[Texte publié pour la première fois dans la revue anarchiste apériodique Des Ruines, n°2, automne 2015, à l’intérieur du dossier « Old-school ou post-modernes, les gauchistes nous emmerdent ». Il fut édité sous forme de receuil, avec d’autres textes de Cassandre, dans la brochure Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux, De la complaisance envers la religion et les théories de la race dans les milieux radicaux, Ravage Editions, janvier 2016.]
Ce texte a pour but de critiquer la façon dont le concept d’islamophobie est utilisé en tant qu’outil politique dans le « milieu » parisien. Ceci, notamment pour ce qui a été de délimiter le « débat » (ou plutôt, le consensus terne) dans les quelques mois qui ont suivi les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, contre le journal Charlie Hebdo à Paris et l’Hyper Cacher de Vincennes. Tout d’abord, une petite précision : qu’est-ce que j’entends ici par « milieu » ? Pour faire court, ce que les journalistes, universitaires, flics et juges appellent l’« ultragauche ». Un « milieu » qui se définit comme anti-autoritaire, antifasciste, autonome, libertaire, féministe, squatteur, etc. J’aimerais dire « révolutionnaire », mais ce n’est pas du tout le cas. Il manque des pratiques et des projectualités révolutionnaires, et surtout un certain sens de la rupture avec l’existant, certains en arrivant même à nier la nécessité de la révolution. Depuis des années on assiste au développement au sein de ce milieu de deux tendances principales, apparemment opposées, mais en réalité complémentaires. D’un côté il y a un repli identitaire ghettoïsant (« à la ZAD », ou tendant à s’enfermer dans son squat ou sa « bande »). De l’autre, on voit une course folle à la drague de n’importe quel nouveau « sujet révolutionnaire », identifié comme faisant partie des opprimés (réels ou supposés). C’est cette dernière attitude, fortement démagogique et qui n’est pas sans ressemblances avec le maoïsme des années ’60 et ’70, que je veux mettre en discussion ici, ainsi que l’un de ses outils actuels : la façon dont le concept d’islamophobie est utilisé pour empêcher toute critique envers une religion, l’islam.
Dans les années ’70, des étudiants maoïstes étaient envoyés par les dirigeants de leurs groupuscules pour s’« établir », c’est-à-dire travailler dans les usines comme main d’œuvre non qualifiée. Le double mobile de ce mouvement était celui de leur faire dépasser leurs « préjugés de petits-bourgeois », ainsi que de propager le communisme parmi les masses (on notera au passage que cette démarche révèle en filigrane le peu de participation ouvrière aux sectes maoïstes, du moins au début). Des concepts appartenant au domaine du religieux, comme « sacrifice » et « mission », ont été pertinemment employés pour décrire le mouvement des « établis ». Aujourd’hui, des « militants » parlent de « frères et sœurs », prennent position en faveur de l’islam et se définissent comme « nous, antifascistes et/ou musulmans, croyantEs ou non ». Y aurait-il une continuité entre la foi dans le matérialisme historique et son Grand Timonier et celle dans la Soumission et son prophète ?
Les deux approches se ressemblent du moins dans la recherche d’une légitimité issue des « masses » et l’attitude plus ou moins avouée de « servir (un quelconque) peuple ». Une légitimité présumée qui ne saurait couvrir l’incapacité à élaborer un projet révolutionnaire théorique et pratique conséquent. Cela tout en sachant que les maoïstes avaient quand-même une analyse de classe de la société (avec les grands limites inhérentes au marxisme) et des buts révolutionnaires. Les néo-maoïstes, eux, ont repris le classisme à leur propre sauce, c’est à dire que les « classes » sont ici définies par des critères culturels, identitaires, à la limite racialistes, plutôt qu’économiques. Et leur démarche va clairement dans le sens réformiste d’une demande à l’État pour obtenir plus de droits et plus de « respect » pour les malheureux dont ils se veulent les chevalier servants.
On a vu une flopée de textes s’aligner sur une stigmatisation de l’anticléricalisme et de la critique des religions, qui, lorsqu’ils s’attaquent à l’islam, deviendraient « islamophobie ». Tout le monde ne s’est pas rallié à cette médiocrité intellectuelle, bien sûr [1]. Mais les exceptions restent encore trop rares.
Pourquoi cette attitude de respect d’une religion bien précise ? Pour éviter de tomber dans une forme de racisme, nous dit-on… Non, je pense qu’il s’agit plutôt d’une forme de démagogie qui refuse de critiquer quoi que ce soit venant de la catégorie de personnes censée être l’énième « sujet révolutionnaire », cette fois-ci, de fantasmés (parce que réduits à de banals stéréotypes) « habitants des quartier populaires ».
Au contraire, à mon avis, il y a en cette période la nécessité d’une forte lucidité. Le fait de ne pas accepter ni cautionner un quelconque racisme caché derrière des excuses culturalistes ne doit pas empêcher des révolutionnaires de critiquer une religion, qui, comme toutes les autres, a des racines et des formes réactionnaires. Tout en nous posant comme ennemis de l’État et des racistes, nous devons refuser tout discours identitaire, voir racialisant, et toute complaisance avec une autre source majeure d’oppression : la religion. Parce que l’ennemi de mon ennemi (ou seulement sa victime) n’est pas forcément mon ami.
Mao ou Mahomet ? Mao et Mahomet !
Après les tueries qui ont eu lieu à la rédaction de Charlie Hebdo et dans l’Hyper Cacher, le « milieu » s’est limité à deux discours, relativement justes mais trop faciles. Il y a eu la condamnation de l’utilisation étatique des massacres, avec la pérennisation du plan Vigipirate au niveau « alerte attentat », les militaires dans les rues, des nouvelles lois antiterroristes, etc. Il y a eu aussi la dénonciation de la flambée de racisme envers les personnes identifiées comme « arabes » et de la vague de haine contre les musulmans, qui a trouvé dans ces massacres un énième prétexte.
C’est nécessaire, mais ça ne suffit pas. Il est aussi nécessaire d’affronter le problème du rôle de la religion en général, et de l’islam en particulier, au sein de certaines couches de la population. Quelle est la portée de la « conversion » d’individus des jeunes générations (qui adoptent le plus souvent de façon « artificielle » ou bien « poussées à l’extrême » des traditions qui appartenaient à leurs parents ou grand-parents, parfois même pas du tout) ? En quel sens ce « revival » de l’islam auquel on assiste depuis une dizaine d’années sert comme outil pour pacifier certains secteurs de la population ? Quelle est la place, au sein de l’islam des idéologies les plus réactionnaires, jusqu’aux plus crasseuses, comme le salafisme ? En quel sens l’islamisme radical et l’antisémitisme sont-ils liés ?
Ne pas se poser ces questions, sous couvert de respect des croyances et des traditions des « pauvres petites victimes du racisme », ce n’est que du populisme paternaliste. Et aussi, un simplisme que l’on pourrait payer cher.
Il est peut-être « minuit moins le quart dans le siècle » et peut-être que « [n]ous sommes à un point de bascule historique sur l’islamophobie et le déchaînement du racisme en France et plus largement en Europe » [2]. On ne sait pas, on espère que non. Mais seule une lutte forte et claire contre toute autorité pourra repousser tout racisme, du présent et du futur.
Ce qui est sûr, par contre, c’est que la confusion de l’« ultragauche » parisienne a atteint un niveau inouï. Cette attitude démagogique de ne pas vouloir effrayer « les gens », notamment les « habitants des quartiers populaires », ceux-la mêmes auxquels ils s’adressent soi-disant par ailleurs, est lâche et myope. « Nous savons que les journalistes de Charlie Hebdo n’ont pas été tués par n’importe quelle forme de terrorisme. Ils ont été tués par des gens qui répondaient à la volonté des pouvoirs économiques et politiques français d’entrer dans une logique de conflit de civilisation. ». En effet, ils n’ont pas été tués par n’importe quelle forme de terrorisme. Ils ont été tué par des assassins qui se revendiquaient d’une religion, l’islam dans ce cas précis, mais ça aurait pu être n’importe quelle autre. On veut le dire ou pas ? Quelle est cette réticence ?
De façon symétrique à la politique officielle, qui a utilisé le « Je suis Charlie » comme arme pour imposer une Union Nationale dont on n’a pas fini de voir les conséquences, une très large partie du « milieu » a répondu en mettant l’accent presque uniquement sur l’« islamophobie » de Charlie Hebdo. Ceci déplace le problème, qui est celui de l’accomplissement de ces deux tueries, de leurs causes, des responsabilités, et, surtout, de comment répondre, concrètement et de façon crédible, avec une position du type « ni avec l’État, ni avec les assassins religieux, mais pour la révolution ».
Comme première réaction dans le « milieu », après le massacre, il y a eu le chœur des chacals du « Charlie Hebdo étaient des racistes ». C’est lâche. Ça revient un peu à dire qu’ils l’ont bien cherché. Vous le connaissez l’éternel refrain « oui, mais elle, aussi, elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça, elle n’avait qu’à pas sortir seule la nuit, de toute façon elle n’est qu’une… ». Précisément, lâche. Et c’est aussi facile de le dire : il s’agit d’un lynchage virtuel à peu de frais, un clavier suffit. Le reproche des culs-benits à la barbe longue : « Il ne faut pas blasphémer le prophète (sinon…) » dit la vérité avec beaucoup plus de franchise. En effet, que cela plaise ou non à ceux qui, à la gauche de la gauche, crient à l’ « islamophobie » pour draguer les « croyants » (sans blague, c’est le type de terme qu’on trouve sur certains blogs !), la rédaction de Charlie Hebdo a été décimée non pas à cause de son prétendu racisme, mais parce qu’ils ont osé caricaturer Mahomet. C’est exactement pour la même raison qu’ils avaient déjà reçu des menaces de mort, presque sûrement aussi la raison de l’incendie de l’ancien siège du journal en 2011. On veut l’admettre oui ou non ? Ils sont morts parce qu’ils étaient des blasphémateurs. D’ailleurs, si le racisme a quelque chose à voir dans les attentats des 7 et 9 janvier, c’est plutôt dans le « choix » des victimes du massacre de l’Hyper Cacher. Encore une fois, on veut appeler un chat un chat ou bien se cacher derrière de l’idéologie ?
Même si par ailleurs je n’ai aucune sympathie pour des journalistes, courroie de transmission de l’État et du capital, je maintiens que tout révolutionnaire devrait être aussi un blasphémateur. Quelle attitude tenir, donc, avec les fous de dieu ?
Admettre cela, critiquer l’islam, risquerait de provoquer un sacré couac avec une certaine démagogie à deux balles qui essaye de gratter un petit peu de visibilité et de consensus. Il y en a donc qui essaient de ne pas gêner les « frères et sœurs des quartiers populaires » (qu’on met tous d’emblée dans la même catégorie de « musulmans », quelle finesse analytique !). Cela en parlant d’autres sujets, en évitant de leur dire des choses désagréables du genre « la religion est une forme de domination » ou « on ne peux pas se libérer en devenant des oppresseurs à notre tour », ou bien en essayant de cacher les relents antisémites qui se reproduisent parmi certaines franges des « croyants ». Et on se retrouve avec des crypto-maos et des antifas qui répètent le mot « islamophobie » comme un mantra, empêchant tout discours critique et passant sur la mort de quatre personnes dans un supermarché cacher, de quelques athées revendiqués (tout petit-bourgeois qu’ils étaient), de prolos qui étaient là par hasard… le tout au nom d’Allah le miséricordieux.
Et si on essayait d’être un peu moins grossiers, un peu moins de mauvaise foi, d’arrêter de crier « raciste » et « islamophobe » à tout va ?
Et, au passage, pourquoi ne pas se poser la question : qu’est-ce qu’une démarche révolutionnaire ? Quel doit être le rôle d’une critique de la religion au sein d’un discours révolutionnaire ? Faut-il encore creuser le rôle de fondement du pouvoir qui est propre à toute religion ?
Mais Charlie Hebdo est un journal raciste, oui ou non ? Oui, me répondra-t-on : ils ont une fixation contre l’islam, ils sont islamophobes. Voilà le nœud du problème. Mais « islamophobie » n’est pas « racisme ».
Le concept d’« islamophobie » est flou et au fond bien creux, car y sont mélangés la critique d’une religion avec le racisme à l’encontre des individus qui la pratiquent. Il y a une différence entre les deux. Pour commencer, « musulman » n’est en rien une « race », mais le choix individuel d’une foi. Il faudrait aussi sortir des préjugés, surtout lorsque l’on prétend les combattre, et se débarrasser de la confusion faite (à la fois par les racistes et les anti-islamophobes) entre la religion islamique et les populations « arabes ». Aussi, il faut garder en tête que seulement 20 à 25% des musulmans à travers le monde sont arabes. Se souvenir aussi que les « arabes » ne sont pas une ethnie ou une « race », pas plus que les musulmans (et pas seulement parce que les « races » n’existent pas !), mais un ensemble d’individus s’identifiant sur des critères linguistiques et culturels.
Le racisme, en deux mots, c’est rabaisser quelqu’un pour son apparence, des caractéristiques qu’il n’a pas choisies. Une chose différente est de critiquer ou d’attaquer quelqu’un pour ses choix.
Je suis né avec certaines caractéristiques physiques (un certain teint de peau, de cheveux, d’yeux…), des choses que je n’ai pas choisies et que je ne peux pas changer. Je n’en suis en rien responsable. Et le racisme réside dans le fait de donner de la valeur à des groupes humains définis à partir de quelques-unes de ces caractéristiques physiques en dévalorisant d’autres groupes. Mais, contrairement à ce qui concerne mon apparence physique, je peux avoir une prise sur « ma » culture, « mes » traditions, parce qu’elles vivent aussi à travers moi, selon ce que j’en fais ou pas. Certes, chacun de nous naît et se développe au sein d’une culture (plus précisément au carrefour de plusieurs éléments venant de différentes cultures, qui d’ailleurs se mêlent constamment entre elles). Mais chacun de nous peut toujours refuser, dans son ensemble ou en partie et plus ou moins facilement, ce qui lui a été enseigné ou imposé au cours de sa vie. On a une marge de choix, plus ou moins large, notamment suivant l’énergie qu’on met dans ce choix. Je ne suis en rien responsable de la couleur de ma peau. Je suis en partie responsable de mon « appartenance culturelle » (dont « ma » religion). Le poids des influences du « groupe de référence », la famille, la « communauté », la société dans son ensemble, peut être très fort, mais il ne le sera jamais assez pour m’empêcher d’essayer, au moins, de m’en libérer, si je le désire. Ce qui me rend responsable de mes choix de vie, comme de mon appartenance religieuse.
Il ne faut pas non plus oublier que cet amalgame entre appartenance « raciale » et appartenance religieuse est extrêmement dangereux : c’est une arme de choix tant pour les racistes que pour les identitaires musulmans. Ceux-là mêmes qui utilisent le racisme subi par pas mal de personnes « issues de l’immigration » comme justification du repli communautaire (dont la religion est le principal pilier), un levier pour leur soif de pouvoir. On remarquera que le concept d’islamophobie est très vague, mais que s’il y a quelque chose de bien clair, il s’agit de son interclassisme (au contraire, plusieurs critiques du racisme prennent justement en compte la conjugaison entre les problématiques « raciales » et de classe, le fait que les premières recouvrent souvent des mobiles sociaux et politiques).
Nous pourrions également questionner le besoin existentiel pour nombre de « racisé-es », comme on dit maintenant, de rendre si spécifique et particulière leur oppression. Au terme « antisémitisme », se sont additionnés ces dernières années les termes « islamophobie », « négrophobie », « racisme anti-blanc », et autres.
Le terme racisme est il devenu trop gênant ? Certainement, en ce qu’il tend à nous éviter les fausses questions posées par les adeptes des particularismes identitaires dont le but n’est que de séparer les gens dans des identités et des communautés hermétiques. Sous prétexte d’antiracisme, donc, on se retrouve avec de l’ethno-différencialisme, un glissement extrêmement dangereux qui s’accommode très bien du retour en force et de la « réappropriation » du concept de « race » par nos « porte-paroles » des opprimés (qui la plupart du temps sont extérieurs à leurs « opprimés » chéris).
Il y a encore quelques années, nous pensions que la racialisation permanente des opprimés n’était que le fait des courants extrémistes de droite les plus brutaux (nazisme, suprématisme blanc à l’américaine, nationalisme Afrikaner et autres partisans de la ségrégation, etc.), mais il faut croire que nous vivons une époque formidable… Aujourd’hui, nos déconstruits reprennent le flambeau de la théorie des races à leur compte. Le langage est cruel, mais si nous sommes d’accord que le racisme doit être combattu dans son ensemble, alors cessons de le fractionner, de mettre en concurrence les mémoires et les souffrances, et débarrassons nous de toute cette morbidité, qui par exemple, voit l’homophobie et la transphobie revenir par la fenêtre sous prétexte de lutte contre l’islamophobie dans des groupes et partis dangereux comme les Indigènes de la République et leurs amis ; dont l’activité semble entièrement portée vers l’extension de la guerre civile. Cette même guerre civile dont rêvent, pile en face d’eux, les partisans du « choc des civilisations ». Les deux faces d’une même pièce.
Prenons par exemple la prose du PIR. Dans son article Racisme(s) et philosémitisme d’État ou comment politiser l’antiracisme en France ? la patronne des indigènes, Houria Bouteldja, décrit ainsi, selon elle, « la mission cardinale donnée aux Juifs par l’État-Nation » : « devenir la bonne conscience blanche et faire de la Shoah une nouvelle « religion civile » en la dépouillant de toute historicité [4]. La commémoration de la Shoah devient en quelque sorte, un solde de tout compte. L’État paie sa dette aux Juifs et se rachète une probité morale. Mais ce faisant, il crée une discrimination mémorielle, puisque tout en instrumentalisant la mémoire du génocide des Juifs, il occulte la mémoire de la traite négrière, ce qui fâche les communautés afro-antillaises, il occulte la mémoire coloniale, ce qui fâche les communautés arabo-musulmanes et africaines, il occulte la mémoire du génocide des Tziganes, ce qui fâche les communautés rroms et qui crée du ressentiment envers les Juifs vus, à juste titre, comme les enfants chéris de la République. C’est ici la première source de l’hostilité de la part des sujets post-coloniaux envers les Juifs ». Est-il besoin de commenter encore ce genre d’immondices racistes ?
Il y a évidemment des racistes qui essaient de se cacher derrière une plus respectable critique de l’islam, qui soi-disant serait en conflit avec les « valeurs de la république » (lire des valeurs nationales françaises, chrétiennes, bourgeoises, etc…). Les démasquer et les combattre ne doit pas pourtant nous obliger à défendre l’islam. Une critique émancipatrice qui vise toute religion en tant qu’outil de pouvoir (et en cela tout à fait cohérent avec la plus fondamentale des « valeurs de la république » : l’acceptation contractuelle de la domination contre quelques droits) doit nécessairement s’appliquer aussi à l’islam.
En effet, si toute stigmatisation raciste est à combattre absolument, la critique de la religion est absolument indispensable, y compris quand il s’agit de l’islam, qu’on voudrait nous vendre comme une espèce de religion propre aux minorités pauvres et oppressées [5]. Mais cela n’est vrai qu’en partie : tout d’abord, parmi les musulmans il y a aussi des riches, des exploiteurs (et on se limite ici à parler de la France, mais il ne faut pas oublier qu’il y a de nombreux pays où l’islam est la religion dominante et souvent la religion d’État). Et même si l’analyse si grossière des « ennemis de l’islamophobie » était vraie, est-ce qu’on aurait le droit de critiquer seulement les religions qui sont majoritaires ? Seulement celles « des riches » ? Des « blancs » [6] ? Et pourquoi ? Devrait-on peut-être défendre le « droit » des pauvres à croire en des conneries réactionnaires ? Et l’évangélisme, lui aussi exercé tant par des pauvres que par des riches, mais qui est en progression vertigineuse dans les régions les plus pauvres du monde (et de France…), doit on s’éviter de le critiquer ? Et le capitalisme, que de très nombreux pauvres défendent, doit il aussi être protégé par nos pieux « révolutionnaires » ?
Le concept d’islamophobie, lorsque poussé à sa conséquence logique, présuppose une sorte de sacralité des croyances religieuses, qui seraient à l’abri de toute critique. Ce qui amène à garantir la sacralité des dogmes et des hiérarchies issues de ces croyances. Non seulement on ne critique pas l’interclassisme propre au concept d’islamophobie, mais on en arrive à l’accepter comme élément positif [7]. Voilà donc que le concept d’islamophobie peut, dans son « aile droite », cacher ou justifier tout ce qu’il y a de réactionnaire et hiérarchique dans une religion, tandis que sur son aile gauche, il prétendrait élargir une certaine « tolérance au rabais » aux tonalités libérales, non conflictuelle sur un plan social, qui serait facilement récupérable par l’État.
Contre quel « fascisme » ?
Profitant de la vague d’émotion provoquée par les tueries des 7 et 9 janvier, les racistes de Riposte Laïque ont appelé à un rassemblement « pour l’expulsion de tous les islamistes de France » le dimanche 18 janvier à Paris. Les antifas de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFA), avec d’autres orgas (AL, CGA), partis politiques (NPA, Voie Prolétarienne, Parti des Indigènes de la République) et syndicats (Sud), ont appelé à un contre-rassemblement à la Fontaine des Innocents.
L’AFA ce sont des antifascistes qui contre les fafs et l’État, et qui pratiquent l’« action directe » : c’est-à-dire qu’ils affichent fièrement sur internet leurs graffitis « ACAB » ou « Contre les violences d’État ». Ils nous disent reconnaître aussi la nécessité de « résister face au capitalisme, au pouvoir, aux marchés et à leurs compagnons de route » [8].
Bon, déjà, ça ne semble pas poser de problème à l’AFA (et ses « cousins » du Collectif Antifasciste Paris-Banlieue, CAPAB) de signer un appel à un rassemblement avec le Parti des Indigènes de la République, dont il est inutile de rappeler la démarche racialiste, l’antisémitisme (voir plus haut), le soutien de partis islamistes et racistes comme le Hamas ou le Hezbollah, ou les positions vis-à-vis des homosexuels [9] et trans ou de ceux qu’ils appellent « blancs » [10].
Une des affiches appelant au rassemblement représente l’image, entre autres, d’une femme voilée, soumise donc à un dieu (sinon à des choses bien plus terrestres et réelles). Et le texte d’appel dit : « nous, antifascistes et/ou musulmans, croyantEs ou non, souhaitons nous rassembler pour refuser l’Islamophobie ». On comprend du coup que pour eux il y a une pleine compatibilité entre le fait d’être antifasciste et l’appartenance à une religion (ici, l’islam). En effet ça peut être le cas (après tout, on peut bien être antifasciste et premier ministre !), mais si on veut aussi « résister au pouvoir », comment ne pas se poser la question des liens entre celui-ci et les religions ?
Mais enfin, qu’est-ce que ça donne ce rassemblement ? Selon le sobre compte-rendu de l’AFA, ça a été une journée avec une bonne participation, communicative, « pour marquer notre présence et affirmer notre volonté de lutter contre l’islamophobie ». Mais si on regarde une petite vidéo de ce rassemblement, on se dit qu’ils ont oublié quelque chose. Est-ce qu’on lutte contre le racisme et l’islamophobie en brandissant fièrement des drapeaux nationaux ? En brandissant des pancartes avec la chahada [11] ? En criant en cœur « Allahu akbar » et « Touche pas à mon prophète » ? En cautionnant toute cette merde ? C’est ça leur antifascisme ? Nationalisme et religion (mais des « colonisés »… tu parles !).
Au début de la même vidéo on voit aussi le service d’ordre de la manif’ (apparemment des « antifas ») déchirer avec arrogance les affiches collées par « deux vieux anars » sous couvert que « ce n’est pas le message du rassemblement » et qu’« elles sont ambiguës », pour finir avec « on vous le dit gentiment une, deux fois, pas trois » [12] (contre les flics des graffitis, contre les libertaires des menaces…). Donc, si tu critiques l’islam, même si de toute évidence ils ne peuvent pas t’accuser de racisme (les affiches en question portaient une critique anticléricale anarchiste assez « classique »), tu te fais jarter des rassemblements des antifas…
Mais nos braves antifas ne reculent devant rien. Quelques semaines plus tard, pour ne pas êtres moins anti-islamophobes que l’AFA, c’est le tour du CAPAB (des antifas « par tous les moyens nécessaires », rien que ça !) de signer l’appel au « Meeting contre l’islamophobie et la guerre sécuritaire » qui s’est tenu le 6 mars à la Bourse du Travail de Saint-Denis. Bien sûr les partis ne manquent pas (Ensemble, EELV, PCF). Les Indigènes de la République sont de la partie, ça va sans dire, tout comme les partisan(e)s du droit des femmes à porter le voile [13] dans les lieux publics. Mais cette fois-ci quelques voix se lèvent parce que parmi les signataires il y a aussi l’Union des Organisations Islamiques de France, l’UOIF, très proche des Frères Musulmans (ils avaient déjà appelé à la Journée internationale conte l’islamophobie du 13 décembre, toujours aux côtés du CAPAB) et Participations et Spiritualités Musulmanes (PSM). Or, ces braves gens sont des réactionnaires pure souche et ne le cachent pas trop. L’UOIF a pris position contre le droit au mariage pour les homosexuels et contre l’avortement, ils accueillent Dieudonné, Soral, Frigide Barjot et Ludovine de la Rochère (présidente de la Manif pour Tous) à leurs congrès [14]. Ils ont des liens avec le Comité de Bienfaisance et de secours aux Palestinien (CBSP), qui envoie une partie de l’argent récolté pour la bienfaisance… au Hamas ! Et en 2009 leur théologien préféré (et vedette de leurs congrès), Youssef al-Qardaoui, disait sans sourciller que « tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux [Juifs] des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. Avec tout ce qu’il leur a fait — et bien qu’ils [les Juifs] aient exagéré les faits —, il a réussi à les remettre à leur place. C’était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des croyants »…
Même EELV ont eu la décence de retirer leur participation au meeting de Saint-Denis… Et chez nos antifas, ça donne quoi ? Ce compte-rendu : « Le meeting d’hier soir à la Bourse du travail de St-Denis a été un succès avec sans doute au moins 600 participantEs ! » [15]. Qu’importent les pires réactionnaires, amis des fascistes ? On ne crache pas sur la visibilité devant 600 personnes ! On ne crache pas dans la soupe (politique) que l’on mange !
Et malheureusement cette drague éhontée aux pires relents réactionnaires de la part des antifas, de crypto-maoistes en manque de « masses » et d’universitaires racialistes continue. Certes, plus dans les universités et les Bourses du Travail que dans la rue, mais cela n’enlève rien à la myopie d’une telle politique qui ne fait que le jeu de ceux qui portent une vision du « choc des civilisations ».
C’est grâce au site fourre-tout Paris-luttes.info qu’on peut savoir ce qu’on a perdu en évitant de se pointer à Saint-Denis, le 6 mars dernier : « Le simple fait que cette réunion ait eu lieu est une bonne chose » [16]. S’ils le disent… Mais ils reconnaissent pourtant que, « évidemment il y aura des tentatives de manipulation. De la part des partis politiques, manipulations très courantes dans les luttes sociales. Mais aussi des tentatives de récupérations religieuses. » A la bonne heure ! Au final, cette récupération est tellement grossière que même eux ne peuvent plus la nier. C’est le cas quand Ismahane Chouder, membre de Participation et Spiritualité Musulmane feint de s’étonner que l’on veuille « lutter contre l’islamophobie sans les musulmans, ou alors seulement avec ceux qu’on juge bons, et dont il faudrait jauger au préalable l’irréprochabilité ». Un peu comme dire : au nom de la lutte contre l’islamophobie il faut accepter tous les musulmans, y compris les fanatiques comme… le PSM ! C’est un peu ce qu’écrivaient déjà en 2012 Nicolas Pasadena et les autres signataires de l’appel « Libertaires et sans-concessions contre l’islamophobie ! [17] », en cautionnant communautarisme et conservatisme à la sauce religieuse. Tout en définissant le combat antireligieux (qui, même s’ils l’oublient, est une partie importante des idées libertaires et anarchistes) comme « primordial » et « primaire », ils finissent leur texte comme-ça : « nous affirmons en tant que libertaires notre solidarité avec celles et ceux qui luttent et s’auto-organisent contre cette oppression [l’islamophobie] ». Tous, sans distinctions ? Même PSM ? Ou Samy Debah et ses copains du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dont le porte parole Marwan Muhammad disait en novembre 2012 au Monde [18] qu’« à droite, l’islamophobie est alimentée par un discours sur l’identité ou la sécurité ; à gauche, par la défense de l’égalité hommes-femmes et la laïcité ».
En effet, on est pas mal à rester convaincus de la nécessité de l’égalité, encore loin d’être acquise, entre hommes et femmes (et tous les autres genres ou non-genres), même si pour certains il s’agit d’une forme d’universalisme occidental qui opprimerait les « minorités religieuses ». Et quant aux dieux, on les emmerde !
Quartiers populaires ?
Mais la mode crypto-maoïste qui consiste à fantasmer sur les « croyants » des « quartiers populaires » ne touche pas seulement les antifas. Toujours sur Paris-luttes.info, par exemple, on a pu lire cette perle : « Coulibaly n’est pas un monstre, c’est le résultat d’une société dégueulasse et sans espoir. C’est un prolétaire perdu, qui n’a trouvé son refuge que dans une idéologie réactionnaire. » [19] On nous dit que déjà avant sa « radicalisation » religieuse, l’« islamiste » (on remarquera que c’est l’auteur qui met les guillemets !) Coulibaly détestait les flics. Cela parce que quand il était tout jeune un ami est mort dans ses bras, assassiné par les bleus lors d’un cambriolage qui s’est mal terminé. En gros, qu’il n’était pas responsable, parce que tout est la faute de la misère, des malheureuses circonstances de sa vie. Mais si les circonstances sont responsables de tout, alors cela veut dire que personne n’est responsable de rien. Ce déterminisme sociologique de comptoir ne saurait pas effacer la responsabilité individuelle. Que dire, sinon, des autres exploités qui prennent le chemin opposé et deviennent flics ou matons ? Eux non plus ne sont pas responsables, ils sont juste le produit des circonstances ? Et ils sont où les responsables, alors ? Les bourges non plus n’ont pas choisi de naître ainsi, si on veut aller au bout de cette pensée sociologiste et crypto-bourdieusienne. C’est la faute au « système capitaliste » et pas aux individus ? Et alors on attend sagement que le processus historique (ou le bon dieu) nous emmène enfin vers le paradis sans avoir à bouger le petit doigt…
Les circonstances extérieures, sociales, ont sûrement une influence sur nos choix, mais celles-ci restent, et pour toujours, nos choix. Chacun en porte la responsabilité toute entière, ou presque. Nous sommes beaucoup à détester les flics. Et là un exemple bien précis me vient à l’esprit. Il s’agit d’un autre jeune qui a vu un ami mourir dans ses bras, assassiné par un flic. Tout comme Coulibaly. Mais ce jeune-là n’a pas embrassé une quelconque connerie religieuse, il n’est pas devenu un massacreur fanatique qui tire dans le tas. Il s’en est pris aux vrais responsables de ce meurtre-là et de trop d’autres, il s’est battu et se bat contre l’État. Il s’appelle Nikos Romanos, il est anarchiste, il est révolutionnaire. Pas un anti-raciste déconstruit qui flâne dans sa fac’ ou un antifa bon à faire des graffitis. Romanos s’est mis en jeu, pour de vrai et pour un idéal de liberté. Il a essayé et essaye encore de répondre à la mort de son ami Alexis (assassiné par un flic à Athènes le soir du 8 décembre 2008) et de trop d’autres, en combattant l’État et ses sbires. Lui, il est « des nôtres », parce que pour nous, anarchistes, révolutionnaires, les « nôtres » ne sont pas les opprimés quoi qu’ils fassent. Mais bien tous ceux qui essaient de lutter contre l’oppression – pour eux-mêmes et pour les autres.
Les « nôtres » ? En effet, sur le blog Quartiers Libres (« libres » de l’État, mais sous l’emprise d’autres formes d’autorité) on peut lire : « Comme si les frères Kouachi n’étaient pas des nôtres. Ils sont, comme nous, des produits des ghettos et du mépris républicains » [19]. Pourquoi les auteurs font ce parallèle entre eux-mêmes, de non mieux définis « habitants des quartiers populaires » et les frères Kouachi ? Parce que ces derniers étaient des galériens d’origine maghrébine ? Ou des musulmans ? Et alors ? Il étaient aussi des fous de dieu. Il étaient aussi des connards d’assassins tirant indistinctement sur tout ce qui leur est passé sous le nez. C’est quoi, encore, ce déterminisme apologétique ? Tous les galériens et tous les maghrébins ne sont pas des Kouachi, fort heureusement ! Et s’ils ne le sont pas, ce n’est pas parce que leur vie a forcement été plus facile, la misère et les humiliations racistes moins dures, mais parce qu’ils ne veulent pas l’être. Ils le choisissent ! Exactement comme les Kouachi et Coulibaly ont choisi d’être des assassins, ce qu’aucune explication sociologique n’excusera.
À travers toute une rhétorique sur « les nôtres », les « frères et sœurs des quartiers populaires », les « croyants » [20], le blog Quartier Libres entretient un communautarisme identitaire assez ambigu, avec des bases bien plus culturalistes que de classe. L’impression qu’on en tire est que pour ses rédacteurs la lutte contre le racisme passe par l’exaltation identitaire de tout ce qui viendrait de ces « quartiers populaires ». C’est le cas par exemple avec la fierté identitaire. Dans la page « graphik guerilla » du blog, m’a surpris la section « La rue est arabe ». Non, la rue n’est pas arabe. À Barbes comme partout ailleurs, elle est habitée par une multitude d’individus tous différents. Parfois il y en a qui correspondent à l’image que les médias et les préjugés racistes ou nationalistes identifient comme « arabes ». Mais c’est tout. Et c’est déjà trop. Parce que, qu’est-ce qui rassemble un Kabyle et un Palestinien, une femme née en région parisienne et une née au Maroc, sinon justement des préjugés (parfois acceptés par les intéressés eux-mêmes, d’ailleurs – ou par leurs autoproclamés porte-paroles) ? Ça serait le fait relatif, à vérifier cas par cas, d’appartenir à la catégorie des « musulmans » ? Ah bon ? Un peu flou, non ? Et n’oublions pas que ces types de catégories sont souvent utilisées par le pouvoir pour nous maintenir soumis. C’est l’État ou l’un de ses concurrents (une religion par exemple) qui les utilise pour exploiter ou marginaliser certains secteurs de la société, pour les garder séparés entre eux. Pourquoi cette femme née en région parisienne devrait se sentir plus proche de cette autre née au Maroc, que de n’importe laquelle de ses voisines, même née en Bulgarie ? Parce que les deux premières subissent le même racisme ou bien la même oppression sexiste sous couvert de « leur » religion et de « leurs » traditions ? Ne serait-ce pas mieux que les personnes se solidarisent sur la base de leurs tentatives de se libérer de toutes les oppressions, des préjugés racistes, nationalistes, communautaires ?
Les rédacteurs de Quartiers Libres devraient aussi arrêter de minimiser, voire justifier, les relents racistes parfois présents dans cette « partie non négligeable des classes populaires [qui] se reconnaît et s’identifie à la résistance du peuple Palestinien », comme par exemple avec la description édulcorée qu’ils font des émeutes racistes qui ont eu lieu à Sarcelles le dimanche 20 juillet 2014 : « Les provocations de la LDJ, la présence policière massive et l’interdiction donneront lieu à des affrontements et des violences, taxées elles aussi d’antisémites » [21]. Taxées ? Pourquoi, vous appelez comment l’incendie d’une épicerie casher et le saccage d’autres commerces identifiés comme juifs dans un quartier pauvre ?
Est-ce que souffler sur le feu du communautarisme et de la fermeture identitaire est le but de ce « collectif d’individus » qui a pour ambition de « diffuser des idées et des analyses qui manquent » [22] ? Ce qui les amènent, eux qui justement dénoncent le discours culturaliste qui a été collé sur les habitants des « quartiers populaires » pour effacer les problématiques d’exploitation, à adopter un discours culturaliste contraire, exaltant ces mêmes stéréotypes que l’État abhorre. Tout cela pour finir avec le fin constat que ce qu’il faut à la « gauche » pour s’ancrer dans les « quartiers » ce ne sont pas les « discours révolutionnaires ou machin… de classe », mais… des écrivains publics !
Dans cette guerre sainte en défense de l’islam, même les bouffons universitaires d’AQNI-La Sulfateuse, pour une fois autoproclamés analystes, se mettent à pondre des injonctions au respect des religions. « La critique de la religion est une critique aussi idéaliste que le discours religieux lui-même. Il serait bon que les ’’camarades’’ anarchistes en finissent un peu avec la métaphysique et la bigoterie anticléricale ». Et là, les bouffons relativistes du milieu ne sont plus drôles du tout.
Parce que la critique de la religion est toujours nécessaire, aussi pour combattre le confusionnisme « déconstruit » et misérabiliste qui est le leur. Plus loin ils continuent en disant que : « […] notre pays a […] une histoire coloniale et pétainiste, et une tradition antisémite et raciste ; toute analyse du « sionisme » et de « l’islamisme » en France doit partir de l’analyse de ce contexte historique particulier. […] De même, toute critique de la religion juive, ou de la religion musulmane, en France, lorsqu’elle n’émane pas des concernés eux-mêmes, c’est-à-dire des croyants ou des personnes socialement apparentés à cette croyance et à la culture à laquelle elle est associée, doit aussi prendre en compte cette dimension. » [23] Non, bien qu’il soit indispensable de tenir compte des facteurs historiques et sociaux, ce n’est pas un « certificat d’origine », une traçabilité génétique ou un arbre généalogique qui pourra me donner ou pas la légitimité pour critiquer une quelconque religion. Cette critique devra être évaluée non sur la base de la couleur de la peau ou « l’origine » de ceux qui l’élaboreront, mais par la profondeur et la pertinence avec lesquelles elle sera faite, et les possibilités révolutionnaires qu’elle ouvrira.
Le problème n’est pas l’islam radical, mais l’islam modéré
De fait, les djihadistes sont des ennemis reconnus par tout le monde, puisque le seul moyen de « composer » avec les tenants d’une guerre (sainte), c’est la guerre. L’islam « modéré », au contraire, en tant que religion comme plein d’autres, pose le même problème que posent toutes les religions : celui de l’autorité.
Il n’est nullement le cas, ici, du questionnement sur ses limites et sur l’inconnu, l’inconnaissable. L’enchantement du monde et de la vie est une expérience très « terrestre », qui est niée à son plus haut degré justement par ce qui prétend la remplacer avec de la métaphysique : la religion, précisément.
Une religion est en effet un ensemble de croyances métaphysiques qui portent en elles des règles de vie bien précises, basées sur la tradition et la morale, auxquelles l’individu doit se soumettre. Il s’agit d’un rapport social, une forme de mise au pas de chaque individu et des masses dans leur ensemble. Elle recouvre en outre un rôle de justification du pouvoir, de garant de la tradition et de l’ordre établi, plus généralement d’une certaine « pacification » sociale. Cela à travers une interprétation organiciste de la société, une exaltation des hiérarchies, le refus de l’autonomie individuelle. Souvent la religion est aussi un moyen de diriger la conflictualité sociale vers des cibles fictives, ou de la brider en faisant miroiter un paradis futur. Le paradis, ce triste mensonge qui garantit la paix pour les puissants, ici et maintenant. En donnant un espoir dans la transcendance, la religion étouffe la plupart des poussées révolutionnaires des exploités ici-bas et maintenant. Le beau passage de Bakounine, « Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître » [24] pointe précisément le fond du problème de la religion : l’idée de divinité est la base conceptuelle de l’autorité et sa contrepartie, la foi, celle de l’acceptation de la servitude.
Il faut être clair : la critique révolutionnaire de la religion, de toutes les religions, se place sur ce terrain et sur ce terrain seulement. Je ne critique pas la religion parce que je n’aime pas les préceptes de telle ou telle religion, ou parce que je n’aimerais pas ses fidèles pris un par un. Je critique la religion parce qu’elle est justement contre-révolutionnaire dans son essence même, et que donc, lutter pour la liberté religieuse, c’est lutter contre toute possibilité révolutionnaire. Un vrai projet révolutionnaire ne se fera ni contre ni avec « les croyants » en tant que croyants, mais contre toutes les Églises, les clergés, et surtout les pensées réactionnaires qui ne visent qu’à nous faire accepter le statu quo de ce monde d’autorité. Il se fera avec des individus qui se sont libérés de leur entraves religieuses, traditionalistes, communautaires et morales, ou qui, au minimum, tentent de le faire.
Une religion est aussi un marqueur identitaire, porteuse d’un sentiment de communauté entre tous les coreligionnaires, et de séparation avec les autres. Cela fait que les préceptes religieux n’ont pas seulement un rôle qu’on pourrait considérer comme expression d’une foi individuelle (des foutaises comme le « salut de l’âme »), mais ils deviennent des normes identitaires. Si le hasard m’a fait naître dans une famille originaire, disons, du Portugal, je serai probablement amené à me considérer comme catholique, sans que je ne l’ai jamais explicitement choisi ni que je me sois jamais posé sérieusement la question de ce qu’est pour moi la religion. Cependant, je chercherais probablement à être (ou apparaître) un bon catholique, ce qui veut dire respecter tout un tas de normes religieuses et culturelles, des codes normatifs internes à la communauté des fidèles et fonctionnels pour son existence (et la persistance des rôles de pouvoir en son sein : par exemple je serai obséquieux envers les prêtres, etc.). Les frontières communautaires tendent à effacer les différences présentes à l’intérieur de cette même communauté, notamment les différences sociales, pour concentrer l’attention sur la différence avec l’extérieur, qui détermine cette même identité intérieure (suivant le clivage croyants/mécréants). Il y a donc un « nous » et un « eux », et parmi le « nous », oppresseurs et oppressés seraient censés se reconnaître comme semblables et se serrer les coudes pour la défense de supposés intérêts communs, par exemple le salut du troupeau des fidèles ou bien la nécessité de faire front commun pour combattre l’islamophobie [25]. Cette identité se focalise sur un seul aspect que des individus, pour le reste différents, partageraient, ici la religion (et le « racisme » qui irait avec). Mais le racisme s’enchevêtre évidemment avec d’autres formes d’oppression (par exemple sociale ou de genre) qui, elles, sont tout simplement balayées par ce type d’approche.
Une politique identitaire de ce type met en effet de côté les formes de pouvoir internes aux communautés (qui se fondent sur des normes identitaires crées précisément par ces mêmes formes de pouvoir). En gros, il y a des formes de dominations qui, parce qu’internes à une communauté (des patrons musulmans, des imams, certaines formes de patriarcat), sont cachées par l’attention portée sur l’action de l’ennemi extérieur (le racisme). Comment sortir de ce marécage communautaire qui efface presque complètement la question sociale ? Précisément, à mon avis, en remettant celle-ci (dans toutes ses imbrications avec le racisme, la domination de genre, etc.) au centre de l’action. Cela signifie refuser de jouer le jeu de l’autorité, qui vise à diviser les exploités entre eux et les lier avec des secteurs d’exploiteurs sur des bases identitaires.
Ce n’est pas la première fois que des « révolutionnaires » en manque de masses essayent de fédérer en utilisant la religion ou en s’alliant directement avec les hiérarchies religieuses (ou encore que les culs bénits cherchent à intégrer et transformer à leur sauce les théories et pratiques révolutionnaires). Ça va de Tolstoï à Chavez pour le christianisme, en passant par Gershom Scholem et Martin Buber pour le judaïsme. Au fond, quand Hélder Câmara, l’archevêque de la théologie de la libération, donne une interprétation marxiste et « révolutionnaire » des évangiles ou de la vie de Jésus ou de François d’Assise, il va exactement dans la même direction que nos gauchistes. Mais se souviennent-ils que l’idée même de révolution est quand même née, aussi, d’une opposition radicale et destructrice à l’oppression religieuse, fondement du pouvoir ? Est-ce qu’on se souvient aussi de cet autre barbu qui à écrit, lui : « La religion est l’opium du peuple » ?
Mais revenons sur le rôle de l’islam dans la France d’aujourd’hui. L’enjeu, ici, est la mise au pas morale, et dans un sens absolument compatible avec les « valeurs républicaines », de secteurs de population qui se trouvent souvent parmi les exploités. Ce « revival » de l’islam auquel on assiste parmi de jeunes génération issues de l’immigration depuis des pays largement musulmans, a été en effet favorisé, ou du moins toléré, par l’État. Ça a été le cas par exemple en prison, comme le dit Abdel-Hafed Benotman [26], où l’augmentation des conversions a notamment porté à une « accalmie » des détenus. Mais les effets les plus marquants sont bien sûr visibles dehors. Dans les si fantasmés « quartiers populaires », quel rôle ont joué la hiérarchie islamique et plus largement la morale religieuse, lors des émeutes ?
La liste des « violences urbaines » est longue, depuis celles de Vaulx-en-Velin (et plus généralement de la banlieue lyonnaise) pendant toutes les années ’90, de Toulouse en ’98, de Strasbourg en 2002, jusqu’à novembre 2005 et Villiers-le-Bel en 2007. On pourrait remarquer que la hiérarchie religieuse musulmane y joue un rôle de plus en plus marqué dans le sens de la défense de l’ordre (républicain – et religieux). On se souviendra notamment des appels au calme des imams en novembre 2005. Ce n’est pas un hasard si en parallèle à une « montée » de l’islam parmi certaines couches de la population, on assiste à une baisse de la belle habitude de l’émeute parmi ces mêmes populations, qui sont une partie et non la totalité, de ceux qui se révoltent. J’espère me tromper et voir encore la France s’embraser, demain peut-être. Mais dans ce cas, on sera obligés de tenir compte de la position que tiendront très probablement beaucoup d’imams, habitués à prêcher à l’ombre de la République. Oui, parce que les salafistes ne sont qu’une petite minorité agitée comme épouvantail, mais la hiérarchie religieuse musulmane, modérée ou non, sait bien tirer profit de son rôle de béquille du pouvoir. On a vu Sarkozy (alerta, les antifascistes !) échanger des courtoisies avec les responsables de la Grande Mosquée de Paris et on se souviendra encore des grands sourires du Premier Ministre François Fillon (alerta, les antifascistes !) lors de l’inauguration de la mosquée Al-Ihsan, à Argenteuil, en juin 2010.
Au delà des slogans simplificateurs, on voit bien que l’État n’est pas raciste par nature, bien qu’il n’hésite pas à avoir recours au racisme quand cela peut lui être utile. Le racisme est certainement bien présent, mais il ne s’agit pas de son seul mobile, et y répondre en cautionnant une parcellisation communautariste qui se baserait sur de supposées caractéristiques culturelles et/ou ethniques est un choix suicidaire.
Les appareils étatiques savent combattre certains relents racistes quand ça les arrange ou quand ils minent la paix sociale, ou encore utiliser des éléments racistes, communautaires ou religieux à leurs fins de domination. L’État peut s’appuyer sur des minorités ou même les créer, avec l’objectif de se garantir une meilleure prise sur l’ensemble de la population (cela sans ne jamais l’acquérir une fois pour toutes, car il y a toujours des fractures sociales qui sont porteuses de tensions).
C’est l’ancienne méthode du divide et impera, qui a l’air de marcher toujours aussi bien.
En effet, l’État voit loin, tout comme ses compères les chefs religieux. Malheureusement ce n’est pas le cas de maints prétendus « révolutionnaires », des gens pieux.
mai 2015,
Cassandre .
Notes
[1] Quelques textes ont essayé de briser ce conformisme au rabais, comme Je ne suis pas Charlie et je t’emmerde ! ou Vive le blasphème ! et des textes publiés dans Lucioles n°21.
Plus ancienne est la Réponse à l’appel des libertaires contre l’islamophobie, publié sur le site d’AL Montpellier le 1/4/2013. Elle critique le piètre texte Libertaires et sans-concessions contre l’islamophobie !, dont le premier signataire est Nicolas Pasadena (lui aussi d’AL), publié sur le site bboykonsian.com le 27 septembre 2012. Cette Réponse a été récemment proposée sur Indymedia Nantes, mais mise « en débat » (lire censurée) par la modération. La critique des positions de protection de l’islam prises par certains « libertaires » y est très pertinente, mais la partie la plus intéressante du texte est la troisième. On y identifie les racines de ces positions dans les courants post-modernistes qui sévissent au sein des milieux gauchistes et libertaires, notamment en France.
[2] Ça faisait longtemps que Charlie ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer, publié sur blog Quartiers Libres le 7/01/2015.
[3] On ne nous enterrera pas avec Charlie, publié sur blog Quartiers Libres le 14/01/2015.
[4] Et va pour une petite insinuation ambiguë et malsaine dans la droite lignée des négationnistes de type Rassinier/Bardéche/Faurisson.
[5] En effet, Nicolas Pasadena nous enseigne que : « l’Islam reste une religion minoritaire en France et que le rapport de force socio-économique et politique actuel n’est pas à l’avantage des populations musulmanes » (extrait de Pas d’islamophobie au nom des idées libertaires, publié sur Quartiers Libres le 25/07/2014). Je pense qu’il suffit de lui répondre : « et alors ? »
[6] Malheureusement il y a des « antiracistes » qui utilisent ce genre de terminologie, en acceptant de ce fait l’argument de la division de l’humanité en races, au lieu de pointer les vraies raisons, sociales et politiques, du racisme. Puis, vous savez, il y a une grande partie des exploités qui sont « blancs », pour reprendre leurs mots. On s’en étonne ? Si on regarde seulement la propagande d’une certaine extrême-gauche ça pourrait étonner, oui. Et on pourrait s’étonner aussi des scores électoraux du Front National dans certaines zones « populaires » comme la Picardie ou l’ex-bassin minier du Pas-de-Calais. Justement, ça pourrait être le moment de se poser quelques questions et de remettre les pendules à l’heure d’un conflit social, au lieu de jouer le jeu racisme vs. identitarisme.
[7] C’est le cas des « anarchistes » du groupe parisien de la CGA, qui, après avoir fait appel aux limites légales d’application de la loi « anti-voile » et avoir menacé d’une « prise en charge de notre propre autodéfense », prône « l’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles ». Qu’on lise à ce propos la très pertinente réponse de Claude Guillon, L’alliance des minorités est-elle le nouveau sujet de l’histoire ?, publié le 1/04/2015 sur son site Lignes de force.
[8] Cf. leur site internet, en particulier, pour la citation, l’interview de l’AFA à La Griffe. Idem pour leur compte-rendu du rassemblement contre l’islamophobie.
[9] Bouteldja, dans un entretien publié sur le site Vacarme le 26 avril 2015 (Revendiquer un monde décolonial) dit : « si ces mêmes musulmans avaient manifesté contre le mariage homo mais en refusant toute alliance avec l’extrême droite ou même la droite, cela nous aurait paru intéressant, car nous aurions eu affaire à des groupes racisés qui osent s’affirmer et affirmer leurs convictions tout en refusant de servir des mouvements racistes ou nationalistes. […] Sur la question des identités sexuelles, nous avons fait valoir le fait qu’il n’y avait pas de raison de les universaliser et que dans les quartiers en France, il n’y a pas de mouvements LGBT revendiqués comme tels. De fait, les habitants des quartiers ne souhaitent pas politiser leur sexualité, d’où l’indifférence du PIR. Il y a des priorités. »
[10] A ce propos on lira l’intéressante brochure De la banalisation des thèses ethno-différencialistes et communautaristes en milieu militant, publiée par Ravage Editions en mai 2015.
[11] La chahada est la profession de foi de l’islam, dont elle constitue le premier des cinq piliers.
[12] Un tract papier avec un bref compte-rendu de ce qui est arrivé aux « deux vieux anarchistes » qui se sont trouvés face au service d’ordre de ce rassemblement a tourné de mains en mains. Les auteurs l’ont aussi proposé à la publication sur Paris-luttes.info, mais ça a été refusé avec l’excuse que ce site ne veut pas « devenir l’espace de communication interne des différents groupes anti-autoritaires parisiens quand il y a une embrouille ». Une « neutralité » de façade qui fait bien le jeu des antifas… Le tract, les images présentes sur les affiches en question, la réponse d’un modérateur et la contre-réponse des auteurs sont encore lisible dans le forum interne (accessible après inscription) de Paris-luttes.info – par contre les groupes antifascistes à l’origine du rassemblement n’ont pas cru bon de s’exprimer la-dessus…
[13] Avec cette périphrase pudique on indique toute une panoplie vestimentaire (qui peut aller jusqu’aux gants) et qui est l’expression visible de la soumission des femmes (à partir de 13-14 ans) aux préceptes de l’islam et à l’autorité du père ou du mari. Peut-on cautionner un tel « choix » ? Peut-on parler de « liberté », dans ce cas ?
[14] Voir l’article d’Ornella Guyet Pourquoi je n’irais pas au rassemblement contre l’islamophobie aux côtés de l’UOIF, publié sur Street Press le 27/02/2015 ou celui d’Hassan Aglagal, Assez de Participation et Spiritualité musulmanes dans nos luttes ! publié sur Confusionnisme.info le 3 mars 2015. On se souviendra aussi de la fatwa de l’UOIF du 6 novembre 2005, quand, au beau milieu des émeutes, ils interdisaient à tout musulman de « participer à quelque action qui frappe de façon aveugle des biens privés ou publics ».
[15] De leur page Facebook, 7/03/2015.
[16] Retour écrit et vidéo sur le débat contre l’islamophobie à Saint-Denis le 6 mars 2015, publié le 26/03/2015 sur Paris-luttes.info
[17] Publié sur le site bboykonsian.com le 27/09/2012. Sur la mauvaise fois démontrée dans ce texte, avec notamment une citation de Fanon qui lui fait dire le contraire de ce qu’il voulait dire (en gros, qui lui fait défendre la religion…), voir la Réponse à l’appel des libertaires contre l’islamophobie.
[18] Stéphanie Le Bars, Les musulmans veulent que soit reconnue la réalité de l’islamophobie, publié dans Le Monde du 1/11/2012.
[19] Combs la Ville (77) : « Depuis ce jour, Amedy Coulibaly déteste tout ce qui touche à la police », publié sur Paris-Luttes.info le 16 janvier 2015.
[i] C comme Complot et Charlie, publié le 16/01/2015. Ce passage est précédé par la phrase « Le drame et la stigmatisation des habitants des quartiers poussent bon nombre des nôtres à trouver dans ces multiples versions des faits des récits qui dédouanent et déresponsabilisent de tout lien avec les attaques. ». Mais la bonne volonté de démonter le complotisme le plus grossier n’enlève rien au simplisme déterministe de ce texte.
[20] On trouve parfois sur le blog Quartiers Libres une rhétorique religieuse explicite, comme dans un article-sermon qui prône la tolérance quant aux choix sexuels et de genre, en s’appuyant sur l’indulgence dictée par la religion. Ce post, au titre inspiré Sur la terre comme au ciel (21/03/2014), se termine par ces mots pieux : « Avoir la Foi ou des convictions implique qu’on ne transige pas. On ne transige pas avec les injustices, elles sont le fait des humains. Ainsi, la seule chose dont nous avons à répondre ici-bas ou devant l’Éternel, ce sont nos actes ». Ou le retour de la théologie révolutionnaire…
[21] Mobilisation pour Gaza : la rue parle arabe ! Publié le 14/04/2015.
[22] Cf. la présentation de Quartiers Libres (vers la minute 56’), dans le documentaire au titre ridicule (au vu de ce qu’est l’antifascisme aujourd’hui en France) : Acta non verba.
[23] La confusion qui vient, publié le 6 février 2015 sur Paris-Luttes.info.
[24] Bakounine, Dieu et l’État, 1882.
[25] Ou la « cathophobie » comme on peut l’entendre depuis les « Manifs pour tous »…
[26] Abdel-Hafed Benotman, Il n’y a pas d’islamisation radicale dans les prisons françaises, publié sur Non-Fides.fr le 23 février 2015.
Voir le texte mis en page au format PDF
[Reçu par mail, 5 juin 2016]