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[Publication] Chronik, nouveau blog de brèves d’actions directes en Allemagne

A propos

Ce site a pour but respectivement de rassembler des brèves et récits d’actions directes en Allemagne en plusieurs langues au-delà du jeu de médiation des médias de masse. Il se doit de fournir une base de données ouverte, d’être une ressource pour toute action directe de confrontation avec l’Etat et le capital, contre tou-te-s se représentant-e-s.

Inutile de dire que nous nous efforçons de documenter les actions de celles et ceux qui commencent à agir dans la guerre sociale en cours, qui combattent activement pour surmonter les rapports capitalistes dans le but de parvenir à un monde libéré de l’exploitation, des rôles de genre merdiques, de la religion, des classes et des nations.

Nous voulons améliorer la diffusion de nouvelles de telles actions en Allemagne et ailleurs dans le monde: nous avons trop souvent constaté un énorme manque de connaissances de ce genre partout et à l’intérieur des frontières établies de l’Allemagne. Nous pensons qu’il est important d’améliorer la diffusion de telles nouvelles pour inspirer et montrer aux gens que la résistance est multiple, répandue et nécessaire à différents niveaux. C’est autant vrai ici que dans le reste du monde.

A une époque où internet occupe une place centrale et remplace souvent d’autres sources d’information telles que les revues et journaux auto-édités (qui sont des moyens plus intéressants qu’internet), nous avons décidé d’utiliser ce moyen pour atteindre un plus large public. Nous sommes conscients des limites de ce moyen.

Ce site internet est indépendant de tout groupe ou personne dont les actions seront publiées ici, et vice-versa. Pour contribuer avec une traduction, une suggestion, un lien ou autre, vous pouvez nous contacter.

chronik.blackblogs.org

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Bienvenue

molotovPlus de deux ans ont passé depuis que Til Schweiger [1] a obtenu par moyens détournés la fermeture [2] de directactionde.ucrony.net. Depuis ce moment-là, c’est plus difficile de se faire un aperçu – et de se donner certainement un peu de courage. Indymedia linksunten est utilisé et considéré par beaucoup en tant que plateforme, mais des textes publiés dessus aussi disparaissent dans des méandres de données sur les pages arrières. Des chroniques en ‘carnets underground’ ou des listages par thèmes créent un aperçu de temps en temps. Beaucoup de choses restent inaperçus, surtout sans lettre de revendication dans la foulée. Et le citadin reçoit à peine les nouvelles d’agitation qui se passent dans le pays et dans son propre environnement s’il ne prend pas la peine d’étudier les tabloïds et les dépêches des flics.

Surmontons l’isolement, créons des suggestions

Nous voulons, avec cet aperçu dénué le plus possible de toute norme, appeler à contrer l’isolement et l’impuissance éprouvée que l’on entend si souvent: beaucoup de choses se passent!
Comme c’était déjà le cas avec ‘direct action de’: ce site web est indépendant de chaque groupe ou personne dont les actions seront publiées ici, et vice-versa. Pour contribuer à une traduction, une référence, un lien, etc.., vous pouvez prendre contact avec nous.

Abolissons les frontières, surmontons les barrières linguistiques

Un des objectifs de notre blog se centrera sur les traductions. Contrainfo est sûrement pour beaucoup est est pour nous une ressource importante. attaque.noblogs.org de France est moins connu mais il a l’idée de rassembler des traductions en plusieurs langues avec un large panel d’actions et constitue un exemple. La façon dont seront remplies ici les catégories de langues étrangère dépendra de vous et de vos contributions !

Quelques remarques sur l’utilisation

Dans la colonne en haut à droite, vous pourrez sélelectionner la langue, en cliquant sur ‘English’, vous obtiendrez uniquement les traductions en anglais. Sur la page principale, vous trouverez des articles dans toutes les langues classés par ordre chronologique selon la date de l’action. La chronique en allemand sera un peu plus claire après avoir choisi la langue ‘Deutsch’ (tout en haut à droite).

En bas à droite se trouve de chaque côté une liste des lieux classée selon le nombre d’entrée. Pour filtrer selon les villes, cliquez dans le nuage du jour par exemple sur ‘Freiburg’ ou ‘Münster’ et vous obtiendrez une liste chronologique des nouvelles de la ville sélectionnée. Malheureusement, le choix de la langue et le filtrage par ville ne peuvent pas être combinés.

Dans le calendrier, vous pouvez sélectionner des jours séparés et vous font afficher par exemple seulement le 17 mars. Des jours avec des publications sont soulignés dans le calendrier.
Les contributions contiennent en partie des vidéos prélevées et autres petits détails de la presse, en plus des lettres de revendication, des informations de la police et des liens de la presse.

Vous pouvez nous écrire en passant par notre adresse mail ou notre formulaire de contact. Si vous ne retrouvez pas une action de 2015 ou ne trouvez pas une traduction ou une suggestion, écrivez-nous !

En vous souhaitant plaisirs, idées et force,

chronik.blackblogs.org

Traduit de l’allemand du texte de présentation et de bienvenue du site

NdT:
[1] Dans la nuit du lundi 25 mars 2013 à Hambourg, la maison de l’acteur allemand Til Schweiger a été attaquée avec des bouteilles de peinture et la voiture ‘mini-cooper’ de sa petite amie qui était garée dans la rue a été incendiée. Cette saloperie a été visée pour ses déclarations publiques et la réalisation de son film « Ange Gardien » qui glorifie les missions de l’armée allemande (‘Bundeswehr’) en Afghanistan. Plus de 140 civils avaient été tués lors d’un raid aérien de la Bundeswehr en septembre 2009 près de Kunduz. Le texte de revendication de l’action intitulé « Til Schweiger, vous n’êtes pas le bienvenu » se termine par « organisons l’attaque antimilitariste »

[2] A la suite de l’attaque de sa maison, Schweiger a fait fermer 21 sites, tous hébergés par ucrowny.net, et plentyfact collective qui lui fournit une aide technique. Sur la base d’un seul article publié sur directactionde.ucrowny.net (en l’ocurrence celui de l’attaque de sa maison), les avocats de cette crapule ont obtenu la fermeture de tous les sites. Le comuniqué de plentyfact collective est à lire en anglais et en allemand ici.

Contre les Etats et leurs frontières: révolution !

VsLesEtatsEtLeursFrontieres

L’hécatombe continue dans la Méditerranée. Des centaines de personnes meurent en essayant de la traverser, pour fuir la misère, les persécutions, souvent la mort (il y aurait eu 22000 morts depuis 2000, dont plus d’un millier juste cet été). Ici ils trouvent la misère, la persécution, parfois la mort, comme ceux qui, amassés par milliers à Calais, se font tabasser par les flics et parfois meurent en essayant de passer la frontière (11 depuis juin). À Paris, point de passage pour ceux qui tentent d’aller en Angleterre ou en Europe du Nord, point de chute pour nombre d’entre eux qui ne savent juste pas où aller, tous les rouages de l’État font leur sale travail, leur travail normal, pour chasser les immigrés sans-papiers, pour exploiter de façon efficace et rentable tous les pauvres (avec ou sans papiers), pour nous garder tous à nos places, laborieux et obéissants.

Ainsi, la Mairie de Paris a ordonné, à la fin de ce printemps, l’expulsion d’un campement de fortune du côté de La Chapelle où s’entassaient des centaines de sans-papiers. Bien sûr, la mairie de gauche a joué ses cartes démocratiques. La première a été celle de la charité : quelques chambres d’hôtel pendant quelques jours (puis retour à la case rue évidemment), pour se justifier devant une opinion publique citoyenne qui n’attend que ce type de justifications. Emmaüs et France Terre d’Asile ont bien joué leur jeu (rentable), en prenant en charge une partie de ces personnes. Mais la gestion de la misère est leur secteur d’affaire, et cela n’a rien à voir avec la lutte pour la fin de la misère. Puis, pour ceux qui sont restés à la rue et ont cherché une solution collective à travers différentes occupations de bâtiments, il y a eu toute la clique des partis de gauche : PC, Verts (qui au passage siègent à la mairie, celle qui les a chassés) et NPA. Ils sont venus se faire de la pub bon marché et faire leur éternel travail de gauche, c’est-à-dire dorer la pilule, faire des promesses, calmer la rage, propager la résignation.

Cependant, la carte la plus tordue que l’État (dans ses différentes composantes) a joué dans cette affaire a été celle de la division et de la récupération. Il s’agit de la carte de l’asile politique. Apparemment, nombreux parmi ceux et celles qui survivaient dans le bidonville de La Chapelle, pourraient avoir le droit à l’asile, arrivant de pays en guerre. De toute évidence, ce « droit » n’est pas garanti du tout et ressemble plus à un loto, payé par le calme de ceux qui le demandent. Mais ce miroir aux alouettes sert surtout à séparer les gentils réfugiés ayant droit à l’asile des méchants sans-papiers qu’il faut juste enfermer dans des Centres de Rétention puis bâillonner et charger dans un avion.
Il est tout à fait compréhensible que des personnes soumises au chantage de la survie quotidienne, face à la menace d’être réexpédiées vers l’horreur qu’ils ont quittée, s’accrochent à l’espérance de l’asile. Mais il faut garder la lucidité de comprendre que cela, même si ça peut être une solution partielle pour des cas précis, ne fait que renforcer la politique anti-immigration de l’État. Et malheureusement ça marche. Déjà le fait que les personnes que soutiennent les sans-papiers les appellent « réfugiés » et demandent leurs « droits » est le signe que tout se joue sur la reconnaissance de ces fameux « droits » de la part de l’État. Des droits qui seront payés par des devoirs et aussi par l’exclusion de tous ceux et celles, l’immense majorité, qui n’ont pas ces mêmes « droits ». Le pouvoir donne des miettes pour calmer quelques esprits et les distraire pendant qu’il enferme et expulse à tout va.

En voyant ce qui s’est passé entre La Chapelle, le Jardin d’Éole, la rue Pajol et maintenant le lycée de la rue Jean-Quarré (occupé par les sans-papiers et leurs soutiens), en voyant les rafles dans les rues tous les jours, la question se pose : qu’est ce qu’on peut faire, qu’est ce que je peux faire, moi, pour empêcher la chasse à l’homme ? De nombreuses « personnes normales » se sont senties interpellées par ce qui se passait, ont apporté du soutien pratique avec nourriture, vêtements, équipement, d’autres en aidant à l’occupation des lieux ou à leur gestion, etc. Cela est humainement louable, mais ce n’est pas la solution au problème de la chasse aux sans-papiers ni au problème de l’État (dont le premier problème fait partie).

L’État tue, à ses frontières comme en son sein, par la main de ses policiers, dans ses taules… Cette société fondée sur l’autorité et l’argent tue sur les lieux de travail, dans les maisons et aussi de façon silencieuse et inaperçue par la misère, l’abandon, l’atomisation. La seule vraie solution est d’affronter la racine de la question, de s’en prendre à l’État et à toute autorité, ici et maintenant, en refusant les fausses solutions qui ne font que renforcer sa prise sur nos vies.

Il y a quelques années, ici même, à Paris, l’opposition à l’enfermement et à l’expulsion des personnes qui n’ont pas les bons papiers avait pris la forme du sabotage des entreprises qui rendent possible l’existence de cette machine à expulser les indésirables. Constructeurs de CRA, banques qui balancent les sans-papiers, boîtes d’intérim qui les exploitent (qui nous exploitent tous), SNCF et AIR France qui organisent les déportations, les assos’ qui cogèrent les camps, tous ont été attaqués, ont perdu une partie de l’argent pour lequel ils participent au marché de l’expulsion. Cet exemple reste valide et actuel et ouvre un champ fertile à l’attaque de tous les aspects de ce monde morbide. Pourquoi ne pas tenter de l’explorer à nouveau ?

Même dans cette résignation généralisée, quand quémander des droits peut paraître une lutte, de petits exemples réchauffent le cœur. Début juin, rue Pajol, les sans-papiers et leurs soutiens organisent un rassemblement ; les flics sont présents en grand nombre et les encerclent. Des jeunes du coin, mus par une saine haine anti-police, commencent à sortir des barres de fer et à s’en prendre aux bleus. Oui, la révolte est toujours possible !

Comme le dit un des tags antiétatiques qui, dans le quartier de la Place des Fêtes, ont accueilli l’ouverture du squat de la rue Jean-Quarré : « Contre les États et leurs frontières, révolution   ! ».
[voir photo, prise dans les rues du 19e arrondissement]

Texte tiré du ‘Lucioles’ n°23 – Août 2015 / Traduction en anglais par Rabble / En allemand par Aus dem Herzen der Festung

Voir tous les articles du n°23 de Lucioles en ligne sur le site

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[Brochure] Interview de Nikos Romanos : « Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement »

Introduction

Nikos Romanos était un jeune adolescent modèle, bon élève issu de la bourgeoisie et fils de romancière à succés, jusqu’à ce qu’il assiste le 6 décembre 2008 à un événement traumatique. Son meilleur ami, le jeune anarchiste Alexandros Grigoropoulos (15 ans) tombe sous les balles de la police dans les rues d’Athènes et meurt dans ses bras, une balle dans le cœur. Un événement qui provoquera certaines des plus intenses émeutes urbaines dans l’occident du jeune 21e siècle, et Nikos est déjà en première ligne, le soir même, enragé, digne face au traitement médiatique (refus total), et respecté des compagnons malgré son jeune age. Au rythme du ressac du mouvement anarchiste grec, Nikos sera changé à jamais par cette expérience et se jettera aussitôt à corps perdu dans le combat anarchiste, jusqu’à son arrestation cinq années plus tard suite à un double braquage armé dans la région de Kozani. Torturé, accusé (et condamné) d’appartenance à la Conspiration des Cellules de Feu (organisation armée anarchiste-nihiliste), il nie tout en assumant la responsabilité des braquages (et de leur nécessité pour la diffusion de l’anarchie) dans une attitude conflictuelle face à la justice, comme ses cinq co-accusés : Giannis Michailidis, Dimitris Politis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Argyris Dalios et Fivos Charisis. Ils seront tous condamnés respectivement, le 1er octobre 2014, à une quinzaine d’années de prison ferme [1].

Aussitôt incarcéré, Nikos reprend ses études, il passe des examens scolaires et valide son entrée à l’université. Le ministre de la Justice décide de lui rendre visite en prison pour le féliciter et pour lui remettre un prix de 500 euros, mais Romanos refuse d’assister à la cérémonie, de rencontrer le ministre et il crache sur le prix. Ce pourquoi se vengera l’Etat plus tard : fin 2014, un large mouvement de solidarité émeutière et incendiaire s’agite lorsque Nikos entre en gréve de la faim pour protester contre la suppression de ses permissions éducatives. Après 31 jours, Nikos y met fin le 10 décembre 2014 après l’obtention du bracelet électronique pour les permissions éducatives [2]. Elles lui seront à nouveau refusées en juin 2015, lorsque le conseil d’administration de la prison de Korydallos rejette à l’unanimité la nouvelle demande d’un congé d’études, et propose à la place de « faciliter » ses études à distance, c’est à dire à l’intérieur de la prison.

Cette interview date de fin juin 2015. À la mi-juillet, les ministres de la justice et de l’éducation ont signé le décret d’application qui fait entrer en vigueur la réglementation votée en décembre 2014. La réglementation reste la même, à savoir que les détenus pourront suivre leurs cours avec le port du bracelet électronique s’ils ont effectué un tiers des cours. Des salles d’étude dans les prisons sont aussi prévues, où les prisonniers auront accès à internet (sous étroite surveillance, bien sûr). De plus, les demandes de permissions seront examinées par le ministère de la justice (aidé en cela par le ministère de l’éducation) dans le cas où elles seraient rejetées par le conseil de la prison (ce dernier étant composé du directeur de la taule, d’un procureur pénitentiaire et d’assistants sociaux).

Il faut préciser que lors de la grève de la faim de Nikos en novembre-décembre 2014 et celles des prisonniers révolutionnaires qui ont massivement suivies, Syriza a joué un rôle prépondérant dans le vote de cette nouvelle loi et a alors fait la promesse d’abolir les prisons de type C. Ces prisons ont été officiellement abolies après la lutte des prisonniers [3] qui y voyaient un enjeu majeur, mais dans les faits, elles sont toujours en place.

Tandis que Syriza continue d’exercer le pouvoir dans une coalition avec un parti de la droite dure (ANEL) malgré des attaques anarchistes répétées [4], comme à l’occasion du mouvement massif des prisonniers révolutionnaires contre les prisons de Type C, les prisonniers anarchistes continuent de foutre le bordel et de se révolter, avec un appui massif dans les rues de toute la Grèce. Nikos est aujourd’hui l’un des emblèmes de cette période complexe et agitée, et d’une partie du mouvement anarchiste qui se refuse à reculer face au bulldozer Syriza ou à céder aux sirènes du populisme.

Voici donc, traduite du grec du journal Hit & Run (mais ce sont les réponses qui nous intéressent), une interview de l’anarchiste Nikos Romanos dans le contexte de l’installation au pouvoir de la gauche dite « radicale » en Grèce.

Liberté pour tous et toutes.

Août 2015,
Ravage Editions.

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Dis-nous quelques mots sur ce qu’il advient de tes permissions éducatives, auxquelles tu as désormais droit selon la réglementation mise en place suite à ta grève de la faim en novembre-décembre 2014.

J’ai accompli le tiers des cours que prévoit la réglementation en question et j’ai fait la demande pour les permissions. À partir de là, commence un théâtre de l’absurde. Le conseil de la prison a jugé qu’il ne pouvait pas appliquer la réglementation puisque la décision ministérielle n’a pas été rendue et a donc envoyé la demande au juge d’instruction spécial E. Nikopoulos sur la base de l’ancienne loi. Nikopoulos a donné une réponse négative car la décision ministérielle n’a pas été rendue, et qu’il ne peut juger du bien-fondé de la demande alors que dès l’instant où la réglementation entrera en vigueur elle sera annulée. Sur la base de l’avis négatif de Nikopoulos, le conseil de la prison a aussi rejeté à son tour la demande puisque la décision du juge est obligatoire.

Face à ce putsch, Syriza, qui pendant la grève de la faim a fait de la prospection électorale et une exploitation politique brutale sur le dos des gens qui ont formés le mouvement de solidarité polymorphe, jouent le rôle de Ponce Pilate, comme leurs prédécesseurs. Sans que cela ne provoque bien entendu un quelconque étonnement, sachant que l’on parle de politiciens, c’est-à-dire d’ordures égoïstes, de politicards, d’opportunistes, d’hypocrites et de caméléons professionnels qui ont simplement porté le costume de l’humaniste pour servir des visées politiques précises. Il y a bien sûr des choses plus sérieuses à dire sur ce sujet, mais je l’expliquerai dans la question suivante. En ce qui concerne l’évolution de mon affaire, théoriquement, la décision ministérielle devrait permettre de mettre en vigueur la réglementation, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de chances que cela arrive.

Penses-tu que derrière ces « retards » sur le bracelet électronique il existe des considérations politiques ou un esprit de vengeance contre toi ?

Je pense que dans le cas présent il n’existe même pas de bracelet électronique, sachant que malgré tout ce que peut affirmer le ministère de la justice, nous qui sommes en prison savons qu’il n’y a pas un seul détenu dans aucune prison de Grèce qui n’ait été libéré de cette manière. De nombreux prisonniers viennent quotidiennement me parler de ce sujet, et ils se demandent tous pour quelle raison aucun d’entre-eux n’a jamais eu de réponse de la part des instances judiciaires. Parce que les détenus communiquent entre eux dans les prisons et se tiennent informés sur les sujets qui les concernent, je peux dire avec certitude qu’il n’y a pas un seul prisonnier qui a mis un pied dehors de cette manière. Puis-qu’évidemment, une telle nouvelle ferait scandale dans une affaire si médiatisée, le monstre en apparence sans visage de la bureaucratie donne une solution à ce problème.

Mais la bureaucratie n’est pas une chose sans visage, elle est au contraire l’alibi des personnes qui occupent des postes de pouvoir pour projeter leurs responsabilités sur quelque chose qui prétendument les dépasse. Un allié invisible qui se cache derrière des comités législatifs, des conseillers techniques, des amas de papiers, des interprétations complexes et des espoirs mensongers. Ce que je dis, c’est qu’il n’existe pas de bracelets électroniques, et que le ministère de la justice manipule simplement et consciemment des détenus afin qu’il n’y ait pas de scandale, c’est un fait qui ne laisse aucune place au doute et ne peut être démenti par quiconque munis de preuves, puisqu’il n’existe pas un seul prisonnier à avoir été libéré ou à avoir pris une permission éducative de cette manière. Bien qu’anecdotique, je vais donner un exemple avec la prison de Korydallos sur des événements pour lesquels j’ai une vision personnelle. Il y a quelques détenus qui étudient dans différentes universités techniques et qui, sur la base de la nouvelle réglementation, voulaient demander des permissions éducatives pour passer les examens. Tous ceux qui sont passés par le conseil [de la prison] et puisque aucun d’entre-eux n’était inculpé et qu’ils ne pouvaient donc se cacher derrière un quelconque juge d’instruction, se sont vu dire des mensonges vraiment ridicules, comme quoi ils n’avaient pas réussi à communiquer avec le secrétariat de leurs écoles et leurs ont demandé de revenir en septembre. Cela montre que le conseil de la prison a reçu des ordres précis du ministère de la justice pour enterrer le sujet, pour que les causes véritables de toutes ces manœuvres ne remontent pas à la surface.

Comment considères-tu l’attitude du nouveau gouvernement Syriza ?

Prenons les choses depuis le début. Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement. Son rôle était d’assimiler les tensions sociales, de créer un capital politique à partir de sa participation à des luttes sociales intermédiaires en se présentant comme son bras institutionnel, de fonctionner de manière contre-insurrectionnelle en dévalorisant le terrain de la confrontation de rue au profit de la politique bourgeoise. En peu de mots, il a incarné de la meilleure des façons possibles, le rôle politique du réformisme à un niveau central. En outre, Tsipras lui-même, avant de devenir premier ministre, avait déclaré que si Syriza n’avait pas existé il y aurait eu beaucoup plus de troubles et de révoltes en Grèce durant les années de manifestations anti-gouvernementales. Fait qui signifie que la mise en œuvre d’un agenda politique de gauche en tant qu’opposition était entre autre un choix politique stratégique pour assurer la paix sociale et reconstituer sur de nouvelles bases les contrats sociaux endommagés.

La démocratie cache beaucoup de jokers dans sa manche pour maintenir sa cohésion, une des flèches de son carquois est l’alternance rapide des rôles dans la scène politique, sa capacité à battre les cartes et absorber les perspectives radicales qui peuvent se retourner contre elle. Pour en venir à aujourd’hui et après l’accession au pouvoir de Syriza, il y a des changements structurels dans sa rhétorique et des contradictions énormes en son sein. Naturellement, malgré toutes ces contradictions, la réalité qu’ils imposent est celle qui maintient en fonction les prisons de type C, lesquelles existent toujours, dans la mesure où à l’extérieur de la prison de Domokos, se trouvent encore des véhicules spéciaux de la police, et que les ailes d’isolement accueillent toujours des compagnons. Cette même réalité qui inscrit des chiffres sur la peau des immigrés avant de les empiler dans les centres de rétention, qui entre dans des lieux occupés, qui torture des compagnons grévistes de la faim, qui est responsable du maintient en captivité de proches des compagnons de la CCF [5], qui inaugure Salaminas comme premier endroit d’exil dans l’ère de la démocratie, qui signe des partenariats commerciaux avec les assassins des palestiniens, qui va mettre en place toutes les politiques néo-libérales auxquelles elle s’opposait tant qu’elle était dans l’opposition.

En résumé, Syriza maintient dans leur intégralité tous les engagement géopolitiques, économiques et militaires d’un Etat appartenant à la périphérie capitaliste, tandis que, pour jeter de la poudre aux yeux de ses électeurs de gauche, il garde un ensemble disparate de cadres ayant conservé une rhétorique de gauche et qu’il mettra hors jeu lorsque viendra l’heure de la transformation de Syriza.

En regardant les choses de notre point de vue, le fait que nous soyons anarchistes signifie que même si Syriza était un réel gouvernement de gauche aux politiques radicales, il nous trouverait à nouveau face à lui, sans aucune envie de signer une trêve avec les apprentis-sorciers de l’illusion et de la répression organisée. En outre, au contraire de la gangrène néo-communiste qui infecte les cercles anarchistes, nous, nous avons coupé depuis longtemps le cordon ombilical reliant l’anarchie à la gauche. Il est néanmoins important que nous soyons précis dans ce qui nous définit pour que nous puissions analyser la réalité qui se tient devant nous.

Syriza est donc un gouvernement social-démocrate à la rhétorique faussement radicale qui exploite son profil politique de gauche pour acquérir un contrôle social et de l’influence dans les mouvements et les projets subversifs, lesquels pourraient potentiellement se retourner contre eux. Et n’oublions pas qu’historiquement, c’est l’administration politique du capitalisme sous une forme socialiste qui a mis en place les politiques économiques et répressives les plus dures, exploitant le sommeil éternel et continu de la majorité sociale. Dans nos cercles, le plus enrageant est qu’il existe différents clowns qui se la jouent anarchiste, qui ont le culot d’inviter des cadres de Syriza dans « leurs centres sociaux » et de discuter avec eux de sujets de fond, diffusant ainsi une vision qui blanchit Syriza, lequel au moment où nous parlons est le gestionnaire de l’Etat. Idées affligeantes et identiques à celles de tous ceux qui veulent éduquer les fascistes d’Aube Dorée, comme si le problème avec les fascistes ou les gestionnaires de la machine étatique était de discuter de nos désaccords plutot que de les écraser quel que soit l’endroit où nous leur tombons dessus. Ce serait une belle discussion philologique pour ceux qui croient en la démocratie et ses idéaux, qui dorment sur un petit nuage rose et rêvent de sociétés post-capitalistes. Seulement, les anarchistes sont en guerre avec la démocratie et ses représentants. En conséquence, au point où nous en sommes, tous ceux qui agissent en blanchisseurs de Syriza n’ont aucune excuse.

De plus, il n’y a pas si longtemps, Stavros Theodorakis [6] a rendu hommage à quelques unes de ces personnes dans des références « aux protagonistes » de l’acquisition de certificats de légalité, qu’ils ont donné depuis longtemps à l’Etat. Pour tout ce patchwork d’opposants au gouvernement, de pro-Syriza cachés à l’idéologie pseudo-anarchiste et autres profiteurs, la solution est simple : un arbre robuste et une bonne corde.

Nous, nous sommes aux côtés de ceux qui restent amis de la révolte anarchiste et s’obstinent à jeter des molotovs sur les flics à Exarcheia, à aller dans les manifestations pour vandaliser les représentations de la domination, à armer leurs esprits avec des plans subversifs et leurs bras armés de feu, à bruler les acteurs du nouvel ordre. Tous ceux qui organisent leur action dans des réseaux anarchistes informels d’action directe. Là où les intentions destructrices s’unissent horizontalement et de façon informelle dans un front chaotique, qui passe d’abord à l’attaque, avec en ligne de mire les individus et les infrastructures qui administrent et défendent le monde malade qui nous entoure.

Quelle est selon toi la place de la violence dans le mouvement anarchiste ?

Le capitalisme hellénique en faillite continue d’entretenir l’instabilité dans les territoires de l’Union Européenne et dans l’économie internationale. Nous nous trouvons une fois de plus à un tournant décisif du processus historique de modernisation de ces dernières années. Et la réalité c’est que ça va continuer, quels que soient les gestionnaires politiques. Les frontières de la Grèce et de l’Italie, en tant que premiers pays d’accueil des flux migratoires en provenance des zones de guerre, baignent dans le sang des corps d’immigrés. Les rivalités entre pays puissants s’intensifient et les conflits géopolitiques sont les déclencheurs de foyers d’agitation dans de nombreux endroits de la planète. Pour les anarchistes, l’instabilité et l’intensification de la violence systémique dans tout le spectre des rapports sociaux et des rapports d’exploitation diffus sont un défi pour s’organiser efficacement afin de constituer un facteur fort de déstabilisation de la normalité. Une contre-attaque anarchiste contre le monde de l’autorité et des économistes, politiciens, flics, fascistes, journalistes, scientifiques, responsables étatiques, directeurs de bordels pénitentiaires, banquiers et leurs collaborateurs, balances et serviteurs zélés du pouvoir. Face à toutes ces ordures qui sont le cœur de la machine capitaliste, battant au rythme de la majorité sociale qui contribue, par indifférence, par peur ou par connivence, à protéger le cœur du monstre, l’anarchie répond avec la langue de la violence absolue, du feu, de l’explosion, de la rébellion armée. Avec cette hypothèse de base, nous commençons à définir nos stratégies, décidant de nous rebeller et de nous jeter dans la bataille de la libération totale. Une révolte qui dans les temps présents jouera le tout pour le tout, libérera les relations humaines dans les communautés insurgées, organisera ses attaques. Elle deviendra le véhicule pour voyager sur les chemins inexplorés de la liberté, donnant la possibilité à nos existences de vivre sans recevoir ni donner d’ordres, sans se soumettre, sans ramper. Elle créera de manière authentique une réalité nouvelle dans les métropoles capitalistes, le temps de la peur pour ceux qui sont au pouvoir et leurs laquais, l’aube de notre ère, aujourd’hui et à jamais, jusqu’à la fin. Par conséquent, la place de la violence révolutionnaire organisée dans le mouvement anarchiste est l’alpha et l’oméga, c’est une force motrice et son évolution qualitative en un ennemi intérieur qui fera faire des cauchemars au pouvoir et aux patrons.

Penses-tu que la prison constitue un terrain de lutte pour un prisonnier « politique » [sic] ?

Nous devons tout d’abord abattre les mythes qui planent sur de tels endroits. L’imaginaire collectif qui voudrait que l’identité sociale du détenu soit implicitement celle du sujet révolutionnaire. Les identités sociales, les immigrés, les prisonniers, les travailleurs, les étudiants, les écoliers, sont des sous-ensembles sociaux qui dépendent et nourrissent à leur tour le fonctionnement du monde capitaliste. Pour moi, l’individu libre apparaît là où les identités sociales sont détruites et toutes leurs propriétés abolies, l’endroit où la décision individuelle de libération crée une nouvelle identité unique et distincte. Le révolté et l’iconoclaste qui s’attaque par tous les moyens aux ennemis de la liberté. Pour un anarchiste qui a décidé de participer activement à l’aventure de la révolte anarchiste, la prison ou encore la mort sont des conséquences possibles de ses choix, qui sont pris dans le monde réel et pas dans la réalité numérique où le verbalisme et les fanfaronnades sont courants. La prison est un arrêt provisoire pour tous ceux frappés par la répression. C’est un lieu où le métal interne de chacun est testé dans la pratique, le point final des grandes décisions et des grandes transformations intérieures. C’est un organisme social pourri où règne la balance et la soumission, le royaume obscur du pouvoir, le lieu de la honte, l’endroit où la liberté n’est pas seulement retenue captive, mais humiliée, traînée dans le sang entre la came, le mitard et les couloirs crasseux, là où les hommes apprennent à se détester. Des milliers d’analyses existent sur la prison et ses habitants, je dirais pareil que le guérillero urbain Jean-Marc Rouillan, que les personnes les plus à même de parler de la prison sont ceux qui y ont passés même un court instant de leur vie.

Pourtant la réalité c’est que plus tu passes de temps ici, plus il devient complexe pour toi de décrire les fonctionnements et la structure de cette société vraiment misérable. En bref donc, la prison signifie une mort lente, le cannibalisme social, la soumission du plus faible, la résignation, la catastrophe psychosomatique, la came, les psychotropes, les individus-déchets entassés dans les décharges de l’Etat, le mitard, la hiérarchie, le fanatisme religieux, le communautarisme racial et le racisme diffus, les conceptions nationalistes de toutes nuances, l’enfermement, l’attente, l’autodestruction, les blocages, l’assassinat des sentiments, les contraintes secrètes, l’inertie générale, l’immobilisme. Il n’est pas exagéré de dire que la société des prisonniers est l’enfant bâtard de la société capitaliste, une machine de mort bien huilée faite de glace et dans laquelle se cache tout l’excédent de laideur du monde moderne. Ce qui ne signifie pas qu’au sein de la prison il n’y ait pas des minorités de personnes qui ont pour boussole dans leurs vies la dignité, et avec lesquels on peut développer des relations amicales, voir des relations de compagnons.

Pour revenir à la question de départ, je pense qu’il ne faut pas oublier sa voie lors de cette épreuve, vers un but et un dévouement à une cause commune. Jamais repentis, jamais la tête baissée, toujours dangereux pour la civilisation de la servitude volontaire et de la soumission. C’est aussi pour cela que la lutte anarchiste dans la prison peut de toute évidence trouver des prises et ouvrir des voies pour devenir un danger pour l’ennemi. Avec des textes et des analyses, des refus quotidiens petits et grands, des grèves de la faim, avec la lime entre les mains, le fil de la révolte anarchiste continue à être tissé tant que brûlera en nos cœurs le feu de la destruction. En ce sens, la prison est un terrain pour la promotion de la lutte subversive et de l’anarchisme [en Grèce].

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Déclaration de Nikos Romanos à la première audience du procès antiterroriste à la prison pour femmes de Korydallos, le 3 février 2014

Le but de cette déclaration est de clarifier mes intentions auprès de vous et de votre cour. Les actions qui ne sont pas unies aux paroles afin que leur contenu conceptuel soit clair portent à confusion, tandis que les paroles non suivies d’action sont vides de sens et reflètent une neutralité verbale.

Je suis ici votre ennemi déclaré et irréductible, je n’implore pas votre clémence, je ne cherche pas le dialogue avec vous et vos semblables. Mes valeurs sont en guerre avec les vôtres, chaque phrase que je dis contre vous est donc une lame qui frappe votre masque d’hypocrisie et clarifie la position et le rôle de chacun de nous.

Vous écrivez des centaines de pages et créez continuellement de nouvelles affaires pour nous enterrer dans les prisons de votre démocratie pour des décennies.

Vous vous préparez à nous imposer des « conditions de détention spéciales » [prisons de Type C, Nde], c’est-à-dire l’unique coup manquant au panthéon du « traitement spécial » (transferts, procès, lois) que vous créez pour nous combattre.

Les simples lois de la physique disent que la conséquence d’une action est la réaction.

En dehors de vos tribunaux, dans les endroits libres, il y a des personnes rebelles, compagnons pour moi, terroristes pour vous, qui n’entendent pas tolérer notre extermination sans d’abord vous faire saigner, vous et vos superviseurs politiques.

Vous pouvez prendre cela comme une menace si vous voulez.

Je crois que c’est une réalité cynique. Chaque choix a son coût. Je suppose qu’en tant que juges et serviteurs de la loi vous serez d’accord avec moi sur ce point.

Mais jetons un bref coup d’œil sur votre merveilleux monde. Nous sommes dans l’ère de la vitesse. Tout change vite, créant sans cesse des états d’urgence. La vitesse du temps historique a désormais déraillé, les informations et les nouvelles voyagent en quelques millisecondes, la technologie et la science avancent à pas de géant.

À côté de cela, les contradictions de la civilisation moderne explosent toujours plus souvent. Des dizaines de feux sont allumés dans les villes où tout semblait calme, et menacent de répandre le chaos dans l’ordre organisé du système.

De tels événements créent des conditions qui nous servent. Nous créons des ponts de communication avec les gens derrière les barricades si bien que les actes de violence font partie d’un contexte politique plus spécifique, ouvrant ainsi la perspective de leur dépassement dans la lutte pour la révolution anarchiste.

Là où la rage se combine avec la conscience.

Là où se rencontrent les gens dont les boyaux sont brûlés par le feu de la liberté.

Quelque part par là se trouvent aussi les empreintes de mon insurrection.

Anarchiste, parce qu’elle est hostile à toutes les autorités reproduites par l’homme, continuelle parce qu’elle ne cherche pas à réformer mais à détruire, existentielle parce qu’à travers l’insurrection elle exprime toutes ces belles émotions que nous voulons répandre dans les cœurs insurgés.

En outre, la qualité de la vie se mesure en moments et en émotions.

Sur la base de cette description schématique, vous comprenez que vous n’avez aucune marge pour arrêter l’inévitable. L’affrontement de nos mondes.

C’est pourquoi des déclarations comme celle-ci ont exactement ce but, envoyer un message clair.
Vous ne pouvez pas nous plier, vous ne pouvez pas arrêter la tempête qui approche.
Ces temps réclament de la réflexion, de la prudence et une lutte continue par tous les moyens.

Pas un pas en arrière !

Plus de violence contre l’Etat et le capital.

Force aux guérilleros urbains anarchistes Nikos Maziotis et Pola Roupa qui ont une récompense sur leur tête [7].

Force à tous les compagnons en clandestinité.

Foutez-vous l’argent de vos récompenses au cul !

Longue vie à l’anarchie !

Nikos Romanos,
3 février 2014.

[Traduit du grec par Non Fides d’Inter Arma.]

Notes

[1] Pour plus d’informations sur cette affaire, voir le mot-clé « Solidarité avec les compagnons arrêtés suite aux braquages de Velvento/Kozani » sur non-fides.fr

[2] Pour plus d’informations sur cette gréve de la faim et ce mouvement de solidarité, voir le mot-clé « Solidarité avec Nikos Romanos » sur non-fides.fr

[3] Voir « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité », Recueil de textes et communiqués a propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce, 68p, février-avril 2015, Ravage Editions.

[4] Voir une chronologie dans Contre Syriza et son monde – Contre toute autorité, Quatre-page de la bibliothèque anarchiste La Discordia à l’occasion d’une discussion publique à Paris, juillet 2015.

[5] Evi Statiri est détenue depuis le 2 mars 2015, elle a été arrêtée car elle est la compagne de Gerasimos Tsakalos, membre emprisonné de la Conspiration des Cellules de Feu. Le 14 juillet, elle se voit à nouveau refuser sa libération et reste donc en détention préventive. La libération de Evi Statiri était l’une des promesses du gouvernement de Syriza. Entre autres promesses non-tenues, Savvas Xiros n’est lui non plus toujours pas libre. Ndt.

[6] Journaliste, présentateur télé et politicien, il a fondé en mars 2014, le parti centriste To Potami (« La Rivière ») avec pour ambition de se présenter aux élections européennes de 2014 et d’y incarner le centre pro-européen de l’échiquier politique. Ndt.

[7] L’État avait, quelques semaines auparavant, mis une récompense de 4 millions d’euros sur les têtes de plusieurs révolutionnaires en cavale : Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres de Lutte Révolutionnaire, Christodoulos Xiros, balance du 17N, qui ont tous été rattrapés depuis hormis Pola Roupa, et les deux membres non-identifiés des Forces Révolutionnaires Populaires Combatives qui ont mené l’exécution par balle de deux membres d’Aube Dorée le 1er novembre 2013. Nde.

Lire la brochure sur Ravage Editions

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[Publication] Quatre ans après les émeutes anglaises d’août 2011

Quatre ans tout pile après les émeutes qui ont secouées l’Angleterre, en août 2011, nous avons pensé que l’occasion était parfaite pour mettre en ligne une version PDF du journal à numéro unique sur les émeutes anglaises d’août 2011, Now war is declared, qui jusque là bénéficiait d’une distribution exclusivement papier. Pour des exemplaires papiers, il en reste encore et vous pouvez contacter notre distributeur pour vous en procurer (La Discordia – Paris).

Télécharger le journal à numéro unique 'Now war is declared' au format PDF

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[Grèce] Affiche à propos du conflit anarchiste

Contre

Leur vision nationale

Leurs divisions internes au système (Mémorandum vs Anti-mémorandum)

Les efforts de l’Etat et du capital pour s’incruster carrément dans nos vies

Nous répondons par notre action combattante

Rendez-vous dans les rues pour le conflit anarchiste sans compromis

Groupe de lycéens anarchistes – Attaque anti-éducative

06 Ραντεβού στους δρόμους της ασυμβίβαστης, αναρχικής σύγκρουσης (Ιούλιος 2015)

Traduit du grec par non-fides, 22 juillet 2015

 

[Bolivie] A trois ans du coup répressif

[Ci-dessous deux traductions reprises du site Camotazo qui revient sur le coup répressif du 29 mai 2012 contre le milieu anarchiste et libertaire en Bolivie, suite auquel le compagnon Henry Zegarrundo et d’autres ont été incarcérés. Il est aujourd’hui dehors sous contrôle judiciaire. La brochure Chronique d’un chemin caillouteux retrace ces événements répressifs en Bolivie.]

Bolivie: il y a trois ans

Cet anonymat n’est pas un refuge, c’est le détachement le plus total

chatpercheAujourd’hui, alors que j’écris ces mots, je lis dans un journal qu’à Llallagua ils ont incendié les bureaux du juge pour enfant, du procureur, des bureaux de la police et la maison d’un violeur qui a reconnu ses faits. Je souris. Je m’en réjouis, ils ne vont pas attendre que la police s’en charge, ils détruisent les institutions de l’État, ils les attaquent. Mais le sourire passe … C’est bien, c’est différent la révolte collective. Moins de risques (d’après certains), mais possible à chaque instant (le sourire revient).

 Un essai d’irrévérence

Je hais les textes qui, par des détails littéraires et de la grande philosophie, décrivent les buts des anarchistes afin de les rendre plus sympathiques aux lecteurs. Lorsque j’écris ce texte ça n’est pas avec l’intention de faire plaisir à qui que ce soit, ou de donner une bonne image, pas même de donner des explications, au contraire je cherche à insister de façon antipathique (à partir des attaques explosives et incendiaires à La Paz, Sucre et Cochabamba entre 2011 et 2012) sur le fait que l’attaque anarchiste ne peut pas rester un cas isolé. Cela dépend de chacun de donner à la révolte un potentiel de joie et de haine qui découlent chaotiquement de nos vies, et sentir dans chaque pas d’insoumission la joie débordante de la liberté.

C’est gênant de reparler de l’existence des groupes d’action et des attaques contre des symboles physiques de la domination sur le territoire contrôlé par l’État bolivien, parce que le procès judiciaire est toujours en cours et parce que le mouvement n’a pas encore réussi à se remettre du contrecoup du système. Mais c’est précisément pour cela que c’est d’autant plus important de continuer la réflexion, la prise de position honnête et ferme sur ce qui s’est passé, et c’est là que je veux en venir.

Le 29 on a manqué de feu …

Le 29 mai, après les arrestations, ce qui a le plus manqué c’est le feu. Les communiqués informant que les détenus n’avaient rien à voir avec les attaques n’ont pas eu, et c’était évident qu’ils n’allaient pas l’avoir, la force nécessaire. La force ne pouvait venir que du feu, de plus d’attaques, et cela a été une erreur fatale déterminante, pas seulement pour les détenus, mais pour l’offensive anarchiste même, parce qu’à partir de là la répression a réussi à réduire tout un mouvement grandissant en une succession de tranchées épouvantées. Que s’est-il passé ? Il y a simplement eu une grande confusion et l’envie de s’éviter la détention, et donc il y a eu peu d’agitation, peu de stratégie et peu de sécurité au moment de se réunir entre personnes d’affinité afin de réagir comme il aurait fallu le faire : en brûlant et attaquant tout ce qu’on pouvait. Je le dis comme ça en toute clarté, afin que ceux qui font fasse à la répression sachent que le jour même où ça se passe il faut attaquer, et le suivant, et celui d’après, pour qu’il soit clair que les détenus ne sont pas les responsables, car nous savons que la police se trompe sans aucune honte. Et afin que la flamme allumée par certains ne s’éteigne pas avec l’arrestation d’autres.

Si cela semble une réflexion très basique c’est parce qu’il y a eu des erreurs de ce genre, et c’est important que ça se sache, qu’on parle des choses qui ne sont pas toujours positives, sans besoin de s’auto-flageler pour s’être trompé et sans intention de nier les erreurs.

Après le 29 on ne comptait plus les théories de complot …

On a cherché des explications diverses, et des théories locales de conspiration ont été construites au sujet du processus de répression du 29 mai 2012. Pour moi la réponse est simple : c’était une conséquence évidente. Il y a plusieurs raisons, entre autres la présence d’une personne qui collabore avec l’État et la police. Mais en soi, la défense étatique face aux attaques, une fois qu’ils ont fini de spéculer et qu’ils se sont rendu compte que ça venait des anarchistes, est quelque chose qui devait arriver tôt ou tard. Et il faut le répéter, parce qu’on doit créer nous même les conditions pour affronter les vagues de répression.

La recherche de différentes théories de conspiration qui expliquent le pourquoi des arrestations révèle, à son tour, que les attaques n’avaient pas de sens pour les libertaires, que la prison n’était pas envisageable pour eux (et elle devrait l’être pour n’importe qui qui affronte la domination), et que même aujourd’hui ils évitent de s’opposer à la police et à l’État à cause des détentions. C’est à dire que la violence des arrestations, des perquisitions, de la privation de liberté sans aucune raison, la continuité inquiétante d’un procès qui en n’avançant pas maintient en alerte ceux qui sont impliqués dedans, tout ça n’a pas provoqué plus de rage, plus d’anarchie. La violence de l’enfermement des personnes, dans le but de défendre des distributeurs de monnaie, n’inquiète pas outre mesure, n’enflamme pas la haine, et encore moins les distributeurs. La lobotomie sociale a percé tellement loin que cela semble légitime (pas seulement légal) y compris pour la majorité de ceux qui en subissent les conséquences et qui préfèrent continuer de chercher des explications toujours plus complexes.

Les fantasmes les habitent.

“J’ai souvent entendu parler de celui qui commet un délit comme s’il était non pas l’un des nôtres, mais un étranger et un intrus dans notre monde.”

Les vagues de répression qui se succèdent depuis le Caso Bombas, en passant par les détentions en Grèce, l’arrestation des compagnons de Culmine avec l’opération Ardire, les 5 de Barcelone, l’opération Pandora et Piñata, l’arrestation des compagnons aux Mexique, les prisonniers No tav, le Caso Bombas 2, nous mettent en lien avec différents espaces et moments de solidarité et compagnerisme. Le 29 n’était pas un fait isolé. Ça n’est pas une histoire exceptionnelle. Les prisonniers sont nos compagnons, ils sont parmi nous.

L’infatigable position d’Henry et sa remise en question féroce de la collaboration, délation et trahison a été la seule chose qui a maintenu des liens solidaires avec le reste du paysage anarchiste. La prison, au delà du compagnon, a provoqué un retrait féroce de la faune et la flore anarchiste et libertaire. Tout le processus répressif en Bolivie semblait être “incompréhensible” pour ceux pour qui la répression est logique, légitime et légale. Le 29 n’a pas été un fait isolé. Ce qui a isolé ces terres de la carte de la révolte ce sont des fantasmes. La prison, sur le territoire dominé par la Bolivie, est devenue une présence fantasmatique qui a un vrai rôle de contrôle. Un fantasme qui instille la peur, qui habite les corps et se nourrit de la rage, laissant seulement le trou du repentir, qui s’étend et se déguise, de civisme, d’anarcho-pacifisme, de rebellions citoyennes, de négociations avec la “justice”. Des enfants sages qui mangent leur soupe et font leurs devoirs, mal faits, mais qui les font, qui connaissent les règles et les limites de leur rébellion, et profitent des possibilités alternatives que le marché, alternatif lui aussi, leur offre. Comme c’est difficile de combattre les fantasmes !

Nos vies ont volé en éclat.

” Au delà d’un certain point il n’y a plus de retour possible. C’est ça le point qu’il faut atteindre.”

Après le 29 mai nos vies ont volé en éclat. Enfermés. Isolés. Exposés, sans personne pour t’ouvrir une porte. Sans pouvoir rentrer à la “maison”, fuyant même les “amis”. Nos vies se sont terminées comme nous les avions connues. Ce que nous avons pu faire à partir de là c’est ce qui a creusé les différences profondes jusqu’à aujourd’hui, trois années plus tard, avec des chemins irréconciliables pour certains et avec des tensions plus ou moins fortes pour d’autres.

Le 29 mai nos vies ont été complètement réduites en poussière, et trois ans plus tard qu’est-ce que nous en faisons ? Combien de notre mépris envers le système demeure dans notre cœur et dans nos actions ? Combien, et de quelle manière, ont laissé tombé, se citoyennisant chaque fois un peu plus ? Quelle force on a été capable de sortir de nous-même face à la destruction totale de nos vies ? Et combien d’autres encore ils seront capable de balancer ? Ils défendent toujours la prison ?

Cette secousse a provoqué une reconsidération de ce que sont les zones de confort,  la vie collective, la solitude, la force, les relations et les sentiments, et ça a surtout fait réfléchir sur les positions politiques. Dans mon cas, et dans celui de personnes avec qui j’ai des affinités, la répression, loin de diminuer la détermination anti-autoritaire pour s’attirer la sympathie du pouvoir et de la société (contre laquelle luttait la majorité des détenues), a renforcé la décision de les affronter. Et ainsi cette épuration me semble positive. Le 29 mai a marqué la séparation radicale des manières de considérer la liberté, l’anarchie et la rébellion entre ceux que nous considérions anarchistes. Cela a tracé la frontière entre ceux qui acceptent le système de façon alternative et ceux qui ne l’acceptent sous aucune forme et qui luttent chaque jour pour l’expulser de nos pratiques quotidiennes tout en l’attaquant, en cherchant au moins à déranger, rompre avec la normalité de ce conformisme intello, informé et passif, profondément complice de multiples chaînes d’exploitation.

Le 29 signifiait faire un pas en avant ou se retirer du combat. Et ça a été le point de non-retour à la normalité. Un point qu’on ne peut pas réduire à une date qu’on garde en mémoire, mais à l’expansion de la révolte.

Il faut encore plus de feu, de rébellion et de vandalisme.

La révolte a besoin de tout : journaux et livres, armes et explosifs, réflexions et blasphèmes, venins, poignards et incendies.

La seule question intéressante est : comment les mélanger ?

La tension contre la domination ne peut se passer d’une corrélation entre les idées, actions, formes de vie individuelle et collective, une vie la plus autonome possible et une attaque permanente contre l’autorité de l’État-capitaliste-extractiviste*. Se déplacer rapidement, tout changer. Aimer et détester à l’extrême à chaque endroit, avec chaque compagnon. Planifier avec soin, être prêt à tout, tout le temps. Tout détruire, surtout nos façons de comprendre le monde.

Au delà des erreurs, je suis fier d’avoir fait partie de ces événements. Nos vies ont changé, la séparation s’est faite et personne ne s’est arrêté. C’est toujours possible de transformer la révolte et la violence en une arme efficace contre la monopolisation du pouvoir. C’est à chacun de nous d’écrire les derniers chapitre de cette histoire, ceux qui ont affronté de différentes façons cette répression, ceux qui se sont solidarisé, ceux qui ont observé, ceux qui le veulent mais ne se motivent pas … Nous avons vécu cette répression, nous sommes mieux préparés maintenant. On est tombé et on s’est relevé. Nous avons tendu des liens forts et marqué les différences nécessaires. La terre est fertile. Le pouvoir se prépare, monopolisant chaque espace, reprenant les batailles pour lesquelles nous avons risqué nos vies et qui semblaient être paralysées, comme celle du TIPNIS. L’indignation débordera à nouveau tôt ou tard.

Pour la liberté, le chaos et l’anarchie.

Destruction des prisons !

Depuis un trou, quelque part, dans l’anonymat irrenonciable : à Henry pour son irréductible rébellion, à la meute (compagnons aux hurlements sauvages et enragés qui font tout pour faire vivre l’anarchie à travers le monde), à Xosé Tarrío et Mauricio Morales (nos morts sont avec nous et ne reposent pas en paix, il restent sur le pied de guerre, avec la même fermeté).


NdT:

* L’extractivisme en Amérique Latine désigne les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle. Au sujet de la Bolivie on se rappellera les conflits autour de la privatisation de l’eau, mais on peut penser aussi à l’exploitation intensive de toute sortes de minerais, qui ces dernières années a provoqué de violents conflits au Pérou, et les gigantesques exploitations agricoles qui prospèrent en Amérique du Sud. Ces activités d’exploitation intensives diverses ne sont pas sans lien avec le projet de construction d’une route à travers la forêt amazonienne bolivienne, le fameux projet Tipnis.

Traduit de l’espagnol de Instinto salvaje

 

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Dernière note de Solidaridad Negra : des projets qui ferment et d’autres qui naissent

Dernière note de Solidaridad Negra, trois ans après la vague de répression en Bolivie.

Nous croyons qu’il est important de fermer des histoires et des procès qui semblent ne jamais se terminer, selon nos propres rythmes et objectifs, mais aussi selon les contextes et moments.

Solidaridad Negra est né en tant qu’espace de diffusion, et en même temps d’interaction solidaire, avec le compagnon Henry, au cours des moments les plus difficiles de la répression dans ces terres. Nous croyions alors, et le croyons toujours, que c’était une contribution nécessaire et que ça a donné d’excellentes réponses et liens solidaires qui ont renforcé le compagnon de façon opportune. Nous avons beaucoup appris de chaque bise et clins d’œil complices. Nous nous sommes fortifiés, notre activité anarchiste s’est nourrie et a continué d’avancer grâce à tous ces compagnons. Nous pensons aussi avoir atteint notre objectif de soutien envers le compagnon Henry, par une solidarité active et combative.

Cependant les temps ont changé, et même si le procès n’est pas terminé, nous ne pensons pas qu’il soit judicieux de maintenir le rythme de contre-information basé sur des audiences suspendues, qui maintenant ne sont même plus demandées. Dans ce sens, nous pensons que même si la justice maintient l’affaire ouverte afin de garder sous le coude les inculpés, il faut poursuivre vers là où nos intentions nous mènent et inciter nos compagnons à continuer de voler dans le ciel, avançant en cherchant chaque jour à nous sentir plus accomplis, libres et heureux, luttant contre les multiples formes d’oppression qui nous volent la vie et contre l’apathie qui nous domestique.

Ce sera probablement la dernière fois que nous publierons quelque chose jusqu’à ce que le procès soit terminé. L’adresse mail sera toujours fonctionnelle afin qu’on puisse communiquer et conspirer avec nous. C’est précisément ce 29 mai, trois ans après la vague de répression sur le territoire contrôlé par l’État de Bolivie. Et tout en voulant déclarer une fois de plus notre solidarité envers notre compagnon Henry, nous voulons envoyer toute notre force, notre amitié et notre complicité au site Irakunditxs, un projet qui existe depuis un moment et maintient une position politique importante en terme de contre-information locale et internationale. C’est un projet auquel nous apporterons notre soutien d’une façon ou d’une autre, car il est temps d’élargir les horizons de la solidarité et de la contre-information. Bonne chance compagnons !

À Henry, notre solidarité ferme, notre main tendue, notre rage partagée. Beaucoup de force à toi, Guerrier ! Ce sont trois ans d’une détermination ferme, qui ne doute pas et nous inspire, qui ont passé.

Nous en profitons pour envoyer, dans un geste de solidarité constant, une grosse bise aux compagnons suivants :
Gabriel Pombo da Silva, Claudio Lavazza, Marco Camenisch, Marcelo, Freddy, Carlos et Juan, Tripa, Chivo, Fallon, Amelie, Abraham, Mario et Braulio, Juan, Nataly, Guillermo et Enrique, Monica, Francisco et les trois de Barcelone, aux compagnons prisonniers des opérations Pandora et Piñata en Espagne, aux compagnons de Culmine, à Alfredo Cospito et Nicola Gai et les prisonniers de l’opération Ardire en Italie, aux prisonniers du No tav, à Tamara, Tato et Javi.
Aux bêtes indomptables de la Conspiration des Cellules de Feu, leur révolte dans les prisons a été une leçon de force, d’irréductibilité et de fermeté. À Nikos Maziotis et Kostas Gournas, membres de Lutte Révolutionnaire. À Ilya Romanov, aux prisonniers en Turquie, à Eat et Billy, à ceux enfermés pour avoir garder le silence. À ceux en cavale, et aux prisonniers dont ils n’ont jamais pu s’emparer du cœur.

Nous voulons remercier pour le soutien des différents sites de contre-information qui continuent, qui ont fermé et qui émergeront régulièrement, pour faire de la contre-information une arme de combat et de solidarité.

Jusqu’à la libération Totale.
Destruction des prisons !

Solidaridad Negra
29 mai 2015

[Publication] ‘Ricochets’ n°8 – Juillet 2015

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Tous les numéros de ‘Ricochets’ sont accessibles sur la cavale

[Grèce] Contre SYRIZA et son monde – Contre toute autorité

Depuis les élections législatives du 25 janvier 2015, Syriza est le premier parti au Parlement grec avec 149 députés sur 300. Aléxis Tsípras est donc nommé Premier ministre du pays le lendemain. Syriza trouve ses origines dans une coalition de partis de gauche et d’extrême gauche fondée en 2004. Celle-ci comprenait un large spectre de formations politiques (treize au total) et de politiciens indépendants, comme des communistes pro-européens (eurocommunisme), des écologistes, des socialistes et des eurosceptiques. Aléxis Tsípras, ancien président de Synaspismós, le mouvement le plus important de la coalition, en est le président depuis 2009. Transformée en parti en 2013, Syriza prend donc le pouvoir en Grèce.

Certainement plus radicalement social-démocrate que la plupart des partis d’extrême-gauche d’Europe, les louanges du parti ont même séduit quelques radicaux, en Grèce comme ailleurs, au grand désespoir de l’anti-électoralisme et de l’anti-parlementarisme séculaire des mouvements révolutionnaires et anarchistes. Dans cette chronologie, on constatera que le consensus n’est pas toujours respecté, encore heureux. Par exemple, lors de la récente lutte des prisonniers révolutionnaires en grève de la faim pour l’abolition des prisons de Type C [1], Syriza a été attaqué à de nombreuses reprises. Voici quelques éclats divers :

• 24-25 janvier – Petrálona (quartier d’Athènes) : Quelques jours avant les élections, de nombreuses banderoles et publicités de partis politiques ont été détruites ou taguées. Des tags sont tracés sur les murs du quartier, un local de Syriza et un bureau de vote. Une banderole anti-électorale est également déployée.

• 26 février – Athènes : Des émeutes éclatent à la sortie de l’école polytechnique, au cœur du quartier à forte implantation anarchiste historique et actuelle, Exarchia, à Athènes. Les manifestants lancent des pierres et des cocktails molotov, plusieurs voitures ont été brûlées. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza, les flics ont utilisé des lacrymos, répondant aux pressions de la droite pour réprimer les « forces obscures de l’anomie ».

• 8 mars – Athènes : Occupation du quartier général de Syriza, banderoles déployées et tracts jetés par les fenêtres en solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim.

• 23 mars – Athènes : Incendie des locaux de Syriza à Patisia, en solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim, et le jour du premier déploiement de la police de proximité. Les locaux sont dévastés (revendiqué par « Patrouille nihiliste – Incendiaires de proximité »).

• 23 mars – Athènes : Occupation de la radio « Kokkino 105.5 », porte-voix de Syriza. Les ondes sont piratées pour diffuser des messages de solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim.

• 30 mars – Chaniá (Crète) : Un engin incendiaire est placé contre le local de Syriza, le communiqué appelle « les anarchistes de praxis à entrer en conflit total avec l’autorité de gauche ».

• 2 avril – Éleusis (à 20 kilomètres d’Athènes dans l’Attique) : Les locaux de Syriza sont caillassés et les vitres défoncées par un groupe d’anarchistes en solidarité avec les prisonniers anarchistes en grève de la faim.

• 2-3 avril – Athènes : En solidarité avec les prisonniers anarchistes en grève de la faim, un distributeur de billet est incendié le 2 avril. Le lendemain les vitres d’un supermarché « Bazaar » (qui fournit la prison de Korydallos) sont détruites et de la peinture est projetée contre la façade, cinquante mètres plus loin, c’est un local de Syriza qui subit le même sort (revendiqué par « Rues sombres »)

• 3 avril – Athènes : Un engin incendiaire est placé, après avoir brisé une vitre, dans les locaux de Syriza à Exarchia en solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim (revendiqué par « Compagnons pour l’internationale noire »).

• 6 avril – Ioannina : Attaques à la peinture contre la façade et slogans écrits à l’intérieur du bâtiment qui abrite les bureaux du parti et des députés de Syriza en solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim (revendiqué par « Anarchistes » [féminin/masculin]).

• 8 avril – Athènes : Un engin incendiaire est balancé contre un local des jeunes de Syriza à Kessariani, à proximité du poste de police. Le communiqué fustige tous ceux qui du Pasok hier à Syriza aujourd’hui n’ont cessé de trouver des justifications toujours plus foireuses pour voter (revendiqué par la « FAI – Cellule Solidarité et Vengeance »).

• Juin – Athènes : Attaque incendiaire des locaux de Syriza à Kypseli, et d’un véhicule diplomatique à Ano Pefki, en solidarité avec Nikos Romanos (qui a vu ses permissions scolaires refusées) et Evi Statiri, compagne incarcérée de Gerasimos Tsakalos de la Conspiration des Cellules de Feu (revendiqué par la « FAI-FRI – Anarchie Combative »).


Extrait d’un Quatre-page de la bibliothèque anarchiste La Discordia à l’occasion d’une discussion publique à Paris, le Dimanche 12 juillet 2015 à 19h : « Grèce : réformisme ou anarchie ? ».

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Note:

[1] On pourra consulter sur le sujet, « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité ». Recueil de textes et communiqués a propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce – 68 pages – février-avril 2015 – Ravage Éditions (disponible à La Discordia).

[Publié sur non-fides]

 

[Publication] Séditions n°3 – Eté 2015

Le troisième numéro de ‘Séditions’ de cet été vient de sortir.

Un rapide aperçu des sujets qui y sont abordés:

  • Flics porcs assassins ! A Laxou comme ailleurs, pour en finir avec l’illusion citoyenne « vérité et justice »
  • Rubrique ‘A l’assaut du vieux monde’: brèves d’agitation
  • Rubrique ‘En Bref’:
  1. Besak sous les uniformes
  2. Les flics s’invitent à la faculté de lettres
  3. La police municipale armée de taser
  4. Des Rroms expulsés à la suite de l’incendie de leur squat
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[Reçu par mail]