Communiqué de « Séditions »
Depuis son lancement en mars 2015, le journal « Séditions » était mis à libre disposition de tous à la librairie « L’Autodidacte », lieu de passage, de rencontres et de diffusions des anarchistes à Besançon**. Un petit emplacement avait été obtenu – non sans avoir bataillé – avec plusieurs « responsables » du lieu, le groupe Proudhon de la Fédération Anarchiste. De tous les endroits fixes où l’on peut se procurer le journal, “L’Autodidacte” est le seul qui est tenu par des “anarchistes”. Et pourtant…
Ce samedi 9 janvier 2016, ces « libertaires », trop soucieux de garder leur image inoffensive contre le pouvoir et de saper toute agitation qui sort de leur rang, ont décidé d’expulser le journal et les anarchistes qui y participent. C’est un signe clair de dissociation à tous ceux pour qui la révolte n’attend pas et qui consacrent du temps et de l’énergie à diffuser les idées et pratiques anarchistes offensives contre l’Etat et le capital à Besançon et ailleurs.
Les militants du groupe Proudhon de la FA ont montré à tous que leur urgence était en somme la même que celle de l’Etat, c’est-à-dire de museler toute subversion contre ce monde, en cherchant à pacifier les rapports de domination et d’oppression. C’est une énième dissociation à l’encontre des idées et pratiques anarchistes, dont leur organisation est coutumière depuis longtemps.
Depuis bientôt un an, « Séditions » a pour but de décortiquer les plans macabres du pouvoir et de les mettre à la vue – et à la portée – de tous, de désigner ses structures diverses et variées afin de s’attaquer ici et maintenant à ce qui nous opprime et nous détruit. Cette volonté de diffuser la conflictualité sociale à travers chaque coup porté contre l’Etat et le capital part du principe que nous n’attendons pas le réveil d’une « masse » pour agir, que la révolution n’arrivera pas en claquant des doigts. Par ailleurs, ces brèves d’actions directes réchauffent les cœurs enragés de toutes âmes révoltées au sein d’une société atomisée par la pacification.
Nous continuerons quoi qu’il en soit à agir ici et maintenant contre toute domination ! Nous sommes parfaitement conscients que nous constituons une épine dans le pied de ces politiciens bien trop occupés à fantasmer une société libertaire, sans même jamais évoquer la question des moyens d’y parvenir.
Nous tirons désormais des conséquences positives de ces sinistres événements : nous sommes, plus que jamais, déterminés à poursuivre nos activités acrates, agitatrices, contre ce monde de misère et d’oppression !
A bientôt dans les rues ! Pour la révolution !
Des anarchistes participant au journal.
Notes :
*Détournement d’une affiche de la FA contre l’état d’urgence « Leurs rêves sont nos cauchemars ». En l’occurrence, nos rêves de liberté et d’autonomie ne sont en aucun cas compatibles avec leur démocratisme « autogestionnaire », leurs démarches citoyennes et « non-violentes ».
**Derrière leurs positions de façade selon lesquelles tous les anarchistes de diverses tendances sont les bienvenus dans cette librairie, on peut mentionner quelques faits dégueulasses réalisés par les militants du groupe Proudhon de ces dernières années : recollage d’affiches anarchistes collées par des autonomes, enlèvements et destructions d’affiches, d’autocollants et de brochures anarchistes mises en libre accès à la librairie. « L’Autodidacte » était encore il y a peu de temps l’un des rares lieux sur Besançon où des anarchistes d’autres villes passaient faire un tour, malgré le fait que plus le temps passe, moins il y a de places pour les revues et ouvrages anarchistes : à l’inverse, les revues altermondialistes et écolos-confusionnistes, éducationnistes (la plupart étant écrits par leur ponte national Hugues Lenoir, cf la brochure de Ravage Editions « Pour en finir avec la FA »), la propagande trotskiste et syndicaliste, les événements d’assoc’ humanitaires/religieuses ont toutes leurs places. En dépit d’un double discours, il s’agit donc bel et bien d’une « librairie associative », comme elle se présente. Ce texte a bien pour but de tirer un trait sur ce lieu et ne plus y mettre les pieds, d’inciter camarades et compagnons d’autres villes à faire de même. D’autres espaces naîtront d’ici là…