[Besançon] « les 408 », un quartier incontrôlable pour l’Etat et sa police

tous_charlie-af2d6A l’heure où des dizaines de milliers de veaux descendent dans les rues à l’appel du pouvoir et de ses porte-voix, qu’une large partie de citoyens ovationnent les agents de la répression et que l’Etat déploie en masse l’armée et des flics partout sur le territoire, quelques insoumis résistent et rendent les coups aux agents de la répression.

Comme partout, Besançon est une ville-prison sans cesse en aménagement. La surveillance se fait à la fois par la rénovation urbaine liée au tramway (élargissement, aplanissement et éclairage plus important de l’espace urbain) mais aussi avec le quadrillage de l’espace urbain par d’innombrables caméras (près de 1000 sur tout le réseau de transports GINKO, à l’intérieur du tram et des bus, ainsi qu’aux stations, aux abords des parkings RELAIS et le long du trajet de tram). Outre le fait de garantir la bonne circulation du tram-tram quotidien, tout cela a pour but de faciliter entre autre le travail des flics. Les « 408 », un ensemble de barres HLM où se concentre la misère, est actuellement le seul quartier à ne pas avoir été aménagé, où architectes et flics hésitent plus d’une fois à y foutre leurs sales pattes. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le tram ne fait que passer devant, sur la longue avenue Brûlard. Le pouvoir local a opté pour l’installation de 6 caméras tournant à 360 degrés, permettant de fliquer les habitants et pour certains, leurs activités illégales de survie. A maintes reprises, les attaques contre les yeux de l’Etat ont pris différentes formes: des tentatives de section et d’incendie des fils d’alimentation jusqu’à la section pure et simple du mât (avec à la clé le vol de la caméra) [1]. Depuis peu, c’est l’alimentation électrique général du quartier qui est régulièrement sabotée, ce qui a l’avantage de non seulement couper l’alimentation des caméras mais également les spots d’éclairage public, compliquant davantage la sale besogne des agents de l’Etat.

MAC17122014Une petite chronologie succinte (car repris des porte-paroles des flics) des actes de rébellion qui se sont succédés dans le quartier des « 408 » et ailleurs:

  • Dans l’après-midi du mercredi 7 janvier à Planoise, un contrôle de flics routinier ne se passe pas comme prévu. Les flics se font copieusement insulter et le jeune refuse la palpation. Il est embarqué pour outrages et rébellion et détenu en GAV.
  • Jeudi 8 janvier vers 22h00, dans le quartier de la Grette (les « 408 »), deux jeunes au visage masqué s’attellent à couper l’électricité du quartier. Surpris en flagrant délit par une patrouille de la BAC (il semblerait que les flics aient été appelés par une balance du secteur), les deux jeunes sont malheureusement interpellés.
  • Bénéficiant de nombreux renforts, notamment d’un escadron de la gendarmerie mobile de Lure, les flics interviennent en masse dans le quartier entre mardi 13 au matin et jeudi 15 janvier après-midi. Depuis quelques temps, un bon nombre d’appartements des barres HLM sont inoccupés, mais des jeunes du quartier les ont réquisitionnés pour se réunir et s’organiser, mais aussi pour entreposer du matos bien pratique à l’accueil des chiens en uniforme du pouvoir. Onze personnes ont été interpellées à l’issue de cet opération policière.
  • La riposte ne tarde pas: mardi 13 janvier vers 20h00, le boîtier électrique est une nouvelle fois saboté dans le quartier de la Grette. 3 personnes en train de prendre la fuite sont repérés par une patrouille de flics, qui repartent bredouille sous une pluie de cailloux…
  • Jeudi 15 janvier vers 22h30, la vengeance continue de plus belle: rebelote pour le boîtier électrique du quartier, qui est de nouveau incendié. Les saboteurs ont pris le soin de placer des containers à poubelles en feu en travers les rues afin de retarder l’intervention des keufs.

Un article du 9 janvier 2015 de l’est répugnant revient sur les émeutes de début juin 2014. On y apprend notamment que, lors d’une opération, le commissaire de police s’est fait crever ses 4 pneus de voiture devant plusieurs fourgons de CRS mobilisés [2]

Une caméra nouvellement installée dans le quartier avait permis aux flics d’identifier 6 personnes ayant participé à la révolte contre la police lors d’une interpellation : deux mois avec sursis pour les deux femmes d’une quarantaine d’années et 8 mois ferme pour les quatre autres. Un des quatre, G. – accusé d’avoir incité à l’émeute en criant « aidez-moi, aidez-moi, empêchez ces chiens de m’embarquer » – vient d’être jugé ce 15 janvier 2015 et condamné à 8 mois de prison ferme avec en plus son placement sous surveillance électronique (port d’un bracelet au mollet). Il devra aussi verser 600 euros aux trois flics (200 euros chacun).

 Reçu par mail, revu et corrigé ici-même – 17 janvier 2015

NdCNE:

[1] Deux articles sur le même sujet:

  1. Retour sur la surveillance et ses multiples collabos
  2. Quadruple attaque contre la surveillance aux ‘408’ (fin septembre 2014)

[2] Les compagnies de CRS sont régulièrement appelées par la municipalité PS pour venir renforcer les patrouilles de flics : notamment à l’approche des fêtes commerciales de fin d’année, mais aussi quand un fait divers est mis sur le devant de la scène médiatique locale ou lorsque les élections approchent… tous les moyens sont bons pour « justifier » le maintien de la population sous contrôle. Le maire Jean-Louis Fousseret a annoncé mi-janvier 2015 que 26 flics municipaux (qui profitent de la récente tuerie à Paris pour exiger le permis de port d’arme) seront embauchés d’ici la fin de son mandat: à l’heure actuelle, la police municipale compte 64 agents dont 52 gardiens et gradés, 9 agents ASVP ou agents de surveillance de la voie publique et 3 opérateurs de vidéosurveillance. Six policiers municipaux et quatre ASVP seront recrutés cette année, les seize autres le seront au fil du mandat en cours. 9 flics (au lieu des 3 actuels) surveilleront bientôt le centre de supervision des caméras de la ville afin que le centre de supervision urbaine soit « en pleine application sept jours sur sept […] », des patrouilles de flics circuleront à l’intérieur des bus et des trams. « [Ils] seront beaucoup plus sensibilisés à la question de la sécurité des commerces et entreprises. Les secteurs d’intervention des policiers en VTT seront étendus à l’ensemble de la Boucle et Battant. »