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[Paris] Discussion autour de la solidarité internationale à partir du cas des 5E3 au Mexique – Mercredi 13 mai à la Bibliothèque Libertad

Mercredi 13 mai se déroulera à la Bibliothèque Libertad une discussion à partir de l’histoire des trois compagnonNEs arrêtéEs à Mexico le 5 janvier 2014, suite à une attaque incendiaire contre le Ministère des transports et de la communication et contre un concessionnaire Nissan. Après plusieurs procès, Amélie, Carlos et Fallon sont sortis de prison en mars 2015 pour accomplir le reste de leur condamnation (deux ans et demi) en liberté surveillée.

Lors de leur incarcération, tous trois ont toujours maintenu de manière vivante la question de la solidarité révolutionnaire, ne faisant pas de compromis sur leurs idées au nom de l’urgence ou de la convenance, mais conservant au premier plan le désir de continuer à lutter en prison.

A partir des perspectives et des difficultés qu’elles/il ont rencontrées dans ce contexte particulier, nous avons souhaité saisir l’occasion pour relancer une discussion qui touche toutes celles et ceux qui affrontent les coups répressifs de l’Etat : comment continuer à lutter lors de ces moments de répression, aussi bien dedans que dehors ?

Cette soirée débutera par l’intervention d’une anarchiste qui a pu visiter les trois compagnonNEs lors de leur période de détention au Mexique ainsi que de discuter et d’analyser ces questions avec eux.

Mercredi 13 mai 2015, 19h30 Bibliothèque anarchiste Libertad 19 rue Burnouf Paris-19e (M° Belleville ou Colonel Fabien)

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Reçu par mail, 27 avril 2015

[Mexique] Lettres d’Amélie et Fallon depuis la prison de Santa Marta en solidarité avec Abraham Cortés

banda[Les compagnon.ne.s Amélie, Fallon et Carlos ont tous les trois été condamné.es le 31 octobre 2014 à 7 ans et six mois de prison pour l’attaque aux molotovs du Secrétariat de la Communication et des Transports à Mexico en janvier 2014, auxquels se sont ajoutés le 6 novembre dernier une peine de 2 ans, 7 mois et 15 jours de prison pour l’attaque d’un concessionnaire Nissan . Abraham Cortes, tout comme Mario Gonzalez, ont été arrêtés le 2 octobre 2013 en, au cours des commémorations combatives du massacre de Tlatelolco en 1968. Mario González a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, accusé d’attaques contre la paix publique, tandis qu’Abraham Cortes a été condamné à 13 ans pour tentative d’homicide sur un flic. Les deux compagnons ont mené une grève de la faim en octobre 2014 aux côtés de Carlos « Chivo » Lopez et Fernando Bárcenas Castillo, arrêté le 13 décembre 2013 au cours des protestations contre la hausse du prix des billets de métro de la ville de México. Il se trouve depuis en prison préventive, accusé d’avoir brûlé l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola. ]

Prisons mexicaines : Lettres d’Amélie et Fallon en solidarité avec Abraham Cortés

C’est avec beaucoup de rage que j’ai appris que le compagnon Abraham Cortés Ávila, incarcéré au Reclusorio Norte, a reçu le résultat de l’appel qui a confirmé sa peine de 13 ans de prison pour tentative d’homicide contre un policier, un de ceux qui ce 2 octobre 2013 étaient chargés de maintenir l’ordre et la paix sociale, de protéger les privilégié-es, les commerces et les banques des rues de Mexico. Ils accusent le compagnon d’avoir participé à la révolte sociale qui a lancé des pierres, des cocktails enflammés (molotovs) et autres objets contre les porcs.

Voilà, Abraham, je suis parvenue à la seule conclusion qu’à partir du moment où nous nous rebellons, ils nous répriment en conséquence. Ta peine correspond à leur société carcérale. Dans ce sens, je t’envoie beaucoup de force solidaire de tout cœur. Organisons la lutte aussi bien à l’intérieur de la prison que dehors dans le but de combattre toute autorité et d’en finir avec leur foutu monde d’esclavage et de peur.

Que la rage se propage ! Même si parfois le monde paraît hermétique, même si les gens ne comprennent rien, ne partagent pas notre haine de la domination et ne savent que la reproduire. Pour ma part, je crois qu’avec un peu de confiance, on peut construire des relations d’amitié et de compagnonnage et ainsi ouvrir des espaces de dialogues et d ’échanges d’idées. Cela vaut autant dans la rue qu’en prison. Alors… avec tout ça moins de peur !

Alors, dans la solidarité avec Abraham Cortes Ávila, que le feu illumine tous les uniformes des saloperies de keufs et de matons de merde.

Vive la Révolte !

Amélie,
Reclusorio Santa Marta, 21 Février 2015

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Salut Abraham,

J’espère que tu vas bien dans la mesure du possible.

Je peux imaginer que les jours à venir seront des journées de stress et d’angoisse, pour toi comme pour ta famille et tes compagnon-nes. Malgré les murs qui nous enferment et le temps qui ne fait rien qu’à passer, j’espère que tu restes fort, non seulement dans le sens d’être en lutte contre l’institution, mais aussi dans le sens de ne pas laisser la prison te changer.

Le fait de ne pas croire dans la justice nous place dans une situation d’incertitude face à elle, une position très rationnelle où ne nous reste que notre force individuelle pour faire face à la réalité. Et où la force des compagnon-nes qui nous soutiennent nous donne plus d’énergie pour aller de l’avant.

J’espère que la décision judiciaire sera positive pour toi [cette lettre date d’avant le rendu de l’appel] et que tu seras bientôt dehors. Ne cesses pas de lutter pour tes idées, dedans comme dehors, l’authenticité est la plus grande force.

Beaucoup de force, Compagnon !

Fallon,
Reclusorio Santa Marta, 21 février 2015

[Lettres traduites de l’espagnol depuis Contrainfo (25 February 2015) par les Brèves du désordre]

[Mexique] Lettre d’Amélie et Fallon (5E3) à propos d’une initiative de solidarité (14 février 2015)

Prisons mexicaines :

Communiqué d’Amelie Pelletier et Fallon Poisson (14/02/2015)

banda5e-212x300Le 14 février un événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita avec pour objectif de récolter de l’argent pour les prisonnier-es politiques et anarchistes.

Étant en prison, l’information que nous avons sur cet événement est minime.

Nous ne savons pas qui l’organise, mais nous savons nos noms apparaissent sur la liste des prisonnier-es pour lesquel-les il est prévu.

Nous souhaiterions expliquer qu’il nous semble étrange que des personnes que nous ne connaissons pas et avec lesquelles nous n’avons pas d’affinités utilisent nos noms sans nous prévenir. Ce n’est pas parce que nous sommes en prison que nous n’avons pas de voix. Ces cérémonies de solidarité où sont mélangé-es tou-tes les prisonnier-es nous font penser à une récupération aveugle de personnes emprisonné-es. Qu’elles soient “Politiques” ou “Anarchistes”. Depuis le début, nous sommes restées fermes sur nos positions et dans nos ruptures. Il nous semble très bizarre de voir nos noms à côté de ceux de Brian Reyes, Jacqueline Santana* et de Jamspa** dans un évènement public de solidarité. Leur intention est peut-être de construire des relations entre différentes bandes. Nous le comprenons, mais nous savons aussi que cette absence de relations a des raisons. Certaines méthodes et intentions sont bien différentes et il y a des ruptures probablement irréconciliables.

Pour nous, le sentiment d’affinité est primordial dans la lutte que nous menons. Nous ne nous considérons pas comme des “Prisonnier-es Politiques » et n’attaquons pas les institutions du pouvoir afin d’améliorer cette société.

D’ailleurs, à l’intérieur de la prison nous avons des relations avec toute sorte de personnes, avec lesquelles nous ne partageons pas nécessairement des “affinités de lutte”. Des personnes qui ne s’occupent pas de “politique”, qui pour la plupart croient en dieu, et qui n’ont jamais été à l’école. Avec elles nous construisons aussi des forces et nous vivons de multiples moments de subversion de l’ordre existant. Il serait ridicule de nous organiser uniquement avec celles et ceux qui se revendiquent “Prisonnier-es Politiques”. La majorité des prisonnier-es politiques ne nous sont pas sympathiques et de fait la plupart des anarchistes non plus. L’histoire drôle, c’est de partir de là, avec l’énergie qu’il y a. Si nous faisons rupture avec le groupe qui organise cet événement, cela ne signifie pas que nous coupons avec tout le monde. Nous faisons rupture avec ceux qui se revendiquent de tendance autoritaire, partidaire ou gauchiste. De plus nous avons appris que l’événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita, Institution d’État.

Nous ne souhaitons pas de médiation avec l’État.

Ceci dit, nous n’avons d’affinités avec aucune des personnes mentionnées -sauf Carlos-, pas plus qu’avec celles qui organisent l’événement. Elles ne prennent pas en considération les ruptures existantes, mais ne font que reproduire le “prisonniérisme”. Nous ne voulons pas être récupéré-es. Qu’ils fassent leurs événements de solidarité, mais sans nos noms. Ceux qui nous soutiennent savent pourquoi et ont des affinités avec nous.

La meilleure Solidarité est toujours l’Attaque.
Pour la Destruction Totale de l’Existant.
Feu à la Civilisation.
Jusqu’à l’infini et au delà.

Fallon et Amelie
Reclusorio de Santa Marta, México DF

NdT

* Etudiants arrêtés suite aux manifestations pour les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. On notera qu’à Paris également, un « repas solidaire » mêlant tout le monde ( » prisonniers adhérents à la sexta zapatiste, les anarchistes incarcéré-e-s à Mexico et les étudiant-e-s arrêté-e-s suite aux dernières manifestations pour Ayotzinapa – Mexique ») est organisé le 28 février (au CICP), sachant qu’une partie de l’argent ira « aux comités locaux de soutien aux prisonnier-e-s de la sexta ».

** Jesse Alejandro Montaño Sánchez, dit Jamspa sur les médias sociaux, a été condamné à 7 ans et 7 mois de prison le 12 janvier 2015 pour « outrages à l’autorité ». Le 12 juin 2014, il avait exhibé du haut d’une structure métallique qui accueillait un écran géant lors d’un match du mondial de foot, une pancarte exigeant la liberté des prisonniers politiques & Fifa go home. C’est un activiste qui crée des coups médiatiques en escaladant depuis 2012 des structures et monuments afin d’exhiber devant les caméras des « messages politiques ».

[Traduit de l’espagnol de contrainfo par brèves du désordre, 15 February 2015)

Lire / télécharger la brochure ‘Face à face avec l’ennemi’