Archives de catégorie : Critiques & réflexions

[Gênes, Italie] Aucune paix pour ceux qui font la guerre

Carlo, un compagnon de Gênes, va passer en procès pour « incitation à commettre des crimes ou des délits, avec la circonstance aggravante de la finalité terroriste » (art. 414 du Code Pénal) à cause d’un texte en solidarité avec l’action d’Alfredo et Nicola [1].

Dans l’affiche il y a aussi une référence à la condamnation en appel de trois personnes (dont Alfredo) à trois ans, dans le cadre du procès qui a suivi l’Opération Shadow, toujours pour l’art. 414 du CP, avec la circonstance aggravante de l’article 1, pour la publication du journal anarchiste KNO3.

Nous rappelons aussi qu’en mars 2016 Nicola Gai et Sergio Maria Stefani passeront en procès à Bologne, toujours pour tentative d’« incitation à commettre des crimes ou des délits », à cause d’un texte de Nicola de 2014 [2].

Voilà la traduction de l’affiche :

Aucune paix pour ceux qui font la guerre
Complicité avec ceux qui luttent

Avec la déclaration d’une soi-disant guerre de civilisation, voulue pour renforcer leur hégémonie, les puissants de la terre appellent à eux leur sujets, au nom de la nation ou de la religion.
Avec la création d’états d’urgence permanents, l’État renouvelle ses codes pénaux pour verrouiller encore plus les espaces de liberté qui restent.

Dans un climat de paranoïa sécuritaire, alimenté encore plus par le massacre qui a eu lieu à Paris, un compagnon anarchiste de Gênes passera en procès pour avoir critiqué publiquement les auteurs d’une prise de distance face à l’attaque contre l’ingénieur Roberto Adinolfi, blessé aux jambes le 7 mai 2012 par Nicola et Alfredo, anarchistes enfermés encore aujourd’hui dans la prison de Ferrara. Ce monsieur était à l’époque PDG d’Ansaldo Nucleare, tentacule de la pieuvre Finmeccanica, intéressée depuis toujours par le marché de la guerre et de la répression, au point d’avoir un rôle fondamental dans le développement des théâtres de guerre internationaux.

Le compagnon de Gênes a été mis sous enquête pour incitation à commettre des actes de terrorisme, un délit dont la possibilité d’application est de plus en plus élargie à chaque décret d’urgence. Ces dernières années, d’autres compagnons ont été frappés par le même type d’accusation et certains condamnés pour avoir diffusé publiquement des textes, des articles et des communiqués qui sont de toute évidence intolérables pour l’État et ses serviteurs fouineurs… Forces de l’Ordre, services secrets et Justice s’attachent, avec les nouveaux décrets antiterrorisme, à arracher tout désir d’offensive pour la liberté.

Du Califat à l’OTAN,
ce sont les États  qui utilisent la violence aveugle contre les populations !
Désertons la guerre [3] !
Sabotons l’ordre mortifère de la guerre permanente !
Détruisons la machine du contrôle social !

Solidarité avec Carlo !
Solidarité avec les compagnons et les compagnonnes qui luttent dans et hors des prisons !

Des solidaires de Gênes

[Traduction anonyme de Croce Nera Anarchica reçue par mail]

NdT:

[1] Le compagnon est mis en examen pour le texte « A ceux qui ne se dissocient pas », une réponse à la dissociation publique du texte « Les points sur les i », peu après l’attaque contre Adinolfi.

[2] En italien ici

[3] En italien « Disertiamo il fronte occidentale », jeux de mot entre le titre du fameux livre d’E.M.Remarque « A l’Ouest rien de nouveau », qui en italien est traduit comme « Niente di nuovo sul fronte occidentale » (rien de nouveau sur le front de l’Ouest) et le concept géo-politique (et journalistique) d’Occident.

solidaliGenovesi

[Espagne] Procès les 8, 9 et 10 mars prochain pour Monica et Francisco [+ une lettre de Monica Caballero]

Dates de procès fixées pour Francisco Solar et Mónica Caballero

L’ Audiencia Nacional a décidé de fixer le procès contre les compagnon-ne-s Mónica et Francisco aux 8, 9 et 10 mars 2016. Nous aurons bientôt plus d’informations.

Les distances nous séparent, le sentiment nous unit …
Liberté pour les anarchistes emprisonné-e-s ! [et pour toutes et tous !, NdT]

[Traduit de l’espagnol d’Indymedia Barcelone par brèves du désordre, 05 feb 2016]


A propos des « modules de respect maximum » en vigueur dans les prisons espagnoles

Les moyens de contrôle à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons sont toujours plus subtils et efficaces. Pourquoi installer des caméras de vidéo-surveillance, pourquoi employer plus de matons et de flics, si beaucoup font le travail gratuitement ? Bénéficiant d’une forte adhésion citoyenne, ils sont là pour maintenir l’ordre actuel en vigueur, ils sont partout : ton voisin de la maison ou de la cellule à coté peut être le possible délateur.

Parmi les moyens de contrôle dans les taules, les modules de respect (m-R) ont été lancés comme une initiative expérimentale dans la prison de León, puis le modèle s’est étendu à la grande majorité des prisons espagnoles.
L’idée de base de ces modules est que les prisonniers participent eux-mêmes à la gestion et à la maintenance de l’endroit, de ses activités, etc. afin de créer une sensation d’indépendance et d’appartenance à cet espace. Dans l’idéal, on vise à ce que tous les détenus génèrent des dynamiques et des formes de contraintes contre eux-mêmes et les autres. En plus de récompenser les bonnes conduites, les matons ne sont censés agir dans ce dispositif que dans les cas extrêmes ou exceptionnels.
L’ex-directrice de l’Administration Pénitentiaire, Mercedes Gallizo, faisait allusion à ce type de modules de la manière suivante :”Le simple fait de parvenir à une vie en commun normalisée avec des règles de base acceptées par tous constitue un changement fondamental pour de nombreuses personnes. Cela les aide à perdre la peur de la prison et de leurs camarades. C’est une première étape pour diminuer leur hostilité envers la peur [et en passant envers l’Institution], pour transformer cette peur, ce manque de confiance et cette agressivité, en normalité et en coopération.”

L’exercice de l’autorité est donc pris en charge en premier lieu par les prisonniers eux-mêmes, dans un “commun accord” quant aux bases pour normaliser et coopérer. C’est l’institution carcérale elle même qui fixe et stimule la création des rôles et des comportements avec des méthodes subtiles et/ou sur la base du chantage.
Il est indéniable que beaucoup ont peur en entrant en prison, mais les m-R en profitent et s’en alimentent. Il est par exemple implicite que si tu ne respectes pas les normes des m-R, on te mettra dans un module normal, et cela peut constituer une menace parfois très efficace.
Ces modules comportent différents types de stimulis et/ou de récompenses, pouvant aller de rapports favorables et jusqu’à davantage d’heures de parloirs (intimes ou familiaux), avec de l’autre côté de la balance plus de manières de punir le non-respect des normes.

L’entrée dans ce type de modules est supposée se faire sur la base du volontariat. Lorsque tu arrives, tu t’engages en signant une sorte de contrat stipulant notamment que tu adopteras une bonne conduite, que tu respecteras les normes et que tu résoudras les problèmes en passant par des canaux préétablis. N’importe quelle journée dans un m-R commence alors par une assemblée dirigée par un membre quelconque de l’équipe technique (éducateur, travailleur social et psychologue), Tous les prisonniers doivent y assister, et quelques fois un maton y participe. L’assemblée a pour fonction de résoudre les problèmes quotidiens, c’est le moment idéal pour les balances et pour que l’équipe technique livre un discours pathétique de réinsertion sociale.
Quelques-unes des tâches du module sont les activités programmées ou le ménage. Les premières sont gérées par des prisonniers qui t’obligent à y assister, pour la seconde (ménage) les prisonniers se divisent en petits groupes dirigés par un prisonnier-référent, et c’est ce référent qui dirige les travaux et dans certains cas fait office de porte-parole.
Un autre rouage important dans le fonctionnement de ce genre de modules, ce sont les prisonniers médiateurs qui doivent intervenir dans les conflits ou les bagarres entre détenus pour les résoudre ou, s’ils n’y arrivent pas, prévenir les matons.

Comme on peut s’y attendre, ces pratiques provoquent une perte de la capacité à résoudre soi-même les problèmes. En taule, tu as un médiateur ou un maton, tout comme dans la rue il y a des flics et des juges.

Mónica Caballero,
depuis la prison de Villabona

[Reçu par mail, traduit d’une correspondance avec la compagnonne]

[Lettre publiée sur brèves du désordre]

Pour leur écrire :

Mónica Caballero Sepúlveda
Francisco Solar Domínguez
C.P Villabona-Asturias
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Solidarité avec la bibliothèque anarchiste ‘La Discordia’ suite aux « tags » récemment trouvés sur sa devanture

C’est un peu court, jeune homme…

La mauvaise décoration de façade qu’ont pu découvrir, sur la Discordia, passants et participants au débat intitulé « islamophobie, du racket conceptuel au racket politique » le 26 janvier dernier ne pouvait pas manquer de laisser tout un chacun perplexe : « fafs » et « racistes » et deux A cerclés tracés à la bombe. Mais en fait, où est l’insulte, où est la signature ? Le communiqué en forme de mauvais pastiche qui accompagne les gribouillis confirme l’hypothèse : on accuse d’être des « fafs » et des « racistes » et on se revendique de l’Anarchie. Face à l’aberration infamante de ces accusations, on aurait bien envie de s’exclamer…

C’est un peu court jeune homme,

Ah, non ! On pourrait dire… ô dieu… bien des choses en somme

Et de poursuivre, en variant le ton, par un chapelet d’insultes piochées dans l’orthodoxie anarchistes : Blasphémateurs ! Impies ! Athées ! Mécréants ! Apostats ! Sacrilèges ! Hérétiques ! Déïcides ! Apologistes de l’abjuration ! Puis continuer avec quelques slogans fleuris tirés du patrimoine libertaire : Quelques maîtres et surtout un Dieu ! Vive l’oppression et sa religion ! La capote, je sais pas, la calotte, il en faut pour moi ! Le sacré, c’est sacré ! Touche pas à leur religion ! Ce qu’on aime chez les prolos, c’est quand ils sont bigots ! N’attentez pas à ma liberté de prêcher ! Le tout couronné d’une signature plus consistante, qui aurait pu être « des anarchistes pour le respect de la loi de 1905 ».

Mais pour ça, il fallait des lettres, beaucoup plus en tout cas, et s’entrainer à les tracer d’une main un peu plus sûre. De l’esprit, aussi, un peu enclin à la subversion. Ceci étant dit, trêve de confiseries, passons au plat de résistance.

Contrairement à ce que ces « tags » et quelques gros malins voudraient faire accroire aux imbéciles, critiquer la lecture en terme d’islamophobie, ce n’est pas nier l’existence du racisme, des racistes, et des actes racistes. Le racisme s’en est toujours pris aux signes visibles de l’altérité, quels qu’ils soient, religieux ou culturel entre autres. Et, quoi qu’il en soit, son refus théorique et pratique est une nécessité qui n’a certainement jamais quitté ni les organisateurs ni les participants de ce débat.

En revanche, ce qui est nouveau dans la lecture que le terme d’islamophobie implique et impose, c’est qu’au lieu de défendre celui qui est attaqué – l’étranger par exemple – en tant que tel et de s’opposer ainsi à toutes formes de fierté identitaire nationale, communautaire ou appuyée sur d’autres appartenances et aux actes ignobles qui peuvent en découler, on prétend qu’il faudrait le défendre en tant que musulman, faisant de cette catégorie le nouveau sujet politique, et, pire encore, qu’il faudrait défendre l’islam qui serait attaqué à travers lui.

Dans les années 80, ce qui s’est appelé « anti-racisme » a déjà servi à donner un supplément d’âme au PS et à son extrême gauche, et à justifier la politique d’exploitation et de répression des immigrés dont de nouvelles modalités se mettaient alors en place. Mis aujourd’hui au service de la défense du religieux, il a toujours bon dos. Récupération s’il en est… et que deviennent alors les « premiers intéressés » dont on se revendique et qu’on assigne sans vergogne à l’obéissance au religieux ? Quelles perspectives émancipatrices, pour les uns comme pour les autres, dans cette lecture ? A moins que dans un paternalisme complètement décomplexé, l’émancipation par rapport au religieux ne soit réservé qu’aux militants (sans doutes de gauche) et aux étudiants en philosophie, et qu’on l’interdise à ceux au nom desquels on prétend s’agiter, manifester et en l’occurrence, faire ces espèces de « tags » infamants.

De plus, tout en cherchant à discréditer de fait la possibilité de critiquer l’islam en tant que religion, – alors que la critique de la religion (donc de toutes les religions) fait partie des évidences pour ceux qui veulent sérieusement s’attaquer à ce monde dans une perspective révolutionnaire –, la notion d’islamophobie, en substituant la défense de l’islam à celle des immigrés (par exemple), nie la longue histoire de l’émergence de ces derniers comme sujets de lutte, histoire liée à la remise en cause du modèle travailliste et programmatiste promu par la part majoritaire du mouvement ouvrier dans la droite ligne des organisations communistes orthodoxes. C’est donc aussi à ce titre une lecture non seulement réactionnaire mais surtout absolument anti-subversive.

Heureusement, face à cette entreprise de justification du religieux et de négation d’une part essentielle de l’historie du mouvement révolutionnaire, ici et là, un peu partout, des voix commencent à s’élever, des refus s’expriment pour contrer cette vague, dans laquelle la confusion le dispute à la saloperie, et qui menace d’emporter de manière transversale les espaces contestataires au sens le plus large. Travaillons donc l’optimisme, et espérons, comme le nombre et la diversité des participants à la discussion proposée par la Discordia nous permet de le présager, que les cartes seront rebattues et que l’aire révolutionnaire en sortira renforcée.

En attendant, dans le clivage historique qui s’engage, ceux (celui ou celle) qui ont gribouillé la Discordia, ainsi que leurs amis, ont choisi leur camp. Puissent-ils éternellement pourrir d’ennui dans le paradis de leurs nouveaux alliés !

Alors compagnons, camarades, merci pour ce débat, courage et persévérance, on est évidemment à vos côté !

A la vue de ces abus, Cyrano, en terrasse, sirotant un raki, repris, de concert, par le chœur des passants solidaires et associés, s’écrie « J’ai des fourmis dans mon épée ».

Les oiseaux de passage.

[Publié sur indymedia lille, 05/02/2016]

D’autres communiqués en solidarité avec ‘La Discordia’ à lire ici

 

 

Sarcogyps

« Le coup d’Etat de Juin, ce vampire anonyme,
En vous, tribuns, en vous, bourgeois, s’est incarné,
Et Décembre n’en est que l’enfant légitime.
Ex-bravi de l’autorité,
Frappez-vous la poitrine, et, devant cette bière,
Qu‘amendant le passé, le présent vous éclaire.
Il n’est qu’un talisman pour tous : la liberté ! »

Joseph Déjacque

C’est le 24 juin 1852 que l’anarchiste Joseph Déjacque prononça ces mots. La triste occasion lui en fut donnée par l’enterrement de Goujon, compagnon de lutte et d’exil, mort quelques jours plutôt à Londres. Ses funérailles furent suivies par tous les proscrits français présents dans la capitale anglaise, parmi lesquels se détachaient les ex-chefs de la révolution de 1848. Comme le rappela Gustave Lefrançais, « Ledru-Rollin, Louis Blanc, Caussidière, Félix Pyat, Nadaud, les deux Leroux, Greppo, Martin Bernard — tous ex-représentants du Peuple — marchaient en tête du cortège et se trouvèrent ainsi placés au premier rang de la fosse. »

Lorsque ce fut son tour de prendre la parole pour un dernier salut, Déjacque, l’anarchiste Déjacque, leur cracha au visage tout son mépris. Les parrains du coup d’Etat ne purent y échapper. Soudain muets et effrayés, ils se retirèrent en vitesse. L’un d’entre eux se plaignit quelques jours plus tard de l’ « incartade intempestive » de Déjacque, l’accusant de réveiller les discordes assoupies devant l’ennemi commun. Mais « l’ennemi commun », comme le rappela justement Lefrançais, « c’est tout ce qui, à Londres et à Paris, ne songe à gouverner que pour mieux garantir les privilèges sociaux. »

Eh bien, atroce ironie de l’histoire, ce sont les partisans modernes de l’insurrection d’Etat qui voltigent aujourd’hui autour de la fosse de Déjacque. La maison d’édition La Fabrique a annoncé il y peu qu’elle publiera en mars, sous l’égide de l’universitaire de service, un recueil de textes du proscrit parisien intitulé A bas les chefs ! Son nom sera aspiré dans un sinistre catalogue aux côtés de Marx, Engels, Lénine, Mao, Blanqui, Gramsci, Robespierre, Tiqqun, le Comité Invisible, le Syndicat de la Magistrature, le flic fondateur du Syndicat de la Police Nationale, un médecin auxiliaire de garde-à-vue…

Vous savez ce qu’on dit dans ces cas-là, non ? Par tous les moyens, mais avec un seul but : la grande eau de vaisselle révolutionnaire à même d’annuler toute différence entre autorité et liberté.

[Traduit de l’italien de finimondo par brèves du désordre, 25/1/16]

NdNF:

* Le Vautour royal (Sarcogyps calvus) est une espèce asiatique d’oiseaux charognards. C’est la seule espèce du genre Sarcogyps.

 

[Paris] Communiqué de la Discordia après des « dégradations »

Des « tags » sur la bibliothèque anarchiste La Discordia

32Comme prévu de longue date, mardi 26 janvier, s’est tenu à La Discordia le débat intitulé « Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique ». Nous voulions nous confronter avec d’autres sur un sujet qui est au carrefour de la confusion actuellement répandue entre condamnation du racisme et défense de la religion. Les réflexions communes ont été intéressantes, et la soixantaine de camarades et compagnons qui sont venus (promis, la prochaine fois on louera un lieu plus grand, et avec plus de chaises !) a démontré que pas mal de monde se retrouve dans cette nécessité de la critique révolutionnaire des religions, toutes les religions, même l’islam, que d’autres voudraient nous refourguer comme la « religion des opprimés ».

Cependant, en arrivant mardi après-midi, on a vu que la devanture de la Discordia avait été taguée, probablement dans la nuit. Des A cerclés (merci !) et des invectives (« fafs » et « racistes ») particulièrement mal écrites et pensées à la bombe de peinture noire. Le tout accompagné d’un feuillet de « revendication », affirmant que nous véhiculerions « des théories racistes et islamophobes » et que nous serions « la courroie de transmission des idéologies du pouvoir », etc. Enfin, on ne va pas vous recopier toutes leurs âneries, qui ont bien fait rire tout le monde. Si vous voulez les lire, passez rire un coup (ou nous attaquer nous-mêmes plutôt que des murs)  à la bibli, lors de nos permanences et discussions.
La réponse à ces insultes à été le succès de la discussion du mardi 26, mais aussi de toutes les autres. Pour la faire courte, les tags insultants (et difficilement lisibles) ont été effacés en cinq minutes (niveau pratique, c’est pas encore ça les minots !), les A cerclés resteront ! Nos voisins aussi ont bien rit de vos conneries, comme quoi, vos exploits n’ont strictement aucune incidence sur rien ni personne, hormis contre vous-mêmes et votre rance crèmerie.
Au passage, encore une petite remarque pour les courageux tagueurs/humoristes : si vous n’avez pas été filmés par la DGSI c’est parce que nous avions pris et détruit la caméra qui nous surveillait (bien avant la promulgation de l’état d’urgence). Chacun pourra apprécier la différence entre ceux qui s’en prennent (pathétiquement) à une bibliothèque anarchiste déjà menacée par la répression, et ceux qui sont en proie à des problématiques plus sérieuses.

Aucun autre tag n’a été relevé dans le quartier, ni sur des banques, ni sur des commissariats, ni des écoles travaillant avec la DGSI, ni sur des églises, synagogues ou mosquées. Une grande attaque révolutionnaire, donc, contre des anarchistes, donc. Si nous nous attendions à des « attentions » de ce type (nous pensions à quelque chose d’un peu plus « conséquent »), cela ne nous freinera aucunement dans la tentative d’élaborer, partager et diffuser des discours révolutionnaires clairs, sans complaisance avec aucune forme de pouvoir, y compris la religion, et sans remords dans la critique des compromis politicards de certaines franges du « milieu », au contraire !

Une pensée pour ces « fafs » d’incroyants, qui, de Téhéran à Saint-Denis, sont aujourd’hui traités d’« islamophobes » tant par de redoutables puissances, que par la petite bourgeoisie universitaire arriviste française qui ne connaît du racisme que celui de sa propre classe, et qui n’a montré pour seule pratique, en une dizaine d’année, que la capacité à écrire un tag illisible sur la façade d’une bibliothèque anarchiste et de s’organiser avec des autorités religieuses pour… organiser des conférences. Une pratique à la hauteur d’un discours.

De toute évidence, si on constate froidement le traitement que l’État réserve à des révolutionnaires athées d’un coté, et à la gauche racialiste/théocompatible de l’autre, on comprend rapidement qui peut réellement être qualifié de « courroie de transmission des idéologies du pouvoir » : ceux qu’il réprime habituellement ? Ou plutôt ceux à qui il offre des chaires dans ses universités et des postes d’encadrement dans ses institutions (en effet, cette galaxie est principalement composée d’universitaires et de cadres de la moyenne et haute bourgeoisie, immigrée ou non).
Pas étonnant donc, que leur cœur de cible politique n’ait ni respect ni oreille pour cette maison close post-moderne, comme l’ont prouvé tous les soulèvements récents, qui n’ont eu cure des raisonnements alambiqués de nos pieux universitaires, du Bahrein à Baltimore, en passant par Durban.

Pour finir, merci à toutes celles et ceux qui se sont pointés et qui se pointeront encore. Merci également à toute personne possédant des informations sur nos artistes engagés mais quelque peu pleutres, car incapables d’assumer leurs propos en face.

Nous appelons celles et ceux pour qui comptent les idées et pratiques révolutionnaires, qu’ils soient anarchistes ou non, à redoubler l’offensive contre cette nouvelle réaction, et à exprimer leur solidarité avec ceux qui se retrouvent dans le viseur de ces New Born réactionnaires, en prenant leur part de la critique, et du peu de courage qu’elle nécessite. Et en coupant court aux tentatives d’isolement des révolutionnaires anti-religion (n’est-ce donc plus un pléonasme?).

Contre toute forme de pouvoir, contre toute religion et tout racisme,
vive la révolution et vive l’anarchie !

Le 29/01/2016,
Quelques bibliothécaires de la discorde.

ladiscordia.noblogs.org
ladiscordia@riseup.net

[Reçu par mail]

[Discussion] Islamophobie: du racket conceptuel au racket politique – Mardi 26 janvier 2016 à ‘La Discordia’

Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique

Mardi 26 janvier 2016 – 19h à ‘La Discordia’ (45 Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris), Métro Place des Fêtes  (lignes 7bis et 11 du métro).

Le concept d’islamophobie est un racket sémantique et politique qui se situe au carrefour de deux camps conceptuels, celui du religieux et celui du racisme. Son but est en effet d’enlever toute légitimité à la critique de la religion musulmane (et donc, par glissement, aux religions en général), taxant systématiquement toute critique de racisme envers les croyants (réels ou supposés). De nombreux soi-disant « révolutionnaires » se sont réappropriés ce concept et, par conséquent, l’aveuglement face au rôle autoritaire et pacificateur de toute religion.

Alors que nos pieux « révolutionnaires » nous parlent d’« islamophobie » à toutes les sauces, les fachos du printemps français nous parlent, eux, de « cathophobie », d’autres encore de « négrophobie » ou de « judéophobie ». Chacun tente son petit racket politique sur l’antiracisme. Chacun a sa petite oppression et ses petits particularismes à mettre en avant, toujours en concurrence avec ceux des autres, approfondissant les divisions entre exploités. Et surtout, plus personne ne parle de la lutte contre le racisme en tant que tel, et sous toutes ses formes.

Refuser ce raccourci conceptuel est un point de départ pour s’opposer à toutes les religions, y compris l’islam, présenté à tort par les défenseurs du concept d’« islamophobie » comme la religion des opprimés (comme le catholicisme irlandais ou le bouddhisme tibétain à d’autres époques). Il s’agit alors de nous faire passer la religion comme élément d’émancipation dans le pire des cas, et dans le moins pire, de faire passer l’idée que la religion n’est pas, en soi, un outil de domination séculaire au service de l’ordre. Derrière cela se cache l’idée que les rapports de domination, lorsqu’ils sont portés par de supposés « opprimés », deviendraient émancipateurs.

Parce que la religion reste un problème majeur pour ceux et celles qui veulent une transformation radicale de ce monde, sa critique est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. Parce qu’il n’y a pas de « religions des opprimés », seulement des religions qui oppriment.

Suggestions de lecture :

Le site: ladiscordia.noblogs.org

[Mexique] Lancement du site de la revue ‘Negacion’

Lancement du site de la revue ‘Negacion’ (Mexique), avec en plus un supplément : « Suplemento Revista Negación #7 Dossier sobre la militarización en Francia y Bélgica, y el antagonismo ante el estado de emergencia »

revistanegacion.espivblogs.net

[Publication] Sortie du n°5 de « Paris sous tension », journal anarchiste sur Paris et au-delà

Se faire exploiter, choisir un maître (ou se le voir imposer) et de manière générale faire comme tout le monde; est-ce cela la liberté ? NON.

Dépassons ce constat amer que nous faisons -trop- régulièrement. Réfléchissons et discutons de tout ce qui nous opprime, nous exploite et nous empêche de nous émanciper. Pointons du doigt les responsables, les collabos, leurs projets et leurs structures qui participent à la perpétuation et au développement de la domination et de l’exploitation.

Faisons résonner les diverses manifestations d’insoumission et d’attaques, les révoltes plus ou moins étendues dans l’espace et dans le temps. Car la domination et l’exploitation s’incarnent dans des êtres humains, des bureaux, des structures, des véhicules, etc. bien réels et atteignables par l’imagination de chacun-e. Car voici notre conviction : nous pouvons nous donner les moyens de reprendre nos vies en main, de lever la tête, d’agir et de rendre des coups au «meilleur des mondes» par nous-mêmes, de manière directe et autonome. Sans se soumettre, ni commander.

Et au-delà de tout cynisme ou résignation, nous sommes capables de rêver et d’imaginer des vies et des relations autres que celles qui nous sont imposées. Ce journal se veut ainsi un cocktail d’oxygène et d’étincelles, d’idées et de rêves de liberté, d’attaques, d’insoumission et d’offensives diverses. Par des individus d’ici et d’ailleurs qui se mettent en jeu; avec audace, lucidité, espoir, dégoût, rage, joie et confiance en soi, ses idées et ses complices…

Ce journal souhaite montrer et faire la convergence de ces vies; ces vies comme des paris sous tension…

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Déjà cinq numéros du journal sont parus, à consulter en ligne et à choper sur le site: parissoustension.noblogs.org

Le numéro 5 en PDF

Nos rêves sont leurs cauchemars !*

Communiqué de « Séditions »

Depuis son lancement en mars 2015, le journal « Séditions » était mis à libre disposition de tous à la librairie « L’Autodidacte », lieu de passage, de rencontres et de diffusions des anarchistes à Besançon**. Un petit emplacement avait été obtenu – non sans avoir bataillé – avec plusieurs « responsables » du lieu, le groupe Proudhon de la Fédération Anarchiste. De tous les endroits fixes où l’on peut se procurer le journal, “L’Autodidacte” est le seul qui est tenu par des “anarchistes”. Et pourtant…

Ce samedi 9 janvier 2016, ces « libertaires », trop soucieux de garder leur image inoffensive contre le pouvoir et de saper toute agitation qui sort de leur rang, ont décidé d’expulser le journal et les anarchistes qui y participent. C’est un signe clair de dissociation à tous ceux pour qui la révolte n’attend pas et qui consacrent du temps et de l’énergie à diffuser les idées et pratiques anarchistes offensives contre l’Etat et le capital à Besançon et ailleurs.

Les militants du groupe Proudhon de la FA ont montré à tous que leur urgence était en somme la même que celle de l’Etat, c’est-à-dire de museler toute subversion contre ce monde, en cherchant à pacifier les rapports de domination et d’oppression. C’est une énième dissociation à l’encontre des idées et pratiques anarchistes, dont leur organisation est coutumière depuis longtemps.

Depuis bientôt un an, « Séditions » a pour but de décortiquer les plans macabres du pouvoir et de les mettre à la vue – et à la portée – de tous, de désigner ses structures diverses et variées afin de s’attaquer ici et maintenant à ce qui nous opprime et nous détruit. Cette volonté de diffuser la conflictualité sociale à travers chaque coup porté contre l’Etat et le capital part du principe que nous n’attendons pas le réveil d’une « masse » pour agir, que la révolution n’arrivera pas en claquant des doigts. Par ailleurs, ces brèves d’actions directes réchauffent les cœurs enragés de toutes âmes révoltées au sein d’une société atomisée par la pacification.

Nous continuerons quoi qu’il en soit à agir ici et maintenant contre toute domination ! Nous sommes parfaitement conscients que nous constituons une épine dans le pied de ces politiciens bien trop occupés à fantasmer une société libertaire, sans même jamais évoquer la question des moyens d’y parvenir.

Nous tirons désormais des conséquences positives de ces sinistres événements : nous sommes, plus que jamais, déterminés à poursuivre nos activités acrates, agitatrices, contre ce monde de misère et d’oppression !

A bientôt dans les rues ! Pour la révolution !

Des anarchistes participant au journal.

Notes :
*Détournement d’une affiche de la FA contre l’état d’urgence « Leurs rêves sont nos cauchemars ». En l’occurrence, nos rêves de liberté et d’autonomie ne sont en aucun cas compatibles avec leur démocratisme « autogestionnaire », leurs démarches citoyennes et « non-violentes ».
**Derrière leurs positions de façade selon lesquelles tous les anarchistes de diverses tendances sont les bienvenus dans cette librairie, on peut mentionner quelques faits dégueulasses réalisés par les militants du groupe Proudhon de ces dernières années : recollage d’affiches anarchistes collées par des autonomes, enlèvements et destructions d’affiches, d’autocollants et de brochures anarchistes mises en libre accès à la librairie. « L’Autodidacte » était encore il y a peu de temps l’un des rares lieux sur Besançon où des anarchistes d’autres villes passaient faire un tour, malgré le fait que plus le temps passe, moins il y a de places pour les revues et ouvrages anarchistes : à l’inverse, les revues altermondialistes et écolos-confusionnistes, éducationnistes (la plupart étant écrits par leur ponte national Hugues Lenoir, cf la brochure de Ravage Editions « Pour en finir avec la FA »), la propagande trotskiste et syndicaliste, les événements d’assoc’ humanitaires/religieuses ont toutes leurs places. En dépit d’un double discours, il s’agit donc bel et bien d’une « librairie associative », comme elle se présente. Ce texte a bien pour but de tirer un trait sur ce lieu et ne plus y mettre les pieds, d’inciter camarades et compagnons d’autres villes à faire de même. D’autres espaces naîtront d’ici là…