Archives par étiquette : attaque contre la police

[Berlin] Compte-rendu d’une manif sauvage à travers le quartier de Neukölln – 10 janvier 2015

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Berlin – 10 janvier 2015. Nous avons appelé à une manif à Neukölln pour nous rappeler du meurtre d’Oury Jalloh il y a dix ans, et dénoncer les comportements racistes et ses meurtriers. Près de 100 personnes y ont participé et ont traversé le quartier entre la Boddinstraße et la mairie de Neukölln. Sur la route, nous avons distribué des tracts qui prenaient pour thème l’assassinat d’Oury et rappelaient plusieurs autres personnes tuées par les flics:

  • Dennis de Neukölln, qui a été exécuté lors de la soirée de la Saint-Sylvestre de 2008 par des flics en civil.
  • Laye Alama à Brême, qui a été torturé à mort en 2004.
  • Zyed et Bouna à Paris, qui sont morts poursuivis par les flics en 2005.
  • Alexandros à Athènes, qui a été abattu en 2008 par un keuf.
  • Mike à Ferguson, qui a été assassiné en 2014.

Après que les gens se soient joints de façon sporadique, la manif a finalement atteint la mairie de Neukölln – dans laquelle réside le populiste raciste Buschkowsky – qui a été attaquée avec des pierres et des bouteilles de peinture. Les derniers tracts ont été distribués sur la place de la mairie et ensuite le tribunal situé juste à côté a connu le même sort. Avant de tou-te-s s’éparpiller dans la nuit, une patrouille de SECURITAS et une banque qui était sous leur protection ont été défoncées.

La porte de la mairie

La porte de la mairie

Ses murs repeints

Ses murs repeints

Tags sur ses murs ; "ACAB - Oury Jalloh"

Tags sur la façade de la mairie

Toujours sur les murs de la mairie

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La mairie de près....

La mairie de près….

La nouvelle déco du tribunal

La nouvelle déco du tribunal

La nouvelle déco du tribunal

de près…

La Kommerz Bank attaquée

La Kommerz Bank attaquée

idem

idem

Un peu plus tard, les flics ont déboulé sur les lieux avec un gros contingent, faisant la chasse aux passants et arrêtant aussi quelques personnes (la presse évoque 4 personnes interpellées).

Pas de paix pour la normalisation raciste !

Pas de paix pour l’Etat, ses larbins et sa violence !

Oury Jalloh, c’était un meurtre !

Selon les rapports de la presse, le poste de police a eu son entrée obstruée et cadenassée. Nous remercions ceux qui ont ainsi participé à la manif.

Traduit de linksunten (photos de la presse), 11 janvier 2015

[Leipzig] La police continue de morfler – 29 janvier 2015

La police de Leipzig continue de se prendre en pleine gueule la rage qu’elle sème quotidiennement en protégeant par la force cette société.

AnschlagAufpolizei3Après l’attaque du commissariat du quartier Connewitz au début du mois, c’est celui de Plagwitz/Altlindenau qui a été visé. Le poste de police a été bombardé de pierres et des bocaux en verre remplis de peinture foncée.

Jeudi 29 janvier vers 02h40 du matin, quelques personnes vêtues de noir et masquées ont fait irruption Weißenfelser Straße et ont lancé près de 17 pierres et plusieurs bocaux de peinture sur l’immonde bâtiment, brisant au moins cinq fenêtres des étages supérieurs. Une voiture garée à proximité a été dégradé. Le montant des dégâts n’est pas connu.

Le chef de la police Bernd Merbitz a exprimé sa préoccupation pour l’ordre à Leipzig par ces mots: « Les attaques contre la police sont intolérables La situation dans la ville est très tendue pour ça qu’il est si important que nous gardions la tête froide et que ne nous laissons pas impressionner dans notre travail par ces incidents.« 

Un voisin vigilant a immédiatement appelé ses amis les flics, signalant trois personnes cagoulées prenant la fuite dont deux à vélo. Heureusement, ces dernières ont réussi à s’échapper sans souci.

Dernièrement, l’émeute du 15 janvier à la suite de la mort d’un sans-papier à Dresde a aussi laissé des traces dans la tête des flics, commerçants et citoyens de Leipzig.

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Reformulé de la presse, 29 & 30 janvier 2015

[Canala, Nouvelle-Calédonie] « L’insécurité visant les forces de l’ordre y est permanente »

Nouvelle Calédonie : deux gendarmes blessés par un coup de feu

Deux gendarmes ont été blessés à la tête par un coup de feu tiré sur leur véhicule blindé où ils s’étaient réfugiés après avoir essuyé des jets de pierres, jeudi après-midi à Canala à l’Est de la Calédonie.

Une patrouille quatre gendarmes s’était rendue à la tribu de Nakéty pour tenter de récupérer deux véhicules volés à Nouméa quelques jours plus tôt.

C’est alors qu’ils ont été agressés. L’un des gendarmes a été blessé au crâne, l’autre au cou. Les deux hommes ont été transférés à l’hôpital Gaston-Bourret (Nouméa) par hélicoptère. Leurs jours ne sont pas en danger, mais un des deux gendarmes est toujours hospitalisé.

L’enquête a été confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Nouméa. «Toutes les pistes sont explorées, a expliqué Claire Lanet, la procureure de la République. Les premières constations montrent qu’une seule balle a été tirée, visant la vitre, donc délibérément la tête. Il s’agit d’une tentative d’homicide volontaire.»

La commune de Canala est régulièrement le théâtre d’agressions visant les forces de l’ordre. «L’insécurité y est permanente», a gendarmerie en ajoutant: «nos équipes sont visées de façon récurrente, principalement par des jets de pierre».

Le maire de la commune, Gilbert Tiuyenon, a aussitôt condamné cet acte: «On ne peut accepter ce qui s’est passé. Toute ma solidarité va aux deux hommes qui ont été blessés ainsi qu’à leur famille dans ce moment difficile. Les autorités coutumières m’ont exprimé leur ras-le-bol et leur refus d’accepter ce genre d’exaction. Elles m’ont rappelé qu’elles avaient déjà su faire par le passé ce qu’il fallait pour livrer les auteurs de faits répréhensibles à la gendarmerie. Il s’agit d’une archi-minorité qui gâche la vie de tout le monde.» Le maire a également appelé Vincent Bouvier, le Haut-commissaire, Vincent Bouvier qui a assuré que des actions seront mises en oeuvre dans les semaines à venir.

Leur presse de l’ordre – leparisien.fr, 23/01/2015 à 09h52

[Allemagne] Manifs en réponse au meurtre d’un sans-papiers à Dresde : émeute à Leipzig (15 janvier 2015)

Dans la matinée de mardi 13 janvier 2015 à Dresde, un sans-papiers originaire d’Erythrée, Khaled Idris Bahray, a été retrouvé mort assassiné dans la cour du centre pour réfugiés de Leubnitz-Neuostra, géré par l’Etat qui les oblige à y résider. Comme souvent, la police a tenté dans un premier temps de maquiller ce meurtre en une mort accidentelle ou un suicide. Une habitude des assassins en uniforme qui éliminent quotidiennement les indésirables à ce système d’exploitation et de domination, que ce soient aux frontières, dans les rues, dans un de leurs fourgons ou bien en cellule [1]. Cet assassinat survient juste après une manifestation de 25 000 fascistes de PEGIDA [2] qui s’est déroulée à travers la ville lundi soir,. Les racistes se montrent de plus en plus dans les rues ces derniers mois, en vociférant contre les migrants et l’immigration, en proférant et inscrivant des menaces de mort à leur encontre devant leurs lieux de (sur)vie…

On ne sait pas grand chose des détails de sa mort, mais assez pour dire que ce système d’oppression et de domination l’a tué. Que ce soient des fascistes ou des agents en uniformes de l’Etat, tout cela nous importe peu. Ce qui est sûr, c’est que la police a voulu maquiller ce meurtre raciste d’un indésirable dépourvu du bout de papier nécessaire pour circuler.

La riposte dans la rue s’organise, plusieurs manifs contre ce meurtre raciste se sont tenues à travers le pays,  Une est prévu ce dimanche 18 janvier 2014 à Berlin.

Vers 23h30 jeudi 15 janvier à Hambourg, le commissariat de la Lerchenstraße a été attaqué aux feux d’artifice. Cela a été une action en solidarité avec la manifestation émeutière qui s’est tenue le même jour à Leipzig, qui a été fortement réprimé par la police. Le communiqué se termine par « Saluts solidaires d’Hambourg à Leipzig ».

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Plus tôt dans la journée, plus de 1000 personnes (dont 600 déterminées) sont descendues dans les rues de Leipzig en début de soirée à la suite du meurtre non éclairci du jeune migrant érythréen Khaled Idris et contre les nationalistes de PEGIDA. Lors de cette manif, les murs ont été décorés de tags et de graffitis contre ce mouvement fasciste et la police, ainsi qu’en mémoire de Khaled Idris: « Stop PEGIDA », « ANTIFA » (les nombreux tags racistes qui avaient été inscrits lors des marches LEGIDA ont quasiment tous été recouverts à la bombe de peinture; Du mobilier urbain est jeté à travers les rues… 23-2Lorsque la police s’est approchée un peu trop près du cortège, elle a été visée par des tirs de feux d’artifice et bombardée de pierres, ses véhicules ont été sévèrement dégradés (certains flics ont même été frappés à l’intérieur de leurs voitures). Rapidement, la police de Leipzig est surpassée par les évènements et demande des renforts de Dresde et de Sachsen-Anhalt. Vers 21h15, les vitres du tribunal n’ont pas résisté bien longtemps à l’assaut de 200 manifestants cagoulés (40 vitres pétées avant que les flics n’interviennent d’après bild.de), celles de plusieurs magasins (dont le barbier « Gentlemens Cut ») et de banques (dont une agence Santander [3]) non plus.

Le tribunal

Le tribunal

Un commerce...

Un commerce…

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Une partie de la façade vitrée du tribunal

Une porte du tribunal

Les flics ont débarqué en masse après deux heures de manif, encerclant une centaine de manifestant-es et procédant à des dizaines de contrôles d’identité. Trois personnes ont été arrêtées et placées en garde-à-vue.

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Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 17 janvier à Dortmund (3500) et à Dresde.

Notes du CNE:

[1] Oury Jalloh, mort brûlé vif dans une cellule d’un comico le 7 janvier 2005 à Dessau.

[2] Mouvement nationaliste, anti-immigration et anti-islam, qui multiplient les manifestations de masse à travers l’Allemagne et regroupe la mouvance néonazie, les milieux hooligans ainsi que des nationalistes de tous poils…LEGIDA est sa branche implantée à Leipzig.

[3] L’enseigne bancaire ‘Santander’ est prise pour cible à travers le monde, et pour cause: elle est connue pour financer les prisons et l’aviation militaire. A titre d’exemple, elle a injecté près de 60 millions d’euros dans ‘BAE-Systems’ et ‘Rolls Royce’. Elle investit aussi dans plusieurs services du domaine militaire (communications et échanges d’informations..). Elle est également connue dans le monde hispanophone pour des expulsions locatives.

[Besançon] « les 408 », un quartier incontrôlable pour l’Etat et sa police

tous_charlie-af2d6A l’heure où des dizaines de milliers de veaux descendent dans les rues à l’appel du pouvoir et de ses porte-voix, qu’une large partie de citoyens ovationnent les agents de la répression et que l’Etat déploie en masse l’armée et des flics partout sur le territoire, quelques insoumis résistent et rendent les coups aux agents de la répression.

Comme partout, Besançon est une ville-prison sans cesse en aménagement. La surveillance se fait à la fois par la rénovation urbaine liée au tramway (élargissement, aplanissement et éclairage plus important de l’espace urbain) mais aussi avec le quadrillage de l’espace urbain par d’innombrables caméras (près de 1000 sur tout le réseau de transports GINKO, à l’intérieur du tram et des bus, ainsi qu’aux stations, aux abords des parkings RELAIS et le long du trajet de tram). Outre le fait de garantir la bonne circulation du tram-tram quotidien, tout cela a pour but de faciliter entre autre le travail des flics. Les « 408 », un ensemble de barres HLM où se concentre la misère, est actuellement le seul quartier à ne pas avoir été aménagé, où architectes et flics hésitent plus d’une fois à y foutre leurs sales pattes. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le tram ne fait que passer devant, sur la longue avenue Brûlard. Le pouvoir local a opté pour l’installation de 6 caméras tournant à 360 degrés, permettant de fliquer les habitants et pour certains, leurs activités illégales de survie. A maintes reprises, les attaques contre les yeux de l’Etat ont pris différentes formes: des tentatives de section et d’incendie des fils d’alimentation jusqu’à la section pure et simple du mât (avec à la clé le vol de la caméra) [1]. Depuis peu, c’est l’alimentation électrique général du quartier qui est régulièrement sabotée, ce qui a l’avantage de non seulement couper l’alimentation des caméras mais également les spots d’éclairage public, compliquant davantage la sale besogne des agents de l’Etat.

MAC17122014Une petite chronologie succinte (car repris des porte-paroles des flics) des actes de rébellion qui se sont succédés dans le quartier des « 408 » et ailleurs:

  • Dans l’après-midi du mercredi 7 janvier à Planoise, un contrôle de flics routinier ne se passe pas comme prévu. Les flics se font copieusement insulter et le jeune refuse la palpation. Il est embarqué pour outrages et rébellion et détenu en GAV.
  • Jeudi 8 janvier vers 22h00, dans le quartier de la Grette (les « 408 »), deux jeunes au visage masqué s’attellent à couper l’électricité du quartier. Surpris en flagrant délit par une patrouille de la BAC (il semblerait que les flics aient été appelés par une balance du secteur), les deux jeunes sont malheureusement interpellés.
  • Bénéficiant de nombreux renforts, notamment d’un escadron de la gendarmerie mobile de Lure, les flics interviennent en masse dans le quartier entre mardi 13 au matin et jeudi 15 janvier après-midi. Depuis quelques temps, un bon nombre d’appartements des barres HLM sont inoccupés, mais des jeunes du quartier les ont réquisitionnés pour se réunir et s’organiser, mais aussi pour entreposer du matos bien pratique à l’accueil des chiens en uniforme du pouvoir. Onze personnes ont été interpellées à l’issue de cet opération policière.
  • La riposte ne tarde pas: mardi 13 janvier vers 20h00, le boîtier électrique est une nouvelle fois saboté dans le quartier de la Grette. 3 personnes en train de prendre la fuite sont repérés par une patrouille de flics, qui repartent bredouille sous une pluie de cailloux…
  • Jeudi 15 janvier vers 22h30, la vengeance continue de plus belle: rebelote pour le boîtier électrique du quartier, qui est de nouveau incendié. Les saboteurs ont pris le soin de placer des containers à poubelles en feu en travers les rues afin de retarder l’intervention des keufs.

Un article du 9 janvier 2015 de l’est répugnant revient sur les émeutes de début juin 2014. On y apprend notamment que, lors d’une opération, le commissaire de police s’est fait crever ses 4 pneus de voiture devant plusieurs fourgons de CRS mobilisés [2]

Une caméra nouvellement installée dans le quartier avait permis aux flics d’identifier 6 personnes ayant participé à la révolte contre la police lors d’une interpellation : deux mois avec sursis pour les deux femmes d’une quarantaine d’années et 8 mois ferme pour les quatre autres. Un des quatre, G. – accusé d’avoir incité à l’émeute en criant « aidez-moi, aidez-moi, empêchez ces chiens de m’embarquer » – vient d’être jugé ce 15 janvier 2015 et condamné à 8 mois de prison ferme avec en plus son placement sous surveillance électronique (port d’un bracelet au mollet). Il devra aussi verser 600 euros aux trois flics (200 euros chacun).

 Reçu par mail, revu et corrigé ici-même – 17 janvier 2015

NdCNE:

[1] Deux articles sur le même sujet:

  1. Retour sur la surveillance et ses multiples collabos
  2. Quadruple attaque contre la surveillance aux ‘408’ (fin septembre 2014)

[2] Les compagnies de CRS sont régulièrement appelées par la municipalité PS pour venir renforcer les patrouilles de flics : notamment à l’approche des fêtes commerciales de fin d’année, mais aussi quand un fait divers est mis sur le devant de la scène médiatique locale ou lorsque les élections approchent… tous les moyens sont bons pour « justifier » le maintien de la population sous contrôle. Le maire Jean-Louis Fousseret a annoncé mi-janvier 2015 que 26 flics municipaux (qui profitent de la récente tuerie à Paris pour exiger le permis de port d’arme) seront embauchés d’ici la fin de son mandat: à l’heure actuelle, la police municipale compte 64 agents dont 52 gardiens et gradés, 9 agents ASVP ou agents de surveillance de la voie publique et 3 opérateurs de vidéosurveillance. Six policiers municipaux et quatre ASVP seront recrutés cette année, les seize autres le seront au fil du mandat en cours. 9 flics (au lieu des 3 actuels) surveilleront bientôt le centre de supervision des caméras de la ville afin que le centre de supervision urbaine soit « en pleine application sept jours sur sept […] », des patrouilles de flics circuleront à l’intérieur des bus et des trams. « [Ils] seront beaucoup plus sensibilisés à la question de la sécurité des commerces et entreprises. Les secteurs d’intervention des policiers en VTT seront étendus à l’ensemble de la Boucle et Battant. »

[Bruxelles] Attaque groupée du comico de Laeken – 6 janvier 2015

Une pluie de pierres et de molotovs sur le commissariat de Laeken à Bruxelles

5-19LAEKEN – La nuit du Nouvel An, une patrouille de police poursuit deux jeunes qui se mettent à courir. La patrouille cherche à plusieurs reprises à foncer sur les jeunes, avant d’y arriver : elle écrasera la jambe du jeune Abdelamine (19 ans) contre le mur. Transporté à l’hôpital, les médecins décident d’amputer la jambe. Encore une épisode dans la triste série de brutalités et meurtres policiers.

Le mardi 6 janvier 2015, vers 20h du soir, des dizaines de gens (on dit une centaine) se rassemblent pour aller rappeler aux policiers que cette mutilation, les mensonges officielles qui l’ont suivi et les commentaires crapuleux d’agents de police se moquant du sort de Abdelamine, ne passeront pas sans riposte : des pierres et des cocktails molotovs pleuvent sur le commissariat à Laeken. A l’intérieur se trouvaient trois flics. Les dégâts sont toutefois restés limités. A l’arrivée de renforts, les assaillants se dispersent. Huit personnes ont été interpellées lors d’un ratissage du quartier, une personne aurait été mise à disposition du parquet.

Contre le pouvoir et ses serviteurs, attaque et solidarité !

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Publié sur la cavale

[Leipzig] La police attaquée en mémoire d’un sans-papiers assassiné il y a dix ans

ConnewLeipzig07012015En mémoire d’Oury Jalloh [1] – Le 7 janvier 2005, Oury Jalloh est mort brulé dans la cellule n°5 du poste de police de Dessau de la Wolfgangstraße. En peu de temps, le corps d’Oury Jalloh est en flammes. Les mains et pieds d’Oury sont attachés au sol. Il est allongé sur un matelas dans une cellule entièrement en carrelage. Le feu est si fort que les doigts de la main gauche sont entièrement consumés sous les effets de la chaleur.

Ceci est la raison de notre attaque d’aujourd’hui sur le poste de police dans le quartier Connewitz de Leipzig [2].

Ainsi nous avons détruit toute la façade vitrée du comico avec des pierres, redécoré ça avec de la peinture, et laissé en chemin, à côté des bris de verre et des pierres, aussi des obstacles pour tous les véhicules de police appelées.

Flic, la tolérance à ton égard est levée, ton permis de séjour est éteint, comme le feu dans le véhicule de police derrière le comico [2], ainsi nous te traîterons avec un tel irrespect et une telle violence, comme la façon dont tu traîtes les réfugiés.

Même si tu enlèves ton uniforme, tu resteras toujours le même porc d’individu et continuera à être la cible de nos interventions lorsque nous le voudrons.

Nous commémorons avec une profonde tristesse et une pure haine.

Repose en paix Oury Jalloh [3].

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Traduit de l’allemand de linksunten

Notes de traduction:

[1] Un des innombrables sans-papiers pourchassés et morts par les bras armés de l’Etat. Un site en sa mémoire est mentionné dans le communiqué: https://initiativeouryjalloh.wordpress.com/

[2] L’attaque, relayée par la voix des flics que sont les médias de masse, s’est déroulée vers 20h: une cinquantaine de personnes au visage masqué y ont pris part, et n’ont pas seulement visé le commissariat de Connewitz. Comme s’est brièvement évoqué dans le communiqué, une voiture de police, garée derrière le commissariat, a eu une de ses vitres-arrière pétées et un engin incendiaire jeté dans l’habitacle. Malheureusement, le feu n’a pas pu se propager et a rapidement été éteint par les agents de l’Etat.

[3] On pourra aller lire une critique de cette formule religieuse. Claude Guillon a publié un billet à l’occasion des manifs et actions de solidarité internationale à la suite de la mort de l’antifasciste Clément Méric.

[Etats-Unis] De Ferguson à Oakland, 17 jours d’émeutes et de révolte dans la Bay Area

Une révolte anti-police sauvage et croissante est en plein essor dans la Bay Area. C’est un épicentre dans le mouvement national croissant suscité par l’insurrection à Ferguson [1] à la suite de l’exécution par la police de Michael Brown, et en même temps c’est une poursuite des luttes locales remontant au moins aux émeutes Oscar Grant de 2009 à Oakland. Certains d’entre nous qui ont participé aux manifestations dans la baie au cours des deux dernières semaines et demi désirent communiquer de toute urgence aux autres partout à travers le monde à propos de ce qui se déroule ici. Notre but n’est pas de revendiquer des droits de vantardise ou d’établir Oakland comme la capitale américaine de l’émeute. Au contraire, il est nécessaire de répandre le mot à propos de la nature sans précédent de ces événements, précisément parce qu’ils semblent soudain plus que jamais possibles, avant que cette révolte contre la suprématie blanche et la police puisse s’étendre au-delà des espaces habituels de protestation.

Afin d’illustrer l’ampleur de ce qui s’est déroulé depuis que le grand jury a annoncé qu’il n’inculperait pas Darren Wilson pour avoir tué Michael Brown, nous devons clarifier un point: nous avons perdu la trace du nombre d’autoroutes qui ont été bloquées, de magasins pillés, de carrefours qui ont vu les combats les plus féroces avec la police. Tout cela s’est déroulé de manière quotidienne pendant plus de deux semaines. Environ 600 personnes ont été arrêtées. Bon nombre des principaux quartiers d’affaires à travers East Bay ont été touchés. C’est devenu habituel d’entendre la police et les nouveaux hélicoptères suivrent chaque nuit la dernière émeute. Des forces de police militarisées de tout le nord de la Californie sont maintenant régulièrement déployées dans nos rues. Oakland, Berkeley, San Francisco, et Emeryville ont toutes expérimenté les émeutes et les pillages.

Beaucoup d’entre nous ont vécu divers mouvements et révoltes à petite échelle à Oakland et dans la Bay Area au cours de la dernière décennie ou plus. Pourtant, c’est quelque chose de différent. Bien que le nombre de personnes descendant dans les rues à la nuit tombée n’est pas massif – habituellement de l’ordre de 500 à 1500 – la forme et le niveau d’intensité que cette vague insurrectionnelle a déchaîné n’ont pas été vus ici depuis des décennies. Tout cela s’est déroulé en dehors du contrôle de toute organisation ou clique politique. À ce stade, il n’y a que peu d’appels spécifiques pour des marches ou des rassemblements: des foules de voisins, d’étudiants, d’activistes et de militants se rassemblent maintenant chaque soir de leur propre initiative, et ce de manière chaotique. Une alliance informelle de bandes de graffeurs, de groupes d’amis composés principalement de jeunes rebelles noirs et métisses, d’amas d’anarchistes de tendances et d’origines diverses a vu le jour pour créer les tendances les plus dynamiques et combatives du soulèvement. Ceux qui se montrent avec des suggestions quant au lieu où l’énergie de la foule pourrait être mieux appliquée s’expriment publiquement, et parfois leurs propositions sont effectuées. Ceux qui tentent de calmer et de gérer la situation sont ignorés, et souvent attaqués s’ils tentent d’entraver les actions des autres.

La première vague d’émeutes, de marches et de blocages à Oakland au cours de la semaine du 24 novembre n’a été que le début. S’en est suivi plusieurs blocages des autoroutes 880 et 980, de nombreux die-ins bloquant des routes, et fermant la station BART (transport en commun) de l’ouest d’Oakland – puis les émeutes ont commencé pour de bon. Voici une chronologie approximative des événements de ces 18 derniers jours, suivie de nos premières réflexions.

Révolte contre la police dans la Bay Area: 24 novembre – 10 décembre 2014

24 novembre: le grand jury à Ferguson refuse d’inculper l’agent Darren Wilson pour le meurtre de Michael Brown. Ferguson brûle. Plus de 2500 personnes se rassemblent dans le centre d’Oakland et procédent au blocage de l’autoroute 580 pendant des heures. Puis la foule retourne à travers le centre-ville jusqu’au poste de police, où des affrontements éclatent sur Broadway. Les participants érigent des barricades enflammées et pillent plusieurs magasins d’entreprise, dont un ‘Starbucks’ et un magasin d’alimentation générale ‘Smart & Final’. Des dizaines de personnes sont arrêtées.

Des manifestants bloquant l'autoroute, érigeant des barricades et pillant des magasins le 24 novembre 2014

Des manifestants bloquant l’autoroute, érigeant des barricades et pillant des magasins le 24 novembre 2014

25 novembre : une petite foule envahit l’autoroute 880 à Oakland. Une plus grande foule bloque l’autoroute 580 plus tard pendant la nuit et presque 100 personnes sont arrêtées. La foule restante montent des barricades enflammées en masse à travers Télégraph pour retenir la police. Une série de magasins d’entreprises sont pillées au nord d’Oakland et les entreprises de la gentrification sont détruites. D’autres arrestations de masse se produisent près d’Emeryville à la fin de la nuit.

26 novembre: Une marche destructrice joue au chat et à la souris avec la police au centre-ville et à l’ouest d’Oakland pendant des heures avant d’être dispersés par la police. Plusieurs entreprises du centre-ville sont endommagées et d’autres manifestants sont arrêtés.

28 novembre: Une action de désobéissance civile coordonnée à la station BART de l’ouest d’Oakland stoppe tous les services de transport dans et à l’extérieur de San Francisco pendant plus de deux heures. Cette nuit-là, à San Francisco, près de 1000 manifestants assiègent le quartier commercial de l’Union Square pendant le Black Friday, s’affrontant avec la police et endommageant des magasins de luxe. Ils marchent à travers le quartier Mission, où les magasins sont pillés et les banques sont brisées. La nuit se termine par une vague d’arrestation massive, alors que la foule diminue.

Barricades sur la Telegraph Avenue le 25 novembre ; la marche Black Friday 28 novembre

Barricades sur la Telegraph Avenue le 25 novembre ; la marche Black Friday 28 novembre

3 décembre: Un grand jury de New-York omet d’inculper tout officier de police impliqué dans la mort par étouffement d’Eric Garner. Des foules bloquent Market Street à San Francisco. À Oakland, une marche traverse le centre-ville; la police anti-émeute l’empêche d’atteindre le quartier général de la police d’Oakland. Au lieu de cela, les participants défilent à travers le quartier riche Piedmont.

4 décembre: Une autre marche se faufile à travers le centre-ville d’Oakland, pour finalement se diriger à l’est vers le quartier Fruitvale, où il y a une épreuve de force avec la police d’Oakland et une arrestation de masse. À San Francisco, un « die-in » bloque Market Street une deuxième nuit.

5 décembre: Des centaines de personnes défilent au centre-ville d’Oakland, tenant une manifestation bruyante devant la prison pour soutenir les personnes arrêtées lors de la révolte. La foule se déplace pour reprendre l’autoroute 880 avant d’être repoussée par la police. Ensuite, la manif encercle la station BART de l’ouest d’Oakland et détruit les portes protégeant les policiers anti-émeutes à l’intérieur. La station est fermée pendant une heure avant que la marche retourne au centre-ville, où se produisent la destruction de biens, des affrontements avec la police, et des arrestations.

6 décembre: Une manif provenant des environs du campus universitaire de Berkeley s’affronte avec la police de Berkeley, près de leur siège et procède aux pillages de plusieurs magasins, dont un ‘‘Trader Joe‘ et ‘Radio Shack. La foule grossit au fur et à mesure que les étudiants prennent les rues. En réponse, les services de police de toute la région convergent dans le centre de Berkeley, en tirant des dizaines de grenades de gaz lacrymogènes et s’attaquant physiquement aux manifestants et aux passants, causant de graves blessures.

Perturbation du réseau de trnasport en commun lié aux manifs le 5 décembre; affrontements du 6 décembre

Perturbation du réseau de trnasport en commun lié aux manifs le 5 décembre; affrontements du 6 décembre

7 décembre: Le dimanche soir, un autre marche débute à Berkeley et se déplace au nord d’Oakland, s’affrontant avec la police, détruisant plusieurs véhicules de police de la California Highway Patrol (CHP) et en envahissant l’autoroute 24. Des officiers de la CHP utilisent du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour repousser la foule. Les gens réagissent avec des pierres et des feux d’artifice, puis défilent de nouveau dans le centre-ville de Berkeley, en détruisant les façades des banques et des distributeurs automatiques. Ils attaquent des magasins d’appareils électroniques et de téléphonie, culminant avec le pillage de ‘Whole Foods‘. La nuit se termine avec des centaines de personnes se rassemblant autour de feux de joie au milieu de Telegraph, en faisant couler à flots les bouteilles de ‘Prosecco‘ expropriées. La police craint de s’engager face à la foule, mais certains participants sont extirpés lors d’arrestations ciblées.

émeute durant un blocage d'autoroute le 7 décembre 2014

émeute durant un blocage d’autoroute le 7 décembre 2014

8 décembre: La troisième marche de Berkeley est de loin la plus grande. Plus de 2000 personnes prennent l’Interstate 80, stoppant tout le trafic pendant deux heures, tandis qu’une autre partie de la manifestation boque la voie ferrée parallèle à l’autoroute. La foule tente de marcher sur Bay Bridge, mais est repoussée à Emeryville, où plus de 250 personnes sont arrêtées en masse.

9 décembre: La quatrième marche de Berkeley s’engage une fois de plus sur la Telegraph Avenue à Oakland et coupe un autre secteur de l’autoroute 24 et la station BART « MacArthur ». Des affrontements plus violents s’ensuivent avec les flics en tenue anti-émeute de la CHP, qui ouvrent le feu avec des balles en caoutchouc et des cartouches assourdissantes, causant de nombreuses blessures et repoussant finalement la foule hors de l’autoroute. Puis la marche tourne en boucle dans le centre-ville d’Oakland et fait son chemin dans Emeryville, où un magasin alimentaire Pak N Save a été pillée ainsi qu’une pharmacie CVS et un 7-Eleven. La soirée s’est terminée avec une autre série d’arrestations, dispersant la foule.

10 décembre: Des centaines d’étudiants du lycée de Berkeley organise une grève sauvage et un rassemblement se tient à la mairie. Une cinquième manif plus petite partie de Berkeley se fraie son chemin dans Oakland où un magasin T-Mobile est dépouillé et d’autres magasins d’entreprises sont attaqués. Des personnes démasquent des flics infiltrés de la CHP dans la foule et les attaquent. Les flics répondent en pointant leur gun sur la foule lors d’une arrestation.

Flic infiltré menaçant les manifestants avec son arme lors d'une arrestation

Flic infiltré menaçant les manifestants avec son arme lors d’une arrestation

Le rythme de l’agitation a changé de cadence à plusieurs reprises au cours de ces vingt jours, mais cette agitation ne montre aucun signe d’apaisement. La révolte s’est transformée de manière fluide entre en différentes formes de résistance – passant de marches relativement calmes à des barrages routiers en masse, d’intenses combats de rue et à des expropriations ciblées. Cela a maintenu le mouvement tenace et capable de faire appel à un large éventail de nouveaux participants, jour après jour, même quand il y a eu des désaccords profonds au sujet des tactiques à employer et un petit consensus sur la direction que devait prendre le mouvement.  

Il est difficile de prévoir ce qui va arriver. Personne n’avait prévu que cette révolte aurait maintenu ce niveau d’intensité plus de deux semaines après le premier rassemblement à 14th and Broadway alors que Ferguson brûlait. À ce stade, il semble probable que l’élan se poursuive sous une forme quelconque au moins jusqu’à la semaine de Noël [2].

Les répercussions à long terme ne sont pas claires. Tout du moins, il semble que la période réactionnaire de décomposition sociale qui a suivi les points forts de la lutte ici dans la baie en 2011 et au début de 2012 soit terminée, et que quelque chose de nouveau et d’encore plus féroce prenne forme. Nous pouvons également conclure provisoirement que la tactique de blocage de grandes infrastructures, notamment des routes, s’est propagée bien au-delà de ce qui avait été précédemment établie par les blocus de ports du mouvement Occupy. Il y a eu au moins dix barrages routiers rien que  dans l’est de la baie au cours des deux dernières semaines; un tel blocus est maintenant considéré comme une tactique efficace, même par ceux qui s’identifient comme « des manifestants pacifiques. »

Pendant ce temps, le rythme constant des manifestations combatives qui traversent les municipalités pousse les infrastructures municipales du maintien de l’ordre jusqu’à ses limites. Les Unités de police sont de plus en plus réticentes à s’engager face aux  foules; les officiers qui se trouvent piégés dans des combats de rue se retirent le plus souvent. Les rapports des médias suggèrent que les deux premières semaines de manifestations ont coûté à la ville d’Oakland $ 1,360,000 en heures supplémentaires rien qu’en heures supplémentaires.

Deux manifestantes arrêtées à Oakland à la suite du blocage d'une station des transports BART le 28 novembre 2014

Deux manifestantes arrêtées à Oakland à la suite du blocage d’une station des transports BART le 28 novembre 2014

Bien sûr, la cadence sans relâche des événements a également mis à rude épreuve l’infrastructure anti-répression qui est devenue une force considérable de soutien vital pour les mouvements rebelles ici dans la baie. Cette infrastructure est l’une des manifestations locales durables d’Occupy Oakland; ses racines remontent au Oakland 100 Support Committee, et s’est formée au lendemain des émeutes initiales d’Oscar Grant. Des arrestations se produisent maintenant tous les soirs, des interpellations tous les jours, des balades doivent être constamment organisées en direction de mais aussi depuis la prison Santa Rita constamment et de l’argent supplémentaire est malheureusement nécessaire pour renflouer les personnes arrêtées avec des accusations plus graves. La façon dont nous mènerons à terme notre action par des affichages de solidarité et du soutien matériel direct pour les personnes arrêtées déterminera combien de force nous gagnerons grâce à ce soulèvement en allant de l’avant.

Berkeley le 7 décembre 2014

Berkeley le 7 décembre 2014

Debout dans les rues d’Oakland en décembre 2014, il semble que nous avons bouclé la boucle presque exactement six ans après qu’Oscar Grant ait été exécuté par le policier de la BART Johannes Mehserle. Tout a commencé à la station BART de ‘Lake Merritt’ le 7 janvier 2009, lorsque la première voiture de la police d’Oakland a été fracassée, a entrepris de nombreuses rebondissements à travers différentes vagues de manifestations et de mouvements, dont beaucoup ont manifesté de façon émeutières et en s’affrontant avec la police à l’intérieur et aux alentours du centre d’Oakland. Pendant ce temps, une vague de petits soulèvements s’est déroulée dans un nombre croissant d’endroits à travers le pays en réponse aux meurtres policiers les uns après les autres: Portland en 2010, Denver en 2010, Seattle en 2011, San Francisco en 2011, Atlanta en 2012, Anaheim en 2012, Santa Rosa en 2013, Flatbush en 2013, Durham en 2013 [3], Salinas en 2014, Albuquerque en 2014. Dans chacun de ces soulèvements locaux, le nom d’une personne dont la vie a été prise par l’Etat a été arraché à l’oubli et gravé dans la mémoire collective à travers les actions de ceux qui ont choisi de se révolter.

Les personnes courageuses de Ferguson ont repoussé ce passé au point de non-retour en refusant obstinément de quitter la rue, nuit après nuit, montrant que ces révoltes pourraient s’étendre dans le temps et croître en intensité. S’il y a une réponse à ceux d’entre nous quant à savoir pourquoi nous nous trouvons maintenant dans une situation quasi-insurrectionnelle ce soir, c’est tout simplement ceci: nous ne sommes plus seul-e-s. Une autre ville a établi un nouveau précédent en matière de résistance à l’Etat policier raciste, donc Oakland n’est donc plus un cas particulier.

Le nouveau paradigme de la lutte émanant de Ferguson a été renforcé au cours de la deuxième semaine de révolte, vu que les nouvelles se sont répandues qu’un grand jury de New-York avait pris la décision d’inculper aucun officier du NYPD pour l’étranglement mortel d’Eric Garner.
Ce qui avait précédemment été limité aux explosions singulières de rage en réaction aux cas individuels de meurtres policiers visant les personnes noires est devenu une lutte généralisée de confrontation avec les structures du pouvoir blanc et la violence d’Etat dans ce pays.
Cette lutte n’est plus seulement à propos de Michael Brown, Eric Garner, ou Oscar Grant, ou même les milliers de personnes tuées par la police dont les noms ne sont jamais entrés dans la conscience collective. Il s’agit de la marginalisation violente et de la mort sociale imposées aux comnunautés noires et métisses dans leur intégralité. Il s’agit du rôle de la police exerçant la force léthale en toute impunité afin de maintenir cet ordre et faire respecter les fondements de l’Etat esclavagiste du capitalisme américain.

Nous pouvons enfin parler d’un mouvement national contre la police qui a été fait par les incendies et les barrages fin 2014. Cela devrait être célébrée comme une victoire massive pour la résistance aux Etats-Unis. Un étape importante a été atteinte et nous suivons tous les soirs ce qu’il se passe devant nos yeux.

Il y a quelques jours, c’était impossible de prévoir ce qui allait se passer. Nous espérons que ces événements incontrôlables se propagent à d’autres localités par des formes de désordre et d’attaques encore plus créatives.

Des Antagonistes d’Oakland, 10 décembre 2014

Traduit de l’anglais de crimethinc

Notes de traduction:

[1] Voir plusieurs articles à propos de la révolte à Ferguson: celle-ci s’est passée en plusieurs étapes entre l’assassinat et le verdict du grand jury:

[2] Ce texte date de début décembre, et d’autres meurtres depuis ces révoltes ont été commis par la police, ce qui a rallumé les feux de la révolte, principalement dans les régions où les manifs anti-police se sont exprimées de manière incontrôlées et offensives: Même si quelques assassinats n’ont pas suscité autant de rage spontanée dans la rue, les décisions successives des grands jury de ne pas inculper les flics en question a aussi ravivé la rage urbaine. A la veille de Noël, c’est à Berkeley, dans la banlieue de Saint-Louis, qu’un homme noir s’est fait flinguer par la police à la suite d’un contrôle: La population locale, rapidement sur les lieux, a immédiatement répondu à cette normalité raciste de l’Etat d’une manière adéquate.

[3] On peut aussi consulter ce zine en anglais sur cette révolte à Durham: Unforgiving and Inconsolable: Durham Against the Police, Collected Texts Winter 2013-2014

[Missouri, USA] Emeute instantanée sur les lieux d’un meurtre policier – Berkeley, 24 décembre 2014

2Dans la nuit du 23 au 24 décembre 2014, la police a tué une fois de plus. La routine. Ca s’est passé à Berkeley*, situé à quelques miles de la ville de Ferguson dans le Missouri, où les vagues de révolte contre la police et l’existant qui la protège se succèdent depuis quelques mois (notamment depuis la mort de Mickaël Brown).

Suite à « un contrôle de police de routine », Antonio Martin, un homme noir âgé de 18 ans, a été exécuté d’au moins trois balles à une station-service peu avant minuit. Il se trouvait avec un ami à ce moment-là, qui a réussi à prendre la fuite et à sauver sa peau. Peu importe ce qu’il faisait, où il se rendait… il est mort pour ne pas avoir voulu subir un contrôle des sbires de l’Etat.

Comme d’hab’, les flics cherchent à se disculper d’un énième meurtre raciste en évoquant la légitime défense. Sans surprise, l‘identité de l’assassin est garder secrète par les autorités..

Pourtant ces derniers mois aux Etats-Unis, les larmes de tristesse suite aux meurtres policiers se transforment de plus en plus rapidement en feux de révolte qui prennent diverses formes un peu partout, et dont Ferguson a été un point déclencheur. La réactivité de la foule ce soir-là n’a aussi rien de banal: entre 200 à 300 personnes se sont rassemblées spontanément autour du corps d’Antonio, gisant inerte sur le sol. Les flics qui démarquaient la zone en ont pris pour leur grade, recevant un flot d’insultes et de projectiles (pierres et feux d’artifice), et perdant plusieurs véhicules. Un sac rempli de pierres a été retrouvé sur les lieux. Des commerces ont perdu leurs vitres, et pour certains leur marchandise aussi (ce qui fut le cas entre autre pour la chaîne QuickTrip situé à côté de la station-service). Deux policiers ont été blessés et quatre manifestants interpellés pour « voies de faits ».

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Par ailleurs, le grand jury de Houston** a rendu sa décision ce mardi 23 décembre d’abandonner d’éventuelles poursuites concernant le flic meurtrier de Jordan Baker, un homme noir âgé de 26 ans. Il a été tué de plusieurs balles par l’agent de police Juventino Castro dans un centre commercial parce qu’il était noir avec une capuche et se trouvait à proximité de ce temple de la consommation sans faire d’achats. Au moment des faits, ce dernier n’était pas en service et bossait comme vigile du centre commercial. (La législation aux USA autorise les policiers à bosser parallèlement dans des entreprises de sécurité privée). Le policier de Milwaukee*** Christopher Manney, qui avait tué par balles un SDF le 30 avril 2014, a lui aussi été disculpé par le grand jury lundi 22 décembre 2014.
Dontre Hamilton, homme noir de 31 ans et sans domicile fixe, avait été tué de plus de 14 balles après une bagarre avec un flic: la police avait été appelée par des employés d’un café gênés par cet homme qui dormait dans un parc voisin. Plusieurs centaines de manifestants ont défilé à Détroit le jour du verdict à proximité du bâtiment judiciaire, qui avaient été barricadé et protégé par des rangées de flics.

Trouves-toi un revolver…

Samedi 20 décembre 2014 en fin d’après-midi à New-York, deux flics se sont faits descendre de sang-froid. Les deux policiers âgés de 32 et 40 ans, Wenjian Liu et Rafael Ramos ont été atteints de plusieurs balles en pleine tête dans leur voiture stationnée devant une cité HLM de Brooklyn. La motivation de l’auteur est claire: c’est en vengeance du récent meurtre par étouffement d’Eric Garner à Staten Island (NYC). Il l’aurait déclaré sur un réseau social quelconque: « Je mets aujourd’hui des ailes aux porcs. Ils prennent 1 des nôtres… Prenons 2 des leurs ». Un autre policier a été tué dimanche, en Floride (sud-est) alors qu’il était en service…

Au Etats-Unis comme partout en cette fin d’année, les seules fêtes se feront dans la rue contre la police !

Reformulé de la presse US

Notes:

*cette ville de Berkeley est située dans la banleue de Saint-Louis, dans le Missouri. A ne pas confondre avec la ville homonyme qui elle se trouve dans la banlieue de San Francisco, et qui a récemment connu des nuits d’émeutes anti-police

**Houston, ville principale de l’Etat du Texas (sud-est)

***Milwaukee est une ville de l’Etat du Wisconsin, située à l’extrême-nord de Chicago

[Etats-Unis] Emeutes en Californie contre la police et son monde – 6 décembre 2014

Mercredi 3 décembre 2014, le policier ayant étouffé à mort Eric Garner à Staten Island (New-York) le 17 juillet 2014 a été relaxé par la justice américaine. Cela quelques jours après le non-lieu prononcé à l’encontre du flic meurtrier de Mike Brown à Ferguson. La rue continue à exprimer sa rage, et ce loin de l’image pacifiste et résignée que tentent de véhiculer les réformistes de gauche/d’extrême-gauche (avec les « die-in », où il s’agit de s’étendre sur le sol en faisant le mort devant la police). D’autres ont choisi de rendre les coups, notamment en Californie (à Berkeley*, Oakland..) et à Seattle.

Dans la soirée de samedi 6 décembre, la marche pacifique organisée par Occupy Wall Street prévue à Berkeley a été rompue vers 18h30 à Shattuck. Des manifestants au visage masqué, répartis en petits groupes, ont brisé des vitres de commerces (de bouffe et de vinset entreprises le long de l’University Ave. près de Martin Luther King Blvd. Certains comme ‘RadioShack’ (qui vend des bidules informatiques et multimédia) a été vidé de son contenu. D’autres manifestants ont brisé des distributeurs de billets de banque à coups de marteaux et incendiés des poubelles à travers la rue. Rapidement après les premières vitrines tombées, la police a demandé à la foule de se disperser, et en échange a reçu une pluie de projectiles divers (pierres, pavés, bouteilles…). Un flic a du être hospitalisé pour une luxation à l’épaule après avoir été frappé avec un sac de sable. Plusieurs véhicules de police ont été endommagés. Le parcours de la manif a aussi été recouvert de nombreux graffitis contre la police.

'Radio Shack' à Berkeley (Californie)

Berkeley (Californie) samedi 6 décembre 2014

La presse évoque également plusieurs destructions plus tard dans la nuit dans le centre-ville d’Oakland, parlant de « vandales et d’anarchistes s’attaquant à la propriété » et de plusieurs arrestations (sans en dire plus).

Vendredi soir, des manifestants ont bloqué l’autoroute (Interstate 880) à Oakland, perturbé la circulation des transports en commun BART du quartier Castro de San Francisco. 

A Seattle, plusieurs flics ont été caillassés lors d’une manif qui a tenté de bloquer une grosse artère du trafic routier. 7 personnes ont été interpellées.

Reformulé de leur presse

NDT:

* Berkeley est situé au nord de Oakland, à la périphérie de San Fransciso