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[Paris] Les RGS s’invitent à une perquiz’

Je me suis fait arrêter dans le 20eme arrondissement de Paris pour une arnaque au préjudice d’un grand magasin à hauteur de quelques centaines d’euros. La première partie de la garde à vue, c’est la routine de la « petite délinquance ».Les OPJ veulent que je balance mon chef, que je dise où je dors, m’expliquent que c’est la seule façon de m’en sortir. Ca ne fonctionne pas avec moi, rien à déclarer et refus de signer. C’est autant de temps de gagné. Puis vient l’audition, où l’OPJ réalise que je suis fiché au Fichier des Personnes Recherchées, fiche S04 : Sûreté de l’État. Étant anarchiste, pas de surprise… Changement de ton, qui se fera surtout sentir le lendemain, lorsqu’il m’apprend que la garde à vue va être renouvelée et que j’entends un appel de la SDIG(*).

Peu de temps après le renouvellement, en début d’après midi, devant la porte de la cellule, une vieille connaissance des RG parisiens : « Romano ! » ou « petites oreilles« , ou encore « tête de fouine« . C’est le RG en « milieu ouvert« , celui qui suit « l’ultra-gauche, les anarchos, les autonomes ». Il est présent à la plupart des manifs et des procès, et en plus fait du zèle. Il corrige les noms que les gens donnent aux CRS lors de contrôles d’identité collectifs, et participe même physiquement à des interpellations. Avec lui, un autre RG, « des bureaux » qui prétend s’appeler Faycal, m’est inconnu. Ils disent tous deux être RGPP (renseignement géneraux de la prefecture de Paris). Ils accompagnent deux OPJ, l’un étant en charge de ma garde à vue.

Étant SDF, je n’avais pas donné d’adresse, mais les grandes oreilles savent que je crèche chez une amie et la perquiz’ peut commencer. Officiellement ils sont là pour trouver des preuves que je vis ici, trouver des choses en lien avec mon affaire. Mais l’objet de la perquiz était tout autre, me tester, récolter un max d’info à partir de tout ce qui a pu être trouvé chez elle. Quand je dis tout, ils n’étaient pas à la recherche d’armes, de came, d’engins « incendiaires ou explosifs ». Ils ont épluché tous les écrits, photos, dessins, pochoirs, carnets, lettres, exhumé chaque tract pour les commenter et voir ma réaction.
Je n’avais qu’un carton d’affaires strictement à moi dans cet appart, ils l’ont à peine regardé. C’est toutes les affaires de mon amie, elle aussi fichée et bien connue des RG, qui ont été passées au crible.

Ils désiraient montrer qu’ils savaient plein de choses sur mon amie et moi, nos amis, différents groupes sur paris. Chaque remarque pouvait s’entendre comme une menace, comme une tentative de pression. Ils ont menacé de m’afficher en manif, genre « merci pour les pour les infos mon pote » tout comme ces mêmes flics ont tenté d’acheter d’autres camarades. Mais tout le monde sait ce que vaut la parole d’un flic : Bullshit !

Il faut préciser qu’à l’instar de nombreuses perquiz les flics-voleurs ne sont cette fois-ci pas repartis les bras trop chargés, ils ont juste collaboré fortuitement les uns offrant l’occase aux autres de remettre un peu à jour leurs fichiers
Nous ne sommes pas dupes que bien des infos glanées ici, ils les avaient déjà. Qu’une perquisition, bien qu’intrusive, n’en est pas moins banale, celles et ceux qui ne se soumettent pas aux lois de l’État et du capitalisme en font les frais bien souvent. Que les pratiques policières -légales ou pas-, des micros aux cameras, d’internet aux filatures, permettent de s’introduire dans nos vies depuis longtemps et plus insidieusement encore. Il ne s’agit pas de se plaindre en bons démocrates qu’ils n’avaient rien a foutre là pour une histoire autre. Tous les prétextes sont bons – liés a nos idées subversives ou aux différentes formes que peut recouvrir la survie en marge du salariat-, pour nous faire chier. Ils ne sont pas au bout de leurs emmerdes…

 Publié sur nantes indymedia, jeudi 30 avril 2015 à 17h18

(*) Sous direction de l’information générale, alors visiblement après toutes leur réformes , la SDIG n’existe plus mis à part à paris, nouveau nom des RGPP qui n’ont j’amais disparu. Elle a été remplacée par le SCRT en region.