Internet est en effervescence d’informations depuis les émeutes survenues ici en Alabama, dans la prison de Holman (l’agression au couteau d’un maton et d’un officier de la correctionnelle, les incendies qui ont été allumés, la surpopulation, etc.) mais ce que l’on a omis dans ce récit, c’est que c’est une bagarre entre deux prisonniers queer, au sujet des relations queer, qui a été le catalyseur de ces émeutes. Une fois l’embrouille réglée, le porc et le maton ont essayé d’intervenir et se sont fait poignarder.
Personne ne veut mentionner le fait que sur les six prisonniers qui ont été accusé d’avoir poignardé le maton et l’officier, quatre sont queer. Il y a eu, historiquement, des tentatives d’effacer la résistance queer de l’histoire. Mais en dépit de ces tentatives, les personnes queer ont refusé de laisser ces histoires tomber dans l’oubli.
Ce que la plupart des gens refusent à mon avis d’admettre est que les prisons sont des extensions du contrôle patriarcal. Les prisons pour hommes sont des environnements hypermachistes dotés de structures et de divisions de classes très hiérarchisées. Dans les prisons, les prisonniers queer ont adopté un rôle passif et soumis, car eux-mêmes ne sont pas immunisés contre toute la merde psychologique qu’enseigne la société sur le genre, les sexes et les classes, ou la manière dont on doit vivre le genre (vous connaissez la chanson : « les femmes sont faibles et donc à utiliser et contrôler »). Le prisonnier queer se trouve tout en bas de l’échelle sociale, juste au-dessus des balances. La vie du prisonnier queer est faite d’un manque total et brutal de respect, de violence et d’oppression, de la part des prisonniers comme des matons. La plupart des prisonniers considèrent qu’être queer est une abomination, une chose sale et faible.
Mais le 11 mars 2016, ce récit a volé en éclats lorsque des prisonniers queer ont lancé l’offensive contre les flics.
Un prisonnier queer est descendu de dortoir en dortoir en invitant, incitant et encourageant les prisonniers à sortir de leurs cellules et à démolir la prison. Un dortoir a refusé et ses occupants ont installé un verrou et une chaîne sur la porte de la cellule, parvenant ainsi à s’enfermer et à enfermer tout le monde. Un prisonnier queer a alors commencé à interpeller les types au sujet de cet acte, et les a traité de flics, d’Oncles Tom, etc., couteau en main.
Et il ne s’agit pas là du seul exemple de résistance queer contre les porcs :
- En 2012 avait lieu l’agression au couteau d’un porc dans l’unité d’isolement pendant la douche, et la porte de la cellule de Fredricka, une prisonnière queer, ne s’était pas fermée ; elle s’est alors échappée de sa cellule, a descendu les marches et est entrée dans l’unité de contrôle. Elle a donné un coup de pied au porc qui se trouvait dans cette unité, l’a menotté et a ouvert les portes de plusieurs cellules d’isolement, permettant ainsi à d’autres prisonniers de sortir de leur cellule et d’attaquer la police.
- Toujours en 2012 dans la prison de Holman, des prisonniers queer ont créé la « Milice gay », un gang de prison, pour leur protection contre les homophobes.
- Dans la prison de Donaldson, en Alabama, des prisonniers queer ont créé la FAG [NdT : « fag » signifie « pédé »] comme organisation d’auto-défense.
- En 2015 dans la prison de Holman, un prisonnier queer a incendié un garde de l’unité d’isolement.
L’histoire de la résistance queer est une belle et longue histoire. Elle n’a pas commencé à Stonewall.
En solidarité,
Résistance queer.
[Traduit de l’anglais d’Anarchy Live ! par non-fides.fr]
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