[Bâle, Suisse] Retour sur la balade nocturne émeutière du 24 juin

Vendredi dernier (24.06.2016), une manifestation a été appelée contre le racisme, la répression et les expulsions [1]. Il s’agissait d’ouvrir une brèche en ces temps de xénophobie toujours plus forte, de soumission de chaque existence aux intérêts capitalistes, d’un contrôle grandissant et d’une surveillance de notre quotidien, de l’éloignement des habitants de quartier par le développement urbain orienté vers le profit.

helvetia

Le défilé s’est tenu le long d’un fossé de pierres, d’une rue dans laquelle il n’y avait de la place que pour des immeubles de bureaux anonymes et tape-à-l’oeil. En marge du défilé, plusieurs vitres d’agences d’assurances (Vaudoise, Helvetia) ont été cassées : depuis des années, ces assurances sont coresponsables de ce développement, qui a transformé une rue vivante et habitée en un environnement aseptisé et mortelle.

« Kroo Security », une entreprise de sécurité qui ne recule pas devant le fait de « protéger » les bâtiments squattés qui tentent d’être repris après les expulsions, a aussi été attaquée. Plus loin, la balade est passée devant le bureau du SVP, dont la porte d’entrée a été brisée [2]. Leur politique raciste a abouti à une atmosphère xénophobe qui s’étend dans la société. A part ça, le SVP intervient pour plus de contrôle et de surveillance et aussi pour des expulsions en masse de sans-papiers. Il se situe de manière tout à fait évidente du côté des riches et des puissants. Si on avait été en direction de plusieurs bureaux ou locaux de partis qui appuient et soutiennent cette politique, ceux-ci auraient également été attaqués, car tous les partis établis sont coresponsables du désastre social. Ce climat répressif nous concerne tous – avec toujours de nouvelles lois sur la surveillance, la persécution de tout insoumis – et c’est pour cette raison que le palais de justice a été repeint. Par exemple, ici doit avoir lieu le procès visant plusieurs personnes à qui il est reproché d’être descendu dans les rues contre l’exercice militaire Conex15 et la militarisation des frontières [3].

Les flics qui ont rapidement rappliqué ont été attaqués de manière déterminée et ont pu être chassés à plusieurs reprises.

A proximité du centre hospitalier universitaire, 14 personnes à qui il est reproché d’avoir pris part à la manif ont été arrêtées [4]. Elles sont censées à présent payer pour leur présence décisive à la manif. Qu’elles aient participé à la balade ou non, qu’elles aient attaqué les flics ou non, nous sommes solidaires de tous les prisonniers et nous leur souhaitons beaucoup de force et de tenir bon.

Même s’ils tentent de vous isoler, vous n’êtes pas seuls !

Des saluts vont à la Rigaer94 à Berlin, qui a déjà depuis des mois été terrorisée par la police dans la « zone de danger » et a été désormais partiellement expulsée la semaine dernière, ce qui a mené à plusieurs endroits des actions de résistance variées. Nous avons une pensée également à tous les manifestants sauvages en France. La révolte, qui est partie de la résistance contre une nouvelle loi sur le travail et s’est montrée capable de bloquer et de saboter l’économie depuis des mois, nous inspire et nous encourage.

Réunissons-nous, organisons-nous, saccageons ensemble les cages, détruisons les barreaux des différentes formes de contrainte et d’oppression pour nous ouvrir de nouveaux horizons.

[Traduit de l’allemand de indymedia Schweiz, 27 Juni 2016]

NdT :

[1] D’après la presse, la manif s’est élancée dans les rues du centre-ville aux alentours de 22h. Un peu plus de 50 personnes y ont pris part. Deux flics ont été blessés, ainsi qu’un manifestant. Outre les attaques mentionnés dans le communiqué, des voitures de police ont été endommagés par des jets de pierres et de bouteilles de peinture. Au total, les dégâts s’élèveraient à plus de 100.000 francs-suisses.

[2] Le secrétariat de ce même parti populiste et raciste (UDC en français) avait été attaqué en février dernier : de nombreuses vitres avaient été pétées et des tags avaient recouvert la façade du local bâlois.

[3] Lire aussi ce compte-rendu de l’émeute contre l’exercice militaire

[4] D’après la presse bâloise, dix hommes et trois femmes âgé-e-s de 18 à 28 ans ont été arrêté-e-s, ainsi qu’un mineur. Les chefs d’inculpation sont « dégradations ; atteinte à l’ordre public ; insultes, menaces et violences envers les forces de l’ordre et les institutions, blessures à la tête ». La moitié des interpellés a été relâchée.