives contre l’Etat et le capital à Besançon et ailleurs.

Les militants du groupe Proudhon de la FA ont montré à tous que leur urgence était en somme la même que celle de l’Etat, c’est-à-dire de museler toute subversion contre ce monde, en cherchant à pacifier les rapports de domination et d’oppression. C’est une énième dissociation à l’encontre des idées et pratiques anarchistes, dont leur organisation est coutumière depuis longtemps.

Depuis bientôt un an, « Séditions » a pour but de décortiquer les plans macabres du pouvoir et de les mettre à la vue – et à la portée – de tous, de désigner ses structures diverses et variées afin de s’attaquer ici et maintenant à ce qui nous opprime et nous détruit. Cette volonté de diffuser la conflictualité sociale à travers chaque coup porté contre l’Etat et le capital part du principe que nous n’attendons pas le réveil d’une « masse » pour agir, que la révolution n’arrivera pas en claquant des doigts. Par ailleurs, ces brèves d’actions directes réchauffent les cœurs enragés de toutes âmes révoltées au sein d’une société atomisée par la pacification.

Nous continuerons quoi qu’il en soit à agir ici et maintenant contre toute domination ! Nous sommes parfaitement conscients que nous constituons une épine dans le pied de ces politiciens bien trop occupés à fantasmer une société libertaire, sans même jamais évoquer la question des moyens d’y parvenir.

Nous tirons désormais des conséquences positives de ces sinistres événements : nous sommes, plus que jamais, déterminés à poursuivre nos activités acrates, agitatrices, contre ce monde de misère et d’oppression !

A bientôt dans les rues ! Pour la révolution !

Des anarchistes participant au journal.

Notes :
*Détournement d’une affiche de la FA contre l’état d’urgence « Leurs rêves sont nos cauchemars ». En l’occurrence, nos rêves de liberté et d’autonomie ne sont en aucun cas compatibles avec leur démocratisme « autogestionnaire », leurs démarches citoyennes et « non-violentes ».
**Derrière leurs positions de façade selon lesquelles tous les anarchistes de diverses tendances sont les bienvenus dans cette librairie, on peut mentionner quelques faits dégueulasses réalisés par les militants du groupe Proudhon de ces dernières années : recollage d’affiches anarchistes collées par des autonomes, enlèvements et destructions d’affiches, d’autocollants et de brochures anarchistes mises en libre accès à la librairie. « L’Autodidacte » était encore il y a peu de temps l’un des rares lieux sur Besançon où des anarchistes d’autres villes passaient faire un tour, malgré le fait que plus le temps passe, moins il y a de places pour les revues et ouvrages anarchistes : à l’inverse, les revues altermondialistes et écolos-confusionnistes, éducationnistes (la plupart étant écrits par leur ponte national Hugues Lenoir, cf la brochure de Ravage Editions « Pour en finir avec la FA »), la propagande trotskiste et syndicaliste, les événements d’assoc’ humanitaires/religieuses ont toutes leurs places. En dépit d’un double discours, il s’agit donc bel et bien d’une « librairie associative », comme elle se présente. Ce texte a bien pour but de tirer un trait sur ce lieu et ne plus y mettre les pieds, d’inciter camarades et compagnons d’autres villes à faire de même. D’autres espaces naîtront d’ici là…

[Espagne] Transfert et grève de la faim pour Gabriel Pombo Da Silva

Espagne : Gabriel Pombo da Silva entame une grève de la faim

Gabriel Pombo da Silva, anarchiste emprisonné et soumis au régime carcéral FIES 5} [Haute sécurité ; NdT], récemment transféré pour l’énième fois, de la prison de Topas (Salamanca) à celle de Dueñas (Palencia), a entamé une grève de la faim pour obtenir une cellule individuelle, étant donné qu’il a été mis dans une cellule avec un prisonnier avec lequel il ne veut pas la partager. Juankar Santana Martin, qui est dans la même prison, a annoncé qu’il commençait une grève de la faim en solidarité avec le compagnon, à partir du dimanche 17 janvier, si le problème n’est pas résolu avant.

MAJ : Gréve de la faim terminée le 19 janvier suite à la satisfaction de ses revendications.

[Traduit de l’italien de la Croce Nera Anarchica.]

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Espagne : Gabriel Pombo da Silva transféré

Depuis le 13 janvier, le compagnon Gabriel Pombo da Silva a été transféré.
Voici la nouvelle adresse pour lui écrire :

Gabriel Pombo da Silva
Centro Penitenciario de Dueñas (Palencia)
Ctra. Local P-120,
34210 Dueñas (Palencia)
Espagne

[Repris de Non-fides]

 

[Publication] Bien que les ennemis de la liberté en remettent une couche …

birdsCes derniers jours, on a pu entendre que deux nouveaux camps ou prisons doivent être réalisés dans Bâle ou ses environs. A Muttenz, un centre d’identification de migrants doit d’ores et déjà être mis en service début 2016 et y interné jusqu’à 900 migrants, ce qui en fera le plus gros centre fermé de Suisse. Les personnes doivent séjourner dans le centre au maximum 3 semaines afin d’y être ficher, avant qu’elles ne soient répartis dans les cantons pour l’étude de leur demande d’asile. Le camp de Bässlergut, qui sert aussi bien à expulser qu’à enfermer, doit être agrandi d’ici 2019 après restructuration. La nouvelle prison ouvrira 78 nouvelles places. Les 43 places qui existent déjà à Bässlergut et qui servent actuellement comme cellules pour de courtes détentions seront alors de nouveau utilisées comme centre d’expulsion. Par ailleurs, un centre d’asile régional qui, par la centralisation des institutions compétentes, permet un accès aux renseignements plus rapide et des expulsions plus performantes, doit être construit à l’avenir dans la région. Depuis 2014, cette nouvelle forme de politique d’enfermement est testée à Zurich. De tels camps ou centres de rétention continuent de s’étendre dans toute l’Europe.

Cette élargissement du contrôle et de l’enfermement au niveau local peut dans une plus large mesure être observé sur le plan international : en Italie et en Grèce, des hotspots ont été érigés afin que les migrants considérés comme un problème puissent être déjà malmenés à l’extérieur des frontières. Les hotspots qui sont coordonnés par différentes autorités policières et de gardes-frontières de l’Europe représentent une énième mesure en matière de gestion répressive et de contrôle des flux migratoires. Ainsi, l’enregistrement (qui constitue une mesure énorme et importante pour le régime migratoire européen) se fait déjà à travers les relevés d’empreintes digitales, de photos et de saisie dans la banque de données ‘Eurodac’ et ceux qui n’ont pas la chance d’obtenir l’asile, puisqu’ils ne bénéficient pas du statut de réfugiés, sont triés lors des rafles. Le recensement systématique dans les fichiers ainsi que le tri des différentes personnes – ce qui est exactement la même chose que le centre d’identification à Muttenz – est, en même temps, l’objectif d’une telle mesure. Les Hotspots aux frontières extérieures de l’Europe s’ajoutent aux dénommées zones « tampon » dans les pays avoisinants, qui doivent empêcher les migrants de poursuivre leur voyage vers l’Europe en protégeant les frontières et en construisant de gigantesques camps. En contre-partie et en plus du versement d’une certaine somme, l’Europe prendra en charge un certain nombre de migrants de ces pays. Un accord a déjà été signé avec la Turquie, cet Etat de merde qui combat les mouvements progressistes, s’acharne sur les résistants de tous bords et soutient les fanatiques de DAESH ; un accord de ce type doit être signé avec la Libye. Dans les eaux libyennes, la deuxième phase du programme de l’UE « NAVFOR Med », qui autorise à détruire les bateaux de passeurs, a débuté en septembre 2015 avec la mobilisation de 6 bateaux de l’armée et de 1200 militaires jusqu’à présent. Puis dans la troisième phase, les militaires sont censés aussi de pouvoir faire la guerre aux bateaux et aux infrastructures sur le sol libyen.

La liste est déjà longue et ce serait d’emblée possible d’exposer d’autres exemples de cette guerre menée contre les migrants, qui provoque déjà la mort de milliers de personnes. Malheureusement, cette guerre menée dans le tout jeune 21ème siècle n’est pas la seule, et ainsi se succèdent les lois de surveillance dans différents pays, les nouveaux armements de la police et de l’armée, les constructions de différentes prisons dans toute l’Europe et les villes qui se transforment en prisons à ciel ouvert, la même répression offensive des puissants qui augmente contre celles et ceux qui résistent. Une guerre, qui est devenue si banale qu’il n’est plus nécessaire de l’expliquer, doit assurer la domination des privilèges établis sur tous les fronts en resserrant les mailles de la société de contrôle. Chacun à sa place, fiché et examiné à la loupe, afin que le pouvoir ait assez de moyens au moindre petit signe de perte de contrôle ou d’évasion de ses rangs pour rétablir l’ordre le plus rapidement et le plus efficacement possible ou de mettre les éléments perturbateurs hors d’état de nuire.

De plus, on peut parler des tendances nationalistes qui se renforcent partout, de la répression militaire des émeutes dans les banlieues des villes des USA ces dernières années, des contrôles en augmentation jusqu’à prendre des proportions incommensurables, l’état d’urgence en France, l’état d’une planète polluée au plus haut point, l’immersion grandissante des technologies dans nos têtes et dans nos vies, l’ignorance et l’acceptation qui se diffusent à vitesse exponentielle et de manière effrayante… un petit avant-goût des temps sombres. Peut-être. Les voies dans cette direction ont déjà été annoncées, mais elles sont bien évidemment déjà appliquées. L’avenir pourtant, s’il est incertain car le capitalisme a d’ores et déjà déployés ses tentacules toxiques, s’ouvre à nous malgré tout. Ceci réside peut-être lorsque bouillonnent la passion dérangeante d’une vie libre et d’un besoin enflammé d’insurrection, de se débarrasser de ce monde macabre de guerre et de mépris de la vie, de tristesse et de haine, de créer un monde de solidarité et d’entraide, de faire place au respect et à la dignité, mais également au début de la fin de cette civilisation capitaliste, qui n’a pas plus besoin de rendre les gens étrangers, d’absurdités factices et virtuelles que de misère et de destructions.

Bien que les ennemis de la liberté en remettent une couche et qu’un nouvel orage s’élève à l’horizon, déjà couvert de nuages sombres, il s’agit d’affirmer encore plus fort et d’hurler que les camps et les prisons, le racisme et les guerres, la persécution et l’oppression sont des composants solides d’un monde construit sur l’autorité, que l’Etat est depuis toujours l’ennemi de ceux qui reprennent eux-mêmes leurs vies en main et qui ne veulent pas la déléguer à des fous. Il s’agit de réaffirmer que cette machine doit être arrêtée, que seule une rupture profonde avec la société actuelle nous ouvre des possibilités d’expérimenter la liberté et l’auto-détermination, la seule possibilité d’une véritable paix.

Quelques anarchistes en conflit avec toute domination

Solidarité avec l’attaque contre Siemens à Bâle :

La mort des uns est le profit des autres. Pendant que la guerre se prépare à tous les niveaux et s’intensifie, ça signifie aussi que les entreprises et institutions flairent les avantages et les profits. Toutefois, des perspectives s’ouvrent aussi ici sur la façon dont cette misère peut être combattue : les différents responsables et profiteurs des camps et des politiques d’expulsion (bureaux administratifs à l’immigration, flics, ORS AG, Securitas, ISS, Swiss) peuvent être directement attaqués, la construction de de nouveaux camps et de nouvelles prisons, comme c’est justement le cas pour Bässlergut II à Bâle, peuvent être empêchés et sabotés. Car s’impliquer dans les structures démocratiques semble être une mauvaise blague, être conformes et serviles quand cette machine de guerre doit être détruite ici et maintenant
Alors, dans la belle nuit du 7 décembre 2015, une voiture de ‘Siemens’ a été livrée aux flammes. Cette entreprise, présente sur différents fronts de guerre dans le monde entier, participe aussi au repli de l’Europe.
Les inconnus appellent par ailleurs « à saboter cette guerre des dominants ».

[Traduit de l’allemand de ausdemherzenderfestung, 15. Januar 2016

[Publication] De l’incompabilité

S’il est sans doute souvent plus confortable de se taire, certaines silences peuvent aussi devenir insupportables. C’est pour cela que malgré tout, nous avons préféré de prendre la parole.

Comme vous, nous avons vu qu’il y a trois initiatives dans trois differents villes italiennes où quelques compagnons de Bruxelles viendront parler sur la lutte contre la maxi-prison. S’il s’agit d’une lutte spécifique dans un espace déterminé, il est vrai que la question peut possiblement concerner tous les anarchistes et d’autres revoltés, aussi au-délà des frontières étatiques. Depuis le début de cette lutte, il y a eu en effet des anarchistes d’un peu partout qui s’y sont intéressés, qui l’ont defendu, qui y ont participé de differentes manières. Cela n’est pas juste une petite chose en plus, cette dimension internationaliste s’est vraiment enracinée dans la projectualité même de cette lutte. Et au-délà du fait si le conflit se déroule autour de la construction d’une maxi-prison, d’un aeroport, d’une mine d’or ou si c’est une révolte qui vient enflammer les rues des metropoles ou les sentiers des campagnes, c’est la question de la projectualité insurrectionelle qui pourrait être au coeur des échanges entre compagnons, et cela à un niveau international.

Pour autant que cela nous réjouit que des compagnons d’ailleurs organisent des initiatives pour discuter sur cette lutte, que des compagnons impliqués dans la lutte prennent le temps pour voyager et porter le debat bien loin de la capitale belge, il y a quelque chose d’amer qui nous est resté dans la gorge. Et on écrit cette lettre pour en parler.

Partout où des anarchistes sont en lutte, des problématiques assez difficiles se posent. Quelle projectualité derrière la lutte? Comment défendre l’auto-organisation et l’autonomie de la lutte face aux courants politiques, aux récuperateurs, aux autoritaires? Comment faire face à la repression qui cherche à isoler les éléments les plus incontrôlables? On a eu l’occasion de les affronter lors de cette lutte à Bruxelles et on aura sans doute encore l’occasion dans l’avenir. Comme quand les compagnons n’ont pas arrêté d’insister sur la nécessité de l’attaque et de l’hostilité envers l’Etat et les institutions, aussi aux moments où les journalistes ont fait planer le spectre du terrorisme sur cette lutte, quand les citoyennistes et d’autres se sont publiquement distanciés des actions directes, quand la répression est venue toquer à la porte. Comme quand les copains en lutte contre la maxi-prison ont envoyé chier les petits politiciens qui voulaient s’aggriper à l’agitation autonome qu’on développe dans les bas-quartiers de Bruxelles, quand les journalistes ont été envoyés chier, quand ceux qui rêvaient peut-etre de transformer cette bataille en petit bras-de-fer entre militants politiques et responsables institutionnelles ont été envoyé ballader. Ce sont des moments qui vont marquer une lutte, qui déterminent même son caractère insurrectionnel et anti-institutionnel, qui peuvent la rendre irrecuperable et incontrôlable.

Mais tout ça sera sans doute mieux abordé lors de ces soirées de discussion. Ce qui ne sera peut-être pas abordé par contre, c’est de se demander si les modalités requises pour un tel échange, un échange sur les perspectives d’une projectualité insurrectionelle et autonome, sont en effet réunies là où ces débats ont lieu. Tout comme on ne peut pas parler de liberté à l’ombre d’une église, il est difficilement imaginable (sauf qu’à couteaux tirés) de parler de conflictualité permanente à l’ombre de pratiques de conflictualité alternée (“mort aux flics” un jour, “l’incolumnité” pour les indicateurs le lendemain; la “solidarité avec les compagnons incarcerés” un jour, l’accueil silencieux du “soutien” de magistrats et prêtres apres-demain; l’hostilité envers les institutions un jour, les alliances avec des forces para-institutionnelles le lendemain;…). Des erreurs peuvent être commises, des mauvais évaluations peuvent être faites, mais si on en discute, cela doit être pour les dépasser définitivement, par pour les théoretiser comme faisant partie de l’arsenal de méthodes de lutte anarchistes et les justifier (dans le passé, le présent et donc tragiquement l’avenir).

Cette conflictualité alternée, qu’on a cru voir se repandre en Italiedepuis quelques temps, est à mille lieux de ce que cette lutte contre la maxi-prison essaye de faire. Alors, effectivement, peut-être des débats pourraient créer des ouvertures pour jeter une fois pour toutes à la poubelle les pratiques de politiciens qui ont envahi le mouvement anarchiste, l’abandon de l’éthique en faveur de la strategie, la calomnie et la menace plutôt que le débat critique. Ce sera réellement magnifique et incroyable si une modeste expérience telle que la lutte contre la maxi-prison pourrait apporter des éléments à ce fin. Ce serait une démonstration que les projectualités autonomes et insurrectionnelles ne connaissent pas de frontières, qu’elles peuvent se rencontrer et se renforcer, se soutenir et s’entre-aider. Mais est-on sûr de pouvoir faire ça au milieu d’histoires loin d’ être définitivement adressées (dans le bon sens) de dissociations d’actions directes, de l’échec total et éclatant de la stratégie politique adoptée par certains anarchistes à differentes occasions et la perte de leur âme même qui en suit fatalement, de l’insupportable danse macabre d’alliances politiques, de jeux de représentation, de délegation operationnelle?

Alors, si le choix ne peut pas etre celui de la résignation, si on ne peut pas juste se dire “mais laisse pisser et continue ta route”, si on n’a pas envie d’aller participer à de tels debats dans des endroits où, par volonté ou pour omission ou par comodité, semble plutot être porté le contraire de
ce qu’une lutte comme telle contre la maxi-prison cherche à expérimenter, le silence n’a pas non plus été une possibilité.

Qu’il soit clair que nous ne sommes pas du tout de l’avis qu’il serait érroné de vouloir porter le debat sur les methodologies de lutte et les perspectives anarchistes partout. Bien au contraire, c’est tant mieux. Peut-être cette lettre peut alors être lue comme une contribution à a ce débat.
Mais on ne saurait accepter sans broncher qu’il y en a qui pratiquent la conflictualité alternée et le jeu des alliances se saissisent d’une expérience de conflictualité permanente et d’autonomie comme s’il s’agissait de la meme chose, compatible et complémentaire. Comme si, en Italie comme ailleurs, il n’y aurait pas toujours des compagnons, aussi peu nombreux soient-t-ils, aussi défavorables puissent être les conditions de l’affrontement, pour qui les fins et les moyens doivent coincider, pour qui l’éthique anarchiste n’est pas alternable, pour qui l’autonomie n’est pas sacrifiable sur l’autel de la quantité et des potentiels applaudissements.

Car justement, il y a des luttes et des expériences en cours, et sous en certain aspects la lutte spécifique contre la maxi-prison à Bruxelles en peut être un exemple, qui démontrent que pour dévélopper une lutte insurrectionnelle (avec d’autres rebelles et revoltés qui ne sont pas des anarchistes), il n’y a aucun besoin de laisser nos idées et nos méthodes de lutte à la porte d’entrée de l’occupation, de la vallée, des mines, des forests, des quartiers. Dans ces temps obscures, ce sont certes des points de débat importants pour les anarchistes qui n’ont pas abandonnée l’idée de la révolution sociale. La quantité ne doit jamais l’emporter sur la qualité. Et la récherche de la qualité ne nous empêche en rien d’intervenir dans les rapports sociaux sur lesquels la domination est basée. Avec un peu de bonne volonté et le rejet radical de la politique, certains fausses oppositions qui gangrènent le développement d’une perspective révolutionnaire anarchiste n’aurait plus lieu d’être.

Mais il existe des fossés qui sont infranchissables. Celui qui s’y aventure quand même, fait un salto mortale. C’est un salto mortale de croire que éthique et stratégie peuvent aller ensemble. C’est un salto mortale de croire que hommes de pouvoir (politiciens, magistrats, représentants du savoir universitaire, chefs d’organisations politiques, experts, élus, prêtres,…) et autonomie de lutte sont complémentaires. C’est un salto mortale de croire que la conflictualité permanente n’exclut pas, toujours et partout, quelconque dialogue avec le pouvoir, aussi insidieux et camouflé qu’il soit. C’est un salto mortale de croire que la pratique du sabotage réquiert l’approbation d’une quelconque assemblée ou la légitimation par un Mouvement. Ces saltos mortales sont des poignards plantés au coeur de l’anarchisme, et on ne devrait pas se fatiguer de s’en défendre.

Quelques absents

[Reçu par mail, 17 janvier 2016]