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[Leipzig, Allemagne] Précisions sur les émeutes de la soirée de vendredi 5 juin 2015

Mise-à-jour à partir d’un récit publié sur linksunten indymedia:

[Leipzig] Emeute dans le centre-ville

1538215055.previewComme en déduit en ce moment la presse à sensation, environ 120 personnes sont descendues dans les rues du centre de Leipzig. Cela a conduit à des attaques contre diverses installations municipales, le tribunal administratif fédéral, et en grande importance, contre les forces policières qui s’avançaient. Plusieurs porcs ont été blessés, trois de leurs véhicules détruits [1]. Justement en vue des manifestations contre-G7 en Bavière qui ont lieu en ce moment, ça montre que la contestation -qui est sérieuse – ne peut rentrer dans les règles du jeu des porcs. Il est parfaitement logique de choisir le lieu et l’heure pour une caractère antagoniste de sorte que les porcs ne puissent s’y adapter.

La proximité temporelle avec le sommet du G7 a peut-être été l’occasion de prendre la rue, mais en aucun cas la raison. Tant que l’ordre existant se basera sur l’exploitation et la concurrence, […] que les moyens de l’agitation nationaliste se consolideront à l’intérieur, il n’y aura besoin d’aucune raison pour remettre en question les conditions. Est particulièrement cynique le hurlement de consternation rouge/vert à propos d’une « violence inouïe » (Burkard Jung, SPD), de la part des mêmes personnes qui mènent politiquement une forme de société violente, par les acteurs d’une politique qui laissent se noyer des personnes dans la méditerranée aux côtes de l’Europe.

Là où sont les démagogues hypocrites comme Merbitz, qui exigent maintenant publiquement un consensus contre « la violence de gauche » quand ses collègues maltraîtent les prochaines personnes dans une cellule de détention, ou le milieu de la société allemande, attisé à travers une mobilisation raciste, incendie le prochain foyer de réfugiés (comme dernièrement à Hoyerswerda) ?

A ce stade, salutations à toutes les personnes qui expriment énergiquement leurs intransigeances envers la société de marchandises. Pas de paix avec l’Allemagne !

(1) Contrairement aux rapports de la presse, le consulat général des Etats-Unis n’a pas été attaqué, ça s’est seulement passé en lien avec les affrontements avec les porcs allemands, qui se tenaient devant pour le surveiller.

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Sur la banderole est inscrit: « Troïka, G7, FRONTEX, Leipzig, Allemagne…CA NOUS FAIT CHIER ! Le révolte est à venir »

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9-16

Une centaine de personnes aux visages masqués a pris part à une émeute dans le centre-ville de Leipzig vers 22h30 vendredi 5 juin 2015. Des barricades de pneus enflammés ont été montées dans les rues de la ville. Des bouteilles de peinture et de verre , des pétards et feux d’artifice, ainsi que des pierres et cocktails molotov ont volé sur des bâtiments et des biens de l’autorité étatique (tribunal administratif fédéral, consulat des Etats-Unis, stations de transports, au moins trois véhicules de police qui ont été mis hors-service) et sur ses hommes de main (plusieurs flics disent avoir été blessés dans des affrontements sporadiques).Un bus pour le tourisme s’est fait démolir son pare-brise. Une personne a été interpellée.

La police suppose qu’il s’agirait d’une irruption sauvage en lien avec les actions et manifs contre le sommet du G7 qui se tient dans la ville d’Elmau (Bavière) dimanche 6 et lundi 7 juin 2015.

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[Reformulé de la presse allemande]

[Besançon] La ville-prison se perfectionne…

En visite à Besançon ce vendredi 5 juin 2015, le premier flic de France Cazeneuve a fait un rapide passage par le quartier Brûlard (les « 408 ») où il a tenu à rassurer les syndicats de flics en annonçant l’embauche de 12 flics nationaux pour septembre prochain. Pour venir à bout des révoltes urbaines, il a également annoncé la création d’une unité spéciale d’intervention qui sera formée dans la ville. Toute cette merde vient s’ajouter au 26 postes de flics municipaux supplémentaires, à la prolifération du système de vidéo-surveillance, etc…

Ci-dessous un article d’un journal reprenant la dépêche AFP:

Besançon Bernard Cazeneuve annonce la création de douze postes de policiers

Le ministre de l’Intérieur a annoncé, ce vendredi, à Besançon la création de sept postes de gardiens de la paix et de cinq postes d’adjoints de sécurité après des violences urbaines dans un quartier sensible de la ville. En déplacement dans le quartier dit des 408 à Besançon, le ministre a également fait part de la création d’une «Unité départementale d’intervention» dont la vocation sera d’intervenir en zone police dans les cas de violences urbaines.

Depuis la mise en place à l’été 2014 d’un système de vidéosurveillance entravant le trafic de stupéfiants dans le quartier des 408, les caméras sont régulièrement dégradées et les violences urbaines se multiplient. Début mai, trois hommes ont été interpellés et condamnés à des peines de prison ferme pour avoir jeté des projectiles sur des policiers et mis le feu à des poubelles au pied des immeubles du quartier.

M. Cazeneuve a dénoncé «des agressions, des heurts et des violences inacceptables», soulignant que «la République ne peut tolérer aucune zone de non-droit».

Le syndicat Unité-SGP Police FO a réclamé, dans un communiqué, encore «davantage de policiers», affirmant que «30 fonctionnaires font défaut au service depuis des années» à Besançon. Dans le contexte du «plan Vigipirate renforcé, les policiers bisontins sont au bord de la crise de nerfs, ont d’immenses difficultés à assurer à minima leurs missions de service public, et ne se sentent plus en sécurité», dit le syndicat.

Leur presse – l’alsace.fr, 05/06/2015 à 23h16

[Tourcoing] Emeute contre la police dans le quartier de la Bourgogne – 1er juin 2015

799771543_B975696521Z.1_20150602134042_000_GJQ4JS689.1-0.jpgUne partie du quartier de la Bourgogne à Tourcoing a connu un coup de chaud, la nuit dernière. Une dizaine de voitures ont été incendiées. Deux véhicules de police ont été visés par des jets de pierres et des cocktails molotov. Deux personnes âgées de 18 et 19 ans ont été interpellées.

Poubelles incendiées, détritus en flammes posés au milieu de la chaussée et qui obligent les automobilistes à slalomer, « check-point » improvisés, une dizaine de feux de voiture, un… une partie du quartier de la Bourgogne, à Tourcoing, a connu une nuit mouvementée. Une réaction « épidermique » en lien avec l’accident qui a coûté la vie au passager d’un véhicule après un refus d’obtempérer ? Pour l’instant, les autorités ne souhaitent pas relier les deux événements entre eux même si le drame reste, bien entendu, dans toutes les têtes.

Une voiture de police visée par des pierres et des engins incendiaires

Tout a débuté vers 22 heures, lundi soir, avec la tentative de contrôle d’un automobiliste par un équipage de CRS circulant en voiture sérigraphiée. L’homme prend la fuite avant d’être finalement interpellé rue Vandendriessche, à Tourcoing (Bourgogne). L’automobiliste contrôlé ameute des habitants. Une vingtaine d’individus apparaissent alors pour défendre les occupants du véhicule contrôlé, et lancent des projectiles sur les policiers. Insultes, jets de pierres, jets d’engins incendiaires. Plusieurs impacts ont été répertoriés sur le véhicule de service. Les forces de l’ordre sont obligées de battre en retraite. Si personne n’est blessé, personne n’est interpellé.

Station de métro fermée et bus visée par des pierres

C’est le début de trois heures de tension, sur un périmètre assez restreint, autour de la place de la Bourgogne et des rues du Maréchal-Juin et du docteur-Schweitzer. À 22 h 30, rue du docteur-Schweitzer, un bus Transpole est visé par des jets de pierres : une vitre est brisée sans faire de blessé. La ligne de bus a été déviée jusqu’au matin. La station de métro « Bourgogne » est restée fermée durant les événements.

Une cinquantaine de jeunes viennent en découdre au poste de police

Un peu plus tard, vers 0h30, à proximité d’un poste de police du quartier, des policiers qui revenaient pour s‘équiper contre les « violences urbaines » sont une nouvelle fois visés par des jets de pierre. Une cinquantaine de jeunes viennent alors au contact des policiers, mais ils sont repoussés par les CRS venus en renfort.

Deux jeunes de 18 et 19 ans interpellés en flagrant délit

D’importantes forces de police ont été mobilisées pour tenter de ramener le calme. Celui est revenu aux alentours de 1h30. La Bac départementale, en planque près d’un parc, a interpellé deux individus âgés de 18 et 19 ans qui venaient de briser les vitres d’une voiture en stationnement sur un parking avant d’y mettre le feu. Ils ont été placés en garde à vue dans les locaux du commissariat central de Tourcoing. Un autre a été arrêté pour outrage. Il est également en garde à vue.

Selon la DDSP, on évoque « officiellement » deux voitures brûlées rue du Monseigneur Leclerc et rue de Bottrop. Une tentative d’incendie de véhicule rue Charles-Quint. Officieusement, on évoque une dizaine de voitures incendiées durant toute la soirée, sur le secteur de la Bourgogne. La DDSP recense également sept containers poubelles brûlés rue Schweitzer et rue du Caporal-Delroeux.

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La voix des flics du nord (Vincent Depecker), 02/06/2015 à 13h41

[Gorleben, Allemagne] Emeute contre le nucléaire et son monde – 23 mai 2015

AntiNuke1Vendredi 22 et samedi 23 mai 2015, des organisations anti-nucléaires et partis de gauche ont réuni près de 2000 personnes à « un festival culturel de résistance  » contre le transport des déchets nucléaires.

Mais cette mobilisation pacifiste devant le désastre de ce monde nucléarisé n’a heureusement pas été de tout repos pour les larbins armés de l’Etat et les organisateurs de ce festival citoyen.

Près de 300 manifestant-es cagoulé-es se sont affronté-e-s à la nuit tombée avec les flics à l’aide de feux d’artifice. Un bleu a été blessé à un oeil par un lancé de bombe de peinture. Des équipements techniques et installations ferroviaires ont été incendiés. Les émeutiers ont sérieusement endommagé une clôture de 150 mètres de long, détruit des véhicules de police…

Sans surprise, les organisateurs de l’évènement n’ont pas tardé à se dissocier clairement des opposants qui ont opté pour l’attaque contre les infrastructures de l’énergie atomique et de ses défenseurs. Cela juste après que le ministre de l’intérieur de Basse-Saxe Boris Pistorius (SPD) ait condamné les violences en déclarant – sans blague – que « cela a été une pure haine de la police et un vandalisme aveugle sans tenir compte des dégâts« .

Reformulé de la presse allemande, 24 mai 2015

[Paris] Deux soirées de discussion à venir à la bibliothèque ‘Libertad’ – Juin 2015

MERCREDI 3 juin 2015, 15h
Ni vérité ni justice !

La justice est à la fois une valeur et un rapport social. C’est celle des codes religieux et étatiques, et en même temps ce qui s’opposerait à l’injustice. Et qui pourrait bien être favorable à l’injustice ?

Par exemple, les réactions face à des assassinats policiers s’expriment souvent par un mélange ambigu, qui porte aussi bien la révolte sociale que des revendications de justice et donc de prison. Or, si pour nous les prisons sont à détruire parce qu’elles ne sont jamais une solution mais toujours un problème, pourquoi en serait-il autrement lorsqu’il s’agit de nos pires ennemis ?

Si l’on refuse le jeu de l’Etat avec ses notions de culpabilité et d’innocence, de peines et de réparations, comment déplacer le terrain de l’affrontement ? Quelles propositions imaginer, dans des situations comme les émeutes de novembre 2005 ou de Baltimore plus récemment, qui partent de la révolte contre certains aspects de l’existant ? Et comment y porter quelque chose de complètement différent ? Quelque chose comme un bouleversement complet des rapports sociaux, plutôt qu’une meilleure justice.

(Propositions de lecture :
* Chroniques sur les révoltes anti-police dans le Missouri et à travers les Etats-Unis (Août 2014/Mars 2015)
* La révolte incendiaire de novembre 2005 en France et l’hypothèse insurrectionnelle (2010)
* Pour régler les comptes (2000)

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JEUDI 18 juin 2015, 20h
Une histoire émeutière de l’Angleterre

Des luddites jusqu’aux émeutes de 2011, en passant par l’effervescence sociale des années 80 (gréve des mineurs, émeutes de Bristol, oppositions à la Poll Tax), l’histoire de l’Angleterre n’a pas été marquée que par l’avancée du capital, mais aussi par des révoltes sociales.

Discussion autour de diverses expériences et de ce qu’elles peuvent nous inspirer, aujourd’hui encore, avec un compagnon de passage.

(Propositions de lecture :
* We want to riot not to work (Brixton, 1981)
* Comme un été avec mille juillets (Manchester/Liverpool/Londres 1982)
* Nothing to lose (Bristol, 1986)
* Now war is declared, sur les émeutes anglaises d’août 2011 chez Ravages éditions, 48 p.

Sans titre-1bibliothequelibertad.noblogs.org

Tous en rang ?

1-160Pendant qu’en Italie les mass-médias se plaignent parce que quelques heures de rage contre des banques, des magasins et des voitures dans quelques rues de Milan auraient « détruit la ville » en ruinant l’inauguration d’une Expo où les responsables de la faim dans le monde —gouvernements et multinationales— se sont donnés rendez-vous pour discuter de comment combattre la faim dans le monde (par un suicide collectif des classes dirigeantes ?), en Belgique les journalistes ont commencé à sonner à leur tour l’alarme. Au début de la semaine, leurs lecteurs ont en effet pu apprendre qu’ « en ce moment, un groupe particulièrement actif sème la terreur à Bruxelles« .

Belle trouvaille, dira-t-on. Tout le monde sait que la capitale belge héberge le siège du Parlement européen. De là partent les lois pour contrôler et réprimer et exploiter. Mais non, ce n’est pas de cela qu’ils sont en train de parler. Les hommes de pouvoir en costard cravate sont bons, ils ne sèment que de la sympathie. Ah, ok, on a compris. Il s’agit de l’OTAN, dont le quartier général se trouve lui aussi à Bruxelles. De là partent les ordres pour envahir et bombarder et massacrer. Tu parles, ce n’est pas non plus de cela qu’ils sont en train de parler. Les hommes de pouvoir en tenue camouflage sont bons, il ne sèment que la démocratie.
Ben oui, le problème est ailleurs, disent-ils, bien plus terrible : « les anarchistes veulent créer la panique en Belgique« . Des gens terribles, vous savez. Ils protestent contre la construction d’une maxi-prison à Haren (prévue pour accueillir 1200 « hôtes », la plus grande du pays), et ils en ont même après « la police et autres symboles de l’Etat« . Les enquêteurs les soupçonnent de ne pas mendier des droits citoyennistes et de ne pas planter des patates zadistes, mais d’être les auteurs d’une longue série d’actions qui frappent depuis quelques années les entreprises qui se sont adjugées les appels d’offres pour la construire. Il paraît même qu’ils se désintéressent des ménagères et des mamans avec poussette, mais sont solidaires avec différents galériens, dont les plus célèbres braqueurs de banques du pays. Et il est dit qu’ils veulent rendre les quartiers les plus chauds de Bruxelles « incontrôlables » et pas plus tranquilles : plutôt que d’ouvrir des cantines ou des dispensaires populaires pour rassasier et soigner les pauvres —l’Etat ne peut pas penser à tous, il faut bien lui filer un coup de main !—, ils osent ouvrir des bibliothèques subversives et des points de rencontre pour les ennemis des prisons. Et qu’ils diffusent de toutes les manières possibles leur propres idées anarchistes singulières, plutôt que de répéter en choeur celles plus démocratiques. Et que comme des Franti (1), ils rient à la nouvelle de la mort d’un maton.

C’est contre ces canailles si irréductiblement différentes des personnes comme il faut que les journalistes belges sont en train de hurler, lâchés comme des chiens par leurs patrons engagés dans une partie de chasse. Il est probable qu’un jour ou l’autre on entendra les premiers coups de feu. Se perdront-ils dans l’ombre ou atteindront-ils la proie ? En Belgique, comme en Italie, comme dans le reste du monde, le parti de l’Ordre est en train de se mobiliser pour en finir avec tout souffle de liberté. Mais comme nous l’apprennent les anonymes saboteurs belges : « dessine des cages, récolte notre rage« .

Traduit de finimondo par brèves du désordre

NdT:
(1) Personnage du roman pour jeunes Cuore, de Edmondo De Amicis (1886). Franti est le mauvais élève de la classe issu d’une famille très pauvre, celui qui jette des cailloux dans les fenêtres et rit à la mort du Roi (« Uno solo poteva ridere mentre Derossi diceva dei funerali del Re, e Franti rise »).

« Bibi, fais attention, Baltimore arrive en Israël ! »

Avec les juifs éthiopiens de Tel Aviv

Protesters, whom are mainly Israeli Jews of Ethiopian origin, run away as a policeman on a horse tries to disperse them during a demonstration against what they say is police racism and brutalityVous êtes arrivés en Israël au milieu des années 1980, et pour l’heure, 38,5 % des familles venues d’Ethiopie vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre une moyenne de 14,3 % pour l’ensemble des juifs israéliens. Vous n’êtes que 2 % de la population israélienne, et pourtant vous êtes 40 % des détenus. On vous appelle péjorativement les « Falashas ». Depuis votre petite enfance, vous subissez les railleries, les coups et la violence morale parce que votre couleur de peau n’est pas la même. Parce que vous seriez de « mauvais israéliens » et de « mauvais juifs ». Mais ces derniers jours, vous n’êtes plus de simples dommages collatéraux des vieux rêves du mouvement de « libération nationale » sioniste ou des expansionnistes de la droite israélienne d’aujourd’hui, vous n’êtes plus des victimes, vous avez blessé une cinquantaine de flics, attaqué la mairie avec des pierres, malgré le fait que la police montée tirait des grenades assourdissantes pour vous disperser et protéger la mairie de Tel-Aviv, vous avez bloqué l’une des autoroutes principales du pays. Ce ne sont pas tant les gestes qui comptent, mais votre détermination à sortir du silence dans lequel vous maintiennent les nationalismes, le capitalisme et ses déterminismes divers.

Le ministre de l’intérieur (Yitzhak Aharonovitch), a expliqué que disperser les « émeutiers » était compliqué, car il n’y avait pas de chef à qui s’adresser, et c’est là toute votre force et votre courage. Les gauchistes vous ont déjà abandonnés avant même de vous avoir soutenu [1] comme dans tous les cas de révoltes sans chef à travers le monde. Il y a bien quelques chefs auto-proclamés de la communauté juive éthiopienne pour condamner les émeutes et parler d’une conspiration des « anarchistes » [2].

C’est une vidéo [3] qui a mis le feu aux poudres et vous a jetés dans les rues par milliers, on y voit un soldat israélien d’origine éthiopienne se faire tabasser sans raison (et sans se laisser faire) en pleine rue par deux policiers racistes testant leur Krav Maga. Des images qui ont enflammé la rue comme d’autres ont enflammé les rues américaines ces derniers mois. Des images qui renvoient à un quotidien de racisme et d’exploitation que subissent aussi de nombreux non-juifs : arabes israéliens, migrants d’Asie et d’Afrique subsaharienne.

Comme à Ferguson et Baltimore récemment, vous avez décidé d’arrêter de subir en silence et dans la honte. Munis de votre courage vous avez affronté la police du régime qui vous opprime après vous avoir « accueilli », vous avez affronté la honte dans laquelle ils voudraient que vous vous noyiez. Comme à Ferguson et Baltimore récemment, vous avez tenté de récupérer votre dignité, avec rage et nous l’espérons, avec espoir.

Pour une fois qu’en Israël on imite les États-Unis pour autre chose que pour la connerie flagrante de ses dirigeants (et de leur militarisme démocratique) et d’une bonne partie de la population… Il y a de quoi se réjouir, il y a de quoi trouver encore un peu d’espoir, que l’on pourra ajouter à l’espoir que représentent chaque jour celles et ceux qui refusent de servir dans Tsahal [4], celles et ceux qui chaque jour, individuellement, se révoltent contre le régime militariste et colonialiste israélien ainsi que contre l’autorité palestinienne depuis l’intérieur.

Comme nous le disons souvent, nos révoltes font nos solidarités, et nos solidarités font nos révoltes. Nos cœurs sont avec vous, loin des leurs. Contre toute autorité, pour la propagation des révoltes.

6 mai 2015,
Des anarchistes.

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Notes

[1] Le NIF, par exemple, organisation plutôt ultra-gauche a sorti un immonde communiqué (en anglais) pour nier sa participation…

[2] En Israël est considéré comme anarchiste tout ce qui est israélien, antisioniste et non arabe, notamment en raison de l’existence du groupe de gauche extra-parlementaire, les autoproclamés « anarchistes contre le mur », plus sociaux-démocrates qu’autre chose…

[3] Que l’on pourra regarder ici.

[4] On pourra lire par exemple la déclaration de désertion d’un jeune israélien que nous avions traduit ici : « j’appelle les soldats de base et les réservistes à refuser les ordres et à ne pas participer au massacre ».

 

1er mai à Seattle, Oakland et Montréal

Montréal.

« Une des premières soirées de beau temps de l’année a pris une odeur de gaz lacrymogène au centre-ville de Montréal vendredi où près d’une trentaine de manifestants ont été arrêtés au terme d’une soirée mouvementée.

Des affrontements entre policiers et manifestants ont donné lieu à deux souricières, des tables de pique-nique qui volent dans les airs et des cônes de signalisation lancés vers les agents.

Au total, les policiers ont procédé à 27 arrestations, dont une personne mineure, et 57 interpellations, dont deux mineurs. Les arrestations ont entre autres été faites pour méfait, voies de fait, agression armée et tentative de désarmer un policier.

Un agent a même été blessé au visage.

9fc532ab-1a20-40bf-ad1b-6dca34ed17a1_ORIGINALLa journée avait pourtant été ponctuée de multiples manifestations sans anicroche à l’occasion de la fête des Travailleurs. Enseignants, employés du secteur public et étudiants ont défilé dans les rues de façon pacifique.

Passants incommodés

Mais ça s’est corsé vers 19 h quand le rassemblement des manifestants anti-capitalistes au square Phillips a été déclaré illégal.

Les policiers de Montréal ont alors dispersé la foule. Ils ont notamment utilisé des gaz lacrymogènes sous les yeux des curieux qui profitaient tout simplement de leur vendredi soir au centre-ville. […]

Confusion

En effet, à chacune des manoeuvres policières de dispersion, les manifestants se sont scindés en plusieurs petits groupes pour se regrouper à différents endroits.

«Ce n’est pas une situation simple à gérer ce soir (en raison de la multiplicité des groupes qui se forment et se déforment)», a lancé l’agent Laurent Gingras.

À quelques reprises, les policiers ont complètement perdu de vue les groupes qui s’étaient formés.

On pouvait d’ailleurs voir dans les rues du centre-ville de Montréal des poignés de manifestants courant à toutes jambes, des policiers à leurs trousses.

Au plus fort de la marche, 2000 personnes étaient présentes. Une centaine de Black Bloc étaient parmi eux.

Pendant ce temps, des auto-patrouilles ont été vandalisées et des poubelles ont été lancées dans les rues.

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 Des vitrines de magasins ont volé en éclats dans les rues du centre-ville de Montréal.

Des vitrines de magasins ont volé en éclats dans les rues du centre-ville de Montréal.

Leur presse – agence QMI via journal de montréal, 01/05/2015

Plusieurs appels anti-police et solidaires avec les émeutiers de Baltimore ont été lancés par les anarchistes à l’occasion des manifs de ce 1er mai. La plupart ont eu lieu en soirée pour marquer les distances avec les marches citoyennistes et droitsdel’hommistes contre « la brutalité policière » ou encore des assoces de [défense] aux sans-papiers qui se sont tenues dans l’après-midi.

Seattle. En début de soirée, l’ambiance s’est réchauffée. Des façades de commerces ont été taguées, certaines ont eu leurs vitres détruites; les flics ont été attaqués à coups de bouteilles et de pavés, en en laissant trois blessés. Des véhicules ont aussi été pris pour cible, dont un des médias mainstream. Des poubelles ont été balancées à travers les rues, dont quelques-unes ont été incendiées. Au moins 15 personnes ont été arrêtées.

"Mets des ailes aux porcs"

« Mettons des ailes aux porcs »

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Oakland. En soirée; une manif pour Freddie Gray et en solidarité avec la révolte de Baltimore s’est ponctuée de nombreuses attaques contre des banques (Wells Fargo Bank, CityBank, Chase Bank..), des chaînes de restaurants (KFC entre autre) et commerces… Un concessionnaire  automobile ‘Hyiundai’ a également été ciblé, où 40 fenêtres de véhicules ont été détruites avec quelques départs de feu.

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Chase Bank

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KFC

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voiture partiellement incendiée

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A gauche, le KFC / à droite, la Wells Fargo Bank

A gauche, le KFC / à droite, la Wells Fargo Bank

[Baltimore, Etats-Unis] Couvre-feu et état d’urgence décrétés en réponse à l’intensification des émeutes – 27 avril 2015

bal-students-residents-clash-with-police-at-mo-034Lundi 27 avril 2015 avait lieu la cérémonie d’enterrement de Freddie Gray à Baltimore en fin de matinée. Malgré tout le travail des religieux d’en faire une marche blanche pieuse et silencieuse, la colère a rapidement pris le dessus. Tout serait parti d’un groupe de 70 à 100 adolescents provenant des quartiers populaires du nord-ouest de la ville, qui ont commencé à canarder les flics de projectiles en tous genres (qui ont été contraints de reculer), détruit des véhicules de police stationnés dans les rues à coups de battes de baseball. Mais cette fois-ci, la majorité a été incendié. L’émeute a atteint son apogée par la suite avec plusieurs pillages de magasins et une nouvelle fois du supermarché de la chaîne ‘7-Eleven’. Une pharmacie de la chaîne ‘CVS’ a aussi été dépouillée avant d’être incendiée. Lors de l’intervention des pompiers pour y éteindre les flammes qui en sortaient, un émeutier a foutu des coups de couteau dans les tuyaux d’arrosage, sabotant proprement leur travail. Au moins un centre commercial (situé à l’ouest de la ville) a été attaqué et pillé: à l’intérieur, il ne restait plus grand chose dans le magasin de chaussures ‘Shoe City’ et dans un magasin de jeux vidéo, qui a été livré aux flammes.

En fin de journée, le gouverneur du Maryland Larry Hogan a décrété l’état d’urgence et activé la garde nationale (5000 militaires) dans tout l’Etat.  Dans la foulée, des flics de Washington et de Philadelphie ont été appelés en renfort en prévision de la soirée et la maire a décrété le couvre-feu de 22h à 5h pendant au moins une semaine à compter de mardi. 15 flics ont été blessés, dont six sérieusement (deux qui ont du être hospitalisés).

De plus, des journaflics qui laissaient traîner leurs objectifs se sont mangés des coups de tatane dans la tronche: notamment ceux de ‘Fox News’, de ‘CNN’ (qui a déclaré: « j’ai le nez cassé et trois points de suture à la lèvre supérieure » en plus de s’être fait chourrave son téléphone portable), du ‘Washington Post’ et du Baltimore Sun . Un véhicule de CBS21 News a reçu des projectiles. Au moins 8 ont fait les frais de leur travail de flicage depuis samedi. D’ailleurs, un des laquais des flics a même rapporté un avertissement d’un émeutier: « arrête de prendre des photos ».

Dans le même temps, deux groupes de soutien à la police, des fachos de ‘Nation of Islam‘* et un autre s’appelant ‘Baltimore Anti-violence Movement’ discutaient tactiques afin de dissuader la population incontrôlable d’attaquer, essayant de stopper pillages, incendies et caillassages. En plus du fait de s’être mis sur la gueule entre eux, leur travail de flics n’a apparemment pas payé si l’on regarde ce qu’il s’est passé le reste de la nuit: un complexe immobilier récemment construit destiné aux personnes âgées a été détruit par les flammes; les pillages se sont poursuivis contre un magasin de ventes d’alcool ainsi qu’un service d’encaissement de chèques. Entre 27 et 47 personnes ont été arrêtées (les flics comptent sur les images prises par les caméras des journaleux pour choper les émeutiers).

Les pacificateurs semblent désemparés. Les autorités municipales et gouvernementales ont beau demander à chaque membre de la famille de Freddie Gray de lancer des appels au calme, rien n’y fait. Les gangs -notamment ‘The Crips’, ‘The Bloods’ et la ‘Black Gureilla’- qui habituellement se mènent la guerre entre eux se sont unis contre les flics, faisant redouter le pire aux autorités (notamment l’utilisation d’armes à feu).

De telles émeutes n’avaient pas été vues à Baltimore depuis avril 1968 à la suite du meurtre de Martin Luther King, qui avaient embrasé tout le territoire.

LES P.O.R.C.S

LES P.O.R.C.S

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Intérieur d'une bagnole de keufs

Intérieur d’une bagnole de keufs

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Pillage d'une agence de fric

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supermarché pillé

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Après le pillage, l'incendie

Après le pillage, l’incendie

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Que la peur change de camp....?

Que la peur change de camp….?

Une du 'Times Herald' le 8 avril 1968

Une du ‘Times Herald’ le 8 avril 1968

*Leur chef, Malik Shabazz, déjà présent et entendu samedi pour clâmer la « désobéissance civile » plutôt que « la violence », est également fondateur du ‘New Black Panther Party’, teinté de fondamentalisme religieux (islam en l’occurrence). Connu pour ses déclarations antisémites et racistes, machistes, conspirationnistes, il fait plus le buzz sur internet qu’il n’a de présence dans la rue. Et apparemment, la présence de son mouvement n’était pas désiré par l’autre groupe prônant la soumission. Il est intéressant de voir les religieux de tous bords (musulmans et protestants) totalement dépassés par le climat insurrectionnel qui règne. On ignore si certains d’entre eux se sont mangés des coups….

[Reformulé de plusieurs articles de la presse US, 27 & 28/04/2015]

[Baltimore, Etats-Unis] Vengeance pour Freddie Gray et tous les autres !

[Depuis quelques semaines, des manifs sont régulièrement organisées dans la ville de Baltimore (dans l’Etat du Maryland, située à près de 40 miles au nord-est de Washington) à la suite de la mort d’un homme, Freddie Gray, qui était en garde-à-vue. Il a subi plusieurs coups et blessures lors de son arrestation dans la matinée du 12 avril: celle-ci avait été filmée, ce qui n’a pas empêché les flics de le laisser crever sans appeler les médecins. Ce samedi 25 avril 2015 était prévue la plus grosse manif depuis la mort de Freddie et cette fois-ci elle a pris une tournure bien plus enragée au moment de la dispersion. La soirée s’est terminée par des destructions et pillages de magasins, d’attaques contre les flics et leurs véhicules avec l’arrestation de douze personnes aux alentours du stade de base-ball à la suite .

Le premier magasin pillé ‘7-Eleven‘ contenait de la bouffe et des boissons. Par la suite des flics se sont positionnés en ligne devant le magasin, tandis que d’autres commerces (dont un de téléphonie mobile) situés à proximité étaient à leur tour dépouillés. Plusieurs bars du centre-ville ont été pris pour cibles (Frank and Nic’s West End Grille, Dempsey’s Brew Pub & Restaurant à Camden Yards. Un magasin de fringues dans une galerie marchande a aussi perdu une vitre par un lancé de poubelles à Harborplace. Comme lors des émeutes à Ferguson, les autorités gouvernementales et municipales évoquent « des petits groupes de casseurs venus de l’extérieur de la ville » pour expliquer les émeutes.

Vers 22h le soir-même des émeutes, la maire de Baltimore a convoqué d’urgence une réunion à la mairie en compagnie entre autre d’un responsable religieux et de la soeur de Freddie Gray afin de lancer un appel au calme. Et d’annoncer que six flics de Baltimore ont été suspendus mais ils continueront à toucher leur salaire.A peine plus tard, lors d’une conférence de presse, le commissaire de police Anthony Batts a tenu à rassurer les riches en déclarant que 1200 flics ont été déployés à travers la ville. La carotte et le bâton, comme toujours.]

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Des violences éclatent lors d’une manifestation à Baltimore après la mort d’un Noir arrêtée

Des manifestants s’en sont pris samedi à des voitures de police et à des commerces dans le centre de Baltimore en marge du plus grand rassemblement organisé depuis la mort d’un jeune Noir, blessé lors de son arrestation.

Plus de 1000 personnes s’étaient rassemblées dans le calme pendant 90 minutes devant la mairie de Baltimore, pour réclamer que justice soit rendue pour Freddie Gray, 25 ans, décédé des suites d’une fracture des vertèbres cervicales une semaine après avoir été arrêté le 12 avril dans un quartier populaire de cette ville de 620 000 habitants.

L’ambiance s’est brusquement détériorée lorsque plusieurs dizaines de manifestants ont pris la direction du stade de baseball Camden Yards, une heure avant le début d’un match Baltimore Orioles-Boston Red Sox.

Des images tournées par des chaînes de télévision locales depuis des hélicoptères montrent des jeunes en train de jeter des bouteilles de soda et des canettes sur des policiers, le long du musée des légendes du sport et de la billetterie du stade.

«Les manifestants sont désormais en train de casser des fenêtres et de nous lancer des objets», a confirmé la police de Baltimore sur Twitter. «Nous demandons à tout le monde de garder son calme», a-t-elle ajouté.

commercante

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Des manifestants ont été vus en train de piller un dépanneur, de casser des vitrines et de bloquer des intersections. Une pierre a traversé la vitre de la voiture d’une automobiliste, a rapporté la chaîne WBAL.

Un photographe de l’AFP a assisté à la destruction des vitres de cinq voitures de police, avant que la police antiémeute n’intervienne.

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CDetc9sUEAAqqKIDeux personnes ont été arrêtées, a indiqué à WBAL le capitaine de la police de Baltimore Eric Kowalczyk.

Un autre porte-parole de la police a estimé que les violences étaient dues à des «poches isolées» d’individus.

Plusieurs enquêtes ont été lancées pour élucider les circonstances des blessures de Freddie Gray, dont une fédérale menée par le ministère de la Justice.

La police de Baltimore a convenu vendredi que le jeune homme aurait dû recevoir une assistance médicale aussitôt après son arrestation.

Les funérailles doivent avoir lieu lundi.

Ce décès est le dernier d’une série de bavures qui ont ravivé les tensions raciales ces derniers mois aux États-Unis et la polémique sur la brutalité policière, après la mort de plusieurs hommes noirs non armés.

Leur presse – AFP, 25/04/2015