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[Publication] Tout peut basculer – Ni loi ni travail / Pour l’expression sauvage

Un journal anarchiste (format A3, 4 pages) publié à Paris à l’occasion du “mouvement contre la loi travail”.

Pour tout contact, demande d’exemplaires, remarque et critique, contribution et témoignage, ou autre : toutpeutbasculer[à]riseup.net

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[Publié sur contrainfo, 20 avril 2016]

[Publication] Anthologie de textes courts – Fredy Perlman

Anthologie de textes courts – Fredy Perlman
224  pages – format 11,8 cm x 17,5 cm
6€ (4€ à partir de 5 ex.).
Frais de port : 2€ pour un ex. + 1€ par ex. supplémentaire
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Sommaire

• p. 11 – Parcours d’un apatride – Fredy Perlman
• p. 24 – L’Appel constant du nationalisme
• p. 78 – L’Antisémitisme et le pogrom de Beyrouth
• p. 108 – Tout peut arriver
• p. 126 – La reproduction de la vie quotidienne
• p. 162 – Naissance d’un mouvement révolutionnaire en Yougoslavie
• p. 200 – Progrès et énergie nucléaire
• p. 212 – Bibliographie & traductions

[Clermont-Ferrand] A toi qui passes ta nuit debout

un petit texte sur le marasme de la loi travail et de la nuit debout trouvé dans les rues de Clermont.

mai68OK ta vie quotidienne s’est construite et suit son cours dans un cadre autoritaire. Que ce soit dans ta famille, à l’école, au taf, à Pôle Emploi, chez le médecin et jusque dans ton salon, tu ploies sous les contraintes et les injonctions. On te martèle la tête avec ce que tu DOIS faire, les limites à NE PAS dépasser, jusqu’à ce que par conviction ou lassitude, tu fasses le choix de te résigner, de rentrer dans le rang.

Début mars, quelque chose s’est passé. A en croire tous les météorologues gauchistes et autres syndicalistes perchés sur une échelle dans leur petit bocal, il se profilait à l’horizon une belle tempête sociale. Peut-être même aussi balèze que le CPE il y a dix ans. C’est dire ! Toi tu t’es dit : « Bon, que l’État m’écrase, que les patrons m’exploitent tous les jours depuis ma naissance, passe encore. Mais la loi El Komhri, c’est vraiment abusé ! Trop c’est trop ! » Alors avec quelques milliers d’autres personnes, plusieurs fois dans le mois, tu as marché dans les rues de Clermont, parfois en chantant, parfois en levant une jolie pancarte colorée, le plus souvent en te faisant bien chier mais en te convaincant que c’est important d’être là. Peut-être même que tu faisais partie de celles et ceux qui ont fait grève dans « leurs » entreprises ou ont bloqué « leurs » lycées.

Pourtant, dans tous ces moments que tu aurais pu vivre comme une pause dans la normalité, dans ce quotidien trop étouffant, où tu aurais pu respirer un grand coup et faire un peu craquer le carcan du « fais pas ci, fait pas ça », et ben dans tous ces moments, il ne s’est RIEN PASSÉ ! T’as choisi de continuer de suivre les règles du jeu, de respecter l’itinéraire de la manif, de faire semblant d’écouter avec intérêt les discours relous et les slogans débiles des leaders. T’as choisi une nouvelle fois d’obéir aux ordres des portes-voix et de te conformer au rythme du camion sono-buvette : avance, stop, assis, debout, tends la patte, à la niche ! T’as choisi de rester dans le rang.

Mais bon, sûrement qu’après un mois de manifs plan-plan t’as eu envie d’un peu de changement puisque tu t’es pointé-e à la Nuit Debout. T’as eu la chance de voir un film chiant et d’admirer la chorégraphie millimétrée des mêmes épouvantails de la politique (UNEF, SUD, CGT, RESF, FdG, NPA… mais en civil alors ça va) destinée à finir d’annihiler les dernières envies de faire quelque chose de différent, hors du cadre. Ensuite, si tu n’es pas allé-e te bourrer la gueule autour du feu, tu t’es peut-être assis-e pour participer aux groupes de discussion. Tu as alors dû ressentir l’extase de la communion dans l’unité, dans la convergence des luttes, un espace où semblent pouvoir cohabiter les intérêts les plus divers. De l’augmentation des salaires à la création d’un état palestinien en passant par du bio dans « nos » cantines et une place en foyer pour les mineurs sans papier : on dirait que tout se vaut, que peu importe « l’objet » de la lutte tant qu’elle est menée ensemble et qu’elle ne remet pas en cause l’ordre établi. Donc, comme il est impensable de se questionner sur le pourquoi, qu’il est évident pour tout le monde que « si on est là on est tous d’accord », on passe directement au comment. Tu as alors assisté à des débats délirants sur les meilleurs moyens de faire grossir le mouvement, à grand coup de carnaval et de stand d’info dans les quartiers populaires. Ces quartiers où l’on ne défile pas car on y passe pour les guignols qu’on est.

J’sais pas toi, mais moi ça me laisse sur le cul ! Qu’est-ce qui fait qu’un si grand nombre de personnes en arrive à reproduire à l’infini ces mêmes schémas, à réutiliser ces mêmes outils discount ? A recracher les mêmes contestations aimablement prémâchées par les centrales syndicales et les mouvements citoyens afin d’en ôter tout le potentiel créatif, libérateur… donc subversif ?

Il faut quand même avoir une vision sacrément étroite pour considérer qu’un changement de plus dans le code du travail a une réelle importance. Pourtant, il suffit d’un pas de côté pour avoir une vue d’ensemble, remettre un peu les choses en perspective et se rendre compte que cette loi n’est
qu’une microscopique partie d’un tout. Il suffit d’un pas de côté pour réaliser que l’idée même de travailler pour gagner sa vie est à vomir ; que confier à d’autres le pouvoir de décider de comment je mène ma vie est une aberration ; que se conformer à des normes pour se sentir le droit d’exister parmi les autres est asphyxiant ; que fuir la mort et rester bloqué à une frontière est insupportable… On vit dans un monde de merde, t’as remarqué ? Et c’est pas une fatalité ! Ce pas de côté permet aussi d’imaginer tout un tas de manières de sortir de leurs revendications et de leur non-violence qui nous neutralisent [1].

Par exemple, pendant que tu chantais « ni amendable, ni négociable… » le 9 mars, une trentaine de personnes saccageaient l’université de Bordeaux où on pouvait lire entre autre « On ne veut rien, nous prenons, pillons, volons tout ». Le 25 mars, tandis que tu te remettais d’une nouvelle procession à Clermont, plusieurs centaines de personnes partaient en manifs sauvages à Paris, attaquaient deux commissariats et pillaient deux supermarchés, redistribuant la bouffe au campement de migrant-e-s situé juste à côté. Alors que tu buvais ton vin rouge place de Jaude sous le barnum de la CGT le 9 avril [2], à Paris une semaine avant les vitres de leur local du 20e arrondissement volaient joyeusement en éclats à l’initiative d’individus autodésignés « travailleurs de la nuit (non syndiqués) », désignant les syndicats comme « des amis utiles des patrons et des flics. Nos ennemis » [3].

Faire un pas de côté, c’est commencer à sortir du rang. Et on est quelques un-e-s dans les parages à refuser d’y retourner.

Alors on souhaite profiter du contexte pour proposer un moment de rencontre où l’on puisse creuser ces questions, confronter des idées, repousser les limites et, éventuellement, découvrir des complicités. Si cette lettre t’a rendu curieux-se et que t’as envie d’échanger, y a moyen d’en causer. C’est pas la peine de venir avec de l’alcool, un pétard, un djembé, un smartphone ou un drapeau. Par contre ta rage et ton imagination sont les bienvenues.

Et que les enragé-e-s ouvrent le bal…

Notes:

[1] Enfin, ce pas de côté finit de faire le tri. Place de la République, quand la détermination de certain-e-s devient incontrôlable, des « représentants » de #nuitdebout n’hésitent pas à appeler les keufs et félicitent ensuite de leur savoir-faire.

[2] Tu te rappelles peut-être qu’il y a deux ans et demi, cette même CGT avait bien aidé la police à venir défoncer le campement – permanent et non-négocié celui-là – qu’occupaient migrant-e-s et personnes solidaires.

[3] Faut dire aussi que l’après-midi même, la CGT avait encore (et encore…) balancé des lycéen-ne-s aux keufs.

Le tract en PJ

[Paris] Discussion « Ni loi, ni travail – Où on en est ? Où veut-on aller ? » mardi 3 mai 2016 à ‘La Discordia’

Ni loi, ni travail – Où on en est ? Où veut-on aller ?

Mardi 3 mai 2016 – 19h.

Depuis quelques temps, ce début de mouvement social n’arrête pas de commencer. Des manifestations, trop souvent bridées par les syndicats ou chapeautées par des avant-gardes militaros. Quelques occupations de fac où la confusion règne (et même la ségrégation sur des bases de « races sociales », sic!). La foire citoyenne et confusionniste de la Nuit debout, avec sa cohorte d’indignation et de chauvinisme qui sent le rance des extrêmes droites et gauches.

En gros, tout est en œuvre pour tuer dans l’œuf les poussées de révolte qui pourraient se développer au sein de l’opposition à la « Loi travail ». Une énième reforme d’un Code de l’esclavage, dont nous nous foutons avec un certain érotisme printanier. Parce que ce qu’on voudrait, c’est le dépassement des revendications de misère, pour aller vers une critique révolutionnaire – et dans les actes – de l’oppression du travail, de l’État et de cette société.

Nous voudrions discuter avec d’autres des possibles issues que ce « mouvement » pourrait prendre – ou pas. Nous voudrions nous rencontrer pour échanger des informations, des analyses, des perspectives.

Parce que, mouvement ou pas mouvement, certaines questions perdurent : qu’est ce qu’on veut atteindre, en tant que révolutionnaires ? Avec quels moyens ? Qu’est ce qu’on veut faire ? Qu’est ce qu’on peut faire ? Avec qui ? Qui sont les faux amis qui sont déjà en train de faire naître leur « force » politique à l’extrême gauche ou dans les milieux dits « anti-autoritaires », ou leurs carrières sur nos têtes ?

Des questionnements toujours valables, qui nécessitent une compréhension de la situation sociale dans laquelle les révolutionnaires vivent et agissent, afin de ne pas être coupés du monde, ni d’être toujours à la traîne.

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ladiscordia.noblogs.org

[Publication] Ne nous laissons pas mourir d’impatience, détruisons ce qui nous détruit !

Loin des soupirs citoyens et des démobilisations cérébrales de la gauche, alors que l’Etat (d’urgence ou non) cherche à dissuader les révoltés the hard way, pendant que certains réclament la justice pour machin et la vérité sur trucmuche, alors que d’autres préfèrent encore œuvrer au synergisme de la convergence-des-luttes afin d’assurer la convergence-des-gauches, pendant que les plus ambitieux réfléchissent déjà à la capitalisation de leur pseudo influence sur le dit « mouvement contre la loi travail », il y en aura pour les vingtenaires comme pour les autres, chacun son cercueil organisationnel, pendant que des politiciens radicaux s’astiquent en se regardant se regarder (…et son monde), alors que des réacs de tout poil veulent réinstaurer la race comme grille d’analyse du monde, alors que d’autres nous expliquent d’assemblées en assemblées qu’il ne faut rien faire et attendre notre heure sur leurs horloges cassées, que ce n’est pas le moment, d’autres encore nous bassinent de leurs exhortations à l’action pour finir par de piteux blocages symboliques d’une heure ou par le #retweet contre ce monde et son monde (…et son monde), alors que le déploiement contre-insurrectionnel de l’Etat se développe dans tous ses volets, législatifs, judiciaires, policiers, économiques et psychologiques,

Les révoltés ne palabrent plus…

Plutôt que de vivre assis, ils passent la nuit debout, sans spotlights et sans caméras, sans citoyens-flics, sans chauvins, sans fachos, sans remords. Ils n’attendent pas le tracer de manifs déposées par les beaufs du SO de la CGT ou les boloss de l’UNEF, ils n’attendent pas d’être 300, ils n’ont pas besoin d’afficher leur «virilité» en criant «ahou» comme des CRS (laissons leur la virilité !), ils ne se lamentent pas sur le triste sort du mobilier urbain, ils nient en actes, ils renient en bloc, ils n’ont plus de foi, ne veulent plus des lois ni de leur esprit, n’ont plus de croyances, ils se foutent bien de savoir ce que le ciel pense d’eux, mais ils ont des perspectives et une projectualité claire :

EN FINIR AVEC L’ÉTAT ET LE CAPITAL.
ICI ET MAINTENANT.

Ce monde ne repose pas que sur la tête des flics. Comme nous, nos ennemis ne sont pas des concepts abstraits, ils n’ont pas de couleurs, de races ou de genres, mais ils ont des fonctions et des responsabilités dans notre asservissement, ils ont des noms et des adresses. Rendons leur visite !

Détruisons la normalité.

Ni loi ni travail : Des propositions pratiques* :

• 18 février, Paris, Les Lilas, Pré Saint Gervais : Cinq locaux du PS ont leurs vitres défoncées à Paris et en Seine Saint Denis : Dans le IIIème (40 rue Charlot), le XVème (36 rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri). Un communiqué explique ces quelques actes : « s’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à l’Etat tout court et au parti au pouvoir le PS. Cela ne se fait pas avec des promenades traine-savates aux côtés de partis politiques, syndicats et bigots obscurantistes ni avec des banquets avec des religieux ou juste en se plaignant de la violence policière ».

• 10-15 mars, Besançon  : On apprend dans la presse que les permanences politiques du PS et d’un sénateur LR ont toutes les deux fait l’objet de dégradations. Sur le PS : « pourriture sociale » en couleur noire et « contre votre monde de képis » peint en rouge et en caractères de trois mètres de hauteur. Sur la permanence du sénateur, de la colle a été projetée dans la serrure de la porte d’entrée pour la rendre inutilisable. D’autre part, la vitrine a été recouverte de tags. Non loin de là, un A cerclé et « Pour vivre debout, bloquons tout, grève générale ».

• 18 mars, Paris  : Huit DAB sont sabotés par divers moyens (marteau, mousse expansive, extincteur) dans le nord de Paris. Un communiqué explique : « au lieu de nous plaindre aux côtés des partenaires sociaux (matons de la révolte) détruisons ce qui nous détruit ! Pas besoin de
manifs ! ». Les intentions sont clairement exposées : « La “loi travail” on en a rien à péter, on veut juste tout péter ! » Voila une bonne idée !

• 22 mars, Paris  : Suite aux négociations en lousdé pour « occuper » un amphi à la fac de Tolbiac, « quelques enragés d’un autre 22 mars » décident de grimper jusqu’au septième étage, là où se trouvent les bureaux administratifs de la fac qu’ils saccagent en coupant les câbles, en jetant divers liquides sur les appareils électroniques divers, les papiers administratifs sont détruits et deux ordinateurs sont embarqués pour être détruits au calme. Le communiqué précise : « Il s’agit là de la réalisation d’une volonté précise de ne pas se limiter à des prises de parole, des AG, des manifs (qu’elles soient à 11h ou à 13h30), mais de contrer toute forme de connivence avec le pouvoir, tous les pouvoirs ».

• 24 mars, Paris  : Alors que dans la journée, le SO de la CGT avait tabassé, gazé et donné aux flics des manifestants à Montparnasse, « des travailleurs de la nuit (non syndiqués) » et très inspirés ont décidé de rendre des coups la nuit-même, brisant les vitres du local de la CGT, rue Pierre Bonnard, dans le XXème, en solidarité avec les arrêtés du 24 mars.

• 8 avril, Paris  : Le local de la CGT du XIVe arrondissement, rue de l’Aude, perds ses vitres. Parce que nous ne voulons pas de leur gestion de l’exploitation. Un geste revendiqué par des « travailleurs en démolition »: « Nous ne voulons aucune gestion de notre esclavage, le travail ».

• 12 avril, Toulouse  : La bourse du travail est attaquée avec des ampoules de peinture, une poubelle incendiée contre sa façade et le tag « Tous les flics ne sont pas bleus » laissé sur un mur. Il s’agit, selon un communiqué, d’une attaque contre la CGT.

• 12 avril, Saint-Denis : Des tags sont apposés autour de l’entrée de l’Université Paris VIII : « Nique la race, vive la lutte des classes », « Racialistes hors des mouvements », « racialistes = racistes² » « Si Dieu existait, il faudrait le détruire ». Un communiqué explique qu’il s’agit de s’opposer à la tentative de hold-up politique de la mouvance racialiste dans cette fac.

*Ces quelques attaques ont été (sauf mention) revendiquées, pas de récupération ou de substitution politique ou journalistique possibles, ni de porte-paroles de l’anonymat.

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[Transmis par mail, 16 avril 2016]

[Belgique] Un après-midi militarisé à Bruxelles

Un appel à un rassemblement contre la militarisation de nos vies et contre tout pouvoir, qu’il s’appelle islamique ou démocratique, avait été largement diffusé la semaine dernière. Rendez-vous était donné le 9 avril sur l’avenue Stalingrad, près de la Gare du Midi à Bruxelles. Cette après-midi là, la police a occupé l’endroit du rassemblement et militarisé un large périmètre autour (allant jusqu’à Anneesens, la place Jeu de Balles, la place Bara et la porte d’Anderlecht). A l’arrivée des premiers manifestants et dès le déploiement d’une banderole juste en face de l’endroit occupé par la flicaille, les policiers foncent et encerclent les manifestants. Ils seront dix à se faire embarquer pour être amenés au commissariat d’Anderlecht. Rejoints un peu plus tard par encore 6 autres personnes arrêtées, ils seront relâchés au compte-goutte pendant la nuit. Au commissariat, comme d’habitude, les policiers ont donné quelques claques à des récalcitrants menottés.

Entre temps, d’autres personnes qui cherchaient à approcher le lieu du rendez-vous se font contrôler par la police qui leur signifie que tout rassemblement est interdit sur l’ordre du bourgmestre Mayeur. Vers 19h, la police profite des forces mobilisées pour faire une autre descente au Passage (le compteur est maintenant sur 3), l’espace de lutte contre la maxi-prison à Anderlecht. Les copines et copains présents se font contrôler, le lieu est fouillé. Un compagnon est embarqué car « recherché » dans le cadre de l’enquête menée par le juge d’instruction De Coster à propos de la lutte contre la construction de la maxi-prison. Après une nuit passé au commissariat, des policiers de la section antiterroriste de la Police Fédérale viendront le chercher. Ils l’amènent au quartier-général dans la rue Royale, feront une tentative d’interrogatoire (le compagnon a refusé de répondre à toute question) pour ensuite le relâcher.

Le message de la part de l’État ne pouvait être plus clair : toute personne qui ose critiquer la militarisation en cours à Bruxelles, qui refuse de choisir entre deux camps pourris (le califat et l’État belge), qui propose l’auto-organisation et l’action directe comme moyens de lutte contre toute oppression et contre tout pouvoir, peut s’attendre à une réponse musclée.

Difficile d’empêcher l’esprit d’alors réfléchir sur quelques analogies. A Raqqa, capitale de l’État Islamique, toute manifestation critique est interdite et étouffée ; à Bruxelles, capitale de l’État belge et de l’Union Européenne, toute manifestation critique est interdite et étouffée. A Raqqa, c’est le Hisbah, la police religieuse du califat, à la tête duquel se trouve le belge Hicham Chaib, qui sévit contre toute opposition à la loi imposée là-bas ; à Bruxelles, c’est tout simplement la Police, à la tête duquel se trouve le belge Vandersmissen, qui sévit contre toute action qui s’oppose à la loi imposée ici. A Raqqa, les bombes larguées par les avions occidentaux ne ciblent pas uniquement les bases militaires des partisans de la guerre sainte, mais aussi les hôpitaux, les banques de sang, les écoles, la distribution de l’eau, les places ; à Bruxelles, les kamikazes sous les ordres de l’État Islamique ne ciblent pas du tout les bases répressives de l’État belge, mais se font exploser dans le métro et à l’aéroport. A Raqqa, toute presse est interdite ; à Bruxelles, la presse du monde entier ne cesse de mettre la pression sur les quartiers pauvres tandis que la presse belge se distingue ces derniers temps particulièrement par son zèle d’appliquer les consignes de la police (« afin de ne pas nuire aux enquêtes ») et de publier, mot pour mot, ce que le gouvernement leur demande. A Raqqa, distribuer un tract, faire un graffiti, déployer une banderole qui revendique la liberté est passable de la peine de mort ; à Bruxelles, distribuer un tract anarchiste, faire un graffiti contre le pouvoir, déployer une banderole qui revendique la liberté, est enclin d’engendrer une arrestation et est désormais passable de longues peines de prison pour… « incitation au terrorisme ». A Raqqa, les patrouilles de la Hisbah tentent de quadriller toute la ville ; à Bruxelles, les caméras de surveillance quadrillent toute la ville, la police fédérale utilise tout moyen possible (micros, caméras cachés, interception du courrier, observations, filatures) pour surveiller des anti-autoritaires, et pas seulement.

Exagéré, vous dites ? Pourtant, tout pouvoir n’a qu’un seul objectif : maintenir son règne et étouffer tous ceux qui cherchent à s’y opposer. En cela, l’État belge et l’État Islamique ont quelque chose de très important en commun. Et c’est bien ça que les anarchistes, les révolutionnaires et les anti-autoritaires, dans les villes syriennes comme dans les villes belges, combattent.

Si à Raqqa, les activistes révolutionnaires n’appellent plus à des rassemblements, ce n’est pas qu’ils ont abandonné la lutte contre le régime de Bashar el-Assad et le régime de l’État Islamique. C’est parce qu’ils luttent désormais d’une autre façon, mais avec autant de détermination et d’audace, pour détruire ce qui les opprime. Alors, si à Bruxelles…

Contre tout pouvoir, sabotons la militarisation de Bruxelles.

[Publié sur indymedia bruxelles, 11 avril 2016]

[Paris] Nous sommes contre le travail

Parce que nous sommes contre un système qui repose sur l’exploitation de tout et de tou-te-s.

Parce que les administrateurs de ce monde transforment l’ensemble du vivant en marchandises sur toute de la planète.

Parce que cette société n’a d’autres choix à nous proposer que la mise au travail, quelques miettes pour survivre ou l’enfermement pour les indésirables et les récalcitrant-e-s.

Parce que le travail c’est vendre son temps, ses énergies, son corps et son esprit à des patrons, à des chefs, à des machines.

Parce que le capitalisme et l’Etat prétendent avoir la main mise sur tous les aspects de notre vie et nous dépossèdent de plus en plus de toute autonomie et même de nos rêves de quelque chose de profondément autre.

Parce que ce système de production effrénée ne laisse pas d’en-dehors où chacun-e pourrait décider librement de ses activités.

Parce que Papa Etat ne garantit des droits qu’au prix de notre liberté ; c’est le même qui lâche ses chiens de garde dans la rue, crée et militarise les frontières et fait la guerre aux quatre coins du monde.

Parce que les restructurations (qu’ils appellent « crises ») signifient le durcissement de la misère, du cannibalisme social, des techniques et des technologies de contrôle.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore nous sommes non seulement contre le travail mais surtout contre le monde qui en fait un pilier et un horizon indépassable.

Si nous ne voulons pas aménager la longueur de nos chaines mais bel et bien les détruire, il n’y a ni négociation ni dialogue possible avec le pouvoir quel qu’il soit.

Il s’agit donc de mener cette lutte au-delà des limites qu’essaient de nous imposer tous ceux qui ont intérêt à ce qu’elle étouffe dans les cadres existants (dont font partie les politiciens et les co-gestionnaires de tous ordres).

Au lieu de toujours suivre des agendas posés par d’autres la question est d’étendre la révolte en décidant nous-mêmes de ce contre quoi nous voulons l’exprimer, en imaginant mille et une manières pour bouleverser ce monde, en nous associant et en nous auto-organisant sans chefs ni hiérarchie, en prenant l’initiative, individuellement et collectivement et par l’action directe. Ainsi il devient possible d’affronter les puissants qui prétendent nous dicter leur loi, pour en finir avec la guerre permanente qu’ils nous livrent à coup d’autorité, de fric et de flics.

Les grands événements citoyens et médiatiques sont conçus pour réduire la révolte à une simple indignation démocratique et pour la faire rentrer dans les rangs de la politique et de la représentation. A l’inverse, s’attaquer directement à ce qui permet à ce système de fonctionner et de nous faire fonctionner ouvre à des possibilités d’arracher l’espace indispensable pour développer d’autres rapports.

Les blocages et les sabotages ne sont pas de simples mots d’ordre, mais des pratiques bien réelles ouvrant des chemins pour sortir de la routine de l’exploitation et de la logique de consommation, y compris du spectacle de la contestation.

Car, tant que les métros transportent le bétail humain, tant que le courant électrique alimente les usines de mort et les laboratoires du contrôle, tant que l’argent continue à circuler, tant que les écrans continuent de diffuser la propagande, tant que les fibres et les antennes assurent notre dépendance, tant que les artères de la ville impriment leur rythme à nos corps et nos esprits, tant que …

… alors brisons le train-train quotidien !

[Tract distribué à Paris (publié sur indymedia nantes) lors de la manifestation du 5 avril.]

Le tract en PDF

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[Publication] Nous n’avons rien à défendre

Nous n’avons rien à défendre

bateauNi des loi supposées nous garantir, ni un quelconque travail supposé nous permettre de nous « réaliser ». Le travail n’est rien d’autre qu’exploitation, fatigue, ennui, humiliation. Toute loi n’est que l’expression de la domination de certaines couches sociales sur d’autres, qui constituent la majorité de la population. Nos fameux « droits » ne sont que le paravent du marchandage entre notre docilité et l’expropriation de nos vies.

Nous sommes nombreux à descendre dans les rue, ces jours-ci. Journalistes, syndicalistes et politiciens (même « alternatifs ») voudraient nous enrégimenter derrière le simple refus de la loi Travail. Mais, en fait, on s’en fout de cette énième reforme d’un code du Travail qui est là pour nous atteler au turbin. On crache sur l’esclavage à vie du CDI comme sur la galère quotidienne de la précarité. Ce qui remplit les rues ces jours-ci, c’est le ras-le-bol envers ce monde de plus en plus invivable. Ce qui apparaît là, c’est un refus du travail, la conscience peut-être encore imprécise mais bien présente que toute loi est une chaîne. Il y a ici et là quelques petites secousses dans la normalité de cette société : des frémissements dans lesquels nous pouvons voir un refus de la soumission et de l’impuissance quotidiennes, une mise en cause de la résignation généralisée.

Ce monde est invivable. D’un côté un État de plus en plus répressif – la carotte de l’État social étant en fin de course (pas pour toutes les catégories, bien sûr : le vieux précepte de diviser pour mieux régner est toujours efficace), il ne reste que le bâton. De l’autre côté, des prétendues alternatives qui ne représentent que la volonté de faire gérer cette même société par des syndicats et des partis de gauche, qui n’ont même plus d’illusions à vendre. Ou bien de sinistres cauchemars qui donnent une couleur encore plus morbide à l’autorité : replis communautaires, retour du religieux et de l’oppression morale.

Dans ce panorama sombre, s’attacher à un coin de territoire ou à une situation sociale donnée, revient à jouer sur la défensive, à renoncer à l’audace des rêves. Mais ni une quelconque zone à défendre dans un monde englouti par des nuisances, ni une Justice qui est là pour sanctionner l’inégalité et la privation de liberté, ni quelques droits à se faire exploiter tout le long de la vie, ne pourraient jamais nous suffire.

Cette petite fissure dans la normalité que ce sont les mobilisations avec l’excuse de l’énième modification du code du Travail, nous voulons l’agrandir, pour qu’elle devienne une brèche, d’où atteindre la fin de l’exploitation. Faisons en sorte que le vase qui commence à déborder se casse. Ne nous contentons pas des promesses politiciennes, chassons les médiateurs sociaux (comme les syndicats), déchaînons notre rage contre cette société qui nous vole, jour après jour, nos vies. Attaquons-nous aux bases morales et sociales de l’autorité. Et aussi à ses structures matérielles : magasins, lieu de productions, bâtiments publics, véhicules, moyens de transport de personnes, de marchandises et d’énergie… Attaquons-nous aux hommes et femmes qui l’incarnent : flics, patrons, juges, chefs de toute sorte, bureaucrates, vigiles, politiciens, matons… A nombreux, en petits groupes ou seuls, le jour comme la nuit, quand et où le pouvoir ne nous attend pas.

Un graffiti récent, souvent repris, dit : « le monde ou rien ». Mais nous n’avons rien à défendre dans ce monde qui ne nous appartient en rien, et auquel nous n’appartenons pas. Un monde qu’on veut détruire.
La fête ne nous attend pas que sur ses décombres, mais déjà dans la révolte, ici et maintenant. Il n’y a pas de retour en arrière.

Contre toute loi, contre le travail. Contre ce monde d’enfermement et d’exploitation.
Pour la liberté !

L’affiche au format PDF

[Reçu par mail, 5 avril 2016]

[Tract] Lettre de prolétaires aux autres concernant la « loi Travail » et ses inconséquences

arton4926-1aebbNous nous adressons ici aux exploités, mais à vrai dire nous nous foutons de votre classe sociale, de votre origine, de votre niveau d’étude atteint ou échoué. Mais nous nous adressons surtout à ceux et celles qui ont le malheur de bosser, qui y sont obligés par leur condition, qui ne touchent pas au RSA ou à la thune de papa toute leur vie.

Dans les tracts, dans les AG, dans les réunions, on nous dit aujourd’hui que l’objectif de ce mouvement en cours, c’est le retrait immédiat de la loi Travail. Certains, s’ils veulent « élargir » un peu le problème, demandent également le retrait de l’état d’urgence ou quelque chose d’autre. Passons sur l’humiliation qui va forcement avec cette mendicité sociale où on nous casse la gueule et où on répond par « s’il vous plaît monsieur… » La question que nous voudrions vous poser ici est autre. La question, c’est la suivante :

Est-ce que votre vie, en ce moment, en cette ère toujours pré-loi Travail, est chouette, autonome, belle, libre, pleine, joyeuse ? Le code du travail défend-il si bien vos aspirations individuelles et collectives, vous protège-t-il du patronat qui veut vous voler votre temps à son profit ? Défend-il bien, avec ses inspections et autres agents qui ne nous souhaitent, évidemment, que du bien, votre droit à brosser les chiottes, à servir les bobos dans un bar la nuit, à livrer des pizzas que vous ne pouvez pas vous payer et tant d’autres options qui devraient nous rendre pleins d’espoir ?

Pour quiconque travaille aujourd’hui dans un boulot de merde, il devrait être clair qu’il n’y a rien à défendre dans ce précieux code du travail. Toute la merde que nous promet la réforme – les heures supplémentaires, bosser la nuit plutôt que de faire l’amour, être foutu à la porte dès que ça convient mieux au patron – on le sait déjà, comme on sait que la menace, et non pas une inspection quelconque, est le seul moyen de gagner quoi que ce soit de l’autorité. Les seuls qui peuvent se tromper sur ce point, ce sont ceux et celles qui ne risquent pas de « tomber si bas » et les étudiants qui se pensent immunisés contre l’avenir de merde qui est réservé à certains d’entre eux.

Le code du travail, c’est le garant de l’exploitation. La loi Travail, c’est son intensification. Alors défendra-t-on l’exploitation contre son intensification ?

Non merci. Et c’est pour ça que nous vous proposons de relancer une autre étape de la lutte : la lutte contre le code du travail et le travail lui-même. Parce que contrairement aux syndicats, aux intellectuels, aux étudiants qui vivent de versements familiaux, nous, on n’a rien à défendre ici.

Nique le travail et ses défenseurs, les syndicats, et tous ceux qui nous proposent de défendre un présent de merde contre un avenir de merde.

Des prolos comme les autres.

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Publié sur non-fides

 

[Publication] La Bourrasque : Bulletin de critique et d’agitation anarchistes écrit depuis Clermont et ses abords

La Bourrasque est un bulletin qui ne se construit depuis aucune base politique, idéologique ou morale, considérant que ce ne sont que trois facettes d’une même domination. Les textes proposés ici ne se nourrissent que de rages et de désirs. La rage contre ce monde pourri par l’autorité et le fric. Le désir de vivre des instants d’insoumission et de liberté. S’il nous tient à cœur de mieux comprendre et évoquer dans ces lignes comment s’articulent les dominations qui traversent cette société, ce n’est pas pour en être les spectateurs-trices indignéEs mais pour envisager des pratiques et des horizons offensifs contre tous les pouvoirs. Allergiques aux dogmes et aux avant-gardismes, nous ne souhaitons ni convaincre, ni persuader. Dans La Bourrasque, nous voyons plutôt un souffle qui circule de rencontres en affinités. Une rafale qui recherche les brèches du vieux monde pour s’y engouffrer et les élargir. Un peu de vent pour que le feu se propage.

Pour lecture, diffusion, retours critiques… Tout est là : labourrasque.noblogs.org

Bon vent…

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