Archives quotidiennes :

Une lettre de Lucile, enfermée à Fleury-Mérogis

Lettre de Lucile, compagnonne incarcérée à la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis depuis le 14 octobre suite à un contrôle de flics et des poursuites pour outrage.

Je suis enfermée à la MAF de Fleury depuis le 14 octobre dernier, en attente d’un report de comparution immédiate pour « outrage ». Mon procès est prévu pour le 25 novembre au TGI de Bobigny.

Je suis là parce qu’avec un ami nous avons été contrôlé·e·s sans raison (au faciès je dirais, si c’était nos couleurs de peau et non nos capuches qui étaient en cause) par une patrouille de flics excités par leur petit pouvoir. Considérant qu’on a le droit de se balader dans la rue la nuit sans qu’on nous pose des questions intrusives, qu’on nous bouscule et qu’on fouille nos sacs de force, on s’est opposé à ce contrôle. Cela nous a valu 48h d’humiliations, de tourtures psychologiques et de violences physiques en GAV au comico de Bagnolet. En ce qui me concerne, la justice a déjà donné sa bénédiction à mes bourreaux en continuant leur sale boulot d’étranglement de l’insoumission : non contente de m’envoyer en taule à cause des doutes sur mon identité, la juge a donné des directives pour me compliquer la vie ici (signalée comme « violente » par ses soins, je suis sous surveillance particulière).

Je ne suis pas surprise. Je sais comment se déroulent les jugements pour « outrage et rébellion » ou autres « violences sur agent » où c’est la parole des flics – qui veulent asseoir leur autorité et/ou arrondir leurs fins de mois et/ou camoufler des « bavures » – contre la nôtre. Je sais ce que vaut notre parole dans ces cas-là. Je sais que justice et flics marchent main dans la main pour nous mettre à genoux. Que la justice justifiera toujours la terreur semée par l’État au travers de ses larbins armés. Car, non, l’État n’attend pas des attentats pour terroriser sa population : morts sous les coups de la police, morts en GAV, morts en prison, morts aux frontières,… Sauf qu’effectivement lui il tire pas dans le tas, il vise les pauvres, les étranger·e·s, les insoumis·es…

Alors je ne suis pas surprise ou indignée par ce qui m’arrive et je n’attend rien de la justice. Contrairement à d’autres j’ai la chance d’être toujours en vie, entourée, et bel et bien debout. Ma détermination est intacte et je remercie tou·te·s celles et ceux qui m’ont exprimé leur solidarité, celles et ceux qui me soutiennent d’une manière ou d’une autre. Et j’ai une pensée pour tou·te·s celles et ceux anéanti·e·s par la brutalité de qui a le pouvoir et de qui veut le conquérir.
Et j’ai une pensée pour tou·te·s celles et ceux qui luttent au quotidien contre leur brutalité, pour un monde débarassé de toute domination, pour la liberté.

Avec rage,

Lucile.

Email de contact: 12octobre_AT_riseup.net

[Publié sur indymedia nantes, 21 novembre 2015]

[Paris/Montreuil] A bas tous les soldats !

tract distribué dans les rues de Paris et Montreuil

QU’ILS SOIENT DE DIEU OU DE LA REPUBLIQUE, À BAS TOUS LES SOLDATS !

Des hommes qui tirent froidement contre des gens sans défense et terrorisés, des avions qui bombardent des quartiers entiers, des hôpitaux, des écoles, des armées qui envahissent, pillent, violent. Ces sont des scenarios qui se reproduisent dans le temps et dans l’espace. On fait ça au nom de la Croix ou du Prophète, de la Race, de la Patrie ou de la Nation, de la Démocratie ou de la République. Pour justifier et légitimer ça, ces soldats qui tirent contre la foule, qui conduisent des avions ou qui guident des drones depuis leurs bunkers, ont étés éduqués à considérer la masse de gens à tuer, bombarder, comme des ennemis de la cause qu’ils défendent, comme des infidèles et des pervertis, comme des barbares et des sauvages. Les soldats agissent toujours au nom d’un ordre à défendre, l’imposer ou le défendre par la force est la raison de leur existence, leur éducation à la violence à toujours été accompagné d’une doctrine, d’une idée ou d’une religion. Ils ont appris à obéir et exécuter, sans hésitation, sans scrupule.

Éprouver soi-même, à Paris, l’effroi face à un carnage si systématiquement organisé, la terreur, le sentiment d’impuissance face à la loi des armes, la recherche désespérée des proches, la psychose,  c’est éprouver soi-même ce qui  est vécu par des millions d’autres hommes et femmes dans des nombreux autres endroits du monde, dans d’autres régions, villes et village. Que ce soit en Irak ou au Kurdistan, en Egypte ou au Soudan, en Syrie ou en Palestine, en Lybie ou au Mali, dans les rues d’Ankara ou de Kaboul… C’est la même terreur, produit de la même soif de domination, du même désir de pouvoir et richesse. 

Hommes en costard ou en tunique qui négocient dans des hôtels ou des restaurants de luxe, affairistes du pétrole ou du gaz, des armes ou de l’atome, de la pharmaceutique ou de l’agro-industrie, de l’immobilier ou de la drogue. Managers d’entreprises de prestige et boss mafieux, chefs d’états et cardinaux, imams et narcotrafiquants. Ces sont les grands patrons d’un monde fondé sur l’autorité et l’argent, un monde ou la plus grande partie de l’humanité vit dans la misère la plus totale. Ils se repartissent et ils se disputent tout ce qu’ils appellent « ressources », y compris des hommes et des femmes réduits à l’état de matières premières à exploiter. Ils disposent d’armées et des milices prêtes à imposer leurs intérêts, mais aussi d’armées d’ « experts » (scientifiques, ingénieurs, architectes, communicants, journalistes…) qui assureront le savoir-faire technique et fabriqueront le consentement et la légitimité dont ils ont besoin.

Aujourd’hui on les entend parler de Nation menacée, de Civilisation face à la Barbarie, d’Unité Nationale et d’autres conneries du genre, en même temps qu’ils proclament l’état d’urgence et qu’ils ferment les frontières aux millions des désespérées qui fuient la guerre et la misère qu’ils ont créés. Ils nous ont emportés tous et toutes dans leurs guerres. Le prix c’est notre vie même. Le prix c’est le contrôle qu’ils voudraient illimité par les flics et l’armée.

Restera-t-on toujours spectateurs ou victimes de l’horreur générée par les Etats (démocratiques ou pas, islamiques ou pas), les religions et le marché ?  Ou décidera-t-on de se battre partout et avec tous les moyens qu’on a pour se débarrasser définitivement du pouvoir et des ses armées, pour construire une société libre fondée sur les besoins et les désirs de chacun et chacune, sans chefs, ni patrons ni clergé aucun ? Révoltons-nous, ne cédons pas au chantage de la peur, refusons leur projet de guerre, rompons les rangs.

POUR LA VIE, POUR L’INSOUMISSION, POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE ! 

[Publié sur indymedia nantes, 20 novembre 2015]

[Belgique] Du dawa partout contre la maxi-prison !

A l’heure du début des travaux, l’Etat reste toujours bien décidé à réaliser son projet de maxi-prison. Il agite le spectre de la répression contre celles et ceux qui luttent. Il faut bien qu’il défende cet investissement gigantesque, faisant partie d’un plan plus grand encore d’une dizaine de nouvelles taules.

Son objectif est clair : enfermer toujours plus de gens pour toujours plus longtemps.

Ces mesures ne sont pas réservées aux seuls prisonniers du dedans. Dehors aussi, le serrage de vis se généralise : des conditions de survie toujours plus dures, des milliers de gens virés du chômage, de nouveaux uniformes qui pullulent, des caméras de surveillance à chaque coin de rue… La maxi-prison n’est que la cerise sur le gâteau.

Alors, quoi ? Soit on se laisse enfermer dans nos vies de merde, soit on s’attaque par les moyens qu’on estime pertinents à tous ceux qui sont en train de nous forger un quotidien de caserne : des constructeurs, architectes, ingénieurs et prestataires de service de la maxi-prison, jusqu’aux décideurs politiques qui en sont à l’origine, en passant par tous ceux qui se font du fric sur le business de la sécurité et de l’enfermement.

Mais aussi en perturbant leur ordre, en ajoutant notre touche de bordel à cette ville qu’ils voudraient policée et sans autre vie que celle de la marchandise.

Ce n’est pas en monnayant notre lutte pour quelques aménagements de façade que nous leur mettrons des bâtons dans les roues. En revanche ce qu’ils ont à craindre, c’est un mouvement qui leur échappe complètement, où de petits groupes, sans parti politique ni chef, décident par eux-mêmes où et comment attaquer.

Nulle recette, mais un mélange qui a un potentiel explosif : un foisonnement diffus et incontrôlable qui, par l’auto-organisation et l’action directe, pourra venir à bout des murs qu’ils nous imposent.

Déchaînons-nous contre tous ceux qui mettent des barreaux à nos vies !

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[Publié sur lacavale.be]