[Besançon] Véhicules et poubelles incendiés – 11 mars 2015

Feux de poubelles et de voitures à Besançon

Plusieurs incendies ont été allumés dans le secteur Ile de France, à Planoise, au cours de la nuit de mardi à mercredi. A 3 heures du matin, rue de Bruxelles ce sont tout d’abord des containers à poubelles qui ont été allumés. Puis trois quart d’heure plus tard, dans la même rue, c’est à un véhicule utilitaire que le feu a été communiqué. Deux autres voitures, stationnées à côté ont pâti du sinistre.

L’edst répugnant, 11/03/2015

[Mexique] Réponse de Carlos López à la ‘Gauche Révolutionnaire Internationaliste’

[Suite au texte d’Amélie et Fallon qui expliquait qu’elles ne voulaient pas être récupérées dans des événements de solidarité avec des gens et par des gens avec qui elles n’ont rien à voir, un groupe nommé la Gauche Révolutionnaire Internationaliste Buenaventura-Durruti a pondu une réponse totalement diffamatoire envers les deux compagnonnes. Ce texte n’est actuellement plus en ligne en français, mais nous avons quand même tenu à traduire la réponse de Carlos López].

3 mars,

À titre personnel je réponds à l’agression diffamatoire écrite qui a été faite contre mes compagnonnes d’affinité Fallon et Amélie.

Une chose qui caractérise l’internationalisme c’est la lutte contre l’idée de nation, ainsi que contre celle du pouvoir ou de l’autorité, en remettant en question la validité des frontières physiques et mentales que les gouvernements ont construits afin d’éviter l’entente fraternelle et libre entre les personnes nées à différents endroits géographiques.

Raison pour laquelle se permettre d’avancer que ces deux anarchistes sont venues dans cette région « pour vivre une expérience parmi les pauvres du tiers-monde après avoir abandonné leurs vies du Québec civilisé », me fait penser au mépris dont vous, gauchistes internationalistes, avez fait preuve envers des personnes étrangères qui ont décidé de mettre en pratique leur passion destructrice de l’État/Capital, qu’elles soient canadiennes, mexicaines, européennes ou de n’importe où.

Nous au moins nous ne cherchons pas la destruction partielle d’un seul État, car pris séparément ce ne sont que des tentacules du pouvoir mondial, ni d’unir les forces/capacités uniquement entre mexicains purs ou avec des révolutionnaires du tiers-monde. Nous voulons nous battre aux côtés de n’importe quelle personne libre, qu’elle soit née ici ou en Chine.

Mais, que pouvons-nous attendre de ceux qui crient sur tous les toits qu’ils appartiennent à « l’aile classiste du mouvement révolutionnaire mexicain », et accusent d’arrogance impérialiste et petite-bourgeoise celles qui font le choix de s’organiser à travers des affinités, ou de partager des moments de subversion avec ceux avec qui elles veulent ?
Bien entendu l’affinité n’est pas exclusive entre les libertaires/anarchistes, car elle peut se faire avec n’importe quel individu ou groupe qui s’identifie à la lutte pour la liberté totale, où plutôt que de chercher un « stade dans lequel personne ne sera plus emprisonné », l’on veut réduire en pièce toute construction carcérale physique ou mentale, avec tout ce que cela implique, ainsi que n’importe quelle institution autoritaire. Cela peut sembler utopique, mais je crois qu’il vaut mieux en finir avec la tiédeur des jolis mots et, loin d’idéaliser la réalisation de l’utopie, continuer avec la conflictualité permanente quotidienne du contexte social.

On ne conditionne pas la solidarité, car la solidarité se donne à travers des actes divers de soutien, et le fait de se positionner, ce qu’ont fait les compagnonnes, ne signifie pas conditionner la solidarité. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures.

Si Fallon et Amélie ont décidé de rompre avec toute éventualité d’être mélangées avec ceux qui se revendiquent comme prisonniers politiques, et si elles ne sont pas d’accord lorsqu’elles sont désignées comme tel, on ne peut que respecter leur décision. Les insulter comme vous l’avez fait juste pour ça, c’est infâme et lâche, saloperies de rouges !

Nous nous basons toujours sur nos réalités, et le fait d’avoir une défense dans le cadre du procès juridique est plus que nécessaire, car vouloir et essayer de détruire le système juridique est une chose, et que nous l’ayons déjà fait en est une autre.

Pour nous il ne s’agit pas de « profiter » d’une défense juridique, encore moins que ce soit notre « médiation » avec l’État, comme vous le dites dans votre texte. Nous savons que le jeu juridique doit se mener entre personnes politiques, et notre avocat se charge de cela. Ce dernier, bien sûr, n’est pas une médiation mais un compagnon de lutte anticarcérale, qui ne se consacre pas à sortir des prisonniers politiques, mais à la solidarité avec des prisonniers, sans s’attacher au fait qu’ils soient politiques ou anarchistes. La preuve est qu’il a pris notre affaire, que nous soyons anarchistes insurrectionnalistes ou informels, sans toucher un seul centime.

Juste à titre informatif, dans ce texte diffamatoire, il est mentionné que nous avons le même avocat que Jaqueline et Bryan, ce qui est faux. Mais même si c’était le cas, pour moi ça ne changerait en rien la situation. Ça ne fait que montrer que vous parlez sans rien savoir.

Vous tombez dans la posture historique d’attaquer ceux qui n’acceptent pas vos méthodes caduques/anachroniques d’intervention, basées sur le verbiage politique, en les accusant « d’actes téméraires et inutiles ». Vous parlez de « gauches tiers-mondistes », pour nous n’importe quelle gauche, de parti ou révolutionnaire, nous éloigne beaucoup de ses prétentions. Vous parlez d’actions collectives basées sur le quantitatif, et nous savons que souvent par ces actions l’individualité et son action créatrice sont niées. Vous parlez de lutte de classes et du triomphe de la classe ouvrière, tandis que beaucoup d’entre nous ne sommes ni ouvriers ni classistes et que si nous soutenons n’importe quelle action libératrice c’est avec le regard fixé sur la liberté de la personne dans sa totalité, qu’elle soit ouvrière, paysanne, autonome ou comme elle voudra se désigner. C’est pour ça que nous préférons utiliser les termes de la guerre sociale, ce qui inclut plus de secteurs que juste la lutte ouvrière et de classes.

D’aucune manière je ne crois, au moins pour ce que vous dites, que l’insurrectionnalisme est condamné à l’échec, et en réalité nous ne sommes en compétition avec personne pour voir qui est plus révolutionnaire ou plus efficace dans la lutte contre le Capital. Mais la critique des méthodes choisies est nécessaire, tant sur la forme que sur le contenu, mais … je crois que ce que vous avez écrit n’a pas pour objectif d’échanger des idées, puisque vous ne vous êtes attaché qu’à insulter mes compagnonnes, et sachez que puisque vous insultez, nous savons aussi mordre.

La solidarité c’est la solidarité à travers sa diversité des formes, et sachez que moi je ne veux rien de gens comme vous.

Carlos López “Chivo”

Traduit de Abajo los muros-CNA México par Camotazo

[Berlin] Incendie d’un véhicule de police – 10 mars 2015

Pour Lambros: une voiture de flics incendiée

Vous avez perdu votre humanité en signant pour un métier dégueulasse.

Pour votre ordre merdique, vous assassinez partout pour la paix démocratique. Hautement préparés et armés jusqu’aux dents, vous pourchassez les gens en bâteau pneumatique jusqu’aux fins fonds de la méditerrannée pour les renvoyer avec des belles salutations « Made in EU ». Si cela ne suffit pas, vous démembrez les réfugiés et les répartissez dans des poubelles dans tout Athènes. Vos cararctéristiques fascistes inhérentes sont de plus en plus visibles aujourd’hui. La crainte d’être vus avec des trous-du-cul fascistes en public ne vous inquiète pas plus que ça, pas plus que d’exécuter un sans-abri sans défense devant les caméras. Lors des élections en Grèce, plus de la moitié des flics ont voté pour Aube Dorée dans la circonscription électorale d’Attique, ce qui n’est pas surprenant, comme l’implication dans l’ensemble des appareils répressifs du pouvoir avec leurs amis du NSU [1]. L’argument du mouton noir parmi eux ne tient pas pour nous. Derrière cela se trouve tout un système. Une domination des autorités, qui s’accrochent de toutes leurs forces à leur pouvoir et qui ne reculent devant rien.

30081000,32120771,dmFlashTeaserRes,Anschlag13Nous en avons assez de devoir lire quotidiennement de telles nouvelles, dans lesquelles vous êtes célébrés comme des héros d’une société en état de mort cérébrale. Mais vous devrez faire cette célébration sans nous. Laissez-nous vous dire une chose: nous vous pourchasserons tant que vous nous incarérerez et tuerez.

Nous prenons la responsabilité de la voiture de flics incendiée à la gare Lichtenberg [2]. Nous avons choisi la date comme geste minime contre l’oubli et en mémoire de Lambros Foundas, qui a été tué par les flics le 10 mars 2010 à Athènes.

Nous nous solidarisons avec la grève de la faim dans les prisons grecques, bien que nous estimons problématique le fait d’émettre des demandes à l’Etat, qui pourrait procurer l’illusion à celui-ci de le reconnaître comme partenaire de négociations.

PS: Nous saluons ceux qui ont brûlé une voiture de police à Exarchia le 6 février 2015 et ceux qui ont brisé le consensus pacifique d’une manifestation le 26 février [3].

Pour l’abolition de toutes les prisons !

Résistance et force à tous les grévistes de la faim dans les prisons grecques !

Pour l'(A)narchie !

Traduit de l’allemand, 10 mars 2015

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NdT:

[1] Pour « Nationalsozialistischer Untergrund »: groupuscule fasciste terroriste, qui a émergé dans années 90 en Allemagne. Leurs membres mèneront des attentats à la bombe dans les gares de Düsseldorf (2000) et Cologne (2004), seront impliqués dans de nombreux meurtres racistes entre 2000 et 2011, ciblant en grande partie des personnes d’origine turque .

[2] Par ailleurs, les flics précisent dans un communiqué que quatre véhicules ont été incendiés à la gare de Lichtenberg de Berlin aux alentours de 2h30 mardi matin. Outre le véhicule de police, trois autres voitures (une Nissan, une Honda, une Audi) appartenant à des cadres de la ‘Deutsche Bahn’ ont également été détruites par les flammes. La police a annoncé avoir ouvert une enquête et soupçonne la « mouvance autonome d’extrême-gauche ». Selon ses statistiques, la police lui attribut près de 1350 actes (incendies et dégradations), soit 310 de plus qu’en 2013. En outre, 47 véhicules de police ont été endommagés par des jets de pierres et de bouteilles de peinture.

[3] Le 26 février 2015, une manifestation gauchiste s’est tenue à Athènes, rassemblant quelques centaines de personnes déçues et/ou cherchant à mettre la pression sur le nouveau gouvernement de gauche de SYRIZA fraîchement élu. Un groupe d’une cinquantaine d’anarchistes a fait une brève intervention à la fin de la manif afin de rappeler leur rejet de tous les pouvoirs et du capital. Des voitures ont été détruites (certaines incendiées) et les flics ont été attaqués aux cocktails molotov tandis ques des barricades enflammées bloquaient les rues du quartier d’Exarchia.

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[Besançon] Les flics occupent le quartier des « 408 »

A Besançon, dans le quartier des « 408 » : port du casque obligatoire

Besançon. Que n’est-il passé comme projectile destiné à blesser à travers les fenêtres des immeubles de la rue Brulard ? Pommes, oranges, briques, boules de pétanque et même, de souvenir de policier, un réfrigérateur. Hier, une vitre, lancée des étages, est venue exploser aux pieds des ouvriers occupés à réparer les dégâts des jours précédents. Vers midi, devant le bâtiment 29 du quartier de la Grette, une nouvelle fois s’est exprimé ce rejet de tout ordre établi par quelques-uns.

Un homme désigné par les victimes semble-t-il visées a néanmoins été interpellé. Et hier soir, comme cela le sera tous les soirs de cette semaine, un cordon de policiers s’est déployé autour des immeubles des 408 pour assurer la sécurisation du quartier et tenter de mettre fin aux dégradations connues ces derniers jours, semaines et mois, dans l’attente de trouver une véritable solution à l’effervescence haineuse qui trouble la vie des habitants dès la nuit tombée.

Leur presse – l’est républicain, 10/03/2015 à 18:23 via Brèves du désordre

Besançon : un transformateur flambe aux 408

LES SEMAINES PASSENT, mais les mêmes dégradations se reproduisent à intervalles réguliers aux 408 à Besançon.

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Ce samedi, vers 19 h 30, les pompiers interviennent sur un feu de transformateur à l’entrée de ce quartier sensible. A 19 h 40, une demi-Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une quarantaine d’hommes environ, les rejoint. Difficulté, les cinq pompiers présents ne peuvent éteindre tout de suite les flammes qui détruisent peu à peu la structure en plastique à cause des arcs électriques qui en jaillissent.

Vers 20 h 30, deux hommes d’ERDF arrivent pour couper le courant. Une fois tout risque de retour électrique écarté, les flammes sont circonscrites rapidement.

« Lorsque nous sommes arrivés, nous avons subi un petit caillassage en règle », explique le commandant David Lafosse, qui dirige la demi-compagnie de la CRS 59 de Toulon, en renforts à Besançon depuis mardi dernier. Un soutien qui fait suite à la demande du préfet du Doubs et du Directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), afin d’assurer une mission de sécurisation et d’assistance dans les quartiers sensibles de la ville.

Un jeune mineur interpellé

« Nous avons l’habitude de ce genre de manifestations, presque chaque soir. De toute manière, ils se sont enfuis aussitôt. Et puis nous avons interpellé un jeune mineur qui se trouvait devant le transformateur. La police l’a conduit au commissariat pour l’interroger. Nous ne savons pas s’il est l’auteur des faits ou simple badaud. »

Conséquence désagréable de ce sinistre, ce transformateur alimentant l’éclairage public et les feux de signalisation, le quartier est actuellement plongé dans l’obscurité. Durant l’intervention, les CRS ont assuré la régulation de la circulation, difficile sur le secteur, notamment en raison des nombreux véhicules de police alignés sur le trottoir de la voie qui se dirige vers Planoise et de la pénombre qui y règne, de chaque côté.

L’éclairage des logements des 408 n’est pas touché.

« Lorsque les pompiers seront repartis, nous pénétrerons dans la cité pour effectuer des contrôles sur les personnes que nous croiserons et pour sécuriser la zone, comme chaque nuit », concluait le commandant.

Les 408 sont effectivement très surveillés, depuis les tentatives, partielles ou totales, de destruction, ces quinze derniers jours, des mâts de vidéosurveillance qui quadrillent le quartier. Des dégradations qui se produisent traditionnellement en fin de semaine.

Leur presse – l’est republicain.fr, 08/03/2015 à 05h05

[Lausanne] Tags contre les vautours de la machine à expulser de l’EVAM – 21/22 février 2015

Attaque contre les vitrines de l’EVAM à Lausanne

noborder2Cette fin de week-end nous avons recouvert les vitres d’une antenne de l’EVAM (établissement vaudois d’acceuil aux migrants) de slogans tels que « expulseur de migrantEs », « solidarité avec les immigréEs » et autres messages.
Quelques bombes de peintures, un élan de motivation et hop une attaque de plus contre la machine à expulser et les pourritures de vautours qui gagnent leur pains quotidien en détruisant la vie de centaines de personnes migrantEs.
A lausanne, comme partout ailleurs, ce genre d’attaques contre les rouages de la machine a expulse est fréquent.

Ni nation ni patrie, vive l’anarchie.

Publié sur indymedia suisse romande, 25 février à 00h49

[Publication] En guise d’avertissement

« Nous n’avons pas peur des ruines. Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »

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Cette revue se donne l’ambition de remuer les réflexions, recherches et débats autour des perspectives anarchistes et antiautoritaires. Certains débats vifs et toujours d’actualité, certains autres laissés de côté et exhumés pour l’occasion. Il ne s’agit pas d’un journal d’actualité et d’agitation distribué dans la rue et rédigé dans l’urgence, mais cela nous a paru tout aussi nécessaire et complémentaire. Parce que la sensation d’un manque se faisait de plus en plus forte, tout comme la nécessité de recommencer à se doter d’outils plus intemporels que d’habitude pour s’exprimer sur des choses plus profondes que les fils d’actualité non-stop, avec le temps et la place pour le faire. Elle s’adresse donc à un « public » averti (dont voici l’avertissement) et proche (ou pas encore) des enjeux soulevés. Notre but est de contribuer au développement de nos idées, trop souvent repoussé à plus tard par un activisme sans fond ou dans une passivité pratique et intellectuelle affligeante.

Si le manque de confiance en soi de la plupart des compagnon/nes nous empêche de produire de la théorie (et il y a aussi ces quelques gardiens du temple qui souhaiteraient que les idées restent centralisées entre leurs mains), ici, nous ferons foin de tout cela, car nous n’avons de comptes à rendre à personne et nous foutons éperdument des boutiquiers idéologiques et groupusculaires, occupés à s’adapter et à survivre, à perpétuer des dogmes et des hégémonies rarement soumis à l’autocritique, et rarement disponibles à la critique. Aussi, nous avons confiance en nos capacités, et refusons l’autoflagellation permanente dans laquelle se vautrent tant d’entre nous, refusant de se sentir capables ou pertinents à s’exprimer, alors qu’ils/elles le sont très largement. C’est pourquoi nous voulons rappeler que la pensée n’appartient pas aux intellectuels, l’histoire n’appartient pas aux historiens, l’anarchie n’appartient pas non plus à une quelconque intelligentsia de l’anarchie, ni à son intelligentsia adverse, elle nous appartient, elle appartient à tous ceux qui se donnent la peine de la faire vivre, chacun/e à sa manière avec ce qu’il/elle est, sans se laisser miner par les évêques et les inquisiteurs des petites chapelles idéologiques et de la bourgeoisie.

Bien qu’il soit de bon ton de le faire, déconstructions après déconstructions, nous refusons donc de nous considérer comme de la merde et des incapables, ce que ce monde souhaite et nous inculque par l’éducation, et que le milieu achève de nous faire accepter le long de ses brochures et de ses groupes de paroles qui visent à nous normaliser, mais différemment. C’est aussi pourquoi nous refusons de déléguer ce qui nous appartient à quelconque spécialistes, car les merdes, précisément, ce sont elles/eux.

Mais il nous faut maintenant définir ce que nous entendons par « anarchisme », mais cela serait trop long, alors nous le ferons un peu en négatif, un peu en positif. N’engageant que nous-mêmes dans ces quelques remarques.

L’anarchisme n’est pas un courant politique, il n’est donc ni de droite ni de gauche, mais complètement hors de cet échiquier-là et du référentiel général qui lui sert de canevas. Si il est né d’une scission anti-autoritaire du socialisme révolutionnaire, l’anarchisme a cessé depuis longtemps d’être un courant de la gauche en refusant l’organisation et les logiques autoritaires qui sont l’essence de tous les mouvements de gauche. Évidemment, ce n’est pas le cas de tous les anarchistes, et le mot « libertaire » a d’ailleurs été inventé pour décrire tout ce qui ressemble à de l’anarchisme et en a la saveur, sans en être réellement (par refus des conséquences pratiques logiques de ces idées). Les anarchistes ne sont donc pas un lobby politique visant à influencer la société et l’État avec ses idées et en faveur de ses intérêts.

Les anarchistes étant épris de liberté, et le mot « liberté » ayant largement été refaçonné depuis le
XXe siècle en un hédonisme qui n’a plus grand chose à voir avec nos idées, une autre erreur est récurrente : la confusion régulièrement faite entre anarchisme et conception libérale de la liberté, que ce soit à la TV ou dans des petits milieux universitaires ou post-universitaires pénétrés de French Theory et de ses oripeaux. « Je fais ce que je veux et je t’emmerde » n’a rien à voir avec l’anarchie telle que nous l’entendons. Il en va de même pour l’esprit de consommation des luttes et des corps qui vont souvent avec cette confusion répandue, même à l’intérieur du mouvement.

Les anarchistes doivent selon nous s’affranchir des totems, mais aussi des tabous, et notamment retrouver les capacités de désaliéner le langage employé pour nous asservir. Du moins autant que possible, le langage étant une aliénation en soi de la pensée (forcement plus complexe que des mots). Durutti affirmait que « la discipline est indispensable, mais qu’elle doit venir de l’intérieur, motivée par une résolution ». Discipline, travail révolutionnaire, mémoire, etc.

N’ayez crainte ! Les mots n’appartiennent pas qu’au pouvoir, ils ont un sens qui leur est propre, et anarchisme n’est pas gauchisme, ce n’est pas faire le contraire, penser le contraire, dire le contraire et donc proscrire en bloc tous les mots et les concepts humains employés par le pouvoir et ses rapports de domination. Nous voulons au contraire faire autre chose et nous réapproprier les moyens de notre émancipation en tant qu’individus conscients de leur unicité, associés sur des bases réciproques, et prêts à en découdre avec l’autorité.

Ces quelques affirmations, si on les comprend mal, feront sans doute consensus parmi celles et ceux qui passent le plus clair de leur temps à réformer le langage dans le but d’en faire un cheval de bataille de la déconstruction postmoderne. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le langage reste aujourd’hui l’un des seuls outils dont nous disposons pour exprimer nos idées. Si nous serons tous d’accord pour dire que le langage n’est pas neutre, car façonné par une tradition millénaire de domination, il faudra aussi accepter le fait qu’il est indispensable à nos perspectives, et que nous sommes bien obligés de nous en servir. La question à se poser devient donc : qui voulons-nous comprendre ? Et par qui voulons-nous être compris ? Mais ces questions, tant refusent de se la poser, faisant le choix facile de s’en foutre avec arrogance et de se réfugier dans des casernes identitaires confortables.

On voit depuis longtemps émaner des milieux contestataires des tentatives maladroites de rafistoler le langage, par diverses méthodes de féminisation (de la plus basique et juste jusqu’à l’illisible intégral), ou de grammaires et d’orthographes alternatives. Certain/es ont même le sentiment de changer le monde, se berçant de l’illusion d’être de grands révolutionnaires de par leur usage douteux mais volontaire de l’écriture. Mais alors revient sur le tapis cette même vieille question : par qui voulons-nous être compris ? En effet, on assiste parfois à ce que l’on pourrait nommer des dérives sectaires, notamment lorsque des brochures ne sont plus compréhensibles que par celles et ceux qui les écrivent et leurs ami/es. Il s’agit alors d’une forme de « sécession » qui n’a plus rien de révolutionnaire, puisqu’au lieu d’agir sur le monde, il ne s’agit plus que de vivre « en-dehors » de celui-ci, ce qui constitue encore une illusion. Car à force d’exagérer dans le rafistolage on finit par devenir illisibles, autant dire que certaines formes d’utilisations du langage ne sortiront jamais du petit milieu qui les a créées. Ainsi, nous pensons que ceux qui croient créer un langage « libéré » se fourvoient encore.

Si demain tout ce qui sortait des initiatives révolutionnaires écrites (tracts, affiches, brochures, livres, journaux…) était écrit de façon identitaire, non-genrée, non-spéciste, non-agiste, non-validiste (et autres ismes à l’infini…), plutôt que d’être un moyen pour communiquer, notre langage deviendrait une barrière qui nous séparerait du reste de l’humanité. Totalement coupés du monde, il ne nous resterait alors plus grand chose à faire, à part se faire réprimer dans l’isolement total (car en effet, qui se soucie de la répression exercée contre des petites minorités volontairement sectaires ?

Notre but n’est pas de nous isoler sur un territoire vierge avec tous nos copain/ines pour y parler notre novlangue identitaire et vivre nos rapports soi-disant « libérés », notre but est d’attaquer la domination partout où elle se trouve. Il faut se rendre compte que nous vivons dans un monde sans évasion possible. Qu’il n’y a pas d’ailleurs où guérir d’ici, pas d’oasis ou de plage de liberté possible tant qu’existeront le Capital, l’Etat et les divers rapports de domination qui les maintiennent. Nous sommes obligés de combattre ce monde en son sein, avec toutes les contradictions, limites et difficultés que cela comporte. Mais survivre n’implique-t-il pas déjà une quantité insoutenable de compromis ? C’est pour cela que nous embrassons la proposition révolutionnaire et internationaliste, et rejetons les alternatives et les diverses pseudo-autonomies locales, qui ne sont que des échelles réduites de ce monde de merde.

Aussi, nous refusons que des compagnon/nes se reposent dans l’ombre d’autres compagnon/nes, soi-disant mieux armé/es qu’elles/eux, plus âgé/es, plus expérimenté/es ou plus rhéteur/trices. Nous appelons donc chacun/e à se débarrasser de ses figures tutélaires et à se prendre en main, autant que nous appelons ces figures tutélaires à cesser de profiter et à se débarrasser de leurs rôles lorsqu’ils sont involontairement acquis (souvent le produit de l’inconsistance des autres), et à se faire foutre dans le cas contraire. Car nous refusons d’évoluer dans un milieu politico-mafieux.

Être anarchiste ou révolutionnaire n’est pas pour nous une posture, une opinion, un art ou une culture. Il n’y a pas de look anarchiste, pas d’identité, pas de signes de reconnaissance. Être anarchiste signifie lutter et combattre la domination, avec ses bras, ses jambes, son coeur et son cerveau, avec les conséquences négatives comme positives que cela implique. Être anarchiste ne consiste pas à affirmer des positions antagonistes de principe et à lire quelques bouquins aux couvertures rouges et noires, ni même à porter quelques opinions choc sur des tables de presse, dans les universités de la bourgeoisie, sur internet ou dans des squats fermés physiquement et/ou mentalement au monde extérieur. Ce même monde que tant prétendent vouloir révolutionner, sans pour autant tirer les conséquences de leurs postures de rebelles confortablement installés dans leurs habitudes, et reléguant la destruction à quelques slogans et gros titres sans conséquences.

Mais il ne s’agit pas non plus de se contenter de l’action pure et simple, pour notre petit plaisir hédoniste ou pour défouler nos frustrations en exaltant la seule « beauté du geste » comme des futuristes des temps nouveaux. Il ne s’agit pas non plus d’une agitation qui consisterait à informer ou venir en aide aux exploités, car les anarchistes ne sont pas des journalistes alternatifs, des humanistes ou des âmes pieuses et altruistes. En effet, nos actes sont tous réalisés par intérêt, pas par sympathie ni pour rembourser une dette morale, sociale ou intellectuelle. Nous ne nous battons pas pour les pauvres ou à leur service, mais contre la pauvreté. Pas pour les sans-papiers, mais contre les papiers, les Etats et les frontières. Pas pour les prisonniers, mais pour en finir avec toutes les prisons et la justice. Nos intérêts sont tout ce qui contribue à accentuer les conflictualités au sein de la société sans la reproduire en même temps. Notre objectif étant de faire le coup de poing avec les rapports de domination dans la société et d’y insuffler par nos interventions diverses des perspectives réelles et affichées, comme la révolution et la victoire, tout en portant un message antisocial intelligible au sein de la guerre sociale en cours depuis toujours. Tout cela sans croire que ces objectifs n’appartiennent qu’à nous, ou bien qu’ils le doivent. Qui croit encore sérieusement en un mouvement anarchiste (armé ou non) qui se suffirait à lui-même et réussirait à vaincre l’État sur son terrain militaire et stratégique (ou sur un terrain social par le biais d’une imaginaire opinion publique devant laquelle il faudrait présenter patte blanche), qui veut encore y croire ? D’abord à cause de l’évidente asymétrie, ensuite parce que nous pensons que nos seules victoires proviendront de tensions sociales insurrectionnelles qui ne pourront jamais reposer que sur nous-mêmes et notre évidente faiblesse numérique. Il faut être capable d’abandonner les mythes anciens de révolutions anarchistes pures et parfaites et embrasser les possibilités telles qu’elles se présentent à nous, tout en restant fidèles à nous-mêmes, c’est-à-dire sans céder aux sirènes du populisme et du possibilisme.

De nos jours, les anarchistes ne peuvent pas prétendre à mieux qu’à la construction d’une minorité agissante avec une réelle capacité d’intervention, de destruction, mais aussi de construction. Construction non pas d’un nouveau monde angélique ou d’alternatives, ou de « formes de vies », mais d’initiatives, de harcèlement, d’agitation, d’attaques, de continuité, d’approfondissement, de capacités techniques et théoriques réelles. Car nous voulons véritablement la révolution, pas nous contenter d’un romantisme agréable mais inconséquent.

Notre but n’est donc pas de créer ou de contribuer à la création d’une nouvelle anarchie, car l’ancienne, lorsqu’elle est débarrassée de ses logiques de partis et de leurs congrès internationaux d’hier comme d’aujourd’hui, de toute politique, de toute démagogie et de toute organisation permanente (prétendument informelle ou non) nous convient très bien, et fait même plus que nous convenir. Comme en témoigne le contenu de cette revue, il ne s’agit pas pour nous de faire table rase du passé ou de chercher la nouveauté à tout prix, comme cette époque d’ennui morbide nous y pousse. Pas d’anarchie 2.0 ici, donc. La mémoire du mouvement anarchiste est belle et complexe, sa tradition est bien la seule tradition que nous respectons, tout en la façonnant à notre tour, par l’acte et ici, par la pensée et la critique. Cette revue constitue donc également un hommage et un rappel des luttes et des compagnon/nes du passé, toujours présents dans un coin de nos têtes, et menacés par l’impérative modernité et son culte de la vitesse, du néant et de l’oubli.

image2editoPrécisons toutefois que tout ce que l’on pourra lire ici n’a qu’un seul but, celui de réconcilier l’agir et le réfléchir, parfois durement, et si le ton risque parfois d’effrayer les plus consensualistes de nos camarades et les éternels pleureur/ses du mouvement, nous espérons que le fond sera retenu pour ce qu’il est, et non pas écarté sous l’excuse de la « forme » et des petites vexations dues aux incivilités (ne jettes pas ton chewing-gum par terre camarade !) : réflexe pavlovien d’auto-défense classique de ceux qui refusent d’affronter leurs contradictions (au prix d’un certain confort) et d’affirmer leur rupture avec l’existant et ses mécanismes de consensus et de pacification des rapports (qui ont largement pénétrés, en France, le petit milieu et ses anarchistes). En effet, la critique aujourd’hui n’est acceptée que lorsqu’elle est polie et civilisée, ou lorsqu’elle n’est pas réellement critique. Que les éternelles âmes sensibles et susceptibles s’abstiennent donc de lire cette revue, au risque de trouver de nouveaux prétextes pour échapper à l’auto-critique.

Ces quelques pages s’inscrivent donc dans une tradition insurrectionnelle, critique et individuelle de l’anarchisme telle qu’elle fut porté par de nombreux anti-organisateurs du passé, et chaque ligne y sera rédigée par des individus en lutte d’aujourd’hui ou d’hier, illustres, anonymes ou les deux. Pas de philosophes ici, pas d’écrivains professionnels, pas de nihilistes de la petite bourgeoisie étudiante, pas de photos sensationnalistes de kalachnikov et de voitures enflammées ni de tartines de mots pour justifier son inaction ou ses actions merdeuses.

À la férocité, à l’intensité, à la conséquence.
Vive l’anarchie.

Pour exprimer vos inquiétudes par rapport aux querelles de pouvoir que cette revue pourrait provoquer dans les petites casernes idéologiques, pour toute réclamation, convocations, réquisitoires en diffamation, mises en examen, droits d’auteur et petits boutiquiers des idées :
vatefairefoutre@pissoff.com

Pour envoyer des traductions, des critiques (dans le ton qui vous conviendra), correspondre, contribuer, discuter, partager, distribuer, répondre ou remettre en question :
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Edito de Des Ruines n°1, Revue anarchiste apériodique, décembre 2014.

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[Allemagne] Brèves de sabotages dans le cadre de la destroika (février 2015)

Brême. Dans la nuit du 24 au 25 février 2015, un véhicule du service de parc automobile de l’armée allemande a été incendié Hemmstraße dans le quartier Findorff. « La Bundeswehr est un instrument ici pour protéger la richesse de quelques uns. Des guerres sont menées pour pouvoir assurer continuellement des ressources déjà existantes, pour exporter le système capitaliste autoritaire et garantir ses propres profits. L’Allemagne mène déjà depuis fort longtemps la guerre ou la soutient matériellement. C’est fait intentionnellement par le marché, que les moyens de subsistances de beaucoup de gens sont détruits par l’exploitation des richesses naturelles, par la vente des terres et l’obligation de dépendance au marché mondial néolibéral. Ce que cette politique sans scrupule fonctionne sur des cadavres, devient particulièrement visible aux frontières de l’Europe. La plupart des gens qui tentent de venir en Europe se voit refuser une entrée légale parce qu’ils n’ont soit pas de papiers, soit les mauvais papiers. Ils deviennent illégaux et cela sert de prétexte pour la police, les gardes-frontières et militaires d’ouvrir une chasse à l’intérieur de l’Europe, à ses frontières et sur la mer. Pour beaucoup, cela signifie l’expulsion ou la mort.

Pour des moments insurrectionnels passionnés le 18 mars à Francfort ! [..;] »

BW

Berlin. Dans la nuit du 24 au 25 février 2015, « quatre distributeurs d’argent ont été brisés ou ont été rendus inutilisables dans le quartier de Kreuzberg avec de la mousse expansive. Ce n’est pas la première action contre les banques à Berlin dans le cadre de l’appel à la Destroïka, et nous nous réjouissons des autres actions. […]

Venez à Francfort le 18 mars ! Le matin pour le blocage, à 17h00 pour la grande manif ! »

Francfort. « Dans la nuit du 18 au 19 février 2015, nous avons attaqué la Deutsche Annington dans le quartier de Sachsenhausen. Trois véhicules ont été incendiés et la façade vitrée arrière du complexe de bureau été brisée. […] La Deutsche Annington est un bénéficiaire important du marché de location autrefois social et du marché de l’habitat à bas prix. Entre 2001 et leur introduction en bourse en 2010, elle s’est enrichie de plus de 210.000 logements qui autrefois appartenaient aux forces armées britanniques, à de grosses entreprises comme RWE, E-ON, etc… » L’action a été en partie faite en solidarité avec les locataires en lutte en Allemagne, contre les expulsions de logements et la hausse des loyers. « Nous avons identifié une autre cible potentielle en plus des banques et des compagnies d’assurance ».

[Grèce] Manifestations contre les centres de rétention dans plusieurs villes (février 2015)

[Grèce] Manifestations contre les centres de rétention

Le 14 février, 250 personnes ont manifesté jusqu’au commissariat central de Thessalonique et ont lancé des bombes de peinture rouge sur l’entrée. Cinq jours après une manifestation pour la fermeture des centres de rétention s’est déroulée dans les rues de la ville.

Thessalonique, 19 février 2015

Thessalonique, 19 février 2015

Des manifestations contre les centres de rétention se sont également tenues à Patras le 17 février, à Athènes et Ioannina le 19 février et devant le centre de Xanthi le 28 février.

Samedi 21 février, il y a eu des affrontements entre les flics anti-émeute et 250 manifestant-e-s qui tentaient de rentrer dans le centre de rétention d’Amygdaleza où les retenus s’étaient révoltés le 14 février suite à la mort de deux d’entre eux.

amygdaleza

Traduction libre depuis clandestina

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[Grèce] Suicide, révolte et manifestation au centre de rétention d’Amygdaleza

14 février 2015

Le 13 février un migrant enfermé au centre de rétention d’Amygdaleza s’est suicidé. Cette prison située au nord d’Athènes avait déjà tué deux personnes en novembre dernier, et une autre mardi dernier. A l’intérieur les autres retenus ont répondu par la révolte.

Le lendemain le ministre de la Protection des citoyens du nouveau gouvernement de gauche est venu faire son beurre politique lors d’une visite au centre, en répétant la promesse faite lors de la campagne électorale de fermer les centres de rétention au profit de “centres d’accueil ouverts”. Un groupe d’une cinquantaine de personnes, elles sincèrement contre l’enfermement des étranger-e-s, manifestait devant les murs de la prison au même moment. Les retenus manifestaient de l’autre côté des grilles, brandissant des panneaux en anglais “Liberté. Ici on meurt”.

A l'extérieur du centre de rétention d'Amygdaleza

A l’extérieur du centre de rétention d’Amygdaleza

A l'intérieur

A l’intérieur

Destruction des frontières et de toutes les prisons, qu’elles soient de droite ou de gauche

d’après la presse

Repris de sans papiers ni frontières

[GB] Lettre de la prisonnière anarchiste Emma Sheppard

[Lettre de la prisonnière anarchiste Emma Sheppard en réponse à sa condamnation pour « dommages criminels pouvant mettre en danger la vie d’autrui » sur plusieurs voitures de police.]

support-emma-12cc1Je viens de me regarder à la télévision, ce qui, je l’espère, est une expérience qui ne se répètera jamais. Mais ça a remonté le moral de tout le monde dans l’aile ! Je pensais essayer d’écrire pour digérer certaines des choses qui se sont passées. Mais je ne me sens pas des plus éloquentes (de plus, je suis évidemment limitée par ma surveillance) alors j’ai pensé que je pourrais utiliser certaines des citations qui m’ont inspirée depuis que je suis en prison.

Dolly Parton a dit, « Si vous voulez un arc en ciel, vous devez vous attendre à un peu de pluie ». Je me sens vraiment chanceuse d’avoir tant de gens dans ma vie avec qui traverser la tempête et je suis heureuse d’avoir moins de pluie que je ne l’imaginais. Cela m’attriste que ce soit peut-être dû à mon portrait de « Good Girl Gone Bad ». Mais pourquoi est-ce que l’empathie et la colère ne pourraient pas coexister ? Pour moi, elles font toutes deux parties de la solidarité. Je ne suis pas spéciale. Je fais juste ce qui me semble juste. Je pense que c’est à cause de mon genre (et peut-être de ma classe) que ces distinctions sont faites.

« Lorsque vous avez longtemps eu peur de quelque chose et que ça finit par arriver, cette terrible chose est une libération. Car dans le ventre du mal il n’y a plus de peur. »
Lionel Shriver.

Ce n’est qu’après la condamnation que j’ai réalisé à quel point je la redoutais. Les médias, l’horrible débat sur les « bonnes et les mauvaises personnes », mes « regrets ». Tout cela me dégoûte. Mais maintenant je me sens d’un calme usé.

Ils disent que je suis « trop intelligente » pour ne pas aimer la police, et que mes actions ont empêché la police de s’attaquer à la violence domestique et à la maltraitance des enfants. Ne réalisent-ils pas combien de femmes sont ici avec moi parce que ces questions ont systématiquement été ignorées ? Tout cela est pourri jusqu’à la moelle !

Je n’étais pas surprise, mais en colère, de voir que la Cour se concentrait sur mes expressions de solidarité avec des gens de Jackson ou de Grèce, en ignorant mes problèmes très réels avec la police dans ce pays, que j’ai longuement énumérés : les morts en détention et dans la rue, les prisons pour migrants et le racisme institutionnel, les arrestations et les fouilles, l’utilisation des pistolets Taser, je pourrais continuer encore et encore. J’ai aussi essayé de mettre en évidence mes propres expériences de la violence de la police (contre moi et mes compagnons), la répression et les tentatives d’infiltration. Mais je vois bien pourquoi ils ont choisi d’ignorer tous ces points et de détourner leur attention ailleurs.

Je regrette de m’être faite attraper et l’impact que cela a eu sur ma famille et sur d’autres que j’aime. Je suis déterminée à ne jamais revenir ici, et je sais que maintenant, en tant que femme marquée, je serais censée rester du côté « droit » de la loi. Mais je pense déjà à beaucoup de façons de soutenir les personnes confrontées au complexe carcéral. Pas seulement parce que je me soucie des autres personnes, mais aussi parce que je suis en colère.

Je vous laisse avec une de mes citations favorites de Dylan Thomas :

« N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière. » [1]

Solidarité, amour, rage et tomorrows chip rappers [2].

Samedi 28 février 2015,
Em X.

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Énigme sur le fil du rasoir

Je suis une terroriste, et une gauchiste
Je suis un homme, et une femme ratée
Je suis prévenante, et téméraire
Je suis une anarchiste, et non une anarchiste
Je suis intelligente, et stupide
Je suis pleine de regrets, et provocatrice
Je suis seule, et bien entourée
Je suis queer, et discriminatoire
Je suis triste, et sans regrets

Qui suis-je ? Je suis (présumée) moi, Em.

Depuis la nouvelle année, j’ai été décrite comme toutes ces choses et je suis malade des jugements des autres. Du jeu de ceux qui rampent dans la salle d’audience, qui m’ étouffe. Des autres prisonnières qui m’interrogent et me menacent. De mes « camarades » qui m’ont abandonnée. Des médias qui construisent une image de moi. De la police qui est « inquiète de mon bien-être ».

Je n’ai jamais caché le mépris que j’ai pour la police. J’ai essayé de minimiser l’impact de mon arrestation sur ceux auxquels je tiens, sans me trahir.

Je suis toujours une anarchiste vénère avec un cœur rebelle. Mais je suis fatiguée. Je ne veux pas de compassion. Je vais garder ma tête haute.

[Traduit de l’anglais par non-fides de l’ABC Bristol.]

Pour lui écrire :

Emma Sheppard
A7372DJ
HMP Eastwood Park
Church Avenue
Falfield
Wotton-under-Edge
Gloucestershire
GL12 8DB

NdT

[1] Dylan Thomas, Do not go gentle into that good night, 1951. Ndt.

[2] Historiquement, en Angleterre, on emballe les frites dans du papier journal, « Chip wrappers » devient donc une appellation péjorative du journal de demain. Ndt.

 

[Faverney, Haute-Saône] Attaque de la gendarmerie aux molotovs – 4 mars 2015

Faverney : la gendarmerie a été caillassée

Une bouteille incendiaire a été jetée contre la gendarmerie de Faverney dans la nuit de mardi à mercredi.  Une enquête a été ouverte par  la brigade de Jussey, des auditions sont en cours.

Seules la porte d’entrée et l’enseigne ont été endommagées. Des bouteilles cassées ont été retrouvées sur place et il s’agirait probablement d’une délinquance de proximité. Peut-être des jeunes alcoolisés.

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Faverney : cocktail Molotov contre la gendarmerie

Mauvaise surprise, ce mercredi matin à 8 h, pour les gendarmes de Faverney (Haute-Saône). En arrivant à la brigade, ils ont découvert que le bâtiment avait été la cible de dégradations durant la nuit. Selon un témoignage, tout était encore en ordre à 2 h du matin.

fhsLes dégâts les plus visibles concernent l’enseigne lumineuse qui signale la brigade de ce village au nord de Vesoul. Celle-ci a été détruite, des débris jonchant le trottoir. Une pancarte « Terrain militaire » posée il y a environ deux semaines a aussi été arrachée. Le système d’appel installé à l’extérieur du bâtiment, qui permet de contacter un gendarme à toute heure en cas d’urgence, a aussi été mis hors service. Il a été réparé dans la journée.

Plus grave, une bouteille de bière remplie d’un produit inflammable a été jetée contre la porte d’entrée de la brigade. Le cocktail Molotov a éclaté et la porte a été noircie. « Ça aurait pu être beaucoup plus grave », constate le lieutenant-colonel Dedeban, commandant en second du groupement de gendarmerie de Haute-Saône. « La brigade aurait pu brûler entièrement. »

Dans le contexte actuel de menace terroriste, ces faits ont été pris très au sérieux. L’enquête confiée à la brigade de recherches de Vesoul et à la communauté de brigades de Jussey écarte une telle piste. « Du tapage a été entendu dans Faverney pendant la nuit », indique le lieutenant-colonel Dedeban. « Aucun message, aucune revendication n’a été relevée. On a peut-être affaire à des gens du secteur qui ont un grief contre la gendarmerie, car c’est la seule cible des dégradations. »

Leurs auteurs sont aujourd’hui activement recherchés. « C’est un symbole qui a été visé », estime le commandant en second du groupement de gendarmerie. « Une ligne a été franchie, ce n’est pas tolérable. Nous donnons toute priorité à cette affaire. »

Des techniciens en identification criminelle ont procédé à des relevés de police technique et scientifique aux abords de la brigade ; une enquête de voisinage a aussi été entreprise pour tenter de recueillir des témoignages. « J’ai rencontré le maire de la commune, les gendarmes », raconte le lieutenant-colonel Dedeban. « Tout le monde est choqué et agacé. »

Leur presse – l’est répugnant, 05/03/2015 à 05h25