Dans le ventre de l’ogre. Procès de la destruction de la maquette de la maxi-prison de haren.
Vendredi 22 janvier, arrivée au palais de justice, ça commence.
Deux camionnettes de keufs sont stationnées sur l’esplanade. Entrée. Premier contrôle des affaires, puis faut se retaper une prise d’identité à l’entrée de la salle et un scan au détecteur. Une personne venue pour le procès sera d’ailleurs arrêtée et enfermée durant toute l’audience sous prétexte d’un défaut de pièce d’identité. Ficher, faire chier, c’est pour ça qu’ils sont là.
On rentre dans la salle. tout le beau monde est en place. Une vice présidente, deux juges, la procureure et les avocatEs. Faut ajouter à ça, les 4 flics en civil et deux autres en uniformes qui sont resté au fond de la salle pendant l’audience. Il ne manquaient que les deux journalistes de télébruxelles pour compléter le tableau. Alors qu’on leur rappelle qu’elles ne sont pas les bienvenues, que personne ne veut être ni filmé ni leur parler, elles décident de rester et invoquent la « liberté de la presse ». Liberté de raconter de la merde ! Les vautours ont filmé des gens rentrer et pris des images par l’entrebâillement de la porte, mais malgré leur insistance, personne ne leur a parlé. Elles avaient l’air de s’en offusquer, peut être pas l’habitude d’être remballées.
Du haut de leur toute puissance, le cerveau en manque d’oxygène, les médias n’arrivent pas à comprendre qu’on ne veut pas faire partie de leur jeu. Toujours à cracher sur les indésirables, leur spectacle est toujours complaisant avec ceux qui s’en mettent plein les poches. Chien de garde ou plutôt toutou à leur mai-maitres, ils savent ce qu’il faut dire ou pas pour garder les relations privilégiées qui leur garantiront une place dans les salles du pouvoir. Gardant précautionneusement le silence sur les causes profondes des événement qu’ils mettent en avant.
Retour dans la salle. Le protocole se met en route. C’est comme à l’école, faut se lever quand les juges rentrent dans la classe, faut se taire pendant qu’ils racontent leur conneries. La juge se met à poser des questions, elle refait le déroulé de l’action, en choisissant bien sûr la version des flics pour décrire les choses. Ne semblant même plus s’en rendre compte, elle se vexe quand son parti pris est relevé. Elle espérait peut-être faire croire à une quelconque objectivité des faits ? La blague. Elle parle aussi des « statuts » (travail, situation). Les échanges sont assez court.
Ca continue avec la procureure qui commence par préciser qu’il ne s’agit pas d’un procès politique, et qu’elle ne veut surtout pas que la Cour croie qu’il s’agit de condamner des idées. oui oui bien sûr. C’est vrai qu’en démocratie on respecte la contestation tout ça tout ça. Tant que c’est fait dans leurs règles, tant que ça ne bouscule pas leur pouvoir, tant qu’on utilise les outils qu’ils nous mettent gentiment entre les mains, on peut toujours crier sagement et la paix sociale sera bien gardée. D’ailleurs pour la défense c’est pareil. Si tu cherches à ne pas être condamné, faudra passer par leur code, leur vocabulaire et trouver l’argent pour les avocats. Autant de moyens pour nous dépossédés de nos vies et nous mettre à leur merci. Ils peuvent bien s’étouffer avec leur hypocrisie et soit-disant impartialité ! Rien n’est neutre, tout est chargé. Pas dupe, on se regarde en chien de faïence et croire qu’on cherche à leur plaire serait la thèse la plus erronée, comme dirait l’autre.
Ensuite elle rentre dans le vif. Elle raconte n’importe quoi, se contredit en utilisant le témoignage du vigile, seul témoin de leur côté, et le surinterprète aussi. Pas étonnant. c’est qu’il s’agit de faire passer l’idée que le groupe avait une attitude menaçante qui a favorisé la destruction de la maquette. En vrai, elles n’ont rien mais faut quand même trouver quelque chose pour pouvoir condamner. alors la « complicité » et « l’incitation à » quand on a pas de preuve matérielle semble devenir monnaie courante. Au moment de parler des peines, elle argumente qu’il ne faudrait pas donner du ferme mais ironise sur le fait qu’un séjour dans les prisons insalubres de st gilles ou de forest permettrait pourtant de faire constater la nécessité de nouvelles taules. Elle veut mettre 150 heures de travaux d’intérêt généraux dans une institution style la régie des bâtiments histoire de faire comprendre l’utilité du système carcéral, réparer le préjudice et permettre ainsi de réintégrer cette « vénérable société ». Trop sympa, bon sauf que personne à envie de travailler pour eux. C’est l’acquittement qui est plaidé, au pire une suspension du prononcé, même si au final, elles trancheront.
Le verdict pour le volet pénal se fait le 19 février. Et le volet civil (les dédommagements pour la maquette) n’aura lieu que plus tard étant donné que l’avocat de la régie des bâtiments a demandé un report d’audience. Le temps, probablement, de faire apparaître le fameux contrat de construction de la maxi-prison, toujours invisible pour le moment. Ce contrat étant censé prouver que la régie est propriétaire de la maquette détruite.
La séance se clôture et tout ça n’est rien à côté de toutes les vies brisées par cette justice qui condamne à tout va. Tapant sur ceux qu’elle fout déjà dans la merde au quotidien. Tellement déconnecté, ils ne captent pas l’absurdité de leur logique comme quand, pendant un procès, ils reprochent à un sans papiers de travailler au noir, ou à un jeune racisé de dealer pour se faire des thunes. Faut respecter leur règle : « les sans papiers c’est dehors », et l’argent ça se gagne dans le cadre de l’esclavage légal. Humiliant et discriminant les gens coincés dans leur filet, ils aiment à rappeler aux indésirables qu’ils peuvent réduire leur vies au périmètre d’une cellule, ou les enchaîner au travail pour payer les quelconques dédommagements ou peines. Faudrait pas qu’ils s’étonnent ensuite quand les coups de bâton se retournent contre eux.
Que crève leur justice, leurs prisons et le monde qu’elles protègent !
Force et courage à touTEs les révoltéEs, dedans comme dehors, battons nous contre le monde qu’ils essayent de nous imposer.
[Publié sur indymedia bxl, 25/01/2016]
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Appel à solidarité des 4 inculpé.e.s de la destruction de la maquette de la maxi-prison
Dans sa course folle aux profits, le capitalisme jette toujours plus de monde dans la précarité et rend notre environnement toujours plus invivable. Face à la misère semée à tout va et à la colère qui gronde, l’Etat investit dans le maintien de l’ordre et construit de nouvelles prisons.
A l’heure où le peuple est contraint de se serrer la ceinture, le gouvernement trouve des milliards pour nous la serrer encore plus fort en construisant des prisons high-tech où s’expérimentent de nouvelles formes de tortures (privations sensorielles et de contacts humains)
Pour la classe dominante, l’avantage est double : les contrats de construction lui assurent de juteux bénéfices et l’appareil sécuritaire ainsi sur-développé lui permet de maintenir ses privilèges et de faire perdurer ce système oppressif et destructeur.
Le Masterplan du gouvernement fédéral prévoit la construction de 7 nouvelles prisons en Belgique. L’une d’entre-elles, la maxi-prison, cristallise les oppositions depuis quelques années. Le gouvernement prévoit d’édifier ce mastodonte carcéral sur le terrain du Keelbeek, à Haren, situé à la périphérie nord de Bruxelles.
Le projet de maxi-prison en quelques chiffres :
# une capacité de 1200 détenu.e.s (hommes, femmes, mineurs et personnes psychiatrisées)
# 19 hectares de terres agricoles et de nature bétonnées
# un partenariat public-privé de 25 ans qui coûtera à l’Etat plus de 3 milliards d’euros. Soit un coût quotidien de minimum 275 euros par détenu.e. Plus de 275 euros par jour consacrés à briser un être humain !
# un lieu situé loin du coeur de Bruxelles, difficilement accessible pour les familles des détenu.e.s
Depuis l’annonce de la construction de la maxi-prison, les réactions sont nombreuses. A Haren, le comité de quartier informe les habitant.e.s et se mobilise contre le projet. Dans les rues de Bruxelles, la maxi-prison ravive la rage anti-carcérale et des groupes bien inspirés s’efforcent de mettre un terme au projet par une série d’actions directes. A Anderlecht, un local de lutte contre la maxi-prison est ouvert pour s’informer, débattre et s’organiser.
Durant l’été 2014, le terrain du Keelbeek est occupé pour empêcher l’avancement du projet. La ZAD de Haren est née (Zone à Défendre). Entre les cabanes dans les arbres et le potager, les opposant.e.s y expérimentent un autre mode de vie, solidaire et auto-géré. L’occupation du terrain prend fin en septembre 2015 suite à l’expulsion musclée des occupant.e.s menée par la police de Bruxelles. Mais aujourd’hui encore, une poignée d’insoumis.e.s occupent un terrain adjacent au Keelbeek et plusieurs maisons abandonnées de Haren.
Cette agitation populaire grandissante contrarie les plans du gouvernement qui lâche sa meute de chiens de garde pour tenter d’étouffer la contestation. Nombre de compagnon.ne.s de lutte subissent perquisitions, filatures, écoutes, intimidations et tentatives d’infiltrations. Mais face à la détermination et à la solidarité, la répression s’avère impuissante.
Le 20 mai 2015 se déroule l’audience publique de la commission de concertation concernant le projet de maxi-prison à Haren. L’avis de la commission n’étant même pas contraignant, cette farce de consultation populaire ne trompe pas grand monde. Le même jour, une quinzaine de personnes décident donc d’exprimer leur opposition au projet en dehors des chemins balisés par le pouvoir et manifestent à l’intérieur de la Régie des bâtiments. La maquette de la maxi-prison exposée dans le hall d’entrée est détruite durant l’action.
La Régie des bâtiments, cette institution corrompue jusqu’au cou, est chargée de gérer le patrimoine immobilier de l’Etat belge et de coordonner la construction des nouvelles prisons. Sans attendre les permis, la Régie des bâtiments a tenté de démarrer les travaux sur le terrain du Keelbeek à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, les engins de chantier ont été repoussés par les opposant.e.s.
Alors que son projet est menacé de toutes parts, le pouvoir saisit cette occasion pour tenter d’affaiblir la résistance et nous sommes aujourd’hui quatre à nous retrouver sur le banc des inculpé.e.s pour « destruction de bien mobilier en bande ». C’est le premier procès pour une action contre la maxi-prison. Après un report, la première audience est fixée au 22 janvier 2016 au Palais de justice de Bruxelles.
Pour ce genre d’acte, les peines prévues vont de 1 à 5 ans d’incarcération et la Régie des bâtiments réclame 40.000 euros de dommages et intérêts.
Loin de nous paralyser, ce procès est une opportunité de réaffirmer notre position anti-autoritaire contre toutes les formes de pouvoir, qu’ils soient politiques, médiatiques ou judiciaires. Ils font partie du problème, pas de la solution.
Et avec votre complicité, ce procès sera une occasion supplémentaire de jeter quelques pavés dans le marécage carcéral et de glisser quelques sabots dans la machine.
Poursuivons la lutte contre les prisons et le monde qu’elles protègent !
Et pour faire face aux frais de justice, nous faisons aussi appel à votre solidarité financière.
Si vous récoltez quelques pièces en raclant le fond de vos poches ou en passant le chapeau lors de vos rendez-vous militants, merci de les balancer par ici : BE66 5230 4745 8943 (numéro de compte en banque au nom de « soutien procès maquette »)
Brique par brique
Mur par mur
Détruisons toutes les prisons !
Les 4 inculpé.e.s
[Publié sur indymedia bruxelles, 18 janvier 2016]