Archives quotidiennes :

[Mexique] À propos de la candidature zapatiste en 2018 et des anarchistes

1004723_500250456697567_1512046535_nC’est avec peu de surprise que m’est parvenue la nouvelle annonçant que l’EZLN et le Congrès National Indigène (CNI) devraient soumettre une candidature indépendante et indienne pour le scrutin présidentiel de 2018, qui vient confirmer pour la millième fois que les guérillas ne cessent pas d’être ce qu’elles sont : des groupes politiques armés, autoritaires et d’avant-garde pour la prise du pouvoir. Il semble que beaucoup avaient oublié ce fait, certaines tendances de l’« anarchisme » civil ou des libertaires [1] en particulier, même si l’on ne peut reprocher ce fait en lui-même aux guérilleros, puisqu’ils savent jouer le jeu de la politique. Les reproches vont plutôt au manque de clarté et d’analyse chez les anarchistes eux-mêmes. Cela fait déjà longtemps que nous avons observé la manière dont l’EZLN, à la différence d’autres guérillas actuelles comme l’EPR, l’ERPI ou le TDR, a abandonné les nomenclatures prolétaires dix-neuviémistes, pour les transformer en quelque chose de plus moderne mais de même essence. Il ne s’agissait dès lors plus de lutte ouverte contre le capitalisme (même s’ils se déclaraient anticapitalistes) mais contre le néolibéralisme. Il n’y avait plus de prolétaires et de bourgeois mais ceux d’en-bas et ceux d’en haut ; plus de destruction de l’État bourgeois mais la lutte contre le mauvais gouvernement. Ce n’était plus la structure classique du parti de cadres, mais à la place la transformation du Front Zapatiste en individus et collectifs adhérents à la Sexta, soit-disant autonomes, qui appliquaient les ordres du commandement, mais déguisés sous l’argument de la solidarité avec les zapatistes, ses communautés et ses sections en lutte en dehors du Chiapas (la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Éducation pour en citer une). Nous avons vu la manière dont ils critiquaient les gouvernants et faisaient la promotion du mandar obedeciendo [« gouverner en obéissant »], et également comme ils mettaient en avant l’ « autonomie » via des ressources obtenues d’organisations civiles et d’ONG. Tout ceci a été avalé par certains anarchistes…mais évidemment pas par tous.
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[Publication] La « race » à coup de poing américain

racesSi aujourd’hui dans le milieu toujours plus décomposé la norme est au ressenti, à cette dictature latente des affects, des subjectivités émotives, de l’étalage de ses fragilités, de la victimisation et de l’hystérisation de la politique, je me contenterai ici d’un récit factuel qui n’engage que moi-même et ma présence en cette soirée ensoleillée d’automne à Marseille, voici donc quelques cuillères à café de « ressenti » subjectif, pas bio, sans sucre et sans victimes dedans.

« Nous refusons votre course à l’opprimé »
Des racialistes inspirés.

En arrivant Rue Consolat, on peut déjà remarquer que quelque chose se trame dans les rues de Marseille. Un peu partout j’aperçois des traces d’affiches arrachées annonçant le débat « s’opposer au racialisme » autour du texte « Jusqu’ici tout va bien ? ». Je sais que les tensions sont fortes autour de ces questions et je me dis que plus rien ne peut encore m’étonner de la part du PIR ou, dans ce cas, de celles et ceux qui font mine de ne pas y toucher dans le milieu, mais qui en sous main travaillent indirectement à faire valider et rendre acceptables les thèses et le vocabulaire raciste de ces derniers, avec une certaine tolérance (au moins…) pour l’homophobie, l’antisémitisme, la religion et le principe communautaire du « on lave le linge sale en famille ».

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