[Texte publié pour la première fois dans la revue anarchiste apériodique Des Ruines, n°2, automne 2015, à l’intérieur du dossier « Old-school ou post-modernes, les gauchistes nous emmerdent ». Il fut édité sous forme de receuil, avec d’autres textes de Cassandre, dans la brochure Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux, De la complaisance envers la religion et les théories de la race dans les milieux radicaux, Ravage Editions, janvier 2016.]
Archives par étiquette : revue anarchiste ‘Des Ruines’
[Publication] Sortie du n°2 de la revue anarchiste « Des Ruines » – Novembre 2015
Nous sommes heureux d’annoncer la sortie du deuxième numéro de la revue anarchiste apériodique Des Ruines au format A4 relié, avec cette fois-ci 168 pages et trois dossiers. La revue se donne l’ambition de remuer les réflexions, recherches et débats autour des perspectives anarchistes et antiautoritaires. Certains débats vifs et toujours d’actualité, certains autres laissés de côté et exhumés pour l’occasion.
Toutes les commandes et demandes relatives aux commandes et à la distribution seront prises en charge exclusivement par notre distributeur, la bibliothèque anarchiste La Discordia de Paris. 4€ (2€ l’ex. à partir de 5 ex. – pour les frais de port en France, consulter les prix affichés ici). Pour commander, envoyer adresse et paiement (n’oubliez pas les frais d’envois) à :
Des Ruines c/o Bibliothèque La Discordia
45 Rue du Pré Saint-Gervais
75019 Paris
France
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Au sommaire de ce numéro :
Édito
- Du papier dans la bouche* – A.E.
En vrac
Crève la taule !
- Prisons de Haute Sécurité et peines alternatives : Les deux faces d’une même pièce* – Anonyme
- Feu a toutes les prisons ! – Anonyme
Diffuser l’anarchie
- Il faut du vent pour que le feu se propage* – Jérôme Locura
Informalité ?
- A fronte praecipitium, a tergo lupi* – Aviv Etrebilal
- Contre l’organisation – Giuseppe Ciancabilla
Révolutionnaires, pas comédiens
- Sans demander pardon – Anonyme
- Entre mythomanie et répression – Anonyme
Aux origines du pouvoir
- I – Mythe, nationalisme et politique – Aviv Etrebilal
- II – Lumières et obscurité, vessies et lanternes* – Aviv Etrebilal
Solidarité avec… la vie
- Pour les chiens errants de Volos* – Des défenseurs de la dysnomie
- Les empoisonneurs doivent être empoisonnés* – Des taons
Du coté de la lutte contre l’industrialisation
- A propos de Xylella* – Quelques ennemis des nuisances
- Campagnes a vendre – André Dréan
- Relançons la lutte contre les nuisances – Billy, Costa et Silvia
- Perturbation solidaire d’un congres sur les biotechnologies a Milan – Quelques ennemi-e-s des nuisances
- Adresse aux zadistes – Laura Blanchard et Emilie Sievert
- La vache et l’irradié – Fernandel
- La révolte des smartphones – Quelques ennemis du techno-monde
Divers
- Éloge de la pudeur – André Prudhommeaux
- Mots*
Dossiers
Dossier – Old-school ou post-modernes, les gauchistes nous emmerdent
- Gauchisme 2.0* – Docteur Connard
- Pour en finir avec la politique et ses méthodes* – Anonyme
- Tu l’aimes ta soupe extra-parlementaire ?* – R. Naxemrist
- La recette de mémé*
- Fedayins, vous nous faites chier ! – Martin
- Et « Dieu » créa l’« Islamophobie »… – Claude Guillon
- Conseils en Radical Studies – Anonyme
- Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux* – Cassandre
- Les fantômes de la déconstruction* – Cassandre
- De la banalisation des thèses ethno-différentialistes et communautaristes en milieu militant – Un contributeur du négatif
- Nique la « race » !
- Il est temps de rompre les rangs ! – Anonyme
- L’idéologie de la victimisation* – Feral Faun
- La Peur du conflit – Feral Faun
- Le refus persistant du paradis* – Penelope Rosemont
- La Forme D’Abord ! – Andrè Drèan
- Syndicatine 500 – Laboratoire Dustal
Dossier – L’opposition au nucléaire dans l’Italie des années 80
- Introduction à l’opposition au nucléaire dans l’Italie des années 80* – K.C.
- Contre la technologie nucléaire* – Pierleone Porcu
- Chronologie de la lutte contre le nucléaire en Italie* – K.C.
- Du centre à la périphérie* – Anonyme
Dossier – No-Tav : La vallée des larmes… et des bisous !
- Autopsie d’une illusion : les anarchistes dans le mouvement No TAV* – K.C.
- Les gentils de Noël – Finimondo (introduction de quelques anarchistes de Paris et environs)
- La légende de la vallée qui n’existe pas – M. et V.
- Addendum à la légende* – M.
- Blanqui à Venaus – Anonyme
Les textes marqués d’une astérisque dans ce sommaire ont été écrits ou traduits pour Des Ruines n°2. Les sources et traducteurs de tous les autres textes sont toujours mentionnés lorsque disponibles […].
[Reçu par mail]
Pour en finir avec le Prisonnier Politique
Cela fait quelques années que l’on voit réapparaître le terme de « prisonnier politique ». Un terme que l’on croyait disparu depuis plusieurs décennies, du moins dans les sphères antiautoritaires.
Un terme devenu la chasse gardée des diverses sectes marxistes ou maoïstes, d’Amnesty International ou des opposants politiques bourgeois à des régimes autoritaires comme la Russie, la Birmanie ou l’Iran ; ou encore dans le cadre des luttes dites de « libération » nationale, du Pays Basque au Kurdistan en passant par la Palestine ; mais aussi à l’extrême-droite. C’est en partie pourquoi nous nous inquiétons de voir refleurir ce terme ici ou là, dans la bouche de compagnons à travers le monde. Et si nous désirons en finir aujourd’hui et pour toujours avec ce terme, ce n’est pas uniquement parce qu’il va à l’encontre de toutes nos perspectives antipolitiques, contre tous ceux qui veulent nous gérer, nous représenter et nous dominer à travers l’arme de la politique. C’est aussi parce qu’il y a derrière cette résurgence la conséquence malsaine, consciente ou inconsciente, de créer des distinctions entre les prisonniers en ne se basant que sur les « crimes » qu’ils sont accusés d’avoir commis par l’Etat, avec la loupe de son code pénal. Cela crée une hiérarchie selon la vertu supposée des actes incriminés, entre ceux qui méritent le plus d’être libérés ou soutenus, et les autres. Réduisant au néant toute la critique anticarcérale séculaire des anarchistes et antiautoritaires. Ainsi, il s’agit de n’exprimer sa solidarité qu’à des prisonniers incarcérés à cause de leurs idées, au détriment du reste de la population carcérale, complètement oubliée ou juste utilisée pour valider un discours sur son dos.
Mais un prisonnier politique, c’est quoi au juste ? Voyons du coté de la domination : pour le Conseil de l’Europe par exemple, un détenu doit être considéré comme un prisonnier politique si la détention a été imposée en violation de l’une des garanties fondamentales énoncées dans la Convention européenne des Droits de l’Homme, en particulier « la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté d’expression et d’information et la liberté de réunion et d’association ». Mais aussi si la détention a été imposée pour des raisons purement politiques sans rapport avec une infraction quelle qu’elle soit. Mais ce genre de palabres démocratiques concernent-elles des anarchistes ?
Pour être clairs, nous affirmons que la plupart des incarcérations, aujourd’hui comme toujours, sont bien plus liées à des contextes et des raisons politiques qu’à des infractions précises. Car même si dans un procès les accusations sont presque toujours appuyées sur des faits, ce sont bel et bien l’Etat et son système judiciaire qui décident dans quelle mesure réprimer tel ou tel acte spécifique, telle ou telle partie de la population. Car la répression de tous les actes dits « illégaux » est clairement impossible techniquement. Que ce soit en raison du trop grand nombres de lois, des effectifs policiers et autres raisons techniques, ou politiquement, car la tolérance zéro engendrerait des risques de révolte accrus. La répression de l’illégalité (dont l’incarcération est un des moyens) obéit donc à une stratégie et un agenda politique.
N’incarcère-t-on pas pour faire monter ou baisser des chiffres qui serviront aux ambitions électorales de politiciens, pour démontrer un discours ou pour jeter de la poudre aux yeux ? N’incarcère-t-on pas principalement des indésirables que l’on ne souhaite pas voir ailleurs dans la société, des indésirables qui sont la plupart du temps confrontés aux institutions répressives en raison de leur pauvreté et donc de leur incapacité à se défendre avec les outils que la justice prétend leur « garantir », comme des avocats qui ne travaillent que quand on les paye cher ou des garanties de représentation, un luxe pour la plupart des détenus. Tout est fait pour que les prisons soient remplies de pauvres, et elles le sont à n’en pas douter.
Alors si la justice ne peut être qu’une justice de la bourgeoisie contre les pauvres indociles (ou non), une justice de classe, alors quel prisonnier n’est pas un prisonnier politique ? Si la prison a de réelles fonctions politiques et sociales, comme le maintien de l’ordre et la paix sociale, alors quel prisonnier n’est pas un prisonnier politique ? Pour le dire plus simplement, la prison étant un outil politique, alors tous les prisonniers sont des prisonniers politiques. Et dans ce cas là, autant jeter ce terme dans les oubliettes de la politique, justement. Car elle n’est pas chose que nous revendiquons, mais chose que nous voulons détruire jusqu’à sa dernière manifestation.
De plus, on peut questionner également ce terme sur ses aspects « innocentistes ». En effet, il est souvent utilisé pour qualifier le caractère « injuste » d’une incarcération, comme souvent avec Mumia Abu-Jamal, Georges Ibrahim Abdallah ou les Pussy Riot, pour utiliser des exemples parmi les plus célèbres ou médiatiques aujourd’hui. Cela se manifeste souvent par cette insistance à vouloir démontrer que l’on est « innocent » puisqu’enfermé uniquement pour ses idées : réclamer un statut de prisonnier politique revient à réclamer la liberté d’expression (ou son respect dans les pays où elle est déjà officiellement et théoriquement reconnue). Avec l’effet pervers de justifier par ailleurs l’incarcération pour de « vrais » délits ne relevant pas de cette liberté d’expression. Dans le cas où les prisonniers ont de toute évidence commis les actes dont ils sont accusés et les reconnaissent, les définir comme « prisonniers politiques » revient à vouloir prouver que ces actes n’étaient qu’une réponse à des lois « injustes » ou « illégitimes », comme si certaines autres étaient « justes » et « légitimes » (celles pour lesquelles sont enfermés les autres prisonniers). Finalement, dans les deux cas il s’agit d’affirmer leur innocence en les rendant irresponsables, d’une manière ou d’une autre, ou en essayant de rendre leurs actes légitimes aux yeux de l’ennemi. Une démarche qui ne conviendrait pas, par exemple, pour des braqueurs, et qui de toute façon n’a rien d’anti-carcérale ou de révolutionnaire. Qu’il s’agisse de réclamer la « liberté d’expression » ou de protester contre l’« injustice » d’une loi, ces deux manœuvres ne sont que des demandes à l’Etat visant à le réformer, améliorant ainsi sa domination sur nos vies.
En tant qu’anarchistes, nous ne souhaitons pas entrer dans un débat politique (avec ou sans le pouvoir) pour définir ce qui est moralement juste et vertueux et ce qui ne l’est pas. Profanes, nous laissons cela à leur justice et à leurs églises de toutes sortes. La seule chose qui nous intéresse concernant la prison, c’est sa destruction totale et définitive, sans négociation et sans transition. Et ce n’est que par la lutte et la révolte à l’intérieur comme à l’extérieur que nous y arriverons.
Nous ne disons pas ici que tous les prisonniers méritent notre solidarité inconditionnelle. Car nous ne voyons pas la solidarité comme une dette ou un devoir, mais comme une arme de réciprocité dans la guerre contre l’existant. C’est pourquoi notre solidarité va à tous les prisonniers révoltés qui, sans médiations, luttent contre la condition qui leur est faite, sans distinction particulière. Car si nous ne partageons pas la pensée ou les actes de tous les prisonniers, parfois même nous pouvons les mépriser entièrement, il nous faut être clairs sur une chose : nous nous opposons à l’enfermement sous toutes ses formes, et nous ne le souhaitons pas même à nos pires ennemis. Ainsi, la relation que nous entretenons avec le prisonnier révolté est une relation intéressée, car il s’agit d’une rencontre entre des intérêts qui convergent, ceux de la révolte et/ou de l’insurrection. Il n’est pas question de martyrs ou de grands abnégateurs… Il n’est pas question d’altruisme, il n’est question que de compagnons, et donc de complicité, à ne pas confondre avec la charité.
Bien sûr, il est plus facile pour nous de donner notre solidarité à des compagnons qu’à des inconnus sans histoire commune, car les tenants et les aboutissants nous sont plus facilement et rapidement accessibles et identifiables, mais la solidarité ne doit pas faire preuve de fainéantise, elle doit dépasser les frontières identitaires des petits milieux pour s’élargir à tous les prisonniers de la guerre sociale et viser la liberté de tous, sinon cette solidarité n’a rien de révolutionnaire, elle est seulement un signe de reconnaissance creux entre personnes averties, qui ne vaut pas plus que n’importe quelle autre forme de solidarité communautaire et identitaire.
A partir de là, lorsque nous entendons des révolutionnaires antiautoritaires se déclarer « prisonniers politiques », ou pire encore, en réclamer le statut à l’ennemi, nous déplorons cette façon de se distinguer des autres prisonniers. Quelle volonté derrière sinon de faire valoir l’« illégitimité » de leur incarcération ou de demander à l’ennemi un traitement différencié, des privilèges ou une amnistie ?
Nous comprenons bien l’intérêt qu’il y a à l’intérieur d’être regroupés entre révolutionnaires, le quotidien y est plus fluide et les prisonniers pourraient probablement s’y entendre mieux (mais pourquoi au juste ?). Mais d’un autre côté, est-ce vraiment une bonne idée pour un agitateur révolutionnaire, de se séparer des autres détenus, comme beaucoup le font déjà dehors en s’enfermant dans des modes de vie communautaires, à l’intérieur de centres sociaux et contre-culturels dans des milieux sclérosés de consanguinité ?
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, comme on peut le voir en Grèce ou en Italie, l’Etat a plutôt tendance à regrouper les prisonniers anarchistes entre eux, séparés des autres détenus. Il s’agit bien d’empêcher leurs idées et leurs pratiques de révolte et de lutte de se répandre parmi la population générale, d’éviter l’infection. Il s’agit d’assurer la paix et l’ordre en séparant ceux qui rassemblés pourraient faire suer encore plus les administrations.
Nous refusons donc cette distinction entre « prisonniers politiques » et « prisonniers de droits communs » car elle devient forcément justification du système carcéral. Parce qu’il n’y a pas de prisonniers politiques, ou alors tous les prisonniers sont politiques, donc aucun.
Solidarité avec les prisonnier/es de la guerre sociale, Liberté pour toutes et tous.
[Extrait de Des Ruines, Revue anarchiste apériodique, Numéro 1, Janvier 2015. Publié également en annexe d’un recueil sur la lutte contre les prisons de type C en Grèce.]
[Publication] En guise d’avertissement
« Nous n’avons pas peur des ruines. Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »
Cette revue se donne l’ambition de remuer les réflexions, recherches et débats autour des perspectives anarchistes et antiautoritaires. Certains débats vifs et toujours d’actualité, certains autres laissés de côté et exhumés pour l’occasion. Il ne s’agit pas d’un journal d’actualité et d’agitation distribué dans la rue et rédigé dans l’urgence, mais cela nous a paru tout aussi nécessaire et complémentaire. Parce que la sensation d’un manque se faisait de plus en plus forte, tout comme la nécessité de recommencer à se doter d’outils plus intemporels que d’habitude pour s’exprimer sur des choses plus profondes que les fils d’actualité non-stop, avec le temps et la place pour le faire. Elle s’adresse donc à un « public » averti (dont voici l’avertissement) et proche (ou pas encore) des enjeux soulevés. Notre but est de contribuer au développement de nos idées, trop souvent repoussé à plus tard par un activisme sans fond ou dans une passivité pratique et intellectuelle affligeante.
Si le manque de confiance en soi de la plupart des compagnon/nes nous empêche de produire de la théorie (et il y a aussi ces quelques gardiens du temple qui souhaiteraient que les idées restent centralisées entre leurs mains), ici, nous ferons foin de tout cela, car nous n’avons de comptes à rendre à personne et nous foutons éperdument des boutiquiers idéologiques et groupusculaires, occupés à s’adapter et à survivre, à perpétuer des dogmes et des hégémonies rarement soumis à l’autocritique, et rarement disponibles à la critique. Aussi, nous avons confiance en nos capacités, et refusons l’autoflagellation permanente dans laquelle se vautrent tant d’entre nous, refusant de se sentir capables ou pertinents à s’exprimer, alors qu’ils/elles le sont très largement. C’est pourquoi nous voulons rappeler que la pensée n’appartient pas aux intellectuels, l’histoire n’appartient pas aux historiens, l’anarchie n’appartient pas non plus à une quelconque intelligentsia de l’anarchie, ni à son intelligentsia adverse, elle nous appartient, elle appartient à tous ceux qui se donnent la peine de la faire vivre, chacun/e à sa manière avec ce qu’il/elle est, sans se laisser miner par les évêques et les inquisiteurs des petites chapelles idéologiques et de la bourgeoisie.
Bien qu’il soit de bon ton de le faire, déconstructions après déconstructions, nous refusons donc de nous considérer comme de la merde et des incapables, ce que ce monde souhaite et nous inculque par l’éducation, et que le milieu achève de nous faire accepter le long de ses brochures et de ses groupes de paroles qui visent à nous normaliser, mais différemment. C’est aussi pourquoi nous refusons de déléguer ce qui nous appartient à quelconque spécialistes, car les merdes, précisément, ce sont elles/eux.
Mais il nous faut maintenant définir ce que nous entendons par « anarchisme », mais cela serait trop long, alors nous le ferons un peu en négatif, un peu en positif. N’engageant que nous-mêmes dans ces quelques remarques.
L’anarchisme n’est pas un courant politique, il n’est donc ni de droite ni de gauche, mais complètement hors de cet échiquier-là et du référentiel général qui lui sert de canevas. Si il est né d’une scission anti-autoritaire du socialisme révolutionnaire, l’anarchisme a cessé depuis longtemps d’être un courant de la gauche en refusant l’organisation et les logiques autoritaires qui sont l’essence de tous les mouvements de gauche. Évidemment, ce n’est pas le cas de tous les anarchistes, et le mot « libertaire » a d’ailleurs été inventé pour décrire tout ce qui ressemble à de l’anarchisme et en a la saveur, sans en être réellement (par refus des conséquences pratiques logiques de ces idées). Les anarchistes ne sont donc pas un lobby politique visant à influencer la société et l’État avec ses idées et en faveur de ses intérêts.
Les anarchistes étant épris de liberté, et le mot « liberté » ayant largement été refaçonné depuis le
XXe siècle en un hédonisme qui n’a plus grand chose à voir avec nos idées, une autre erreur est récurrente : la confusion régulièrement faite entre anarchisme et conception libérale de la liberté, que ce soit à la TV ou dans des petits milieux universitaires ou post-universitaires pénétrés de French Theory et de ses oripeaux. « Je fais ce que je veux et je t’emmerde » n’a rien à voir avec l’anarchie telle que nous l’entendons. Il en va de même pour l’esprit de consommation des luttes et des corps qui vont souvent avec cette confusion répandue, même à l’intérieur du mouvement.
Les anarchistes doivent selon nous s’affranchir des totems, mais aussi des tabous, et notamment retrouver les capacités de désaliéner le langage employé pour nous asservir. Du moins autant que possible, le langage étant une aliénation en soi de la pensée (forcement plus complexe que des mots). Durutti affirmait que « la discipline est indispensable, mais qu’elle doit venir de l’intérieur, motivée par une résolution ». Discipline, travail révolutionnaire, mémoire, etc.
N’ayez crainte ! Les mots n’appartiennent pas qu’au pouvoir, ils ont un sens qui leur est propre, et anarchisme n’est pas gauchisme, ce n’est pas faire le contraire, penser le contraire, dire le contraire et donc proscrire en bloc tous les mots et les concepts humains employés par le pouvoir et ses rapports de domination. Nous voulons au contraire faire autre chose et nous réapproprier les moyens de notre émancipation en tant qu’individus conscients de leur unicité, associés sur des bases réciproques, et prêts à en découdre avec l’autorité.
Ces quelques affirmations, si on les comprend mal, feront sans doute consensus parmi celles et ceux qui passent le plus clair de leur temps à réformer le langage dans le but d’en faire un cheval de bataille de la déconstruction postmoderne. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le langage reste aujourd’hui l’un des seuls outils dont nous disposons pour exprimer nos idées. Si nous serons tous d’accord pour dire que le langage n’est pas neutre, car façonné par une tradition millénaire de domination, il faudra aussi accepter le fait qu’il est indispensable à nos perspectives, et que nous sommes bien obligés de nous en servir. La question à se poser devient donc : qui voulons-nous comprendre ? Et par qui voulons-nous être compris ? Mais ces questions, tant refusent de se la poser, faisant le choix facile de s’en foutre avec arrogance et de se réfugier dans des casernes identitaires confortables.
On voit depuis longtemps émaner des milieux contestataires des tentatives maladroites de rafistoler le langage, par diverses méthodes de féminisation (de la plus basique et juste jusqu’à l’illisible intégral), ou de grammaires et d’orthographes alternatives. Certain/es ont même le sentiment de changer le monde, se berçant de l’illusion d’être de grands révolutionnaires de par leur usage douteux mais volontaire de l’écriture. Mais alors revient sur le tapis cette même vieille question : par qui voulons-nous être compris ? En effet, on assiste parfois à ce que l’on pourrait nommer des dérives sectaires, notamment lorsque des brochures ne sont plus compréhensibles que par celles et ceux qui les écrivent et leurs ami/es. Il s’agit alors d’une forme de « sécession » qui n’a plus rien de révolutionnaire, puisqu’au lieu d’agir sur le monde, il ne s’agit plus que de vivre « en-dehors » de celui-ci, ce qui constitue encore une illusion. Car à force d’exagérer dans le rafistolage on finit par devenir illisibles, autant dire que certaines formes d’utilisations du langage ne sortiront jamais du petit milieu qui les a créées. Ainsi, nous pensons que ceux qui croient créer un langage « libéré » se fourvoient encore.
Si demain tout ce qui sortait des initiatives révolutionnaires écrites (tracts, affiches, brochures, livres, journaux…) était écrit de façon identitaire, non-genrée, non-spéciste, non-agiste, non-validiste (et autres ismes à l’infini…), plutôt que d’être un moyen pour communiquer, notre langage deviendrait une barrière qui nous séparerait du reste de l’humanité. Totalement coupés du monde, il ne nous resterait alors plus grand chose à faire, à part se faire réprimer dans l’isolement total (car en effet, qui se soucie de la répression exercée contre des petites minorités volontairement sectaires ?
Notre but n’est pas de nous isoler sur un territoire vierge avec tous nos copain/ines pour y parler notre novlangue identitaire et vivre nos rapports soi-disant « libérés », notre but est d’attaquer la domination partout où elle se trouve. Il faut se rendre compte que nous vivons dans un monde sans évasion possible. Qu’il n’y a pas d’ailleurs où guérir d’ici, pas d’oasis ou de plage de liberté possible tant qu’existeront le Capital, l’Etat et les divers rapports de domination qui les maintiennent. Nous sommes obligés de combattre ce monde en son sein, avec toutes les contradictions, limites et difficultés que cela comporte. Mais survivre n’implique-t-il pas déjà une quantité insoutenable de compromis ? C’est pour cela que nous embrassons la proposition révolutionnaire et internationaliste, et rejetons les alternatives et les diverses pseudo-autonomies locales, qui ne sont que des échelles réduites de ce monde de merde.
Aussi, nous refusons que des compagnon/nes se reposent dans l’ombre d’autres compagnon/nes, soi-disant mieux armé/es qu’elles/eux, plus âgé/es, plus expérimenté/es ou plus rhéteur/trices. Nous appelons donc chacun/e à se débarrasser de ses figures tutélaires et à se prendre en main, autant que nous appelons ces figures tutélaires à cesser de profiter et à se débarrasser de leurs rôles lorsqu’ils sont involontairement acquis (souvent le produit de l’inconsistance des autres), et à se faire foutre dans le cas contraire. Car nous refusons d’évoluer dans un milieu politico-mafieux.
Être anarchiste ou révolutionnaire n’est pas pour nous une posture, une opinion, un art ou une culture. Il n’y a pas de look anarchiste, pas d’identité, pas de signes de reconnaissance. Être anarchiste signifie lutter et combattre la domination, avec ses bras, ses jambes, son coeur et son cerveau, avec les conséquences négatives comme positives que cela implique. Être anarchiste ne consiste pas à affirmer des positions antagonistes de principe et à lire quelques bouquins aux couvertures rouges et noires, ni même à porter quelques opinions choc sur des tables de presse, dans les universités de la bourgeoisie, sur internet ou dans des squats fermés physiquement et/ou mentalement au monde extérieur. Ce même monde que tant prétendent vouloir révolutionner, sans pour autant tirer les conséquences de leurs postures de rebelles confortablement installés dans leurs habitudes, et reléguant la destruction à quelques slogans et gros titres sans conséquences.
Mais il ne s’agit pas non plus de se contenter de l’action pure et simple, pour notre petit plaisir hédoniste ou pour défouler nos frustrations en exaltant la seule « beauté du geste » comme des futuristes des temps nouveaux. Il ne s’agit pas non plus d’une agitation qui consisterait à informer ou venir en aide aux exploités, car les anarchistes ne sont pas des journalistes alternatifs, des humanistes ou des âmes pieuses et altruistes. En effet, nos actes sont tous réalisés par intérêt, pas par sympathie ni pour rembourser une dette morale, sociale ou intellectuelle. Nous ne nous battons pas pour les pauvres ou à leur service, mais contre la pauvreté. Pas pour les sans-papiers, mais contre les papiers, les Etats et les frontières. Pas pour les prisonniers, mais pour en finir avec toutes les prisons et la justice. Nos intérêts sont tout ce qui contribue à accentuer les conflictualités au sein de la société sans la reproduire en même temps. Notre objectif étant de faire le coup de poing avec les rapports de domination dans la société et d’y insuffler par nos interventions diverses des perspectives réelles et affichées, comme la révolution et la victoire, tout en portant un message antisocial intelligible au sein de la guerre sociale en cours depuis toujours. Tout cela sans croire que ces objectifs n’appartiennent qu’à nous, ou bien qu’ils le doivent. Qui croit encore sérieusement en un mouvement anarchiste (armé ou non) qui se suffirait à lui-même et réussirait à vaincre l’État sur son terrain militaire et stratégique (ou sur un terrain social par le biais d’une imaginaire opinion publique devant laquelle il faudrait présenter patte blanche), qui veut encore y croire ? D’abord à cause de l’évidente asymétrie, ensuite parce que nous pensons que nos seules victoires proviendront de tensions sociales insurrectionnelles qui ne pourront jamais reposer que sur nous-mêmes et notre évidente faiblesse numérique. Il faut être capable d’abandonner les mythes anciens de révolutions anarchistes pures et parfaites et embrasser les possibilités telles qu’elles se présentent à nous, tout en restant fidèles à nous-mêmes, c’est-à-dire sans céder aux sirènes du populisme et du possibilisme.
De nos jours, les anarchistes ne peuvent pas prétendre à mieux qu’à la construction d’une minorité agissante avec une réelle capacité d’intervention, de destruction, mais aussi de construction. Construction non pas d’un nouveau monde angélique ou d’alternatives, ou de « formes de vies », mais d’initiatives, de harcèlement, d’agitation, d’attaques, de continuité, d’approfondissement, de capacités techniques et théoriques réelles. Car nous voulons véritablement la révolution, pas nous contenter d’un romantisme agréable mais inconséquent.
Notre but n’est donc pas de créer ou de contribuer à la création d’une nouvelle anarchie, car l’ancienne, lorsqu’elle est débarrassée de ses logiques de partis et de leurs congrès internationaux d’hier comme d’aujourd’hui, de toute politique, de toute démagogie et de toute organisation permanente (prétendument informelle ou non) nous convient très bien, et fait même plus que nous convenir. Comme en témoigne le contenu de cette revue, il ne s’agit pas pour nous de faire table rase du passé ou de chercher la nouveauté à tout prix, comme cette époque d’ennui morbide nous y pousse. Pas d’anarchie 2.0 ici, donc. La mémoire du mouvement anarchiste est belle et complexe, sa tradition est bien la seule tradition que nous respectons, tout en la façonnant à notre tour, par l’acte et ici, par la pensée et la critique. Cette revue constitue donc également un hommage et un rappel des luttes et des compagnon/nes du passé, toujours présents dans un coin de nos têtes, et menacés par l’impérative modernité et son culte de la vitesse, du néant et de l’oubli.
Précisons toutefois que tout ce que l’on pourra lire ici n’a qu’un seul but, celui de réconcilier l’agir et le réfléchir, parfois durement, et si le ton risque parfois d’effrayer les plus consensualistes de nos camarades et les éternels pleureur/ses du mouvement, nous espérons que le fond sera retenu pour ce qu’il est, et non pas écarté sous l’excuse de la « forme » et des petites vexations dues aux incivilités (ne jettes pas ton chewing-gum par terre camarade !) : réflexe pavlovien d’auto-défense classique de ceux qui refusent d’affronter leurs contradictions (au prix d’un certain confort) et d’affirmer leur rupture avec l’existant et ses mécanismes de consensus et de pacification des rapports (qui ont largement pénétrés, en France, le petit milieu et ses anarchistes). En effet, la critique aujourd’hui n’est acceptée que lorsqu’elle est polie et civilisée, ou lorsqu’elle n’est pas réellement critique. Que les éternelles âmes sensibles et susceptibles s’abstiennent donc de lire cette revue, au risque de trouver de nouveaux prétextes pour échapper à l’auto-critique.
Ces quelques pages s’inscrivent donc dans une tradition insurrectionnelle, critique et individuelle de l’anarchisme telle qu’elle fut porté par de nombreux anti-organisateurs du passé, et chaque ligne y sera rédigée par des individus en lutte d’aujourd’hui ou d’hier, illustres, anonymes ou les deux. Pas de philosophes ici, pas d’écrivains professionnels, pas de nihilistes de la petite bourgeoisie étudiante, pas de photos sensationnalistes de kalachnikov et de voitures enflammées ni de tartines de mots pour justifier son inaction ou ses actions merdeuses.
À la férocité, à l’intensité, à la conséquence.
Vive l’anarchie.
Pour exprimer vos inquiétudes par rapport aux querelles de pouvoir que cette revue pourrait provoquer dans les petites casernes idéologiques, pour toute réclamation, convocations, réquisitoires en diffamation, mises en examen, droits d’auteur et petits boutiquiers des idées :
vatefairefoutre@pissoff.comPour envoyer des traductions, des critiques (dans le ton qui vous conviendra), correspondre, contribuer, discuter, partager, distribuer, répondre ou remettre en question :
desruines@riseup.net
Edito de Des Ruines n°1, Revue anarchiste apériodique, décembre 2014.
Pour informations et commandes: desruines.noblogs.org
Contre la charité – Une critique du « Food not bombs »
par Feral Faun, USA (date inconnue)
Dans de nombreuses villes des États-Unis, des anarchistes ont organisé des repas « Food Not Bombs ». Les organisateurs de ces projets expliqueront que la nourriture doit être gratuite, que personne ne devrait jamais avoir à souffrir de la faim. Certes, un sentiment honorable… auquel les anarchistes répondent de la même manière que les chrétiens, les hippies ou les gauchistes – en montant un organisme de charité.
On nous dira, cependant, que « Food Not Bombs » est différent. Le processus décisionnel utilisé par les organisateurs est non hiérarchique. Ils ne reçoivent aucune subvention du gouvernement ou des entreprises. Dans de nombreuses villes, ils servent leurs repas comme un acte de désobéissance civile, au risque de se faire arrêter. De toute évidence, « Food Not Bombs » n’est pas une bureaucratie humanitaire à grande échelle, en fait, c’est souvent un effort très boiteux… mais c’est une oeuvre de charité – et cela n’est jamais remis en question par ses organisateurs anarchistes.
Les oeuvres de charité sont une partie nécessaire de tout système économique et social. La rareté imposée par l’économie crée une situation dans laquelle certaines personnes sont incapables de satisfaire à leurs besoins les plus élémentaires par les voies normales. Même dans les pays dotés de programmes de protection sociale très développés, il y a ceux qui passent à travers les mailles du système. Les oeuvres de charité prennent le relais là où les programmes d’aide sociale de l’Etat ne peuvent pas ou ne veulent pas aider. Des groupes comme « Food Not Bombs » sont donc une main-d’oeuvre bénévole aidant à préserver l’ordre social en renforçant la dépendance des pauvres à des programmes qui ne sont pas de leur propre création.
Peu importe à quel point le processus décisionnel utilisé est non-hiérarchique, la relation est toujours autoritaire. Les bénéficiaires de la charité sont à la merci des organisateurs du programme et ne sont pas libres d’agir selon leurs propres termes dans cette relation. Cela peut être vu dans la façon humiliante dont on reçoit la charité. Les repas de charité comme ceux de « Food Not Bombs » exigent que les bénéficiaires arrivent à un moment qu’ils n’ont pas choisi, afin de faire la queue pour recevoir une nourriture qu’ils n’ont pas choisie (et le plus souvent mal faite) dans des quantités distribuées par un bénévole qui veut faire en sorte que chacun reçoive une part équitable. Bien sûr, c’est mieux que d’avoir faim, mais l’humiliation est au moins aussi grande que celle de faire la queue au supermarché pour acheter de la nourriture que l’on veut réellement et que l’on peut manger quand on veut. L’engourdissement que nous développons face à une telle humiliation – un engourdissement mis en évidence par le cas de certains anarchistes qui choisissent de manger aux repas de charité tous les jours afin d’éviter de payer pour la nourriture, comme s’il n’y avait pas d’autres options – montre à quel point notre société est imprégnée de ces interactions humiliantes. Pourtant, on pourrait penser que les anarchistes refuseraient de telles interactions dans la mesure où cela relève de leur pouvoir de le faire et de chercher à créer des interactions d’un autre genre, afin de détruire l’humiliation imposée par la société. Au lieu de cela, beaucoup créent des programmes qui renforcent cette humiliation.
Mais que dire de l’empathie qu’on peut ressentir pour un autre qui souffre d’une pauvreté qu’on ne connaît que trop bien, du désir de partager la nourriture avec les autres ? Des programmes comme « Food Not Bombs » n’expriment pas l’empathie, ils expriment la pitié. Distribuer de la nourriture ce n’est pas le partage, c’est une relation hiérarchique et impersonnelle entre un rôle social de « donneur » et un rôle social de « bénéficiaire ». Le manque d’imagination a conduit des anarchistes à faire face à la question de la faim (qui est une question abstraite pour la plupart d’entre eux) de la même manière que les chrétiens et les gauchistes, en créant des institutions qui sont parallèles à celles qui existent déjà. Comme on peut s’y attendre quand les anarchistes tentent de faire une tâche intrinsèquement autoritaire, ils font un travail mauvais comme la pisse… Pourquoi ne pas laisser le travail de charité à ceux qui n’ont pas d’illusions à ce sujet ? Les anarchistes feraient mieux de trouver des moyens de partager individuellement si ils sont si émus, des moyens qui encouragent l’auto-détermination plutôt que la dépendance et l’affinité plutôt que la pitié.
Il n’y a rien d’anarchiste dans « Food Not Bombs ». Même le nom est une demande faite aux autorités. C’est pourquoi les organisateurs utilisent si souvent la désobéissance civile – c’est une tentative de faire appel à la conscience de ceux qui sont au pouvoir, pour les amener à nourrir et héberger les pauvres. Il n’y a rien dans ce programme qui encourage l’auto-détermination. Il n’y a rien qui puisse encourager les bénéficiaires à refuser ce rôle et commencer à prendre ce qu’ils veulent et ont besoin sans suivre les règles. « Food Not Bombs », comme toute autre oeuvre de charité, encourage ses bénéficiaires à rester des récepteurs passifs plutôt que de devenir des créateurs actifs de leurs propres vies. La charité doit être reconnue pour ce qu’elle est : un autre aspect de l’humiliation institutionnalisée inhérente à notre existence économisée, qui doit être détruit afin que nous puissions vivre pleinement.
Traduction publiée dans la revue anarchiste apériodique Des Ruines n°1
[Publication] Sortie du premier numéro de la revue anarchiste ‘Des Ruines’
Nous sommes heureux d’annoncer la sortie du premier numéro de la revue anarchiste apériodique ‘Des Ruines’ au format A4 relié, pour 112 pages. Cette revue se donne l’ambition de remuer les réflexions, recherches et débats autour des perspectives anarchistes et antiautoritaires. Certains débats vifs et toujours d’actualité, certains autres laissés de côté et exhumés pour l’occasion.
Pour commande : desruines(at)riseup.net
- 1 exemplaire : 4 euros
- A partir de 5 exemplaires : 2,50 euros l’unité.
2€ de frais de port.
Des textes seront mis en ligne de temps à autre sur le blog. Les PDF de la revue seront rendus publics après épuisement, afin d’encourager sa diffusion au format papier.
Des lieux où récupérer la revue sur Paris seront bientôt disponibles.
Erratum (21/01/2015) : Après consultation des nouveaux tarifs de la Poste, les frais de port que nous avions annoncé pour le France ne sont plus valides. Nous les estimerons et les communiquerons par mail lors des commandes.
Le sommaire et la couverture sont consultables en ligne ici: desruines.noblogs.org