[Rueil-Malmaison, 92] Illumine ta journée, brûle ton lycée !

Dans la nuit du 1er mars dans un lycée de Rueil-Malmaison, des élèves ont posé une quinzaine de tags, comme :

« Illumine ta journée, brûle ton lycée !; Attaquons ce qui nous détruit; Feu !; Que crève le vieux monde; Mdr les caméras; Faisons de la nuit notre terrain de jeu; Nik la Bac, Nik le Bac; Bouh !; Faisons de la nuit notre terrain de jeu; Nous ne sommes pas des lycéens, nous sommes des délinquants; Lycée-usine. »

Une affiche a également été collée, dont ils ou elles nous transmettent le texte :

L’école est un lieu où l’on apprend dès notre petite enfance à obéir, à se soumettre et à travailler. Les connaissances que l’on bouffe nous sont gavées en prétextant l’épanouissement culturel. En espérant que ça remette les élèves à leur place d’élèves, dans le bon, triste et droit chemin de la résignation. Il ne faut plus faire de bêtises. Il ne faut pas perturber ou déranger. Il ne faut surtout pas non plus chercher à bousculer, dégager, détruire, brûler les rapports de dominations qui existent entre nous et les professeur-e-s, les surveillant-e-s et leurs chef-fe-s. Il faut seulement accepter la compétition entre élèves, faire de nous des ennemi-e-s, nous faire croire que nous valons telle ou telle note.

L’objectif revendiqué de l’école est de nous préparer à « la vie d’adulte ». Ce qui, en réalité, est juste une manière enjolivante d’appeler le monde du travail. Faire des élèves des salarié-e-s dociles ou des patron-ne-s en leur apprenant à accepter l’autorité comme seule manière de fonctionner.

Les connaissances qui nous sont inculquées n’ont évidemment pas un regard neutre sur le monde qui nous entoure. On cherche à ce qu’on soit citoyen de notre Nation en nous forçant des valeurs qui ne cherchent qu’à maintenir l’État. La JDC (Journée Défense et Citoyenneté, dite « Journée d’Appel ») ou les cours d’EMC (Éducation Morale et Civique) en sont un exemple caricatural (bien qu’en réalité tous les cours portent cette idéologie) en nous vantant les mérites de l’armée et de la sécurité par l’État afin de légitimer son emprise, le montrer comme le garant d’une vie sécurisée, paisible et heureuse. Mais ce n’est qu’un mirage.

Pour casser les individus, il existe un certain nombre de règles pour l’enfermer dans le droit chemin. En voici quelques-unes mais, bien sûr, chacune des figures de l’autorité peut se faire le plaisir d’en inventer d’autres à chaque instant :

- Pas le droit de lutter
- Pas le droit de crier
- Pas le droit de passer un appel
- Pas le droit de répondre aux profs
- Pas le droit de répondre aux surveillants
- Pas le droit de foutre le feu
- Pas le droit d’écouter de la musique
- Pas le droit de mettre une capuche
- Pas le droit de jouer un instrument
- Pas le droit de s’asseoir dans les couloirs
- Pas le droit de sécher les cours
- Pas le droit de manger en dehors de la cantine

Si nous faisons cette liste, ce n’est pas pour demander gentiment une réforme de l’école. L’école appartient au vieux monde, qu’elle crève avec. Ce n’est pas grâce aux propositions du CVL [Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne] ou grâce au grand cœur de la proviseure que ce lieu deviendra supportable. Nous ne réclamons rien, nous prenons ce que nous désirons.

Si les patron-ne-s de ce lycée-usine pensent qu’ils régleront le problème que nous sommes en demandant simplement à un-e de leurs employé-e-s de nettoyer nos messages, ils se trompent. Nous n’en avons pas fini avec l’école et son (im)monde.

Faisons de la nuit notre terrain de jeu

Attaquons ce qui nous détruit

Vive l’école buissonnière

Affiche au format pdf

[Publié sur non-fides, vendredi 3 mars 2017]