Ne filmons pas !
Car même si il se passe rien pour l’instant, on espère bien que ça va péter plus tard !
Car on risquerait de balancer un pote !
Car on ne prend pas part à l’action !
Car on accumule des preuves contre nous !
Car si on se fait soulever, on n’aura pas le temps de les effacer et de toute façon les flics retrouvent les vidéos même effacées !
Car si on veut répondre ou empêcher les violences des flics, allons-y,
Car ce n’est pas une reconnaissance éphémère et médiatique qui changera ce monde de merde, au contraire, elle entérine le spectacle.
Ne laissons pas l’ennemi décider de prendre ou d’utiliser nos images. Le hasard n’est jamais en notre faveur.
Laissons nos caméras à la maison.
[Fly trouvé à la manif de Barbès (Paris) le 15 février 2017]
Le moindre geste
Filmer des individus qui participent à des actions de rue est un acte au service du travail des flics et des juges.
Le problème du filmage n’est pas nouveau, mais il est encore illustré par la mise en ligne sur lundi.am d’une suite d’images signées DOC du réel et prises lors du rassemblement à Bobigny le samedi 11 février. Sur ces images, on voyait notamment des personnes (jeunes, très jeunes) donner des coups de pied contre les vitrines des abribus de la station et les casser. Cette vidéo a ensuite été supprimée du site, puis elle a été remplacée par une nouvelle, ce qui atteste sans doute que le problème s’est également posé aux yeux de l’équipe de lundi.am. Sur les plans en question, un visage avait été flouté, d’autres non. Mais, montrer un visage flouté, montrer un visage masqué, cela n’interdit pas d’identifier une silhouette, une forme de corps, un détail vestimentaire puis de les repérer sur d’autres images (la RATP par exemple) où le visage n’est pas flouté, ni masqué… Faut-il le rappeler, on arrête aujourd’hui encore des individus que l’on accuse d’avoir commis des actes au printemps dernier ! Et ce n’est pas fini… Le filmage du moindre geste de révolte sert objectivement le travail des flics et des juges. Celles et ceux qui s’y livrent (au titre d’auto-média, média indépendant, militant, …) refusent-elles et refusent-ils de le comprendre ? Maintenant que l’orage gronde à nouveau, je crois en tout cas qu’il faut les empêcher de nuire. La moindre des choses sera de leur enlever la caméra des mains et je m’y emploierai.
un manifestant présent, entre autres, à Bobigny le 11 février, à Barbès le 15 février et qui compte bien ne pas manquer les prochains rendez-vous…
[Texte publié le 28 février 2017 sur Paris-Luttes Info, puis soudainement dépublié le 1er mars par les mêmes…]
[Repris de Brèves du désordre, 1er mars 2017]