Compilation de textes autour de la lutte contre le projet d’extraction de pétrole à ‘Standing Rock’, Dakota du Nord (USA)
La lutte contre le projet d’extraction de pétrole dans le Dakota du Nord s’intensifie au États-Unis depuis plus d’un mois : la Dakota Access Pipeline (DAPL) est en train d’être construite pour acheminer le pétrole brut du Dakota du Nord à l’Illinois, passant sous la rivière du Missouri et la terre qui a été garanti à la communauté des Indiens d’Amérique des Sioux lors du traité ‘Fort Laramy’ de 1851.
Il arrive souvent que les oléoducs se brisent et répandent du pétrole dans les sources naturelles d’eau. La DAPL met en danger la propreté de l’eau pour environ 10.000 personnes. Un camp de résistance s’est monté à ‘Standing Rock’, réserve indienne où le pétrole doit y être extrait.
Le 27 octobre dernier, les flics sont violemment intervenus contre les opposant-es et près de 100 personnes ont été arrêtées. Des affrontements avec les flics ont duré toute la nuit, quise sont soldés par de nombreux cas de mutilations et de blessures sévères. Il y a déjà eu un manifestant mort depuis le début de la lutte. Cela fait un bon moment que des machines de construction sont détruites par le feu, impactant directement les entreprises qui participent à ce projet de destruction de l’environnement au profit du capital. Depuis la multiplication des sabotages sur le chantier, la société de sécurité ‘Securitas’ a été embauchée pour surveiller le chantier. Mais l’appel à la solidarité retentit un peu partout à travers les USA, et notamment contre les transports ferroviaires de matériels utiles à l’extraction de pétrole. Des blocages de trains sont organisés, comme à Olympia ou encore à Atlanta (État de l’Illinois) samedi 5 novembre 2016, avec des barricades enflammées sur les voies et une action de blocage qui a duré plus de six heures.
A Olympia et dans la zone de Seattle, des attaques se sont également produites dans la matinée du 30 octobre en solidarité avec cette lutte. La bureaucratie du port d’Olympia a directement été ciblée : les vitres de leur siège social ont volé en éclats, tandis que les murs ont été repeints en écho à la lutte d’un « NODAPL ». L’attaque a été revendiquée par « des anarchistes d’Olympia ».
L’un des premiers bénéficiaires de ce projet mortifère sont les banques, qu’elles soient sur le sol états-uniens (‘Chase Banks’ ; ‘Wells Fargo’ ; ‘US Bank’ ; ‘Bank of America’ ; ‘Citibank’ et bien d’autres) comme partout dans le monde (cf ci-dessous) : il y a déjà eu plusieurs sabotages ciblant les banques, par exemple à Berne, en Suisse (cf en bas de l’article). On peut voir sur le document ci-dessous toutes celles qui investissent dans ce projet et en tire de juteux profits.
Comme pour de nombreuses luttes collectives visant à empêcher que des projets écocides utiles au fonctionnement du capital et des Etats, il est facile d’exprimer notre solidarité avec les émeutiers de ‘Standing Rock’ et exprimer notre rage contre ce monde de fric partout où nous nous trouvons.
Récits d’actions dans le Pacific Nord-ouest:
Tract diffusé début novembre 2016 à Olympia:
Pour bloquer le train, combattons la police
Pour stopper le train, pour arrêter l’extraction, pour être ensemble sur la voie, nous devons combattre la police.
Au moment où nous occupons les voies à Olympia, nous résonnons au-delà d’un moment et d’un lieu. Nous sommes debout sur le même tracée qui conduit dans le Dakota du Nord où les Sioux du « Standing Rock » et des camarades bloquent également une voie ferrée – entre un oléoduc toxique et leurs terres. Mais nous sommes aussi au port d’Olympia, où en 2007 des gens ont bloqué la voie de cargaisons de l’armée américaine vers l’Irak. Il y a une réelle force commune entre ces lieux et places où des gens ont résisté à l’autorité et continuent à le faire.
Puisque nous continuons à refuser de laisser passer ces trains, il est probable que la tension grandira entre le blocus et le port. Dans les jours qui viennent, nous devons nous rappeler que la police est présente pour protéger les intérêts de la propriété, pas nos intérêts et certainement pas les intérêts de la planète. Rappelons-nous comment la police a attaqué les manifs anti-guerre dans cette même rue en 2007 et qu’elle attaque les gens à Standing Rock qui défendent leur propre terre et le bien-être de nous tous. La police conduit au ravage environnemental. La police impose le colonialisme. Elle est une institution du racisme. Le rôle de la police a toujours été de protéger et de servir le capitalisme, l’État et les suprémacistes blancs. La police est notre ennemi.
C’est pourquoi nous devrions nous tourner les uns vers les autres, parler est essayer de se faire confiance les uns les autres. NOUS ne devrions pas parler avec la police. Nous ne devrons pas appeler la police si nous avons un problème. NOUS devrions plutôt développer les compétences et les ressources nécessaires au soutien et résoudre les problèmes ensemble.
Nous bloquons le train en mémoire de PMR2007, en écho à la force à ‘Standing Rock’, contre la police.
Lorsque nous prenons le contrôle des voies ferrées en disant que nous refusons de soutenir passivement l’extraction dans le Dakota du Nord, la police nous repoussera. Elle veut que nous restions tranquille et que nous ayons peur. Mais c’est même encore plus important maintenant que jamais, avec un type fascisant à la Maison Blanche, levons-nous ensemble contre les autorités en place. Nous disons « Nique la Police et « Nique la loi ».
[Traduit de Puget sound anarchists, 13. November 2016]
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OLYMPIA, ETAT DE WASHINGTON : EQUIPEMENT DE FORAGE DU DAKOTA DU NORD BLOQUÉ, BARRICADES SUR LES VOIES FERREES
Aux alentours de 12h30 le 11 novembre 2016, un petit groupe de gens a bloqué un train transportant des agents de soutènement (action de soutenir les parois d’une excavation, NdT) d’extraction hydrauliques sortant du Port d’Olympia. Les deux opérateurs de la locomotive de l’Union Pacific ont affirmé que les wagons à céréales transportaient du maïs, mais le groupe savait que c’était faux et n’a pas bougé. Le rassemblement se renforçait, tandis que des infos sur l’action se propageaient. Finalement la locomotive a rebroussé chemin, jusqu’au jardin du Port d’Olympia, les portails ont été fermés, et les opérateurs sont rentrés chez eux.
Les soutènements de forage sont de petites perles en céramique qui ressemblent à du sable. Le processus de forage se fait comme ça : il faut injecter du liquide sous haute pression dans le sol ; la pression fracture la roche et permet au gaz naturel (ou au pétrole) de s’écouler jusque dans un puits. Les soutènements sont utilisés pour ouvrir en forant les fissures pendant l’extraction. Sans eux, les fissures s’effondreraient et aucune extraction de gaz ou de pétrole ne serait possible. Ces soutènements-là sont reliés au Champs de Pétrole de ‘Bakken’ dans le Dakota du Nord. Le pétrole de ‘Bakken’ s’écoule ensuite dans l’oléoduc du ‘Dakota Access’. Les bloqueurs ont rejoint le Campement ‘Sacred Stone’ à ‘Standing Rock’ et ‘Mississippi Stand’ dans l’Iowa pour se battre contre le Serpent Noir (qui est l’appellation de la DAPL, Ndt).
Il n’y a qu’une seule ligne de chemins de fer dans le Port, et elle va directement au centre ville d’Olympia. Le premier campement de blocage a été construit et maintenu à ‘State’ et à ‘Jefferson’, une des intersections principales. Bien que la police tournait et surveillait la foule, elle n’est pas intervenue et a donc été dans une politique de non-intervention. Cela va certainement changer, cependant, vu que le blocage n’a aucune intention de bouger.
Peu après le début du blocage, un avion blanc monomoteur a commencé à faire des cercles autour du centre ville d’Olympia, et ce plusieurs heures durant. Bien que nous n’ayons aucune confirmation directe, le FBI a récemment commencé à encercler les lieux de soulèvement (comme Ferguson, Baltimore, etc) avec des avions blancs monomoteurs qui agissent comme des centrales téléphoniques et aspirent toutes les communications passées dans leur périmètre.
Tôt le matin, une manif anti-Trump qui se déroulait pas loin est passée à côté du blocage et notre nombre a temporairement gonflé jusqu’à atteindre plusieurs centaines. La manif a décollé vers les lignes de train, s’arrêtant au Port d’Olympia avant de partir bloquer le trafic, entre l’est et l’ouest de la ville. Pendant ce temps-là, de retour sur la barricade, la fête continuait. Un sound-system, des canapés et un flux constant de pizzas maintenait les esprits en forme, et un petit groupe est resté éveillé toute la nuit.
Le matin du 12 novembre le groupe a décidé de bouger des voies ferrées jusqu’à l’angle de la ‘7e Ave’ et de ‘Jefferson’, à côté de là où la ligne ferroviaire se scinde. Au moment où nous écrivons, les lignes de train sont barricadées et une rotation de personnes maintient une présence constante. Nous avons besoin de plus de monde pour tenir l’espace et le renforcer. Apportez des outils, des banderoles, des provisions, de la bouffe, des bâches, du matériel de construction… tout ce qui aidera à maintenir les barricades.
[Traduit de it’s going down, 12 November 2016]
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OLYMPIA : COMPTE-RENDU DE LA CONFRONTATION SUR LES BARRICADES
Tôt dans la matinée du 17 novembre 2016, une coalition de diverses polices, avec entre autre la municipale et la police ferroviaire, ont violemment expulsé le campement organisant le blocus des voies ferrées ‘d’Olympia Stand’ au centre ville d’Olympia, dans l’État de Washington. Le campement aura duré presque une semaine et aura bloqué temporairement les expéditions de sable servant à l’extraction de pétrole depuis le port d’Olympia jusqu’au Bassin ‘Bakken’ du Dakota du Nord, où elles seront utilisées pour extraire du pétrole.
D’un côté, le blocage était le résultat de la longue campagne de ‘Port Fracking Resistance’ contre la complicité du Port d’Olympia dans l’extraction de combustible fossile. Mais ce fut la vague de fond d’énergie, émergeant à la fois de la lutte de ‘Standing Rock’ contre ‘l’Access Pipeline’ du Dakota et de (contre) la victoire présidentielle de Donald Trump qui ont permis de rendre le blocage possible. Dans le contexte actuel, tout est soudainement devenu bien plus urgent.
Aux alentours de 03h dans la nuit de jeudi à vendredi, il est devenu clair que la descente que nous attendions tous-tes était imminente. La surveillance policière du site montait d’un cran et les éclaireurs-euses du camp ont remarqué que des bagnoles de police se dirigeaient vers le camp. Les forces policières ont mobilisé un grand nombre d’officiers et plusieurs douzaines de véhicules pour la descente, avec notamment une poignée de paniers à salade et des bus affrétés pour de potentielles arrestations massives, le tout accompagné de plusieurs voitures de patrouilles et de 4X4, certains balisés, d’autres non. Pendant toute la durée du blocage, y compris pendant le raid, un hélico, que nous suspections d’être une surveillance fédérale, tournait au-dessus de nous. Ceci souligne l’importance de l’infrastructure de chemins de fer et de la menace que représentait le blocage pour le prolongement de la routine habituelle. Sans cette opération des flics, hautement coordonnée et militarisée, le train n’aurait pas pu quitter le port.
Les flics anti-émeutes ont sécurisé un périmètre autour du camp, avec du ruban des scènes de crime, et ont formé des lignes sur les routes qui menaient au campement. Environs 20 participant-es au camp firent une chaîne humaine à l’entrée du camp, et huit d’entre elles/eux furent par la suite arrêté-es. De petits groupes se sont regroupés à l’extérieur du cordon de police, ayant reçu l’info de la descente de police. Ils ont scandé « L’eau c’est la vie ! » et ont hurlé aux flics de laisser partir les arrêté-es. Tandis que la taille de la foule augmentait, la tension et la férocité d’un antagonisme face à la police augmentait dans le même temps. La foule a d’abord bloqué le fourgon de police qui emmenait les interpellés en cellule, puis a ensuite bloqué un camion-bennes en grimpant sur une remorque de matériel qui avait été utilisée pour détruire le camp. La police a répondu en tirant des grenades de gaz au poivre sur la foule, puis en sortant de force les personnes de l’équipement pour les mettre sur le trottoir.
La foule balançait des insultes à la police tandis qu’une nouvelle barricade improvisée se construisait sur les voies ferrées au milieu de ‘Jefferson Street’. La police a alors tiré plusieurs grenades assourdissantes et a avancé, retirant la barricade des rails et conduisant lentement la foule vers le cœur du centre-ville. Une confrontation s’en est suivi. Rapidement, les flics s’avançaient de nouveau tandis que des feux étaient allumés et que des débris étaient jetés sur les rails du train. Une autre ligne de police anti-émeutes se postait sur l’avant des rails. On pouvait entendre au loin le bruit inquiétant et déchirant de la sirène du train, qui se rapprochait. Il roula finalement jusqu’à ce que nous le voyons, à travers la brume de l’aube, encadré par une ligne de flics anti-émeutes de chaque côté. Quelques personnes ont essayé de grimper sur le toit du train en marche, mais les flics leur ont tiré des grenades de gaz lacrymo dessus et ils/elles ont sauté. Le train passa dans les restes éparpillés de la barricade et du campement, se dirigeant vers les zones de pétrole du Dakota du Nord. Le soleil se levait, et alors que le jour pointait, la résistance dans la ville disparaissait tel un rêve.
Le camp a existé sept jours. Dans ses murs en bâche et en palette, derrière la barricade, nous avons pu voir qu’il était possible d’obstruer la fonctionnement habituel du capitalisme quand les gens se rassemblent. Il est clair que l’action directe est nécessaire, et que ce ne sera pas une lutte facilement gagnée. Nous devons continuer d’utiliser une diversité de tactiques, de développer notre capacité d’auto-défense au sein-même du terrain politique – de plus en plus violent – et d’apprendre et partager nos compétences et nos analyses, de connecter nos combats au delà du problème de distance, et de se retrouver. Il reste des piles géantes de sable d’extraction au Port d’Olympia. La lutte continue…
[Traduit de it’s going down, 17 November 2016]
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Quelques attaques en solidarité aux Etats-Unis et en Europe:
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29.10.2016 : sabotage de DAB à Kingston (Ontario)
« Samedi dernier [29 octobre, NdT] à Kingston (dans l’Ontario), plusieurs distributeurs de billets de ‘TD Bank’ ont été détruits à l’aide de marteaux et de burins et les agences taguées de « NO DAPL ».
Depuis ce lundi, tous les automates des agences du centre-ville restent hors-service et sont gardées par des agents de sécurité privée. Ceci était un petit geste de solidarité avec les protecteurs de l’eau qui luttent contre la ‘Dakota Access Pipeline’, puisque la ‘TD Bank’ est un partenaire financier clé du projet. »
[Traduit de It’s going down, 31 octobre 2016]
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20.11.2016 : attaque contre G4S à Copenhague (Danemark)
« Contre la pipeline et son monde.
Dans la matinée du 20 novembre, nous avons brûlé un véhicule de G4S dans le nord-est de Copenhague. Nous avons agi de cette manière en geste de complicité avec l’esprit de chaque guerrier.es qui défendent la terre sacrée (sic!) contre la construction de la ‘Dakota Accesss Pipeline’.
Par cette action modeste, nous voulons envoyer force et amour à tous ceux qui pleurent la perte du jeune guerrier tué dans la lutte près de ‘Standing Rock’. Nous pleurons avec eux. Aucun abandon spirituel.
G4S est une entreprise de surveillance avec une longue histoire de partenariat avec la propriété au Danemark et fournit en ce moment la sécurisation du chantier de la pipeline après une série d’incendies contre les chantiers.
Nous espérons que notre message de solidarité par le feu vous touche.
Tout le pouvoir aux communes ! »
[Traduit de It’s going down, 22. November 2016]
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23, 24 et 25.11.2016 : Banques ciblées en solidarité avec #NODAPL à Minneapolis (Minnesota)
« A Minneapolis (Etat du Minnesota) pendant le week-end du ‘Black Friday’, les serrures de la porte d’entrée et les DAB de trois agences ‘Wells Fargo’, ainsi qu’une autre de la ‘US Bank’ ont été engluées en solidarité avec le mouvement de résistance à l’oléoduc à ‘Standing Rock’. Les banques ‘Wells Fargo’ and ‘US Bank’ financent directement la ‘Dakota Access Pipeline’ et sont ainsi complices de plus de 500 ans de génocide et d’oppression des Indiens d’Amérique […] »
[Traduit de it’s going down, 26 November 2016]
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30.11.2016 : banque UBS sabotée à Berne (Suisse)
« Action de solidarité pour #NODAPL:
Dans la nuit du 29 au 30 novembre à ‘Spiegel’ à côté de ‘Köniz’, nous avons rendu visite à UBS. Sur la façade, nous avons exprimé en grand avec de la peinture ce que nous pensons de la DAPL. Nous avons dans le même temps mis le distributeur de billets hors-service.
Cela fait des mois que dans la réserve indigène ‘Standing Rock’ de l’État US du Dakota du Nord il y a des protestations massives contre la construction d’un oléoduc. Les manifestant-es, en particulier, les indigènes du peuple Sioux, s’opposent à la destruction de zones culturelles importantes et craignent de lourds dégâts causés à l’environnement. Les entorses aux droits humains (sic) et l’abondance des cas de violences policières jettent une ombre sur les protestations.
Les deux grosses banques suisses UBS et CS veulent faire de gros bénéfices aux dépens des indigènes et de la nature et font partie des nombreuses entreprises responsables.
La solidarité ne s’arrête pas à un continent, soutenons nos ami-es en lutte à travers le monde ! »
[Traduit de l’allemand de linksunten, 30. November 2016]
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3.12.2016 : sabotage contre l’Union Bank à Portland (USA)
« Dans la nuit du 3 décembre 2016, l’agence de ‘l’Union Bank’ localisée sur ‘NE Fremont’ et sur la ’24th’ a eu ses DAB hors-service. Ceci a été une action modeste de solidarité avec la résistance des Sioux de Standing Rock contre la DAPL. L’Union Bank, filiale appartenant entièrement à ‘The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ’, a investi plus de 500 millions de dollars dans la ‘Dakota Access Pipeline’. ‘The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ’, ses filiales et toutes les autyres institutions financières qui financent le génocide des indigènes rencontreront résistance et sabotage.
Des Anarchistes. »
[Traduit de It’s going down, 4. December 2016]