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[Publication] Recueil sur la lutte contre les prisons de type C en Grèce

Si la nouvelle loi sur les prisons de type C est une nouvelle offensive dégueulasse de ce monde carcéral contre l’irréductible esprit de révolte qu’aucune loi ni répression ne pourra jamais étouffer, elle n’est pas plus que cela. Sur le modèle des Quartiers de Haute Sécurité en France ou du régime FIES en Espagne, elle n’est qu’une pierre ajoutée à l’édifice de la lutte des autorités contre les prisonniers de la guerre sociale. Tout particulièrement dans un contexte comme celui de la Grèce, où la lutte armée et la proposition de l’attaque diffuse, permanente et décentralisée, obtiennent l’appui d’un mouvement large et l’approbation tacite de plusieurs parties de la population. Il s’agit aussi pour l’État grec d’une partie de son offensive contre le mouvement révolutionnaire et la révolte diffuse qui l’agite depuis les débuts de leur « crise » et un certain mois de décembre 2008. Ce qui nous intéresse ici n’est donc pas l’énième loi scélérate du pouvoir, mais le souffle de rage qu’elle a provoqué, qu’elle provoque encore et qu’elle provoquera probablement jusqu’à la destruction de son idée même.

Recueil de textes et communiqués a propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce – 68 pages – février-avril 2015.

Sommaire :

• Quelques chiffres p.3
• Carte des prisons grecques p.4
• Introduction p.5
• Quelques slogans entendus dans les rues de Grèce : p.13
• Contre les prisons de haute sécurité p.14
• Intervention dans la prison de Korydallos p.18
• Jusqu’à la destruction de la dernière prison… p.20
• Contre les prisons de type C p.22
• Communiqué des prisonniers de la taule de Koridallos p.25
• Première déclaration des détenus de type C p.26
• Deuxième déclaration des détenus de type C p.28
• Refus de remonter en cellule au bouclage à Koridallos p.29
• Troisième déclaration des détenus de type C p.30
• Grèves de la faim dans les prisons grecques p.31
• Déclaration de début de grève de la faim du DAK p.34
• Manif solidaire à Athènes p.39
• Déclaration du DAK p.40
• Les membres de la CCF mettent fin à leur grève de la faim p.43
• Appel international du DAK p.44
• Chronologie non exhaustive de luttes entre les murs p.47
• Chronologie récente à l’extérieur p.57
• Annexe : Pour en finir avec le Prisonnier Politique p.63

typeCgreece

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Pour plus d’informations et d’actualité en français sur la lutte contre les prisons de Type C et le mouvement anarchiste en Grèce, on pourra suivre en particulier les sites Non Fides et Contrainfo. On pourra également lire un texte dans le dernier numéro d’Avalanche.

Ravages Editions, 8 avril 2015

[Espagne/Opération Piñata] Réponse de quelques anarchistes d’une maison perquisitionnée

Sur les perquisitions et les arrestations du 30 mars. 
Réponse de quelques anarchistes d’une maison perquisitionnée lors de l’opération Piñata

carteloperacionpiataNous comprenons ce nouveau coup répressif de l’État comme une continuation des enquêtes qui ont commencé avec les filatures de cinq de nos ami-es et compagnon-nes, entre autres, Mónica et Francisco ㅡ ainsi que dans certains milieux libertaires et anarchistes de Barcelone ㅡ et qui se sont soldées par la prison préventive de ces deux dernières personnes, il y a déjà un an et demi. C’est ainsi que s’est close la première étape de l’enquête menée par le tribunal d’instruction numéro 6 de l’Audiencia Nacional [pôle national anti-terroriste], supervisée par le juge bien connu Eloy de Velasco. Un an plus tard, la suite, après des mois de filatures et d’écoutes, a été la réalisation de l’ « Opération Pandora« , menée par le corps de police autonome de Catalogne (Mossos d’esquadra). Elle a abouti à l’arrestation de 13 personnes à Barcelone, Sabadell, Manresa et Madrid, dont 7 compagnon-nes envoyé-es en prison préventive par le tribunal d’instruction n° 3 de l’Audiencia Nacional, et le juge Bermúdez. Ces compagnon-nes sont resté-es un mois et demi en régime FIES 3 dans la majorité des cas avec les restrictions correspondantes de l’article 10, avant d’être remis-es en en liberté sous caution fin janvier. 

Le lundi 30 mars, la police nationale, sur ordre du même juge Eloy de Velasco, a effectué 17 perquisitions, à Palence, Madrid, Grenade et Barcelone : au total 6 centres sociaux et 11 domiciles. L’“Opération Piñata”, telle qu’ils l’ont nommée, s’est soldée par l’arrestation de 37 compagnon-nes [1], 13 accusé-es de résistance et désobéissance et 11 autres d’usurpation (occupation, squat), qui ont été relâché-es entre lundi et mardi en attente du jugement.

Le mercredi 1er avril, les 15 autres compagnon-nes sont passée-es à disposition de l’Audiencia Nacional pour appartenance à une “organisation criminelle à finalités terroristes”. 10 ont été remis-es en liberté, également en attente de jugement, et 5 ont été envoyés en prison préventive.

Il ne nous intéresse pas de savoir combien d’opérations ils veulent lancer contre le mouvement anarchiste, il ne nous intéresse pas combien de noms de merde ils veulent utiliser pour les gros titres spectaculaires et accusatoires des médias.

Nous voyons trois étapes claires qui n’ont pas nécessairement été planifiées, mais dont le déroulement a permis la vague de répression suivante.

Lors du premier coup, le pouvoir recherchait les supposé-es responsables d’un fait concret, le placement d’un dispositif explosif. Le corps de police nationale a arrêté Mónica et Francisco ainsi que trois autres compagnon-nes. Vu le manque d’éléments, ils ont continué avec une enquête susceptible de relier ce délit spécifique avec un réseau plus large. Les GAC (Groupes anarchistes coordonnés) interviennent dans leur thèse comme un élément venant grossir l’affaire, peu importe la qualité des preuves.
C’est ainsi qu’on arrive au deuxième coup répressif : on cherche la « tête » de cette organisation, en arrêtant des compagnon-nes du mouvement anarchiste et proches de Mónica et Francisco.
Le troisième coup répressif attaque les liens de solidarité et de collaboration supposée aux faits [attaques explosives ; NdT] qui se sont produits dans les cathédrales de La Almudena et el Pilar, ainsi que (comble du ridicule) dans “des faits” non commis, tel qu’une soi-disant tentative d’attentat lors du couronnement du nouveau roi (selon la presse). L’“Opération Piñata” a été dirigée contre les compagnon-nes et ami-es proches des personnes arrêtées et emprisonnées lors de l’“Opération Pandora”.
Cela a été et c’est un message du pouvoir contre toutes celles et ceux qui comme nous maintiennent certaines idées et amitiés.

Esquisses sur le contexte répressif

La ligne d’attaque répressive utilisée par la justice de l’État espagnol est bien définie. D’un côté, depuis la fin de ETA comme bande armée [qui a officiellement déposé les armes ; NdT], ils ont le besoin structurel d’un ennemi interne pour garder un appareil répressif créé à cette fin et ainsi justifier leur salaire. Depuis, l’ensemble de cet appareil de poursuite, d’enquête et de condamnation, en apparence obsolète, a mis dans sa ligne de mire trois cibles : l’indépendantisme galicien, le djihadisme et l’anarchisme radical (comme ils le nomment). Tout cela se produit en même temps que des changements de lois dans un sens plus restrictif, des lois venant notamment frapper et condamner la protestation de rue et qui visent aussi désormais toutes celles et ceux qui peuvent réellement mettre en danger leur stabilité : les gens.

Dans ce sens, les événements de Paris ont représenté un pas supplémentaire pour que tous les États européens adaptent la démocratie à une nouvelle ère. L’État espagnol s’enorgueillit d’avoir la loi la plus restrictive de toute l’Union européenne en ce qui concerne le terrorisme : le chemin était déjà balisé, la structure continuait à fonctionner… Nous avons vu comment lors les derniers coups répressifs (surtout dans les affaires “Pandora” et “Piñata”), un des objectifs consistait à mettre sur le même plan des idéologies et des critiques généralement opposées [2], selon un stéréotype s’adaptant le mieux au modèle terroriste actuel.

Ainsi la presse se charge de mettre en première page l’arrestation de djihadistes (dont deux mineurs), celle d’anarchistes accusés d’appartenir à une bande terroriste, et celle d’un homme avec un arsenal à la maison ou de groupes d’extrême-droite, selon ce qui leur convient le mieux.

Au cours de cette dernière législature, le PP [Partido Popular, de droite au gouvernement ; NdT] et le PSOE [Parti socialiste ; NdT] ont identifié un problème pour l’avenir : le creusement des inégalités sociales qui pourrait bien leur amener des problèmes de stabilité. C’est pourquoi ils se sont empressés de promulguer un ensemble de lois telle que ladite « loi Mordaza » [Loi bâillon ; NdT].
Avec le taux de chômage qui s’envole et la “corruption” des politiques qui s’étale dans la presse, la perte de crédibilité de la classe politique pourrait évidemment créer des conflits sociaux.
Ce sont des temps de restructuration politique et par conséquent de restructuration répressive.
Dans ce sens, les partis politiques d’opposition jouent aussi leur jeu, en se positionnant contre cette loi, quasiment obligés à cela par le spectacle. Des gauchistes, qui réprimaient hier, se font aujourd’hui photographier au Parlement avec un bâillon sur la bouche, tentant ainsi d’attirer cette masse de gens “mécontents” qui ne croient plus dans les politiciens et leurs mensonges ; les gauches radicales, comme Podemos, Guanyem, ou la CUP… essaient aussi d’emporter le morceau des luttes sociales.
La dramaturgie démocratique continue. Chaque coup répressif est utilisé comme une distraction ou comme un élément supplémentaire pour remplir les urnes de quelque parti. En fin de compte, c’est le pain et les jeux.

Anarchistes, nous ne nous identifions à aucun parti politique, ayant ou pas une histoire à construire sur les piliers du capital, l’État, l’inégalité et la soumission sociale.
Nous ne nous identifions avec aucun mouvement social qui cherche la réforme de « telle » ou « telle » loi répressive, ou qui se manifeste violemment en quête de l’État-providence perdu. Nous n’avons pas l’idéologie du bosseur, content tant qu’il a du boulot, peu importe pour quel système il travaille.

Selon nous, la “loi Mordaza” n’est pas faite pour arrêter les anarchistes et les libertaires [3], dans la mesure où leur action dans la péninsule ibérique est extrêmement réduite ; nous comprenons cet ensemble de lois comme étant destiné à arrêter la [possible ; NdT] radicalisation des dits mouvements sociaux. Comme une assurance supplémentaire dont le pouvoir a besoin pour freiner la rage des gens dans la rue et dans leur communication. Car c’est là que l’histoire récente a montré que les chefs et les dirigeants peuvent perdre leur pouvoir démocratique et « horizontal ». Nous ne prétendons pas pour autant nous victimiser, ni utiliser cette stratégie de nous présenter comme étant « frappés par les nouvelles lois répressives » pour le simple fait de fraterniser avec les masses dans les rues. Si nous fraternisons avec les masses, c’est plus pour être complices de ces moments où la lucidité devient si simple et concrète, que la masse cesse d’être troupeau, d’être masse, pour se transformer en personnes pensantes qui répondent aux attaques quotidiennes de ce système économique et politique.

Il ne nous intéresse pas de savoir si l’enquête est menée par le corps de la police nationale ou par les Mossos, parce que peu nous importe ceux qui défoncent nos portes, nous soumettent dans nos propres maisons en pointant un flingue sur notre tête et celle de nos compagnon-nes.
Parce que la justice de la démocratie n’a qu’une seule logique, celle d’écraser toute dissidence qui remette en question leur pouvoir et leur manière de le maintenir.

Ils continuent tous à ne pas comprendre nos idées et les liens avec nos compagnon-nes, à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs murs.
Ils continuent à ne pas comprendre que nous ne légitimons pas leurs frontières …
Ils continuent à ne pas comprendre que plus ils font pression sur nous, plus nos idées sont fortes – plus nous nous renforçons. Plus ils tentent de remettre en question nos liens, plus nos ami-es et compagnon-nes seront proches et soutenu-es.

Ils essaient de nous effrayer, il dépend de toutes et tous que la peur change de camp. La répression que nous vivons aujourd’hui est la conséquence logique de nos désirs, de notre sens de la vie et de nos idées. Si leurs coups sont destinés à nous neutraliser et à nous maintenir en marge, le résultat obtenu est le contraire.

Nos compagnon-nes n’ont jamais été oublié-es, pas même une seconde, et malgré les coups répressifs et la dispersion [des prisonnier-es sur le territoire ; NdT], les ami-es n’ont jamais manqué pour aller aux parloirs, ils et elles ne sont jamais sorti-es de nos cœurs et y restent. Et même si demain ils expulsent nos maisons, il y aura toujours une place pour elles et eux comme pour chaque compagnon-ne.

Toutes celles et ceux qui se trouvent à l’intérieur des murs sont plus que jamais vivant-es dans nos cœurs !
Solidarité avec nos compagnon-nes, maintenant et toujours !
Salutation anarchiste !

[Traduit de l’espagnol d’Indymedia Barcelone par Cette Semaine]

Notes

[1] Il y a un problème avec le nombre des personnes interpellées, les informations là-dessus ne sont pas claires ; NdR

[2] Comme cette fine comparaison entre Al Qaïda et les anarchistes au moment de Pandora, ou d’ETA et des anarchistes lors de Piñata ; NdT

[3] Plusieurs textes solidaires, notamment d’organisations spécifiques anarchistes, ont en effet maladroitement posé que l’Opération Piñata était une des conséquences de la Loi Mordaza ; NdT

 

[Besançon] La guerre contre les yeux de l’Etat continue aux « 408 » – 6 avril 2015

Le quartier des 408 a pour la énième fois été privé d’électricité, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril 2015 à la suite d’actes de vandalisme.

Les délinquants s’en sont pris à trois reprises au coffret de dérivation qui alimente en électricité du quartier des 408 et de Velotte à Besançon. Ils ont incendié le coffret, obligeant les pompiers, les agents EDF et les employés municipaux à se rendre sur place pour circonscrire les incendies volontaires et réparer les dégâts.

L’électricité a été coupée le reste de la nuit, rendant inactives les caméras de surveillance du bloc d’immeuble des 408. Une nouvelle enquête a été ouverte pour identifier les vandales.

Leur presse – mapoubelle.info, 07/04/2015 à 12h02