Archives par étiquette : Paris

[Paris] Incendie solidaire avec les prisonniers anarchistes en Espagne …

Paris : ça sent le brûlé

Au petit matin du 27 mai ça sentait le brûlé du côté de Télégraphe. Une camionnette de J.C-Decaux est partie en fumée. Ils s’enrichissent avec l’embourgeoisement des villes et l’exploitation des taulards.

Solidarité aux compagnons emprisonnés lors de l’opération Pinata en Espagne. Solidarité avec Monica et Francisco.

Publié sur indymedia nantes, 28 mai 2015 à 16h20

[Paris] Deux soirées de discussion à venir à la bibliothèque ‘Libertad’ – Juin 2015

MERCREDI 3 juin 2015, 15h
Ni vérité ni justice !

La justice est à la fois une valeur et un rapport social. C’est celle des codes religieux et étatiques, et en même temps ce qui s’opposerait à l’injustice. Et qui pourrait bien être favorable à l’injustice ?

Par exemple, les réactions face à des assassinats policiers s’expriment souvent par un mélange ambigu, qui porte aussi bien la révolte sociale que des revendications de justice et donc de prison. Or, si pour nous les prisons sont à détruire parce qu’elles ne sont jamais une solution mais toujours un problème, pourquoi en serait-il autrement lorsqu’il s’agit de nos pires ennemis ?

Si l’on refuse le jeu de l’Etat avec ses notions de culpabilité et d’innocence, de peines et de réparations, comment déplacer le terrain de l’affrontement ? Quelles propositions imaginer, dans des situations comme les émeutes de novembre 2005 ou de Baltimore plus récemment, qui partent de la révolte contre certains aspects de l’existant ? Et comment y porter quelque chose de complètement différent ? Quelque chose comme un bouleversement complet des rapports sociaux, plutôt qu’une meilleure justice.

(Propositions de lecture :
* Chroniques sur les révoltes anti-police dans le Missouri et à travers les Etats-Unis (Août 2014/Mars 2015)
* La révolte incendiaire de novembre 2005 en France et l’hypothèse insurrectionnelle (2010)
* Pour régler les comptes (2000)

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JEUDI 18 juin 2015, 20h
Une histoire émeutière de l’Angleterre

Des luddites jusqu’aux émeutes de 2011, en passant par l’effervescence sociale des années 80 (gréve des mineurs, émeutes de Bristol, oppositions à la Poll Tax), l’histoire de l’Angleterre n’a pas été marquée que par l’avancée du capital, mais aussi par des révoltes sociales.

Discussion autour de diverses expériences et de ce qu’elles peuvent nous inspirer, aujourd’hui encore, avec un compagnon de passage.

(Propositions de lecture :
* We want to riot not to work (Brixton, 1981)
* Comme un été avec mille juillets (Manchester/Liverpool/Londres 1982)
* Nothing to lose (Bristol, 1986)
* Now war is declared, sur les émeutes anglaises d’août 2011 chez Ravages éditions, 48 p.

Sans titre-1bibliothequelibertad.noblogs.org

[Paris] Les RGS s’invitent à une perquiz’

Je me suis fait arrêter dans le 20eme arrondissement de Paris pour une arnaque au préjudice d’un grand magasin à hauteur de quelques centaines d’euros. La première partie de la garde à vue, c’est la routine de la « petite délinquance ».Les OPJ veulent que je balance mon chef, que je dise où je dors, m’expliquent que c’est la seule façon de m’en sortir. Ca ne fonctionne pas avec moi, rien à déclarer et refus de signer. C’est autant de temps de gagné. Puis vient l’audition, où l’OPJ réalise que je suis fiché au Fichier des Personnes Recherchées, fiche S04 : Sûreté de l’État. Étant anarchiste, pas de surprise… Changement de ton, qui se fera surtout sentir le lendemain, lorsqu’il m’apprend que la garde à vue va être renouvelée et que j’entends un appel de la SDIG(*).

Peu de temps après le renouvellement, en début d’après midi, devant la porte de la cellule, une vieille connaissance des RG parisiens : « Romano ! » ou « petites oreilles« , ou encore « tête de fouine« . C’est le RG en « milieu ouvert« , celui qui suit « l’ultra-gauche, les anarchos, les autonomes ». Il est présent à la plupart des manifs et des procès, et en plus fait du zèle. Il corrige les noms que les gens donnent aux CRS lors de contrôles d’identité collectifs, et participe même physiquement à des interpellations. Avec lui, un autre RG, « des bureaux » qui prétend s’appeler Faycal, m’est inconnu. Ils disent tous deux être RGPP (renseignement géneraux de la prefecture de Paris). Ils accompagnent deux OPJ, l’un étant en charge de ma garde à vue.

Étant SDF, je n’avais pas donné d’adresse, mais les grandes oreilles savent que je crèche chez une amie et la perquiz’ peut commencer. Officiellement ils sont là pour trouver des preuves que je vis ici, trouver des choses en lien avec mon affaire. Mais l’objet de la perquiz était tout autre, me tester, récolter un max d’info à partir de tout ce qui a pu être trouvé chez elle. Quand je dis tout, ils n’étaient pas à la recherche d’armes, de came, d’engins « incendiaires ou explosifs ». Ils ont épluché tous les écrits, photos, dessins, pochoirs, carnets, lettres, exhumé chaque tract pour les commenter et voir ma réaction.
Je n’avais qu’un carton d’affaires strictement à moi dans cet appart, ils l’ont à peine regardé. C’est toutes les affaires de mon amie, elle aussi fichée et bien connue des RG, qui ont été passées au crible.

Ils désiraient montrer qu’ils savaient plein de choses sur mon amie et moi, nos amis, différents groupes sur paris. Chaque remarque pouvait s’entendre comme une menace, comme une tentative de pression. Ils ont menacé de m’afficher en manif, genre « merci pour les pour les infos mon pote » tout comme ces mêmes flics ont tenté d’acheter d’autres camarades. Mais tout le monde sait ce que vaut la parole d’un flic : Bullshit !

Il faut préciser qu’à l’instar de nombreuses perquiz les flics-voleurs ne sont cette fois-ci pas repartis les bras trop chargés, ils ont juste collaboré fortuitement les uns offrant l’occase aux autres de remettre un peu à jour leurs fichiers
Nous ne sommes pas dupes que bien des infos glanées ici, ils les avaient déjà. Qu’une perquisition, bien qu’intrusive, n’en est pas moins banale, celles et ceux qui ne se soumettent pas aux lois de l’État et du capitalisme en font les frais bien souvent. Que les pratiques policières -légales ou pas-, des micros aux cameras, d’internet aux filatures, permettent de s’introduire dans nos vies depuis longtemps et plus insidieusement encore. Il ne s’agit pas de se plaindre en bons démocrates qu’ils n’avaient rien a foutre là pour une histoire autre. Tous les prétextes sont bons – liés a nos idées subversives ou aux différentes formes que peut recouvrir la survie en marge du salariat-, pour nous faire chier. Ils ne sont pas au bout de leurs emmerdes…

 Publié sur nantes indymedia, jeudi 30 avril 2015 à 17h18

(*) Sous direction de l’information générale, alors visiblement après toutes leur réformes , la SDIG n’existe plus mis à part à paris, nouveau nom des RGPP qui n’ont j’amais disparu. Elle a été remplacée par le SCRT en region.

[Paris] Inauguration de La Discordia – Bibliothèque anarchiste

Inauguration de La Discordia – Dimanche 10 mai 2015 – 18h

Venez découvrir la Discordia, en savoir plus sur le projet et discuter. Vous pouvez amener, si vous le souhaitez, à boire et à manger.

Le programme de mai 2015 est consultable ici

Le programme de mai 2015 est consultable ici

Présentations :

La discorde est une forme profonde de désaccord, un dissentiment violent qui oppose des personnes entre elles et les dresse les unes contre les autres. Ce que nous souhaitons encourager, c’est qu’elle les oppose plutôt à ce vieux-monde et à ses défenseurs, comme cela se manifeste déjà, ça et là, par de nombreux actes de révolte et d’insoumission. Il n’est pas question pour nous de jeter de l’eau sur les braises de ces révoltes, mais au contraire de jeter, comme la déesse Discordia, la pomme de discorde au milieu de cette société où les rapports marchands et répressifs semblent avoir pris le dessus sur l’entraide, la solidarité et la recherche d’une vie que l’on aimerait vivre. Aussi contre cette résignation diffuse et la recherche du consensus à tout prix –même au prix de l’apathie.

Hors de tous dogmes, et avec une perspective anarchiste, La Discordia est une bibliothèque qui entend nourrir un projet révolutionnaire par certains de ses aspects fondamentaux : la lecture, le débat, la théorie, l’écriture, le papier, la discussion. Un lieu où se retrouver pour partager des informations sur l’actualité du mouvement révolutionnaire et anti-autoritaire à travers le monde, pour confronter des idées, en découvrir, en creuser ; un lieu où la discussion n’est pas forcement synonyme de consensus, et n’est pas réservée à des spécialistes. C’est aussi un lieu physique pour sortir du tout virtuel, avec des débats de vive voix, en face à face et dans le partage. C’est des livres, journaux, tracts, brochures, affiches et autres documents, des archives d’aujourd’hui et d’hier pour contribuer à la transmission de l’histoire des luttes individuelles comme collectives. Tout ce qui pourra favoriser le développement des idées, en rupture avec l’État, la politique et le Capitalisme. Si Discordia a causé par son geste provocateur la Guerre de Troie, nous souhaitons par le notre modestement contribuer à la guerre contre toute autorité, en ajoutant du carburant pour sa pensée.

La Discordia est une bibliothèque autonome (et déficitaire), qui dépend aussi de votre soutien et de votre participation. Installée dans le Nord-Est de Paris, il s’agit de rendre plus visible et accessible une présence anarchiste encore discrète mais continue dans ces quartiers depuis plusieurs années.

N’hésitez pas à consulter le programme et le catalogue, et surtout à y passer pour emprunter des livres, travailler au calme sur des archives, y découvrir de nouveaux textes et brochures, fouiller la distro, déposer des publications, discuter, proposer quelque chose ou simplement passer quelques heures en dehors de la résignation généralisée.

Des livres, pas des flics !

ladiscordia(at)riseup.net

ladiscordia.noblogs.org

[Reçu par mail]

[Paris] Libération du sans-papiers arrêté et tabassé par les flics le 8 mars dernier à Barbès

[Mise-à-jour lundi 16 mars 2015]

Libération d’A. arrêté et tabassé à Barbès : comptes rendus d’audiences devant le TA et le JLD

Le dimanche 8 mars A. intervenait pour aider un jeune homme qui sous le porche d’un immeuble subissait des violences de la part de policiers du 18e arrondissement. Alors que le jeune homme réussissait grâce à cette intervention à échapper aux coups de ses agresseurs, A. a ensuite subi l’acharnement et les coups des policiers et après plus de 40 heures de garde à vue et un passage par l’hôpital a été envoyé au centre de rétention de Vincennes.

Alertés/es par plusieurs de ses amis, nous avons pris contact avec lui et sommes allés/es le soutenir lors de son passage devant le juge administratif le jeudi 12 mars après-midi puis devant le juge des libertés et de la détention le dimanche 15 mars.

Lors de cette dernière audience il a été libéré car la procédure présentait plusieurs vices de procédure (notamment les flics avaient « oublié » de lui signifier le prolongement de la garde à vue après 24 heures)

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[Barbès] “les flics m’ont rentré dans l’immeuble, ils m’ont mis une claque et m’ont frappé avec une matraque. Ils m’ont donné plusieurs coups sur la tête. Je perdais beaucoup de sang”

imagesÀ Barbès la pression des flics est toujours quotidienne. La Mairie et les investisseurs locaux voudraient que ce quartier deviennent le nouveau « lieu branché » de Paris.

La ré-ouverture du cinéma Louxor et la nouvelle brasserie qui va bientôt ouvrir ses portes en sont de bons exemples.

Les chantiers de construction de nouveaux logements en accession à la propriété se multiplient pour accueillir de nouveaux habitants plus riches et plus bobos.

La police quadrille les rues pour tenter de virer celles et ceux qui ne correspondent pas aux projets de ceux qui nous gouvernent : pauvres, biffins, sans papiers , etc.

La violence de la police est quotidienne lors des ces contrôles qui mènent bien souvent, sous n’importe quel prétexte, à une garde-à-vue et pour ceux & celles qui n’ont pas les bons papiers, au centre de rétention.

Dimanche 7 mars 2015 lors d’une énième opération de contrôle les flics du quartier ont arrêté A. après l’avoir tabassé. Il est aujourd’hui enfermé au centre de rétention de Vincennes et raconte comment s’est déroulée son arrestation et la garde-à-vue :

« J’étais à Barbès vers 18h, j’étais au snack. Après manger je suis sorti et j’ai vu trois policiers qui arrêtaient quelqu’un : ils l’ont rentré dans un hall d’immeuble, ils lui ont mis une claque, ils l’ont frappé avec l’électricité (taser) et l’ont gazé. Je me suis arrêté pour aider le gars. Les flics m’ont rentré dans l’immeuble, ils m’ont mis une claque et m’ont frappé avec une matraque. Ils m’ont donné plusieurs coups sur la tête. Je perdais beaucoup de sang. Après on est sorti de l’immeuble et j’ai crié que je devais aller voir le médecin, qu’ils m’avaient frappé, que j’avais mal. Il y a un commerçant qui vend des portables qui est sorti et qui a filmé. Les gens dans la rue étaient choqués, ils ont crié.

Les flics m’ont ramené à pied au commissariat de la Goutte-d’Or parce qu’ils disaient que j’allais salir la voiture.

Au commissariat ils m’ont encore frappé, mis des coups de pieds. J’étais allongé par terre et un policier mettait son pied sur ma tête. Tous les policiers rigolaient sur moi. Ils disaient que j’allais avoir des cicatrices toute ma vie, ils criaient «mort ». Ça a duré 30 minutes.

Il y a un gradé qui est arrivé j’ai demandé d’aller à l’hôpital. Les pompiers sont arrivés, ils étaient choqués de voir ça. Un pompier m’a dit qu’ils allaient m’amener à l’hôpital. Je suis resté avec eux dix minutes au commissariat et ils m’ont mis dans le camion. J’avais perdu beaucoup de sang. Les policiers sont venus avec nous, on était dans le camion mais on a mis du temps a partir.

À l’hôpital j’étais mal, j’ai été soigné. J’ai attendu le médecin, il était choqué. Il m’a mis des agrafes, 8 sur le crane et 7 sur la tempe. Ils m’ont donné un certificat et une ordonnance mais les policiers les ont pris.

Après je suis retourné direct en garde-à-vue. J’avais perdu beaucoup de sang, j’avais très mal. Il était 20h30. J’ai demandé des médicaments mais ils m’ont dit « attend ». J’ai demandé un avocat, un interprète, un médecin, mais rien. Jusqu’à 2h du matin, j’ai attendu pour avoir des médicaments. Là ils m’ont amené a l’hôtel-Dieu, il m’a donné 4 dafalgans.

Là-bas une infirmière était choquée que j’étais en garde-à-vue dans cet état. Après ils m’ont ramené en garde-à-vue.

Le lendemain un policier m’a auditionné. Les policiers ont marqué dans le PV que j’avais frappé les policiers dans le gilet par balle. Mais moi je l’ai pas frappé. Moi j’ai reçu des coups de matraque et ils ont dit que j’étais tombé tout seul pour les cicatrices. Mais comment on tombe deux fois sur la tête ? Ils ont fait que mal me parler. J’ai signé aucun de leurs papiers.

Après je suis retourné dans la cellule. La garde à vue devait finir à 18h30. J’ai tapé dans la porte de la cellule pour dire que ma garde-à-vue elle était finie. Ils ont voulu que je signe une feuille qui disaient que j’avais fini la garde-à-vue mais j’étais pas sorti encore alors j’ai pas signé. Ils m’ont dit qu’ils attendaient le procureur. Je suis resté plusieurs heures comme ça, mais ils m’ont pas dit qu’ils avaient renouvelé la garde-à-vue, personne ne m’a rien dit ou n’a ramené de feuille, jusqu’au lendemain à 11h.

Là un policier m’a dit « tu vas aller a Vincennes » J’étais content car je sortait du commissariat, j’en pouvais plus de rester dans le commissariat.

J’avais rien signé dans le commissariat. Là le policier a ramené les feuilles pour Vincennes alors j’ai signé car c’était un cauchemar le commissariat. Ils m’ont mis dans le camion de la police pour m’emmener a Vincennes.

Le policier qui m’a frappé, il a frappé un mineur avant qui habite à l’hôtel.

Mes affaires sont toujours avec le sang. C’était comme un robinet comment je perdait du sang. Toutes mes affaires sont salies avec du sang, les baskets, mon tee shirt, mon pantalon. Je vais passer devant le juge comme ça.

Là j’ai mangé un peu, j’ai récupéré un peu mais j’ai toujours des douleurs dans le crâne.

J’ai même pas eu un scanner, des fois j’oublie des choses, car j’ai pris des coups de matraque sur la tête et j’ai mal, j’ai eu que du doliprane. J’ai perdu plein de sang et de kilo pendant la garde-à-vue.

J’ai un film dans ma tête, tout repasse dans ma tête, j’arrive pas à dormir. Les policiers m’ont fait beaucoup de mal. »

Publié sur sans papiers ni frontières, 11 mars 2015

[Montreuil, 93] Fuck vigipirate !

Dans la nuit du 1 au 2 mars, rue de Saint-Mandé à Montreuil, une camionnette Eiffage Construction est partie en fumée.

Eiffage est une entreprise qui construit des prisons.

Ni le plan vigipirate ni la météo printanière ne nous ont dissuadés d’attaquer

Signé : Des giboulées enragées

Publié sur indymedia nantes, 3 mars 2015 à 11h24

[Publication] Lucioles n°21 – février 2015

Lucioles est un bulletin apériodique, on peut y lire des textes d’analyse et d’agitation autour de Paris (et sa région) et de son quotidien dans une perspective anarchiste. On y parle des différentes manifestations d’insoumission et d’attaques dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître et déceler des potentialités de rupture vis-à-vis de l’Etat, du capitalisme et de la domination sous toutes ses formes en essayant de les relier entre elles et au quotidien de chacun. Nous n’avons pas la volonté de représenter qui que ce soit, ni de défendre un quelconque bout de territoire en particulier qui n’est qu’un modèle réduit de ce monde de merde.

« Les lucioles on les voit parce qu’elles volent la nuit. Les insoumis font de la lumière aux yeux de la normalité parce que la société est grise comme la pacification. Le problème, ce ne sont pas les lucioles, mais bien la nuit. »

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Lire les articles du 21ème numéro de Lucioles

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Ni Dieux ni maîtres, encore et toujours !

another_myth_3_by_coalrye-d75wgdpDepuis ce matin du 7 janvier 2015, où douze personnes sont tombées sous les balles de deux fanatiques religieux ici même, en plein Paris, nous avons pu voir les brebis citoyennes trouver refuge dans l’asile sacré de l’appartenance nationale, et leurs bêlements être exploités par tous les politicards désireux de vendre leur soupe avariée démocrate et/ou sécuritaire. On crie à la défense de la liberté d’expression chère aux citoyens en tous genres. Mais que vaut-elle cette “liberté d’expression” si acclamée, et qu’aucun média ne permet de critiquer ?

Car c’est un pouvoir maintenu comme partout par ses flics en armes et ses tribunaux qui me donne ce droit, or le pouvoir punit et enferme tous ceux qui enfreignent ses lois, du fraudeur à la voleuse, de la prostituée au sans-papiers. Son hypocrisie ne l’élève pas au dessus des autres, il se trouve au même niveau que les partisans de la guerre sainte et il est tout autant notre ennemi. Comme toujours, des droits impliquent des devoirs, notamment celui de respecter des règles sous peine de sanctions. Aussi, je m’en fous de pouvoir m’exprimer si je ne peux pas agir en conséquence, car mes paroles ne sont alors que du vent, tout le monde peut dire ce qu’il veut mais la société continue son chemin comme elle est, dans la soumission passive ou active, éventuellement la dénonciation de principe mais toujours, dans les faits, l’acceptation. Être « libre » de s’exprimer mais enchaîné dans ses actes par les lois des codes pénaux, est-ce être libre ? L’« apologie » et l’« incitation » au terrorisme qui ont entraîné toute une flopée de condamnations montrent encore que le pouvoir peut toujours restreindre la limite des « libertés » qu’il accorde dès qu’il le souhaite. Non, nous ne trouverons pas de liberté dans la paix sociale qu’on tente de nous imposer, mais seulement dans l’accomplissement d’une volonté de vivre sans rien ni personne au dessus de nous, ni sur terre ni au ciel. C’est pour ça que nous ne pleurerons pas plus les trois flics que les trois fanatiques, car tous avaient décidé d’être au service d’un ordre supérieur et autoritaire dont ils croyaient exécuter la volonté, qu’elle prétende découler d’une parole divine ou de la raison d’État (en réalité l’intérêt des puissants régnant sur une partie du bétail humain nommée nation).

Très vite ils étaient des milliers en France et ailleurs à reprendre le fameux : « je suis Charlie » qui répondait au « j’ai tué Charlie ! » lancé juste après le carnage par l’un des tueurs. Mais que veut dire ce slogan au final ? Il s’agit d’un cri de ralliement derrière une République à laquelle on devrait obéir pour qu’en échange elle défende les droits de l’homme, comme la célèbre « liberté d’expression » pour laquelle ces personnes auraient été tuées. Ce slogan est rapidement devenu le symbole de la patrie ayant fait de ses morts des héros, pour lesquels il faudrait observer une minute de silence, la main sur le cœur, dans un sentiment solennel pour lequel nous n’éprouvons, nous, que de l’indifférence. Riches et pauvres, matons et voyous, religieux et athées ont mis de côté leurs différences et se sont attroupés en cortèges serviles pour ne reconnaître que cette effigie, ce mythe qui les fait se croire semblables parce qu’ils vénèrent le même drapeau. Si nous sommes attristés par la mort de ces personnes, elle ne nous touche pas plus que celles des milliers d’anonymes qui périssent loin de nos yeux sous les bombes, par les fusils, aux frontières et dans les prisons des plus grands terroristes au monde qui défilèrent en grande pompe le 11 janvier à Paris, place de la République.

Entre temps il y a aussi eu une prise d’otage dans une épicerie casher au cours de laquelle quatre autres personnes sont mortes. Mais elles, elles n’étaient pas Charlie, ce n’étaient pas des journalistes connus : ce n’étaient que des victimes de plus à rajouter à la liste des atrocités antisémites qui s’allonge depuis des siècles. Le danger des religions est dans leur essence même, dans le principe d’une vérité absolue et aliénante à laquelle on peut tout faire dire. Aussi, pour vaincre celles et ceux qui veulent convertir à coups de kalash, il faudra inciter celles et ceux qui croient en de telles vérités à les remettre en cause car il n’y a rien, dans ce monde ou en dehors, qui puisse nous accorder la liberté. Nous ne voyons pas d’autres manières d’y parvenir que par le combat contre tout ce qui entend nier notre individualité et donner un sens à la vie, contre ceux qui nous font miroiter un paradis en récompense de la soumission et de la résignation.

Nous ne voulons ni la « liberté d’expression » ni la liberté de culte, qui ne sont que des droits accordés par les puissants en échange de notre obéissance. Nous voulons la liberté entière, totale et indivisible. Nous voulons blasphémer contre toute autorité et détruire tous les pouvoirs, qu’ils résident dans les livres sacrés ou aux frontispices des États.

« On nous promet les cieux Nom de Dieu
Pour toute récompense…
Tandis que ces messieurs Nom de Dieu
S’arrondissent la panse Sang Dieu
Nous crevons d’abstinence Nom de Dieu…
Si tu veux être heureux Nom de Dieu
Pends ton propriétaire…
Coupe les curés en deux Nom de Dieu
Fout les églises par terre Sang Dieu
Et l’bon dieu dans la merde Nom de Dieu… »

(La Chanson du Père Duchesne, 1892.)

lucioles.noblogs.org

[Paris] Compte-rendu du procès pour un collage contre les flics à Belleville

Mercredi 21 janvier avait lieu au Tribunal de Grande Instance de Paris, le procès de deux personnes arrêtées lors d’un collage d’affiches pendant le mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse. Ils étaient poursuivis pour « provocation directe à la rébellion par la voie d’apposition d’affiches » et de « refus de se soumettre à un prélèvement biologique ».

A 13 heures 30, en plus des deux inculpés, une vingtaine de personnes étaient venues en solidarité pour assister au procès. Elles avaient dû préalablement se prêter aux contrôles de flics, à l’entrée du tribunal puis de la salle d’audience, encore plus poussifs depuis quelques semaines. Au moins deux paires de flics en civil étaient là comme d’habitude dès qu’il s’agit de procès de gens fichés, ainsi qu’un certains nombre de gendarmes pour « assurer la sécurité » du spectacle.

La juge appelle les deux inculpés à la barre une première fois, mais le numéro ne commencera pas tout de suite. La procureur, le midi même, a demandé à des flics de réaliser un PV supplémentaire sur les lieux de l’arrestation pour contrer certains arguments de la défense.
Deux heures et demi plus tard, l’avocate plaide la nullité sur l’illégalité du contrôle d’identité et de la fouille poussée qui a aboutit à la découverte des affiches poursuivies. La procureur conteste le premier argument avec les photos que viennent de prendre les flics. Il n’apparait pas de panneau d’affichage, et le collage ne peut donc être qu’illégal.

La juge ne se prononce pas sur la nullité, mais décide de quand même juger l’affaire.
Elle commence par interroger les prévenus sur leur situation sociale. Le fait qu’ils réussissent à payer un loyer avec leur seul rsa la rend suspicieuse. La précarité est une preuve de plus de culpabilité.

Elle lit ensuite longuement et en détail les différents PVs d’auditions des prévenus qui n’ont aucun intérêt puisque ceux-ci n’ont rien déclaré. Puis, après avoir lu le texte de l’affiche en question, elle les interroge sur le sens général du texte, sur ce que veut dire « nous n’appellerons pas au calme ». Les colleurs ne souhaitent pas s’exprimer sur un texte qui leur paraît suffisamment clair. Quand ils disent qu’ils ne veulent pas débattre dans un tribunal, la juge s’en étonne, chante un refrain sur la démocratie et la possibilité d’exprimer ses idées. Elle parle de « mini paranoïa » de la part des accusés et de l’indépendance des juges. Pour finir, elle rappelle la « personnalité » des prévenus, leur casier judiciaire, sans doute son meilleur argument. Les deux ont déjà été condamnés et ont des peines de sursis de un et de 24 mois. La première pour refus d’adn, le deuxième pour terrorisme « anarcho-autonome ».

Au moment du réquisitoire, la procureur assène aussi le couplet de son indépendance et dit le prouver en décidant de ne pas poursuivre les accusés pour le refus d’adn. Par contre, pour justifier la condamnation pour la « provocation directe à la rébellion », elle dresse un portrait précis des accusés. Comme elle n’a pas pu se faire une idée claire de leur personnalité puisque ceux-ci ne se sont pas prêtés au jeu, elle reprend le profil-type qu’on trouve dans les fiches de renseignement sur la « mouvance anarcho-autonome ». Elle finit par requérir pour la première la révocation de son mois de sursis ou bien 200 jours-amende à 10 € (au choix de la juge) ; et pour le deuxième, la révocation de six mois de sursis (soit de la prison ferme pour les deux).

A son tour, l’avocate souligne l’absurdité des réquisitions par rapport aux faits jugés et même par rapport à la peine maximum de deux mois encourue pour la « provocation directe à la rébellion ». Elle rappelle aussi que la procureur ne pouvait poursuivre les prévenus pour le refus d’adn puisque ces faits font justement partie des rares délits à ne pas rendre obligatoire ce fichage. Elle rappelle le contexte du mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse et demande si ce n’est pas plutôt cette mort qui provoque à la rébellion. Enfin, elle défend que les affiches jugées sont celles prises dans un sac lors de la fouille et non celles collées, et qu’elles n’ont donc pu être rendues publiques. Pour toutes ces raisons, elle demande la relaxe.

Pour finir, les accusés rappellent que le mouvement suite à la mort de Rémi Fraisse a réuni des milliers de gens à travers le pays. Des tas de manifestations, actions, assemblées ont eu lieu et des tas de tracts et d’affiches ont été collées ; qu’ils poursuivent aujourd’hui une affiche alors qu’ils nous rabâchent quotidiennement avec la démocratie et la liberté d’expression.

Le délibéré sera donné lundi 16 février 2015.

On continuera de coller.

On continuera d’exprimer nos idées en paroles et en actes.

Vive la rébellion !

L’affiche en question:

FlicsPorcs

 Le 6 novembre dernier à Belleville, deux personnes sont arrêtés pour un collage d’affiche appelant à une manifestation contre la police et le barrage du Testet. Elles passent en procès le 21 janvier prochain.

Suite à la mort de Rémi Fraisse le 25 octobre 2014, tué par la police lors de la lutte contre le barrage de Sivens, des mobilisations ont lieu partout en France.

Dès le début, le pouvoir fait tout pour étouffer et empêcher que ne se propage la révolte. Que ce soit par le biais de sa propagande relayée dans les médias, faite d’omissions volontaires, de manipulations et de mensonges plus ou moins grossiers ou que ce soit par le biais de la répression directe de toute action de solidarité.

À Paris, les premiers rassemblements ou manifestations, qu’ils soient déclarés à la préfecture ou pas, sont interdits et empêchés. À chaque fois, le dispositif policier est imposant, et vise à que rien ne se passe. Contrôles d’identité à la pelle : parce qu’on se rend à une manif, parce qu’on diffuse des tracts, parce qu’on porte un sac à dos… Garde-à-vue parce qu’on a un canif, ou parce qu’on refuse de donner son nom… Arrestations préventives injustifiées pendant presque 6 heures… Intimidations par des flics directement au domicile quelques heures avant une manifestation.
Il ne s’agit pas de s’en offusquer ou de crier au scandale. On sait à quoi on peut s’attendre du pouvoir ; on sait qu’il s’encombre de plus ou moins de précautions en fonction des personnes qu’il réprime et du contexte social.

Le 6 novembre à Paris, dans le quartier de Belleville, quelques personnes entament un collage d’affiches contre la police et appelant à une manifestation le 8 novembre. Arrive alors une camionnette de police de la BST. Deux flics en descendent et se dirigent vers deux colleurs. Ils semblent connaître le sujet de l’affiche et se montrent agressifs. Les deux sont embarqués vers le commissariat. Pendant tout le trajet, les flics les filment avec leur téléphone personnel et s’étonnent de leur refus de dialoguer. Au commissariat du 5ème, les copains se rendent vite compte qu’il ne s’agira pas d’un simple contrôle d’identité. Ils sont placés en garde-à-vue pour « provocation directe à la rébellion », en l’occurrence pour l’affiche. Les auditions s’enchaînent mais les poursuivis n’ont toujours rien à déclarer. Après 24 heures, et une « supplétive » pour « refus de se soumettre à un prélèvement génétique », ils sont envoyés au dépôt, avec le regret des flics de n’avoir pu prolonger la garde-à-vue (la prolongation est limitée théoriquement à des faits passibles d’au moins un an de prison). Après 20 heures, et un nouveau refus de prélèvement, ils finissent par passer devant un substitut du procureur qui leur remet une convocation pour un :

procès le 21 janvier 2015 a 13h30 devant le TGI de paris – 10ème chambre correctionnelle 1.
pour provocation directe a la rébellion
pour refus de prélèvement biologique.

Plus de 40 heures pour un collage d’affiches. Il est clair que l’intention est d’intimider et que la garde-à-vue est utilisée ici comme une punition en soi. Les procureurs font leur petite cuisine juridique et cherchent les articles et les astuces pour prolonger les délais, pour nous fatiguer et nous garder le plus longtemps possible enfermé.

On se laissera pas faire, on lâche pas l’affaire !

[Source : Paris-luttes.info.]

[Paris] Compte-rendu du procès contre deux compagnon-ne-s arrêté-e-s lors d’une diff’ à Belleville

luluLe 14 janvier 2014 a eu lieu le procès des deux compagnon-ne-s arrêté-e-s le 27 octobre dernier à Belleville pendant une distribution du journal Lucioles n°19 : le motif de l’arrestation était celui d’ »injure publique » liée aux propos du bulletin (plus précisément l’article « Maïs chaud et harcèlement de rue à Belleville »), mais c’est le refus catégorique de donner leurs empreintes et photos qui est resté le seul chef d’inculpation de leur garde-à-vue de 24h suivie d’un déferrement au TGI de Paris. Une garde à vue où les compas n’ont pipé mot bien sûr.

Le procès, qui s’est déroulé sans leur présence, a tourné court puisque le dossier était « vide » (aucune déclaration des inculpé-e-s) et surtout, une bonne chose à savoir, on ne peut pas légalement être condamné pour un refus de signalétique s’il n’y a pas de poursuites pour le délit ayant motivé la prise d’empreintes/photos. Une procédure pour injure publique n’ayant même pas été entamée, juge et procureur étaient donc à l’unisson sur la seule issue possible : la relaxe.

Retenons cependant que les flics ont tout de même essayé de mettre la pression sur les compagnon-ne-s par une garde-à-vue pour une « simple » diff : un moyen pour eux de tenter de décourager ceux qui veulent disséminer la révolte contre la guerre aux pauvres dont ils sont les nervis dans le quartier, à côté de l’autre face de la gentrification : rénovation urbaine, galeries d’artistes, participation citoyenne etc.

Faisons fi des bâtons qu’ils tentent de mettre dans nos roues, continuons à diffuser la guerre sociale !

Quelques contributeur/trices de Lucioles

Publié sur le nouveau blog du journal ‘Lucioles’, 22 janvier 2015