Archives de catégorie : Contre la gentrification / l’urbanisme / l’aménagement du territoire

[Allemagne] Attaques contre des sociétés immobilières

Des attaques ont visé sociétés et agences immobilières à Heidelberglors du dernier week-end (17 et 18 janvier 2015):

  • L’agence immobilière, située dans le quartier de Wieblingen, a perdu au moins trois vitres et a été recouverte de peinture.
  • Un véhicule utilitaire ‘Smart’ de Remax Immobilien à l’ouest de la ville s’est fait crever ses 4 pneus et pété toutes ses vitres.

Notes du CNE:

*Le 19 octobre 2014, plusieurs attaques ont eu lieu à Heidelberg en réponse à l’expulsion d’une maison occupée lors d’une manif festive nocturne qui s’était tenue la veille : à Wieblingen, une agence immobilière et un véhicule de ‘Bilfinger HSG Security’ avaient été attaqués, tandis à l’ouest de la ville une société immobilière avait été prise pour cible.

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Leipzig: une entreprise immobilière prise pour cible et plusieurs véhicules de riches incendiés

Mercredi 21 janvier vers 3h00 du matin, quatre véhicules d’une entreprise immobilière au centre-sud de Leipzig ont été incendiés: les voitures détruites par les flammes sont toutes de haute-gamme (3 Mercedes et 1 Audi). Les flics ont ouvert une enquête pour « incendie criminel ».

Ce sabotage incendiaire a été revendiqué ce dimanche 25 janvier sur linksunten indymedia par des « groupes autonomes »:

5707717675« Dans la nuit du 20 au 21 janvier 2015, nous avons attaqué lors d’une action ciblée tout le parc automobile des spéculateurs immobiliers multimillionnaires ‘GRK Holding‘ au centre-sud de Leipzig, et avec cela nous avons livré quatre véhicules aux flammes. La société immobilière indique être l’un des plus gros bénéficiaires des longues années de gentrification à Leipzig. Répartis à travers la ville, les grands projets de l’entreprise sont en construction ou ont déjà été terminés. La terreur systématique sur les locataires est toujours aussi élevée à l’ordre du jour comme la gentrification qui a suivi l’acquisition de biens immobiliers à un prix avantageux pour rendre Leipzig plus attractif auprès des gens ayant un revenu mensuel plus important.

« Fondée depuis 1991, GRK-Holding AG gère et loue exclusivement et qualitativement des biens immobiliers de haute-gamme à l’intérieur et autour de Leipzig. »

C’est la raison suffisante pour montrer à ces cher-es mesdames et messieurs que leurs actes ne restent pas sans réponse. Ceci s’est déroulé pendant que nous déposions des engins incendiaires à quatre véhicules garés devant le siège de l’entreprise et à un camion garé dans la cour, quatre véhicules et un abri à voitures dans les flammes de notre haine. [….]

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Déjà dans la nuit de dimanche 18 janvier au sud de la ville, deux voitures de riches (1 BMW, 1 Mercedes) flambaient au niveau de la Schwägrichenstraße. Peu de temps après, c’est au niveau de la Bernhard-Göring-Straße que deux autres voitures – dont une de marque Mercedes – ont été incendiées.

Reformulé de la presse allemande, 22/01/2015

[Bruxelles] Descente de flics au ‘Passage’ (local de lutte contre la maxi-prison) au lendemain d’une attaque contre un constructeur de prisons et de comico – 13 et 14 janvier 2015

Deux bombes incendiaires retrouvées devant le bureau d’architectes Jaspers & Eyers à Louvain

LOUVAINMardi 13 janvier 2015, vers 9h30 du matin, un employé du bureau d’architectes Jaspers & Eyers, situé sur le Tervuursevest à Louvain, a averti la police de la présence de deux colis suspects devant le bâtiment, ainsi que du fait d’une de leurs caméra de surveillance avait été obscurcie avec de la peinture.

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Arrivée sur place, la police fait évacuer l’immeuble des architectes. Les rues sont fermées à la circulation, tout comme le Ring et les sorties de l’autoroute. Vers midi, le Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs de l’armée, ainsi que la police scientifique et les services de recherche de la police fédérale viennent sur place. Le SEDEE a scanné les colis suspects. Ensuite, c’est le robot qui a tiré une cartouche d’eau sur un colis. Enfin, les deux colis ont été neutralisés.

louvain6-6c0cbPlus tard, le Parquet a communiqué qu’au moins un des paquet consistait de : une bouteille contenant du liquide (probablement essence), des allumes-feu, des allumettes et une petite bonbonne de gaz. L’enquête est menée par la Police Fédérale de Louvain.

Cette aimable bureau d’architectes, le plus grand de la Belgique, a offert ses services aux projets suivants : la nouvelle prison de Beveren, le nouveau quartier-général de la Police Fédérale à Bruxelles, plusieurs sièges de grandes entreprises telle que GDF Suez, Mercedes, Dexia, Proximus, KBC Banque (à Bruxelles), KBC siège régional (à Gand), Barco (à Courtrai), d’importants projets commerciaux tels que la construction toujours en cours du centre commercial au Toison d’Or (à Bruxelles), la construction prévue du U-Place Shopping Center (à Machelen),… Cette liste, non-exhaustive en ce qui concerne les horreurs réalisés par ces architectes en Belgique, pourrait encore être complété avec leurs œuvres à l’étranger. Enfin, ils ne pouvaient évidemment pas manqué à l’appel quand il s’agissait de se porter candidat pour construire la plus grande prison de l’histoire belge à Bruxelles, mais c’est un autre bureau d’architectes qui a remporté ce contrat-là.

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Descente de flics au Passage, local de lutte contre la maxi-prison

Le 14 janvier, à 19h30, un combi de flics stationne à Anderlecht devant le Passage, local de lutte contre la maxi-prison. Sur la place à côté, deux bagnoles banalisées attendent. Est-ce que cela est lié à la manifestation sauvage qui s’est déroulée dans les rues du quartier un peu plus tôt ? Est-ce qu’ils veulent mettre la pression sur la discussion publique prévue ce soir-là et intitulée « Action directe contre la maxi-prison » ? Peu importe, le combi bouge au bout d’une demi-heure, la discussion débutera avec retard.

Après une heure de débat, trois fourgons et deux voitures de flicaille avec leur commissaire reviennent en trombe. On se précipite alors vers la porte pour les empêcher de rentrer. Ils finissent par réussir à la défoncer au pied de biche, puis à prendre les identités et fouiller une partie des gens présents, non sans quelques résistances diverses et variées. Neuf personnes qui ont refusé de donner leur identité sont aussi embarquées, et le local est perquisitionné. Après un contrôle d’identité au poste de police de Démosthène, l’ensemble des arrêtés est plus ou moins rapidement relâché, et apprendra en passant que le prétexte des flics était la recherche d’éléments liés aux « attaques » commises le même jour contre « un bureau d’architectes ».

Si l’intrusion soudaine d’une quinzaine de bleus dans notre environnement immédiat est toujours désagréable, plutôt que de nous lamenter, cela ne fera que renforcer notre volonté de combat contre la maxi-prison et ceux qui veulent la construire.

Des individus présents au Passage
17 janvier 2015

Repris de lacavale.be

Dans la soirée de mercredi 14 janvier 2015, une manif sauvage de quelques enragés déambule à Anderlecht, durant laquelle un DAB d’une banque et un constructeur de taules sont attaqués.

[Besançon] « les 408 », un quartier incontrôlable pour l’Etat et sa police

tous_charlie-af2d6A l’heure où des dizaines de milliers de veaux descendent dans les rues à l’appel du pouvoir et de ses porte-voix, qu’une large partie de citoyens ovationnent les agents de la répression et que l’Etat déploie en masse l’armée et des flics partout sur le territoire, quelques insoumis résistent et rendent les coups aux agents de la répression.

Comme partout, Besançon est une ville-prison sans cesse en aménagement. La surveillance se fait à la fois par la rénovation urbaine liée au tramway (élargissement, aplanissement et éclairage plus important de l’espace urbain) mais aussi avec le quadrillage de l’espace urbain par d’innombrables caméras (près de 1000 sur tout le réseau de transports GINKO, à l’intérieur du tram et des bus, ainsi qu’aux stations, aux abords des parkings RELAIS et le long du trajet de tram). Outre le fait de garantir la bonne circulation du tram-tram quotidien, tout cela a pour but de faciliter entre autre le travail des flics. Les « 408 », un ensemble de barres HLM où se concentre la misère, est actuellement le seul quartier à ne pas avoir été aménagé, où architectes et flics hésitent plus d’une fois à y foutre leurs sales pattes. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le tram ne fait que passer devant, sur la longue avenue Brûlard. Le pouvoir local a opté pour l’installation de 6 caméras tournant à 360 degrés, permettant de fliquer les habitants et pour certains, leurs activités illégales de survie. A maintes reprises, les attaques contre les yeux de l’Etat ont pris différentes formes: des tentatives de section et d’incendie des fils d’alimentation jusqu’à la section pure et simple du mât (avec à la clé le vol de la caméra) [1]. Depuis peu, c’est l’alimentation électrique général du quartier qui est régulièrement sabotée, ce qui a l’avantage de non seulement couper l’alimentation des caméras mais également les spots d’éclairage public, compliquant davantage la sale besogne des agents de l’Etat.

MAC17122014Une petite chronologie succinte (car repris des porte-paroles des flics) des actes de rébellion qui se sont succédés dans le quartier des « 408 » et ailleurs:

  • Dans l’après-midi du mercredi 7 janvier à Planoise, un contrôle de flics routinier ne se passe pas comme prévu. Les flics se font copieusement insulter et le jeune refuse la palpation. Il est embarqué pour outrages et rébellion et détenu en GAV.
  • Jeudi 8 janvier vers 22h00, dans le quartier de la Grette (les « 408 »), deux jeunes au visage masqué s’attellent à couper l’électricité du quartier. Surpris en flagrant délit par une patrouille de la BAC (il semblerait que les flics aient été appelés par une balance du secteur), les deux jeunes sont malheureusement interpellés.
  • Bénéficiant de nombreux renforts, notamment d’un escadron de la gendarmerie mobile de Lure, les flics interviennent en masse dans le quartier entre mardi 13 au matin et jeudi 15 janvier après-midi. Depuis quelques temps, un bon nombre d’appartements des barres HLM sont inoccupés, mais des jeunes du quartier les ont réquisitionnés pour se réunir et s’organiser, mais aussi pour entreposer du matos bien pratique à l’accueil des chiens en uniforme du pouvoir. Onze personnes ont été interpellées à l’issue de cet opération policière.
  • La riposte ne tarde pas: mardi 13 janvier vers 20h00, le boîtier électrique est une nouvelle fois saboté dans le quartier de la Grette. 3 personnes en train de prendre la fuite sont repérés par une patrouille de flics, qui repartent bredouille sous une pluie de cailloux…
  • Jeudi 15 janvier vers 22h30, la vengeance continue de plus belle: rebelote pour le boîtier électrique du quartier, qui est de nouveau incendié. Les saboteurs ont pris le soin de placer des containers à poubelles en feu en travers les rues afin de retarder l’intervention des keufs.

Un article du 9 janvier 2015 de l’est répugnant revient sur les émeutes de début juin 2014. On y apprend notamment que, lors d’une opération, le commissaire de police s’est fait crever ses 4 pneus de voiture devant plusieurs fourgons de CRS mobilisés [2]

Une caméra nouvellement installée dans le quartier avait permis aux flics d’identifier 6 personnes ayant participé à la révolte contre la police lors d’une interpellation : deux mois avec sursis pour les deux femmes d’une quarantaine d’années et 8 mois ferme pour les quatre autres. Un des quatre, G. – accusé d’avoir incité à l’émeute en criant « aidez-moi, aidez-moi, empêchez ces chiens de m’embarquer » – vient d’être jugé ce 15 janvier 2015 et condamné à 8 mois de prison ferme avec en plus son placement sous surveillance électronique (port d’un bracelet au mollet). Il devra aussi verser 600 euros aux trois flics (200 euros chacun).

 Reçu par mail, revu et corrigé ici-même – 17 janvier 2015

NdCNE:

[1] Deux articles sur le même sujet:

  1. Retour sur la surveillance et ses multiples collabos
  2. Quadruple attaque contre la surveillance aux ‘408’ (fin septembre 2014)

[2] Les compagnies de CRS sont régulièrement appelées par la municipalité PS pour venir renforcer les patrouilles de flics : notamment à l’approche des fêtes commerciales de fin d’année, mais aussi quand un fait divers est mis sur le devant de la scène médiatique locale ou lorsque les élections approchent… tous les moyens sont bons pour « justifier » le maintien de la population sous contrôle. Le maire Jean-Louis Fousseret a annoncé mi-janvier 2015 que 26 flics municipaux (qui profitent de la récente tuerie à Paris pour exiger le permis de port d’arme) seront embauchés d’ici la fin de son mandat: à l’heure actuelle, la police municipale compte 64 agents dont 52 gardiens et gradés, 9 agents ASVP ou agents de surveillance de la voie publique et 3 opérateurs de vidéosurveillance. Six policiers municipaux et quatre ASVP seront recrutés cette année, les seize autres le seront au fil du mandat en cours. 9 flics (au lieu des 3 actuels) surveilleront bientôt le centre de supervision des caméras de la ville afin que le centre de supervision urbaine soit « en pleine application sept jours sur sept […] », des patrouilles de flics circuleront à l’intérieur des bus et des trams. « [Ils] seront beaucoup plus sensibilisés à la question de la sécurité des commerces et entreprises. Les secteurs d’intervention des policiers en VTT seront étendus à l’ensemble de la Boucle et Battant. »

[Bruxelles] Récit de la manif sauvage à Anderlecht contre la maxi-prison et son monde – 14 janvier 2015

Contre la maxi-prison, les contrôles, les rafles et la transformation de Bxl en ville-prison : un compte-rendu de la manifestation sauvage du 14 janvier à Anderlecht

ftp.pngMercredi 14 janvier, il ne faisait pas froid partout… Une manifestation sauvage a un peu réchauffé les rues d’Anderlecht entre Delacroix et Clémenceau.

Vers 18h, un fumigène est allumé, quelques tags sont rapidement faits, et une trentaine de personnes prend la rue derrière des banderoles contre la maxi-prison, les contrôles et les rafles. Il y a une belle énergie, ça gueule « Ni flic, ni maton, ni maxi-prison« , « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières« , « Il est temps de saboter la machine à enfermer », « Il est temps de saboter la machine à expulser« , « Feu, feu, feu, à toutes les prisons« , « Brique par brique, nous détruirons toutes les prisons« … Des tracts sont lancés sur le parcours.

Au niveau du métro Clémenceau, le distributeur de billets d’une banque est cassé, tandis que celui de la STIB résiste aux coups. Autour, il y a des jeunes qui sont trop contents. S’il y a bien sûr toujours les traditionnels badauds qui regardent passer le joyeux cortège dans l’indifférence, il y a aussi quelques gestes et paroles de solidarité avec la manifestation : des coups de klaxon, des « feu aux prisons« , etc.

Au croisement des rues Clémenceau et de la Clinique sont attaquées les dizaines de vitres du bureau d’ingénieurs VK Engineering* qui se fait du fric sur la construction de nouvelles prisons. Plusieurs groupes de personnes applaudissent. Certains veulent rejoindre la manifestation, malheureusement un peu trop tard, c’est le moment où le cortège se disperse.

Mais là ou ailleurs, ce n’est que partie remise !

Publié sur indymedia bruxelles, 17 janvier 2015

Note de lacavale.be:

* L’entreprise VK Engineering a participé à la construction de la nouvelle prison de Beveren et collaborera aux constructions prévues de la maxi-prison à Haren et la nouvelle prison à Termonde]

Capture d’écran du site des architectes ayant dessiné les plans pour la maxi-prison de Haren.

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[ZAD de Roybon]  » Open Barrikad  » du 7 au 9 février 2015

Les 7, 8 et 9 février 2015 aura lieu le festival OPEN BARRIKAD sur la zone à défendre des Chambarans (Roybon 38) contre la déforestation et la construction d’un center parc. Deux jours de création de barricades originales sur parcours.

RDV samedi 7 février à 10h au lac de Roybon, départ à 12h pour un picnic à 13h sur la zone, puis construction de barricades et de cabanes pour occuper et défendre* la zone.

Amène matériels de construction, outillages, tou-te-s tes potes et des fringues imperméables et chaudes.

Au programme, ateliers, spectacles, cantines et samedi soir, concert.

Programmation détaillée à venir.: zadroybon.noblogs.org

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NdCNE:

*Et si on adoptait une attitude offensive contre ces entreprises dévastatrices, comme lors d’une nuit de décembre dernier…

[Hambourg] Jakob est sorti de prison

Mercredi 17 décembre 2014, le cas de Jakob a été examiné et il est désormais sorti de prison sous caution après quatre mois passés en détention préventive.

Nous annoncerons plus d’infos prochainement.

Il avait été incarcéré à la suite des émeutes lors de l’expulsion du squat de la Breitestrasse à Hambourg. (Voir une affiche en solidarité avec les squatteurs inculpés).

La solidarité* doit se poursuivre tant que la procédure continue et que l’enquête n’est toujours pas close.

Feu et flamme à la répression.

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Rassemblements des 10 et 11 septembre 2014 devant le tribunal d'Hambourg, en solidarité avec Jakob et Pascal, les deux squatteurs incarcérés. Les banderoles disent: "Solidarité avec tous les prisonniers en lutte - ABC; Notre solidarité contre votre répression"

Rassemblement des 10 et 11 septembre 2014 devant le tribunal d’Hambourg, en solidarité avec Jakob et Pascal, les deux squatteurs incarcérés. Les banderoles disent: « Notre solidarité contre votre répression; Solidarité avec tous les prisonniers en lutte – ABC »

Le blog en soutien aux inculpés de la Breite strasse: breitesoli.noblogs.org

*Le 21 novembre 2014 à Hambourg, une attaque a eu lieu en solidarité avec les 5 inculpés

[Leipzig, Allemagne] L’agence immobilière KSW attaquée – 31 décembre 2014

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Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2014, le siège de KSW [1] du 2 de la Karl-Heine-Strasse a été bombardé de peinture et l’inscription « protection incendie, OK? » a été apposée. KSW est une des grosses sociétés immobilières qui assure leurs profits en pratiquant les expulsions, la réévaluation et le refoulement au dépens des locataires.

Durant le mois, ce fut le cas de l’évacuation du 28a de la Holbeinstrasse [2] par laquelle KSW chasse activement les habitant-es par des stratégies inhumaines. Entre autres, des portes coupe-feu ont été enlevées par KSW et ensuite la ville indique que la protection incendie n’est plus garantie. Par la suite, la ville de Leipzig a interdit son utilisation comme logement [3].

Nous demandons à KSW: chez vous, il y a la protection incendie?

Réévaluation, refoulement et gentrification ou non: Le problème s’appelle capitalisme. Identifions et attaquons les agents et les idéologies – toujours et partout.

Traduit de l’allemand de linksunten

Notes du traducteur:

[1] Sur son site, KSW se présente comme un acteur ayant pour but de « construire de nouveaux logements (luxueux) tout en préservant et valorisant le coeur historique de la ville de Leipzig en étroite collaboration avec les autorités,… de contribuer de manière significative à l’amélioration de la qualité de vie dans les espaces urbains….».

[2] [Mis-à-jour, 03/01/2015] Dans le communiqué ci-dessus, un lien renvoie vers le blog du collectif de « la Holbeinstraße 28a ». Mais ce dernier publie au lendemain de l’attaque un court texte dégueulasse intitulé « pas en mon nom », dans lequel il se dissocie clairement de l’action directe et de l’attaque par ses quelques mots: « nous nous dissocions de la violence et des dommages à la propriété. Bonne année 2015 » Ce collectif se range de fait du côté de l’ennemi, au même titre que n’importe quel flic, politicien ou autre légaliste  ! On leur souhaite en tout cas une année 2015 bien merdique !

[3] continuer la lecture en allemand sur Leipzig « ville pour tou-te-s »

« Nous ne nous démarquons pas de l’appel à la violence:  »

Dans le cadre de cet appel et toujours dans la ville de Leipzig, une autre attaque a visé une agence bancaire de la Deutsche Bank. Cette fois-ci, c’était en solidarité avec les anarchistes arrêtés en Espagne mi-décembre lors de l’operacion Pandora.

L’illusion légaliste

illusionlegalisteDébut octobre, un premier verdict est tombé. Des citoyens avaient introduit une demande de classement du terrain à Haren où on compte construire la maxi-prison, croyant ainsi pouvoir empêcher, ou en tout cas retarder, le plus grand projet carcérale l’histoire belge. La réponse des autorités compétentes était laconique : « Mais allons donc, c’est nous qui voulons construire cette nouvelle prison !  ». La demande a donc été rejetée, tout comme les autres recours juridiques introduits auparavant.

« Injuste ! » diront probablement ceux qui défendent la voie légale pour s’opposer à la construction de la maxi-prison. « La demande n’a pas été bien étudiée. Nos élus n’ont pas soutenu notre démarche. Il y a d’autres recours possibles ! » Forts de cette illusion, ils y vont rebelote et se remettent à fouiller les articles de loi. Et ainsi, ils se remettent à essayer de convaincre les autres gens qui sont opposés à la maxi-prison que la voie à suivre, ou en tout cas, une des voies à suivre, c’est la voie légaliste. Pétitions adressées aux autorités. Interpellations des élus. Interventions auprès des médias. Recours juridiques. Mais ce sont des illusions. Et elles nuisent le développement d’une véritable lutte contre la construction de la maxi-prison.

Afin de canaliser une éventuelle opposition, l’Etat a prévu une marge de manœuvre légale pour les mouvements de contestation. Elle est légale, justement parce qu’elle ne nuit pas à l’application de la loi (c’est-à-dire, les décisions prises par les autorités). L’Etat légalise et autorise ce qui contribue au maintien du système, à sa légitimation et à son renforcement. Une lutte doit déterminer ses propres méthodes ; suivre les prescriptions de ce qu’il faudrait faire pour s’opposer à ses projets, c’est se couper les ailes dans l’affrontement déjà pas facile avec le pouvoir et ses forces juridiques, bureaucratiques, policières, médiatiques, économiques.

Pour ceux qui s’opposent à un projet de l’Etat, pour ceux qui disent de façon claire et nette, non à la construction de la maxi-prison, la voie légaliste est donc un leurre qui dévie l’attention du vrai défi qui se pose : comment empêcher, par nous-mêmes, la construction de cette maxi-prison ?

ftp.pngCelui qui prêche la voie légaliste apporte de l’eau au moulin de l’Etat. C’est assez clairement le cas aujourd’hui de quelques organisations officielles qui se disent « opposées » ou « critiques » du projet de maxi-prison, se servant faussement de la colère et du rejet catégorique de nombreuses personnes, dans les quartiers de Bruxelles comme au village de Haren, pour s’assurer une place autour de la table des puissants. Double discours, double visage, faut-il encore l’expliquer davantage ? S’il est vrai que personne ne peut prétendre avoir les recettes en poche pour lutter contre la maxi-prison, on ne peut pas non plus rester indifférents devant les manœuvres répétées pour saboter l’autonomie de cette lutte et la faire dévier vers des objectifs politiciens (tels que négocier une « petite prison » plutôt qu’une maxi-prison ; des terres agricoles accessibles et le déplacement de la maxi-prison ailleurs ; etc.). Car la lutte, c’est aussi se donner les moyens pour lutter, découvrir comment on peut faire les choses, s’approprier tout un arsenal de méthodes, du passé et du présent, pour combattre les plans du pouvoir. L’appel à l’Etat, le dialogue avec les institutions, la reconnaissance et la sacralisation de la légalité, les pétitions, les sollicitations auprès des élus et des partis ne renforcent pas l’autonomie de la lutte, elles la cassent. Elles viennent répéter le vieux refrain sur laquelle se repose l’autorité étatique : rien n’est possible hors de l’Etat. Nous disons : rien n’est possible dans l’Etat. Nous disons : pour empêcher la maxi- prison, la meilleure façon de lutter, c’est de lutter par nous-mêmes et de façon directe, par l’auto-organisation et l’action directe. Si cette auto-organisation peut se réaliser de nombreuses manières, si l’action peut prendre les mille couleurs de l’arc en ciel, la voie légaliste ne préconise qu’une seule méthode, erronée et trompeuse à notre avis : rentrer dans le jeu de l’Etat plutôt que de s’y opposer.

L’illusion légaliste repose sur la croyance que malgré l’oppression flagrante, la corruption, les abus, l’Etat servirait quand-même « l’intérêt général », et qu’il y a donc du sens à lui demander des choses, en acceptant de le faire de la manière et au moment qu’il aura prescrit. La réalité est bien plus rude. Celui qui entre en lutte pour empêcher le plus grand projet carcéral de l’histoire belge, s’en rendra vite compte. Pour lui, s’ouvrira la question de comment lutter contre un Etat déterminé à imposer ce projet par tous les moyens possibles. Les pistes pour y répondre ne se trouvent pas dans le code légal ni dans la bouche des politiciens, elles ne se trouvent qu’en nous-mêmes. En la capacité de nous organiser entre nous, sans partis ni organisations officielles. En la créativité d’imaginer mille manières de perturber concrètement le bon déroulement de ce projet de maxi-prison. En la détermination de rester ferme dans le rejet de ce projet, dans le non clair et net, et de faire vivre ce non dans la rue et dans les champs.

Publié dans Ricochets, n°1 via la cavale

[Etats-Unis] De Ferguson à Oakland, 17 jours d’émeutes et de révolte dans la Bay Area

Une révolte anti-police sauvage et croissante est en plein essor dans la Bay Area. C’est un épicentre dans le mouvement national croissant suscité par l’insurrection à Ferguson [1] à la suite de l’exécution par la police de Michael Brown, et en même temps c’est une poursuite des luttes locales remontant au moins aux émeutes Oscar Grant de 2009 à Oakland. Certains d’entre nous qui ont participé aux manifestations dans la baie au cours des deux dernières semaines et demi désirent communiquer de toute urgence aux autres partout à travers le monde à propos de ce qui se déroule ici. Notre but n’est pas de revendiquer des droits de vantardise ou d’établir Oakland comme la capitale américaine de l’émeute. Au contraire, il est nécessaire de répandre le mot à propos de la nature sans précédent de ces événements, précisément parce qu’ils semblent soudain plus que jamais possibles, avant que cette révolte contre la suprématie blanche et la police puisse s’étendre au-delà des espaces habituels de protestation.

Afin d’illustrer l’ampleur de ce qui s’est déroulé depuis que le grand jury a annoncé qu’il n’inculperait pas Darren Wilson pour avoir tué Michael Brown, nous devons clarifier un point: nous avons perdu la trace du nombre d’autoroutes qui ont été bloquées, de magasins pillés, de carrefours qui ont vu les combats les plus féroces avec la police. Tout cela s’est déroulé de manière quotidienne pendant plus de deux semaines. Environ 600 personnes ont été arrêtées. Bon nombre des principaux quartiers d’affaires à travers East Bay ont été touchés. C’est devenu habituel d’entendre la police et les nouveaux hélicoptères suivrent chaque nuit la dernière émeute. Des forces de police militarisées de tout le nord de la Californie sont maintenant régulièrement déployées dans nos rues. Oakland, Berkeley, San Francisco, et Emeryville ont toutes expérimenté les émeutes et les pillages.

Beaucoup d’entre nous ont vécu divers mouvements et révoltes à petite échelle à Oakland et dans la Bay Area au cours de la dernière décennie ou plus. Pourtant, c’est quelque chose de différent. Bien que le nombre de personnes descendant dans les rues à la nuit tombée n’est pas massif – habituellement de l’ordre de 500 à 1500 – la forme et le niveau d’intensité que cette vague insurrectionnelle a déchaîné n’ont pas été vus ici depuis des décennies. Tout cela s’est déroulé en dehors du contrôle de toute organisation ou clique politique. À ce stade, il n’y a que peu d’appels spécifiques pour des marches ou des rassemblements: des foules de voisins, d’étudiants, d’activistes et de militants se rassemblent maintenant chaque soir de leur propre initiative, et ce de manière chaotique. Une alliance informelle de bandes de graffeurs, de groupes d’amis composés principalement de jeunes rebelles noirs et métisses, d’amas d’anarchistes de tendances et d’origines diverses a vu le jour pour créer les tendances les plus dynamiques et combatives du soulèvement. Ceux qui se montrent avec des suggestions quant au lieu où l’énergie de la foule pourrait être mieux appliquée s’expriment publiquement, et parfois leurs propositions sont effectuées. Ceux qui tentent de calmer et de gérer la situation sont ignorés, et souvent attaqués s’ils tentent d’entraver les actions des autres.

La première vague d’émeutes, de marches et de blocages à Oakland au cours de la semaine du 24 novembre n’a été que le début. S’en est suivi plusieurs blocages des autoroutes 880 et 980, de nombreux die-ins bloquant des routes, et fermant la station BART (transport en commun) de l’ouest d’Oakland – puis les émeutes ont commencé pour de bon. Voici une chronologie approximative des événements de ces 18 derniers jours, suivie de nos premières réflexions.

Révolte contre la police dans la Bay Area: 24 novembre – 10 décembre 2014

24 novembre: le grand jury à Ferguson refuse d’inculper l’agent Darren Wilson pour le meurtre de Michael Brown. Ferguson brûle. Plus de 2500 personnes se rassemblent dans le centre d’Oakland et procédent au blocage de l’autoroute 580 pendant des heures. Puis la foule retourne à travers le centre-ville jusqu’au poste de police, où des affrontements éclatent sur Broadway. Les participants érigent des barricades enflammées et pillent plusieurs magasins d’entreprise, dont un ‘Starbucks’ et un magasin d’alimentation générale ‘Smart & Final’. Des dizaines de personnes sont arrêtées.

Des manifestants bloquant l'autoroute, érigeant des barricades et pillant des magasins le 24 novembre 2014

Des manifestants bloquant l’autoroute, érigeant des barricades et pillant des magasins le 24 novembre 2014

25 novembre : une petite foule envahit l’autoroute 880 à Oakland. Une plus grande foule bloque l’autoroute 580 plus tard pendant la nuit et presque 100 personnes sont arrêtées. La foule restante montent des barricades enflammées en masse à travers Télégraph pour retenir la police. Une série de magasins d’entreprises sont pillées au nord d’Oakland et les entreprises de la gentrification sont détruites. D’autres arrestations de masse se produisent près d’Emeryville à la fin de la nuit.

26 novembre: Une marche destructrice joue au chat et à la souris avec la police au centre-ville et à l’ouest d’Oakland pendant des heures avant d’être dispersés par la police. Plusieurs entreprises du centre-ville sont endommagées et d’autres manifestants sont arrêtés.

28 novembre: Une action de désobéissance civile coordonnée à la station BART de l’ouest d’Oakland stoppe tous les services de transport dans et à l’extérieur de San Francisco pendant plus de deux heures. Cette nuit-là, à San Francisco, près de 1000 manifestants assiègent le quartier commercial de l’Union Square pendant le Black Friday, s’affrontant avec la police et endommageant des magasins de luxe. Ils marchent à travers le quartier Mission, où les magasins sont pillés et les banques sont brisées. La nuit se termine par une vague d’arrestation massive, alors que la foule diminue.

Barricades sur la Telegraph Avenue le 25 novembre ; la marche Black Friday 28 novembre

Barricades sur la Telegraph Avenue le 25 novembre ; la marche Black Friday 28 novembre

3 décembre: Un grand jury de New-York omet d’inculper tout officier de police impliqué dans la mort par étouffement d’Eric Garner. Des foules bloquent Market Street à San Francisco. À Oakland, une marche traverse le centre-ville; la police anti-émeute l’empêche d’atteindre le quartier général de la police d’Oakland. Au lieu de cela, les participants défilent à travers le quartier riche Piedmont.

4 décembre: Une autre marche se faufile à travers le centre-ville d’Oakland, pour finalement se diriger à l’est vers le quartier Fruitvale, où il y a une épreuve de force avec la police d’Oakland et une arrestation de masse. À San Francisco, un « die-in » bloque Market Street une deuxième nuit.

5 décembre: Des centaines de personnes défilent au centre-ville d’Oakland, tenant une manifestation bruyante devant la prison pour soutenir les personnes arrêtées lors de la révolte. La foule se déplace pour reprendre l’autoroute 880 avant d’être repoussée par la police. Ensuite, la manif encercle la station BART de l’ouest d’Oakland et détruit les portes protégeant les policiers anti-émeutes à l’intérieur. La station est fermée pendant une heure avant que la marche retourne au centre-ville, où se produisent la destruction de biens, des affrontements avec la police, et des arrestations.

6 décembre: Une manif provenant des environs du campus universitaire de Berkeley s’affronte avec la police de Berkeley, près de leur siège et procède aux pillages de plusieurs magasins, dont un ‘‘Trader Joe‘ et ‘Radio Shack. La foule grossit au fur et à mesure que les étudiants prennent les rues. En réponse, les services de police de toute la région convergent dans le centre de Berkeley, en tirant des dizaines de grenades de gaz lacrymogènes et s’attaquant physiquement aux manifestants et aux passants, causant de graves blessures.

Perturbation du réseau de trnasport en commun lié aux manifs le 5 décembre; affrontements du 6 décembre

Perturbation du réseau de trnasport en commun lié aux manifs le 5 décembre; affrontements du 6 décembre

7 décembre: Le dimanche soir, un autre marche débute à Berkeley et se déplace au nord d’Oakland, s’affrontant avec la police, détruisant plusieurs véhicules de police de la California Highway Patrol (CHP) et en envahissant l’autoroute 24. Des officiers de la CHP utilisent du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour repousser la foule. Les gens réagissent avec des pierres et des feux d’artifice, puis défilent de nouveau dans le centre-ville de Berkeley, en détruisant les façades des banques et des distributeurs automatiques. Ils attaquent des magasins d’appareils électroniques et de téléphonie, culminant avec le pillage de ‘Whole Foods‘. La nuit se termine avec des centaines de personnes se rassemblant autour de feux de joie au milieu de Telegraph, en faisant couler à flots les bouteilles de ‘Prosecco‘ expropriées. La police craint de s’engager face à la foule, mais certains participants sont extirpés lors d’arrestations ciblées.

émeute durant un blocage d'autoroute le 7 décembre 2014

émeute durant un blocage d’autoroute le 7 décembre 2014

8 décembre: La troisième marche de Berkeley est de loin la plus grande. Plus de 2000 personnes prennent l’Interstate 80, stoppant tout le trafic pendant deux heures, tandis qu’une autre partie de la manifestation boque la voie ferrée parallèle à l’autoroute. La foule tente de marcher sur Bay Bridge, mais est repoussée à Emeryville, où plus de 250 personnes sont arrêtées en masse.

9 décembre: La quatrième marche de Berkeley s’engage une fois de plus sur la Telegraph Avenue à Oakland et coupe un autre secteur de l’autoroute 24 et la station BART « MacArthur ». Des affrontements plus violents s’ensuivent avec les flics en tenue anti-émeute de la CHP, qui ouvrent le feu avec des balles en caoutchouc et des cartouches assourdissantes, causant de nombreuses blessures et repoussant finalement la foule hors de l’autoroute. Puis la marche tourne en boucle dans le centre-ville d’Oakland et fait son chemin dans Emeryville, où un magasin alimentaire Pak N Save a été pillée ainsi qu’une pharmacie CVS et un 7-Eleven. La soirée s’est terminée avec une autre série d’arrestations, dispersant la foule.

10 décembre: Des centaines d’étudiants du lycée de Berkeley organise une grève sauvage et un rassemblement se tient à la mairie. Une cinquième manif plus petite partie de Berkeley se fraie son chemin dans Oakland où un magasin T-Mobile est dépouillé et d’autres magasins d’entreprises sont attaqués. Des personnes démasquent des flics infiltrés de la CHP dans la foule et les attaquent. Les flics répondent en pointant leur gun sur la foule lors d’une arrestation.

Flic infiltré menaçant les manifestants avec son arme lors d'une arrestation

Flic infiltré menaçant les manifestants avec son arme lors d’une arrestation

Le rythme de l’agitation a changé de cadence à plusieurs reprises au cours de ces vingt jours, mais cette agitation ne montre aucun signe d’apaisement. La révolte s’est transformée de manière fluide entre en différentes formes de résistance – passant de marches relativement calmes à des barrages routiers en masse, d’intenses combats de rue et à des expropriations ciblées. Cela a maintenu le mouvement tenace et capable de faire appel à un large éventail de nouveaux participants, jour après jour, même quand il y a eu des désaccords profonds au sujet des tactiques à employer et un petit consensus sur la direction que devait prendre le mouvement.  

Il est difficile de prévoir ce qui va arriver. Personne n’avait prévu que cette révolte aurait maintenu ce niveau d’intensité plus de deux semaines après le premier rassemblement à 14th and Broadway alors que Ferguson brûlait. À ce stade, il semble probable que l’élan se poursuive sous une forme quelconque au moins jusqu’à la semaine de Noël [2].

Les répercussions à long terme ne sont pas claires. Tout du moins, il semble que la période réactionnaire de décomposition sociale qui a suivi les points forts de la lutte ici dans la baie en 2011 et au début de 2012 soit terminée, et que quelque chose de nouveau et d’encore plus féroce prenne forme. Nous pouvons également conclure provisoirement que la tactique de blocage de grandes infrastructures, notamment des routes, s’est propagée bien au-delà de ce qui avait été précédemment établie par les blocus de ports du mouvement Occupy. Il y a eu au moins dix barrages routiers rien que  dans l’est de la baie au cours des deux dernières semaines; un tel blocus est maintenant considéré comme une tactique efficace, même par ceux qui s’identifient comme « des manifestants pacifiques. »

Pendant ce temps, le rythme constant des manifestations combatives qui traversent les municipalités pousse les infrastructures municipales du maintien de l’ordre jusqu’à ses limites. Les Unités de police sont de plus en plus réticentes à s’engager face aux  foules; les officiers qui se trouvent piégés dans des combats de rue se retirent le plus souvent. Les rapports des médias suggèrent que les deux premières semaines de manifestations ont coûté à la ville d’Oakland $ 1,360,000 en heures supplémentaires rien qu’en heures supplémentaires.

Deux manifestantes arrêtées à Oakland à la suite du blocage d'une station des transports BART le 28 novembre 2014

Deux manifestantes arrêtées à Oakland à la suite du blocage d’une station des transports BART le 28 novembre 2014

Bien sûr, la cadence sans relâche des événements a également mis à rude épreuve l’infrastructure anti-répression qui est devenue une force considérable de soutien vital pour les mouvements rebelles ici dans la baie. Cette infrastructure est l’une des manifestations locales durables d’Occupy Oakland; ses racines remontent au Oakland 100 Support Committee, et s’est formée au lendemain des émeutes initiales d’Oscar Grant. Des arrestations se produisent maintenant tous les soirs, des interpellations tous les jours, des balades doivent être constamment organisées en direction de mais aussi depuis la prison Santa Rita constamment et de l’argent supplémentaire est malheureusement nécessaire pour renflouer les personnes arrêtées avec des accusations plus graves. La façon dont nous mènerons à terme notre action par des affichages de solidarité et du soutien matériel direct pour les personnes arrêtées déterminera combien de force nous gagnerons grâce à ce soulèvement en allant de l’avant.

Berkeley le 7 décembre 2014

Berkeley le 7 décembre 2014

Debout dans les rues d’Oakland en décembre 2014, il semble que nous avons bouclé la boucle presque exactement six ans après qu’Oscar Grant ait été exécuté par le policier de la BART Johannes Mehserle. Tout a commencé à la station BART de ‘Lake Merritt’ le 7 janvier 2009, lorsque la première voiture de la police d’Oakland a été fracassée, a entrepris de nombreuses rebondissements à travers différentes vagues de manifestations et de mouvements, dont beaucoup ont manifesté de façon émeutières et en s’affrontant avec la police à l’intérieur et aux alentours du centre d’Oakland. Pendant ce temps, une vague de petits soulèvements s’est déroulée dans un nombre croissant d’endroits à travers le pays en réponse aux meurtres policiers les uns après les autres: Portland en 2010, Denver en 2010, Seattle en 2011, San Francisco en 2011, Atlanta en 2012, Anaheim en 2012, Santa Rosa en 2013, Flatbush en 2013, Durham en 2013 [3], Salinas en 2014, Albuquerque en 2014. Dans chacun de ces soulèvements locaux, le nom d’une personne dont la vie a été prise par l’Etat a été arraché à l’oubli et gravé dans la mémoire collective à travers les actions de ceux qui ont choisi de se révolter.

Les personnes courageuses de Ferguson ont repoussé ce passé au point de non-retour en refusant obstinément de quitter la rue, nuit après nuit, montrant que ces révoltes pourraient s’étendre dans le temps et croître en intensité. S’il y a une réponse à ceux d’entre nous quant à savoir pourquoi nous nous trouvons maintenant dans une situation quasi-insurrectionnelle ce soir, c’est tout simplement ceci: nous ne sommes plus seul-e-s. Une autre ville a établi un nouveau précédent en matière de résistance à l’Etat policier raciste, donc Oakland n’est donc plus un cas particulier.

Le nouveau paradigme de la lutte émanant de Ferguson a été renforcé au cours de la deuxième semaine de révolte, vu que les nouvelles se sont répandues qu’un grand jury de New-York avait pris la décision d’inculper aucun officier du NYPD pour l’étranglement mortel d’Eric Garner.
Ce qui avait précédemment été limité aux explosions singulières de rage en réaction aux cas individuels de meurtres policiers visant les personnes noires est devenu une lutte généralisée de confrontation avec les structures du pouvoir blanc et la violence d’Etat dans ce pays.
Cette lutte n’est plus seulement à propos de Michael Brown, Eric Garner, ou Oscar Grant, ou même les milliers de personnes tuées par la police dont les noms ne sont jamais entrés dans la conscience collective. Il s’agit de la marginalisation violente et de la mort sociale imposées aux comnunautés noires et métisses dans leur intégralité. Il s’agit du rôle de la police exerçant la force léthale en toute impunité afin de maintenir cet ordre et faire respecter les fondements de l’Etat esclavagiste du capitalisme américain.

Nous pouvons enfin parler d’un mouvement national contre la police qui a été fait par les incendies et les barrages fin 2014. Cela devrait être célébrée comme une victoire massive pour la résistance aux Etats-Unis. Un étape importante a été atteinte et nous suivons tous les soirs ce qu’il se passe devant nos yeux.

Il y a quelques jours, c’était impossible de prévoir ce qui allait se passer. Nous espérons que ces événements incontrôlables se propagent à d’autres localités par des formes de désordre et d’attaques encore plus créatives.

Des Antagonistes d’Oakland, 10 décembre 2014

Traduit de l’anglais de crimethinc

Notes de traduction:

[1] Voir plusieurs articles à propos de la révolte à Ferguson: celle-ci s’est passée en plusieurs étapes entre l’assassinat et le verdict du grand jury:

[2] Ce texte date de début décembre, et d’autres meurtres depuis ces révoltes ont été commis par la police, ce qui a rallumé les feux de la révolte, principalement dans les régions où les manifs anti-police se sont exprimées de manière incontrôlées et offensives: Même si quelques assassinats n’ont pas suscité autant de rage spontanée dans la rue, les décisions successives des grands jury de ne pas inculper les flics en question a aussi ravivé la rage urbaine. A la veille de Noël, c’est à Berkeley, dans la banlieue de Saint-Louis, qu’un homme noir s’est fait flinguer par la police à la suite d’un contrôle: La population locale, rapidement sur les lieux, a immédiatement répondu à cette normalité raciste de l’Etat d’une manière adéquate.

[3] On peut aussi consulter ce zine en anglais sur cette révolte à Durham: Unforgiving and Inconsolable: Durham Against the Police, Collected Texts Winter 2013-2014