Samedi 12 décembre 2015, les fascistes avaient prévu de manifester à Leipzig, principalement au sud de la ville. Venus de plusieurs ‘länder’ (Saxe, Saxe-Anhalt, Basse-Saxe, Thüringe, Brandenburg, Berlin), ils n’ont pas été plus de 140, protégés par la police anti-émeute en grand nombre qui quadrillait les rues (avec un hélico, plusieurs canons à eau…). Les nazis n’ont pas pu parcourir plus de 600 mètres au sud de la ville. Plus de 1500 contre-manifestants étaient déterminés à leur barrer la route : certains ont bloqué les rues en s’asseyant par terre de façon groupée, tandis que d’autres ont affronté les flics à coups de pierres, ont monté des barricades avec du matériel de chantier et des containers à poubelle à travers les rues et sur les voies du tram, avant de les incendier. C’est dans le quartier de Connewitz (réputé « autonome et turbulent » par les flics et l’Etat) que les émeutes ont été les plus intenses, et c’est sans doute pour cela que les néonazis du parti ‘die Rechte’, ‘d’Offensive für Deutschland’ et de PEGIDA n’ont pas pu s’y rendre.
Les habitants du quartier avaient clairement affiché la couleur, en décorant leurs habitations de pancartes, banderoles et slogans en solidarité avec les migrants (cf plus de photos ici et là). Leur marche n’aura duré qu’une demi-heure. Autant dire tout de suite que leur venue a été rendue obsolète par la réaction en masse des gens. La colère s’est rapidement focalisée sur les flics qui, eux, étaient beaucoup plus nombreux et constituent un ennemi bien plus visible.
Outre les affrontements de rue qui ont duré plusieurs heures, des arrêts de tram et de bus ont été détruits, des banques et des commerces ont eu leurs vitrines brisées. La police a évoqué une « rage destructrice et des agressions » de la part de plusieurs manifestants cagoulés décidés à s’en prendre aux autorités qui ont permis à cette marche néonazie de se dérouler.
Le bilan des émeutes établi par les autorités parle en lui-même :
- 69 flics blessés
- 50 véhicules de fonction détruits ou endommagés.
- 23 personnes arrêtées par les flics et placées en GAV
- La police a relevé près de 50 infractions à la loi
Le maire de Leipzig, Burkhard Jung (du parti SPD), a qualifié les émeutes de l’après-midi en ces termes : « Cette violence des anarchistes et de ceux qui se nomment autonomes est choquante », avant de poursuivre : « Ici, des criminelles, qui ne reculent devant rien étaient à l’oeuvre ». Ces derniers se seraient « servis du prétexte de l’antifascisme pour attaquer l’Etat »
Samedi matin à l’aube dans la banlieue sud de Leipzig et à Connewitz, des barricades de pneus de bagnoles et de poubelles ont été incendiées et des locaux de partis politiques ont aussi été attaqués, d’après une porte-parole de la police. Ce qui présageait déjà un joyeux bordel pour la journée…
Traduit de l’allemand d’ici et là
En rab’, un résumé concernant la répression qui a ciblé des participants présumés à l’émeute du 15 janvier 2015 à Leipzig. Tous ces éléments sont repris d’un article de presse locale:
Le 15 janvier 2015 à Leipzig, une balade improvisée avait rapidement tourné à l’émeute au centre-ville, durant laquelle le tribunal a eu une quarantaine de vitres détruites, des banques et des voitures de flics ont été attaqués. La mort d’un sans-papiers devant un centre d’hébergement, les marches des fascistes et racistes de PEGIDA aurait été à l’origine de l’émeute.
Dans un article du 20 septembre 2015 d’un porte-parole de la police (le journal en ligne LVZ), on apprend que plusieurs perquisitions ont été menées contre des personnes présumées d’avoir participé à l’émeute et que plus de 200 enquêtes de la police ont été intitiées et se poursuivent encore aujourd’hui. Dans 198 cas, les poursuites sont centrées sur « violation aggravée à la paix publique » contre des personnes connues et inconnues. Jusqu’à présent, les flics ont mis la main sur pas moins de 13 vêtements (qui d’après eux ont servi à se dissimuler le visage), 150 téléphones portables, 6 cartes SIM, 4 films analogiques, 4 cartes SD, 3 I-Pods et 2 cartes micro-SD. Actuellement, une grande partie de ses objets ont été restitués, mais 38 téléphones et un I-Pod sont toujours sous scellés pour permettre aux flics de décrypter des infos en lien avec les émeutes. Le ministère de l’intérieur a annoncé que dans 30 cas, il a été impossible pour les flics de déchiffrer les données des portables, malgré les gros efforts financiers mis en oeuvre (au moins 162.000 euros le coût d’une licence „UFED Physical Analyser“). Ce qui est sûr, c’est que 12 personnes ont volontairement aidé les flics dans leurs recherches. Pour un blog politique quelconque connue à travers le pays, il s’agit d’une des plus grosses perquisitions policières du pays à l’encontre de participant-e-s à une manifestation à caractère « politique ».
Entre le 15 janvier et fin septembre, il se trouve qu’un sans-papiers d’origine érythréenne a été condamné pour avoir poignardé le jeune Khaled Idris Bahray devant le centre d’hébergement de Dresde (même si dans un premier temps les flics étaient tenus responsables de sa mort, ça ne change rien à l’explosion de colère contre la normalité de cette société). La rage qui a explosé dans les rues de Leipzig était dirigée contre l’Etat, ses frontières, ses idiots utiles et hommes de main (flics, racistes et néo-nazis). Depuis ces émeutes, de nombreux centres d’hébergement pour sans-papiers ont été pris pour cibles par les néonazis, notamment dans l’est de l’Allemagne.