De Washington à Montréal, soyons ingouvernables !

Depuis de nombreuses semaines circulent des appels à perturber la cérémonie d’investiture de Trump à la présidence des Etats-unis. Ce vendredi 20 janvier, l’occasion pour répandre le chaos a bel et bien été saisie par de multiples groupes insurrectionnelles anti-autoritaires et anarchistes. Au milieu du verre brisé et des affrontements à Washington, les émeutiers se sont entre autre attaqués à la multinationale « McDonald’s », une limousine, un « Starbucks », le siège de la « Bank of Amerika » et à une agence de la banque « Wells Fargo ». D’après les flics et les médias US, entre 400 et 500 pavés auraient été balancés sur les flics et les institutions du capital et de l’Etat et près de 217 personnes arrêtées rien qu’à Washington.

D’autres révoltes ont éclaté ailleurs sur le territoire, comme dans la ville de la Nouvelle-Orléans (Louisiane): à la fin de la manif pacifiste, quelques incontrôlables restés sur leur faim ont voulu prolonger la soirée: deux véhicules de patrouille de police ont été sauvagement attaqués, tout comme plusieurs banques et magasins (dont un ‘Starbucks’) qui se sont faits démolir leurs vitrines. Des tags ont été inscrits sur les murs du centre-ville: 15 personnes ont été interpellées, dont 11 pour « vandalisme »

Quelques traces des rues de la Nouvelle-Orléans:

Le starbuck

Ci-dessous plusieurs extraits de la presse au sujet des désordres de la journée:

AFP, vendredi 20 janvier 2017

Poubelles et voiture incendiées, vitrines brisées et grenades lacrymogènes: les rues d’ordinaire très aseptisées du centre de Washington ont été le théâtre de scènes d’émeute vendredi, lorsque plusieurs centaines de manifestants anti-Trump ont violemment affronté la police, en marge de l’investiture du président américain.

Visages masqués par un foulard noir, encapuchonnés ou portant des masques à gaz, entre 500 et 1000 personnes ont brisé des vitrines et caillassé la police en tenue antiémeute sur K Street, une artère située à quelques encablures de la Maison-Blanche. Les quelque 200 policiers ont tenté de les disperser en tirant plusieurs dizaines de grenades lacrymogènes et en usant de gaz lacrymogène. Une fumée âcre prenait à la gorge en milieu d’après-midi autour de ces deux pâtés de maisons survolés par un hélicoptère de la police, jonchés de poubelles calcinées, de verre brisé, de boîtes à journaux métalliques et de cartouches. Une limousine noire figurait parmi les véhicules incendiés.

«Quatre ans à se battre», pouvait-on lire sur la pancarte brandie par une manifestante masquée, en référence au mandat à venir de Donald Trump, devenu quelques heures plus tôt le 45e président des États-Unis. Nombre de manifestants visaient directement Donald Trump, mais une minorité non négligeable semblait s’être agrégée au mouvement tout en ayant d’autres revendications, notamment pour les droits des minorités.

À l’instar de Raven Devanney, jeune femme blonde de 19 ans qui reprend son souffle sous un abribus tagué de l’inscription «Nous le peuple», après une charge de la police. «Je suis là pour soutenir les droits des femmes, des musulmans, des personnes de couleur, des immigrants, des homosexuels. Bref, pour conserver tout ce pour quoi on s’est battus cette dernière décennie», assure-t-elle, flanquée d’une casquette «Rendre l’Amérique de nouveau gaie», jeu de mots sur le slogan de Donald Trump «Rendre à l’Amérique sa grandeur». «J’ai peur que Trump ne renverse tout un tas de droits que nous avons acquis», ajoute cette étudiante venue de Boston en réajustant son foulard sur son nez, tout en déplorant les violences du jour. Les incidents ont conduit la police à procéder, à la mi-journée, à 95 arrestations. Plus tôt, des affrontements moins violents avaient opposé la police et plusieurs centaines de jeunes manifestants, portant pour nombre d’entre eux vestes à capuche et foulards noirs caractéristiques du groupe Black Block, un mouvement radical et souvent violent.

Des vitrines avaient déjà été brisées et des voitures endommagées. «Les dégâts matériels ne me dérangent pas», a expliqué sur place Scout Holiday, 21 ans, une étudiante de l’Université du Michigan. «C’est ce qui arrive quand les gens sont en colère, et il y a beaucoup de raisons d’être en colère aujourd’hui.»

Le reste des marches et rassemblements qui ont émaillé la journée d’investiture présidentielle à Washington se sont déroulés dans le calme, hormis quelques invectives entre partisans des deux camps. Sammy Lett, venu en bus du Wisconsin et emmitouflé dans un grand drapeau arc-en-ciel de la communauté homosexuelle, a ainsi résumé les raisons de sa présence dans la capitale: «Tous ceux qui ne sont pas des hommes blancs hétérosexuels ont des raisons d’être inquiets.» Non loin de Pennsylvania Avenue, la grande avenue reliant la Maison-Blanche au Congrès, des anti-Trump bloquaient le passage aux pro-Trump venus applaudir leur champion. «Honte, honte», criaient les premiers au passage des partisans du nouveau président, pour la plupart coiffés de casquettes ou de bonnets aux couleurs de la campagne Trump. «Je veux joindre ma voix à toutes celles qui s’élèvent contre le racisme, le sexisme, l’oppression sous toutes ses formes et travaillent pour un monde meilleur», a affirmé Nadine Block, une quinquagénaire de Washington. Daniel, 19 ans, est quant à lui venu de New York protester contre «l’oligarchie» et «pousser le spectre politique américain vers la gauche», a-t-il expliqué, arborant des autocollants en faveur de Bernie Sanders, le rival malheureux de Hillary Clinton à la primaire démocrate.En milieu d’après-midi, quelques centaines de manifestants faisaient toujours face à la police dans le quartier de la Maison-Blanche.


A Montréal, une manif nocturne a viré à l’affrontement avec la police. 200 personnes se sont d’abord réunies au ‘Square Phillips’, un immeuble du consulat des Etats-Unis. Quand le cortège s’est mis en marche, il ‘est pas allé jusqu’au consulat US mais a préféré bloquer l’artère pincipale de la ville, la ‘Rue Sainte-Catherine’, décorant surtout la ville de tags contre le patriarcat et appelant à brûler la ville.

Il y avait aussi un black bloc, portant une banderole disant « Nique Trump », qui a été rapidement changé en « Nique tout » [1].

Lorsqu’ils sont arrivés devant le commissariat de police ouest du centre-ville, les manifestants se sont affrontés avec les flics, qui ont été bombardés par une pluie de pavés. Les flics ont rejeté les pierres à la foule, qui a été finalement dispersée dans toute la ville. Mais ils ne sont pas partis avant que la fenêtre du comico soit correctement brisée.

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Nous aimerions ajouté quelques mots au compte-rendu mentionné ci-dessus, entèrement inspiré par les événements du jour, des affrontements en cours à Washington à notre expérience à Montreal d’il y a quelques heures.

[…] Beaucoup de gens masqués se sont rassemblés dans les rues, en faisant attention les uns aux autres. Comme à chaque fois, les gens sont allés sur le trottoir pour faire des tags et détruire des vitrines, et il y avait le double de gens autour pour dégager les caméras (et quand c’était des médias du pouvoir, les journaflics ont reçu des coups de poing) et assurer la protection des compagnons passant à l’attaque. Lorsque les flics à vélo ont tenté de s’approcher un peu trop du trottoir, des pavés leur ont été jetés jusqu’à ce qu’ils reculent. Et comme lors du 1er mai de l’an dernier lorsque la manif est passé devant le comico de l’ouest du centre-ville, les gens n’ont pas manqué l’occasion d’attaquer offensivement le poste de police et les agents qui étaient devant afin de le protéger, tout cela « sans provocation ».

Parce que nous n’avons pas à attendre qu’ils nous chopent ou nous balancent des gaz lacrymo pour savoir que notre façon préférée d’interagir avec les flics réside dans notre langage du projectile. Lorsque la police ne parvient à s’approcher de nos cortèges sans risquer des dommages corporels, cela sécurise davantage l’ensemble de la manif et ouvre des possibilités qui, sans cela, sont irréalisables.

Que ce soit en s’affrontant à la domination flagrante du style-Trump ou à la normalisation de projets génocidaires au Canada, continuons à combiner nos capacités destructrices et créatives pour agir contre la démocratie, l’économie capitaliste et sa police!

[Traduit de Montreal Counter-Information]

NdT:

[1] Modification du slogan d’origine « Fuck Trump » en « Fuck Toute [Everything] »