Archives de catégorie : Critiques & réflexions

Détours – Quelques réflexions au sujet de l’urbanisme, qu’il soit de Besançon ou d’ailleurs…

Les différents projets urbanistes entrepris ces dernières années à Besançon (tramway, passages Pasteur, réaménagement de la ligne de bus n°3, etc.) répondent à une logique économique qui n’est plus à démontrer. La mairie tente de faire des habitant.es des consommateurs.trices passifs.ives et des travailleurs.euses de plus en plus rentables et efficient.e.s.

À Besançon, comme dans toutes les autres grandes villes, deux documents président à tout ce qui touche à l’aménagement urbain : le PLU (Plan local d’urbanisme) et le PDU (Plan de déplacements urbains). Cette sensation que l’on peut vite ressentir quand on marche dans la ville d’être incessamment guidé.e, orienté.e, acheminé.e vers tel ou tel lieu n’est clairement pas qu’une sensation ! En effet, le PDU ne cache pas ses objectifs qui sont « d’organiser, dans le temps et dans l’espace, l’ensemble des modes de déplacements des personnes et des marchandises, la circulation et le stationnement » avec objectifs définis sur 10 ans. Sous des dehors écolos, qui apaisent les citoyen.nes et leur donnent bonne conscience (valorisation des transports en commun, plus « propres », promotion de la marche et du vélo, réduction de la place de la voiture…), le PDU assimile personnes et marchandises, dans un souci de gestion de flux et de trafics optimisés.

Comme souvent dans ce type de documents « officiels », les objectifs et les moyens à mettre en oeuvre pour les atteindre sont énoncés dans une langue édulcorée et bien-pensante (« modes de transports doux », « zone de circulation apaisée »…). Les enjeux réels pour la municipalité sont clairs et ne varient pas : il faut pouvoir se rendre le plus rapidement possible sur les lieux de travail et de consommation, de préférence par des chemins prédéfinis, sans heurts, dans une optique de développement économique à tout prix. Au-delà de la surveillance permanente qui nous est imposée, des mécanismes bien plus insidieux sont mis en oeuvre par les urbanistes pour nous rendre toujours plus malléables et passifs.ives. Contre la ville-prison qui tente par tous les moyens de nous asservir, nous continuerons à faire des détours, à aller à contre-courant, à ne pas suivre les chemins établis.

[Article tiré de ‘Séditions n°7′, Avril/Mai 2016]

[Publication] Hourriya, Cahiers anarchistes internationalistes

A travers la publication d’une série de petits cahiers, « Hourriya » est un nouveau projet d’édition international qui se propose de participer à l’approfondissement des idées anarchistes. Les différentes contributions traiteront aussi bien d’expériences comme celle vécue en Syrie par des compagnons d’Alep, que de questions précises comme celles sur l’organisation informelle, l’imprévu ou la science de la domination, sans hésiter parfois à effectuer des retours historiques. Les « Cahiers anarchistes internationalistes » s’appuieront donc autant sur des textes déjà publiés ailleurs que sur d’autres, écrits spécialement pour l’occasion, tout en étant toujours augmentés de préfaces (et de postfaces selon les contextes) inédites.

Uniquement disponibles sur papier et au prix de 2 euros, ils paraîtront plusieurs fois par an et en plusieurs langues, dont notamment le français, l’allemand et l’anglais. Pour toute commande et informations complémentaires, on peut se rendre sur https://hourriya.noblogs.org

[Reçu par mail]

Imposer l’ordre moral à coup de marteau – Communiqué de La Discordia

« Non nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l’homme, de tous les hommes. Il s’agit de ne pas étirer la caravane, car alors, chaque rang perçoit à peine celui qui le précède, et les hommes qui ne se reconnaissent plus, se rencontrent de moins en moins, se parlent de moins en moins ».
Frantz Fanon, Les damnés de la terre.

logo_discordiaDans la nuit du 21 avril 2016, toutes les vitres de La Discordia ont été détruites à coup de marteau. Un tag a été posé à côté  : « raciste ».

C’est la troisième fois que nos locaux reçoivent ce genre de visites nocturnes :
Communiqué de La Discordia suite à quelques dégradations
Gribouillis gribouillas : Bis repetita placent

Cette fois ci encore, il s’agit de s’en prendre à La Discordia pour avoir vocalisé publiquement un refus révolutionnaire non-négociable des rackets politiques religieux comme racialistes sur l’extrême gauche depuis les attentats de 2015 à Paris. Il s’agit d’interdire une parole, de s’arroger le pouvoir de décider qui peut parler et ce qui doit être dit. Globalement, il s’agit de jeux de pouvoirs mafieux pour imposer une hégémonie politique sur une mouvance déliquescente avec les armes toujours morales de la culpabilité et du ressentiment. Et si jusque-là, tout le monde avait déjà plus ou moins exprimé son soutien suite aux deux « attaques » précédentes, mais de façon plus ou moins informelle, c’est à la solidarité que nous appelons aujourd’hui. Une solidarité publique et visible, dans laquelle chacun pourra mettre de ce qu’il est, plutôt que de se ranger derrière un même son de cloche, comme nos ennemis du jour. Nous n’appelons donc personne à se ranger derrière La Discordia ou ses perspectives anarchistes particulières, mais plutôt à élargir la question, à signifier que ce refus n’appartient pas qu’à quelques uns, mais à tous les révolutionnaires, qu’il est constitutif de toute pensée émancipatrice.

Pourquoi ces attaques ? Parce que La Discordia est un des seuls endroits publics du milieu où sont exprimées et débattues publiquement des positions anti-religieuses et d’un antiracisme conséquent (c’est-à-dire contre toute idée de « race », même issue de la gauche), et sans complaisance avec ceux qui justement, font de la complaisance un rapport total à la politique, les nouveaux démagogues. La grosse participation aux débats traitant de ces thèmes, ainsi que de nombreuses discussions avec des camarades plus ou moins proches, nous disent qu’il y a une perception diffuse que quelque chose de pernicieux est en train de trouver sa place dans le milieu « radical » français. On y croise des défenses de la religion et de la foi, on y voit des formes de séparations sur des critères biologiques et génétiques que personne n’a choisi... Ce que les dictionnaires nomment sans timidité ségrégation. Mais on voit aussi que de plus en plus de camarades s’aperçoivent de ces dangers et prennent position. Malheureusement, trop peu nombreuses sont les prises de position publiques. Cela permet à quelques illuminés de la dernière averse, qui se croient avant-garde de quelque courant identitaire pseudo-subversif, de penser que La Discordia est seule à critiquer l’idée de « race » et à porter le refus de la religion, drôle d’idée. Pour le dire franchement : on s’en prend aussi à nous à cause du silence de trop d’autres sur ces sujets.

Pourquoi cela arrive-t-il en ce moment, alors que nous sommes tous concentrés ailleurs, sur ce qui se passe dans la rue (et pas que) ? Parce que, visiblement, pour ceux qui portent les idées de race et la théophilie, celles-ci sont plus importantes que le conflit contre l’État et le Capital. Encore une fois, aucun autre signe d’attaque n’a été relevé dans le quartier cette nuit là, ni banques ni églises ni permanences politiques, juste une bibliothèque anarchiste.

Comme nous l’avions déjà souligné, c’est par la faiblesse du rapport de force que les révolutionnaires se retrouvent à attaquer l’ennemi avec des moyens comme ceux employés contre La Discordia. Parce qu’au corps à corps avec l’État, personne ne peut gagner (à moins de devenir soi-même un État ou un État en puissance). Employer des pratiques « asymétriques » contre une bibliothèque anarchiste au fonctionnement autonome est bien la plus imbécile et lâche des pratiques. Rappelons également que les révolutionnaires, lorsqu’ils ne sont pas d’accord, prennent des chemins différents, ou bien ils s’expliquent et/ou se critiquent, ils ne se mettent pas anonymement du caca dans la boite au lettre. Mais dans la décomposition actuelle des mouvances « radicales », plus rien n’étonne. Les gens qui font vivre La Discordia sont présents dans les luttes sociales, les assemblées, les moments collectifs, et n’ont jamais masqué leurs idées, au contraire. Aucune opposition ne leur a été offerte. Aucun texte, aucune accusation, pas même une insulte avec un visage et un corps pour les assumer. Cette accusation grave de racisme, qui pour la troisième fois s’exprime sur des murs et depuis un moment dans des commentaires anonymes dans le monde virtuel n’a jamais été assumée par aucun individu, groupe ou collectif dans la vraie vie, ni par la parole ni par l’écrit. La brutalité exercée contre nos locaux n’est donc que le signe d’une faiblesse et d’une lâcheté patente, et d’une absence totale de capacité à argumenter.

Pourtant, l’honnêteté est la distance la plus courte entre deux individus.

Mais comment défendre l’idée de race ou de dieu auprès d’anti-autoritaires, d’autonomes, de communistes, d’anarchistes qui, depuis des siècles, travaillent à se libérer eux-mêmes et le monde de leur joug ? Ou auprès de tout autre courant de pensée fondé sur la critique de dieu, de l’État, et des identités imaginaires. De Marx et Bakounine à Malatesta ou Fanon.
Il s’agit pour ces quelques pathologies politiques sur patte, d’éradiquer cet héritage révolutionnaire qu’ils méconnaissent, qui les dérange profondément, et qu’ils associent fallacieusement à la pseudo « race blanche » (dont ils feraient partie pour l’immense majorité, si toutefois elle existait vraiment). Alors pour contrer cet héritage, il faudrait mobiliser l’islamisme politique, les milieux associatifs communautaires et identitaires sous perfusion étatique, les filières du carriérisme universitaire et autres formes de la réaction bourgeoise et/ou conservatrice. Il s’agit pour eux de rejeter en bloc tout ce qui ressemble de prés ou de loin à une hypothèse universaliste qui remettrait en cause les petites identités en kit préfabriqués, et derrière lesquelles il faudrait que nous abolissions toute singularité et toute altérité. Quitte à s’organiser avec des partisans de feu la « manif pour tous ». La responsabilité collective est l’arme favorite de l’extrême droite et des racistes, mais encore faudrait-il s’intéresser à ses propres « idées » pour s’en rendre compte. Parce que c’est seulement à la séparation des exploités que mènent les logiques identitaires et particularistes.

Nous ne doutons pas de la sincérité de ces énergumènes sous pavillon « anti-raciste », comme nous ne doutons pas de la sincérité de leurs faux-ennemis, qui avec les mêmes mots, les mêmes méthodes, les mêmes concepts et les mêmes aspirations cherchent à atteindre les mêmes buts : la division, l’éclatement des solidarités entre des exploités qu’ils s’acharnent à délimiter, démarquer, diviser et compartimenter dans des frontières étroites, qu’elles soient physiques ou mentales, pour que jamais leurs révoltes ne se rencontrent, ou bien le cas échéant, pour qu’elles se séparent. Au profit, toujours, du pouvoir.
En changeant quelques mots-clés on s’aperçoit aisément que les discours et les valeurs de cette extrême gauche du Capital qui ne cherche qu’à gratter des miettes sont les mêmes que ceux de l’extrême droite, ils sont façonnés par la même absence d’imaginaire émancipateur, ils visent tous, par le biais notamment de la religion, de l’ethno-differentialisme, de l’homophobie ou du virilisme, à l’encasernement normatif et prescriptif de l’identité et de la communauté. C’est le Zarathoustra de Nietzsche qui conseillait : « Veux-tu avoir la vie facile? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui ».

Casser les vitres d’une bibliothèque anarchiste comme un enfant casse un Rubik’s Cube qu’il ne parvient pas à résoudre, par inconséquence, par défaut d’intelligence et de maturité, et dans ce cas précis, on pourra parler de débilité légère, est bien l’attaque la plus glorieuse de l’année, même pas foutue d’être revendiquée, et donc expliquée, argumentée, assumée politiquement. On préfère racler les fonds de poubelles. Aujourd’hui, les idiots du village alternatif ont encore « frappés ». Leur lâcheté n’égale que leur impuissance chronique à développer la moindre analyse sérieuse pour contrer les perspectives de révolution internationaliste qu’ils craignent en gigotant bruyamment. La lâcheté de ne pas savoir défendre ses idées face à des visages qui peuvent répondre, plutôt que des vitres, qui ne feront que coûter des centaines d’euros à quelques galériens pour qui la lutte est toujours passée avant la subsistance. Était-ce le but ? Attaquer un projet anarchiste au portefeuille ? Pomper des centaines d’euros à des chômeurs et RSAstes déjà en plein dans le viseur de la répression ? Nos ennemis communs raffolent de vos envolées, et vous confirmez que, parfois, les ennemis de nos ennemis sont aussi nos ennemis (en effet, qu’est ce que des révolutionnaires auraient encore en commun avec des philo-religieux qui pensent que l’humanité se divise en « races » ? ).

En tant que révolutionnaires, nous ne pensons pas que la violence soit une arme qui se substitue à la critique et à la parole, mais qui les accompagne habilement, avec une idée claire de qui sont les ennemis, et de quels rapports sociaux ils sont les défenseurs. Des individus qui identifient leurs ennemis de la sorte, et considèrent, en plein mouvement social qui n’arrête pas de commencer, alors que de nombreux camarades et compagnons défilent devant la justice, que l’urgence est à s’acharner sur les vitres de La Discordia, sont a minima, des ennemis absolus de l’intelligence.
L’attaque ne doit pas être employée pour combler la vacuité théorique de quelques hooligans qui ne connaissent que les fonctions reptiliennes de leurs cerveaux.
Maintenant que le roitelet est nu, tout le monde peut apprécier le spectacle racialiste et philo-religieux dans toute sa superbe, la politique du marteau pour masquer la faiblesse et l’entrain déjà mort de cette mode identitaire, passagère et déjà sur le déclin. Il serait temps de réfléchir à cette montée de l’identitarisme dans nos milieux, qu’est-ce qui a permis cela, qui et comment ? A celles et ceux qui, déconstruits parmi les déconstruits, s’échinent à répéter « check your privileges », nous leur répondons, « check your responsabilities ». De même, pour celles et ceux qui sur les « réseaux sociaux » ont parlé de nous casser la gueule, d’attaquer La Discordia au Molotov, et autres bravades virtuelles, un travail est en cours pour régler des additions salées et donner toutes leurs conséquences aux mots qui planent jusque-là sur des écrans sécurisants.

La sécurité des personnes qui, toujours plus, viennent aux débats et aux permanences de La Discordia sera bien sûr assurée de façon adaptée. Tout soutien matériel et physique est le bienvenu, et nous tenons à remercier tous les compagnons et camarades qui nous ont déjà apporté leur soutien, de différentes manières (toujours appréciées), de Paris aux quatre coins du globe, en passant par nos voisins.
Mais c’est surtout à la solidarité dans l’élaboration théorique, le fond de l’affaire, que nous appelons aujourd’hui. Le projet révolutionnaire que nous portons aux cotés de nombreux autres nécessite des prises de position claires et fortes, parfois inconfortables, parfois clivantes, et souvent minoritaires.
Que chacun et chacune, donc, de la manière qui lui semblera la plus appropriée, s’attaque aux idées de races et de Dieu partout où elles se trouvent, pour paraphraser Joseph Déjacque, « par le bras et le cœur, par la parole et la plume, par le poignard et le fusil, par l’ironie et l’imprécation, par le pillage et l’adultère, par l’empoisonnement et l’incendie ». Souvenons-nous qu’une attaque contre des révolutionnaires parce qu’ils sont révolutionnaires, est une attaque contre tous les révolutionnaires.

Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui se rendent.
Ni dieu ni maître, ni race ni prophète.

On ne fait pas la contre-révolution en cassant des vitrines.

Les discordistes.

https://ladiscordia.noblogs.org/
ladiscordia(at)riseup.net

[Reçu par mail, 29 avril 2016]

[Grenoble/Besançon/Lille] Attaques nocturnes en marge des manifs contre la loi « travail »

Voici une petite chronologie d’attaques qui ont eu lieu ces derniers jours, en dehors des manifs, qu’elles soient classiques (c’est-à-dire encadrées par les syndicats) et/ou sauvages (bien que non déclarées et spontanées, elles sont souvent gangrénées par des citoyens de la ‘Nuit Debout’ puisqu’elles partent de leurs rassemblements, comme cela a été le cas à Paris à de nombreuses reprises et à Lyon dans la soirée du 20 au 21 avril). Toutefois, on a pu voir à Brest un cortège nocturne très bien organisé contre les moyens de contrôle et de surveillance du début à la fin, qui a terminé la manif sauvage par l’attaque de plusieurs banques du centre-ville et des dizaines de milliers d’euros de dégâts.

L’avantage du fait d’agir en marge de ces manifs est à la fois de se protéger des poukaves citoyennes et politiciennes (et plus globalement de la répression policière), de frapper là où les flics ne nous attendent pas (on pourra lire le texte « Du centre à la périphérie »), de multiplier le désordre un peu partout, mais aussi de contribuer à la révolte en cours.

Lire un inventaire des fossoyeurs de la révolte en cours rédigé sur non-fides : Le millésime 2016 des amoureux de l’Ordre et de la dissociation de gauche est arrivé !

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Lille: attaque symbolique contre deux locaux du ps

Hier soir, alors que hollande vomissait son discours à la télé, le local du ps de Lille, ainsi que la permanence parlementaire de bernard roman, élu du ps, ont été peinturlurés et taggés en soutien à la lutte contre la loi « travaille ».
Par cet acte, nous attaquons le parti socialiste dans son entièreté, que ça soit sa majorité ou son aile gauche représentée en partie par aubry. Le ps comme tous les politicards ne sont que les gestionnaires de notre misère. Qu’ils dégagent tous !

Continuons le début !

[Publié sur indymedia lille, 15 avril 2016]

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Besançon : « des tags et des oeufs »

On a eu vent que l’armée (de l’air) s’expose ces jours-ci au centre commercial de Chateaufarine de Besançon, à travers une exposition intitulée « Des ailes et des hommes » : les bouchers en uniforme font des démonstrations de leurs joujous qui massacrent aux quatre coins du monde pour leur nation, leur économie, leurs frontières… Cette institution d’assassins en kaki soigne à la fois son image auprès du jeune public et des petits soldats de la consommation, mais cherche aussi et surtout à grossir ses rangs pour terroriser et massacrer les populations et les rebelles, ici comme partout.
De fait, cela nous a motivés à agir. Dans la nuit du 17 au 18 avril, le centre de recrutement de la rue Bersot a été bombardé d’oeufs de peinture rouge. Un tag (« Assassins ») a recouvert le panneau d’accueil du CIRFA. Sur un mur en face et sur l’église d’à côté ont été tagués « A bas l’armée » et « Qu’ils soient de Dieu ou de l’Etat… A bas tous les soldats ! (A) ».

Refusons leur mise au pas ! attaquons l’armée !

[Publié sur indymedia lille, 19/04/2016]

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Lille: Profanation du nouveau tribunal administratif

Alors qu’un certain urvoas, nouveau ministre de la justice, vient inaugurer aujourd’hui (18/04, NdCNE] le nouveau tribunal administratif, nous sommes venu le profaner en l’aspergeant d’huile de vidange et en le taggeant.
Plusieurs dizaines de personnes ces derniers jours se sont fait tabassées, mutilées, blessées par la police et d’autres condamnées, enfermées par la justice pour s’être opposées concrectement à la loi travail et au monde qui l’a engendrée. Par cette action, nous les soutenons, quelques soient les moyens qu’elles ont utilisés pour s’être défendues contre l’état. Nous continuerons d’attaquer tous les lieux de pouvoir tant que la répression sévira et que cette loi travail ne sera pas abrogée.

Big bisou !

|Publié sur indymedia lille, 19/04/2016]

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Grenoble : Macdo voit rouge !

photo-le-dl-1461052608-300x225Au cours de la nuit de lundi à mardi [du 18 au 19 avril 2016, NdCNE], la devanture du restaurant Mc Donald’s située rue Félix-Poulat, dans le centre-ville de Grenoble, a été entièrement aspergée de peinture rouge.

Des faits vraisemblablement commis à l’aide d’extincteurs remplis de peinture. […]

[Via Attaque]

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Besançon: attaque de la Chambre du Commerce et de l’Industrie

Alors que je flânais dans le secteur du lycée Jules Haag en ce joli mercredi après-midi ensoleillé, des tâches de plusieurs couleurs sur la façade du gigantesque édifice ont attiré mon attention.

Et quelle agréable surprise de s’apercevoir que celles-ci n’étaient que la face visible de l’iceberg!

En plus de la dizaine de tâches de peinture visible à plusieurs mètres de haut sur la façade toute blanche de la CCI, certaines vitres ont été fissurées par des jets de projectiles. Sur un mur de l’immense édifice, un graffiti disait : « Sur les cendres du vieux monde naîtra la liberté – Allumons le feu ! (A) ».

C’est plaisant de voir que certains passent leur nuit debout en restant loin des discours citoyennistes et pacifistes, qui se tiennent depuis plusieurs semaines en compagnie des journaflics et des politiciens. […]

[Publié sur indymedia nantes, 21/04/2016]

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Lille: début de vengeance sur un commissariat

versoAujourd’hui [20/04/2016, NdCNE], une nouvelle mobilisation contre la loi El Khomri a eu lieu à Lille. Suite à cette manifestation, un petit cortège, voulant aller se réunir pour l’ag de lutte à l’insoumise, s’est fait chargée par la BAC. Plusieurs personnes ont réussi à se réfugier dans les locaux de la CNT qui se trouvent à proximité. C’est alors qu’une centaine de keufs a bloqué l’entrée du quartier moulins, puis est rentré en fracturant la porte de la CNT, saccageant l’intérieur, et a arrêté deux personnes arbitrairement, en n’oubliant pas de gazer les gens du quartier.

Nous prenons acte et esquissons un début de réponse à la répression que nous subissons et à la violence de la police. La façade d’un commissariat de lille a été redécorée avec de l’huile usagé et quelques messages explicites ont été inscrits.

Soutien aux inculpés !

PS : et au fait, on n’aime toujours pas la police.

recto

[Publié sur indymedia lille, 21/04/2016]

[Publication] Tout peut basculer – Ni loi ni travail / Pour l’expression sauvage

Un journal anarchiste (format A3, 4 pages) publié à Paris à l’occasion du “mouvement contre la loi travail”.

Pour tout contact, demande d’exemplaires, remarque et critique, contribution et témoignage, ou autre : toutpeutbasculer[à]riseup.net

Voir le 4 pages au format PDF

Voir le 4 pages au format PDF

[Publié sur contrainfo, 20 avril 2016]

[Publication] Anthologie de textes courts – Fredy Perlman

Anthologie de textes courts – Fredy Perlman
224  pages – format 11,8 cm x 17,5 cm
6€ (4€ à partir de 5 ex.).
Frais de port : 2€ pour un ex. + 1€ par ex. supplémentaire
Informations sur les commandes

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Sommaire

• p. 11 – Parcours d’un apatride – Fredy Perlman
• p. 24 – L’Appel constant du nationalisme
• p. 78 – L’Antisémitisme et le pogrom de Beyrouth
• p. 108 – Tout peut arriver
• p. 126 – La reproduction de la vie quotidienne
• p. 162 – Naissance d’un mouvement révolutionnaire en Yougoslavie
• p. 200 – Progrès et énergie nucléaire
• p. 212 – Bibliographie & traductions

[Paris] Discussion « Ni loi, ni travail – Où on en est ? Où veut-on aller ? » mardi 3 mai 2016 à ‘La Discordia’

Ni loi, ni travail – Où on en est ? Où veut-on aller ?

Mardi 3 mai 2016 – 19h.

Depuis quelques temps, ce début de mouvement social n’arrête pas de commencer. Des manifestations, trop souvent bridées par les syndicats ou chapeautées par des avant-gardes militaros. Quelques occupations de fac où la confusion règne (et même la ségrégation sur des bases de « races sociales », sic!). La foire citoyenne et confusionniste de la Nuit debout, avec sa cohorte d’indignation et de chauvinisme qui sent le rance des extrêmes droites et gauches.

En gros, tout est en œuvre pour tuer dans l’œuf les poussées de révolte qui pourraient se développer au sein de l’opposition à la « Loi travail ». Une énième reforme d’un Code de l’esclavage, dont nous nous foutons avec un certain érotisme printanier. Parce que ce qu’on voudrait, c’est le dépassement des revendications de misère, pour aller vers une critique révolutionnaire – et dans les actes – de l’oppression du travail, de l’État et de cette société.

Nous voudrions discuter avec d’autres des possibles issues que ce « mouvement » pourrait prendre – ou pas. Nous voudrions nous rencontrer pour échanger des informations, des analyses, des perspectives.

Parce que, mouvement ou pas mouvement, certaines questions perdurent : qu’est ce qu’on veut atteindre, en tant que révolutionnaires ? Avec quels moyens ? Qu’est ce qu’on veut faire ? Qu’est ce qu’on peut faire ? Avec qui ? Qui sont les faux amis qui sont déjà en train de faire naître leur « force » politique à l’extrême gauche ou dans les milieux dits « anti-autoritaires », ou leurs carrières sur nos têtes ?

Des questionnements toujours valables, qui nécessitent une compréhension de la situation sociale dans laquelle les révolutionnaires vivent et agissent, afin de ne pas être coupés du monde, ni d’être toujours à la traîne.

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ladiscordia.noblogs.org

[Publication] Ne nous laissons pas mourir d’impatience, détruisons ce qui nous détruit !

Loin des soupirs citoyens et des démobilisations cérébrales de la gauche, alors que l’Etat (d’urgence ou non) cherche à dissuader les révoltés the hard way, pendant que certains réclament la justice pour machin et la vérité sur trucmuche, alors que d’autres préfèrent encore œuvrer au synergisme de la convergence-des-luttes afin d’assurer la convergence-des-gauches, pendant que les plus ambitieux réfléchissent déjà à la capitalisation de leur pseudo influence sur le dit « mouvement contre la loi travail », il y en aura pour les vingtenaires comme pour les autres, chacun son cercueil organisationnel, pendant que des politiciens radicaux s’astiquent en se regardant se regarder (…et son monde), alors que des réacs de tout poil veulent réinstaurer la race comme grille d’analyse du monde, alors que d’autres nous expliquent d’assemblées en assemblées qu’il ne faut rien faire et attendre notre heure sur leurs horloges cassées, que ce n’est pas le moment, d’autres encore nous bassinent de leurs exhortations à l’action pour finir par de piteux blocages symboliques d’une heure ou par le #retweet contre ce monde et son monde (…et son monde), alors que le déploiement contre-insurrectionnel de l’Etat se développe dans tous ses volets, législatifs, judiciaires, policiers, économiques et psychologiques,

Les révoltés ne palabrent plus…

Plutôt que de vivre assis, ils passent la nuit debout, sans spotlights et sans caméras, sans citoyens-flics, sans chauvins, sans fachos, sans remords. Ils n’attendent pas le tracer de manifs déposées par les beaufs du SO de la CGT ou les boloss de l’UNEF, ils n’attendent pas d’être 300, ils n’ont pas besoin d’afficher leur «virilité» en criant «ahou» comme des CRS (laissons leur la virilité !), ils ne se lamentent pas sur le triste sort du mobilier urbain, ils nient en actes, ils renient en bloc, ils n’ont plus de foi, ne veulent plus des lois ni de leur esprit, n’ont plus de croyances, ils se foutent bien de savoir ce que le ciel pense d’eux, mais ils ont des perspectives et une projectualité claire :

EN FINIR AVEC L’ÉTAT ET LE CAPITAL.
ICI ET MAINTENANT.

Ce monde ne repose pas que sur la tête des flics. Comme nous, nos ennemis ne sont pas des concepts abstraits, ils n’ont pas de couleurs, de races ou de genres, mais ils ont des fonctions et des responsabilités dans notre asservissement, ils ont des noms et des adresses. Rendons leur visite !

Détruisons la normalité.

Ni loi ni travail : Des propositions pratiques* :

• 18 février, Paris, Les Lilas, Pré Saint Gervais : Cinq locaux du PS ont leurs vitres défoncées à Paris et en Seine Saint Denis : Dans le IIIème (40 rue Charlot), le XVème (36 rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri). Un communiqué explique ces quelques actes : « s’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à l’Etat tout court et au parti au pouvoir le PS. Cela ne se fait pas avec des promenades traine-savates aux côtés de partis politiques, syndicats et bigots obscurantistes ni avec des banquets avec des religieux ou juste en se plaignant de la violence policière ».

• 10-15 mars, Besançon  : On apprend dans la presse que les permanences politiques du PS et d’un sénateur LR ont toutes les deux fait l’objet de dégradations. Sur le PS : « pourriture sociale » en couleur noire et « contre votre monde de képis » peint en rouge et en caractères de trois mètres de hauteur. Sur la permanence du sénateur, de la colle a été projetée dans la serrure de la porte d’entrée pour la rendre inutilisable. D’autre part, la vitrine a été recouverte de tags. Non loin de là, un A cerclé et « Pour vivre debout, bloquons tout, grève générale ».

• 18 mars, Paris  : Huit DAB sont sabotés par divers moyens (marteau, mousse expansive, extincteur) dans le nord de Paris. Un communiqué explique : « au lieu de nous plaindre aux côtés des partenaires sociaux (matons de la révolte) détruisons ce qui nous détruit ! Pas besoin de
manifs ! ». Les intentions sont clairement exposées : « La “loi travail” on en a rien à péter, on veut juste tout péter ! » Voila une bonne idée !

• 22 mars, Paris  : Suite aux négociations en lousdé pour « occuper » un amphi à la fac de Tolbiac, « quelques enragés d’un autre 22 mars » décident de grimper jusqu’au septième étage, là où se trouvent les bureaux administratifs de la fac qu’ils saccagent en coupant les câbles, en jetant divers liquides sur les appareils électroniques divers, les papiers administratifs sont détruits et deux ordinateurs sont embarqués pour être détruits au calme. Le communiqué précise : « Il s’agit là de la réalisation d’une volonté précise de ne pas se limiter à des prises de parole, des AG, des manifs (qu’elles soient à 11h ou à 13h30), mais de contrer toute forme de connivence avec le pouvoir, tous les pouvoirs ».

• 24 mars, Paris  : Alors que dans la journée, le SO de la CGT avait tabassé, gazé et donné aux flics des manifestants à Montparnasse, « des travailleurs de la nuit (non syndiqués) » et très inspirés ont décidé de rendre des coups la nuit-même, brisant les vitres du local de la CGT, rue Pierre Bonnard, dans le XXème, en solidarité avec les arrêtés du 24 mars.

• 8 avril, Paris  : Le local de la CGT du XIVe arrondissement, rue de l’Aude, perds ses vitres. Parce que nous ne voulons pas de leur gestion de l’exploitation. Un geste revendiqué par des « travailleurs en démolition »: « Nous ne voulons aucune gestion de notre esclavage, le travail ».

• 12 avril, Toulouse  : La bourse du travail est attaquée avec des ampoules de peinture, une poubelle incendiée contre sa façade et le tag « Tous les flics ne sont pas bleus » laissé sur un mur. Il s’agit, selon un communiqué, d’une attaque contre la CGT.

• 12 avril, Saint-Denis : Des tags sont apposés autour de l’entrée de l’Université Paris VIII : « Nique la race, vive la lutte des classes », « Racialistes hors des mouvements », « racialistes = racistes² » « Si Dieu existait, il faudrait le détruire ». Un communiqué explique qu’il s’agit de s’opposer à la tentative de hold-up politique de la mouvance racialiste dans cette fac.

*Ces quelques attaques ont été (sauf mention) revendiquées, pas de récupération ou de substitution politique ou journalistique possibles, ni de porte-paroles de l’anonymat.

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[Transmis par mail, 16 avril 2016]

[Publication] Nous n’avons rien à défendre

Nous n’avons rien à défendre

bateauNi des loi supposées nous garantir, ni un quelconque travail supposé nous permettre de nous « réaliser ». Le travail n’est rien d’autre qu’exploitation, fatigue, ennui, humiliation. Toute loi n’est que l’expression de la domination de certaines couches sociales sur d’autres, qui constituent la majorité de la population. Nos fameux « droits » ne sont que le paravent du marchandage entre notre docilité et l’expropriation de nos vies.

Nous sommes nombreux à descendre dans les rue, ces jours-ci. Journalistes, syndicalistes et politiciens (même « alternatifs ») voudraient nous enrégimenter derrière le simple refus de la loi Travail. Mais, en fait, on s’en fout de cette énième reforme d’un code du Travail qui est là pour nous atteler au turbin. On crache sur l’esclavage à vie du CDI comme sur la galère quotidienne de la précarité. Ce qui remplit les rues ces jours-ci, c’est le ras-le-bol envers ce monde de plus en plus invivable. Ce qui apparaît là, c’est un refus du travail, la conscience peut-être encore imprécise mais bien présente que toute loi est une chaîne. Il y a ici et là quelques petites secousses dans la normalité de cette société : des frémissements dans lesquels nous pouvons voir un refus de la soumission et de l’impuissance quotidiennes, une mise en cause de la résignation généralisée.

Ce monde est invivable. D’un côté un État de plus en plus répressif – la carotte de l’État social étant en fin de course (pas pour toutes les catégories, bien sûr : le vieux précepte de diviser pour mieux régner est toujours efficace), il ne reste que le bâton. De l’autre côté, des prétendues alternatives qui ne représentent que la volonté de faire gérer cette même société par des syndicats et des partis de gauche, qui n’ont même plus d’illusions à vendre. Ou bien de sinistres cauchemars qui donnent une couleur encore plus morbide à l’autorité : replis communautaires, retour du religieux et de l’oppression morale.

Dans ce panorama sombre, s’attacher à un coin de territoire ou à une situation sociale donnée, revient à jouer sur la défensive, à renoncer à l’audace des rêves. Mais ni une quelconque zone à défendre dans un monde englouti par des nuisances, ni une Justice qui est là pour sanctionner l’inégalité et la privation de liberté, ni quelques droits à se faire exploiter tout le long de la vie, ne pourraient jamais nous suffire.

Cette petite fissure dans la normalité que ce sont les mobilisations avec l’excuse de l’énième modification du code du Travail, nous voulons l’agrandir, pour qu’elle devienne une brèche, d’où atteindre la fin de l’exploitation. Faisons en sorte que le vase qui commence à déborder se casse. Ne nous contentons pas des promesses politiciennes, chassons les médiateurs sociaux (comme les syndicats), déchaînons notre rage contre cette société qui nous vole, jour après jour, nos vies. Attaquons-nous aux bases morales et sociales de l’autorité. Et aussi à ses structures matérielles : magasins, lieu de productions, bâtiments publics, véhicules, moyens de transport de personnes, de marchandises et d’énergie… Attaquons-nous aux hommes et femmes qui l’incarnent : flics, patrons, juges, chefs de toute sorte, bureaucrates, vigiles, politiciens, matons… A nombreux, en petits groupes ou seuls, le jour comme la nuit, quand et où le pouvoir ne nous attend pas.

Un graffiti récent, souvent repris, dit : « le monde ou rien ». Mais nous n’avons rien à défendre dans ce monde qui ne nous appartient en rien, et auquel nous n’appartenons pas. Un monde qu’on veut détruire.
La fête ne nous attend pas que sur ses décombres, mais déjà dans la révolte, ici et maintenant. Il n’y a pas de retour en arrière.

Contre toute loi, contre le travail. Contre ce monde d’enfermement et d’exploitation.
Pour la liberté !

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[Reçu par mail, 5 avril 2016]

Quelques notes critiques sur la « révolution au Rojava »

Rojava

Bonjour, voici quelques commentaires critiques sur la nature révolutionnaire du processus qui se déroule au Rojava, mais aussi sur les campagnes de solidarité qui me semblent inconditionnelles.

D’aucuns diront certainement que je suis « anti-Rojava » ou que je ne fais que nier l’existence d’une « Révolution au Rojava ». Loin s’en faut, je ne suis pas plus « anti-Rojava » que je suis effectivement anti-France ou anti-USA ou anti-tout-autre-Etat-Nation. Quant à la « Révolution au Rojava », j’en suis évidemment un éminent supporter tout comme pour la révolution au Moyen-Orient et partout ailleurs dans le monde. Je suis pour une révolution sociale mondiale, donc anticapitaliste, qui abolira la propriété privée, l’Etat, les classes sociales, les religions, etc.

Mon seul questionnement est le suivant : ce que d’aucuns appellent la « Révolution au Rojava » est-elle bien une révolution sociale ou, mieux dit, s’inscrit-elle bien dans une dynamique de destruction de l’ordre social présent (c’est-à-dire capitaliste) ? Ou au contraire ne s’agirait-il pas plutôt d’un processus d’instrumentalisation et d’encadrement par des institutions sociale-démocrates (donc bourgeoises), sous couvert de « libération sociale », d’un mouvement authentique de révolte contre la misère et la répression étatique, afin de mieux justifier leurs « luttes de libération nationale » ?

SECTION 1

J’ai toujours eu la naïveté de croire « les anarchistes » lorsqu’ils déclarent allègrement dégueuler « le travail, la justice et l’armée ». Or d’importants secteurs de « l’anarchisme » (officiel et même moins officiel) se déclarent être les farouches partisans de la « Révolution au Rojava », qui serait une « véritable révolution » selon « l’éminent » intellectuel David Graeber. Celle-ci est animée et dirigée par une série d’institutions comme par exemple des « assemblées populaires », des « cantons », des « communes », des « municipalités » qui globalement et fondamentalement n’empêchent pas (et n’ont historiquement en soi jamais empêché) la reproduction des mêmes rapports sociaux que ceux qui dominent à l’échelle de la planète.

En effet, l’exploitation au travail est effectivement réalisée au Rojava par le biais de « l’économie sociale » et de ses « coopératives » où le (la) prolétaire est toujours aussi solidement rivé(e) à « son » outil de travail, à « sa » machine, à « son » lieu de travail, aux exigences de rentabilité de « son » économie locale, cantonale et « libertaire », bref à « son » exploitation qui par la magie des mots parviendrait à « s’humaniser ». C’est toujours au nom du « réalisme » et du refus des critiques caricaturées comme étant « ultragauchistes » que le travail règne en maître absolu sur la région ; travail évidemment salarié, même si l’approvisionnement en papier monnaie, en étrons monétaires ou encore en valeurs sonnantes et trébuchantes n’est pas toujours assuré pleinement pour cause de guerre.

« Les anarchistes » ont toujours déclaré leur haine de l’Etat et de la Nation… Pourtant le Rojava dispose de toutes les caractéristiques d’un Etat, ou pour le moment d’un « proto »-Etat, puisqu’il y a bien des cours de justice, une « Constitution » (appelée « Contrat Social »), une armée (ainsi que des milices YPG/YPJ de plus en plus militarisées), une police (les Asayish) qui fait régner l’ordre social interne (avec également ses « unités spéciales antiterroristes » dont les Rambo n’ont rien à envier à leurs collègues assassins de corps équivalents comme les « SWAT » aux Etats-Unis d’Amérique, les « Spetsnaz » en Russie, les « GIPN » et « GIGN » en France, etc.). Quant à la nation, est-il bien nécessaire de rappeler le fondement nationaliste du « mouvement de libération kurde » ?

« Les anarchistes » ont toujours exprimé leur mépris envers le gouvernement, le parlementarisme et les élections… Mais le Rojava est dirigé par une infinité de parlements, qu’ils s’appellent « assemblées populaires », « conseils », « communes » ou « municipalités » importe peu si leur contenu pratique consiste toujours à gérer (encore une fois, à un niveau « plus humain » peut-être) le rapport social dominant au niveau planétaire (c’est-à-dire le capitalisme, même s’il est repeint en rouge ou en rouge et noir). Toutes ces structures s’organisent au niveau local d’une rue, d’un quartier, d’un village, d’une ville, d’une région et participent toutes du principe électoral. Enfin, au niveau supérieur décisionnel, les « cantons » possèdent leurs propres gouvernements ainsi que leurs ministères et les ministres y afférents dont par exemple « Monsieur le Premier Ministre du Canton de Cizere » n’est personne d’autre que le capitaliste le plus riche de Syrie avant le déclenchement du processus de lutte en mars 2011.

« Les anarchistes » prétendent être allergiques à tout concept de « parti » qu’ils réduisent aux partis politiques bourgeois, qu’ils se présentent aux élections ou non, voire même aux partis bolcheviks et léninistes. Mais soudainement, il y a des partis politiques qui comblent de joie ces mêmes « anarchistes » : il s’agit du PKK (« Parti des Travailleurs du Kurdistan ») en Turquie et du PYD (« Parti de l’Union Démocratique ») en Syrie. Ces partis, et encore plus le PYD que le PKK, développent une politique diplomatique tout ce qu’il y a de plus classiquement bourgeois, allant jusqu’à ouvrir des « bureaux » (des ambassades en quelque sorte) à Moscou et à Prague. Le PYD est même allé, lors d’une grande tournée européenne l’année dernière, jusqu’à « faire le tapin » au Palais de l’Elysée en février 2015, où certains de ses représentants les plus illustres ont été reçus par « Monsieur le Président » François Hollande en personne.

Mais enfin bref, je pourrais ainsi écrire des pages entières sur toutes ces élucubrations, ce qui importe le plus aujourd’hui, c’est que les masques tombent et que le visage hideux de cette « véritable révolution », dirigée et encadrée par une puissante machine de propagande, qui combine le « municipalisme libertaire », le marxisme-léninisme et le « national-libérationnisme », apparaisse enfin au grand jour. Je veux parler ici bien sûr des éternelles et inévitables alliances tactiques ou stratégiques qui caractérisent toutes les forces bourgeoises dans l’histoire et dans le monde.

SECTION 2

C’est fou comme les milieux gauchistes (« marxistes » et « anarchistes » confondus), qui soutiennent ad nauseam une « Révolution au Rojava », sont plutôt gênés aux entournures de voir leurs chouchous du PKK/PYD et leurs milices armées des YPG/YPJ collaborer directement avec les USA et maintenant la Russie, sans compter les offensives militaires dans la région d’Alep menées en étroite coopération avec l’armée syrienne (vous savez, cette armée dirigée par Bachar el-Assad, dit « le boucher de Damas » !!!). Eh oui, ça fait mal d’entendre çà, alors on préfère se boucher les oreilles et fermer les yeux.

Que crèvent tous les Etats capitalistes : que crève l’Etat turc avec sa répression féroce contre les populations insurgées du sud-est du pays et ailleurs, que crève l’Etat syrien et ses massacres, que crèvent les Etats des USA, de l’UE, des monarchies du Golfe, de la Russie et de l’Iran, et que crèvent aussi tous les Etats « progressistes » et gauchistes : Cuba, Venezuela, Bolivie ainsi que les « proto »-Etats comme le Rojava et Daech…

Tous ces Etats, tous les Etats s’entendent copains comme cochons avec plus ou moins de bonheur selon les circonstances géostratégiques et la défense de leurs intérêts nationaux et nationalistes particuliers, ils s’entendent sur le dos de la piétaille, c’est-à-dire nous tous, les exploités, les prolétaires, les véritables révolutionnaires.

Il ne faut pas s’étonner ou s’offusquer de ce que le PKK/PYD, les YPG/YPJ annoncent aujourd’hui ouvertement leur collaboration avec les USA, la Russie ou la Syrie. Hier ils ont collaboré déjà avec le Hezbollah, le régime syrien d’Assad-père : Ocalan et toute la direction du PKK avaient leurs quartiers à Damas avant que les alliances ne soient renversées vers 1998 !!! De la même façon, le PKK a signé des accords de paix avec la Turquie en 2013 (au moment de la révolte du parc de Gezi, au moment où il aurait été plus nécessaire d’emmerder les forces répressives turques, merci « camarades » du PKK pour votre solidarité de classe !), accords qui ont tenu jusqu’en 2015, non pas parce qu’ils auraient finalement été dénoncés par le PKK (soi-disant antiétatique) mais parce que ceux-ci ne correspondaient plus aux nécessités impérialistes turques…

Tout cela rappelle l’épisode des accords Molotov/Ribbentrop en août 1939 : l’Etat le plus fasciste du monde et le plus ouvertement anticommuniste (l’Allemagne nazie) signe un accord de paix avec le pays le plus antifasciste du monde et qui avait repeint sa façade à la couleur rouge du « communisme » (l’URSS stalinienne). Et devinez un peu qui a finalement rompu ces accords « contre nature » ? Les antifascistes ? Pas du tout ! Ce sont les fascistes qui ont attaqué en juin 1941 et qui par ce fait ont finalement libéré la « conscience » de tous ces pauvres « communistes » empêtrés dans leurs contradictions idéologiques…

AD NAUSEAM !!!

SECTION 3

Précisons enfin qu’il semble totalement invraisemblable que des organisations (PKK/PYD) qui se revendiquent d’une idéologie soi-disant antiétatique (le « confédéralisme démocratique ») puissent ainsi aussi allègrement signer des accords de paix (et s’en revendiquer) avec un Etat (la Turquie) que parallèlement ils dénoncent comme le pire oppresseur du « peuple kurde » et de son « droit à se constituer en nation ». Qui plus est, le « confédéralisme démocratique », même s’il prétend ne pas vouloir constituer un nouvel Etat, n’a fondamentalement rien d’antiétatique mais repose au contraire sur deux fondements éminemment étatiques : 1° la revendication de l’autonomie administrative de la zone de peuplement kurde au sein même de l’Etat dont il fait partie, ce qui signifie concrètement la reconnaissance de cet Etat (exemple : l’autonomie du Rojava au sein de la Syrie) ; 2° le regroupement des quatre entités autonomes kurdes (situées en Syrie, Turquie, Iraq et Iran) dans le cadre de ce qu’il faudra bien in fine appeler un Etat, une Nation…

AD NAUSEAM !!! (bis)

[Publié sur indymedia grenoble, 23 mars 2016]